M
M. B ARBUT
Topologie générale et algèbre de Kuratowski
Mathématiques et sciences humaines, tome 12 (1965), p. 11-27
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1965__12__11_0>
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TOPOLOGIE GENERALE ET ALGEBRE DE KURATOWSKI M. BARBUT
Résumé :
1A
partir
despropriétés topologiques
c~n la on1égagq
les notions de base de la
topologie: ouverts,
qtc... Puis on examinel’a l g è b r e
desopérations "intérieurn’ (algèbre
deet on
donne
unaperou
sur ladéfinition axiomatique
d’unetopologie,
et lesrapports
entretopologie
et sciences sociales.1 - CONCEPTS INTUITIFS DE LA TOPOLOGIE USUELLE DE LA DROITE
Sur une droite
D,
onappelle
intervalleouvert a b, noté 1 a, b[,
l’ en-semble des
points
x tels que : a xb ;
c’est lesegment
ab,
bornes noncomprises.
Graphiquement,
y onfigure
souvent l’intervalleouvert ]
a, b[
comme ci-contre.L’intervalle
f e rmé
ab, noté ~ a, b j ,
y est lesegment
borne scomprises :
[a, b] = x :
a’ x b .
.... _,.,_ . ,
Graphiquement,
y onadoptera
la fituration :L’intervalle semi-ouvert à droite est le
segment
ab,
acompris
et bexclu;
oon le
note [a,b[ ,
y et on lefigurera
ici :. T’B
En
dualité,
y l’intervalle semi-ouvert àbl
est l’ensemblex : a’xb :
En
particulier,
si a =b,
l’intervalle fermé~a,a~
se réduit aupoint
a; lestrois intervalles sont vides.
Intérieur
Soit A un ensemble de
points
de la droite. Unpoint
a estdit intérieur
à As ’ i l existe un intervalle ouvert I tel que a
appartienne
à I et toutpoint
de 1soit
point
de A :Par
exemple,
y tous lespoints
de l’ensemble A constitué par un intervalleouvert ~ u, v[
sont intérieursà A ;
il en est demême
de tous lespoints
d’unensemble A -constitué par l’union d’intervalles ouverts.
Par
contre,
unintervalle
fermé[u,v] possède
despoints intérieurs
siu
v (tous
lespoints
x tels que u xv),
mais u et v ne sont pas inté- rieurs. Enparticulier,
tout ensemble A constitué par un seulpoint
a :n’a pas de
points intérieurs,
ypuisque l’intervalle J a,a[
estvide ; plus géné-
ralement tout ensemble A discret n’a pas de
point intérieur.
Ouvert
Un ensemble ,A est dit
ouvert
si tous sespoints
sontintérieurs:
par exem-ple,
y l’union d’intervalles ouverts constitue un ensembleouvert;
autreexemple,
une demi-droite ouverte
Il résulte
immédiatement
de cette définition que toute union d’ensembles ouverts est un ouvert: donnons nous en effet une famillequelconque d’ouverts;
toutpoint
x de l’union
’V
des ensembles de la familleappartient (par
définition del’union)
à au moins un ensemble A de la
famille;
A estouvert,
donc x estintérieur
àA;
comme
A C V,
x est a fortiori intérieurà ’v .
Si A et B sont deux
ouverts,
leur intersectionAn
B est un ouvert: celarésulte
de ce que l’intersection de deux intervalles ouverts est un intervalle ouvert(si
elle n’est pasvide).
Demême,
y l’intersection d’une famille finie d’ ouve rts e s t un ouvert.-
Mais l’intersection d’une famille inf inie d’ouverts n’est pas
nécessaire-
ment un ouvert:
considérons
parexemple, a
étantun point
de ladroite,
la fa-- - - . ,- . , - - . - -
mil le const ituée par les inte rval le s ou-
verts
la-2013,
jn
, noù n =
1,2,3,
.... L’intersection de cette famille est l’ensemblea , qui
n"est pas ouvert.
