A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
S. K ICHENASSAMY
Compléments à l’interprétation physique de la relativité générale : applications
Annales de l’I. H. P., section A, tome 1, n
o2 (1964), p. 129-145
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p. 129
Compléments à l’interprétation physique
de la Relativité générale : Applications
S. KICHENASSAMY Institut Henri Poincaré.
Ann. Inst. Henri Poincaré, Vol. 1, n°
2,
1964,Section A :
Physique théorique.
SOMMAIRE. - On propose une
interprétation
des termes d’ordresupérieur
à deux dont la
métrique
riemanienne diffère d’unemétrique
euclidienne osculatrice à cettemétrique;
on montre ensuite que cetteinterprétation permet
decompléter
la théorie de J. L.Synge
dudécalage
vers le rougedes raies
spectrales
et dedistinguer
dans l’effetglobal
l’effetgravitationnel
1de l’effet
Doppler.
SuMMARY. 2014 An
interpretation
isproposed
of the terms of orderhigher
than two
by
which a riemannian metric differs from itsosculating
euclidianmetric;
it is also shown that thisinterpretation
allows one tocomplete
J. L.
Synge’s theory
of the red shift ofspectral lines
and todistinguish
in thetotal effect the
gravitational
effect from theDoppler
effect.INTRODUCTION
1. Ce mémoire est issu des efforts en vue de surmonter les
divergences qui
subsistentapparemment,
non pas sur le résultat final mais sur le fond del’explication
dudécalage
vers le rouge des raiesspectrales,
tellequ’elle
est fournie par divers
classiques
de la Relativité(1).
(1)
Parexemple :
A.EINSTEIN,
P. G. BERGMANN, V.FocK,
LANDAU et LIF-SCHITZ, G. C.
MCVIITIE,
C. MOLLER, W. PAULI, J. L.SYNGE,
VON LAUE.ANN. INST. POINCARÉ, A-1-2 9
L’idée
essentielle, déjà
contenue dans l’oeuvre d’Einstein et de ses corn..mentateurs, consiste :
a)
à admettre que la Relativité restreinte est, dans unerégion
infinimentpetite d’espace-temps,
valable d’une manièreapprochée,
c’est-à-dire que les étalons d’un observateur local et lesphénomènes
élémentairess’y comportent
comme dans unsystème
d’inertie si l’on convient denégliger
les termes d’ordre
supérieur
àdeux;
b)
et à modifier dansl’espace-temps
de la Relativitégénérale
les étalonslocaux,
de manière à continuer d’attribuer auxphénomènes physiques
d’une
région finie,
maispetite,
desgrandeurs numériquement égales
à cellesqu’ils
auraient dans unsystème d’inertie,
en l’absence duchamp
degravi-
tation
(ces
dernières étant naturellement évaluées avec des étalons du sys- tèmed’inertie).
Nous verrons que cette idée est strictement
compatible
avecl’équivalence
faible et que
l’exploitation systématique
de cette idéeajoute
des éléments deprofonde compréhension
à la Relativitégénérale
et conduit à uneexpli-
cation satisfaisante du
décalage
vers le rouge,explication qui complète
celle de J. L.
Synge (2).
Nous allons donc refaire brièvement le chemin
qui
va de la Relativitérestreinte à la Relativité
générale
et tenter à nouveau de déterminer le lienqu’il
convient d’établir entre les donnéesthéoriques
et les résultats de mesuredans le cadre de la Relativité
générale.
L’INTERPRÉTATION PHYSIQUE
DE LA
RELATIVITÉ GÉNÉRALE
2. Fondements de la Relativité
générale.
