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Le médecin et le patient violent: D’où vient cette violence?

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Vol 54:  september • septembre 2008 Canadian Family PhysicianLe Médecin de famille canadien

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S

elon  Magin  et  coll.  (page 1278),  les  méde- cins  sont  souvent  victimes  de  violence.  Dans  une  enquête  réalisée  auprès  de  172  médecins  généralistes  australiens,  ils  document,  dans  certaines  régions,  une  prévalence  annuelle  atteignant  jusqu’à  64%. Autrement dit, 2 médecins sur 3 y sont agressés  à  chaque  année.  Ce  qui  n’est  guère  rassurant!  En  uti- lisant  une  méthodologie  qualitative,  les  auteurs  ont  tenté  de  comprendre  le  phénomène  en  explorant  les  opinions  des  médecins  à  cet  égard.  Ils  ont  pu  identi- fier 3 grandes catégories de violence: celle attribuable  au patient, celle relative au contexte de soins et celle  imputable au médecin.

Parmi  les  causes  de  violence  attribuables  aux  patients,  les  médecins  australiens  mention- nent  des  raisons  individuelles  comme  les  maladies  psychiatriques,  l’alcool  et  les  drogues,  les  incondui- tes  sexuelles,  les  maladies  physiques  et  les  troubles  de  la  personnalité.  Ils  mentionnent  aussi  des  raisons  sociétales,  comme  la  pauvreté,  le  chômage  ou  la  dis- location  familiale,  le  non  respect  de  l’autorité,  l’effet 

«Bowling for Columbine» et la densité de la population. 

Parmi  les  causes  attribuables  au  contexte  de  soins,  certaines  sont  directement  liées  à  la  prestation  des  soins (le temps d’attente et le non-accès aux soins) et  d’autres  à  l’incapacité  de  contrôler  la  violence  (prati- ques  naïves,  habiletés  interpersonnelles  déficientes). 

Enfin, au chapitre des causes attribuables au médecin,  les  auteurs  soulignent  la  vulnérabilité  des  médecins  comme facteur pouvant contribuer à la violence.

Cette  catégorisation  des  causes  de  la  violence  (patient ↔  environnement ↔  médecin)  est  fort  inté- ressante. A notre avis, il est vrai que tous les incidents  violents se situent dans ce cadre: ils mettent tous aux  prises  un  patient  (ou  sa  famille),  un  médecin  (ou  son  équipe) et un environnement quelconque. 

Est-ce vrai que nous y sommes pour rien?

Ce qui surprend toutefois dans cette étude, c’est le peu  d’attention  accordée  aux  causes  de  violence  attribua- bles au médecin, lui-même. Deux petits paragraphes, à  peine 200 mots parmi les 2000 s’intéressent à cet aspect. 

On  a  même  l’impression  que  pour  les  médecins  ques- tionnés  ou  les  chercheurs  ayant  codé  leurs  réponses,  outre leur vulnérabilité ou le fait qu’ils soient mal placés,  la  violence  dont  ils  sont  victimes  leur  est  extérieure  et  qu’ils  n’y  sont  pour  rien.  Or,  comme  tous  le  savent,  «il  faut être deux pour danser le tango».

Attention,  je  ne  prétends  pas  que  les  médecins  soient  responsables  de  la  violence  qu’ils  subissent. 

Il  arrive  effectivement  que  des  médecins  soient  vic- times  d’agression  sans  raison  et  sans  avertissement. 

Par  exemple,  un  patient  délirant,  intoxiqué,  attaché,  amené de force à l’urgence constitue une menace pour  quiconque s’en approche, y compris le docteur qui va  le  questionner.  Et  des  patients  borderlines,  schizoï- des ou hallucinés explosent parfois sans raison. Mais  l’inverse  est  aussi  vrai:  des  médecins  mettent  parfois  le  feu  aux  poudres  par  leur  attitude  non-empathique,  irrespectueuse  voire  belliqueuse,  alors  que  d’autres 

«pètent  les  plombs»  sans  raison.  Finalement,  des  conditions  de  soins  lamentables  peuvent,  à  elles-seu- les,  engendrer  la  violence.  Mais  généralement,  la  vio- lence se situe aux confins de ces 3 pôles.  

A  retenir  que  dans  une  relation  difficile,  propice  à  la violence, il importe de prendre le temps d’analyser  la  situation  et  comprendre  les  émotions  générées  et  ressenties par le patient et par le médecin. La violence  origine-t-elle du patient, du contexte, du médecin ou  d’un  amalgame  des  3?  Et  de  trouver  l’origine  de  la  difficulté: peut-on définir le problème? S’entendre sur  les  changements  visés?  S’entendre  sur  les  change- ments  visés.  S’accorder  sur  le  plan  d’investigation  et  de traitement? 

Finalement,  reste  à  savoir  si  l’ampleur  du  phéno- mène est aussi sérieux au Canada. 

Médecin

ViolEncE

Patient Environnement

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Le médecin et le patient violent

D’où vient cette violence?

Roger Ladouceur

MD MSc CCMF FCMF, RÉDACTEUR ADJOINT

Éditorial

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