A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
J ULIO P ALACIOS
Mouvements d’un solide soumis à l’action d’un couple de direction fixe dans l’espace
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 4
esérie, tome 7 (1943), p. 123-138
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1943_4_7__123_0>
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MOUVEMENTS D’UN SOLIDE SOUMIS A L’ACTION D’UN COUPLE DE DIRECTION FIXE DANS L’ESPACE
par JULIO PALACIOS(1)
. Le mouvement d’un solide soumis à l’action
d’un système
de forcesquelconques s’obtient,
comme on lesait,
encomposant
le mouvementqu’aurait
son centre degravité,
si toute la masse y étaitconcentrée,
avec la rotation queproduit
le momentrésultant
dusystème
deforces, pris
parrapport
au susdit centre degravité.
Le pre- mier mouvement se réduit à unproblème
dedynamique
dupoint
matériel. En cequi
concerne le secondmouvement,
lareprésentation
de Poinsot nous donne toutes les circonstancesgéométriques lorsque le couple
résultant estnul,
et l’ondémontre,
dans tous les
traités qui s’occupent
du mouvementgyroscopique,
que, si le corps est animéd’une
rotation autour de sonaxe
de révolution et on luiapplique
uncouple
d’axe
horizontal, qui
soit constant engrandeur
et, en toutinstant, perpendiculaire
au dit
axe
derévolution,
l’on obtient uneprécession régulière.
Ce même cas sepré-
sente
quand
onconsidère
lecouple
moyen que le Soleil(ou
laLune) produit,
dans’
le cours d’une
année,
sur la Terre(’).
Cecouple
a ladirection
de laligne équinoxiale,
et
tend à porter
leplan
del’équateur
en coïncidence avec celui del’écliptique,
et, ’~ a cause de
cela,
son effetconsiste,
de même que dans le cas dugyroscope,
en uneprécession régulière
de l’axe terrestre autour de la normale auplan
del’écliptique.
Le
couple
enquestion
n’a pas une direction fixe mais il tourne autour de la dite normale avec lamême
vitesseangulaire
que l’axe de la Terre.~
Ayant
eu à étudier le mouvement d’un solide mis en rotation par l’intermédiaire d’unfil,
nouseûmes besoin
de rechercher l’effet queproduit
uncouple
de directionfixe dans
l’espace. Malgré l’apparente simplicité
de ceproblème,
nous avons remar- ..
qué qu’il n’est traité dans
aucun ouvrage deMécanique,
et c’est à cause de cela que nousjugeons
intéressant de rendrecompte
des résultatsauxquels
nous sommesarrivés. _
’
..
(’)
Cet article et le suivant résument deux conférences faites à la Faculté des Sciences de Toulouse en maiïg43.
.(S) Voir,
parexemple,
A. GRAY,Gyrostatics
and Rotational Motion, Londres,1918
I24
1.
Équations générales
pour un corps de révolution. - Poursimplifier
le-problème,
nous supposeronsqu’il s’agit
d’un solide de révolution.Nous admettrons
que le
centre degravité
se trouveimmobile,
et nous déterminerons laposition
du corps au moyen desangles
d’Enlere,
(p,If
que forment les axesprincipaux
d’inertiex’~, x’,, .x’s, ~j
avec unsystème
de coordonnéesorthogo-
FIG. ~ . - Manière de compter les
angles
d’Euler.nales x!, fixe dans
l’espace.
Les deuxsystèmes
sontsupposés
dextrorsum ; on’
prend
l’axe de révolution du corps comme axex’e,
et saposition
sedétermine
parla colatitude ou
angle
de nutation $ et parl’angle
deprécession , compté
àpartir
du
plan
x, x, , dextrorsum parrapport
à x=.Finalement,
laposition
de l’axex’,
se ’détermine
par l’angle ~,
,compté (’)
àpartir
deOE, c’est-à-dire, depuis
laprojection
de x=, ,
changée
designe,
sur leplan x’, x’,,
ct avec lesigne positif lorsqu’il repré-
- sente une rotation à droite autour de ,
Sur le corps
agit
uncouple
pdirigé
suivant une droite fixe dansl’espace,
droite’
que nous pouvons
prendre
comme axe x3. Nousprendrons,
en outre, l’axe x, de tellefaçon
que le momentcinétique
initial c, se trouve dans leplan
x, x,; ainsi sa°
composante c,,, suivant x;
sera nulle..(1)
Nousadoptons
la notation de M. PLANCK dans son Traité deMécanique
Générale, trad.par A. PBNA,
(1930),
page 345. D’autres auteursdésignent ~ par ~,
,et ~
par .Avec ces
conventions,
le théorème du momentcinétique
nous fournit les trois
équations
La méthode que nous
allons
suivre consistera àexprimer
lescomposantes
~c,, ,’ c,, c,, du moment
cinétique,
en fonction des momentsprincipaux
d’inertieI, I, (=== I,), la’
ainsi que desangles
0, (c,’f
et des vitesses~.~.