- On saitdepuis
laRelativité
restreinte, qu’il
estimpossible
de mettre en évidence la translation uniforme d’unsystème
de référence Suniquement
au moyend’expériences
effectuées dans
S;
mais il semble que l’onpuisse
déceler le mouvement accéléré de S au moyend’expériences
internes à S et mettanten jeu
les forcesfictives
d’inertie ; ainsi,
lependule
de Foucault ou ledispositif
de Harress.Sagnac
semblentpouvoir
mettre en évidence la rotation uniforme de S.Cependant,
contrairement à uneconception largement exprimée
un telmouvement
accéléré,
une telle rotation nepeuvent
être absolus au sens newtonien du termepuisque, depuis
la Relativitérestreinte,
lesystème
d’iner-(2) Relativity
thegeneral theory,
North HollandPub., 1960
p. l 19-123.COMPLÉMENTS A L’INTERPRÉTATION PHYSIQUE DE LA RELATIVITÉ GÉNÉRALE 131
tie par
rapport auquel
s’effectue le mouvement considéré nepeut
être absolu.Toutefois,
il semble que l’onpuisse
reconnaître au moyend’expériences
internes à S son état de mouvement accéléré par
rapport
à unsystème
d’inertie. Il n’en est rien tant
qu’on
se limite à unerégion
infinimentpetite
de
l’espace-temps
où lespostulats
de la Relativité restreintepeuvent
êtresupposés valables,
c’est-à-dire dans unerégion
où :a)
leprincipe
d’inertiepeut
être satisfait en raison del’impossibilité pratique
d’observer une accélérationrelative;
b)
les étalons delongueur
et de duréepeuvent
être liés par la vitesse de la lumière dans levide;
c)
laréciprocité
entre dessystèmes
de référence à vitesse relative uniformepeut
être admise.Il ne s’ensuit pas que dans cette
région
infinimentpetite,
S constitueun véritable
système
d’inertie : les étalons delongueur
et de durée nepeuvent
en effet coïncider avec ceux d’un
système
d’inertiequ’à
des infinimentpetits près.
Pour cetteraison,
nous dirons que S constitue dans cetterégion
un «
pseudo-système
d’inertie ».Mais,
si l’on s’intéresse à unerégion étendue,
l’accélération devient accessible àl’expérience
et lespostulats
de la Relativité restreinte cessentd’y
êtrevalables ;
S ne constitueplus
unsystème d’inertie,
unsystème
telqu’en
tous sespoints
deux événements soient caractérisés par les mêmes intervalles delongueur
et de durée. Il en résultequ’un système
de référence étendu à unerégion
finie del’espace-temps puisse
être conçu comme uneinfinité de
pseudo-systèmes
d’inertie se raccordant entre eux, ou que l’es-pace-temps correspondant
soit décrit par une variété à connexion linéaire.Inversement,
si undispositif expérimental
intéressant unerégion
finiedu
système
S donne un résultat différent de celui que l’on obtiendrait dansun
système d’inertie,
onpeut
naturellement affirmer que S n’est pas un sys- tème d’inertie. Peut-on en déduire que S est lesiège
d’accélérations d’inertie ?Non,
si l’on s’en tient aucomportement
d’uneparticule d’épreuve (ou
deplusieurs particules d’épreuve
dans unerégion
limitée telle que lechamp
y soit
homogène)
car leprincipe d’équivalence
fondé surl’égalité
de la massegrave
passive
et de la masse inerte(Eotvôs)
nepermet
pas dedistinguer
entre
champ
d’inertie etchamp
degravitation homogènes.
Bienentendu,
si la
région
est suffisamment étendue pourpermettre
de déceler la sourcedu
champ
degravitation homogène,
cette distinctiongardera
son sens.Il découle de ce
qui précède,
que lareprésentation
d’unsystème
non iner-tial de référence par une variété à connexion linéaire
(que
nouspostulons
riemannienne)
réalise indifféremment dans unerégion limitée,
ladescription
soit d’un
champ d’inertie,
soit d’unchamp
degravitation.
L’équivalence
que nous avons admiseici,
d’unchamp
d’inertie et d’unchamp
degravitation
dans unerégion
limitée estl’équivalence faible,
la
forte
tendant en outre à assimiler lespseudo-systèmes
d’inertie à de véri- tablessystèmes
d’inertie de la Relativité restreinte et à admettre que les lois de laPhysique,
ycompris
le contenunumérique,
observées localement dans unsystème
en chute libre sontindépendantes
de la situation dans letemps
et dansl’espace
du laboratoire(3).
Nous allons maintenant montrer que
l’équivalence
forte n’estcompatible
avec la structure riemannienne de
l’espace-temps
que de manièreapprochée.
