• Aucun résultat trouvé

21 46

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "21 46"

Copied!
48
0
0

Texte intégral

(1)
(2)
(3)

Revue de presse 4

30 jours 6

De blog en blog 7

Débat/opinion 8

• Décentralisation : stop ou encore ?

Actualité 10

• Grève le 27 septembre

• Précarité

• Austérité en Europe

• Orientation tout au long de la vie

• Sevran sous les projecteurs

• Collège : DNB et CLAIR

• Derniers cadeaux

• Dépendances ? Vigilance !

Droits et libertés 17

• Rapport de la LDH : la République défigurée

• Gaza

Éco/social 18

• Le chemin des femmes

• Entretien avec Frédéric Lemaire (Attac)

• Dictionnaire : S comme SMI

Dossier 21

• Privatisation et

marchandisation de l’école

21

Entretien avec

Jean-François Driant, directeur de la scène

nationale du Havre Dossier

Privatisation et

marchandisation de l’école

Métier 28

• Bac 2011... Bac 2013

• Histoire des Arts

• CSE

• Voie techno

Hors de France 31

• Lutte des résidents

Catégories 32

• Détachement

• Mouvement

• Retraités : syndiquez-vous

• Question-réponse

Portrait 34

• Julien Lauprêtre, président du Secours Populaire

Fenêtre sur 36

• Désobéir pour défendre ses valeurs

International 38

• Burkina-Faso

• Haïti

Culture 40

Livres-revues

Cinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions

Multimédia

Entretien 46

• Jean-François Driant

C

Caahhiieerr ssppéécciiaall ffeessttiivvaallss 47

46

Édito

Fin d’année chaotique et déstabilisante :

dysfonctionnements et fraude au baccalauréat gérés a minima par le ministère ouvrant ainsi grande la porte à toutes les instrumentalisations des détracteurs de l’examen, déclarations inadmissibles d’une rectrice stigmatisant une partie de la population scolaire et les enseignants, préparation de rentrée sur des bases budgétaires et idéologiques qui favorisent les clivages dans les

établissements et inquiètent sur l’avenir même de nos métiers, grand bazar de l’évaluation au collège entre livret personnel de compétences et épreuve d’histoire des arts… tout cela dans un contexte délétère de la sphère publique, dans l’absence totale de perspective d’amélioration de nos salaires, de nos conditions de travail.

La responsabilité du mouvement syndical en est d’autant plus grande et la rentrée de septembre sera décisive.

C’est cette conscience de l’urgence qui a guidé le SNES et la FSU dans leur détermination à impulser une journée d’action et de grève en septembre dans l’Éducation nationale, journée unitaire du 27 qui s’inscrit dans un plan d’action qui doit s’enraciner dès la rentrée dans les établissements.

En attendant ces combats, bonnes vacances à tous.

36 Fenêtre sur

Désobéir pour défendre ses valeurs

SOMMAIRE

Roland Hubert cosecrétaire général

L’Université Syndicaliste, hebdomadaire du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13. Tél. standard : 01 40 63 29 00).

Directeur de la publication :Roland Hubert (roland.hubert@snes.edu). Rédacteurs en chef :Carole Condat, Nicolas Morvan. Secrétaire de direction :Bénédicte Derieux.

Collaborateurs permanents :Nicolas Béniès, Matthieu Niango, Thierry Pétrault, Véronique Ponvert. Régie publicitaire :Com d’habitude publicité, 25, rue Fernand-Delmas, 19100 Brive. Clotilde Poitevin, tél. : 05 55 24 14 03 - Fax : 05 55 18 03 73 - www.comdhabitude.fr. Compogravure :C.A.G., Paris.Imprimerie : SEGO, Taverny (95). C.P.N° 0113 S 06386.

I.S.S.N.N° 0751-5839. Dépôt légal à parution. Conception : Voltaire & Associés, 15, rue de la Banque, 75002 Paris. Photo de couverture :

© MDDPHOTO/Fotolia.fr. Prix du numéro: 1,30. Abonnement: 1) Personnels de l’Éducation nationale: France 30; étranger et DOM-TOM : 44. 2) Autres, France : 42; étranger : 56. Publicité : MAIF (p. 2), MAE (p. 5), ARVEL (p. 55), CASDEN (p. 56). Joint à ce numéro : 24 p. Retraités

(4)

4

15 juin 2011

14 juin 2011

ASSURANCE TOUT FRIC POUR ASSISTÉE DU CAC

La chasse aux pauvres engagée par l’UMP, la stigmatisation des hommes et des femmes contraints de survivre avec leur RSA, cela les fait rire probablement. Eux, la quarantaine de dirigeants des grands groupes français cotés au CAC 40, se sont fait verser par leur société plus de 100 millions d’euros de rémunérations en 2010.

En tête du hit-parade des assistés du sarkozysme caracole Franck Riboud, PDG du géant mondial du yaourt et de l’eau en bouteilles. L’héritier d’Antoine Riboud a touché plus d’un million d’euros de rémunération fixe brute annuelle, auquel il faut ajouter 1,8 million de rémunération variable brut et 3 millions de rémunération pluriannuelle. Si on y inclut divers avantages en nature, dont les voitures de fonction et autres commodités, on atteint la somme pharamineuse de 5,9 millions d’euros par an.

15 juin 2011

LA MAJORITÉ REJETTE LE MARIAGE GAY

Parlement. Sans surprise, la proposition de loi socialiste visant à autoriser le mariage pour les couples du même sexe a été repoussée hier après-midi à l’Assemblée par 293 voix (UMP, Nouveau Centre) contre 222 (PS, PCF, Verts). La majorité n’a pas fait le plein des voix contre le texte. Neuf députés UMP ont voté pour. Pour l’UMP Christian Vanneste, le mariage entre deux personnes de même sexe n’est qu’« une aberration anthropologique » car « la société soit assurer sa pérennité par le mariage des hommes et des femmes ». « Le reste, c’est une question de mode, liée à quelques lobbys qui ont manifestement beaucoup de pouvoir », a ajouté le député du Nord.

15 juin 2011

SOUTIEN SCOLAIRE, AUTONOMIE ET COLLÈGE REPENSÉS AU

PROGRAMME DE L’UMP

Réorganiser le collège. L’UMP propose de regrouper dans certains collèges urbains les 6e et 5eet dans d’autres les 4eet 3e. L’objectif est de faire tomber les clivages entre « collèges de centre-ville bien fréquentés et collèges des périphéries défavorisées », comme l’explique Camille Bedin, secrétaire nationale de l’UMP à l’égalité des chances.

