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Filatures Vesdre Loïs Otero Rios Anciennes Filatures Vesdre Filatures Unwin, Vesdre Continental ID DMS 36269

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Filatures Vesdre

Loïs Otero Rios

Nom du bien Anciennes Filatures Vesdre

Autre(s) nom(s) Filatures Unwin, Vesdre Continental

ID DMS 36269

Commune Anderlecht

Adresse(s) Rue des Goujons 152-154, rue de la Petite-Île 1A Parcelle(s) cadastrale(s) C 278 g6

Architecte(s) J. Rosschaert, Marcel Viehoff, D. Babelaine

Typologie(s) Filature

Localisation

Source : Brugis Orthophotoplan, 2021.

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Source : Brugis orthophotoplan, 2021.

Aperçu historique avant implantation

Dans les premières années du XVIIIème siècle, les terres entourant la Senne dans cet espace du sud de Bruxelles, le long de la future Chaussée de Mons, sont des dépendances de l’Abbaye de la Cambre. Sur un plan estimé des années 1717-1719, on y distingue la Senne, des terres agricoles et l’Hof ter Bist, grande ferme aux allures de château médiéval.

Sur la carte des environs de Bruxelles dressée par Ch. Vanderstraeten en 1843, il est encore très difficile de repérer les éléments actuels. Le « chemin du moulin » est alors l’épine dorsale du quartier. Le long de la Senne, de l’autre côté des futures filatures, on retrouve mention d’une

« fabrique de Mr Previnaire »1 relativement étendue, à laquelle on accède de la rue de Hal, future chaussée de Mons, par la rue de Prévinaire2. On retrouve les mêmes éléments sur le plan parcellaire

1 Eugène Prévinaire (1805-1877) fut un homme politique libéral, partisan du libre-échange. Il occupa le poste de gouverneur de la Banque Nationale durant les 7 dernières années de sa vie. Originaire d’une famille noble, il installera sa fabrique de coton en 1839 sur des terrains libres à proximité de la Senne. Notice biographique disponible sur : http://www.nbb.be/.

2 C. Vanderstraeten, Carte des environs de Bruxelles, 1843. KBR, A-2114993. Consulté sur Cartesius le 10-02-21.

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d’Anderlecht réalisé par P.C. Popp entre 1860 et 1880 (à l’exception du changement de nom du Chemin du Moulin, rebaptisé « Kleine Eiland Straat »)3.

Figure 1 : C. Vanderstraeten, Carte des environs de Bruxelles, 1843. KBR, A-2114993.

Le quartier est alors occupé par de grandes usines de coton et des imprimeries d’indienne (Rey, Van Hoegaarden, Eloy…). Celles-ci restent en place jusqu’à la deuxième moitié du XIXème siècle. Le déclin de ces fabriques, l’urbanisation croissante et la mise en service du chemin de fer de ceinture (ligne 28) en 1871 favorisent l’implantation d’un autre type d’industries textiles : les laineries.

Dans les années 1870, la rue de la Petite-Île prend le nom définitif de rue des Goujons. Son tracé rectiligne rejoint au nord la chaussée de Mons. On y retrouve à cette époque déjà une tisseranderie, une filature et d’autres fabriques. Le « côté sud », de l’autre côté du viaduc de la ligne 28, n’est pas encore urbanisé4.

3 P.C. Popp, Plan parcellaire de la commune d’Anderlecht : développement du village et des hameaux de Cureghem, de Vee Weide et het Eiland. 1860-1880. KBR, A-1954298. Consulté sur Cartesius le 10.02.21.

4 Bruxelles / [dressé par Ph. Vandermaelen] - 1868-1878. Feuille 4 de la Carte de Bruxelles et ses environs, KBR, A- 2119599. Consulté sur Cartesius le 10-02-21.

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Figure 2 : Bruxelles / [dressé par Ph. Vandermaelen] - 1868-1878.