3. Structure riemannienne et validité locale de la Relativité restreinte. - L’introduction d’une structure riemannienne pour décrire
l’espace-temps
enlève irrévocablement toutesignification
immédiate auxcoordonnées;
cettesignification
estacquise grâce
à lamétrique supposée régulière
et detype hyperbolique
normalqui,
dans unsystème
de coor-données locales XX
(ce
=0, 1, 2, 3),
s’écrit :Le fait que les coordonnées
n’ont,
dans le cadre d’une variété non eucli-dienne, qu’une signification purement topologique
nous semble être l’es-sence du
postulat
de covariancegénérale
dont Einstein lui-même n’a pasmanqué
desouligner
l’insumsance pour fondermathématiquement
laRelativité
générale (4).
Pour
préciser
dansquelle
mesure, lespostulats
de la Relativité restreintepeuvent
êtresupposés
vérifiéslocalement,
considérons unereprésentation
du second ordre
(5) (6)
duvoisinage
d’unpoint
M decoordonnées
appartenant
à la variétéespace-temps V4
sur un espace de MinkowskiE4;
si mo est
l’image
deMo, l’image
m de tout autrepoint
M de coordonnées XXpeut
être défini par :(3)
C. BRANS et R. H. DicKE,Phys.
Rev., t.124,
1961, p. 925.(4)
A. EINSTEIN,Autobiographical
notes : dans A. EINSTEIN,Philosopher-Scientist,
Tudor, 1951.(~)
E. CARTAN, Géométrie des espaces de Riemann, Gauthier-Villars, Paris, 1951.(6)
A. LiCHNEROWlcz,Éléments
de calcul tensoriel, A. Colin.Paris,
1951.COMPLÉMENTS A L’INTERPRÉTATION PHYSIQUE DE LA RELATIVITÉ GÉNÉRALE 133
où c~3
est d’ordresupérieur
à deux en(~ 2014 ~)
et les ecx sont les vecteursde base d’un
repère
en mo vérifiant les relations :En introduisant dans
E~
des coordonnées XX telles que :(3.2)
s’écrit aussi :avec :
Ainsi à l’intervalle élémentaire de
V4 :
correspond
dansË4
l’intervalle élémentaire :et l’on a
évidemment,
demanière intrinsèque :
Les
métriques
riemannienne gaa et euclidienne gap sont ainsi osculatricesau
point Mo.
C’est cequi permet
d’identifier en cepoint l’espace
de Rie-mann
V 4
etl’espace
euclidien osculateurE 4
en vue d’introduire lesgrandeurs géométriques
deV4
àpartir
de celles deË4.
Cette identification n’est
cependant justifiée
que modulo des termes d’ordresupérieur
à deux en dxcx. Eneffet,
les intervalles élémentairesqui séparent
deux
points
XX et .x0152+ d.x0152
enprésence
et en l’absence duchamp
degravi-
tation sont tels que :
où
1>3
est d’ordre 3 au moins en ~. II est clair que, dans des domaines infinimentpetits, l’équivalence
de ces deux intervalles élémentaires n’est assurée que modulo~3,
ce que nous traduisons par :Or,
les dxxcorrespondant
à desgrandeurs physiques
effectivement mesu-rables ne
peuvent
être infinimentpetits
et il est naturel d’admettre que les deux éléments linéaires en unpoint
M cessent d’êtreégaux
pour devenirproportionnels :
le
rapport
deproportionnalité dépendant
évidemment duchamp
degravi-
tation
présente
en cepoint.
AM
semble indéterminé du faitqu’il puisse
exister une infinité demétriques
osculatrices au
point
M à lamétrique
riemannienne. Sans aborder ici le calculexplicite
deAM
en fonction des termes decourbure,
nous nous conten-terons de remarquer
qu’il
suffit pour assurer la validité de nos considérations que le choix de lamétrique
osculatrice demeure arbitraire dans lesappli- cations,
comme dans l’étude dudécalage
vers le rouge où lamétrique
oscu-latrice s’élimine du résultat final. Nous ne retenons d’ailleurs dans ce
qui suit,
que lasignification temporelle
deAM.
Signification
de~1~.