Dans cebut,
nous
remarquerons que lescomposantes
du momentcinétique, rapportées
aux axesprincipaux
d’inertie sont .’
où
w’,, w’,, désignent
lescomposantes
de la vitesseangulaire
parrapport
aux.axes mobiles. Pour atteindre notre
but,
il suffira de passer des axes mobiles aux axesSxes. .
Si les
équations
de passage sont ~ .4l existe entre les coefficients et les
angles
4, les relations suivantes(*) :
:(t)
Voir,par
ex.,l’ouvrage, déjà
cité, de PLANCK, page a1~6, en remarquant que, pour Avoir uneplus grande symétrie,
nous avons fait : : x =«, ; ~
=x, ;
Y = .D’ailleurs,
euexprimant
lescomposantes
de la vitesse en fonction desangles 6, -~, ~
et deleurs dérivées,
ona (’) :
,’
Il suffit de substituer en
(4)
et en(2)
pour obtenir leséquations
de mouvementsuivantes :
.
°
Des deux
premières,
en éliminant successivementL
et9,
il résulte :et, par élimination de
~.~
entre(7)
et(9) :
.-
L’équation (8)
nousindique
que la nutation0
nedépend
que del’angle
depré-
cession ~,
qu’elle
estcomprise
entre les limites et quel’angle
de nutationpasse
par
un maximum(pour (~
= o si CO.i >o)
et par un minimum(pour ~
= 7r,si
c o) chaque
fois que l’axe de révolution fait un tourcomplet
autour de l’axedu couple.
D’une manièreplus expressive,
nous pouvons dire : de révolutionfait
une révérencechaque fois
que, enfaisant
des tours sur l’axe ducouple, il
passepar le plan x3
x4, déterminé par cet axe etpar le
momentcinétique
initial.L’équation (10)
nous fournit la solutionasymptotique
suivante :de sorte que, au bout d’un certain
temps
suffisammentgrand,
il résulte unepré-
cession uniformément accélérée : -
(’)
page ~~ î~Pour des valeurs de t très
grandes,
nous pouvons calculer la vitesse denutation,
~. ~ar
(8) ~t ~ r ~~ conduisent
àla valeur de 6 se calcule par une
intégrale
de FRESNEL. Il en résulte que, au bout d’untemps
suffisammentgrand, l’angle
6accomplit
des fluctuations avec unepseudopériode ~
telle que ~ _c’est-à-dire, puisque t 03C4,
de sorte que la dite
pseudopériode
devient deplus
enplus
courte. Enoutre,
vu que 8 semaintient
entre des limitesfinies, l’amplitude
des dites fluctuations ira endiminuant
et,
enfin,
elles deviendrontimperceptibles.
On a donc :de sorte que la nutation tend à
s’annuler,
etl’axe
de révolution décrit un cône cir- culaire autour de l’axe ducouple.
Dans les
équations précédentes,
letemps
n’intervient que dans leproduit pt,
, de sorte que, si nouschangeons
lesigne
de p, , toutes lesphases
serépéteront
maisen ordre inverse.
Si,
parexemple, lorsque
la nutation semble avoirdisparu
parce que laprécession
estdevenue
trèsrapide,
nous invertissonsle
sens ducouple,
laprécession
s’amortira et la nutationreparaîtra.
-L’angle
constant que,d’après (i4),
finit par former l’axe de révolution avec l’axe . ducouple dépend
des conditions initiales.Si,
parexemple,
lacomposante c,:,
esttrès
petite, l’é’luation (10)
nous dit que, enpremière approximation,
lecorps
com-mence une
précession
uniformémentaccélérée,
àlaquelle
se superpose, en vertu de(8),
unepetite nutation, d’amplitude décroissante,
autour de la valeurprimitive de e.
