A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
J. D AUXOIS
A. P OUSSE
Une extension de l’analyse canonique.
Quelques applications
Annales de l’I. H. P., section B, tome 11, n
o4 (1975), p. 355-379
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPB_1975__11_4_355_0>
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Une extension de l’analyse canonique.
Quelques applications
J. DAUXOIS et A. POUSSE Laboratoire de Statistique.
Université Paul Sabatier 31077 Toulouse-Cedex Ann. Inst. Henri Poincaré,
Vol. XI, n° 4, 1975, p. 355 -379.
Section B : Calcul des Probabilités et Statistique.
RÉSUMÉ. - On propose une définition et une formalisation aussi
géné-
rales que
possible
de la notiond’analyse canonique
de deux sous-espaces fermés d’un espace de Hilbert réelséparable.
Laprésentation adoptée
permet d’en assurer
toujours
l’existence ; elle est fondée surl’analyse spectrale
d’unopérateur autoadjoint,
et lareprésentation qui
lui est associéede
l’espace
par uneintégrale
hilbertienne. Diversesapplications
à la Sta-tistique (plus particulièrement
àl’analyse
desdonnées)
et au Calcul desProbabilités se trouvent ainsi soit
définies,
soit resituées dans un cadreunique.
La notion
classique d’analyse canonique
de deux variables aléatoires multidimensionnelles réelles- analyse
que l’on peutqualifier
de «linéaire »,
en un sens
qui
seraprécisé
dans leparagraphe
2 - a été introduite parHotelling
en utilisant une méthode itérative. Elle a étéreprise,
dans le casde variables
statistiques,
enanalyse
desdonnées,
et a trouvé là unchamp d’applications
fort intéressantes.Une extension naturelle de cette
analyse
conduit à se débarrasser de la contrainte de linéarité : il est tentant, dans unepremière approche,
des’inspirer
de la méthode « pas à pas » deHotelling. Toutefois,
on est conduit immédiatement à remarquer que la notionintrinsèque
est celle detribu,
et non celle de
variable,
et on est parailleurs,
dès lespremières étapes
de laméthode,
confronté à unproblème
d’existence. D’autre part, même siAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section B - Vol. XI, n° 4 - 1975.
355
356 J. DAUXOIS ET A. POUSSE
cette démarche peut
paraître plus
«parlante »
austatisticien,
elle n’est pas totalement satisfaisante dans la mesure où une résolutionglobale paraît préférable.
Une doublequestion
se pose donc : est-ilpossible
de donner unedéfinition suffisamment
générale
assuranttoujours
l’existence d’une ana-lyse canonique
« non-linéaire », et permettant deplus
une solutionglobale ?
Diverses
approches
ont été tentées : dans[6.1
ou6.2],
nous avonsproposé
une
analyse canonique
de deux tribus conduisant naturellement à uneanalyse
non-linéaire de deux variables aléatoiresquelconques ;
d’autresconséquences indiquées
ci-dessous y sontdéjà signalées ; puis
dans[ Il. 2),
M. Masson propose, sous des
hypothèses classiques
en assurantl’existence,
une
analyse canonique
non-linéaire de deux v. a. multidimensionnellesréelles ;
enfin sous unehypothèse
du même type, G.Saporta ([18]) présente
brièvement en un
langage proche
de[6.2], l’analyse canonique
non-linéaire de deux v. a. r. Aucune de ces troisprésentations
nerépond
à toutes lesconditions
indiquées
ci-dessus. Dans cetarticle,
nousprésentons
unenouvelle tentative
qui
nous semble réunir les conditions souhaitées. Deplus,
contrairement à laprésentation
de M.Masson,
elle permet de traitersimultanément,
et non comme deux typesd’analyses
trèsdifférents,
le cas linéaire et le cas non linéaire.L’analyse
descorrespondances ( [4] )
s’estdéveloppée
enanalyse
desdonnées sans vraiment user du
langage
desprobabilités.
