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Médecine personnalisée : n'oublions pas les spécificités liées au sexe !

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Academic year: 2022

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Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XX - n° 9 - novembre 2016 248

É d i t o r i a l

Médecine personnalisée : n’oublions pas les spécificités liées au sexe !

Personalized medicine: sex specificities must be considered

Pr Pierre Gourdy*

* Service de diabétologie, maladies métaboliques et nutrition, institut CARDIOMET, CHU de Toulouse ; INSERM UMR 1048, institut des maladies métaboliques et cardio­

vasculaires, Toulouse.

D ans une période où la défense de la parité, et plus généralement des droits des femmes, s’im- pose plus que jamais comme un enjeu sociétal de premier plan, il est un domaine, la médecine, où la prise en compte des spécificités liées au sexe ne devrait pas prêter à discussion. Ce constat sonne comme une évidence à l’heure où s’affiche dans tous les domaines, et en particulier dans celui de la diabétologie, le concept de médecine de précision qui promet à chacun et chacune des approches diagnostiques et des choix thérapeu- tiques individualisés.

Je ne surprendrai personne ici en affirmant que la réa- lité est encore très loin de cette vision idyllique d’une médecine moderne, y compris pour la prise en compte d’un paramètre décisionnel aussi évident que le sexe.

D’où le cri d’alarme lancé en juin 2016 par l’Académie nationale de médecine : “Médecine : les différences hommes-femmes sont négligées !” Une position lar- gement relayée et argumentée par Claudine Junien, professeur de génétique et membre de l’Académie nationale de médecine, dans de nombreux médias au cours des derniers mois, regrettant “qu’en France, si on se préoccupe beaucoup de parité concernant le genre, il est indispensable de mieux prendre conscience des spécificités liées au sexe biologique”. Nous devons effectivement admettre, mieux comprendre et intégrer dans nos pratiques médicales les différences liées au sexe sur les plans physio logique et physiopathologique, mais également vis-à-vis de la sémiologie, des réponses théra peutiques ou de la survenue d’effets indésirables.

Cette démarche est engagée depuis plusieurs années dans de nombreux pays (1, 2) et la France se doit, une fois de plus, de rattraper son retard dans ce domaine.

Cependant, les spécificités liées au sexe ne se limitent pas à l’exposition différentielle des hommes et des femmes aux hormones stéroïdes sexuelles, et cette question incontournable nécessite donc des approches scientifiques et médicales plus complexes pour amé-

liorer en particulier notre compréhension des dis- semblances génétiques, intégrant les différentes phases de régulation épigénétique (2). L’Académie nationale de médecine propose ainsi de réviser fondamentalement les principes établis de la recherche fondamentale et cli- nique pour faire la part des choses entre les différences biologiques liées au sexe et les contraintes sociales liées au genre. Un autre impératif est de concevoir toutes les études réalisées chez l’animal ou chez l’humain en incluant des sujets féminins et des sujets masculins, et interpréter leurs résultats en tenant compte du sexe.

Dernière recommandation et non des moindres, inté- grer à la formation des médecins ces questions de spé- cificités liées au sexe dans le but d’améliorer la prise en charge de nombreuses situations pathologiques.

Conscients des enjeux dans nos propres champs d’intérêt, nous vous proposons dans ce numéro des Correspondances en MHDN plusieurs illustrations des spécificités du diabète au féminin. Comme nous le ver- rons ensemble, les estrogènes exercent une influence majeure sur l’homéostasie énergétique et glucidique, aussi bien sur le plan clinique que sur le plan expérimen- tal, et les nouvelles données concernant les possibilités de modulation sélective de leurs récepteurs ouvrent des perspectives thérapeutiques enthousiasmantes. Sur un plan pratique, la survenue d’un diabète est susceptible d’interférer avec la prise en charge gynécologique de nos jeunes patientes. De la puberté jusqu’au choix du mode de contraception, la vision panoramique suggérée par Lise Duranteau vous apportera de nombreux éléments de réflexion pour votre pratique quotidienne. Enfin, Suzanne Laroche et ses collègues vous proposent une excellente mise au point sur les troubles sexuels chez la femme diabétique, beaucoup plus fréquents qu’on ne le pense et trop souvent négligés par le monde médical.

Je vous souhaite donc une excellente lecture et compte sur vous pour entrer dans la dynamique d’une médecine prenant enfin en compte les différences liées au sexe !

1. Canadian Institutes of Health Research (2015). Sex, gender and health research guide: a tool for CIHR appli- cants. http://www.cihr-irsc.

gc.ca/e/32019.html.

2. Morselli E, Frank AP, Santos RS et al. Sex and gender: criti- cal variables in pre-clinical and clinical medical research. Cell Metab 2016;24(2):203-9.

R é f é r e n c e s

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