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Sur un promontoire valaisan : [réflexions en marge de l'excursion de la Murithienne à Saint-Martin, Volovron, Evolène en mai 1956]

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Texte intégral

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Sur un promontoire valaisan

par Pierre Grellet

Etages sur leur éperon rocheux, les mayens de Volovron dominent de haut la partie supérieure du Val d'Hérens. Du village d'Eison, on atteint ce belvédère alpestre par un sentier qui prend en écharpe, à travers les mélèzes, le flanc oriental de la vallée. Le paysage est vert et blanc, comme l'écusson vaudois. Le vert se ponctue des cubes bruns des maisons d'Evolène et vient expirer au pied des dents de Veisivi, où, en ce printemps tardif, s'ouvre le royaume du blanc. Encadrés de parois givrées, les glaciers superposent leurs cassures d'où s'élève, immaculé, le dôme ennuagé de la Tête Blanche.

Cent soixante et quelques promeneurs picniquaient l'autre diman- che à la manière de Töpffer, sur ce promontoire. L'auteur des voyages en zig-zag a un continuateur pour excursionnistes pédestres de tous les âges de la vie, en la personne de M. l'abbé Mariétan, qui printemps, été et automne, conduit sa troupe sur les sentiers valaisans. Il y a les vieux habitués, plus qu'octogénaires, qui arpentent encore d'un pied solide, les chemins caillouteux de la montagne ; il y a les jeunes néophytes qui font leur première communion avec la nature sauvage.

Les costumes en moins, le tableau ne différait pas beaucoup de ces des- sins si vivants dont le fameux magister genevois illustra ses pages.

Le bruit de sabots ferrés frappant les pierres blanches du sentier dévalant sur Evolène, l'apparition d'une femme de la vallée, portant l'adorable costume rouge et noir auquel les Evolénardes restent si loya- les, celle du chef de ce petit convoi, vêtu de gros drap brun, tissé de la laine de ses moutons, n'avaient rien pour déparer le charme du moment.

Le mulet portait dans ses couffins des bouteilles dont le vin faisait beaucoup plus d'étoiles que celles qui figurent dans le blason valaisan.

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L'Evolénard était vêtu de gros drap brun, tissé de la laine de ses mou- tons. Cette étoffe se raréfie, nous dit-il, parce que le mouton disparaît des vallées alpestres. Pourtant, il s'élevait à peu de frais. Les jours d'écurie étaient rares. Les troupeaux pâturaient même en hiver sur les maigres herbages qui croissent entre les roches sur les pentes exposées au soleil. Le tourisme, puis les grands travaux d'électrification ont modifié la vie économique. D'autres occupations que les agricoles inté- ressent les autochtones. Les métiers à tisser sont désertés, de sorte que la laine, même achetée ailleurs, ne se travaille plus. Sur les petites terrasses où se cultivent légumes et grains, on voit des terres en friche.

Le village est sorti de son long isolement, auquel il doit tant de ses particularismes. Pendant des siècles, il vécut de sa vie propre. Con- trairement aux Anniviards, voués au nomadisme à cause de leurs terres et de leurs vignes des environs de Sierre, les gens d'Evolène, ne possédant d'autres biens que leurs alpages, étaient confinés dans leur vallée, ne descendant à Sion que pour les foires annuelles. Aujourd'hui, leur route est sillonnée de voitures, mais leurs maisons de pierre et de bois, hautes comme de petits gratte-ciel, occupent encore leurs empla- cements séculaires des deux côtés de la route, élargie toutefois par la destruction de celles qui empiétaient sur elle.

Le village au nom si mélodieux en était encore à sa vie cénobitique quand Töpffer et sa joyeuse troupe y firent leur entrée par un soir pluvieux de l'été 1843. Toute la population, groupée des deux côtés de la ruelle bourbeuse, les accueillirent comme des espèces d'exotiques, ve- nus tout exprès pour honorer la contrée de leur présence. Us y étaient cependant attendus. Sous la présidence de son chef, du nom de Favre, le conseil s'était occupé d'hospitaliser ces visiteurs dans ce que le bon pédagogue appelle leurs huttes embraniinées. Partout de bons feux de mélèze séchaient les excursionistes. Ceux-ci se croyaient revenus à l'âge d'or. Dans tous les foyers, on mangeait du petit salé, arrosé de rouge d'Ardon et de muscat de Sierre. Appelé par le conseil à faire choix entre ces deux crus, M. Töpffer, après les avoir dégustés avec recueillement, s'était déclaré dans l'impossibilité d'opter entre des vins aussi égaux en excellence.

