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Révolution française

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Révolution française

Isabelle Laboulais

To cite this version:

Isabelle Laboulais. Révolution française. Dictionnaire historique de la liberté, 2016, pp.765-767.

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Révolution française

Dans le Nouveau dictionnaire français contenant les expressions de nouvelle création du Peuple français publié en 1795, Léonard Snetlage annonce que le mot « liberté » y figure, non pas en raison de sa nouveauté, mais parce qu’il s’agit d’un « terme révolutionnaire », c’est-à-dire porteur de l’identité de cet événement. Dans sa notice, il propose donc de

« transcrire seulement ce que le Peuple Français a établi sur cet objet dans son nouvel ordre social d’après la Déclaration même de l’Assemblée nationale constituante » et il renvoie à l’article premier de la Déclaration des droits de l’homme pour relever tout ce qui en a découlé.

En cherchant à rompre avec l’Ancien Régime et par là même avec les libertés qu’il accordait aux ordres, aux corps, aux communautés, la Révolution française a fait de la liberté le principe, mais aussi le terme de son entreprise. L’article premier de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, votée par la Constituante le 26 août 1789, pose que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit » et fait ainsi de la liberté la source des droits qui figurent dans ce texte. Pour Sieyès, « ce n’est pas en vertu d’une loi que les citoyens pensent, parlent, écrivent, c’est en vertu de leurs droits naturels », d’où l’ardeur des Constituants à écarter tout obstacle à la libre expression de l’activité individuelle. La liberté des individus concerne à la fois la liberté de la personne qui pour certains doit aller jusqu’à l’émancipation de toute servitude – après de vifs débats à la Constituante entre les membres de la Société des amis des noirs et les représentants du lobby colonial, l’esclavage fut aboli par le décret du 16 pluviôse an II, puis rétabli par Bonaparte –, la liberté de pensée, la liberté d’expression, mais aussi liberté d’entreprendre caractéristique des années 1789-1791.

Si la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen était censée limiter les pouvoirs de l’État pour que la liberté individuelle soit respectée, très vite la distinction entre « l’homme libre de la nature » et « l’homme libre de l’état civil » a imposé de reconsidérer l’articulation des libertés politiques des citoyens et des libertés publiques. Cette remise en question ne date pas de la Convention et de la question du salut public, les Constituants et les Législateurs y ont été confrontés également et ont tenté de garantir la compatibilité de la liberté et de la puissance de l’État. Cependant, dès le 21 octobre 1789, l’assemblée nationale a adopté la loi martiale afin de garantir l’ordre public aux dépens du principe de protection des libertés individuelles. Les patriotes se sont alors vivement opposés à cette mesure car, à leurs yeux, des hommes libres devaient pouvoir s’exprimer sur la loi et s’y opposer si elle leur semblait porter atteinte à leur liberté.

Dans le rapport sur les principes du gouvernement révolutionnaire qu’il présente à la Convention le 25 décembre 1793, Robespierre oppose le but du gouvernement constitutionnel et celui du gouvernement révolutionnaire, il rappelle que le gouvernement constitutionnel doit conserver la république et la liberté individuelle, alors que le gouvernement révolutionnaire doit fonder la république. Il s’appuie sur le Contrat social, plus particulièrement sur le passage (Livre II, chapitre 7) où Rousseau marque une différence entre le temps de la fondation du « contrat » - temps d’exception et de réduction de toutes les institutions à l’exception de la souveraineté du peuple - et le temps long et paisible de la mise en œuvre des institutions. Ces deux formes de gouvernement s’expliquent non seulement par des temporalités distinctes, mais aussi par des objets différents : « le gouvernement constitutionnel s’occupe principalement de la liberté civile, et le gouvernement révolutionnaire de la liberté publique ». Dans un temps où la République doit être fondée, c’est en elle que résident les droits des individus, tous les intérêts particuliers doivent être tus.

En revanche, une fois la souveraineté imposée de manière durable et garantie par une

constitution, les priorités peuvent être reconsidérées. Robespierre affirme que « sous le régime

constitutionnel il suffit presque de protéger les individus contre l’abus de la puissance

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publique » ; ou encore que « la constitution est le régime de la liberté victorieuse et paisible ».

Dans ces deux citations, on retrouve la perspective à long terme de l’établissement d’un régime constitutionnel paisible, protecteur des droits de l’homme en société. Les principes de 1789 semblent constituer le point de départ et d’arrivée de la Révolution : la liberté du citoyen, l’épanouissement de l’individu, l’égalité comme condition de réalisation de la volonté générale et de la souveraineté apparaissent comme les fondations de la régénération de l’homme.

Après la chute de Robespierre, le moment thermidorien est associé, par ses protagonistes même, au triomphe de la liberté. Le 9 thermidor devient d’ailleurs sous le Directoire la date à laquelle la Fête de la Liberté est célébrée les 9 et 10 thermidor. La liberté individuelle prévaut. Cependant, les thermidoriens se contentent d’une liberté limitée, en prétextant, comme d’autres avant eux, que la liberté profiteraient aux ennemis de la liberté.

Dans Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la République en France (1798), Madame de Staël explique la Terreur par la confusion faite par les révolutionnaires entre la liberté moderne et la liberté ancienne. En 1819, Benjamin Constant reprend cette opposition dans son discours « De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes ». Il oppose, à son tour, l’idéal démocratique des anciens – la liberté positive – à l’idéal moderne de la liberté négative. Il affirme que la liberté antique concernait de petites communautés où le travail des esclaves permettait aux citoyens d’exercer à plein temps leur activité civique alors que la liberté moderne se caractérise par une société individualiste qui privilégie la sphère privée où chacun peut agir librement, et non pas la vie publique. Comme le souligne Mona Ozouf, cette lecture suggère que les acteurs de la Révolution se sont trompés d’époque mais elle permet de sauver les principes de 1789. Une fois cet anachronisme identifié, l’essor de la liberté moderne n’en reste pas moins impérieux.

Références :

Claude Mazauric, Robespierre. Écrits, Paris, Messidor, 1989.

Mona Ozouf, « Liberté », Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, Flammarion, 1988, p. 763-775.

Sophie Wahnich, L’intelligence politique de la Révolution française, Paris, Textuel, Petite encyclopédie critique, 2013.

Isabelle Laboulais

(6731 caractères)

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