METHODE
DES COUTS DE TRANSPORTS
M2 DDMEG
Université PARIS 1 PANTHEON SORBONNE
La méthode des coûts de déplacement appliquée
• Intérêt : estimer la valeur économique associée à des ressources naturelles, des écosystèmes ou des sites qui sont utilisés à des fins récréatives
• Principe : détermination d’une courbe de
fréquentation du site, puis construction d’une
fonction de demande agrégée pour déterminer la valeur économique nette de la ressource.
• Outils : estimation sur micro-données individuelles, modèle linéaire du CAP
deux applications principales :
• l’évaluation des ressources naturelles (parcs, réserves…) que les gens visitent à des fins
récréatives ;
• l’évaluation de dommages divers en observant des changements dans les taux de visite de
sites naturels (par exemple, l’appauvrissement de la biodiversité dans une forêt).
La méthode des coûts de déplacement
• Hotelling 1947 : Pour bénéficier des activités
récréatives dans un site naturel, les dépenses de déplacement effectuées sont des prix implicites qui permettent d’estimer la valeur récréative du site
• Le principe de complémentarité faible (Mäler, 1974)
• Deux biens sont faiblement complémentaires quand la non consommation de l’un empêche la
consommation de l’autre
• Utilisée pour estimer les bénéfices liés à l’usage récréatif des actifs naturels : pêche, chasse, promenade,…
• Nécessite une mesure des bénéfices espérés de l’amélioration de la qualité de ces espaces
• Clawson et Knetsch, 1966 : dérivation d’une fonction de demande à partir des taux de fréquentation et des coûts de déplacement
• 1ère application : estimation des bénéfices récréatifs de plusieurs grands parcs nationaux américains
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Principe
• Afin de déterminer la valeur d’un site pour chaque visiteur, on estime la fonction de demande de
récréation (ou fonction du consentement à payer).
• Cette méthode est qualifiée de méthode indirecte de valorisation des aménités et dommages
environnementaux, car la valorisation du bien étudié nécessite l’estimation préalable de cette fonction de demande.
• Comment obtenir la fonction de demande de récréation ?
Principe
• Comme les visiteurs d’un site viennent de régions différentes, ils encourent des frais différents.
• En associant cette information au nombre de visites qu’ils effectuent, il est possible d’obtenir une courbe reliant le nombre de visites au coût du voyage.
• La relation attendue est une fonction décroissante entre coût et taux de visite ; et seules visiteront le site les personnes pour qui la valeur de la visite est supérieure à ce coût.
La fréquentation du site dépend :
• Du prix d’accès au site – Coût de déplacement
– Droit éventuel d’entrée, licence de pêche, dépenses sur le site,…
– Coût d’opportunité du temps de trajet
• Du temps dont l’individu dispose
• De la facilité d’accès au site
• Du revenu dont l’individu dispose
• I.E. les individus manifestent l’intensité de leur demande d’usage d’un site récréatif par l’ensemble des dépenses qu’ils engagent pour se rendre sur ce site et pratiquer l’activité désirée
• NB1. Ces dépenses expriment leur CAP
• NB2. la fréquentation est étudiée par zone d’origine
Objectif
• Construire une courbe de demande qui exprime le CAP maximal d’un individu, en supplément des dépenses qu’il engage aujourd’hui pour user de la ressource :
– Établir une courbe de fréquentation du site
– Dériver la courbe de demande afin d’estimer la valeur économique nette de la ressource
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Etape n°1 : estimation de la courbe de fréquentation, étant donné le coût présent d’accès à la ressource
• demande de fréquentation est construire à partir de la relation existant entre le prix, (coût de déplacement)
• et la qualité demandée (taux de fréquentation),
• exprimée en nb de visites pour 1000 habitants, pour un nombre de zones correctement défini
La demande observée de visites est :
• Ci : coût moyen de déplacement pour se rendre de la zone i au site
• Vi : nombre total de visites effectuées par les résidents de la zone i
• Ni : population de la zone i
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V
iN
i= f C ( )
i= a - b C
i+ e
iEtape n°2 : estimation de la fonction de demande agrégée
• H1. les individu provenant de différentes zones visiteraient au même taux s’ils étaient confrontés aux mêmes coûts d’accès
• Variation du taux de visite en fonction d’un pseudo droit d’entrée P*, ajouté au coût de déplacement :
V
*= a - b C + P
*…
• L’augmentation progressive de la valeur de P*
jusqu’à ce que le taux de visite tende vers 0, permet de construire la fonction de demande en sommant le nombre total de visites par zones (z), pour une valeur de P* donnée :
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V
*( ) P
*= é ë V
i*( ) P
*/ N
iù û N
ii=1
å
z• Estimation du surplus, représenté par la surface sous la courbe de demande agrégée = valeur économique nette de la ressource :
• P* : prix de réservation ( au delà le nb de visites devient nul)
Surplus = ò
P+V * ( ) P
*dp
Illustration de la méthode
Zones Coût/p Pop.