La reformulationavec ce
langage ([6.2]),
estexposée rapidement
auparagraphe
2 dans lecadre
proposé ici ;
elle permet de montrer quel’analyse
des correspon- dances peut être considérée soit comme uneanalyse canonique
detribus,
soit comme uneanalyse canonique
linéaire de v. a. r. convenables. Bien entendu cette nouvelleprésentation
nesupplante
en rien celle obtenue aumoyen du
langage classique
del’analyse
desdonnées, mais
elle permetd’apporter
descompléments
intéressants. C’est ainsiqu’une généralisa-
tion directe du type «
analyse
descorrespondances
continues », intro-duite par
[13], apparaît
commesuperflue :
une telleanalyse
n’est en effetqu’une analyse canonique
non-linéaire sous unehypothèse classique depuis
Lancaster.Enfin,
étant donné uneprobabilité
sur un espaceproduit,
lesproba-
bilités
marginales
sont connues. Leproblème classique
inverse de l’étude de l’ensemble desprobabilités
de marges données n’est pas totalement résolu.[20]
montre des liens intéressants entre ceproblème
et celui del’analyse canonique
non-linéaire. Laquestion
estreprise
brièvementici,
et on la rattache à la notion
d’analyse canonique
detribus,
cequi
permet alors unesimplification
notable de laprésentation
des résultats de[20].
On
donne,
à la fin de cettepartie,
unexemple original d’analyse
cano-Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
UNE EXTENSION DE L’ANALYSE CANONIQUE 357
nique
non linéaire(complétant celui, classique,
du casgaussien repris
dans
[6.2]).
Il faut remarquerqu’il s’agit
d’uneanalyse
« non compacte », mais « de type dénombrable »,qui
se traite aisément àpartir
des notions introduitesici,
alorsqu’elle
n’est pas mêmeenvisageable
dans le cadreproposé
en[11.2].
On notera
qu’aucune
mention n’est faite de la notiond’analyse
en composantesprincipales,
alorsqu’il
est clair que certains des résultatsindiqués
relèventimplicitement
de cette notion. Ils’agit
là d’un choix délibéré motivé enparticulier
par le fait que la resituation des notionsd’analyse canonique
etd’analyse
en composantesprincipales
faitl’objet
d’un
développement séparé (cf. [6.4]
et[6.5]).
Par
ailleurs,
laprésentation adoptée
icici
conduit à unegénéralisation
de
l’analyse canonique
au cas d’un nombrefini, quelconque,
de sous-espaces fermé d’un espace de
Hilbert,
et à l’étude de sesapplications
statis-tiques (cf. [6.6]).
1. ANALYSE
CANONIQUE
DE DEUX SOUS-ESPACES
FERMÉS
D’UN ESPACE DE HILBERT 1.1. Le cas
général
Soit H un espace de Hilbert réel
séparable.
Onnote ( . , , ) (resp. [ [..[ [ )
son
produit
scalaire(resp.
la normeassociée). H~ (i
= 1,2) désigne
unsous-espace fermé de
H, Pi (i
=1, 2)
est leprojecteur orthogonal
de Hsur
Hi,
et 1 est l’identité sur H.On se propose de montrer
qu’il
estpossible
dereprésenter t~
1 etH2
par des
intégrales
hilbertiennes relativement à la même mesure(ou
- cequi
revient au même à des mesureséquivalentes).
Soit A
l’opérateur
hermitienpositif
borné de H dans lui-même définiDar : _ - _ ~
.
Pour i = 1, 2, la restriction de A à
H~, V~
=AIHi
est unopérateur
hermi-tien
positif
borné deHi
dans lui-même. On a d’ailleurs :L’analyse spectrale
de A permet d’obtenir :- d’une part une «
décomposition »
de A au moyen de sa fonctionspectrale P(~,),
que l’on peut noter A =JA ~P(~), où A est le spectre de A,
- d’autre part, une
représentation isométrique
de H par une «intégrale
Vol. XI, n° 4 - 1975.
358 J. DAUXOIS ET A. POUSSE
hilbertienne »
(cf. [14 . 2] ),
ou « somme directe continue »(cf. [9]),
relative-ment à une mesure
positive ,u
sur(R, G8~), d’espaces
de HilbertH(x) :
(cf.
parexemple [8], [12] ;
on pourra trouver enparticulier
un résumé decette
question
dans[9]).
A
l’opérateur
Acorrespond
alorsl’opérateur
demultiplication
par xdans ~ :
f - ~
é /Par cette
isométrie,
le sous-espaceHi (i
= 1,2)
de H est transforméen un sous-espace
~~
de et àVi
est alors associél’opérateur
de multi-plication
par x dans~t.
Il est
toujours possible,
en considérant la restriction de la mesure à la fermeturede { x e R ; H(x) ~= { 0 ~ ~
d’obtenir unereprésentation
isomé-trique
de H parJf,
de sorte que le spectre de A soit le supportde (cf. [8] ).