Les ensembles ouverts se
comportent
donc différemment vis-à-vis de l’union et de l’intersection: stabilité pour l’union(finie
ouinfinie),
mais stabilitépour la seule intersection finie. De
façon
que cesrègles
de stabilité ne soientjamais violées,
on est amené à poser :L’ensemble
vide
est un ouvert(l’intersection
de deux ouvertspeut
eneffet
être vide).
L’ensemble
lein (la
droite touteentière)
estun ouvert: deux
demi-droitesouvertes {x :
x : xtelles
que b> a ait pour union la droite entière.dualité
avec la notiond’ouvert,
nous avons celle deferme;
9 nous avons vicomment se.
comportent les
ouverts parrapport
auxdeux opérations
binaires del’algèbre
deBooie f union
et intersection. o ParD’apport
àl’opération
lacomplémentation,
iln’y a
passtabilité;
iecomplémentaire
n ’ as t pasnécessairement
ouvert:(par exemple,
9 lecorqplémer.taii?e°
de l’uniei des deuxdemi-droites
ouvertesfigurées
ci-contre est
l’intervalle [a,B] fermé,
ydont on a vu
qu’il
n’est pas,ouvert).
On
appelle fe rmé
tout ensemblecomplémentaire
d’un ouvert: tout intervallefermé,
tout ensemble réduit à unpoint,
tout ensemblediscret
sont desfermés.
Bien
entendu,
lespropriétés
de6 fermés parrapport
à l’union et l’intersec-- tion sont duales de celles des ouverts: toute intersection(finie
ouinf inie )
deformes
est un finie de fermés est unfermé.
En
outre , 4l
est fermé(son complémentaire,
y leplein,
estouvert);
demême
le
plein
est fermé.A
partir
de la notion d’intervalle ouvert et depoint intérieur
à un ensem-ble,
nous sommes donc en mesure dequalifier
certains ensembles depoints:
- les ouverts - tous leurs
points
sontintérieurs,
y- les fermés -
complémentaires
desouverts,
.
- les ouverts et
fermés - Cp
etplein
enparticulier.
Il reste que la
plupart
desensembles
nesont ni ouverts
nifermés,
tels lesintervalles
semi-ouverts,
ou l’ensemble despoints
à abscisse rationnelle(lors- qu’on
a muni la droite d’uneorigine,
d’un sens et d’uneunité);
ou l’ensemble despoints
à abscissedécimale,
y etc... Ces deux derniersexemples
montrent des ensem-bles dont aucun
point
n’estintérieur (tout
intervalle contient une infinité depoints
d’abscisseirrationnelle,
et une infinité depoints
d’abscissenon décimale );
et dont le
complémentaire possède
lamême propriété (tout
intervalle contient uneinfinité
depoints
d’abscisse rationnelle et une infinité depoints d’abscisse’dé-
c imal e ) .
Ces
exemples
nous serviront dans la suite.II -
INTERIEUR,
EXTERIEUR,FRONTIERE,
FERMETUREIntérieur
"
Appelons
intérieur d’un ensembleA,
et notonsiA,
l’ensemble despoints
xintérieurs à A.iA est par définition un sous-ensemble ouvert de
A, puisque
tousses
points
sont intérieurs. C’estmême
le sous-ensemble ouvert maximum(par
rap-port
à l’ordred’inclusion)
contenu dans A: ladémonstration
en estimmédiate.
si,
enparticulier
A estouvert,
il est son propreintérieur.
On a donc :Et, puisque
iA estouvert, quelque
soit A :Ce
qui
s’énonce:l’intérieur
del’intérieur,
c’estl’intérieur.