(103) Vis/an Tx/1000
1 1 10 200 20
2 2 5 75 15
3 3 20 200 10
4 4 5 25 5
• T = 25 – 5C
• Hypothèse 1 : la relation précédente résume le comportement des individus pour la
fréquentation du site
• Hypothèse 2 : l’individu est indifférent entre une modification à la marge de son coût de déplacement ou du paiement d’un droit
d’entrée
Nombre de visites en fonction du coût additionnel Zones/
Dcoût 0 1 2 3 4
1 200 150 100 50 -
2 75 50 25 - -
3 200 100 - - -
4 25 - - - -
Total 500 300 125 50 -
Calcul du surplus (725)
500
300
125 50
1 2 3 4 Dcoût
Mise en œuvre de la méthode
• Définir le site étudié
• Définir les usages récréatifs (types, périodes)
• Prise en compte d’autres déterminants que le coût de déplacement
• Revenu, âge, CSP, éducation, situation familiale, culture…
• Choix du mode d’enquête (sur site, hors site)
• Sur site
• Permet de toucher la population cible
• Seuls les visiteurs sont interrogés
• Difficulté d’avoir un
échantillon représentatif
• Les individus qui ont une forte fréquentation ont une probabilité plus forte d’être interrogés (stratification endogène)
• Hors site
• Facilité de construire un échantillon représentatif
• Coûteux
• Délimitation du périmètre d’enquête
• Courrier ou téléphone
• Conception du questionnaire
• Choix des variables explicatives
• Activités pratiquées
• Visite unique ou non, nombre de visites/an
• Mode de transport, temps passé, dépenses effectuées…
• Caractéristiques du ménage
• Visite à but unique ou non
Mesure des coûts
• Coûts de déplacement
• Transport, droit d’entrée, équipement, temps
• Transport : D distance domicile/site, C coût du km, P nombre de personnes transportées
• (2xDxC)/P
• Coût d’équipement (location, achat)
• Coût d’opportunité du temps
• T temps de parcours en mn, R revenu mensuel
• COT = 2x(T/60) x(R/135) x(1/3)
• Problème des sites substituts
• Plus ils sont nombreux, plus les bénéfices pour le site étudié sont faibles
Étape 1. Définir le cadre de l’étude
• Il s’agit ici d’identifier le site étudié (un parc, un lac, une zone naturelle, ou tout autre site naturel utilisé pour un usage récréatif) ainsi que les usages récréatifs qui en sont faits et la saison à laquelle ils sont pratiqués.
• Dans la mesure où les personnes interrogées pratiquent parfois plusieurs activités récréatives au cours d’une
même visite, il est possible d’identifier le but principal de la visite (en posant directement la question lors de
l’enquête) et de recueillir les informations sur les
caractéristiques des visites uniquement pour cet usage.