C’est en 1885 qu’un tanneur, Monsieur Sablon5, et sa femme, Madame Sablon-Waltens6, achètent un terrain situé rue des Goujons, n°120, à côté du chemin de fer. Ils y font construire une fabrique de cuirs pour chapeaux7, bientôt suivie d’une maison d’habitation (augmentée d’un séchoir à peaux), séparée de la rue par un jardin de trente mètres8.

Vers 1893, une première fabrique de tissus s’installe sur le site, et remplace la tannerie. Alfred Barker-Hubin en est l’exploitant. Il fait ajouter en 1896 un magasin et un hangar à l’arrière de l’atelier, qui comporte à présent une connexion avec la maison d’habitation9. Toutefois, dès l’année suivante, sa présence sur les lieux prend fin brutalement, pour une raison inconnue.

En 1897, Monsieur Bervoets-Wielemans (Pierre-Henri, ou Léon) s’y installe à son tour et développe un lavoir de laines et une maison de literie (couvertures, couvre-lits, lits, sommiers etc.). Ses magasins, situés rue du Midi, derrière le Palais de la Bourse, sont reconnus et il participe à plusieurs expositions universelles (Grand prix de l’exposition Universelle de Bruxelles en 1910). Les liens entre les familles Bervoets et Wielemans sont nombreux et reposent tant sur les mariages que sur les affaires.

En 1898, Bervoets fait poser un toit sur la cour et ajoute au complexe un édifice pour abriter des chaudières10. C’est la seule transformation dont on retrouve une trace dans les archives des Travaux Publics. Le 5 février 1898, il obtient une autorisation de travaux11 pour construire la tranchée nécessaire à la réparation de la prise d’eau sur la Senne, nécessaire au développement de telles industries.

5 Déjà mentionné comme tanneur à Cureghem en 1880. L’Echo du Parlement, 09-07-1880, p.2.

6 Le 17/05/1862 : Sablon, tanneur à Anderlecht, épouse Waltens, rue du Midi. Journal de la Belgique : pièces officielles et nouvelles des armées, 18/05/1862, p.3.

7 Voir annonce dans Le Peuple, 01-08-1887, p.4.

8 Archives Communales d’Anderlecht (ACA), TP 3309.

9 ACA, TP 6831.

10 ACA, TP 7284 11 ACA, TP 7319

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Figure 3 : Ouvriers dans la salle des Machines de l’usine Bervoets – Wielemans , Delcampe.net.

Figure 4 : Lavoir de laines Bervoets – Wielemans, Delcampe.net.

Le 10 avril 1896, Frédéric Unwin, industriel domicilié place du Conseil à Cureghem, demande l’autorisation de construire une filature de plusieurs corps sur les terrains vides situés à côté du n°120 de la rue des Goujons12. En quelques mois, l’usine de laine peignée est bâtie sur une parcelle tout en longueur. Deux grands ateliers sont séparés par une cour, par laquelle on accède à la salle des machines, aux générateurs, à la cheminée et aux écuries. Le long du deuxième atelier en fond de

12 ACA, TP 7157, lettre de Frederic Unwin au Bourgmestre et échevins de la Commune d’Anderlecht, 10-04- 1896.

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parcelle se trouvent un magasin, une mégisserie et une teinturerie13. L’utilisation de nombreuses substances chimiques ne laisse aucun doute quant aux potentielles pollutions du sol.

Figure 5 : Plan du rez-de-chaussée de la première usine Unwin (1896-1897), ACA, TP 7157

Au même moment, une cité ouvrière voit le jour à proximité immédiate de l’usine Unwin : la cité des Courses (qui tient son nom du champ des courses, situé alors à l’arrière de tous ces édifices), construite sur la propriété d’un certain Ch. Michiels14. La situation va alors se figer jusqu’en 1912.

Figure 6 : Plan du cadastre (c. 1907). ACA, TP 7410.

Implantation initiale

D’une manière ou d’une autre, une partie du terrain devient la propriété de François Unwin, qui, avec l’aide de son frère Armand, prend la succession de son père dans l’affaire familiale. Les frères 13 ACA, TP 7157

14 ACA, TP 7810. La cité sera rebaptisée « Charles Michiels » plus tard. Elle fut déclarée insalubre et rasée dans les années 1950. Quelques années plus tard, des bureaux sont bâtis à cet emplacement. Ils seront à leur tour détruits dans les années 2010 pour faire place au projet Citygate II.