[...] Pour le parti présidentiel, au-delà de la mixité sociale, cette proposition serait le moyen d’enterrer la carte scolaire et d’améliorer la sécurité des élèves les plus jeunes, cibles privilégiées des « caïds » plus âgés. Le patron de l’UMP, Jean-François Copé, a déjà fait savoir qu’il était prêt à tenter l’expérience dans sa ville, Meaux (Seine-et-Marne).

Accroître « l’autonomie des établissements ». [...]

Les directeurs auraient la possibilité de recruter eux-mêmes leurs équipes pédagogiques parmi les enseignants titulaires. L’idée est déjà dans l’air dans la majorité et sera testée dans plusieurs centaines de collèges dès la rentrée.

15 juin 2011

MAIS NON, VOS ADOS NE BROIENT PAS DU NOIR !

Ils se sentent bien à l’école.

Qui n’a pas entendu son grand râler le matin pour aller en cours, prétendre que la « prof de maths est grave nulle » et que, de toute manière, il déteste la chimie ? Vous êtes au moins 74 % dans ce cas, puisque selon l’enquête de la Fondation Pfizer, seuls 26 % des parents interrogés sont persuadés que leurs ados se sentent bien en classe. Or lorsqu’on leur demande clairement s’ils aiment l’école, les 15-18 ans sont 63 % à répondre par l’affirmative. Car le bahut c’est peut-être l’endroit où l’on trime et où l’on récolte des heures de colle, mais aussi le lieu où l’on retrouve les copains et les copines.

Dominique Attias, membre du Conseil national des barreaux, est spécialisée dans la justice des mineurs. Le texte passé au Sénat en mai et qui est présenté aujourd’hui en commission des lois à l’Assemblée, prévoit la création d’un tribunal correc- tionnel pour mineurs : « Au-delà de toute position philoso- phique, cette réforme est complètement contre-productive. Au lieu d’améliorer les dispositifs de réinsertion, elle risque d’écarter définitivement ces jeunes de la société. Elle crée d’abord un

“dossier unique de personnalité”, où seront réunis tous les rapports faits sur le mineur sur les onze derniers mois : anciens délits et informations sur son parcours pénal, mais aussi les rapports réalisés dans le cadre de l’assistance éducative, c’est- à-dire des informations intimes sur la scolarité, la famille, la fratrie, les agressions sexuelles intrafamiliales s’il y en a eu... Ils seront accessibles à l’éducateur, au juge, mais aussi au parquet et à l’avocat de la victime. Pis : il suffira qu’il existe un rapport dans le dossier de personnalité du jeune pour que le procureur puisse décider de le faire passer devant un tribunal pour enfants, sans passer par le juge des enfants. On a dit à des familles :

“Dans le bien de votre enfant, confiez-nous votre histoire familiale” et on menace maintenant de la retenir contre lui... C’est un scandale pour la vie privée comme pour la liberté individuelle.

Les sanctions, elles, se multiplient. Le texte prévoit d’élargir le recours aux centres éducatifs fermés (CEF) : si certains font du bon travail, d’autres sont de véritables maisons de correction, comme l’a noté le contrôleur des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue. J’ai des gamins qui ont été envoyés là-bas et qui ne pensaient qu’à une chose, “rentrer chez maman”... ».

REVUE DE PRESSE

ÉTÉ POURRI ?

Vivent les vacances !

Le dessin du mois

Charlie Hebdo, 15 juin 2011

« Vous imaginez un enfant de 13 ans avec un collier de chien ? »

(5)
(6)

6

La Syrie aussi. Des dizaines de milliers de personnes manifestent contre le régime de Bachar al Assad.

Concombre sans avocat

Des concombres espagnols soupçonnés d’être contaminés par une bactérie qui a déjà fait 14 morts en Allemagne.

Le bac fait du bruit. Fraude au bac : une question de l’épreuve de mathématiques est sortie la veille sur internet.

Un de plus. Si les 27 donnent leur accord, la Croatie deviendrait au 1erjuillet 2013 le 28eÉtat de l’Union Européenne.

Indignez-vous !

La Puerta del Sol devient le campement des « indignés » espagnols.

15mai

Oh my god !

Un referendum sur l’indépendance de l’Écosse, rattachée au Royaume-Uni depuis 1707, sera organisé d’ici quatre ans.

Susex story

Dominique Strauss-Kahn arrêté à New York pour agression sexuelle rapporte le New York Times.

14mai

À sec. La sécheresse gagne du terrain en France et touche 22 départements.

17mai

Aux poches, citoyens ! La « grosse tête » de Nicolas Sarkozy, surnommée « Zozo Doué », a pu défiler, à l’occasion du carnaval d’Angers, mais elle a été confisquée par la police. Suite au dépôt d’une plainte, la procureure de la République a classé la procédure.

24mai

Le 23 mai dernier, Claude Guéant assénait sur Europe 1 : «Les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec d’enfants d’im- migrés». Quelques jours après, la nouvelle rectrice d’Orléans- Tours enfonce le clou en faisant l’amalgame choquant entre immi- gration, échec scolaire, pauvreté et délinquance. Au passage, les personnels sont accusés «de ne pas se décarcasser dans le sens où ils ne sont pas dans un esprit d’innovation». Madame la Rectrice, première représentante du ministre dans l’académie, ignorerait-elle que stigmatiser ainsi une partie de la population est contraire aux lois de la République ? Ces propos montrent une nouvelle fois à quel point le gouvernement a laissé dériver la parole de l’État.

Le SNES lui conseille de prendre connaissance de l’arrêté du 12 mai 2010 portant définition des compétences à acquérir par les profes- seurs, la première d’entre elles stipulant que le professeur doit

« agir en fonctionnaire de l’État de façon éthique et respon- sable » et qu’il connaît «les valeurs de la République et les textes qui les fondent : liberté, égalité, fraternité, laïcité, refus de toutes

les discriminations». Marylène Cahouet

BILLET D’HUMEUR

Sanaa en sang. Les combats ont fait 37 morts la nuit dernière à Sanaa. Le Yémen bascule dans le chaos.

1ER

juin

28mai

juin4

21juin

Grand homme de gauche

Grand témoin de la fureur du siècle, Jorge Semprun, écrivain, scénariste, homme politique et ministre s’est éteint.

juin8 10juin

Contre mauvaise fortune...

L’Assemblée supprime le bouclier fiscal mais allège l’ISF.

11juin

Stop au carrefour. Pour ce 5eweek-end de mobilisation, la grève des salariés de Carrefour Market est très suivie.