Pour déterminer lasignification
de effectuonsla réduction à la forme
canonique
de(3.8)
et(3.9) :
où les W a sont un
système
de formes de Pfaff linéairementindépendantes,
et :où les 03C903B1 sont des formes de Pfaff
complètement intégrables.
L’équation (3.15) signifie qu’au
mêmephénomène
élémentaire enM,
décrit par des coordonnéesdxx, correspondent
deslongueurs
et des duréesdifférentes suivant que l’on est en
présence
ou non d’unchamp
degravi- tation,
cesgrandeurs
étant évaluées dans les deux cas avec les mêmesétalons,
ceux du
système
d’inertie. Enparticulier,
auphénomène
élémentairequi
a lieu en un
point
fixe A d’une sectiond’espace
deV4,
c’est-à-dire tel quewÂ
= 0(ce qui
entraîne dxï = 0 etwÂ
=0) correspondent
la duréewp
en
présence
duchamp
degravitation
et la duréemi
en l’absence de ceCOMPLÉMENTS A L’INTERPRÉTATION PHYSIQUE DE LA RELAbVnÉ GÉNÉRALE 135
champ,
ces deux durées étant évaluées en unité de temps e dusystème
d’inertie et l’on a :
ce
qui
fournit :Soit la durée dans
V~
du mêmephénomène
évaluée nonplus
avec s,mais avec une
unité :
Celle-ci
pourrait
être l’unité detemps marquée
parl’horloge
standarddu
système d’inertie,
enprésence
duchamp
degravitation.
On a :ce
qui
entraîne :Ainsi,
la durée d’unphénomène
élémentaire enprésence
d’unchamp
de
gravitation,
évaluée avec unehorloge
soumise elle aussi au mêmechamp,
est
numériquement égale
à la duréemi
du mêmephénomène
mesurée avecla même
horloge, l’horloge
et lephénomène
étant dans ce dernier cas,soustraits à l’influence du
champ
degravitation.
D’autre
part,
les étalons delongueur
et de durée étant dans unsystème d’inertie,
liés par la vitesse de la lumière dans levide,
il convientd’admettre
que l’étalon delongueur
attaché à unpoint quelconque
A del’espace-temps
de la Relativité
générale
est lui aussiproportionnel
à l’étalon dusystème d’inertie,
lerapport
deproportionnalité étant,
comme dans le cas desdurées, AA.
On est donc ainsi conduit à admettre :
a)
ou bien que lesrègles
ethorloges
standard de la Relativitégénérale
sont telles
qu’en
toutpoint
del’espace-temps,
elles aient le même compor- tement que lesrègles
et leshorloges
dusystème
d’inertie. Sous ceshypo- thèses,
unphénomène
élémentaire a, enprésence
d’unchamp
degravita- tion,
unelongueur
et une durée différentes de cellesqu’il
aurait dans unsystème d’inertie;
b)
ou bien que lesrègles
et leshorloges
de la Relativitégénérale
sontles mêmes que celles de la Relativité
restreinte,
mais dont lecomportement
varie d’unpoint
à l’autre del’espace-temps
sous l’influence duchamp
degravitation.
Sous ceshypothèses,
unphénomène
élémentaire a les mêmeslongueurs
et durées parrapport
à unsystème
d’inertie et à unrepère
localde la Relativité
générale (utilisant
les étalonsmodifiés).
- Le
phénomène
élémentaire nepouvant,
en mêmetemps
que lesrègles
et les
horloges,
avoir uncomportement identique
parrapport
à unrepère
propre de la Relativité restreinte et à un
repère
local de la Relativitégénérale,
nous sommes conduits à exclure dans le cadre de la Relativité
générale, l’équivalence
fortequi postule
que la Relativité restreinte est en touterigueur,
valable localement.4.
Conséquences
concernant la définition desgrandeurs géo- métriques.
- Nous avonssignalé précédemment,
que l’identification locale del’espace
de Riemann et del’espace
euclidien osculateurpermettait
de définir les
grandeurs géométriques
attachées à unpoint
deV4
àpartir
des
grandeurs
euclidiennescorrespondantes.