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Unwin bâtissent en deux temps une nouvelle usine monumentale, dont les plans sont signés J.

Rosschaert15. L’édifice principal est constitué à l’origine d’un rez-de-chaussée, dont la demande de permis de bâtir est perdue. Selon les sources du Fonds des bétons armés Hennebique16, cette première construction pourrait avoir eu lieu dès 1912. Cette construction à front de la rue des Goujons, située sur la parcelle adjacente, aurait pu cohabiter un temps avec l’usine Bervoets qui possédait toujours un accès le long du chemin de fer (celle-ci étant plutôt en fond de parcelle).

La filature de laine fonctionne grâce à de nombreuses machines actionnées par des dizaines d’ouvriers. En 1914, on en recense 190 pour mener à bien toutes les opérations nécessaires : cardage, peignage, tissage, teinture etc. Le travail est durement impacté par les hostilités et fonctionne au ralenti (en tout cas au début du conflit) même si l’usine n’a pas subi de dommages majeurs17.

En juillet 1919, une nouvelle demande de permis est introduite afin de bâtir 3 étages à l’édifice18. Ce sont ces modifications qui vont donner au bâtiment sa forme actuelle. La façade en briques de quatre niveaux et 26 travées (axes de fenêtres) est divisée par deux sur 13 segments scandés de pilastres à amortissement plat. Le soubassement en pierre bleue contient des éléments en similipierre (linteaux et harpes), sous toit plat.

Figure 7 : Demande de bâtir de Messieurs Unwin Frères au 152 de la rue des Goujons, ACA, TP 14875

Quelques mois plus tard, Unwin ajoute une annexe à sa filature : sur la droite, adossé au bâtiment principal, une construction en briques de deux étages sous toit plat comptant sept travées, la dernière étant une large travée d’entrée avec porte cochère, et une fenêtre sous arc à l’étage. Les six autres travées sont totalement aveugles, scandées d’arcs surbaissés au rez-de-chaussée et rehaussées de fenêtres à arc aveugles à l’étage, bordées de bandeaux en pierre blanche ou en 15 On sait peu de choses sur cet architecte flamand, auteur des plans d’une grande demeure de style éclectique à Opwijk en 1909 https://inventaris.onroerenderfgoed.be/erfgoedobjecten/212289. Il a également dessiné les plans pour la construction de plusieurs logements à la Rue Van Artvelde ( n° 92 à 98, 104 à 110 (1882) ainsi que les n° 122 à 148 en 1878 ; au Bd Adolphe Max (1884), n° 54-56 ; Bd Anspach (1878), n° 180-182. Ces maisons, construites sur une courte période temporelle, se caractérisent par le recours au style néo-classique. Pierre Mardaga, Bouwen door de eeuwen heen in Brussel, 1A, Bruxelles, 1989, pp.18, 67, 102-104.

16 Fonds Bétons armés Hennebique (BAH). Subdiv. 47: Belgique — de 1910 à 1919. Objet BAH-24-1912-09698.

Filature de laines Unwin Frères, Anderlecht (Belgique). 1912

17 ACA, n°335. Nombre d’ouvriers employés dans les usines en 1914 et 1915. On recense 30 ouvriers en 1915.

18 Quelques années après la fin des hostilités, la firme Bervoets-Wielemans transfère son usine à la chaussée d’Anvers. Un certain Paul Dujardin reprend la maison de literie et maintient le nom de son fondateur.

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similipierre. On aperçoit sur la droite du plan le petit bâtiment annexe, dont on estime la construction à 191019.

Figure 8 : Demande à bâtir. Propriété de Messieurs Unwin Frères, ACA, TP 14876, 1919.

L’activité reprend de plus belle avec la construction de cette nouvelle fabrique et en 1923 la Société Anonyme Filatures Unwin Frères est constituée à Bruxelles et remplace la société en nom collectif F.