12juin

Vini, Vidi, Vaincu. Le peuple italien se mobilise pour le referendum et dit non au nucléaire et aux frasques de Berlusconi.

Une nouvelle lourde défaite pour il cavaliere.

13juin

mai6

Ben Laden

La mort de l’homme le plus recherché de la planète annoncée officiellement par Barack Obama.

mai2

© AFP/Louisa Gouliamaki

Sur les pas de Guéant ? 30 JOURS

Épée de Damoclès

Les chefs de gouvernement européens doivent faire face depuis la mi- mai au mécontentement de l’opinion publique dans de nombreux pays européens. Les mesures d’austérité imposées par l’UE et le FMI, qui ont conditionné leurs aides financières à ces sacrifices budgétaires, ne passent pas.

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées devant le Parlement à Athènes tandis qu’un mouvement national de grève était observé en Grèce pour s’opposer à ces nouvelles mesures. Idem en Espagne avec ici aussi plusieurs dizaines de milliers d’Espagnols qui ont pris part à des rassemblements à travers le pays, pour protester contre le « Pacte de stabilité et de croissance » de la zone euro, mais aussi contre la gestion de la crise économique par la classe politique espagnole. Le chômage touche 21 % de la population active en Espagne.

Pour la seule tranche des 18-25 ans, ce taux atteint 45 %.

Ces rassemblements poursuivent le mouvement des « Indignados » de la Puerta del Sol qui s’est répandu comme une traînée de poudre en Europe, de Madrid à Athènes, de Rome à Bruxelles en passant par la Bastille à Paris. Si les camps ont été levés, la colère est intacte.

« Où va l’argent ? » demandaient les manifestants tandis que d’autres se montraient plus véhéments en qualifiant leurs dirigeants de « voleurs » et de « traîtres ».

Alors que planent des mesures de restructuration de la dette, synonymes de faillite pour ces États, comment ne pas mettre en parallèle les bénéfices astronomiques réalisés par les banques créditrices de ces États ? Des États sur lesquels pèse cette terrible épée de Damoclès avec des peuples pris en otage.

(7)

De BLOG en BLOG

Luc Cédelle (Le Monde) et Véronique Soulé (Libération) maintiennent une fréquence de publication élevée tandis qu’Emmanuel Davidenkopp (L’Étudiant) semble s’être extrait de la blogosphère ces six derniers mois.

Natacha Polony (Le Figaro), de son côté, se détache de plus en plus de l’Éducation nationale et donne son avis très tranché sur à peu près tout. Ce n’est pas une raison pour passer à côté de son billet d’octobre 2010 (Lettre aux jeunes professeurs sans formation) où elle se remémore son passage à l’IUFM dix ans auparavant et sa propre forma- tion alors qu’elle était professeur de français stagiaire.

Sylvie Nony (L’US Mag n° 706, mars 2011), professeur au Lycée français du Caire et militante SNES, poursuit son carnet de bord des événements dans les rues de la capitale égyptienne, avec des billets certes moins fréquents qu’en février mais toujours très détaillés, en mêlant vidéo, photos et récit écrit.

Sa description de la journée des femmes en Égypte le 9 mars est à lire dans son intégralité si vous ne l’avez déjà fait.

« Les femmes qui étaient très éparses sur la place à 15 heures ont fini par se rassembler sur un terre-plein vers 16 heures pour brandir les affiches et banderoles reprenant les termes de l’appel, entourées par des jeunes hommes du mouvement du 25 janvier. Pour la première fois depuis la fin des violences, on a assisté à une contre-manifestation, certes bon enfant, mais dont les intentions étaient claires. »

« Une centaine d’hommes, plutôt jeunes, scandait des slogans ironiques à leur encontre comme :"Suzanne, Suzanne !!!", renvoyant ainsi les revendications féministes aux déclarations des bonnes œuvres de l’épouse de Mubarak qui, en son temps, avait mis sur pied une organisation gouvernementale pour protéger les droits de la femme. » ■

Après deux ans de « Blog en blog », faisons un tour d’horizon de l’état d’activité de quelques-uns, parmi ceux qui alimentent cette page depuis 2009.

Que sont-ils devenus ?

Les Toujours ouvrables – Le blog qui carbure au Xanax http://lestoujoursouvrables.over-blog.com/

article-burn-out-71746145.html

Entre Nil et Garonne

blogs.mediapart.fr/blog/sylvie-nony Excuse Me Teacher

http://excusemeteacher.canalblog.com/archives/

2011/04/05/20817804.html

Les blogs des journalistes Éducation (L’US Mag n° 690, janvier 2010)

ReadWriteWeb Francophonie http://fr.readwriteweb.com

L’édition francophone (comme son homologue hispa- nophone) de cet excellent outil d’éclairage sur l’influence du numérique sur les sociétés et la communication a fermé ses pages depuis plusieurs mois. Ses archives sont toujours en ligne, quant aux éditions anglophones, elles continuent leurs activités.

Dessinatrice, illustratrice, blogueuse, Soph’ (L’US Mag n° 701, novembre 2010) n’en reste pas moins prof. En cette fin d’année scolaire, sa fréquence de publication a diminué. Elle s’en explique dans son billet intitulé

« Burn Out », avec des raisons que nombre d’entre nous comprendront aisément : « Le blog n’est ni mort, ni fermé, ni rien de ce genre... Par contre... moi un peu... j’ai un boulot absolument dingue cette année dans ce bahut pour lequel je dois bosser près de 50 heures par semaine à préparer inté- gralement des cours pour trois niveaux de classes, recevoir des parents à la pelle, honorer des tas de réunions plus chrono- phages les unes que les autres, et j’en passe..., du coup... j’ai bien du mal à trouver le temps ne serait-ce que de bouquiner deux pages le soir... lessivée en permanence... c’est l’hor- reur... Donc dessiner pour le blog... n’en parlons pas... je ne suis plus en mesure actuellement de passer une, deux ou trois heures à œuvrer ici tous les soirs... »

Tomz (L’US Mag n° 701, novembre 2010) a également ralenti le rythme de ses publications sur le blog, mais sa dernière planche en relation avec l’Éducation nationale du 5 avril suscite chez le lecteur de grandes espérances, puis- qu’elle s’intitule « Où le syndicat recrute... ».