Ainsi,
au vecteur ua =2014
del’espace
deMinkowski,
on fait corres-pondre
le vecteur u"-= -y-
del’espace
deRiemann,
ce que nous noterons :la loi de transformation de ua, lors d’un
changement
decoordonnées,
sedéduisant de celle de M".
Or,
à la lueur des considérationsprécédentes,
on a :en
désignant
par c et ~A les unités de temps propre dusystème
d’inertieet du
repère
local en A.Il s’ensuit que
(4.1)
se traduit par :tandis que l’on a en toute
rigueur :
COMPLÉMENTS A L’INTERPRÉTATION PHYSIQUE DE LA RELATWTÉ GÉNÉRALE 137
Nous sommes ainsi conduits à identifier localement
l’espace
euclidienosculateur et
l’espace
de Riemann muni non pas des étalons dusystème d’inertie,
mais des étalons modifiés par lechamp
degravitation
et cela enconservant au vecteur ua la même loi de transformation que
précédemment.
Nous avons d’autre
part :
de telle sorte que l’unitarité de 1P entraîne celle de
uÂ
si l’unité detemps
propre est celle de la Relativitérestreinte,
soit s =1,
celle de si cette unité est celle dupseudo-système d’inertie,
soit eA = 1.Ainsi,
à tout vecteur unitaire d défini en unpoint
A :correspond :
a)
levecteur 03BD03B1A
unitairelorsque
les étalons utilisés sont ceux dusystème d’inertie ;
b)
le vecteurv
unitairelorsque
les étalons sont ceux dupseudo-système
d’inertie.
L’extension de ces considérations à des tenseurs d’ordre
plus
élevé estimmédiate.
Considérons maintenant les vecteurs en
A,
rx et wa(par rapport
à un sys- tème de coordonnées localesxx)
déduits des vecteurs enB, u«’
et(par rapport
à un autresystème
de coordonnées localesxx’)
partransport paral-
lèle le
long
d’une courbe donnéejoignant
A etB,
afin depréciser
les consé-quences de notre
point
de vue sur letransport parallèle.
A ces vecteurscorrespondent
d’unepart r
etw
tels que :et d’autre
part uBB
etvBB
tels que :et l’on a bien évidemment :
si bien que
lorsque
les étalons en A et B sont tels que :Ce dernier résultat nous sera utile lors de l’étude du
décalage
vers le rouge pourdistinguer
l’effetgravitationnel proprement
dit de l’effetDoppler.
5.
Conséquences
sur lasynchronisation
deshorloges voisines.
- Les considérations
précédentes
concernant lesgrandeurs
attachéesà un
point
del’espace
de Riemann nous ont conduit àadopter
enchaque point
des étalons delongueur
et de durée différents de ceux dusystème d’inertie,
ceuxqui correspondent
auxrègles
ethorloges
standard du sys- tème d’inertie soumises à l’influence duchamp
degravitation. Que peut-on
dire des étalons liés à deuxpoints
infinimentvoisins,
enparticulier
de deuxhorloges
voisines ?Considérons à cet
effet,
deux événementsA(xcx)
etB(x~
+a)
Si ces deux événementscorrespondent
à l’émission d’unsignal lumi-
neux en A et
réception
du mêmesignal
en B dansl’espace-temps plat,
les
horloges identiques
en A etB,
c’est-à-dire cellesqui marquent
la même unité detemps,
sontsynchronisées lorsque l’horloge
en Amarquant X°, l’horloge
en B marque X° + 6)° avec :et les dxx
correspondant
à un parcours lumineux élémentaire :b)
Si aucontraire,
ces deux événementscorrespondent
à l’émission et à laréception
d’unsignal
lumineux nonplus
dansl’espace plat,
mais dansl’espace-temps
de la Relativitégénérale,
on sait que les dx« doivent vérifier :Les
horloges identiques
en A et B sont,d’après
cequi précède,
cellesqui
ont leurs unités de
temps
EA et ZB telles que :et elles
pourront
être considérées commesynchronisées si, l’horloge
en Amarquant l’horloge
en B marque(X°
+6)O)A;-l
où 6)0 est letemps
évalué en unité ~ que met la lumière àparcourir
la distance AB :Ainsi,
deuxhorloges synchronisées
au moyen d’unsignal
lumineuxdans
l’espace plat
cessent de l’être enprésence
d’unchamp d’accélérations,
COMPLÉMENTS A L’INTERPRÉTATION PHYSIQUE DE LA RELATIVITÉ GÉNÉRALE 139
ce
qui,
nous le verrons dans lasuite, explique
enparticulier
les résultatsd’expérience
effectuées à bord d’undisque
tournant.Nous remarquerons pour terminer que le
type d’horloge envisagé
iciest loin d’être un
concept théorique :
c’est enparticulier
le cas deshorloges atomiques (7).