2. Cas Où le corps
part
du repos. -Lorsque
le momentcinétique
initial .est
nul,
les solu tions sont :de sorte que
l’angle
de nutation conserve sa valeurinitiale,
laprécession
estuni-
formément accélérée dès lepremier instant,
et le corps tourne autour de son propre. axe de
révolution,
avec une vitesse uniformequi dépend
del’angle
denutation;
; ai8,
= , cette vitesse est nulle. _Voici une circonstance
remarquable :
Pour laprécession m,
, résultetoujours
unevaleur
positive,
cequi signifie
que l’axe de révolution tournetoujours
dans le sensimposé
par lecouple,
par contre,puisque 03B4.
o , il arrive que lavitesse t
de.FIG. a. -
Ellipsoïde
d’inertieallongé.
La
rotation §
et laprécession f
ont unmême sens.
_ Fie. 3. -
Ellipsoïde
d’inertieaplati.
- La
rotation j
et laprécession 1
ont dessenscontraires.
rotation du corps autour de son axe de révolution est
positive
siI, > 1~ (ellip-
soïde d’inertie
allongé),
mais cette vitesse estnégative lorsque I, Ig (ellipsoïde aplati).
Dans lepremier
cas, la rotation du corps autour de luimême, projetée
surl’axe
ducouple ( fig. 2),
a le même sens que celui-ci. Dans l’autre cas3),
laprojection
et l’axe ducouple
ont des sensopposés.
"3.
Corps quelconque
soumis à l’action d’uncouple
dont la dire- ’tion coïncide avec celle du
moment cinétique
initial. -Étudions maintenant
le cas d’un corpsquelconque,
de révolution on non,quand
ilpart
du . repos onlorsque
son momentcinétique
initial coïncide avec le moment ducouple
,appliqué.
Dans ceças-ci, l’équation
vectorielle( ~ )
nous dit que le moment cinéti- que c atoujours
la même direction que lecouple
et croîtproportionnellement
avecle
temps.
Il est facile devoir,
en outre, que lestrajectoires
sont celles données par°
- la
représentation
de POINSOTpour
le même corps abandonné àlui-même
et avec un moment initialdirigé
suivant l’axe ducouple.
Autrement dit : dupoint
de vuegéométrique,
tout se passe comme si lecouple n’agissait
pas. -‘ ; Fid. 4. - Un corps soumis à l’action d’un
couple
p .. -
_ +
.
dirigé
selon lemoment,
initial co se meut d’accord avec larègle
de POINSOT. _En
effet,
le solide abandonné à Iui-même se meut detelle façon
que sonellip-
soïde d’inertie
( fig. 4)
restetangent
auplan
fixe qperpendiculaire
au moment, - ’ .
cinétique
initial~~
et lapolhodie
est la courbe d’intersection du ditellipsoïde
avec~
’
‘ le cône
(’)
qui ne dépend
que duparamètre h’, lequel
est lié avecl’énergie cinétique
T ’ et avecle module c
du
momentcinétique
par la relation. Nous allons démontrer que ce
paramètre
reste constant en tant que la direction de l’axe ducouple
ne varie pas. On a : :.
(1)
Voir M. PLsNCa, loc. cit., page a53,équation
522.Fac. des Sc.,
VU, ig43.
i.y- > .
et comme, si ce est
l’angle
formé par p et par la rotation instantanée -+w , le théo- rème des forces vives nous dit que~Y
et
puisque,
p et cayant
la mêmedirection,
lethéorème
du moment devieatl’équation
scalaireil en résulte :
car, en tout moment, la relation
est satisfaite. Ceci prouve que le
paramètre
h"- reste constantl’énergie
et le momentcinétique
croissentproportionnellement.
Lepôle
de rotation restera,donc,
sur la mêmepolhodie
où il se trouvait au début du mouvement.,
Si le corps est de
révolution,
il suflira defaire c0,1
== o dansl’équation (8)
pouravoir .
’
d’où il résulte la même
conséquence
que nous avons trouvée auparavant pour un corpsquelconque.