On en déduit la
représentation
deHi (i
=1, 2) :
où
Xi == { x e R ; H~(x) ~ ~ 0 ~ ~
est le spectre deVi.
Soit A =
]a, b[
ne contenant pas zéro et inclus dans Pour tout xde
A, H 1 (x) _ ~ 0 } .
Donc 0. Mais B =Pi
1 +P2 -
1 etA =
(Pi
1 +P2 - 1)2
commutent. Donc(cf. [12]),
commute avec B :d’où
° +
?2 -
=(Pi
+?2 - 1) 0
= 0donc o
V2 = 0,
cequi implique
= 0. A est donc contenu dansd’où par
symétrie :
On peut alors
représenter isométriquement H~
parl’intégrale
hilber-tienne
~x Hi(x)dv(x), où v est la restriction de ,u à X. D’où la
DÉFINITION 1 . On
appelle analyse canonique
deH1
etH2
toutquadruplet (X, v, ~ H1(x) H2(x)
ainsi obtenu.On peut remarquer que X est contenu dans
[0, 1].
Lareprésentation
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
359
UNE EXTENSION DE L’ANALYSE CANONIQUE
de H par Jf n’étant pas
unique,
letriplet (v, { H 1 (x) { H2(x)
e
n’est pas
unique.
Toutefois lareprésentation
deHi
parest
unique
à une isométrieprès.
x12.
Analyse canonique
detype
dénombrable1.2.1. GÉNÉRALITÉS. -
L’opérateur
U =Pi
oP2
de H dans lui-mêmeest un
opérateur
bornéd’adjoint
U* =P 2 0 Pl.
P1|H2
est unopérateur
borné deH2
dansH 1.
Sonadjoint
estl’opéra-
teur et on a
Vl - (P1 (H2)
o(P2~H1)
etV2 - (P2~H1)
o(P1 ~H2).
B =
Pi
1 +P2 -
1 est unopérateur
hermitien de2(H) ;
sa restriction B’à
Hi
1 +H2
est unopérateur
hermitien de 1+ H2) (si t E H
1 +H2, +H2).
On a immédiatement les relations suivantes :
Dans ce
qui
suitimmédiatement,
on donnequelques propriétés
élémen-taires concernant les valeurs propres des
opérateurs Vi, V2
et B’.Aupara-
vant on peut remarquer que les valeurs propres non nulles de U
(resp. U*)
sont exactement celles de
Vi (resp. V2) ;
que deplus
la valeur 1 n’est unevaleur propre que si
H
nH2 ~ { 0 ~ ,
et alors tout vecteur propre associé à 1appartient
àt~
nH2.
Enfin le spectre de B’ est contenu dans[20141,1] ]
1).
LEMME 1. -
ce
qui entraîne : ~
eH 1
nH2 = (Hi
1 +H2)1.
COROLLAIRE.
- - 1 )
n’est pas valeur propre de B’.Vol. XI, n° 4 - 1975.
360 J. DAUXOIS ET A. POUSSE
En effet
entraîne : 03C6 ~ Ker (P
1 +P2),
d’oùLEMME 2. Si
f ’
est un vecteur propre normé deVl
associé à la valeur propre~, ~ ~ 0),
alors g =P2 ~f ’
est un vecteur propre normé deV2
associéà la valeur propre ~,.
~ ~ P2 (
De
plus ~ ~, g i = ~~ P2 f ~ _ ~g
et~ f:
En
effet, l’hypothèse
~, # 0 entraîneP2 f’ ~ 0,
et le vecteur normé gvérifie
V - P
oP _ P2(03BBf)
-
Àg.
Par ailleurs :
Î Î 1 ~P2f Î Î Î Î P2(03BBf) ~P2f~ Î Î
,
D’où ~,
_ ~ ~
et parsuite, (
=~, P2 f ~ _ fig,
etDe
plus,
on peut noter que, sif
etJ~
sont deux vecteurs propres normés(resp.
normés etorthogonaux)
deVl
associés aux valeurs propres non nulles~.t
et~,~
distinctes(resp. égales; ~,~
est alors demultiplicité supérieure
à
1
en p osant gi -1
et g J -
P2i’, ),
on a leLa nullité des deux
premiers produits
scalaires est évidente siÀ;
estdifférent de
~,~ .