On ne sait pas encore ce qu’elle vise, mais s’il est probable que le lecteur de L’US Mag devra faire preuve d’un peu d’autodérision à sa lecture, on peut attendre la suite avec bienveillance puisque Tomz est un enfant de la balle et que dans sa planche du jeu de l’oie du prof on y trouvait un

joli ballon... SNES ! Coordination : Jérôme Férec

(8)

ACCUEILLIE FAVORABLEMENT EN 1982par la majorité des acteurs lors de son introduction par Gaston Defferre, la politique de décentralisation a depuis beaucoup évolué. Nombre de compétences ont été transférées à l’échelon local, souvent sans être accompagnées des moyens financiers d’ailleurs, contribuant ainsi à renforcer le poids décisionnel des collectivités territoriales. Ce fut le cas notamment en matière d’éducation, avec la responsabilité du fonctionnement

DÉBAT/OPINION

Décentralisation

Rubrique réalisée par Thierry Pétrault

Plus de responsabilités pour les Régions

Ces missions doivent être conduites sur le terrain et ne sont pertinentes qu’à ce prix. Or, les Régions ont cet atout d’être actives à la fois sur le champ de la formation, de l’emploi et de l’activité économique, sans oublier l’économie sociale et solidaire. Autrement dit, elles inter- viennent à toutes les étapes essentielles pour entrer sur le marché du travail ou y revenir. Ajoutons que leur rôle déjà majeur, aux côtés de l’Éducation nationale, dans les lycées, les lycées professionnels (et agri- coles) et dans l’appui à l’apprentissage via les CFA, renforce encore ces capacités d’action. Ces atouts doivent permettre de mieux coor- donner les interventions des partenaires sociaux, des professionnels et des autres collectivités territoriales, pour mieux sécuriser les parcours individuels, notamment ceux des jeunes, et réduire les inégalités d’accès à l’emploi et à la formation.

Outre la recherche de résultats, que la popu- lation réclame à juste titre, il faut bien voir que ces orientations sont aussi dictées par le souci de renforcer le service public, à l’heure de toutes les remises en cause. Les Régions n’aspirent qu’à s’impliquer davan- tage, à prendre encore plus leurs responsabilités, dès lors, bien sûr, qu’elles disposeront des moyens, notamment fiscaux, pour le faire. L’avenir du service public sera, assurément, l’un des grands enjeux des années à venir pour notre pays.

La démarche actuellement initiée par les Régions, regroupées dans leur association, l’ARF, vise à lan- cer un nouvel acte de la décentralisation.

En effet, il faut avancer dans la clarification des com- pétences entre État et Région : pour cela, nous avons pris plusieurs exemples précis, en particulier celui de la for- mation professionnelle, car il s’agit de partir du savoir- faire des Régions pour mieux coordonner les interven- tions des nombreux acteurs de la formation et de l’insertion dans l’emploi.

Comme partout en Europe, le fait régional doit s’affirmer, non par souci partisan, mais par impératif d’efficacité.

Toutes les études sur l’attractivité des territoires mais aussi le niveau des solidarités le montrent. Cette vérité est encore plus nette aujourd’hui. Car, avec les effets désas- treux de la RGPP et de la crise sans précédent des finances

publiques, l’État n’a même plus les moyens humains et financiers de conduire les politiques régaliennes : l’Éducation nationale, qui subit de véritables saignées de ses effectifs, en est malheureusement la preuve éclatante, tout comme la Justice.

Un système inefficace

C’est une question de volonté qui ne nécessite pas de grandes réformes juridiques, mais de la cohérence, notamment fiscale, et sans doute un changement culturel.

Le secteur de la formation professionnelle, au sens large, est sans doute le plus emblématique de cette nécessaire évolution. Malgré l’avalanche des

textes, il reste t o u j o u r s a u s s i complexe et mal r é g u l é , s a n s véritable pilote.

Et la situation de

l’emploi dans notre pays prouve bien que le système n’est pas effi- cace. Les Régions réclament donc que l’on aille jusqu’au bout de la décentralisation, qui en fait des acteurs importants dans ce domaine mais pas encore des « autorités organisatrices ». Ce qui conduit, par exemple, à des doublons et un manque de coordina- tion avec Pôle Emploi, mais aussi avec le nombre croissant d’in- tervenants qui s’occupent de l’insertion des jeunes ou de la réin- sertion des demandeurs d’emplois. Bien souvent, ces politiques sont conduites de trop loin, depuis Paris, ou, au contraire, dans des limites trop réduites, par exemple celles d’un seul bassin d’emploi. Or, les activités économiques et la population en recherche d’emploi ne se situent pas toujours dans les mêmes zones, ce qui suppose de travailler sur des questions très concrètes, comme les déplacements et l’accès au logement, à l’information, à l’orientation.

Le secteur de la formation professionnelle,

au sens large, est sans doute le plus emblématique de cette nécessaire évolution.

Alain Rousset

Président du Conseil régional d’Aquitaine, président de l’Association

des Régions de France

© Alban / CR Aquitaine

Pour un acte III de la décentralisation

L E P O I N T D E

Pour le SNES, avant même de pouvoir envisager une nouvelle étape de décentralisation il faut faire le bilan des étapes successives que nous avons connues depuis le début des années 80.

On peut mettre en évidence deux questions qui doivent nous interpeller :

les écarts dans les possibilités de financement des collectivités territoriales de même niveau s’accroissent. Elles ont des conséquences sur les services publics qui ont été décen- tralisés ou dans lesquels les collectivités territoriales interviennent en dehors de leur compé- tence au titre de la « clause générale de compétence ». C’est peu dire qu’il y a un monde entre les actions que peut financer un département comme les Hauts-de-Seine (études après les cours dans les établissements scolaires par exemple) et celles d’un département comme l’Aveyron.

(9)

matériel et de l’investissement des établissements, et plus récemment encore celle des personnels TOS. Pourtant, des élus régionaux, à l’image des membres de l’Association des Régions de France, souhaitent relancer le processus, en particulier dans le domaine de la formation professionnelle, et militent pour un acte III de la décentralisation. Un sentiment loin de faire l’unanimité.

: stop ou encore ?

Drapé dans les habits bon teint de la « modernisa- tion », le projet d’« acte III de la décentralisation » présenté par l’ARF (Association des Régions de France) est en réalité anachronique et dangereux. Il des- sine, au travers d’une recomposition du maillage ter- ritorial, un autre modèle de société où égalité et soli- darité perdraient leur vocation de clefs de voûte de notre pacte social et républicain.

À l’heure où les inégalités sociales et territoriales de notre pays explosent sous les coups de boutoir des politiques libérales, à l’heure où nos concitoyens sont sans cesse triés selon leur pseudo-appartenance, « d’ori- gine » ou religieuse, il est irresponsable de tirer à boulets rouges sur notre État comme le fait l’ARF.

Apprentissage renforcé !

