École Doctorale 202 « Langages, Idées, Sociétés, Institutions et Territoires »
THÈSE
Pour obtenir le grade de
Docteur de l’Université de Bourgogne Discipline : Archéologie par David Bardel
Société, économie et territoires à l’âge du Fer dans le Centre-Est de la France.
Analyse des corpus céramiques des habitats du Hallstatt D – La Tène A (VII e - V e siècle av. J.-C.)
Sous la direction de Jean-Paul Guillaumet et Philippe Barral.
Volume I : texte et annexes.
Présentée et soutenue publiquement le 16 novembre 2012 Jury :
Anne-Marie Adam (Professeur, Université de Strasbourg, UMR 7044) Rapporteur
Philippe Barral (Ingénieur de recherche, HDR, co-encadrant Université de Franche-Comté, UMR 6249) Jean-Paul Demoule (Professeur, Université de Paris I, UMR 7041)
Cynthia Dunning (Professeur, Comité d’Archéologie Suisse) Rapporteur
Jean-Paul Guillaumet (Directeur de recherche au CNRS, UMR 6298 Artehis, HDR, directeur de la thèse) Stefan Wirth (Professeur, Université de Bourgogne, UMR 6298 Artehis)
2012
Shomintsu dans « Le sumo qui ne pouvait pas grossir »
Eric-Emmanuel Schmitt, 2009.
Avant de commencer le développement de cette étude, je tiens à remercier les personnes qui par leur enca- drement, leurs conseils et leurs encouragements ont permis la réalisation de ce doctorat.
Je remercie tout d’abord J.-P. Guillaumet et P. Barral qui m’ont accordé leur confiance en acceptant de diriger cette recherche. Que leur engagement, leurs conseils et leur disponibilité portés tout au long de ce travail, soient soulignés.
Je remercie également pour leur rôle dans l’élaboration et la construction de ces problématiques, de part leur curiosité archéologique et l’émulation de nos échanges, R. Labeaune, E. Dubreucq, P. Nouvel, R. Peake, M.
Van Es, I. Balzer, L. Augier, M. Saurel, J.M. Séguier, P. Gouge, D. Simonin, S. Deffressigne, N. Tikonoff, E.
Millet, C. Mordant, B. Chaume, M. Kasprzyk, G. Verrier, A. Louis et B. Desachy.
Mes remerciements s’adressent aussi aux professionnels de l’archéologie qui m’ont confié l’étude de leur mobilier et m’ont donné accès à leur documentation. Leur confiance, leur désintéressement et leurs conseils furent déterminants dans la réalisation de ce projet de thèse. Que L. Augier, I. Balzer, L. Baray, F. Barenghi, E. Bergot, O. Blin, L. Boulenger, A. Bulard, L. Cabboi, D. Casadei, B. Chaume, N. Connet, J.-L. Coudrot, S. Deffressigne, F. Devevey, G. Desrayaud, F. Di Napoli, C. Dunikowski, B. Dupéré, J.-C. Durand, J.-L.
Flouest, N. Ginoux, P. Gouge, V. Gregoire, J. Grisard, A. Haffner, R. Hyacinthe, R. Issenmann, R. Labeaune, M. Landolt, F. Langry-François, F. Marty, S. Marion, R. Martineau, O. Maury, K. Meunier, A. Möcht, F.
Müller, P. Nouvel, R. Peake, C. Petit, T. Pertlvieser, V. Riquier, A. Samzum, M. Saurel, J.M. Séguier, D.
Simonin, Y. Thomas, N. Tikonoff, C. Valero, M. Van Es, G. Verrier, A. Viand, K. Zipper, reçoivent ma gra- tification.
Merci aux responsables, personnels et structures des SRA d’Île-de-France, de Bourgogne et de Champagne, du Centre Archéologique Européen de Bibracte, du Centre Départemental d’Archéologie de Seine-et-Marne, du RGZM de Mayence, des musées de Châtillon-sur-Seine, de Nemours, de Sens, de Chalon-sur-Saône et de Guiry-en-Vexin pour leur accueil et leur collaboration.
Ma reconnaissance va aussi à mes collègues côtoyés à l’UMR de Dijon, à Bibracte, à Vix et à l’Inrap.
Merci, pour leur aide précieuse, leurs conseils, leurs discussions et tous les bons moments passés ensemble, à S. Aussel, S. Barrier, L. Bassereau, G. Bataille, B. Baudoin, B. Behague, D. Beucher, G. Blancquaert, B.