6.
Équations
d’Einstein. -Rappelons,
avant d’aborderquelques-unes
des
applications
des considérationsprécédentes
que la Relativitégénérale
limite la
généralité
despotentiels
g cx[3 en lesastreignant
aux conditionssuivantes :
a)
Dans des domaines videsd’énergie (non gravitationnelle),
lamétrique
est
régulière
et satisfait auxéquations
d’Einstein du cas extérieur :b)
Dans des domaines limités par deshypersurfaces-frontières
S et ren-fermant une distribution
énergétique
décrite parToe3,
lamétrique régulière
satisfait aux
équations
d’Einstein du cas intérieur :c)
A la traversée deshypersurfaces S,
lespotentiels
et leurs dérivées pre- mières sont continus conformément aux conditions de raccordement de Schwarzschild.D’autre
part,
l’existence desquatre
identités :permet
le choix arbitraire des coordonnées et assure, en vertu de(6.2),
la déduction des
équations
du mouvement àpartir
deséquations
duchamp.
APPLICATIONS
7. Nous allons maintenant illustrer l’intérêt des
développements précédents
fondés sur
l’équivalence
faible en étudiant deuxproblèmes particuliers :
le
décalage
vers le rouge des raiesspectrales
et l’effetHarress-Sagnac.
8.
Décalage
vers le rouge des raiesspectrales (8).
- Cet effetréalise une vérification de l’influence d’un
champ
d’accélérations sur le0)
C. MILLER et K. DANSK, Vid. Selsk. Mat. Fys., t.30, 1955,
p. 10.(g)
Voir aussi : E.ScHRÖDINGER, Expanding
universes,Cambridge,
1956.comportement
deshorloges ;
il résulte de lacomparaison
en un mêmepoint
des
fréquences
de deux sourcesidentiques
situées en deuxpoints
distincts.Plus
précisément,
si vBH est lafréquence
en B(évaluée
en d’une source Ssituée en
B,
et "AA lafréquence
en A(évaluée
ene:;1)
d’une source S iden-tique
située enA,
ils’agit
de comparer parexemple
aupoint
A lafréquence
vBB telle
qu’elle
est perçue enA,
soit vBA, avec lafréquence
vAA.a)
Identité des sources. - Les considérationsprécédentes
conduisent à considérer commeidentiques
les sources en A et B si lapériode T~,,,
de lasource en A
(mesurée
enEA)
est la même que celleTBB
de la source en B(mesurée
enEs),
toutes les deux étant d’ailleurségales
à lapériode
T° desmêmes sources
placées
dans unsystème d’inertie :
ce
qui
.
entraîne :
Cette
hypothèse
est cellequi
estgénéralement adoptée,
d’une manièreplus
ou moinsexplicite,
par les différents auteurs.Toutefois,
enparlant
detemps
propre, sanspréciser
la nature del’horloge
standardutilisée,
certainsauteurs semblent sous-entendre cette autre définition de l’identité des sources
en A et B :
qui exprime
que lespériodes TÂ
etTB
des sources en A et B(évaluées
en unité sdu
système d’inertie)
sontégales.
Nous verrons que cette définition n’est pas satisfaisante.b)
Évaluation de lafréquence
vBA(9).
Pour évaluer lafréquence
deréception
vBA enA,
mesurée en&.;1, correspondant
à lafréquence
~émise en B et mesurée en
~-1B,
considérons leslignes
d’univers L et L’ res-pectivement tangentes
aux vitesses unitaires locales u03B1 =ds
etua
==-,2014
de l’observateur en A utilisant les coordonnées XX et de la source en B rap-
portée
à des coordonnéesxx’.