Non content de valider l’acte II de la décentralisation impulsé par Raffarin et qui a pourtant étranglé les collectivités locales par ses transferts de compétences et les imputations budgétaires, ce docu- ment entretient en toute mauvaise foi la

confusion entre la politique gouverne- mentale visant à privatiser le service public et ce que devrait être l’État. Celui- ci est renvoyé à ses strictes missions régaliennes, et se voit même rogner sa compétence dans l’Éducation. L’ARF préconise ainsi que les Régions « pren- nent la responsabilité de la formation des jeunes à visée professionnelle, y

compris au niveau des lycées » et que l’orientation intègre un ser- vice public régional !

La belle affaire ! L’apprentissage se verrait renforcé comme voie pro- fessionnelle. Les premières fermetures de classes et de filières, les premières suppressions de postes ont eu lieu dans les lycées profes- sionnels avant que le bac pro trois ans vide ces établissements et affai- blisse cette voie d’accès aux qualifications. Beaucoup d’académies, avec l’appui des Régions, ont compensé ces fermetures par des ouvertures en apprentissage pour le plus grand bonheur des libéraux.

Les réponses de l’ARF sont diamétralement opposées à l’ambition d’une École de l’émancipation qui se fixerait le double objectif de

la réussite de toutes et tous, et celui de qualifier 100 % d’une classe d’âge ! Comment faire de l’enseignement professionnel un levier et une finalité pour la transformation sociale, écologique et démo- cratique quand on casse le cadre national ? Comment envisager le développement de l’élève et son accompa- gnement par des personnels qualifiés quand l’orientation est perçue comme une simple gare de triage pour accéder à l’emploi ? Inutile dès lors de préciser que l’ARF revendique également la décentralisation de la politique de l’emploi. La boucle serait ainsi bouclée !

Poser la question de la gestion

Mais l’ARF veut aller plus loin. En affirmant qu’il faut « privilé- gier la contractualisation plutôt que le vieux modèle jacobin » et en déléguant « un pouvoir normatif et réglementaire aux Régions », l’ARF voudrait aligner la France sur le modèle fédéraliste d’auto- nomies régionales tel qu’il existe en Espagne, en Italie ou en Alle- magne. Les Régions s’inscriraient dans une complémentarité en amont avec l’Union européenne et en aval avec les communautés de communes. Objectif ? Substituer ce trident libéral au triptyque Nation/Département/Commune hérité de la Révolution française, afin de mieux contourner la souveraineté populaire et de mettre en concurrence les territoires et les citoyens.

Ce qui est en jeu, c’est en réalité l’expression de l’intérêt général telle qu’elle prend corps avec les services publics. Loin de la pos- ture décentralisatrice de l’ARF, il convient au contraire de poser la question de la gestion : en régie, à des niveaux locaux, à des niveaux nationaux, implication des agents et implications de citoyens. Ce n’est pas l’échelle géographique qui fait le « plus de démocratie » mais le respect de la souveraineté populaire et la réappropriation par le peuple des biens communs. ■

Les réponses de l’ARF sont diamétralement opposées à l’ambition d’une École

de l’émancipation qui se fixerait le double objectif de la réussite de toutes et tous, et celui de qualifier 100 % d’une classe d’âge !

François Cocq

Secrétaire national au Service public, à l’Éducation et à

la Formation du Parti de gauche

© DR

L’ARF scénarise l’acte III de la tragédie

V U E D U S N E S

La nécessité d’une véritable péréquation financière entre les collectivités territoriales est devenue incontournable : toujours prévue, jamais réalisée ;

parce que trop souvent l’État a cherché, par les lois de décentralisation, à se débarrasser du financement de certaines missions sur les collectivités territoriales, on a assisté à une explo- sion de la fiscalité locale. Cette fiscalité est particulièrement injuste, elle prend peu en compte la situation sociale des contribuables. Elle est très éloignée d’une fiscalité proportionnelle aux revenus, voire mieux, une fiscalité à taux progressifs. Cela pose de façon urgente la ques- tion d’une réforme, en particulier de cette fiscalité, et la remise à plat du mode de finance- ment des budgets des collectivités territoriales. Daniel Robin

(10)

À L’APPEL DE L’INTERSYNDICALE FSU, FERC-CGT,

L’ÉDUCATION NATIONALE SERA

En annonçant le gel des fermetures de classes dans le premier degré, pour 2012, le président de la République prétend cacher l’ampleur des dégâts subis par l’en- semble du système éducatif, en jouant d’ailleurs sur les termes puisque les suppres- sions de postes seront bien effectives partout.

Chacun l’aura bien compris, ces annonces ne sont qu’un écran de fumée à des fins élec- toralistes. La logique reste la même, pour tous les niveaux d’enseignement et dévasta- trice pour le système éducatif dans son ensemble.

Une rentrée revendicative

Depuis 4 ans, le ministère de l’Éducation nationale a supprimé plus de 52 000 postes.

Le dogme du non-remplacement d’un fonc- tionnaire sur deux met l’École publique à genoux, ne lui permettant plus d’assurer ses missions de Service public et empêchant les personnels, dont le professionalisme est ainsi nié, d’exercer leur métier avec sérénité. Ces suppressions associées au manque d’ambition

éducative et à des réformes largement reje- tées pas la profession, dégradent encore plus les conditions d’apprentis- sage des élèves et de travail des personnels.

Dans ce contexte, la campagne publicitaire sur les recrutements lancée par le ministre de l’Éducation nationale sonne comme une provo- cation d’autant que la préparation du prochain budget prévoit de nouvelles suppressions d’emplois (environ 16 000 suppressions prévues au budget 2012) et n’affiche d’autre

objectif pour le système éducatif que la recherche d’économies. Les dysfonctionne- ments constatés lors du déroulement des examens (baccalauréat et DNB) peuvent en partie s’expliquer par la pression, souvent pour des raisons budgétaires, mises sur

leur organisation.

Pour une autre politique éducative

En plus de la question fonda- mentale des postes, la poli- tique éducative, l’avalanche de mesures inadaptées, incohérentes et précipitées maintiennent un système éducatif inégalitaire qui ne permet pas de lutter réellement contre l’échec scolaire.

La nécessité d’une tout autre politique éducative passe obligatoirement par un budget plus ambitieux. Pour cela, les organisations FSU, FERC-CGT, SGEN-CFDT, UNSA Éducation appellent les personnels de l’Éducation nationale et de l’enseigne- ment agricole publics à se mettre en grève le 27 septembre prochain. Elles exigent l’arrêt

des suppressions d’emplois, une autre logique pour le prochain budget et une transformation démocratique du système éducatif afin d’as- surer la réussite de tous les élèves.