En résumant ce
qui précède,
nous pouvons dire que :I° Si on
applique
à un solide derévolution,
doué d’un mouvement initialquelconque,
un
couple
d’axe constant engrandeur
et endirection,
ce solidefinit
paraccomplir
uneprécession uni, f ormément
accélérée autour’ de ’cet axe, et .il réalise une nutationchaque
1
fois que
l’axe de révolutionfait
un tourcomplet
autour de l’axe ducouple. L’amplitude
de la
nutation
décroît peu à peu et tend à s’annuler.. -2° Si le solide de révolution
part
du repos, iln’y
a pas denutation,
laprécéssion
estuniformément
accélérée dès lepremier
instant et, enplus,
le corpstourne,
autour deson axe de
r.évolut ion,
avec une accélérationproportionnelle
au cosinus del’angle (constant)
denutation,
et cela dans un sens ou dans l’autre selon quel’ellipsoïde
d’inertie est
allongé
ouaplati.
’
. 3° Si on
applique
à un solidequelconque (de
révolutionpu non)
uncouple
constantou
variable,
maisayant toujours
la direction du momentcinétique initial,
le mouve-ment, en
cequi
serapporte
auxtrajectoires
despoints,
est le même que celui que lev
corps accomplirait s’il
était abandonné à lui-même. Pourparvenir
à ce que l’axe ins-tantané de, rotation
nechange
pas, ilfaudra
que la rotation initiale ait lieu autour de deplus grande
inertie oubien
de celui deplus petite (ou,
encore, que cette rotation soitnulle)
et que lemoment
ducouple soit parallèle
au dit axe.’
"
REMARQUE. 2014
Il va sans dire que leprobléme en question peut
être résolu en.
pàrtanl
deséquations de LAGRANGE. Cependant,
pourintégrer.
ceséquations
il faut.
recourir
àun artifice qui
n’est pas facile à découvrir si l’on ne connaît pas d’emblée.
~
la solution. Nous
indiquons,
dans cequi suit,
la marche du calcul pour le cas d’un. solide de
révolution.
’ ’"
L’expression de l’énergie cinétique,
si l’onprend
pour coordonnées lesangles
est
=00FF
’’ les
forcesrespectives ont
pour valeur :et,
avec ceci,
leséquations
de LAGRANGE deviennent :,
L’équation (ï5), multipliée
pardt,
, est une différentielle exacte et, une fois inté-grée,
mèneà (~).
Les deux autreséquations
ne sont pasintégrables directement, mais l’artifice
suivantpermet
de les transformer en’des autresqui
satisfont auxconditions d’intégrabilité.
Il sumt de former lesexpressions
pour
obtenir, après
avoir divisé par sin 0 ,,
qui peuvent
êtreintégrées
et donnent leséquations (5)
et(6), respectivement.
- -
Madrid. Instituto Alonso de Santa Cruz.
MOUVEMENT D’UN SOUDE MIS EN ROTATION
.
PAR L’INTERMÉDIAIRE D’UN JOINT ÉLASTIQUE
Le mouvement élémentaire
d’un
solide soumis à desforces quelconques consiste,
comme on
sait,
dans la translation instantanée queproduirait
la résultantegéné-
rale si toute la masse était concentrée au centre de
gravité, conjointement avec
larotation;,instantanée
queproduirait,
autour de cepoint,
uncouple
de forces dont le. moment serait
égal
aumoment’dynamique,
oumoment
résultant des forcespris
par
rapport
au dit centre. Ce dernier mouvement admet uneinterprétation
sugges- tive due àPoinsot(1).
Si un solide se trouveprimitivement
enrepos,
ou bien animéd’un mouvement
rectiligne
etuniforme,
il commence à tourner autour du rayon vecteurqui
vadepuis
le centre degravité jusqu’au point
detangence
del’ellipsoïde
de Poinsot avec un
plan perpendiculaire
à celui du dit moment.Lorsqu’il
existe unmouvement tournant initial et que le moment
dynamique
est nul(corps
abandonnéà
lui-même)
le solide continue à tourner defaçon
à ce quel’ellipsoïde
roule sur ledit
plan, qui
se maintient daus uneposition
invariable. Nous avonsdémontré,
dans .un travail
précédent,
que la même chose arrivequand
onapplique
au corps uncouple
dont l’axe a le même sens que le momentcinétique
initial. Il découle de cela que l’axe de rotation ne conservera un sens constant quelorsqu’il
coïncideraavec
un des axes
principaux d’inertie ;
’et l’on démontre encore que les deux axes, parrapport auxquels
le moment est extrêmum(maximum
pour l’un d’eux et minimum pour sontstables,
dans le sens quelorsque,
par une causequelconque,
ilse
produit
unepetite
déviation de l’axe derotation,
bien que les dits axes ne repren- nentplus
leur rôle d’axespermanents,
il arrive que lepôle
de larotation, point
decontact de
l’ellipsoïde
avec leplan fixe,
décrit unepolhodie qui,
dans les cas men-tionnés
plus haut,
est une courbe entourant l’axerespectif.