Par
ailleurs ~
LEMME 4.
a)
Si t est un vecteur propre de B’ associé à la valeur propreAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
361
UNE EXTENSION DE L’ANALYSE CANONIQUE
non nulle
A,
alorsPtt
est un vecteur propre deVi (i
=1, 2)
associé à la valeur propre ~.2.b)
SiJ~
est un vecteur propre normé deV1
associé à la valeur propre ~.non nulle, alors
(avec
les notations du lemme1) f
+ Eg est un vecteur propre de B’ associé à la valeur propre(E
EE - 1) ou g = .
En effet
a)
Soit t un vecteur propre(donc
nonnul)
de B’ associé à la valeur propre non nulle 03BB. De B’t =Àt,
on déduit immédiatement :P 1 03BFP2t
=et d’où et
~,2P2t,
cequi
fournit le résultat car
P
t etP2t
ne peuvent être nuls(la nullité,
parexemple,
de
Pif entraînerait P2t
=(~,
+l)t, donc, puisque ~,
#0, .e~
= - 1 etP2t
= 0 cequi
estimpossible d’après
le lemme1).
b)
+P2(/+ eg)
=(~
+s)~
d’où+
~g) =
+Eg).
1. 2 . 2 . DÉFINITION 2. - On dit que
l’analyse canonique
deH
1 etH2
est de type dénombrable si le spectre de A’
( = AH1 +H2)
est dénombrable.LEMME 5. - Soit E un espace de Hilbert
réel,
F un sous-espacefermé
de E un
homéomorphisme
linéaireautoadjoint
de E sur E. Alors si1 = et si
Im Ci
ceF, Oi
1 est unhoméomorphisme
linéaire de F sur F.En
effet,
comme C estinjective,
KerCi = {0 }. Donc, puisque C
estautoadjoint,
F = ImCi.
Comme Im estl’image réciproque
de Fpar
~-1, continu,
elle est fermée. Il en résulte queCi
est unebijection
de Fsur
F,
etque 03A6-11
1 =(03A6- 1 )IF.
La linéarité et la bicontinuitéde 03A61
sont alors évidentes.On obtient ainsi une démonstration élémentaire du :
COROLLAIRE. - Le spectre de
Vl (resp. V2)
est contenu dans le spectre de A’.En
effet,
si ~, est une valeurrégulière
deA’, ~
= A’ - est unhoméomorphisme
linéaire de E =H~
1 +H2
sur lui-même. Le résultatprécédent
avec F =Hi
1 montre alors que(A’ -
= =Vl -
est un
homéomorphisme linéaire
deH~
1 surH
1(puisque
cet par suite À est une valeur
régulière
deVl,
d’où le résultat.Vol. XI, n° 4 - 1975.
362 J. DAUXOIS ET A. POUSSE
(On
peut retrouver ce corollaire en utilisant lareprésentation
isométri-que de
Hi
1 +H2
associée àl’analyse spectrale
deA.)
Si une
analyse
est de typedénombrable,
le spectre deVi (et
deV2)
estdénombrable. On sait alors
[8] qu’il
existe une base orthonormale(dénom- brable)
deHt formée
de vecteurs propres deVi. Soit ( ~n (K*
ceI~ *)
la suite des valeurs propres distinctes et non nulles de
Vi, B la
base ortho- normale de vecteurs propres deVi obtenue,
etB*
lesystème
orthonormal déduit ensupprimant
les vecteurs deBi
1 appartenant au noyau deVl .
Alors
l’image B2
deB*
parP2
est,après
normalisation de chacun des vecteurs, unsystème
orthonormal deH2. Désignant
parH? (n
E K* eti =
1, 2)
le sous-espace propre deH~
associé à~,n,
etH?
le noyau deV~,
on obtient la
décomposition
en somme directeorthogonale
deH~ :
Une
analyse canonique
deH
etH2
est donc :où
est la mesure de dénombrement de l’union du spectreponctuel
deVi
et de
{ 0 ~ ,
etH?
estOn peut remarquer que l’on a ici une véritable
décomposition
deHi,
et non une
représentation isométrique.