Bonnaventure, L. Boreau, M. Brun, A.L Bugnon, L. Burlet, D. Cambou, S. Chevrier, V. Cicolani, V. Clavel, J. Clerc, P. Cloix, B. Colas, F. Cruz, P. Della Casa, H. Delnef, S. Desbois, E. Dubreucq, F. Ducreux, A. Du- mont, R. Durost, M. Esposito, J.L. Flouest, M. Gabillot, J.-P. Garcia, E. Germain, D. Germinet, B. Girard, A. Gluchy, J. Grisard, G. Hamm, A. Henton, Z. Hugon, L. Huguet, J. Kaurin, M. Kasprzyk, M.C. Kurzaj, R.
Labeaune, Y. Labaune, C. Lachiche, M. Landolt, O. Lemercier, T. Le Saint-Quinio, J. Linton, A. Louis, T.
Luginbühl, A. Mailler, S. Mamhoud, C. Maitay, P. Méniel, F. Meylan, E. Millet, C. Moreau, Ch. Moreau, R.
Moreau, P.Y. Milcent, T. Nicolas, P. Nouvel, A. Novack, L. Olivier, F. Olmer, T. Pertlvieser, G. Pierrevelcin,
P. Pihuit, Y. Prouin, W. Reinhard, V. Riquier, M.A. Rodot, M. Roscio, M. Schönfelder, C. Sestier†, D. Simo-
nin, J.P. Thévenot, A et N. Tisserand, Y. Thomas, C. Touzel, J.M. Treffort, L. Tremblay-Cormier, C. Valero,
M. Van Es, G. Verrier, E. Vial, K. Zipper.
Mes pensées également aux archéologues qui m’ont accueilli sur leurs chantiers programmés et ont nourri mon expérience archéologique, entre autres, B. Lambot, J.-M. Treffort, J.-F. Piningre, P. Nouvel, P. Barral, J.-P. Raynal, C. Maitay et les équipes du PCR Vix.
Merci infiniment aux personnes qui ont relu et corriger les lignes qui suivent, de leur regard critique et pers- picace et qui m’ont accompagné au cours de cette réalisation : V. Clavel, S. Morel, E. Dubreucq, N. Mirales, L. Pédard, M. Giudicelli, E. Millet, P. Nouvel, D. Beucher, B. Béhague, I. Praud, O. Raveaud, M. Brun, G.
Thiéry.
Mille merci à ma famille et à tous mes amis, foréziens, bourguignons, bisontins ou nordistes qui ont toujours su être là, avec cette simplicité des choses qui fonde la qualité des valeurs humaines. Qu’ils m’excusent de ne les citer nommément, je sais qu’ils se reconnaitront.
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Ce travail a pu être réalisé grâce à différents emplois : de Maître d’internat d’une part, de nombreux contrats
d’archéologie préventive et de périodes d’inactivité d’autre part et a enfin été finalisé par le bénéfice d’un
congé de formation professionnelle de 9 mois, accordé par mon employeur l’Inrap.
Préambule
Les illustrations présentes dans ce volume correspondent à des planches, des plans, des tableaux et des gra- phiques. Pour faciliter la lecture, nous avons nommé toutes ces illustrations « figures » et opéré une numé- rotation continue.
Les références au catalogue sont mentionnées, que ce soit pour un renvoi à la notice de site ou à une figure :
« cf. site catalogue n° …. » et « cf. fig. catalogue n° …. ».
Les annexes, correspondant à des tableaux de données brutes, sont placées à la fin du volume.
Les inventaires céramologiques correspondant aux sites étudiés dans le catalogue sont annexés sur un CD-
ROM. Il s’agit de bases de données présentés pour chaque site ayant fait l’objet d’une étude détaillée.