Par contre,si [la
rota- ,tion initiale
s’accomplit
autour de l’axeintermédiaire,
comme lapolhodie
respec-’
tive n’entoure pas cet axe mais s’en
éloigne
deplus
enplus,
il suffira d’unepetite
déviation fortuite pour que
l’ellipsoïde
et, avec lui, le corpsvoltigent
d’unefaçon irrégulière.
A cause decela,
l’axe intermédiaire est instable. Les axes extrêmess’appellent
aussi les axeslibres,
afin de laissercomprendre
que, tantqu’il n’y
aura(t)
L. PoiNsoT. Théorie nouvelle de la rotation des corps, Paris, ~881~.pas de
perturbations extérieures,
on pourra se passer des coussinets pourparvenir
~ faire que le corps tourne autour de ces axes.
L’expérience
la’plus
directe pour vérifier lesprédictions précédentes
consiste. ~dans le lancement d’un corps de forme
prismatique,
dont les arêtes soientinégales, en
luiimprimant,
en mêmetemps,
une rotation autour d’une de ces arêtes. Onconstate,
de cettefaçon, que
les facesperpendiculaires
àl’axe
initial de rotation’
’
conservent leur orientation
lorsque
cet axe est celui d’inertie maximum ou mini-mum, tandis que le corps
voltige
d’unefaçon irrégulière
sil’on prend l’axe
inter- .’médiaire pour axe de rotation initiale. L’essai devient visible
quand
onapplique
.des couleurs diverses aux faces du
prisme.
Le
jeu
des enfantsqui
consiste à faire tourner un bouton en tendant et relâchant. un fil
passé
par deux de ses trous, et que l’on retordpréalablement,
faitvoir,
aussi,.que
l’axe
d’inertiemaximum
est l’axelibre,
car lebouton
tourne dans sonplan,
sans
voltiger,
même aux moments où le fil est détendu. Dans lejeu
dudiabolo,
sirépandu
il y a trente ans, on voit très bien la stabilité de l’axe d’inertie maximum., En
faisant tourner unepièce
de monnaie sur unpoint
de spériphérie
l’on prouve que l’axe d’inertie minimum est aussi un axe libre.Aucune des
expériences précédentes
ne seprête
à être réalisée devant un audi- toirenombreux,
et,quand
onprojette
unappareil qui
sert à faire ressortir la stabi- lité ou l’instabilité d’uncertain
axe, il vient l’idéed’utiliser
unesuspension
à laCardan
qui
laisse le dit axeen complète
liberté de mouvement. Mais si l’on réfléchitplus profondément
ons’aperçoit
que, avec un teldispositif,
tous les axes semblent~
stables;
car l’inertie desbagues
desuspension
fait que lesréactions,
dues à la rota-tion,
ne ressortent pas,aussitôt
que celle-ci est un peurapide.
C’est cequ’il
arrivedans la bobine d’un
galvanomètre, quand
on lui envoie un courant alternatif defréquence
assez élevée..
’
L’expérience suivante, proposée
dansplusieurs
traités élémentaires(’), semble
très
indiquée
pour montrer les différentesfaçons
dont secomportent
les axes de rotation. Unpetit
moteurélectrique,
dont l’axe a étéplacé
verticalement(fig. 1),
met.en rotation un corps
quelconque suspendu
à un fil. Les auteursaffirment
que la rotation est stable en deuxpositions qui correspondent
à chacune des rotations .autour des axes extrêmes. Undisque,
parexemple, pourrait
tourner autour de laposition a (axe d’inertie minimum)
ou de laposition b (axe
d’inertiemaximum).
Eh
bien,
enfaisant cette épreuve
avec descorps
de formes trèsvariées,
l’on arrivetoujours
au résultat que la seule rotation stable est cellequi
se réalise autour de l’axe d’inertiemaximum (position b).
Le mouuemenl tendasymptotiquement
vers la.rotation
simple autour de l’axe
d’inertie maximum.i. Voir, par
exemple,
R. W. POHL, Mechanik and Akustik, 2- édition,Ig31.
Cette
expérience
fournit un artifice. pour trouver laposition
de l’axe d’inertie maximum dans des corps de formequelconque.