"Prendre l’intérieur" de
chaque
ensemble depoints
de la droite Ddéfinit
une
application
i de l’ensemble2D
desparties
de D danslui-même :
Nous venons de voir que cette
application
a deuxpropriétés remarquables :
Cette
propriété ’est nommée idempotence
del’application
i : i estégale
àses propres
puissances puisque
de :on déduit immédiatement :
L’application
i a d’autrespropriétés ;
l’une estévidente:
c’ e st la monoto-nie ;
siAcB,
alors iAciB. L’autre l’est moins:l’intérieur
de l’intersection de deux ensembles est l’intersection desintérieurs:
D’après
lamonotonie,
il estévident
en effet que :. i, n,.v _ ..
donc :
L’inclusion duale se voit en
considérant
que si x estintérieur
à A et àB,
il existe un intervalle ouvert contenant x et inclus dans
A,
soitI;
un intervalleouvert contenant x et inclus dans
B,
soitJ. L’intervalle I
0
J estouvert,
contientx et est inclus dans
A n B.
Donc x est in-térieur
à A(Î
B.L’application
i est donc unhomomorphisme pour l’intersection.
Parcontre,
elle ne conserve pas
l’union,
et l’on asimplement :
en raison de la
monotonie;
mais l’inclusion est engénéral
stricte. Parexemple :
(y compris
lepoint v)
iA
U
iB = l’intervalle ouvert u,wprivé
dupoint
vAutre
exemple,
yplus frappant :
Résumons en un tableau les
quatre propriétés trouvées
pourl’application
i :prendre
l’intérieur.Extér ieur
Nous venons de voir comment
joue l’application
i parrapport
à l’union etl’intersection;
parrapport
à la troisièmeopération booléenne,
y lacomplémenta-
tion
(nous,
noterons dans la suite cA lecomplémentaire
d’unensemble
A depoints
de
D),
les choses sont moinssimples.
D’labord, parlera-t-on
de l’intérieur ducomplémentaire (icA)
ou ducomplé-
mentaire de
l’intérieur (ciA)?
Ce sont engénéral
deux ensembles distincts comme le montrel’exemple
ci-dessous :icA est d’ailleurs
toujours ouvert (c’est
unintérieur) ;
ciA est
toujours fermé (c’est
lecomplémentaire
de l’ouvertiA).
icA est l’ensemble des
points
intérieurs aucomplémentaire
deA;
un telpoint
seradit
extérieur
àA,
eticA, noté
defaçon plus
brèveeA,
estl’extérieur
de A : icA =eA = tx :
xextérieur
àA
Quant
àciA,
nous verronsplus
bas soninterprétation.
Les
propriétés (~ )
a(2), et, (4)
del’application
iont ~ compte-tenu
deslois de
Morgan
sur lacomplémentation,
leurscorrespondantes
pourl’application
e :Mais la
propriété (3) d’idempotence
n’a pas decorrespondante simple.
Frontière
Intérieur,
extérieur d’un ensembleA;
bienentendu,
il y a cequi
est entreles
deux,
niintérieur,
niextérieur,
etqu’on appelle
la frontière deA,
et quenous noterons bA.
La frontière de
A,
c’est par définition: lecomplémentaire
deiA U
eAUne
façon simple
decaractériser
lespoints
de la frontière est de dire que si x 6bA;
tout intervalleayant
x à son intérieurpossède
despoints
de A etdes
points
ducomplémentaire
de A.On remarquera que la frontière de A
peut
necomprendre
aucunpoint
deA,
comme dans
l’exemple
ci-dessous :et
plus généralement
dans le cas des ensemblesouverts;
ou bienêtre
incluse dansA,
pour les ensemblesfermés;
Si A est enplus discret,
il est sa propre fron- tière. Si A n’est niouvert,
nifermé,
safrontière comprend
despoints
de A etdes
points
de soncomplémentaire
La frontière de A
peut même être
D(le plein)
touteentière
comme dans lecas où A est l’ensemble des
points
à abscisse rationnelle.Fermeture -.. -- ..