Sommaire
Remerciements ... p.3 Préambule ... p.5 Sommaire ... p.8 Introduction ... p.10
Partie I : Présentation des cadres de l’étude ... p. 12
I.1- Cadre géographique de la zone d’étude ... p.13 I.2- Cadre chronologique de l’étude ... p.17 I.3- État des connaissances sur la société de l’âge du Fer (VII e - V e siècle av. J.-C) ... p.21 I.4- La documentation archéologique de la zone d’étude ... p.29 I.5- Objectifs et problématiques ... p.59 I.6- Constitution du corpus d’étude ... p.60
Partie II : Analyse typologique du corpus céramique ... p. 68 II.1- Quantification générale du corpus ... p.69 II.2- Classification et analyse typologique de la céramique ... p.69 II.2.1- Critères de description et de classification technique... p.69 II.2.2- Répertoires typologiques et caractéristiques des formes céramiques ... p.90 I I.2.2.1- Les critères de la classification ... p.90 II.2.2.2- Le répertoire typologique et les caractéristiques de la céramique non tournée... p.92 II.2.2.3- Le répertoire typologique et les caractéristiques de la céramique façonnée au tour ... p.132 II.2.3- Typologie et analyse des décors ... p.142 II.2.3.1- La classification des décors ... p.142 II.2.3.2- Le positionnement du décor ... p.153 II.2.3.3- Analyse des décors ... p.156
Partie III : Analyse chronologique des corpus céramiques et analyse des
faciès géographiques ... p. 170
III.1- Les méthodes de l’analyse chronologique ... p.171
III.2- Présentation des sériations ... p.173
III.2.1- La sériation des assemblages par faits archéologiques ... ... p.173
III.2.2- La sériation des faciès de site ... ... p.177 III.3- Chronologie relative et périodisation ... p.183 III.3.1- Evolution depuis les étapes anciennes du Hallstatt : ... p.183 III.3.2- L’étape 1 de la périodisation ... p.185 III.3.3- L’étape 2 de la périodisation ... p.196 III.3.4- L’étape 3 de la périodisation ... p.204 III.3.5- L’étape 4 de la périodisation ... p.216 III.3.6- L’étape 5 de la périodisation ... p.227 III.3.7- Les derniers ensembles de la périodisation ... p.243 III.3.8- Bilan de l’analyse chronologique ... p.248 III.4- Description et évolution des faciès géographiques du Centre-Est de la France ... p.260 III. 4.1- Les faciès céramiques de la zone d’étude ... p.260 III. 4.2- Comparaison avec les faciès typochronologiques des zones limitrophes ... p.274
Partie IV : Synthèse ... p. 286
IV.1- Economie de la céramique ... p.287 IV.1.1- Organisation de la production et modes de diffusion de la céramique non tournée ... p.287 IV.1.2- Organisation de la production et modes de diffusion de la céramique façonnée au tour. p.292 IV.2- Caractérisation économique et sociale des habitats ... p.303 IV.2.1- Les principales formes d’habitat et leurs faciès mobiliers ... ... p.303 IV.2.2- Bilan de l’organisation des habitats et du rôle de la céramique dans les critères
de hiérarchisation ... ... p.311 IV. 3- Géographie culturelle et dynamiques sociales ... p.313 IV.3.1- Quelles identités céramiques ? ... ... p.313 IV.3.2- Mise en perspective des évolutions matérielles ... p.321 Conclusion ... p.324 Bibliographie ... p.330 Résumé /Abstract ... p.370 Liste des figures ... p.372 Table des matières ... p.377
Annexes ... p. 384
Introduction
Les étapes du Hallstatt moyen à La Tène ancienne se situent entre le dernier quart du VII e et la fin du V e siè- cle av. J.-C., correspondant, à une phase de prospérité et de mutations sociales importantes de la civilisation du premier âge du Fer occidental. Une société fortement hiérarchisée et spécialisée est perceptible via des réseaux culturels et commerciaux à longue distance, englobant les domaines nord-alpin et méditerranéen.
Le Centre-Est de la France a joué un rôle important dans l’acquisition des connaissances sur l’âge du Fer. La fouille dès le XIX e siècle de nombreux tumuli, l’exploration à partir des années 1930 d’une occupation halls- tattienne sur le Mont-Lassois à Vix, puis la découverte de la tombe princière de Vix en 1953 ont fortement stimulé les recherches archéologiques. Les fouilles préventives ont confirmé le rôle important de cet espace Centre-Est, avec la mise en évidence d’autres tombes aristocratiques dans les vallées de l’Yonne, de la Vanne et de l’Aube. Ces découvertes ont alimenté de nombreux travaux synthétiques sur la définition de la société de la fin du premier et début du second âge du Fer, notamment, ceux de R. Joffroy, W. Kimmig, A. Haffner, H. Parzinger, J.-P. Demoule, L. Baray, B. Chaume, P.-Y. Milcent ou S. Marion.
Cependant, les connaissances acquises reposent principalement sur les mobiliers métalliques et les pratiques funéraires, alors que la vaisselle céramique n’a fait l’objet que d’investigations limitées. Son absence des contextes funéraires dans le Centre-Est, sa fragmentation en contexte domestique, de même que son carac- tère courant et son aspect peu standardisé, ont conduit à sous-estimer son potentiel informatif.
