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Les coopérations activées et la fabrication des communs (le cas des montagnes et de la métropole grenobloise)

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Academic year: 2021

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Submitted on 23 Apr 2021

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Les coopérations activées et la fabrication des communs (le cas des montagnes et de la métropole grenobloise)

Laurence Malaret

To cite this version:

Laurence Malaret. Les coopérations activées et la fabrication des communs (le cas des montagnes et de la métropole grenobloise). Nouvelles ruralités et communs : Comment l’expérience de la crise du COVID réinterroge les communs ? Le rapport entre nouvelles ruralités et nouvelles métropolités s’en trouve-t-il modifié ?, Jul 2020, Webinaire, France. �hal-03206320�

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Coopérations et fabrication des communs (le cas montagnes et métropole grenobloise)

Laurence MALARET

Les coopérations territoriales sont un mode d’actions collectives, promu depuis longtemps en aménagement, qui a fondé l’intercommunalité, un grand nombre de réseaux, les principes du développement territorial et aujourd’hui les politiques de l’écoresponsabilité. Ces coopérations sont habituellement activées lorsqu’elles permettent de nouvelles manières de faire, d’être et de vivre ensemble. La crise du COVID a dessiné de nouveaux rapports entre ruralités et métropolités mais sans qu’ils soient inscrits dans les coopérations activées précédemment par les acteurs publics. De nombreux métropolitains sont venus se confiner

« à la campagne » sans que cela ne fasse l’objet de coopérations mises en dialogue, ou négociées1. Cet épisode très spécifique a donc révélé qu’il existe une appétence pour les campagnes depuis les villes qui pourraient donc réclamer aux nouvelles ruralités métissées d’activer de nouvelles coopérations avec ces nouvelles métropolités centrifuges, ou à ces nouvelles métropolités de se donner les moyens d’offrir un cadre de vie répondant à ces appétences2.

Les montagnes grenobloises relèvent à la fois de la ruralité3 et d’une certaine métropolité.

Cette particularité de métissage des catégories spatiales se rencontre de plus en plus, transformant les territoires en réseaux, composés de collectifs structurants et circulants4, sans nécessairement de continuité spatiale5. Un exemple de coopérations activées par un collectif de collectivités autour d’un projet, un programme alimentaire interterritorial sur les territoires de montagne et la métropole de Grenoble, est présenté ici pour illustrer comment des coopérations pourraient fabriquer des communs territoriaux.

Comment les coopérations activées fabriquent du commun territorial

Les processus mis en œuvre pour activer les coopérations, dont les initiatives et les pratiques découlent, pourraient fabriquer un nouveau modèle de développement. Ce nouveau modèle du « faire ensemble » issu des coopérations, serait un commun territorial observable à travers des initiatives ou des pratiques d’habitants (de montagnes ou de métropole), qui devraient aller bien au-delà des seules pratiques des acteurs publics directement concernés et compétents. Ce « faire ensemble » participe d’une « démocratie contributive6 », intégrant de « l’écoute territoriale7 », de nouvelles formes de dialogue, comme dispositif de mise en

1 Ni reversement de taxe d’habitation au prorata, ni transfert de charges de gestion, ni fiscalité directe, ni mise en dialogue ou négociation

2 (Viard, 2018, p. 191)

3 (Souchon, 2017)

4 (Vanier, 2015, p. 40-41)

5 (Fourny, 2016)

6 la Fonda « Fabrique associative », qui s’est donnée l’objectif de réfléchir au monde d’après pendant le confinement. Les résultats issus de l’enquête menée pendant le confinement peuvent être mis en comparaison avec les réflexions de l’ANNR.

7 L’UNADEL, Union nationale des acteurs et du développement local, conduit un travail d’enquête, et de témoignages, depuis 2014, comme le fait remarquer un participant du séminaire, autour de démarches locales fondées sur des « objectifs de transition ». Ces “écoutes territoriales”, menées en France métropolitaine, se construisent autour de temps de rencontre et d’entretiens avec les protagonistes de ces dynamiques (élues, techniciennes, associations, entrepreneureuses, citoyennes).