Fermeture
La notion
d’intérieur
d’un ensemble nous apermis
dedéfinir
en outre l’ex-térieur
et la frontière. Nous avonsvu’ qu’elle
estliée
à la notion d’ensembleouvert par
l’équivalence :
Autrement
dit,
y les ouverts sont leséléments
invariants del’application
i.De
même
que la notion d’ouvert a saduale,
celle defermé, celle ’,,dl intérieur
a une
duale,
celle de fermeture ouadhérence.
Defaçon naturelle, l’application
"fermeture" dans
l’ensemble 2 des parties
deD, notée f,
est latransmuée
del’application "intérieur"
par passage auxcomplémentaires,
selon lediagramme :
La fermeture de
A,
c’ e st lecomplémentaire
de l’intérieur ducomplémentaire
de
A,
ou encore lecomplémentaire
de l’extérieur de A.Une
façon plus
intuitive de lavoir,
y c’est de considérerqu’elle
est l’union de A et de sa frontière :On
peut
aussi bien dire que la frontière de A est l’intersection de la fer- meture de A et de celle ducomplémentaire
de A.ou encore, y la fermeture de A moins
l’intérieur
de A:et l’on remarquera d’ailleurs que
l’égalité
fondamentale :Peut aussi bien s’écrire
(voir
lediagramme)
Ce
qui
nous donnel’interprétation
annoncée del’application
ci :complé-
mentaire de
l’intérieur;
c’est la fermeture ducomplémentaire.
D’autres relations
algébriques
entre lesapplications
sont faciles à établir :A
On voit par là que la seule
donnée
de c et de l’unquelconque
des trois au-tres :
i,f,e, permet
de les définir toutes.Pour en revenir à
f,
sespropriétés
sont les duales de celles dei,
à sa-voir :
Les ensembles
fermés
sont ceuxqui
sont leur propre fermeture. D’autrepart;
fA
peut
enfinêtre
considéré comme leplus petit fermé
contenant A.111 - ALGEBRE DE
KU,RATOW3K
IUn ensemble
A,
sonintérieur,
y safermeture,
y avec la double inclusion :On
peut
ensuite recommencer àpartir
de iA et defA,
et s’amuser à construire fiA(fermeture
del’ intérieur ) ,
ifA(intérieur
de lafermeture)y
f ifA(c’est trop long
àdire))
etc...Essayons
sur unexemple :
A
comprend
l’intervalle fermé~x,z~ privé
dupoint
y, y lepoint
isolét,
et tousles
points
d’abscisse rationnelle de l’intervalle~u,v~.
Nous obtenons :
Soit
déjà
six ensembles distincts(7
si l’oncomprend A)
avec, entre ces en-sembles,
lediagramme
d’inclusion :10
Dans notre
exemple,
iln’apparaît
d’ailleurs pas d’ensemble nouveau si l’on continue àconjuguer
les f et lesi,
car :et par suite :
etc... o
Par passage au
complémentaire
deA,
nous aurions obtenus 7 nouveaux ensem-bles ;
nous voyons donc lapossibilité,
au moyen desapplications topologiques i,f , c,
et del’application identique,
yd’engendrer à partir
d’un ensemble 14 en- sembles au moins.Mais en
fait,
ce nombre 14 est unmaximum;
nous allons voir que lediagramme
d’inclusion donné ci-dessus est
général (c’est-à-dire,
est valablequelque
soitl’ensemble
A),
et que l’on a pour tout A :D’où
résulte immédiatement que
pour tout A :1%
et de
même pour if i .
Autrement
dit,
y non seulement i et f sont desapplications idempotentes :
mais aussi les 4 autres
applications qu’elles engendrent
parcomposition :
Démontrons d’abord les
inclusions;
l’inclusion :valable
quel
que soit A(propriété (2)
def) implique : (i
estmonotone)
et d’où :
(f
estmonotone )
Cette
même inclusion,
yécrite :
appliquée
àfournit :
D’autre
part,
l’inclusion :implique,
yappliquée
à X = fA(monotonie
def)
Donc :
(monotonie
etidempotence
def)
Les autres inclusions du
diagramme,
obtenues enéchangeant
f eti,
se dé-montrent de
même.
