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COLLECTION «MON ROMAN D'AMOUR» La robe de bal. Roman sentimental inédit. par LINE DEBERRE

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Academic year: 2022

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COLLECTION « MON ROMAN D'AMOUR »

La robe de bal

Roman sentimental inédit par LINE DEBERRE

Tous droits réservés.

N° 20 CHAPITRE PREMIER

Colette Derbois ouvrit une malle et en sortit une ravissante robe de bal, sa première robe de bal.

Et malgré elle, elle lui sourit. Elle se revoyait, cinq ans avant... elle avait alors dix-huit ans... parée de cette toilette de tulle bleu.

— Tu as l'air de la fée Printemps, avait dit le père ravi de présenter ce soir-là au bal des bijou- tiers-joailliers de Paris sa fille unique et son unique tendresse puisque, hélas, la mère de Colette était morte depuis de longues années. instruction, mais uniquement destinée à faire d'elle une parfaite femme d'intérieur. Adorée par son père, elle avait reçu une bonne

— Avec la dot que tu as et jolie comme te voilà, ce ne sont pas les soupirants qui manqueront.

Certes, les soupirants n'avaient pas manqué. La blonde et jolie fille du bijoutier Derbois avait été la reine du bal. Elle avait dansé, dansé... jusqu'à la fin de la fête;

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« Comme la vie est bonne et belle, se disait-elle, et comme je suis heureuse ! »

... Hélas, M. Derbois, en attendant un jour, sous la bise glaciale de décembre un taxi libre, fut frappé de congestion. Colette Derbois fut orpheline.

Cinq ans plus tard, le 3 décembre, anniversaire du bal, la jeune fille, vêtue pour la seconde fois de sa belle robe de tulle bleu, revivait en pensée les mau- vais jours. La pauvre enfant, après la mort de son père, n'en avait point connu d'autres. Frappée en pleine insouciance heureuse, pourvue d'un tuteur qui ne lui manifestait aucune sympathie, Colette se sentait si malheureuse, si abandonnée, si seule, qu'elle était décidée à accepter le premier venu pour échapper à la dure tutelle qui enlisait sa jeunesse en fleur.

La bijouterie paternelle, vendue à un des anciens employés de M. Derbois, devait être payée par frai- tes. Imprévoyant et joueur, ce successeur fut déclaré en faillite un an après. Il ne restait pour tout héri- tage à la jeune fille qu'une centaine de mille francs sur lesquels le tuteur avait déclaré qu'il prélèverait ce que lui coûtait l'orpheline. Lorsqu'elle eut enfin vingt et un ans, Colette dé- clara énergiquement qu'elle était décidée à vivre toute seule. Furieux de voir lui échapper une en- fant qui était devenue sa cuisinière, sa femme de ménage, sa lectrice, et lui laissait comme prix de sa pension vingt-quatre mille francs par an, le tuteur essaya vainement de la retenir près de Lui.

— Je vous prie, lui dit-elle, de me remettre ce qui me revient de l'héritage de mon pauvre papa.

J'ai l'intention de me meubler un petit logement et de chercher du travail. Il lui restait, ses trois années de tutelle payées, trente mille francs. Elle eut la chance de trouver à louer une chambre qu'elle garnit de meubles modes- tes et elle s'enquit d'un emploi.

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Aucune référence, pas de métier... mais tant de bonne volonté ! Cette bonne volonté ne suffit pas...

Colette, réfugiée, ce soir-là, dans une mansarde sans feu d'un triste immeuble de la rue Montmartre, énu- méra à mi-voix tous les emplois qu'elle avait obtenus et perdus. Vendeuse dans un bazar où elle se tenait sur le trottoir pour offrir aux passants du cirage et des brosses. L'un d'eux, séduit par sa beauté, tenta de l'embrasser et reçut une gifle qui valut à la vendeuse son renvoi immédiat. Garçonne de bul reau d'une agence de locations, elle voyait, trois se- marnes après son arrivée, la police faire irruption dans les pièces, arrêter le directeur... fermer la maison ! Ensuite ? Serveuse de restaurant, femme de mé- nage indésirable parce que trop jolie, elle avait en vain cherché un nouvel emploi. La concierge, in- quiète pour le loyer de cette humble mansarde, lui avait conseillé de se faire inscrire pour demander le secours de chômage; mais Colette avait refusé et elle avait vendu peu à peu tout ce qui représentait quelque valeur, sauf pourtant la robe bleue, souve- nir du temps heureux.

Ce soir, elle n'en pouvait plus ! Seule, sans affec- tion et sans espoir, elle avait décidé d'en finir avec la vie, la misère... Ce sera si facile... puisque, par chance, on ne lui a pas encore coupé le gaz ! Et pour dire adieu à cette trop dure existence, elle a mis sa robe de bal.

« Je m'étendrai sur mon petit divan, je fermerai les yeux en pensant à mon père et je prierai le Bon Dieu de me pardonner... »

Coiffée comme pour un bal, elle plaça dans ses cheveux une rose artificielle qui ornait un vase placé près du portrait de son père. Elle sourit au miroir qui lui renvoyait l'image d'une jeune fille infiniment triste mais infiniment séduisante aussi.

« Je ne tiens pas à faire peur à ceux qui décou- vriront mon cadavre », pensa-t-elle.

Puis elle accomplit la macabre besogne consis- tant à boucher hermétiquement toutes les ouvertures

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vreté, vos épreuves imméritées vous ont gagné mon cœur. Voulez-vous être ma femme ?

— Parbleu, assura Marize pendant que Colette, tout heureuse, rendait à Jacques son baiser. Ma- riée à une de nos plus grandes vedettes et bientôt star...

— Non, interrompit Colette. Je ne tiens nulle- ment à faire du cinéma. Si mon fiancé y consent, je préfère, une fois mariée, m'occuper de lui, de notre intérieur, des enfants que nous aurons. — Ma chérie, vous avez donc toutes les vertus et vous n'ambitionnez pas d'autre titre que celui de ma bien-aimée.

Renonçant au cinéma, Colette laissait toute la t i- tude à Liane Monti pour tourner Mi mi Printemps.

Quand le film fut terminé, Jacques et Colette se marièrent. Liane Monti ne renouvela pas son con- trat avec Lanzin qui, quelques jours après le ma- riage de son jeune premier, demanda à Colette de remettre sa robe de bal afin que l'opérateur du stu- dio prît d'elle quelques photos d'art.

C'est une de ces photos que Jacques Langeac a toujours sur lui, même quand il tourne un film. Elle le protège, le défend contre les coquettes qui ten- tent de le séduire. Il est heureux avec Colette et veut garder ce bonheur.

FIN

L'Imprimerie Moderne, Montrouge (Seine) Dépôt légal : 1er trimestre 1946.

N° d'édition : 70. — N° d'impression : 270.

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