FACULTÉ-DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNEE 1894-1895 N° 40.
X3TLT
ROLE DE LA SUGGESTION
DANS LES EFFETS DE LA
THÈSE
POUR LE
DOCTORAT EN MÉDECINE
Présentée et soutenue
publiquement le 21 décembre 1894
FAR
Pierre-Joseph-Marie-Maurice MARTINET
ÉLÈVEDUSERVICE DESANTÉDELAMARINE Né à Rodez (Aveyron), le20 janvier 1871
® v.
A
%Examinateurs de laThèse..
MM.BOUCHARD VERGELY
MESNARD AUCHÉ
professeur, professeur, agrégé agrégé
<
Préside?it\ l>~
Juges
%
v
yo'«
Le Candidat répondra à toutesles
questions qui lui seront faites sur les diverses
parties de
l'enseignement médical
BORDEAUX
IMPRIMERIE
DU MIDI, P. CASSIGNOL
91, EUE PORTE-DIJEAUX, 91
1894
FACDLTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
Cliniqueinterne
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS M. MICÉ
AZAM
Messieurs
i PICOT.
Professeurs honoraires
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
Clinique externe
Pathologie interne
DUPUY.Pathologie
etthérapeutique
générales VERGELIUThérapeutique
ARNOZAN.Médecine opératoire MASSE.
Cliniqued'accouchements MOUSSOUS.
Anatomie
pathologique
COYNE.Anatomie BOUCHARD.
Anatomiegénérale et
Histologie
VIAULT.Physiologie
" JOLYET.Hygiène LAYET.
Médecinelégale MORACHE.
Physique
BERGONIE.Chimie BLAREZ.
Histoire naturelle GUILLAUD.
Pharmacie.. FIGUIER.
Matière médicale de NABIAS
Médecineexpérimentale FERRÉ.
Clinique ophtalmologique
BADAL.Clinique
des maladieschirurgicales
des enfants PIÉCHAUD.AGRÉGÉS EN EXERCICE
MOUSSOUS.
DUBREUILH.
MESNARD.
CASSAET.
AUCHE.
SECTION DE MEDECINE
Pathologie interne etMédecine légale....
SECTION DE CHIRURGIE ET ACCOUCHEA1ENTS
POUSSON.
Pathologie externe
j DENUCE.
(
YILLAR.Accouchements ' RIVIERE.
) CHAMBRELENT.
SECTION DES SCIENCES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES Anatomie et
Physiologie
J PRINCE 1 EAU.
Histoire naturelle N.
SECTION DES SCIENCES PHYSIQUES
Physique
SIGALAS.Chimieet
Toxicologie
DENIGES.Pharmacie BARTHE.
COURS COMPLÉMENTAI RES
Clinique
int. des enf. MM. MOUSSOUS Ciiniq desMaladiessyphilitiqueset cutanées D U IIREBILII Cl. des mal. des fern. BOURSIER Cliuiq. des maladiesdes voies urin. POUSSONMal. dularynx, des oreillesetdunez MOURE
Maladies mentales.... MM. RÉGIS.
Pathologie
externe DENUCEAccouchemenLs 1UV1ÈRE
Chimie DENJGÈS
Zoologie BEILLE
LeSecrétaire de la Faculté :LEMAIRE.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que lesopinions émises dans les Thèses qui lui sont présentées, doivent être considérées comme propres a leurs
auteurs etqu'elle n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
A LA
MÉMOIRE VÉNÉRÉE I)E MA MÉRE
A MON
PÉRE
COMMMANDANT EN RETRAITE
CHEVALIER HE LA LÉGION Il'HONNEUR
A MA
SŒUR BIEN AIMÉE
MA
CHÈRE TANTE ET A MON COUSIN
A MES
COUSINS DE PARIS
A MONSIEUR LE DOCTEUR FERRON
MÉDECIN PRINCIPAL DE PREMIÈRE CLASSE OFFICIERDE LA LÉGIOND'HONNEUR
Profondereconnaissance pour sabienveillance,
etl'intérêtqu'il nous atoujours porté.
A
MONSIEUR LE PROFESSEUR BERNHEIM
DE LA
FACULTÉ DE NANCY
CHEVALIER DELA LEGION
D'HONNEUR
A MONSIEUR LE DOCTEUR
GUÉS
DIRECTEUR DU SERVICE 1)E SANTÉ DE LA MARINE ANCIEN DIRECTEUR DE L'ÉCOLE DE BORDEAUX
A
MONSIEUR
LEDOCTEUR
BOURRUMÉDECIN EN CHEF DE LA MARINE DIRECTEUR DE L'ÉCOLE DE BORDEAUX
A
MONSIEUR
LE DOCTEUR ABELINMÉDECIN PRINCIPAL DE LA MARINE
NOUVEAU SOUS-DIRECTEUR DE L'ÉCOLEDE BORDEAUX
Témoignagedemonprofondrespect.