La documentation sur les contextes domestiques s’étant très largement renouvelée durant les 30 dernières années, il semblait opportun d’étudier les informations transmises par ce mobilier et de les réintégrer dans le champ des connaissances.
Les problématiques d’analyse se sont attachées aux aspects principaux suivants :
D’une part à exploiter le potentiel chronologique de ce mobilier - l’absence ou la rareté des pièces métalli- ques datantes en contextes domestiques justifiaient un premier intérêt à percevoir une chronologie plus fine de l’ensemble des habitats, y compris les plus modestes - puis d’évaluer les rythmes et processus évolutifs de ce matériel et de les confronter à la chronologie métallique. La quasi-absence d’identification des répertoires céramiques correspondant à l’étape de La Tène A méritait également d’être interprétée.
D’autre part à caractériser l’artisanat céramique, dans ces aspects techniques et commerciaux afin de perce- voir l’importance quantitative des productions et les aspects de diffusion, pour appréhender le savoir-faire du potier et l’organisation économique de la société.
En outre, à évaluer le rôle social de la céramique à travers l’étude des faciès de consommation des sites ; le corpus conséquent, englobant un habitat aristocratique fortifié et de nombreux sites ruraux ouverts de taille et d’importance variables.
Enfin, à questionner les variations et limites géographiques des formes et décors du répertoire céramique, notamment en ce qui concerne le faciès décoratif peint dit « vixéen », phénomène emblématique des sociétés hallstattiennes du Centre-Est.
Dans ce but, il a été effectué sur la base d’un inventaire initialement débuté dans le cadre d’un DEA (Bardel
2002), un état des lieux de la documentation existante, à partir duquel est établi le corpus documentaire né- cessaire à ces investigations. Une sélection des sites est opérée selon les critères d’accessibilité des mobiliers et en fonction de la qualité de la documentation, des contextes de fouille et des mobiliers, en recherchant l’intérêt quantitatif des corpus, la représentativité des espaces géographiques et des phases chronologiques.
Plus de 60 sites et plusieurs dizaines de milliers de restes céramiques sont étudiés en fonction d’une approche
qualitative et quantitative : remontage et dessin, caractérisation typologique et technique, quantification et
étude comparative.
Partie I :
Présentation des cadres de l’étude
I.1- Cadre géographique de la zone d’étude
I.1.1.- Présentation générale et choix de la zone d’étude
Le cadre naturel de l’étude est défini de manière cohérente par le sud-est du Bassin parisien, unifié autour des bassins moyens de la Seine et de l’Yonne (fig. 1).
Cette zone du Centre-Est, choisie comme zone d’étude, se place au niveau du franchissement du seuil de Bourgogne qui permet la liaison entre le monde atlantique de la basse vallée de la Seine et les couloirs Saô- ne-Rhône et Saône-Rhin. Les voies de circulation qui traversent cet espace durant l’âge du Fer semblent multiples et certainement fluctuantes, elles ne sont encore que partiellement mises en valeur pour cette étape ancienne de la fin du Hallstatt et début de la Tène (Kasprzyk, Nouvel 2010).
Cet espace naturel est le secteur de confrontation de plusieurs complexes économiques et culturels : le do- maine nord-alpin hallstattien occidental (Brun 1988) au sud-est, le domaine des cultures de l’Aisne-Marne (Demoule 1989, 1997, 1999, Baray 2003) au nord et le domaine médio-atlantique à l’ouest (Milcent 2004) (fig. 2).
Les délimitations de la zone de travail correspondent à des limites administratives actuelles. Elle regroupe le nord de la Bourgogne avec la moitié septentrionale du département de la Côte d’Or et le département de l’Yonne ; le département de l’Aube en Champagne-Ardenne et l’ensemble de la région Île-de-France.
Fig. 2 : Carte des cultures, provinces et domaines culturels à la fin du VI e et début du V e siècle av. J.-C.
Aube
La Seine Yonne
L'Armançon
La Cure Yonne
Seine La Seine
Le Loing
La Marne
Le Serein
Seine La Vanne
L'Oise
Le Grand Morin Seine
Pays d'Othe Sénonais
Brie
Bassé e
Puisaye
Morvan Vexin
Mantois
Plaine de France
Hurepoix
Tonnerrois Auxerrois
Saône
78 95
Aud e
HŽrault
Garonne 91
Aube Seine
77
21 89 45
10 Loing