Revue de la Pratique avancée - Vol. I - n° 1 - octobre-novembre-décembre 2020 13
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Julie Devictor*
* Infirmière en pratique avancée, doctorante, hôpital Beaujon, AP-HP Nord-université de Paris ; Inserm, UMR 1123, ECEVE, université de Paris.
Création et reconnaissance du Conseil national professionnel des IPA
L’arrêté du 20 mai 2020 modifiant l’arrêté du 20 août 2019 a acté la reconnaissance officielle du Conseil national professionnel des IPA (CNP IPA). Le CNP conclura dans les mois qui viennent une convention avec l’État. Il s’agit d’une structure fédérative, régie par une gouvernance scientifique et professionnelle, qui réunit des professionnels issus des différents organismes représentatifs de la pratique avancée. Ses membres sont l’Association nationale française des infirmiers en pratique avancée (ANFIPA), la Société fran- çaise de recherche des infirmiers en pratique avancée
(SoFRIPA) et l’Union nationale des infirmiers en pra- tique avancée (UNIPA). Le CNP IPA a pour missions de proposer un parcours pluriannuel de développement professionnel continu, de conseiller des professionnels experts dans les domaines scientifiques et opération- nels liés à l’organisation et à l’exercice de la pratique avancée, de contribuer à analyser et à accompagner l’évolution des métiers et des compétences des pro- fessionnels de la santé, de participer à la mise en place de registres épidémiologiques et de registres profes- sionnels d’observation des pratiques, et de désigner des représentants de la profession ou de la spécialité pour siéger dans les structures consultatives sur les demandes d’autorisations d’exercice ou de reconnais- sance des qualifications professionnelles.
Présentation des membres du CNP
• ANFIPA
“L’ANFIPA a été créée en novembre 2019 par les membres du groupement d’intérêt commun du réseau de la pratique avancée en soins infirmiers (GIC RéPASI) de l’Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et des étudiants (ANFIIDE), qui œuvrait depuis 2013 à la mise en place de la pratique avancée en France. Cette jeune association est constituée de différents collèges
© ARTENS
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• UNIPA
“L’UNIPA, syndicat professionnel des infirmiers en pratique avancée et infirmiers étudiants en pratique avancée, a été créé en février 2019 afin de répondre à plusieurs enjeux : être l’organe représentatif pour les négociations liées aux conditions d’exercice de la profession ; favoriser le déploiement de l’ensemble des missions attachées à la pratique avancée ; défendre un exercice de prise en soin en pratique avancée centré sur le patient dans tous les milieux de soins ; être force de proposition dans l’implantation de la pratique avancée infirmière ; maintenir un niveau de qualité dans l’exercice en pratique avancée et l’éthique professionnelle en intégrant les résultats de la recherche ; collaborer avec l’ensemble des professionnels de la santé pour favoriser l’implantation de la pratique avancée dans les équipes de soins pluriprofessionnelles. Depuis sa création, l’UNIPA a construit un réseau solide qui lui permet de proposer des modèles économiques et d’implantation aux décideurs des politiques de santé (ministère de la Santé, députés, sénateurs, etc.). L’UNIPA a intégré les groupes de travail pour la création de la mention “urgence”
et a apporté sa contribution au Ségur de la santé en soutenant notamment l’accès au premier recours pour la pratique avancée.
Le syndicat représente aujourd’hui 30 % des infirmiers engagés dans la pratique avancée.”
Tatiana Henriot, présidente de l’UNIPA
• SoFRIPA
“La SoFRIPA est une société savante dont les missions sont de produire, évaluer et diffuser des savoirs scientifiques de la discipline infirmière et interdisciplinaires. Au-delà de l’étroite collaboration avec toutes les organisations professionnelles représentatives de la pratique avancée infirmière, nationales et internationales, elle a vocation à coopérer avec les sociétés savantes des autres professions de la santé. Aussi, avec ses experts, elle contribue aux travaux menés par les instances nationales (ministère de la Santé, Haute Autorité de santé, Agence du numérique en santé, etc.). La SoFRIPA repose sur 4 piliers, qui sont garants de son fonctionnement : indépendance, science, déontologie et éthique. Elle est composée d’un conseil scientifique et d’un comité éthique et déontologique (indépen- dants et souverains sur tous les aspects). Les infirmiers ou infirmiers étudiants en pratique avancée peuvent y adhérer pour soutenir et participer aux missions de recherche et de promotion de la discipline. Ils peuvent également candidater dans les instances de la société savante en adressant une lettre de motivation et un curriculum vitae.”