Bien
entendu,
il pourra arriver que pour certainsensembles,
les six ensem-bles que l’on
peut
obtenir ne soient pasdistincts ;
pour celuiqui
nous a servid’exemple,
si l’on ensupprime
lapartie constituée
par les rationnels de l’in- tervalleF u?~1 ?
on a alors :Passons maintenant à
l’idempotence
de fi(démonstration analogue
pour celle deif).
On
a d’après
lediagramme
d’inclusion:d’où :
D’autre
part, d’après
le mêmediagramme :
(Toù: .
Finalement :
(monotonie
etidempotence
def).
Nous sommes maintenant en mesure de dresser la table de
composition
des sixapplications topologiques i, f, if,
yf i, f if , ifi;
on aura parexemple, compte
tenu des
propriétés d’idempotence :
Il
s’agit
du monoïde(l’opération
decomposition
estassociative) idempotent
à deux
générateurs (ici
f eti);
il suffit en effet pour le construire de se don-ner :
- deux lettres: i et f
- on écrit des mots au moyen de ces
lettres,
- cette écriture est associative: si x, y et z sont trois
mots, -(xy) z=x(yz)
- elle est
idempotente:
pour tout mot x, xx =x2
= x.Les
quatre règles énoncées
montrentqu’il n’y
a que six motsqui
secomposent
entre eux selon la table
écrite.
Ce monoïde est souvent
appelé algèbre
deKuratowski,
du nom dutopologiste polonais qui
a mis enévidence
lespropriétés
que nous venons dedécrire.
IV - DES FACONS DE
DÉFINIR
UNE TOPOLOGIEûes
propriétés topologiques, établies
ici pour ladroite,
ypermettent
dedé-
finir une
topologie
pour un ensemble Equelconque;
et elles lepermettent
deplu-
sieurs
manières, équivalentes
entre elles.Première
manière,
laplus classique,
dedéfinir
unetopologie
sur un ensem-ble E : les ouverts. On se donne une famille
(2
departies
de E :telle
que* :
les A. étant en nombre fini ou infini
1
les
A.
étant en nombre fini.i -
Nous avons vu que les ouverts de la droite
possédaient
cesquatre proprié- tés ;
onappe-ilpra
alors ouvert de E tout élément deô -
Un
élément
a G E sera ditintérieur
à lapartie A
de E s’ il existe un ouvert 0 tel que :L’intérieur iA de A est l’ensemble des
éléments intérieurs
à A : c’est unouvert,
l’union des ouverts inclus dans A.~ En
fait. les seules propriétés(o)
et(d)
suffisent b constituer une axiomatique des ou-verts ;
(a)
et(b)
se déduisent formellement de(c)
et(d)
et des axiomes de la Théorie des Ensembles.Définissons
alorsl’application
i : A -.> iA dans 1iA = union des ouverts inclus dans A.
L’application
i ainsidéfinie
satisfait auxpropriétés voulues :
Si A est
ouvert,
iA = A(puisque
A est l’un des ouverts inclus dansA)
etréci- proquement,
y si iA =A,
comme iA esttoujours
un ouvert(une
union d’ouverts estun ouvert
d’après (C)),
c’est que A est ouvert. On a donc bien lacaractérisa-
tion : A EÙ -
iA = A.(puisque
E estouvert)
(tout
ouvert inclus dans B est a fortiori inclus dansA)
(par définition)
(puisque
iA estouvert)
Cette dernière relation se
démontre
ainsi :-. -
Mais iA et iB sont
ouverts; d’après (d),
iA(1
iB est unouvert;
donc il est sonpropre intérieur :
Mais
d’après
la dernière inclusionécrite précédemment
et(1 )
de nouveau :.1% 1 .1%
On définit ensuite les fermés comme étant les
complémentaires
desouverts;
par les lois de
Morgan’
on obtientimmédiatement
lespropriétés
de ceux-ci: ils constituent une famillec9-de parties
de E telle que :les A.