Elles se sont poursuivies dans certains cas par des ateliers réflexifs conduits avec les territoires :

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relation, associant les décisions politiques, des scientifiques, des juristes et des citoyens. Ce qui implique, de fait, la modification de prise de décision.

A titre d’exemple, sur des coopérations d’acteurs publics des montagnes et la métropole grenobloise, le Programme Alimentaire Interterritorial (PAIT) est le fruit d’un premier séminaire, qui a eu lieu en 20158, destiné à lancer l’écriture d’une feuille de route pour une stratégie agricole et alimentaire à une échelle territoriale large. Cet événement a réuni des acteurs de tout le périmètre de coopération, venus partager leurs valeurs et leurs attentes : un attachement au bien commun territorial, la volonté d’agir ensemble pour mettre davantage d’aliments locaux dans l’assiette des consommateurs, la reconnaissance de la diversité des savoir-faire, l’offre de nouveaux débouchés locaux aux productions agricoles, une exigence de santé publique et de préservation des ressources. La candidature au niveau national du PAIT, en 2018, associait la Communauté des Communes du pays Voironnais, la métropole, le Grésivaudan, les deux parcs naturels régionaux Vercors et Chartreuse, et le Trièves, ainsi que le collectif citoyen « Autonomie alimentaire ». La politique montagne de la métropole grenobloise, qui a fait l’objet d’une délibération cadre votée en février 2019, contribue à la Stratégie alimentaire interterritoriale. Des partenariats ont été construits afin de répondre aux attentes de la restauration collective, pour travailler sur l’intégration des principes que pose la loi EGALIM9 (50 % de produits locaux dans 20 % de produits bio), accompagner les producteurs pour s’adapter au changement climatique et accompagner au changement alimentaire, changement dans lequel la société civile pourrait avoir un rôle à jouer. Ce dernier volet est important, car le projet n’avait pas été retenu une première fois, en 2018, du fait de la non présence significative de la société civile et un manque de transversalité.

La crise sanitaire COVID a fait bouger, plus vite, les choses pendant le confinement, pour répondre aux besoins des consommateurs et continue de les faire bouger, avec la nécessité d'écouler les produits localement, et en réponse aux sollicitations de la métropole. Pendant le confinement, une application a été créée pour faire de la vente en ligne dans le cadre du Programme alimentaire interterritoriale. Les informations ont été fournies au pied levé, par les territoires, tout en respectant les règles « RGPD10». Les territoires concernés ont conscience qu’il est important de ne pas déstructurer ce qui existe déjà. Pendant la crise sanitaire, par exemple les PNRS du Vercors et de la Chartreuse ont été en lien quotidiennement avec les producteurs. Il est important de travailler à la pérennité et l'harmonisation des projets en cours comme il est important d'inventer de nouvelles choses.

Cet exemple illustre la capacité des territoires à être réactifs en situation de crise ou à les faire réfléchir sur l’importance d’une relocalisation de économie, à l’échelle d’un bassin de vie.

Mais la question de l’alimentation va bien au-delà des questions purement agricoles11,

https://unadel.org/ecoutes_territoriales/ - Voir également l’ouvrage « Vous avez dit développement local ? » (Gontcharoff, Union nationale des acteurs et des structures de développement local (France), 2018)

8 Synthèse finale réalisée par AURG juillet 2019

9 La Loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable, définitivement votée le 2 octobre 2018 à l'Assemblée nationale, a été promulguée le 1er novembre 2018.

https://agriculture.gouv.fr/egalim-tout-savoir-sur-la-loi-agriculture-et-alimentation 10 `Règlement Général sur la Protection des Données

11 (Viard, 2018, p. 60)

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intégrant des questions de comportement sociétal, de santé et même de changement climatique… La sphère citoyenne qui a été en capacité de s’organiser pendant la crise sanitaire, en capacité d’innover, de créer de l’initiative, pour s’approvisionner ou produire localement, est aussi une ressource pour les territoires ruraux et urbains, propice aux interactions, dont ne devrait pas se passer les collectivités porteuses de démarches coopérantes et dont il faudra qu’elles tirent les enseignements.