Unwin & Cie. Les frères Unwin possèdent alors, outre l’usine de Bruxelles, de multiples possessions à Amiens (France) : deux filatures, de multiples maisons ouvrières et le château de Guynemicourt, résidence d’été de François Unwin.20

L’extension du site se poursuit et un vaste entrepôt est construit à l’arrière de la filature principale de la rue des Goujons (1923). Ce grand hangar de stockage était constitué de colonnes en fonte, de deux lanterneaux et de poutres en ciment volcanique21. Derrière celui-ci, se trouvent des annexes dont on n’a pas su identifier la fonction.

L’entreprise entre en bourse quelques années plus tard et ne résiste pas à la crise économique qui frappe durement l’Europe à la fin des années 1920. Par jugement du 20 avril 1929, la filature « Unwin Frères » est déclarée en faillite22. Les frères Unwin poursuivront les affaires en prenant des parts dans d’autres compagnies tant en Belgique qu’en France23.

Le complexe Unwin est alors conséquent : de l’usine initiale, qui existe toujours, celui-ci s’est développé sur la parcelle adjacente et regroupe une nouvelle usine, des annexes et un entrepôt.

19 Urban Brussels, Inventaire du Patrimoine Architectural « Ancienne filature Le Vesdre ».

20 La Fonderie, Filatures Unwin Frères, part de fondateur, 1923.

21 ACA, TP 16871.

22 La Dernière Heure, 24 avril 1929, p.6.

23 François Unwin dirigeait de front depuis Bruxelles tout une série de filatures. Cela lui permettait de transférer des fonds et de falsifier les bilans de ses compagnies. Tenu pour responsable de faillite de la société « Schwartz & Cie », à Mulhouse, il est condamné le 11 mai 1934 à deux ans de prison avec sursis et 1000 francs d’amende. Cette affaire fait grand bruit et est largement relayée dans les journaux belges et français. La Nation Belge, 12 mai 1934, p.4 ; Le Populaire, 22 avril & 12 mai 1934 etc.

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Évolution

La Vesdre S.A. reprend les installations des frères Unwin en 1930 en portant son capital de 20 à 28 millions de francs par la création de 16.000 actions24. Grande société prospère active depuis 1880 à Verviers, elle déménage par la même occasion son siège central à la rue des Goujons.

Les ingénieurs de La Vesdre S.A. ne procèdent à aucune modification majeure du site avant la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. Ils font surélever un peu la façade du n°154 en 193625. L’évolution des techniques utilisées pour la filature de la laine et la vétusté de certaines parties du site poussent les dirigeants à souhaiter une « rationalisation » du site. C’est en particulier l’usine originelle des frères Unwin qui présente plusieurs défauts (charpente et toiture) nécessitant ponctuellement déplacements de matériel et renforcements structurels26.

Figure 9 : Facture « Laines Vesdre, 1947, Delcampe.net Figure 10 : La Libre Belgique, 26.03.1933, p.8

24 La Meuse, 06 février 1930, p.7.

25 ACA, TP 28054.

26 ACA, TP 30096.

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Dès 1945, le n°154 subit des changements majeurs. Tous les bâtiments anciens sont détruits pour faire place à un nouveau bâtiment moderniste dessiné par l’architecte Marcel Viehoff27. Seuls subsistent la salle des chaudières (et sa cheminée) ainsi que le bâtiment attenant, rue des Goujons.

Les nouveaux édifices sont conçus pour avoir une ouverture sur la rue des Deux Gares, nouvellement tracée.

Les plans de Viehoff intègrent deux étages (surélevés en 1948) avec une travée d’entrée à niveaux décalés. La façade donnant rue de la Petite-Île 1A, de caractère monumental, en briques jaunes, comprend un rez-de-chaussée à arc déprimé avec fenêtres couchées et grille soignée, porte grillagée à droite. La travée d’entrée comprend une verticalité exacerbée par une fenêtre haute avec meneau en briques pour éclairer l’escalier. Les châssis à petits-fers de caractère industriel sont préservés. La façade latérale côté ouest est complètement cimentée et partiellement ouverte avec des fenêtres couchées sur les trois premiers étages. Le long de l’entrepôt, Viehoff dessine une façade intérieure jusqu’à la première travée, correspondant à la cage d’escalier en briques jaunes et aux fenêtres couchées étroites. Ensuite, au rez-de-chaussée, façade en briques quasi aveugle (et peinte en blanc) pourvue d’une porte cochère et de quais de déchargement28.