Cette journée doit s’inscrire dans le cadre d’une mobilisation générale : initiatives locales pour dénoncer conditions de travail et d’enseignement, débats avec les parents et actions communes, interventions auprès des élus, colloque FSU du 28 septembre. C’est bien à un plan d’actions diversifiées inté- grant la grève unitaire du 27 septembre qu’ap- pelle la FSU, afin d’obtenir un autre budget, le développement et la transformation démo- cratique du système éducatif à l’opposé des réformes actuellement contestées (orienta- tion, livret de compétences, lycées, formation des enseignants). Les conditions particuliè- rement difficiles dans lesquelles les person- nels effectueront leur rentrée ne manqueront pas de favoriser leur mobilisation pour la journée du 27.

Construire la mobilisation dans la fonction publique

Les fédérations de fonctionnaires (CGT, CFTC, UNSA, FSU et CFDT) doivent se retrouver à la rentrée pour assurer le succès de cette journée et poursuivre les actions communes engagées sous forme de courrier 10

ACTUALITÉ

RASSEMBLER ET MOBILISER POUR LE SERVICE

Les conditions de scolarisation des élèves et d’enseignement sont aujourd’hui plus que jamais intenables et inégalitaires. Et la prochaine rentrée scolaire s’annonce encore plus difficile ! Considérant qu’une tout autre politique éducative est indispensable, l’intersyndicale de l’Éducation vient de décider de

(11)

PRÉCARITÉ SGEN-CFDT, UNSA ÉDUCATION

EN GRÈVE LE 27 SEPTEMBRE

Le projet de loi transposant l’accord du 31 mars, examiné par le CSFP* de l’État le 14 juin, devrait être présenté au Conseil des ministres le 6 juillet.

Les mesures exceptionnelles de titularisa- tion, la transformation des CDD en CDI pour tous ceux qui totaliseront six ans de service sur les huit dernières années à la publication de la loi, la clarification des condi- tions de recrutement des contractuels, la révi- sion des conditions d’accès au CDI, toutes ces mesures nécessitent une loi. Ces dispositions attendues par les personnels sont marquées par des insuffisances que la FSU a combattues en défendant plusieurs amendements.

Refus unanime

En l’absence du ministre, mais en son nom, l’administration a refusé d’élargir l’accès au dispositif de titularisation aux agents recrutés sur des contrats abusivement qualifiés de

« temporaires » (suppléances, vacataires, occasionnels ou saisonniers). Toutes les orga- nisations syndicales, à l’exception de la CGC, ont quitté la séance pour protester contre ce blocage et ont demandé audience au ministre.

Un communiqué commun a été diffusé (www.fsu.fr). La FSU regrette que la même unanimité n’ait pas été possible sur d’autres points de blocage (voir encadré).

Les interventions syndicales devront se poursuivre lors de l’examen du texte par le Parlement, à l’automne. ■ Anne Féray

QUI A VOTÉ QUOI ?

Résultats des votes sur certains amendements défendus par la FSU.

Élargissement des conditions d’accès au dispositif de titularisation :

aux contractuels vrais-faux « temporaires » : unanimité syndicale sauf CGC ;

aux contractuels à temps incomplet (moins de 70 %) : pour : FSU et Solidaires ; abstention : CGT, UNSA, CFDT, FO, CFTC, CGC.

Accès au CDI : neutralisation des périodes de congé dans le décompte des trois mois d’interruption entre deux CDD. L’administration s’engage à en traiter en circulaire.

Vœu de la FSU pour garantir le réemploi des personnels éligibles au dispositif de titularisation : pour : FSU, CFDT, Solidaires ; abstention CGT, FO, UNSA, CFTC.

PUBLIC D’ÉDUCATION

commun (égalité professionnelle Femmes/Hommes) ou de demande d’au- dience au ministère (non-titulaire), remise des pétitions salaires, dont il est indispen- sable de poursuivre la campagne de signature, à la rentrée.

L’interprofessionnelle de son côté se réunira

fin juin pour envisager des possibilités de mobilisation fin septembre sur la plate-forme commune concernant les salaires, l’emploi et la protection sociale.

La journée de prérentrée doit être une première étape dans la construction de la mobilisation. ■ Roland Hubert

poursuivre et renforcer sa campagne d’opinion et d’action pour une autre logique budgétaire et d’autres réformes qui permettent une transformation du système éducatif pour la réussite de tous.

©Clément Martin

(12)

12

ACTUALITÉ

AUSTÉRITÉ EN EUROPE

La Grèce et le Portugal subissent de plein fouet une cure d’austérité sans précédent.

L’US a demandé à deux syndicalistes enseignants, Thémis Kotsifakis, membre du Bureau Exécutif d’OLME et à Manuela Mendonça, secrétaire nationale de la FENPROF, responsable des questions européennes, de présenter leur point de vue sur la situation.

L’US : Quelle analyse syndicale faites- vous de la situation ainsi que du rôle joué par le FMI, la BCE et l’UE ?

Thémis Kotsifakis :Le gouvernement grec en collaboration avec l’UE et le FMI a imposé des coupes salariales, des diminu- tions du montant des pensions, une aug- mentation de l’âge de départ à la retraite ainsi qu’une dégradation de tous les services publics.

Sous prétexte de crise financière, c’est une cure d’austérité sans précé- dent, alors que les res- ponsables de la crise, le capital et les banques, tirent profit de la situa- tion. La Grèce comme le Portugal font partie d’une phase d’expérimentation. Des politiques similaires existent dans d’autres pays euro- péens, les pouvoirs dominants assistés par le FMI imposent une dette et des prêts inac- ceptables pour les populations. Ils veulent réduire le coût du travail et s’attaquer aux droits des salariés.

Manuela Mendonça :La Troïka (UE, BCE et FMI) accorde un prêt au Portugal en lui imposant des taux d’intérêt inacceptables, des privatisations d’entreprises et des coupes dans le financement des services publics.

Dans l’éducation, c’est 800 millions d’euros en moins pour cette année et 400 millions programmés pour les deux prochaines années. Les hausses d’impôts, la diminu- tion des salaires et des pensions ne font que contribuer à une augmentation du chômage, à une baisse du pouvoir d’achat et à moins de protection sociale. Tout comme en Grèce, les politiques d’austérité aggravent la crise et la récession. C’est un cercle vicieux.

L’US : Par rapport à la crise économique, quel est selon vous le rôle que doivent jouer les organisations syndicales, en particu- lier les syndicats enseignants ?

T. K. : Les organisations syndicales, y com- pris les syndicats enseignants, reconnais- sent qu’il s’agit d’un grave problème poli- tique. C’est la crise du système capitaliste.