Résultant de ce
qui précède,
il existe unecorrespondance
«privilégiée »
notée ~2, entre la base orthonormale de
H~
extraite deB*
et celle deH~
extraite de
B2 (ceci
pourchaque n
deK*)
définie par :à
/ norme
deH"
on associeP,d
deHi puis
--.n - P2f Il
de
H" . Alors, si { À; (I*
cN *)
est la suitepleine
des valeurs propres deV l’
on peut indicer les éléments de
B*
et ceuxqui
leurcorrespondent
par ~2 :1
=1 i
et2 = ~
gi = . Si pourchaque
ie I*,
on posePi =
fi = ( fi, gi~,
on a alors «équivalence »
entre la donnée de A et celle dutriplet :
où
B? représente
une base du noyau deVi (i
= 1,2).
Ce
triplet
vérifie donc lespropriétés :
(i ) ~ , f ~ ~ ~EI* (resp. {
est une base orthonormale deH 1 Q
KerVl (resp. H2
e KerV2),
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
363
UNE EXTENSION DE L’ANALYSE CANONIQUE
(ii)
pourchaque
i EI*,
03C1igi et(iii)
pourchaque (i, j)
E(1*)2,
=(bij symbole
de Kro-necker).
DÉFINITION 3. - Un tel
triplet
est encoreappelé
uneanalyse canonique
de type dénombrable deH
1 etH2.
Si le sous-espace propre de
V1 correspondant
à la valeur propre 1(i.
e.H
nH2)
est de dimensioninfinie, l’analyse canonique
de type dénom- brable est dite «dégénérée » (un exemple
trivial est celui oùHi
est dedimension infinie et contenu dans
H2).
Si tous les sous-espaces propres de
Vi (ou V2)
associés aux valeurs propresnon nulles sont de dimension
finie,
on dit quel’analyse canonique
de type dénombrable est «régulière
».1.3.
Analyse canonique compacte
DÉFINITION 4. - On dit que
l’analyse canonique
deH1
etH2
est compacte sil’opérateur
A’ de 1 +H2)
est compact.Comme B’ est un
opérateur
hermitien de2(H1
+H2),
et que A’ = B’~il revient au même de supposer la
compacité
de B’. Uneanalyse canonique
compacte est, bienentendu,
uneanalyse
de type dénombrable etrégulière.
Son
importance
est liée à safréquente apparition
dans lesapplications.
PROPOSITION 1. - Les assertions suivantes sont
équivalentes:
(i) P1|H2 (resp.
est unopérateur
compact deH 1 ) (resp.
2(Hl, H2)).
(ii) V2
est unopérateur
compact de(iii)
U est unopérateur
compact de(iv) V
1 est unopérateur
compact de(v)
B’ e,st unopérateur
compact de 1 +H2).
De
plus
elles sont réalisées si A(ou B)
est compact dans(i )
~(ii ) :
lacompacité
de P 1|H2 estéquivalente
à celle de(P
=P2|H1,
et est
équivalente
à celle deV2 = (P2~H1)
o(ii)
=>(iii) :
U est unopérateur borné,
et U* o U =P2
oP1
oP2
=P2
est compact.
Par suite U est compact
([1]).
(iii)
=>(iv) :
en effet la restriction de U àH l,
soitVl,
est alors compacte.(iv)
==>(u) :
soit{ ~.i
la suitepleine
des valeurs propres non nulles deVi .
Ou bien elle estfinie,
ou bien elle admet 0 comme valeur d’adhérence.Vol. XI, n° 4 - 1975.
364 J. DA UXOIS ET A. POUSSE
D’après
le lemme4, {~03BBi }i~I*
fournit !es valeurs propres non nu!!es deB’ ;
si{ /, }~~
est unsystème
orthonormal de~
formé de vecteurspropres
/,
deV~ (~.
associé à~,)
et si{ g,},,,.
est lesystème
orthonormal deH~
déduit de{ /, }~.
par 7~, alors pourchaque
f deI*,
r, =~’
~ ~’est un vecteur propre norme associé à
!! ~
+ ~!!
Soit
/
appartenant àt~
i +H~
tel que, pourchaque
ï deI*, (
r,,/ )
= 0.Alors pour
chaque
f de1~ /., / )
=(~, / )
=0,
soit encore :Par suite
(resp. P2,1~) appartient
à KerVl (resp.
KerV2),
d’où :P2
° =Pi
1 °P2,f ~
= 0(lemme 1).
Il vientdonc,
en vertu deB 2f~- A’/ = P~
°Pi./
+Pi
°d~où :
H
1 +H2 n { Hi
1 +H2 }-" = { 0 ~ ,
et lacompacité
de B’( [21] ).