Figure 11 : M. Viehoff, S.A. La Vesdre, façade Petite-Île.

27 Marcel Viehoff est un architecte moderniste bruxellois, qui a dessiné les plans de plusieurs maisons en seconde couronne bruxelloise, parmi lesquelles le n°98 de la rue de la Cambre à Woluwé (ID Urban 29606) et l’école du Karrenberg, à Boitsfort. En 1947, il fait partie des lauréats (28 sur 455) choisis par les autorités pour la reconstruction de logements après la Guerre. Il est décédé à Boitsfort en 1990. Voir Entretien avec Robert Viehoff ASBL Histoire et Sciences de Watermael-Boitsfort, nouvelle série n°27, juin 2014, pp. 10-14

& Nicholas Bullock, Luc Verpoest (ed.) Living with history, 1914-1964 : Rebuilding Europe after the first and second World War, 2011, KUL, Leuven, p.270.

28 Urban Brussels, Inventaire du Patrimoine Architectural, ID Urban 2369 & ACA, TP 31090.

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En 1950, une nouvelle construction, dont les plans sont confiés à l’architecte ucclois Babelaine29, est érigée qui remplace plusieurs petites extensions d’un coup. L’atelier de mécanique et la menuiserie sont conservés, tout comme une partie de la cour couverte et les installations électriques (voir figure 12). Ce nouvel édifice complète la « rationalisation » voulue par la société lainière de Verviers.

Figure 12: S.A. La Vesdre, Projet de transformations. Plan de situation. ACA, TP 34289.

Le bâtiment en briques de cinq niveaux avec rez-de-chaussée élevé est accessible par la cour ouverte permettant l’accès direct par la rue des Goujons. De grandes ouvertures rectangulaires à meneau sous linteau en béton rythment la façade qui contient des châssis à petits-fers conservés sauf au quatrième étage, où les baies ont été transformées postérieurement en deux fenêtres rectangulaires couplées. À chaque étage, de vastes surfaces, ici et là cloisonnées par des murs intérieurs en briques et/ou en ciment.

La Vesdre SA, en plus de ses possessions originelles à Verviers et de son siège d’Anderlecht, dispose également de départements à Mouscron et à Furnes. Après-Guerre, la société recentre ses activités sur le peignage de la laine. La concurrence forte et l’ouverture au marché commun suite au Traité de Rome affecte durement le secteur textile belge, même si la laine, de par ses spécificités (coût élevé de la matière première, place historique de Verviers dans le commerce de la laine, etc.) résiste mieux que le coton ou le lin30.

Toutefois, le déplacement progressif de la production textile vers les pays de l’est de l’Europe et en Asie entraîne une concurrence intenable pour les entreprises belges, confrontées à des contributions

29 Un an plus tôt, une première ébauche a été proposée par l’architecte Timmermans pour le même bâtiment.

30 Le Soir, 22 avril 1959, p.7.

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sociales très élevées31. En 1967, la Vesdre conclut une convention avec la Lainière de l’Escaut afin de constituer une nouvelle société « Vesdre-Escaut s.a. ». Lors de la même Assemblée Générale, elle conclut une autre convention avec la Lainière de l’Escaut et les établissements Emile Fettweis & fils : une nouvelle société voit le jour sous le nom de « Nouvelle société de teinture Fettweis & Cie »32. Cette concentration des moyens de production dispose alors des unités suivantes : peignage de laine et de fibres chimiques à Verviers ; transformation tow-to-top (craquage et convertissage) de fibres chimiques à Furnes ; quatre filatures de laine peignée et de fibres chimiques à Anderlecht, Mouscron, Audenaerde et Furnes33.