Les pouvoirs dominants dans l’UE font por- ter le fardeau de la crise financière à la société et aux salariés. Il faudrait une coor- dination de tous les syndicats en Europe et des initiatives communes.

M. M. : Les syndicats doivent intervenir

pour analyser les causes de la crise et pro- poser d’autres alternatives. Pour la FEN- PROF et sa confédération (CGTP), il faut sortir le pays de la récession et relancer l’économie : renégocier la dette et fixer l’ob- jectif de déficit à 3 % à l’hori-

zon 2016-2017 plutôt que 2012-2013. Comme l’a souli- gné le congrès de la CES en mai dernier, nous avons besoin de stratégies en matière d’in- vestissements publics et d’une meilleure répartition des richesses, donc de revoir les politiques fiscales et de se battre contre les privatisations.

Cela va de pair avec des poli- tiques sociales qui protègent les

populations les plus fragiles et des investis- sements conséquents dans les services publics, en particulier dans l’éducation.

L’US : Des manifestations ont eu lieu ces derniers mois. Avez-vous déjà programmé d’autres mobilisations ?

T. K. : Le gouvernement doit soumettre au vote le nouveau plan draconien de rigueur concocté par la Troïka. Les fédérations de travailleurs du public comme du privé ainsi qu’OLME et d’autres syndicats préparent des actions de grève et des manifestations pour les

jours où ces nouvelles mesures d’austérité seront débattues au Parlement. Nous soute- nons le mouvement des « indignés » qui occupe depuis plus de 20 jours les places des plus grandes villes du pays, comme la place Syntagma d’Athènes, le sym- bole de la lutte. Nous partici- pons à la Journée d’action syn- dicale européenne du 21 juin à l’initiative de la CES. Les tra- vailleurs et peuples d’Europe seront les vainqueurs de cette longue bataille.

M. M. : Après les élections législatives anticipées du 5 juin, nous avons un nouveau gou- vernement de coalition en cours de formation. C’est une période de transition et les conditions ne sont pas réunies pour de grandes mobilisations. Ceci étant, la CGTP organise une journée natio- nale de débat en juillet sur la crise et ses conséquences pour expliquer qu’il est essen- tiel de défendre l’emploi, les droits des tra- vailleurs, de meilleurs salaires et pensions, tous les droits sociaux de base. Les luttes syn- dicales sont à la fois idéologiques et socio- politiques. La réponse syndicale à l’échelle européenne doit être plus vigoureuse pour redonner confiance et espoir en l’avenir. ■ Propos recueillis par Odile Cordelier

©DR

(13)

ORIENTATION TOUT AU LONG DE LA VIE

DERRIÈRE LES MOTS, LA CASSE !

L’OPA SUR LES CIO DE MARSEILLE N’AURA PAS LIEU !

Forte de cette fonction, la Cité des métiers, association de droit privé, se positionnait comme « tête de réseau » d’un « grou- pement d’organismes » de tous les services publics d’orientation de Marseille : elle annexait ainsi les six CIO, la mission locale, Pôle emploi... Marseille représente 40 % de l’académie et la Cité des métiers pensait cou- vrir toute la région dans une deuxième phase.

Le 6 juin, le préfet transmettait au CCREFP le dossier de labellisation, pourtant très

et des DCIO, l’existence des CIO et donc tout le service public d’éducation. C’est bien pour cela que le SNES avec la FSU exige un cadrage national et régional du processus, et agira pour empêcher la remise en cause de l’orientation scolaire par le biais de conventions. Une inter- syndicale est en cours de constitution, avec les salariés de pôle emploi et des missions locales où nous porterons une alternative : la labellisation de tous les services publics entre eux, tout en préservant les missions et le sta- tut de chacun. Une audience est prévue avec la Région le 27 juin, une autre est demandée avec la préfecture : la bataille continue. Josiane Dragoni, Michèle Laroquette, Jean Philippe Kunegel (1) SPO : Service public d’orientation

Avant l’été est confiée au préfet de Région, après avis du CCREFP(2), la charge d’at- tribuer le label « orientation pour tous » à des organismes qui, quel que soit leur statut, pourront s’en prévaloir pour intervenir en direction de tous publics, y compris scolaires.

Comment ce label sera-t-il attribué ?

Par des conventions locales entre différentes structures, créant ainsi un réseau à géomé- trie variable sur le territoire national, et par l’engagement du respect d’un cahier des charges. Celui-ci définit un « référentiel métier », très en deçà des qualifications des CO-Psy. Ainsi, n’importe quelle association déclarant informer et délivrer des conseils personnalisés pourrait obtenir le label ! Ce même cahier des charges institue une sorte de superstructure dotée d’un responsable qui déterminerait les publics prioritaires, les condi- tions d’exercice et le suivi des activités des personnels. Les droits des fonctionnaires pour- raient être complètement balayés par ce type de fonctionnement qui ressemble fort à une

« mise à disposition » déguisée et imposée.

Évidemment les textes ne prévoient pas la consultation des élus des personnels !

Qui a intérêt à l’obtention du label ?

Les structures multi-partenariales, de type

associatif (Cité des métiers par exemple), qui espèrent ainsi obtenir une légitimité aux yeux des parents et récupérer, sans frais, la quali- fication et l’expérience des conseillers d’orien- tation-psychologues, contraints d’y intervenir.

Dans la situation de pénurie gravissime dans laquelle se trouvent les CIO, ceci ne pourrait se faire qu’au détriment de l’accueil au CIO et des activités dans les collèges et les lycées.

La labellisation, c’est le premier pas vers l’ex- ternalisation, vers la polyvalence et la négation des métiers : une fusion, en somme. C’est ce que vivent déjà les salariés de pôle emploi, et de l’AFPA. C’est ce qui menace les GRETA,

Le « grand service public d’orientation tout au long de la vie » – SPO –, prévu par la loi de novembre 2009, menace la formation initiale : détournement des missions des CO-Psy vers d’autres publics, fermetures de CIO et des autres structures concernées (AFPA(1), Pôle emploi, Missions locales...), mises en concurrence, suppressions d’emploi.

dont la transformation en GIP(3)est à l’ordre du jour, ce qui signerait leur éloignement des éta- blissements et l’abandon de leur mission de ser- vice public. Dans le prolongement de la jour- née intersyndicale du 23 juin, Il faut s’opposer à ces réformes destructrices et négatives pour les jeunes et les salariés. ■

Catherine Remermier (1) AFPA : Association pour la formation profes- sionnelle des adultes

(2) CCREFP : Comité de coordination régional de l’emploi et de la formation professionnelle (3) GIP : Groupement d’intérêt public

©Thierry Nectoux

©Secret-SIde/Fotolia.com

La ministre de la Formation professionnelle avait labellisé la Cité des métiers de Marseille le 19 avril : elle avait oublié que le décret prévoit la consultation obligatoire du CCREFP par le préfet.

incomplet (les conventions manquaient), mais il fallait labelliser « avant juillet ».