(v) =>
(i) :
en effetP1|H2
=BjH2.
Remarque
1. - Si B’ =(P
1 +P2 -
est compact alors (I -B’) (Hi
1 +H2)
est fermée dans( [1]).
Donc
(Pi
1 +(Ht
1 +H2)
est fermée dans(H~
1 +H2).
Comme le noyau de
(Pi
+est { 0 } (d’après
le lemme1), (Pl
estinjective,
et : Im(Pl
+ estégal
àH
1 +H2.
Comme Im
(Pi
1 + est contenu dansH
1 +H2, H
1 +H2
est fermédans H
(cela
constitue une condition nécessaire pourqu’une analyse
cano-nique
soitcompacte).
Remarque
2. Lacompacité
de A(ou
B - cequi
revient aumême )
entraîne bien sûr la
compacité
desopérateurs
de laproposition
1. Laréciproque
n’est pas vraie engénéral :
enparticulier
le sous-espace propre de Bcorrespondant
à la valeur - 1 est(H
i +H2)1, qui
n’est pas engénéral
de dimension finie.
Un
exemple simple d’analyse canonique
compacte est obtenue enconsidérant le cas où l’un des
H~
est de dimensionfinie, puisque P~,
donc U,est alors compact.
Conformément à ce
qui
a été vu au 1. 2, si A’ est compact, on peutadopter
la deuxième formulation pour une
analyse canonique.
Avec les notations de laproposition
1, uneanalyse canonique
deH
etH2
est :où
est une base deKer V1
(resp.Ker V2),
et pl =
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
UNE EXTENSION DE L’ANALYSE CANONIQUE 365
Il est clair
qu’une
telleanalyse
n’est pasunique.
Elle le devient cepen- dant siHt
nH2 - H 1
nH2 = { 0 },
et si lasuite {
Pi est strictement décroissante.Lors de l’étude d’une
analyse canonique
compacte deH
1 etH2,
onrangera
systématiquement
les valeurs propres par ordre décroissant.PROPOSITION 2. - Toute
analyse canonique
compacte( ~
p~1 .li { vérifie
lespro pniété.s :
(i ) exprime
queet
sont dessystèmes
orthonormaux de H 1et
H2 respectivement.
Lapremière partie
de(ii)
est vraiepuisque l’analyse canonique
est de type dénombrable. La suite de(ii)
vient de ce que : et(iii) Vi
étant compact, on a(par exemple [7])
~
Or,
pour1~ ~ .f~.f; i - ~ g~ g; i - 4
pourJ
f, ~ le maximum de.f~ g i
pour g =et vaut alors :
Il 2.1 ~ ~
i
On peut remarquer que
si, pour j
= l, 2, lesH~
sont les sous-espacesVol. XI, n° 4 - 1975.
366 J. DAUXOIS ET A. POUSSE
propres de
Vi
associéà ~,n (n
EK*), où { ~,n ~
est la suite strictement décrois-sante des valeurs propres de
Vi (et V2),
et siH°
est le noyau deV~,
alors ona comme
analyse canonique
au sens de la définition 1 :et
Présentée sous cette
forme,
on a bien sûr unicité del’analyse canonique.
Si, inversement, H
etH2
admettent uneanalyse canonique
de la forme :où la suite
{ ~.n ~
est strictementdécroissante,
finie ou admettant 0 commevaleur
d’adhérence,
mesure de dénombrement deA,
lesH 1
étant dedimension finie et deux à deux
orthogonaux,
telsque v1 = 03A303BB’nPHn1,
neK* et=
Hi (n E K*)
alorsl’analyse
est compacte(cf.
parexemple [12]).
Dans ce
qui précède, l’analyse canonique,
si elle est compacte, a été obtenue parl’analyse spectrale
deVl.
Il est clairqu’elle
s’obtient aussi àpartir
deV2.
Elle peutenfin, d’après
le lemme4,
être obtenue parl’analyse spectrale
de B’. D’où la :PROPOSITION 3.
- L’analyse canonique
de H 1 etH2,
si elle est compacte, s’obtient parl’analyse spectrale
de l’un desopérateurs
suivants:On peut
expliciter
le dernierpoint. Soit {
p~ la suitepleine
des valeurs propres strictementpositives
deB’, et { ti
une suite orthonormale devecteurs propres associés.