Dans cebut,
onsuspend
le corps ,par l’un de ses
points, n’importe lequel,
et on le fait tournerrapidement ; lorsque
la rotation est devenue
stable,
on touche lapartie
inférieure du corps avec unpin-
ceau
trempé
dans del’encre,
et l’on obtient ainsi une des extrémités de l’axed’inertie maximum ; puis
onsuspend
le corps par.cepoint
et l’onrépète l’opération-
ce
qui
bous donnera l’autre bout del’axe
cherché.FIG. I.
’
Voici une autre
application :
Si l’on veut mettre en rotation uncylindre
verticalallongé,
enl’accouplant
avec un moteur et en utilisant un seulcoussinet,
iln’y
aura pas moyen d’éviter lesvibrations;
mais il suffitd’appliquer
aucylindre
des massesadditionnelles, qui
transforment son axe de révolution en axe d’inertiemaximum,
pour que la rotation se
produise
trèsdoucement,
même sil’axe
a ungrand jeu.
Dans
l’expérience
que nous venons de décrire il arrive donc que, au lieu de trouvertoutes_les
formes de mouvementprévues
par la théorie de la rotation d’un corpslibre,
seule est stable la rotation autour de l’axe d’inertie maximum. Il va . sans dire que l’on ne saurait en tirer commeconséquence qu’il
y aitune
contradic-tion entre la théorie et
l’expérience,
caril
nes’agit
pas d’un corpslibre,
commel’exige
lapremière.
Nous sommes donc enprésence
d’un fait’qui
demande une.
explication.
Nous avons consulté les livresde Mécanique qui
se trouvaient à notreportée,
ycompris
le Handbuch derPhysik,
le livreclassique
de PaulAppell
etquel- ques brochures
dugrand
ouvrage deSommerfeld-Klein,
sanspouvoir
trouver dans. aucun d’eux la moindre allusion au
problème qui
nous occupe. C’estpourquoi
nousjugeons intéressant
de rechercher sonexplication théorique,
et nous allons en pro-poser une. ’ ’
En résumant les résultats
des expériences,
nous pouvons dire que, si l’on IUI-pend
un corps par unpoint quelconque
et on luiimprime,
par l’autre bout du fil desuspension,
une rotationrapide eu
d’axevertical,
le corps tend à seplacer
detelle
façon
que son axe d’inertie maximum coïncide avec le dit axe derotation,
et,lorsque
celas’accomplit,
ilréalise
une rotationsimple.
,
Bien que notre
essai
prouve que le résultatprécédent
est valable pour des corpsde
formequelconque,
, nousconsidérerons,
, pourplus
desimplicité,
le cas d’un- corps de
révolution suspendu
par unpoint de
son axe( fig. 2).
FIG. 2.
,
Afin de
simplifier
leproblème,
nous supposerons que le fil est silong,
et que le corps tourne sivite,
que leschangements d’énergie potentielle
dûs aux mouve- ments du centre degravité
lelong
de la verticale sontnégligeables
parrapport à l’énergie cinétique.
Ce que nousdirons
sera,donc, inapplicable lorsque
le corpstourne
lentement.
°,
Les forces
qui agissent
sur le corps sont, outre lapesanteur,
cellesdéveloppées
par le fil et celles dues au frottement de l’air. Ces dernières forces sont très
compli-
.quées
et, selon la forme ducorps, peuvent
donner lieu auxplus
divers effets aéro-dynamiques. Nous
allons supposer, poursimplifier
laquestion,
que larésistance de
l’air neproduit
pas decomposante verticale,
etqu’elle
se borne àdévelopper
uncouple
de forcesqui s’oppose
à la rotation. Le filagit
par sa tension et par sa tor- c’est-à-dire par une force et uncouple, ayant,
tousdeux,
le sens de latangente
au fil au
point
d’attache. Lescomposantes horizontales
de la force et ducouple
tournent
rapidement,
et l’inertie du corps fait que leurs effets sontnégligeables
sila rotation est suffisamment
rapide.
’ °
Laissons de
côté
lespremières phases
du mouvement et considérons saphase finale,
dans,laquelle,
parcequ’existe l’équilibre
entre les forces, le corps se com-porte
comme s’il tournaitautour
de son centrede gravité,
mais était soumis à la condition que lefil
ne se tordeplus,
car lecoaple
de torsion devra êtreégal,
àchaque
instant, au
couple développé
par la résistance de l’air. Tout se passe,donc,
commesi,
entre l’arbre du moteur et lesolide,
il y avait unjoint
flexible mais très résis-tant à la torsion.
