• Aucun résultat trouvé

Conclusion – Académie nationale de médecine

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Conclusion – Académie nationale de médecine"

Copied!
2
0
0

Texte intégral

(1)

CONCLUSION

Claude JAFFIOL*

Quels messages essentiels retenir des trois présentations qui ont constitué le pro- gramme de cette séance dédiée ?

Le Professeur Jacques Bringer et le Docteur Florence Galtier ont voulu savoir si une perte pondérale était susceptible d’améliorer la morbidité et la mortalité cardiovascu- laires des diabétiques de type 2.

Ils ont fait une excellente revue de la littérature soulignant le caractère contradic- toire des réponses à cette question, tout au moins en ce qui concerne les interven- tions médicales. Effectivement, plusieurs publications vont dans le sens d’une amélioration, d’autres dans le sens opposé, l’une d’elles, PRO active, mettant même en évidence le bénéfice de l’obésité initiale sur le risque de mortalité. Une étude randomisée mais non en aveugle (Look AHEAD), ne confirme pas un effet signifi- catif de la perte de poids sur la survenue d’événements cardiovasculaires.

À l’opposé, la chirurgie bariatrique apporte un bénéfice sur le risque d’infarctus du myocarde.

On peut s’interroger sur les divergences entre ces études. La plupart s’expliquent probablement par l’hétérogénéité des populations, des durées d’observation diffé- rentes, les biais liés aux médications utilisées, tout cela rendant aléatoire une conclusion définitive.

Il convient de rappeler que de multiples publications et l’expérience quotidienne de nombreux cliniciens ont largement confirmé l’efficacité d’une perte de poids sur l’équilibre glycémique et la qualité de vie des diabétiques de type 2.

Toutefois, proposer une cure d’amaigrissement doit être murement réfléchi en fonction de l’âge et des co-morbidités associées. Une grande prudence doit prévaloir au cours du troisième âge, période au cours de laquelle se recrutent la majorité des diabétiques de type 2. Plusieurs travaux ont, en effet, montré qu’un simple surpoids ou une obésité modérée (IMC<35) étaient associés à une diminution du risque de mortalité chez le sujet âgé. Cette observation, à première vue paradoxale, peut s’expliquer par la coexistence d’un déficit de la masse musculaire, très fréquent au cours du vieillissement, à une inflation du tissu adipeux viscéral.

Bull. Acad. Natle Méd., 2015,199, no6, 849-850, séance du 23 juin 2015

849

(2)

Prescrire un régime de restriction calorique risque de décompenser cette obésité sarcopénique chez des personnes présentant une fragilité multi-viscérale.

L’opinion des gérontologues est de ne pas prescrire de cure amaigrissante en ces circonstances, point de vue que nous partageons.

Les Professeurs Michel Komadja et Alain Pavie arrivent aux mêmes conclusions concernant le choix des techniques de revascularisation coronaire;stents actifs dans les situations aiguës, pontage artériel dans les oblitérations multi tronculaires chroni- ques.

Cette excellente analyse conduit à poser quelques questions complémentaires concer- nant les cardiologues.

Peut-on prévoir le risque de mobilisation d’une plaque athéromateuse ? Qu’en est-il du rapport coût/ efficacité entre les stents et le pontage ?

Où en est l’expérience des stents biodégradables ? Ne font-ils pas courir un risque de récidive après leur disparition ?

D’autres interrogations concernent le suivi médical des patients.

Combien de temps doit-être poursuivie la médication anti plaquettaire ?

Compte-tenu de ce que l’on sait sur le risque vasculaire et thrombotique accru chez les diabétiques, ne doit-on pas la maintenir en permanence ?

Quel est le risque hémorragique ?

Comment doit être conduit le traitement antidiabétique ?

Il paraît essentiel de faire preuve d’une très grande prudence dans le choix des médicaments en raison des conséquences délétères des hypoglycémies sur le cœur.

Il convient de privilégier les inhibiteurs de la DPP4 et les agonistes du GLP1 dont l’efficacité est modulée par le niveau glycémique, en évitant les sulfamides et les glinides qui n’ont pas cet avantage.

Si le recours à l’insuline est nécessaire, les analogues lents et ceux de très courte durée d’action en pré-prandial seront préférés. Rappelons enfin l’importance d’une nor- malisation de la tension artérielle en évitant les beta bloquants susceptibles de masquer les symptômes d’hypoglycémie et les diurétiques en période caniculaire, facteurs de déshydratation dont les risques sont connus chez les personnes âgées fragiles.

Au total,cette séance dédiée a été riche d’enseignements en nous présentant l’actua- lité des problèmes concernant ce couple infernal, cœur et diabète. Toutes les ques- tions n’ont pu être abordées, entre autres certaines que j’évoque dans cette conclu- sion, mais peut être susciteront-elles de nouveaux débats.

Bull. Acad. Natle Méd., 2015,199, no6, 849-850, séance du 23 juin 2015

850

Références

Documents relatifs

et des consultations là où il faut avant tout que le médecin passe du TEMPS avec ses malades douloureux chroniques : une demi-heure, trois quart d’heure, une heure, ne sont pas de

Nous avons entendu d’excellents exposés portant sur la définition de ses toxi-infections, décrivant de façon détaillée leur épidémiologie en France, nous rappelant

Parmi les grandes étapes qui ont permis de faire un bond en avant dans la connais- sance des fonctions des plaquettes, il faut citer : i) l’individualisation et la description

Assurance maladie » de l’Académie qu’à côté de l’Agence européenne des médicaments 1 , soit créé d’une part une Commis- sion économique européenne des produits de

— Feuille d’anesthésie et compte-rendu opératoire de la première gre ff e hépatique mondiale (avec la permission de Thomas Starzl)... travers le huitième espace

Afin de cadrer les propos de ce jour sur la guérison d’une grande proportion des malades atteints de leucémie myéloïde chronique par un médicament qui cible le défaut

Dans un temps très restreint pour cette séance portant sur un sujet d’une préoccupante actualité, les aspects essentiels ont été abordés avec le souci d’être auprès des

La faune sauvage peut enfin avoir un rôle encore plus discret (tout en étant très e ff icace), remplaçant un animal domestique dans un cycle lorsque celui-ci vient à manquer :