Donc ))
et parsuite,
comme +P2ti
=(1
1 +Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
367
UNE EXTENSION DE L’ANALYSE CANONIQUE
Il vient
également :
Par
ailleurs,
pour i# j :
d’où :De plus :
d’où :
et par
conséquent :
On retrouve donc :
et
PROPOSITION 4. - Si
H1
etH2
admettent uneanalyse canonique
compacte,et si
H i
etH’2
sont de,s sous-espacesfermés
deH
1 etH2 respectivement,
ilexiste une
analyse canonique
compacte deH i
etH2.
En
effet, U=P1oP2
est alors compact, doncest compact, d’où le résultat.
On dit
qu’une
suite de sous-espaces fermés de H converge versH’,
sous-espace fermé de
H,
si et seulement si la suite desprojecteurs orthogonaux
surH~
converge en norme versP’, projecteur orthogonal
sur H’
(cf. [17]).
’
PROPOSITION 5. - Si
pour j
= 1, 2 la suite de sous-espacesfermés
de H converge vers
H~,
et si, pour tout n,H1
etH2
admettent uneanalyse
canonique
compacte, alorsH
1 etH2
admettent uneanalyse canonique
compacte.
En
effet, Un
=P i
oP2
converge dans2(H)
vers U =P1 03BF P2.
Comme,
pour toutn,Un
est compact, U l’estégalement,
d’où le résultat.En
pratique,
on est souvent conduit à desanalyses canoniques
compactespossédant
despropriétés supplémentaires
sur les p;, valeurs propresposi-
tives de B’.
Vol. XI, n° 4 - 1975.
368 J. DAUXOIS ET A. POUSSE
DÉFINITION
5. On dit quel’analyse canonique
de H 1 etH2
est de type 1ou nucléaire
(resp.
de type 2 ou deHilbert-Schmidt ;
resp. de type3)
si B’ estun
opérateur
compact nucléaire(resp.
deHilbert-Schmidt ;
resp. tel queIl est clair que dire que
l’analyse canonique
est de type 2(resp.
de type3)
revient à dire que lesopérateurs Vl
etV2
sont nucléaires (resp. de Hilbert-Schmidt).
Remarque
3. Dans ces cas, on peut ramener leur étude àcelle, classique,
d’un noyau.
Si
H1
1(par exemple)
est un espaceJ1), où
esta-finie,
alorsl’analyse canonique
est detype j ( j
= 1,2, 3) si,
et seulementsi,
il existeKt
e A~ A,
@Jl)
tel que :En effet
Vl (donc V2)
est alors unopérateur
deHilbert-Schmidt,
et lerésultat découle de
[19].
Cettereprésentation
deVl
reste valable sit~
1 estisométrique
à un espaceL~(Q, J1).
On peut
expliciter K 1 (s,
t) àpartir
del’analyse canonique
de
(Hi, H2).
Ilvient, d’après [8] :
Remarque
4. Si H est(représenté isométriquement par) ,u), Hi
(i = 1,2)
étant(représenté par)
le sous-espaceJ1), où Bi
estune sous-tribu et si
l’analyse canonique
deH2)
est de type 1 ou2, l’opérateur
de Hilbert-SchmidtPi
1|H2 est(représenté par)
unopérateur intégral
de noyauR(s, t),
de carréintégrable
par rapport à J1([19]),
et tel que : -
Il vient alors :
et
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
369
UNE EXTENSION DE L’ANALYSE CANONIQUE
2.
QUELQUES
APPLICATIONS A LASTATISTIQUE
ET AU CALCUL DES
PROBABILITÉS
..Si
P)
est un espaceprobabilisé, ~/, P) (ou L~) désigne l’espace
de Hilbertréel, supposé séparable,
des classesd’équivalence
defonctions réelles A-mesurables définies sur
(Q, A, P)
et de carré P-inté-grable.
Leproduit
scalaire est celui défini comme d’ordinaire par :Pour tout L~ et tout g
E L2 : ~ f, g ~ = fgdP.
On
note !! . !!
la norme associée. "Si ~‘ est une sous-tribu de
~/, L2(~) désigne
le sous-espace de L2 formé des(classes d’équivalence de)
v. a.ai-mesurables (où B
est la tribu P-com-plétée
de2.1.
Analyse canonique
linéaire2.1.1. CAS DE VARIABLES ALÉATOIRES.