Une nouvelle manière de faire pour favoriser une démocratie contributive

Les coopérations territoriales sont au cœur de défis sociaux et écologiques12 et peuvent être activées par des collectifs d’un nouveau genre, créés pour répondre aux besoins sociétaux, alliant davantage le monde associatif13 et une grande diversité d’acteurs : habitants, citoyens, acteurs privés ou publics engagés pour « faire ensemble autrement ». Si la valeur ajoutée des coopérations est le sens donné aux actions, la continuité des services publics de proximité et de qualité reste considérée comme prioritaire, avec une place particulière accordée au numérique favorisant les collaborations14. La transformation économique de l’organisation du travail intégrant le télétravail ou le nomadisme pour permettre de réduire les déplacements pendulaires est considérée comme attendue pour envisager une revitalisation des espaces périurbains, périruraux et ruraux15 pouvant offrir une respiration aux espaces métropolitains.

Dans cette nouvelle manière de faire autrement les « habitants » sont reconnus dans leur autoréflexivité comme le propose Bruno Latour16. Ce retour à des fondamentaux « habitants » est un point essentiel pour transformer le territoire. La question est de savoir à quoi les gens sont attachés car c’est cela qui définit le territoire in fine, l’aspiration des gens à décrire eux- mêmes ce à quoi ils sont attachés, et ce que doit être leur territoire et comment l’aménager17. Ce retour exprime un besoin de « communs ». De tels processus, inscrits dans des espaces de réflexivité renouvelés, dépassent les limites habituelles, administratives, politiques et géographiques. Ils combinent société civile, opérateurs privés et collectivités publiques. Ils visent une démocratie contributive, une valeur ajoutée, comme le précise Patrice Joly, Président de l’ANNR, Association Nationale des Nouvelles Ruralités, qui serait le sens donné à l’expérience, pour cultiver la diversité des territoires par les territoires, et consisterait à réfléchir aux solidarités, partenariats et alliances pour sortir des logiques de concurrence ou compétition.

12 (Laurent, 2011 ; 2018)

13 Concernant l’enquête menée par la Fonda, pendant le confinement, ce sont les mêmes thématiques apparaissant comme prioritaires, ressortant dans les discussions du webinaire organisé par l’ANNR du 14 mai dernier, ainsi que les tendances de fond, en y ajoutant pour la Fonda, une dimension plus sociale et la nécessité de remédier aux inégalités sociales et à une fragmentation de la société par un renforcement des services publics et d’un rôle clé donné aux associations (Fonda « Fabrique associative », 2020).

14 (Rifkin, 2012)

15 (Grimault, 2020)

16 Bruno Latour s’appuie avec son groupe de réflexion, depuis un peu plus d’un an, sur l’idée de produire des nouveaux cahiers de doléances comme ceux de 1789, à la différence près que la révolution industrielle est passée par là et qu’une transition écologique est aujourd’hui nécessaire. Ce qui pour B. Latour passerait 1) par les moyens que l’on donne aux gens de se décrire, s’auto-décrire et non pas d’étudier les gens, 2) permettre aux agents de l’Etat en situation de mutation écologique de pouvoir s’adapter parce que chaque sujet est différent, les formes de territorialités sont différentes, d’où aussi le besoin de différenciation des territoires (Latour, 2020 ; 2017).