Imaginons
le2-espace
formé par lesgéodésiques isotropes r(u) qui appli- quent
L sur L’ et soient :i)
v unparamètre spécial
sur chacune de cesgéodésiques
tel que v = v,(’)
Leprincipe
de cette détermination est dû à J. L. SYNGE, loc. cit.COMPLÉMENTS A L’INTERPRÉTATION PHYSIQUE DE LA RELATIVITÉ GÉNÉRALE 141
sur L et v = V2 sur
L’,
cequi
estpossible puisque
ceparamètre
est déterminéà une transformation linéaire
près;
ü)
et u un secondparamètre
constant lelong
dechaque géodésique.
En
posant :
on a :
et : o
c’est-à-dire encore :
En
particulier,
si A~ et sont les vecteursisotropes tangents
en A et B~
~~
à la
géodésique
de référence et U~ =du ,
on a :ou encore :
D’autre
part,
enexprimant
que le nombre de fronts d’onde émis en Bpendant
letemps ds’BB
=(évalué
enEs)
est le même que celui reçuen A
pendant dspA
=(évalué
enê.A)’
cequi
est naturelpuisque
ds et ds’correspondent
à la même valeur dedu,
on a :Par suite :
ce
qui
devient :lorsque,
conformément aux considérationsdu § 4,
onexprime koe,
et Jcx’ en fonction des vecteurs
k, uBB
etk~
effectivement obtenusavec les
horloges
standard de la Relativité restreinte dont lecomportement
est modifié par le
champ
d’accélérations.c) Effet gravitationnel
eteffet Doppler.
- On tire facilement de(8.2)
et
(8 .12) :
Mais,
on sait par(4.12)
que :où w03B1 est le vecteur en A déduit de par
transport parallèle
lelong
dela
géodésique
deréférence,
les vecteurs et secorrespondant
naturel-lement au cours de ce
transport parallèle (rappelons
que(8.14)
suppose que les unités detemps
propre sont en A et Brespectivement
eA eteB).
On en déduit :
où toutes les
grandeurs
sont mesurées au mêmepoint
A avec des étalonscorrespondant
à ceux dusystème
d’inertie modifiés par lechamp
degravi-
tation.
Posons pour
simplifier :
ce
qui
est d’ailleurs conforme au fait que l’onpuisse
identifier localementl’espace
de Riemann muni des étalons locaux modifiés etl’espace
euclidienosculateur.
Soit lP la vitesse relative de l’observateur par
rapport
à la source; on a : 1avec :
Posons d’autre
part :
où :
La relation fondamentale devient alors :
COMPLÉMENTS A L’INTERPRÉTATION PHYSIQUE DE LA RELATIVITÉ GÉNÉRALE 143
Telle est la formule
générale
dudécalage
vers le rouge des raiesspectrales.
Il est facile de reconnaître que
i)
la formule(8.21)
donne l’effetgravitationnel classique lorsque
lasource et l’observateur sont au repos
relatif,
soit :On sait que dans le cadre d’un
espace-temps statique,
la formulethéorique (8.23)
estexpérimentalement
vérifiée :«)
dans le cas dusoleil, près
dudisque solaire,
la valeur observée dimi-nuant vers le centre ; .
~)
dans le cas du compagnon duSirius, l’accord
étant icibeaucoup plus
satisfaisant.
Ajoutons
que la vérificationexpérimentale
de(8.21) grâce
à lapossi-
bilité d’obtenir des raies de résonance fines offertes par l’effet Môssbauer semble virtuellement assurée.
ii)
la formule(8.21)
donne l’effetDoppler, lorsque
lechamp
degravi-
tation est
nul,
soit :les vitesses
qui
y interviennent s’identifiant naturellement avec les vitesses mesurées dans unsystème
d’inertie.En
particulier, lorsque
la source est au repos :on a :
en
posant :
où e mesure
l’angle
que fait la vitesse relative de la source et de l’obser- vateur avec la direction de l’observation.Ainsi, l’hypothèse
del’équivalence
faible etl’adoption
résultante d’étalonslocaux
(ceux
dusystème
d’inertie modifiés par lechamp
degravitation)
distincts d’un
point
à l’autre del’espace-temps
de la Relativitégénérale, permettent
de rendrecompte
dudécalage
vers le rouge des raiesspectrales
de manière
intrinsèque
et dedistinguer
dans l’effetglobal
l’effetgravita.
tionnel de l’effet
Doppler.