C’était sans compter la mobilisation immé- diate de toute la profession impulsée par le SNES, articulée avec l’intervention de la FSU-PACA : le dossier a été repoussé, une première victoire.

Le 16 juin, les CO-Psy, en grève, montraient leur détermination lors d’une AG très mas- sive. Le SNES n’accepte pas que le SPO(1) mette en cause le statut, le métier des CO-Psy

(14)

SEVRAN SOUS LES PROJECTEURS

Depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, la ville de Sevran (93) est placée sous les feux de l’actualité, hélas souvent dans la rubrique des faits divers. Récemment encore, Sevran est apparue comme une cité soumise à la loi des gangs, abandonnée par les pouvoirs publics. L’US Mag

a souhaité donner la parole à des acteurs de l’Éducation, en première ligne dans la lutte contre l’ignorance. Jean-Noël Pomeon, militant du SNEP (FSU), témoigne du vécu quotidien

des personnels du collège Evariste-Gallois, en plein cœur des quartiers populaires.

«

N

otre collège accueille environ 700 élèves dont une Segpa. Il est situé aux abords d’une cité, Les Beaudottes, beaucoup des jeunes sont issus de l’immigration, de troisième génération.

Une partie importante des parents connais- sent le chômage, et les jeunes adultes sont particulièrement touchés, peut-être 40 %.

L’attitude face à l’École est diverse, cer- tains sont encouragés par leurs familles à s’en sortir, grâce aux études, mais d’autres donnent l’impression de venir au collège pour s’amuser. Parmi les filles, il existe un discours sur un avenir tout tracé, qui passe- rait par la maternité et la perception d’allo- cations familiales : discours provocateur ou acceptation fataliste de la reproduction d’un modèle familial ? Difficile à dire. Beaucoup des garçons, quant à eux, anticipent davan- tage sur des boulots peu qualifiés.

Une dure réalité

Certains – très minoritaires – sont souvent absents : ils se font de l’argent en servant de guetteurs pour les dealers, avec d’ailleurs des tarifs progressifs, 10 euros la journée pour un Sixième, 80 pour un Quatrième... C’est leur quotidien... Il s’agit de bien comprendre la réalité d’un quartier comme le leur : prati- quement tous les élèves du collège, dans leur vie, ont déjà vécu une situation de vio- lence, vu une arme, un cadavre, ou tout sim- plement été coursés par la police... Je pense précisément à cet ancien élève de Cin- quième, pas très costaud, au comportement irréprochable, qui m’a raconté sa course- poursuite avec les CRS... Depuis cinq ans

que je travaille à Gallois, j’ai toujours vu un policier devant l’établissement, en général cela n’entraîne pas d’hostilité des jeunes, sauf situation particulière, comme au moment des blocages : les policiers et les pompiers avaient été accueillis par des jets de pierres...

Des équipes trop instables

La plupart des collègues sont jeunes, en début de carrière, beaucoup d’entre nous habitent Paris, c’est pratique, avec la ligne B du RER ! Certains sont plus anciens, ils sont là depuis une dizaine d’années. Syndicalement, on s’est progressivement réorganisé, après le départ d’anciens collègues qui assuraient jus- qu’alors, on refait des AG... Notre gros pro- blème, c’est la rapidité de la rotation des per-

sonnels, alors qu’on a vraiment besoin de professionnels expérimentés. Et d’abord des personnels de direction et d’encadrement des élèves : j’ai déjà connu trois principaux, trois adjoints, quatre directeurs de Segpa... C’est moins vrai pour les enseignants, faute de postes au mouvement ! On ne se laisse pas abattre par la situation sociale du quartier, on mène des projets spécifiques par niveau : accueil pour les Sixièmes, éducation à la citoyenneté en Cinquième... L’équipe de vie scolaire – CPE, AED, une médiatrice scolaire à temps plein – joue évidemment un rôle pri- mordial dans l’établissement d’un climat favorable au travail.

Des visites gênantes

À dire vrai, bien sûr, ce n’est pas facile, loin de là, mais les médias ont créé un focus sur le quartier, avec les déclarations du maire, la venue de Guéant, de Hulot, mais chez nous la situation était déjà difficile auparavant !... Il y a trois semaines, s’est tenu un conseil de sécurité : les parents d’élèves présents y ont demandé au préfet de passer d’une ronde d’hélicoptères de sur- veillance chaque nuit à une toutes les deux nuits, les enfants ont du mal à dormir…

Autre exemple, nous avions organisé le matin le rassemblement des élèves dans une sorte d’espace sas, à l’entrée du collège : trop dangereux, en cas de balle perdue, ont jugé les parents... Nous, les collègues, on va par- tir en vacances, les jeunes eux vont rester pour la plupart dans le quartier. » ■

Propos recueillis par Matthieu Leiritz 14

ACTUALITÉ

©AFP/Bertrand Guay

© AFP/Etienne Laurent

Références

Documents relatifs

Ce régime d'exonération concerne la cession réalisée à titre onéreux d'une entreprise individuelle, de l'intégralité des droits détenus par un associé dans

En préambule de cette carte des emplois pour l’Afrique, le SNES-FSU rappelle que 8 postes de résidents dans le secondaire ne sont pas pourvus à Bamako en cette

L’instauration de salaires minimums adéquats peut renforcer l’économie de différentes manières : l’argent supplémentaire dans les poches des travailleurs à bas salaires

L’instauration d’une démarcation ou au contraire d’une ouverture définissant l’ensemble de ce qui est privé par rapport à l’ensemble de ce qui est public

C’est pourquoi le CN a mandaté la FSU pour proposer à nos par- tenaires des fédérations de fonc- tionnaires comme de l’Éducation nationale une grève dans la période de rentrée,

Une différence notable existe par contre entre les enseignants dont la fonction principale est d’organiser les apprentissages scolaires d’un groupe d’élèves et les ATSEM

S uppressions d’emplois massives et en proportion plus fortes dans le public que dans le privé, accé- lération des logiques de concurrence par l’assouplissement de la carte

Pour parvenir à plus de mixité sociale, il est aussi indispensable d'homogénéiser l'offre pédagogique des établissements pour réduire les logiques de