17 (Marchais, 2018)

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Conclusion

Décrire nos appartenances multiples consiste à dire ce à quoi nous sommes attachés (paysage, économie, éducation, culture, histoire…). Pointer du doigt les inégalités que ces attachements génèrent, oblige collectivement à y remédier, notamment l’accès aux ressources comprenant les services publics essentiels à la vie en commun, comme les composants cruciaux de l’existence humaine (qualité du cadre de vie, de l’eau, des sols, de l’air, de l’alimentation, …). Mais les savoirs et savoir-faire pour coopérer sont également au centre des enjeux contemporains pour habiter mieux ensemble de nouveaux territoires, de nouvelles ruralités et métropolités définies par leurs habitants, leurs attachements, dans la différenciation et non seulement dans leurs limites administratives ou politiquement décentralisées. René Souchon18, grand témoin de cet exposé19, nous invite à prolonger la réflexion afin de comprendre comment le désir de coopérer, une partie immergée de l’iceberg, émerge pour faire surgir des pratiques et initiatives de métropolitains et montagnards, se donnant une capacité relationnelle de faire, être, vivre et habiter ensemble par les coopérations qui définissent des communs territoriaux nouveaux.

Bibliographie

FONDA « FABRIQUE ASSOCIATIVE », 2020. «Le monde d’après»: quels enjeux éclairer en priorité? 34p. Disponible sur : < https://fonda.asso.fr/ressources/le-monde-dapres-quels-enjeux-eclairer-en-priorite >.

FOURNY, Marie-Christine, 2016. « Grenoble, métropole en (et par les) montagnes ». In : BLOCH, Daniel, LAJARGE, Romain, Grenoble, le pari de la métropole. Saint-Martin-d’Hères (Isère) : Pug. p. 177-188. ISBN 978-2- 7061-2490-7.

GONTCHAROFF, Georges, UNION NATIONALE DES ACTEURS ET DES STRUCTURES DE DÉVELOPPEMENT LOCAL (FRANCE), 2018. Vous avez dit développement local?: histoire et fondements du développement local par ceux qui l’ont construit. Sarrant : Éditions la Librairie des territoires. 368 p. ISBN 979-10-90369-15-3.

GRIMAULT, Vincent, 2020. La renaissance des campagnes: enquête dans une France qui se réinvente. Le Seuil.

320 p. ISBN 978-2-02-144225-0.

LATOUR, Bruno, 2017. Où atterrir? comment s’orienter en politique. Paris : La Découverte. 155 p. ISBN 978-2- 7071-9700-9.

LATOUR, Bruno, 2020. « Imaginer les gestes-barrières contre le retour à la production d’avant-crise ». In : AOC media - Analyse Opinion Critique [en ligne]. 29 mars 2020. Disponible sur : <

https://aoc.media/opinion/2020/03/29/imaginer-les-gestes-barrieres-contre-le-retour-a-la-production-davant- crise/ > (consulté le 31 mars 2020).

LAURENT, Eloi, 2011. Social-écologie. Paris : Flammarion. 230 p. ISBN 978-2-08-125569-2.

LAURENT, Éloi, 2018. L’impasse collaborative: pour une véritable économie de la coopération. Paris : Éditions Les Liens qui libèrent. 184 p. ISBN 979-10-209-0632-8.

MARCHAIS, Dominique, 2018. Nul homme n’est une île. 1.85, 96mn. Météore Films.

RIFKIN, Jeremy, 2012. La troisième révolution industrielle: comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde. LLL Les liens qui libèrent. 416 p. ISBN 978-2-918597-47-6.

SOUCHON, René, 2017. Ruralité: quel avenir?: citadins, cela vous concerne aussi! La Tour-d’Aigues : Éditions de l’Aube. 222 p. Coll. Bibliothèque des territoires. ISBN 978-2-8159-2256-2.

VANIER, Martin, 2015. Demain les territoires: capitalisme réticulaire et espace politique. Paris : Hermann. 213 p.

ISBN 978-2-7056-9140-0.

VIARD, Jean, 2018. Une société si vivante. La Tour d’Aigues : Éditions de l’Aube. 252 p. Coll. Collection Monde en cours. ISBN 978-2-8159-2901-1.

18 Ancien Ministre et Président de Région

19 Webinaire, chercheurs - acteurs « Nouvelles Ruralités et Communs Territoriaux » du 8 juillet 2020

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