étant
en nombre fini ou infini_
les A. étant en nombre fini.
1 -
L’ appl ication "fermeture",
, f : A - f A dans lesparties
de E a ladéf i-
nition duale de celle
d’’°intérieur"
i :- intersection des
fermés
contenant Aet ses
propriétés,
duales de celles dei,
sedémontrent
demême.
Enfin,
la relation entre f et i :résulte
immédiatement de ladéfinition
et des lois deMorgan :
Il est clair que la construction faite à
partir
des ouvertspeut aussi
biense faire à
partir
desfermés.
Les deux manières sontéquivalentes
et conduisentau
même résultat;
enparticulier,
une fois que lesapplications
f et i sontdé- finies,
tout cequi
a été vu auparagraphe
III estvalable,
y et lacomposition
deces
applications
conduit àl’algèbre
de Kuratowski.Par
contre,
il convient desouligner
que toutes lespropriétés
intuitives de latopologie
usuelle de la droite ne sont pasimpliquées
parl’axiomatique
de la"topologie générale"
donnéeici; notamment,
y alors quechaque
ensemble de la droi- teréâuit â un point
était unfermé,
il n’est pasnécessaire
quechaque partie
{XI
deE,
où x8 E,
soit unfermé;
si l’on veutqu’il
en soitainsi,
il faudrale poser par un axiome
supplémentaire. Ajoutons
que c’est ce que l’on fait pres- quetoujours
dans lestopologies
effectivementutilisées
pour les ensembles in- finis(dans
les ensemblesfinis,
y comme toutepartie
est union finied’éléments,
cet axiome revient à dire que toute
partie
estfermée;
et toutepartie
est aussiouve rte .
Pourquoi ?).
Par
exemple,
si E est l’ensemble1, 2,
..., n,....
des entiersnaturels,
on pourra y définir une
topologie
enprenant pourellensmlle des parties
finies
de E
(tous
les axiomes sontrespectés,
et les éléments sontfermés) auxquelles
onadjoint
Elui-même;’
les ouverts sont alors lesparties
dont lecomplément
estfini,
souventappelées parties
cofinies.Les seules
parties
à la fois ouvertes etfermées sont ~
etE;
desparties
telles que l’ensemble des entiers
pairs
ou l’ensemble desmultiples
de3,
etc....ne sont ni finies ni
infinies,
donc ni ouvertes nifermées.
Leur fermeture(plus
petit
fermé lescontenan+ )
estévidemment
leplein (E
toutentier)
et leurinté-
rieur est
donc
Mais il est une seconde manière de
définir
unetopologie,
moinssimple
,etmoins
classique
que cellequi
vientd’être exposée,
maisplus "opératoire";
c’estde se donner non
plus
les ouverts(ou
lesfermés)
maisl’application
i(ou l’ap- plication f)
avec sespropriétés.
Donnons-nous par
exemple,
E étant un ensemblequelconque,
uneapplication
fde
l’ ensemble 2E
desparties
de E danslui-même
satisfaisant auxpropriétés* :
1 1 -
* Une.application de
2E dans
lui-même satisfaisant aux seules propriétés(1), (2)
et(3)
est appeléefermeture de Moore. Elle se rencontre constamment en
algèbre;
par exemple, si E est ungroupe,,f
associe à toute partie de E le plus petit sous-groupe la contenant. En ce qui concerne la ferme-
ture topologique dont il est question ici, on remarquera que le système
(o), (1), (2), (3), (4)
est redondant pojr constituer une axiomatique:
(1)
est une conséquence immédiate de(4).