9. Effet
Harress-Sagnac (~).
- Les effets observés à l’aide d’undispositif
interférentiel solidaire(au
moins enpartie)
d’undisque
en com-parant
les résultats obtenuslorsque
ledisque
est au repos etlorsqu’il
esten
rotation,
illustrentégalement
lesdéveloppements précédents.
Nous supposerons à cet effet connu, l’élément linéaire du
disque
tournant :bien
qu’à
l’heure actuelle nous nedisposions
pas de solutionpleinement
satisfaisante du
problème.
i)
L’effetSagnac qui
supposel’expérience
effectuée dans l’air résulte de ce quel’horloge
en A attribue au parcours lumineux élémentaire deA(.x°~)
à
B(xx
+a)
la durée enprésence
duchamp
d’accélérations avec :b)
la duréelorsque
ledisque
est au repos :de telle sorte que sur tout
phénomène
vibratoire sepropageant
lelong
de AB(phénomène
dont lecomportement
estcomparable
à celui d’unehorloge),
la rotation introduit sur le parcours
AB,
un retardoptique :
En
particulier,
si les coordonnéesadoptées
sont telles que dansl’espace
de Minkowski
(correspondant
audisque
aurepos)
on ait :ce
qui,
bienentendu, n’apporte
aucune restrictionquant
à la forme des gapsur le
disque
enrotation,
ce retardoptique
devient :(1°)
S. KICHENASSAMY, Bol. Univ. Parana. Fis. Teor., t.1,
1961.COMPLÉMENTS A L’INTERPRÉTATION PHYSIQUE DE LA RELATIVITÉ GÉNÉRALE 145
L’intégration supposée permise
de ce retard sur un circuit fermépermet,
l’onsait,
de rendrecompte
de l’effetSagnac.
ü) Quant
à l’effetHarress-Pogany qui
supposel’expérience
effectuéedans un milieu
réfringent,
soninterprétation
se fait de la même manière queprécédemment. :
Bien que le retard
optique
sur un parcours AB ne soitplus
donné dansce cas, par
(9.6),
mais para
*
, ~ ~, , , ~ ,
où ga3 est la
métrique
associée à lamétrique
gaa à bord d’undisque
tournantet définit le conoïde
caractéristique
deséquations
de Maxwell-Einstein pour un milieuréfringent (il),
il est aisé de voir que(9. 7)
se réduit à(9.6)
par
rapport
à un observateur entraîné(u
= 1 et ui =0)
Ainsi,
dansl’hypothèse
où l’élément linéaire dudisque
tournant estconnu, les
expériences
effectuées à bord d’undisque
en rotation corroborent la cohérence de notrepoint
de vue.Ajoutons,
ainsi que nous l’avonssignalé ailleurs,
que l’identité des résultats obtenus dans le vide et enprésence
d’un milieu
réfringent
constitue une vérificationexpérimentale
de laboratoire de la Relativitégénérale.
10. Les considérations
précédentes
semblent doncindiquer
que seulel’équivalence
faible entrechamp
d’inertie etchamp
degravitation
estsatisfaisante tant du
point
de vuethéorique
que dupoint
de vueexpéri-
mental et que, par suite on ne
peut
assimiler des domaines infinimentpetits
d’unsystème
de référence de la Relativitégénérale qu’à
despseudo- systèmes
d’inertie.Nous avons examiné
ici,
certaines desconséquences
de cepoint
de vuesur la chronométrie et nous
espérons
revenir ultérieurement sur l’étude de la mesure des distances.(Manuscrit
reçu le 1 er octobre1963) . (il)
PHAM MAU QUAN, Arch. Rat. Mech. A., t.1, 1957,
p. 54.ANN. INST. POINCARÉ, A-1-2 10