Socle commun de connaissance et de compétences ou Culture commune ?
Pour mieux comprendre en quoi la mise en place des nouveaux programmes de technologie placent les collègues en grande difficulté, il faut rappeler comment la technologie a été intégrée à la liste des compétences du socle commun. Oubliée lors de la première rédaction des grilles de références, elle a été, au dernier moment, ajoutée par quelques mots dans la compétence3 du palier3 commune aux disciplines scientifiques. La technologie, par la définition spécifique qui est la sienne (pas les mêmes finalités, pas construite de la même façon et n'empruntant pas les mêmes démarches) est difficilement assimilable à une science et elle a beaucoup de peine à trouver une place qui lui corresponde parfaitement dans le socle commun.
Pour exemple, dans la liste des items du socle, sous le titre "La matière" on énumère ce qui doit être acquis ("principales caractéristiques, états et transformations ; propriétés physiques et chimiques de la matière et des matériaux ; comportement électrique, interactions avec la lumière").
Il est peu de dire qu'il n'aura pas suffi d'ajouter et des matériaux à matière pour être explicite et le seul fait de devoir utiliser le pluriel aurait du alerter de la difficulté.
Comme explication de cet item on nous précise seulement que
"L’élève doit :
• savoir que la matière se présente sous une multitude de formes : - sujettes à transformations et réactions ;
- organisées du plus simple au plus complexe, de l’inerte au vivant.
ce qui ne peut que laisser perplexe, la notion de matériau étant par précaution totalement ignorée.
Après un nouveau revirement et en empruntant des formulations très proches des programmes, les "Indications pour l'évaluation" précisent après d'autres capacités et connaissances liées aux sciences, qu' "En situation, l’élève est capable de :
- choisir un matériau en fonction de son utilisation et de ses propriétés physiques (conducteurs, isolants) et mécaniques;
- identifier les principaux procédés élémentaires de mise en forme des matériaux ;
- justifier, par leurs propriétés, le choix de prélever certains matériaux dans l’environnement naturel ou de les fabriquer.
Le rapprochement quasi artificiel fait entre matière et matériaux pose problème. En technologie les matériaux sont déjà considérés comme des objets techniques conçus ou sélectionnés pour un comportement ou une caractéristique très spécifique, plus souvent constaté que justifié. C'est ce qui apparait nettement à la lecture des programmes. Lorsqu'il faut rapprocher le comportement issu des constituants ou de la structure des matériaux à la notion de matière on se trouve rapidement face à quelques difficultés. Les caractéristiques finales n'ont souvent plus aucun rapport avec la matière d'origine et compliquent toutes tentatives de justification ou de classification pour un élève de collège. Comment expliquer que le verre soit utilisé pour sa flexibilité en fibre et sa rigidité en barre ou en plaque ? La technologie a déjà à justifier certains choix par la fonction technique à réaliser et cela bien avant toutes autres considérations ou contraintes, aussi la notion de matière est rarement prépondérante. Certaines modifications de propriétés des matériaux, sont plus d'ordre physique et technique que liées à la matière, c'est le cas dans les transformations mécaniques d'une feuille de papier lors de son pliage ou des fibres de coton lors de leurs filages. Sans le recours à la notion de matière qui serait source de beaucoup de complexité, la technologie peut participer à les expliquer et cela est son rôle.
Alain Brayer / Groupe Technologie - Snes-FSU