Pt
appelons
"fermés" lesparties
de E invariantesdans à :
:La
f amille ~de parties
de E ainsidéfinit
satisfait à tous les axiomes desfermés,
quel’on
se donne dans la"première
manière" et ellecomprend d’après (3)
1 ° ensemble desimage s f
A desparties
A deEpar 5 .
La relation(2) entraîne
d’abord que E et
(o)
pose Le faitqu’une
intersection de fermés soit un fermérésulte
de ce que,d’après
la monotonie(1) de f ,
y on atoujours,
les
A1
étant desparties quelconques :
D’où :
et d’autre
part d’après (2)
D’où la double inclusion :
Si les
A. 1
sontfermés,
on a :et par suite
l’égalité :
Donc:
n A . i
e st invariant dansf,
e c’ e st unferme.
Enfin,
une union finie de fermés est unfermé;
il suffit pour le montrer de prouver que l’union de deux fermés est unfermé.
C’estévidemment
lapropriété
(4)
def,
cellequi porte
sur.U , qui
nous servira.En
effet,
si A et B sontfermés,
on a par définition:f A = A, f B = B,
donc
(4)
devient :et par suite
A U
B estfermé.
Ainsi,
se donner f(ou i)
et sespropriétés équivaut
à sedonner 3 (ou (9 )
et définit une
topologie
sur E.Ajoutons qu’une
fois que l’on a lesfermés,
y lereste de la construction
peut
se faire soit comme dans lapremière manière,
soiten
définissant
directement d’abordl’application
i commetransmuée
de f parcomplémentation :
et les ouverts comme
parties
invariantes dans i. La relation :exprime
alorsqu’une partie
estfermée
si et seulement si sacomplémentaire
estouverte.
Nous avons donc deux
façons logiquement équivalentes
dedéfinir
unetopo- logie ;
lesexemples
que nous verrons dans leprochain paragraphe
et dans la note de M.Eytan qui
fait suite à cetexposé
semblent bien montrer que c’est la se-conde
façon,
la manière"opératoire" (par
f oui) qui
soit laplus intéressante
en vue d’une
application éventuelle
de latopologie
aux Sciences Sociales.Ajoutons qu’il
y a une troisièmefaçon, qui
elle aussipourrait être
utileà ces
Sciences,
mais queje
ne traiterai pas ici(peut-être
cela fera-t-il l’ob-jet
d’un articleultérieur):
c’est departir
de la notion de"voisinage"
et d’uneaxiomatique
convenable pour celle-ci.Pour
l’instant,
disonssimplement qu’en topologie générale,
y unvoisinage
d’un
élément
x de E est tout ensemble contenant un ouvertauquel
xappartient;
autrement
dit,
y tout ensembleauquel
x estintérieur (cette
définition suppose que l’on aitpréalablement
défini lesouverts). Intuitivement,
lesvoisinages permettront
degénéraliser
lerôle primitif qu’ont joué
les "intervalles ouverts"de la. droite dans la
description
de latopologie
de celle-ciqui
a étédonnée
auparagraphe
I.V -
TOPOLOGIE, LOGIQUES
ET PSYCHOLOGIE?Il me reste
quelques
mots à dire sur, les liens entre latopologie générale
et certaines
préoccupations
des Sciences de l’Homme.En
logique,
y leslogiques
modales*sont,
enpartie,
y une illustration de ceque nous venons de voir. On sait que ces
logiques
utilisent troisopérateurs élé-
mentaires :
- la
négation
n- le
nécessaire
N- le
possible
PCes
opérateurs
sontappliqués
auxpropositions,
defaçon
à lesqualifier
denécessairement
vraies(ou fausses),
ou depeut-être
vraies(ou fausses),
y non né-cessairement vraies
(ou fausses),
etc....et:
"proposition"
=partie
d’un ensemble.Des relations fondamentales telles que :
X ~ CX : si X est
vrai,
il estpossible
que X soit vraiNX ~X : si X est
nécessairement vrai,
y il estvrai, qui
ont un sens etsont admises dans
toutes
leslogiques modales;
demême
la monotonie def, i :
*
Pour une définition précise de ces
logiques,
et un complément sur les aperçus qui sui- vent, voir la note de M. EYTAN"Topologie
etLogique propositionnelle
Modale".a pour traduction :
(si
Yimplique X,
alors si Y est nécessairementvrai,
X est nécessairementvrai).