Le festin apprêté, le conseil tout entier en vint surveiller l'ordon- nance. Il était éclairé par quatre cierges sur des chandeliers avec une paire de mouchettes de luxe. Ces luminaires projetaient leurs lueurs sur deux chaudières de potage au lait, un grand jambon, trônant parmi des choux, des omelettes, des pommes de terre frites, du fromage, des noisettes. Beaucoup mieux que le repas du rat des champs. Et tan-

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dis q u e p a r d é t a c h e m e n t s , conduits c h a c u n p a r u n magistrat, les rassa- siés gagnaient leurs différents logis, le fils F o l l o n i e r était e x p é d i é vers les chalets d'en h a u t p o u r y q u é r i r le b e u r r e du p e t i t d é j e u n e r du len- d e m a i n . L o r s q u e vint l ' h e u r e des comptes, les anciens s'étant formés en conseil secret, d é c r é t è r e n t q u e la d é p e n s e s'élevait à deux francs p a r tête, t o u t c o m p r i s , âtres, mélèze, b a n q u e t et d é j e u n e r .

La t r o u p e de la Murithienne de l ' a b b é M a r i é t a n fit à Evolène u n e e n t r é e b e a u c o u p m o i n s r e m a r q u é e , b i e n que le village fût encore vierge de touristes, mais n o n d'automobilistes. Au rez-de-chaussée des vieux chalets aux p o u t r e s sculptées, des bazars o u v r e n t leurs d e v a n t u r e s , pleines de conserves et de souvenirs de la vallée. Le f o u r n e a u é l e c t r i q u e cuit sans fumée les r e p a s q u i m i j o t a i e n t dans les flammes du mélèze ; le t r o p p l e i n des r e s t a u r a n t s se déverse sur les terrasses b o r d a n t la r u e où les maisons de bois noirci p a r les ans a l t e r n e n t avec les maisons de p i e r r e , décorées de fresques rustiques. Vieux décor a n i m é p a r des acteurs q u i s'efforcent de se m e t t r e à la m o d e d u j o u r . Seules les fem- mes de tout âge y m e t t e n t la note de leurs costumes. Puissent-elles savoir ce qu'ils sont b e a u x !

I G N A C E M A R I E T A N : L A D I S P A R I T I O N D E S C H A L E T S D E T Z A P E C .

T z a p e c ! Les A n n i v i a r d s et l e u r s amis connaissent seuls ce n o m . E n m o n t a n t d e p u i s la c h a p e l l e de St-Laurent, à Zinal, on p o u v a i t voir l à - h a u t dans la forêt„ s u r l a rive g a u c h e de la vallée, u n îlot de gazon et u n p e t i t g r o u p e d e chalets sombres. C'était T z a p e c , u n m a y e n c o m m e t a n t d'autres, m a i s t o u t seul sur ce versant à 1900 m . D e p u i s Zinal, le r e g a r d se p o r t a i t souvent sur cette n o t e h u m a i n e , la seule, au m i l i e u des p e n t e s rocheuses et m a i g r e m e n t boisées q u i m o n t e n t à l'assaut des i m m e n s e s p â t u r a g e s d e Sorrebois e t d e Singline. O n y passait parfois en a l l a n t à Sorrebois.

I l y avait là u n chalet construit en 1764 e t u n a u t r e en 1777.

L e u r p h y s i o n o m i e n ' a v a i t p a s changé, fixée dès le d é b u t p a r de très petites fenêtres (44 x 53 cm.) e t p a r de très petites p o r t e s (celle de la cave n ' a v a i t q u e 64 x 95 c m . ) .

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