Pour j
=1, 2, ~X~ _ (XJ, X~ ,
..., est défini sur(Q, d, P) ;
p~ appar- tient àN*,
etpour k
= 1, ..., p~,X~
est une v. a. r. deL2 ;
on noteFXj
lesous-espace vectoriel
engendré
parIn
Ce sous-espace est de dimensionfinie,
donc fermé dansL2,
et leprojecteur orthogonal
sur
Fxj
est compact.DÉFINITION 6. - On
appelle analyse canonique,
linéaire ducouple (X1, X2)
toute
analyse canonique
deFX1
etFX2.
Une telle
analyse, qui
est bien sur compacte, peut être obtenue par étudespectrale
de l’unquelconque
desopérateurs
définis en 1.3 etpossède
lespropriétés indiquées
dans laproposition
2. On obtient ainsi uneanalyse :
où I* peut être considéré comme une section commençante
[0, n]
de N*.Il est clair que po = 1 et que l’on peut choisir
fi
= go =1 n.
Pour i #0,
~~ et gi sont alors des v. a. centrées de
L2,
et p~ est le coefficient de corrélation linéairede fi et (resp. g;)
est une combinaison linéaire desXk1 (resp. Xl2)
(d’où
le nomd’analyse canonique
« linéaire»).
On obtient ainsi une nouvellesolution, globale,
duproblème
étudié parHotelling, exposé
parexemple
dans
[2], repris
enparticulier
- et résolu de manière encore différente - par[10].
Le
problème d’Hotelling
peut êtredécrit,
avec le vocabulaireadopté ici,
de la manière suivante : soitln, Si
1 =FX 1 Q
vect( f ~)
etVol. XI, n° 4 - 1975.
370 J. DAUXOIS ET A. POUSSE
Tl
=Fx2 ~vect (go).
On cherche(f1,
gl)~S
1 xTi, vérifiant ) )
= 1 , telque ( .f l,
soit maximum(autrement dit,
on cherche la combinaison linéaire centrée normée desX~
et la combinaison linéaire centrée normée desX~
de corrélationmaximale).
Dans une deuxièmeétape,
on cherchex
T2
- avecS2
=Fx1 ~vect(f0, f1), TZ
=Fx2 ~vect
- vérifiant )) = =
1 et rendantf 2, g2 ~
maximum. On itère ainsi leprocédé - toujours
sous contraintesd’orthogonalité
- aussi loin quepossible.
Ainsi décritel’analyse canonique
linéaire est une méthode« pas à pas ».
2.1.2. CAS DE VARIABLES STATISTIQUES.
On vérifie aisément que
l’analyse canonique
au sens del’analyse
desdonnées, exposée
parexemple
dans[5],
entre dans le cadreindiqué
ici. On peut la considérer comme casparticulier
de2.1.1, Q
étant alors un ensemblefini,
etL~(Q, P)
étant enconséquence
de dimension finie. Laprésen-
tation et le
langage
utilisés ici ontpermis
d’obtenir divers résultatscomplé-
mentaires concernant
l’analyse canonique
etl’analyse
en composantesprincipales ([15]).
Dans un autre domaine del’analyse
desdonnées,
ilsont pu servir à la mise au
point
detechniques originales ([3]).
2.2.
Analyse canonique
de deux tribusSoit, pour j
= 1,2,
une sous-tribucomplète
de si. est alorsun sous-espace fermé de
complète
au sens de[l4 .1 ] ).
DÉFINITION 7. - On
appelle analyse canonique
deB1
etB2,
touteanalyse canonique
des sous-espaces etL2(~2)
de L2.Si Ealj
désigne l’opérateur
«espérance
conditionnelle à », donc leprojecteur orthogonal
surL2(~~),
rechercher uneanalyse canonique
de~’1
et
~2
revient à faire l’étudespectrale
de Eall o(ou
encore EB203BFEB1/L2(B2)). Une telleanalyse
n’ad’intérêt,
au niveau desapplica-
tions
immédiates,
que si elle est de type dénombrable. Elle estdégénérée
si n
L2(~2) _
n812))
est de dimension infinie.Si
l’analyse
est compacte, elle peut donc être obtenue parl’analyse spectrale
de l’unquelconque
desopérateurs (ou
Eall o EB2 o et +
I)/L2(W )
+L2(B2)).
On obtient alors une
analyse
de la forme :où I* peut être considéré suivant les cas, soit comme une section commen-
çante
[0, n]
de soit comme N. On peut noter que l’on atoujours
po = 1Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B