Les relations
d’idempotence
de N et P :sont elles aussi
toujours
admises dans leslogiques modales,
ainsi que la rela- tion fondamentale liant c,f,
i :qui
se traduit :- S’il se
peut
quenon-X,
alors X n’est pasnécessaire,
etréciproquement.
- Si X n’est pas
possible,
alorsnécessairement non-X,
etréciproquement.
Là
s’arrête, semble-t-il,
cequ’il
y a de commun entretopologie
etlogiques modales;
toutescelles-ci,
eneffet,
n’admettront pasl’idempotence
desopérateurs
NPetPN
(i f
et fi) :
et
d’ailleuins,
celapeut-il
se dire?NP,
c’est cequi
estnécessairement possi- ble ;
NP NP ~ il est nécessairementpossible qu’il
soitnécessairement possible.
Cette
phrase
estimpossible (nécessairement)!
De
même,
sera-t-on d’accord pour dire queou, de
façon équivalentes :
Si
(X
ouY)
estpossible,
ouX,
ou Y estpossible,
etréciproquement;
si(X
etY)
estnécessaire,
X estnécessaire
et Y estnécessaire,
etréciproquement.
Si
oui,
lalogique
modale construite est un "modèle" de latopologie géné- rale,
et enparticulier
la relation : NP NP = NP y estvérifiée. Sinon,
elles’en
écarte.
En
psychologie,
onpeut également
se demander si certainsphénomènes
ne re-, lèvent pas de ce
qui
vientd’être
dit. On pensera auxexpériences
danslesquelles
on donne au
sujet
desobjets
à comparer, parexemple d’après
laperception
que lesujet
a de leurpoids.
On donne au
sujet
unepartie
A desobjets (ceux-ci
constituent un ensembleE),
et on lui demande de mettre àpart
tous lesobjets
de Equi
sont nettement moins lourds que ceux de A(c’est l’opération i),
tous ceuxqui
sont nettementplus
lourds(c’est l’opération
e,extérieur);
ceuxqui
restent constituent lafrontière de A. *
Il est
douteux,
dansl’exemple choisi,
que lecomportement
dusujet vérifie l’idempotence : i2 - i,
>f2 = f ;
>· et
pourra-t-on
lui faireaccomplir
desexpérien-
ces dans
lesquelles
onexplorerait
ce que sontfi, if, fif,
etc... ?Il se
peut cependant qu’il
yait,
dans l’ensemble desphénomènes étudiés
parle
psychologue expérimental,
des domaines pourlesquels
les axiomes desopéra-
tions
topologiques
soient apriori admissibles,
et pourlesquels
soit concevableune
expérimentation permettant
devérifier
que lesconséquences
lesplus immédia-
tes de ces axiomes ne sont pas
démenties
par les faits. C’est aupraticien
deparler.
BIBLIOGRAPHIE
’
Pour une initiation intuitive à la
topologie :
Visual Topology par
W. LIETZMANN(Chatto & Windus 1965).
Pour un
exposé axiomatique,
maiss’appuyant
sur l’intuition : Introduction toTopology
par M.J. MANSFIELD(Van
Nostrand1964).
Sur
l’algèbre
de Kuratowski :Topologie
par C. KURATOVSKI(2
vol. PanstwoweWydawnie two Naukowe,
Varsovie1958).
Cet
ouvrage est un manuel enlangue française
trèscomplet
sur les diversesbranches de la
topologie (topologie générale, topologie algébrique).
Il contienten
outre,
à la fin du volume I une note de A. MOSTOWSKI sur"Quelques applica-
tions de la