Sébastien Chapdaniel, président de la SoFRIPA représentant chaque mention (pathologies chroniques stabilisées, prévention et polypathologies courantes en soins primaires, oncologie/hémato-oncologie, psychiatrie-santé mentale, maladie rénale chronique, dialyse, transplantation rénale) ainsi que d’un collège universitaire regroupant les étudiants et IPA afin de fédérer les infirmiers étudiants en pratique avancée (IEPA) et de favoriser des partenariats avec les universités.
L’ANFIPA a pour but de promouvoir le développement de la pratique avancée en France et dans le monde et d’y contribuer, de participer au développement des compétences professionnelles des IPA, à la production et à la diffusion de savoirs en pratique avancée ou autres disciplines connexes en rapport avec l’activité de la spécialité, mais aussi de collaborer avec les associations de patients, de patients experts et d’aidants. Elle organise pour la 4
eannée consécutive la Journée nationale de l’infirmière en pratique avancée (JNIPA 4), qui se tiendra le 13 novembre prochain.”
Sophie Chrétien, présidente de l’ANFIPA
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Ségur de la santé : ce qu’il faut retenir Carrières, métiers et rémunération
Les accords du Ségur de la santé prévoient une augmentation de 183 € nets par mois pour tous les professionnels non médicaux au sein des éta- blissements de santé et EHPAD publics et privés non lucratifs :
■ 90 € au 1
erseptembre 2020, versement à titre rétroactif sur la paie de janvier 2021 ;
■ 93 € au 1
ermars 2021.
La grille de rémunération des corps infirmiers sera éga- lement revalorisée, avec une augmentation de 35 € nets par mois supplémentaires en moyenne (cf. Ségur de la santé – Synthèse des accords carrières, métiers et rémunérations, juillet 2020
1).
L’UNIPA regrette que cette augmentation salariale ne soit pas à la hauteur des enjeux du déploiement de la pratique avancée. La grille indiciaire parue en mars 2020 fixe un niveau de rémunération bien en deçà des attentes légitimes des IPA (voir l’article de J. Devictor et P. Meury-Abraham, p. 16). Une hausse significative de la grille indiciaire est indispensable pour rendre le métier d’IPA attractif en valorisant les 2 années de formation universitaire et les responsa- bilités supplémentaires des IPA.
Conclusions du Ségur de la santé
Le CNP IPA ainsi que ses membres (l’ANFIPA, la SoFRIPA et l’UNIPA) ont contribué par leurs propositions au Ségur de la santé. Les représentants des IPA saluent la mesure 6 des conclusions du Ségur, qui vise à accé- lérer le déploiement des IPA. Cette mesure prévoit le renforcement du rôle de premier recours des infirmiers en pratique avancée, en permettant aux patients de les consulter directement et en élargis- sant leur périmètre d’action. Elle prévoit également la simplification de l’accès à la formation et au métier d’infirmier de pratique avancée et l’augmentation du nombre de places de formation, avec pour objectif 3 000 infirmiers de pratique avancée en 2022, puis 5 000 en 2024.
Cet automne, les acteurs concernés par la pratique avancée devraient être sollicités pour réfléchir de concert sur le contenu et l’attractivité des parcours de formation de l’IPA ainsi que sur l’extension de leur champ de compétences (cf. Ségur de la santé – Les conclusions, dossier de presse, juillet 2020
2).
Les conclusions du Ségur de la santé prévoient éga- lement le lancement d’une mission de réflexion, associant les ordres professionnels, en concertation avec l’ensemble des acteurs, sur la création d’une nouvelle profession médicale intermédiaire, en milieu hospitalier. Les représentants des IPA souhaitent être associés à ces réflexions afin d’identifier des besoins de santé qui ne seraient pas satisfaits par la mise en place et le déploiement de la pratique avancée en France.
Création de nouvelles mentions en pratique avancée
Les discussions entamées fin 2019 autour de la création d’une mention “IPA urgences” ont été suspendues à la suite de la crise sanitaire. Elles reprendront fin 2020.
L’offre de formation “IPA urgences” qui devait être proposée dès la rentrée universitaire 2020-2021 est reportée de 1 an.
D’autres mentions pourraient également être créées et sont en cours d’étude, telles que l’“IPA gérontologie”
ou l’“IPA pédiatrie”.
Afin d’éviter une multiplication des domaines d’inter- vention qui pourrait cloisonner les parcours de santé des patients, l’approche populationnelle doit être pri- vilégiée pour concevoir de nouvelles mentions. Les représentants des IPA participeront activement aux
discussions. ■
J. Devictor déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.