Les années 1960 voient la démolition de la cité Charles Michiels (cité des courses) considérée comme insalubre, et l’installation des Messageries de la Presse (AMP actuel) sur un large espace mitoyen à la fabrique de la Vesdre. La Senne est voûtée également durant cette décennie.

La S.A. Le Vesdre a vu trop grand et est déclarée en faillite entre 1970 et 1975. L’entrepôt situé à l’arrière du site est détruit dans la foulée tout comme les plus anciens bâtiments (ateliers de mécanique et menuiserie). Tous les autres éléments du site ont subsisté tant bien que mal, jusqu’à nos jours.

Les bureaux ont ensuite été occupés par la société « Vesdre-Continental SA », constituée en 1976.

La société a pour objet : l’achat ou la vente de matériel textile neuf ou usagé, le commerce en gros et en détail d’articles multiples34 etc. Un lien existe très certainement avec l’industrie médicale ou pharmaceutique car dans la foulée, quelques petites entreprises actives dans ce secteur s’installent également sur le site. Toujours est-il que ces activités de commerce ne nécessitent pas de mener de grandes modifications dans les espaces concernés. La société fait faillite le 12 avril 2016.

Situation actuelle

Actuellement, divers corps de bâtiment sont encore présents. Aux démolitions mentionnées ci- dessus, il convient d’ajouter celle de la cheminée historique des frères Unwin entre 1977 et 198735. Quelques temps après les dernières utilisations officielles, les anciens édifices et la cour furent exploités temporairement comme lieu d’expression artistique par différents collectifs dans le cadre du projet Studio City Gate36.

Destination

Le projet Citygate II prévoit dans sa phase d’avant-projet un redéveloppement complet de la zone comprise entre la rue des Goujons, la rue des Deux Gares et la rue de la Petite-Île. Plus spécifiquement, il projette la destruction de l’ensemble des édifices étudiés à l’exception du

31 SONUMA, L’industrie textile en Belgique, Claude Van Engeland et Jacques Jacobs, 25/11/1977.

32 Moniteur Belge, 12 octobre 1967, p.10769.

33 Le Soir, 03-10-1967, p.17.

34 Modifications statutaires publiées au Moniteur belge le 19/07/2006.

35 Bruciel, consulté le 27-02-2021.

36 Suite à un accord entre la SLRB et l’asbl Entrakt. Voir https://canal.brussels/fr/content/studio-citygate-une- des-plus-grandes-occupations-temporaires-en-belgique

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bâtiment principal dessiné par Rosschaert entre 1912 et 1919. Celui-ci servirait à héberger des locaux comme fablab, des classes d’enseignement technique, du logement et quelques bureaux37.

Intérêt

En tant que dernier édifice représentant le secteur de la filature de laine à Bruxelles, et comme témoin de l’utilisation des eaux de la Senne située à proximité, le bâtiment principal et ses annexes bâties entre 1912 et 1930 possèdent un intérêt historique remarquable à valoriser à l’aide de notices explicatives. Il témoigne également de l’importance révolue de la gare de marchandises de la Petite- Île située à proximité, et constitue une trace urbaine illustrant l’importance des filatures dans le développement de ces quartiers situés en périphérie de Cureghem.

L’édifice principal et ses annexes possèdent sans conteste un intérêt esthétique, témoignant de l’utilisation de matériaux d’époque, dans un style d’après-guerre fonctionnel mais efficace. A cet égard, l’édifice à front de la rue des Deux Gares constitue également un témoignage précieux du modernisme d’après-guerre utilisé à l’échelle de la fabrique.

Couplé à une volonté de retracer l’ancien parcours de la Senne, le site constitue des intérêts paysagers et urbanistiques fondamentaux dans le cadre du développement des industries textiles le long du cours d’eau bruxellois. C’est un témoin marquant à mettre en perspective avec le pont du chemin de fer adjacent, les autres projets Citygate (ancienne usine Côte d’Or) et le parc des Goujons.

37 Presentation Avant-Projet Citygate II | 23 september 2020.

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