• reconnaître le site avant l’enquête pour s’assurer que les usages identifiés s’y prêtent bien ;
• identifier tous les usages pratiqués sur le site
étudié;
• regrouper, si nécessaire, les usages les plus
semblables ;
• identifier les périodes et les sites propices pour les enquêtes en fonction des différents usages
(activités touristiques, saison de pêche,
« passage » des oiseaux migrateurs…);
• inclure dans le
questionnaire une question permettant d’identifier l’activité
principale pratiquée sur le site par chaque
personne interrogée.
Étape 2. Choisir le mode d’enquête
• deux modes d’enquête :
– sur site : les visiteurs sont interrogés sur le site que l’on étudie ;
– hors site : les visiteurs sont interrogés à leur domicile, par téléphone ou par voie postale.
• L’enquête sur site permet de toucher la population cible directement,
d’obtenir facilement un échantillon correct
d’usagers. il est difficile d’obtenir un échantillon représentatif car, selon les périodes, les profils des visiteurs sont différents ; et les individus qui se
rendent très
fréquemment sur ce site ont une probabilité plus forte d’être interrogés.
• L’enquête téléphonique permet d’éviter ce
problème mais elle peut être onéreuse à réaliser quand la proportion de visiteurs est faible dans la population générale, et elle engendre un
problème de délimitation du périmètre d’enquête.
Étape 3. Concevoir le questionnaire
• Il est indispensable d’acquérir le maximum d’informations relatives à la fréquentation du site. En effet, de nombreuses variables peuvent expliquer cette fréquentation :
– le coût de transport ;
– l’existence éventuelle de sites substituts ; – l’activité pratiquée sur le site ;
– l’interaction coût de transport/activité pratiquée ; – le nombre de personnes dans le groupe ;
– les variables socio-économiques : l’âge, le revenu, le nombre d’enfants dans la famille, la catégorie
Structure du questionnaire
• une partie introductive, présentant notamment les objectifs de l’étude ;
• des questions sur les activités pratiquées sur le site (notamment l’activité principale);
• des questions sur le nombre de visites effectuées (par exemple, au cours des douze derniers mois);
• des questions sur la dernière visite effectuée sur le site (temps passé sur le site, dépenses effectuées, mode de transport utilisé pour se rendre sur le site…);
• des questions permettant d’identifier les visites à but unique et les visites à buts multiples ;
• des questions sur les caractéristiques du ménage.
Étape 4. Décider du traitement des visites à buts multiples
• Les voyages à but unique
Ces types de voyages sont bien adaptés à la méthode des coû ts de transport : la personne quitte son domicile, se rend sur le site étudié, pratique une activité
récréative avant de retourner à son domicile. Toutes les sommes dépensées au cours du voyage peuvent, à des
degrés divers, être attribuées aux aménités procurées par le site.
• Les voyages à buts multiples Ces types de voyages posent des
problèmes car les sommes dépensées au
• Il devient alors difficile de traiter le coût du transport comme la valeur d’un usage récréatif. Deux approches sont possibles :
• quand les données obtenues sont relatives à plusieurs jours de visites, on peut supposer qu’à chaque jour ou demi-journée de visite
correspond un but unique. Les
données doivent alors être adaptées selon le cas.
• on peut écarter de l’analyse les visites à buts multiples. Dans ce cas, il faut que les personnes interrogées indiquent séparément les visites à but unique et les visites à buts multiples, afin d’éliminer ces dernières du modèle.
Étape 5. Mesurer les coûts de transport
• Le coût de transport est la somme de toutes les dépenses réalisées pour effectuer la visite, par exemple : le coût de transport simple, le droit d’entrée, le coût de l’équipement, le coût de l’hébergement ou encore le coût
d’opportunité du temps passé.
Les limites
• Problème d’hétéroscédasticité :
- quand le chercheur utilise des échantillons de tailles différentes pour les zones, la variance des observations n’est plus égale entre les zones et la variance de la visite moyenne dépend alors de la population de la zone. Faut alors utiliser les moindres carrés généralisés.