Quand
le mouvement commence, lemoteur
fournira del’énergie qui
servira àaccélérer le corps et à tordre le fil. Nous dirons que l’on a atteint un
régime
station-naire,
pour une vitesse donnée w du moteur,lorsque
celui-ci necommunique
pasd’énergie
au corps(dans
lapratique, lorsqu’il communique l’énergie
strictementindispensable
pour vaincre lesfrottements). Lorsque
ceciarrivera, l’énergie
du corpsne pourra
changer qu’aux dépens
del’énergie potentielle
dufil,
et cela arriveralorsque l’énergie potentielle
de celui-ci variera. Dans de tellesconditions,
le corps. réalisera un mouvement que l’on
peut
considérer comme étant lasuperposition
dedeux autres : un
qui
se réaliserait autourdu
centre degravité
du corps si celui-ci était libre de toute actionextérieure,
et un autre dû auxchangements
de torsion dufil. Ce dernier mouvement consistera en oscillations torsionales
qui
s’amortirontplus
ou moins
rapidement,
et enphase
finale pourlesquelles
le fil restera avec une tor-sion telle que le
couple développé
sera en tout instantégal
et contraire à celui dû à la résistance de l’air. Il reste donc seulement lepremier
mouvement, ou mouvement libre, soumis à la condition que la torsion dufil
reste constante. Toul se passe donc’
comme si le fil était
remplacé
par unetige rigide
avec des articulations à la Cardanà ses extrémités. ’ .
Si w est la vitesse
angulaire
constante que l’onimprime
au bout du fil(lig. 2),
la
précédente condition,
ouliaison, s’exprimera
comme suit : _où :~ représente
laprécession, et ’$
larotation,
du corps autour de son axe derévolution
(‘).
..S’il
n’y
avait pas dejoint
et s’ils’agit
d’un solide de révolutionqui part
du repos,l’angle
de nutation 6 resterait constant et, entre lesvitesses 03C6 et 03C8, qui,
ellesaussi,
.geraient constantes, il existerait la relation :
(1)
Voir mon travaildéjà
cité.de sorte
qu’il
seraitpossible
avoir des formes de mouvement en nombreinfini,
et l’on en obtiendrait l’une ou l’autre selon laposition
du solidequand
le mouvement commence. Ils’agit de
rechercherparmi
ces formes cellequi
estcompatible
avec la .liaison.
’
.
Le
critérium
quenous appliquerons, analogue
auprincipe
des travauxvirtuels,
sera le suivant : pour constater si une forme de mouvement est
stable,
nous donne-rons à
l’angle
de nutation a[qui
est la seule variableindépendante,
en vertu de(i)
et
(2)],
un accroissement virtuel de. Sil’énergie cinétique
T croît(l’énergie poten-
tielle n’intervient
pas),
cela prouvera quela;force
deliaison,
ce àquoi équivaut
lacondition d’être constante pour la torsion du
fil,
a réalisé’
un travail
positif
et, par ’conséquent,
la dite modification du mouvement sera réelle. Autrement,dit,
le mou- ,~~
vement sera- stationnaire
lorsque l’énergie cinétique
atteindra son maximum.Or,
’’
l’énergie cinétique
est donnée par -ou
bien,
en vertude (i)
et(2),
etpuisque e
= o, par. où l’on doit
prendre
lesigne du haut
si 2 àfil
7r, et celui du bas si 2 8~ ~, ~
.Il
résulte,
donc, que lesigne
dedT/d
est lemême
que celui deDe la discussion de cette
expression
il résulte immédiatement que :a)
Cas dudisque, 13
>I,
Cette dernière forme de mouvement, dans
laquelle
le solide reste au-dessus de sonpoint d’attache,
est irréalisable avec un fil. Il faudrait recourir à unetige
flexible.b)
Cas ducylindre allongé, 1g [ I,.
,I38
Dans
les deux cas, la rotation est stable autour de l’axe d’inertie maximum etinstable
dans toutes les autres formes de mouvement.L’expérience
est,donc, expli- quée
dans le cas d’un solide de révolutionsuspendu
par unpoint
de son axe.Madrid. Instituto Alonso de Santa Cruz.