- provient également des variations dans les taux de visites. Si la variance diminue qd on s’éloigne du site faut utiliser moindres carrés pondérés par Ni/E(Vi)
Méthode des coûts de déplacement (1/2)
• Sensibilité de la collecte de données :
– connaissance du coût d’accès sur le site (droit d’entrée, achat de licence,..)
– temps dont on dispose pour se rendre sur le site – facilité d’accès au site
– variabilité du revenu des individus
…d’où utilisation de la méthode de Clawson et Knetsch qui repose sur les fréquentations par zone d’origine
• Ex1. Walsh et al. (1992) sur prise en compte des sites substituts :
– si omission d’un site (var explicative) alors surestimation du surplus de 30 %
– si omission du coût d’opportunité du temps de transport : minoration de 34% des val. obtenues.
– si non prise en compte des utilisateurs éloignés : minoration de 30% de l’estimation du bénéfice total
• Ex2. Etat de Washington : fréquentation des rivières (700 observations) – si le coût de déplacement perçu par les individus est supérieur au coût
calculé de 1 à 3 cents par mile. alors l’impact (avec méthode zonale) est un coefficient du coût de déplacement sous-estimé de 35% sur données individuelles et 11 % sur données agrégées par zone…d’où un impact
considérable sur le surplus… 33
Méthode des coûts de déplacement (2/2)
• Pb de la prise en compte du temps de transport qui peut être
intégré comme un « coût d’opportunité », ou au contraire comme un bénéfice si l’individu prend plaisir à effectuer ce déplacement.
• Des individus qui apprécieraient beaucoup le site étudié pourraient choisir d’habiter à proximité. Dans ce cas-ci ces
individus auraient des coûts de déplacement très faibles, et une valeur très élevée pour le site mais qui ne serait pas prise en considération par la méthode.
• Les visiteurs peuvent introduire des biais d’échantillonnage et sous évaluer les résultats
• Les individus interrogés ont tendance à oublier que leur
contribution diminuera leur budget disponible pour d’autres biens…ce qui fausse le réalisme des résultats obtenus.
Exemple : Maumee Bay
• Maumee Bay est un parc de l’Ohio
• Le site étudié est constitué des plages à l’intérieur de ce parc
• Etude sur site
• Variables considérées : CT, revenu Y, CTs (site substitut), qualité de l’eau, entretien, propreté, congestion, aménagements, Sole
• Pour les variables en italique, on a demandé aux enquêtés de classer de 1 (peu important) à 5 (très important) le rôle de ces variables dans leur choix de visite
• Sole est une dummy (0/1) qui indique si la visite a pour seul but la plage (1) ou non (0)
• On a distribué aléatoirement des questionnaires aux usagers en leur demandant de le renvoyer par
courrier (62%)
• Seules les visites d’une journée (66%) ont été prises en compte
• CT = double de la distance linéaire entre la ville et la plage x 0,33 cents/mile + coût d’opportunité du
temps (COT)
• COT= (distance/40)x[(Y/2040)x0,3]
Variables Coefficients estimés
CT -0,040***
Y 0,018
Sole -0,016
CTs 0,004***
Qualité de l’eau -0,053
Entretien -0,270***
Propreté 0,176**
Congestion 0,065*
• Les coefficients sont statistiquement
significatifs à 99% (***), 95% (**) et 90% (*)
• Estimation de la valeur d’une visite/an/personne 25$ (1/0,4)
• Estimation de la valeur totale par an : 5,6x106
$ (224 000 visites/an x 25)
Exercice
• Le droit d’entrée dans un parc d’attraction est de 20€
par personne. Le coût de transport est estimé à 0,5€
le kilomètre.
• On demande à l’aide des données suivantes de :
• Déterminez une fonction de demande de visite pour ce parc
• De calculer la variation de surplus des usagers si la direction du parc décide d’un droit d’entrée de 25€
par personne
Zones Dist/parc Pop (103) Visites
1 10 5 500
2 20 10 900
3 30 25 2000
4 40 10 700
5 50 100 6000
6 60 500 25000
7 70 200 8000
8 80 50 1500
9 90 100 2000
10 100 100 1000