A
MONSIEUR
LE DOCTEUR DUFOURMÉDECIN DE PREMIERE CLASSE DE LA MARINE
RÉPÉTITEURA L'ÉCOLE DE BORDEAUX
A
MONSIEUR
LE DOCTEUR PORTELMÉDECIN I)E PREMIÈRE CLASSE DES COLONIES
Respectueuseetprofonde sympathie
A MES AMIS
DE NANCY
A MES
AMIS ET CAMARADES D'ÉCOLE
A MES
MAITRES DES HOPITAUX
A
MONSIEUR LE PROFESSEUR ARNOZAN
MONSIEUR LE PROFESSEUR AGRÉGÉ CASSAET
Profondereconnaissance.
A
MONSIEUR LE DOCTEUR MONGOUR
CHEF DE CLINIQUE ADJOINT
A notre maître des
hôpitaux
MONSIEUR
LEPROFESSEUR PIÉCHAUD,
nous sommesparticulièrement heureux d'offriren ce jour l'assurance de no.tre vive gratitude pour l'intérêtetla bontéqu'ilatoujourseuspour nous.
Parl'exemple etpardesconseils bienveillantset paternels dechaque jour,il sait faire desesélè¬
ves ce qu'ils n'étaient qu'incomplètement: des médecins connaissant leur devoir, aimant leurs malades,l'idée dévoués à l'humanité. C'estpénétré de qu'il nousarendumeilleur,quenousprions Monsieur le professeur Piéchaud d'agréer nos
plus vifs sentiments de reconnaissance. Le sou¬
venir des tros mois passés dans son service restera inaltérable dans notre esprit. — Nous
sommes heureux, aussi, deremercier Monsieur le docteur O'Zoux, chef de clinique et Mon¬
sieur Guérin, internedeshôpitaux, de l'affabi¬
lité qu'ils nous onttoujours manifestée dans le service chirurgicaldes Enfants.
A
MONSIEUR LE DOCTEUR PITRES
DOYEN DE LA
FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE
CHEVALIER DE LA
LÉGION D'HONNEUR
A mon
président de Thèse
MONSIEUR
LE DOCTEUR BOUCHARD
PROFESSEUR ALAFACULTÉ DEMEDECINE DEBORDEAUX
MEMBRE CORRESPONDANT DE
L'ACADÉMIE
DE MEDECINEOFFICIER DELA LÉGION D'HONNEUR
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
COMMANDEUR DE L'ORDRE DE CHARLES III
D'ESPAGNE
COMMANDEUR DEL'ORDRE DELA ROSE DU
BRÉSIL,
ETC , ETC.M. 2
INTRODUCTION
Nous
regrettons vivement qu'une thèse inaugurale ne puisse
être
signée
que par uncandidat. Le travail que nous présen¬
tons à notre
jury
aété fait en collaboration, et, à vrai dire,
devrait être
signé de deux noms. Notre excellent camarade, le
docteur
Bereni,
a eul'extrême obligeance de nous faire parti¬
ciper à
sestravaux, de nous y intéresser, et c'est avec joie que
nous avons
repris
sesobservations et le résultat de ses expé¬
riences pour en
faire le sujet de notre thèse.
Nous sommes
heureux de remercier bien vivement M. le
professeur Pitres, qui a eu la bonté de faciliter matériellement
et
scientifiquement les expériences qu'ont nécessitées ces
recherches.
Nous
nousfaisons en ce jour un grand plaisir de
le remercier
profondément de la bienveillance qu'il a eue à
notre
égard pendant notre séjour dans son service. Tout en
regrettant que son départ pour Paris nous prive de l'honneur
de l'avoir comme
président du jury de notre thèse, laquelle
est sienne en
grande partie, nous remercions du fond du
cœur,
M.
leprofesseur Bouchard,
de l'honneurqu'il
nous fait en acceptant laprésidence
de notre thèse.Ce n'est pas,
à
proprementparler,
unethèse,
que nous soumettons à notrejury. C'est plutôt
untravail,
une statis¬tique expérimentale,
construit sans idéepréconçue, le résultat d'expériences
exécutées sans autre contrôle quela
constata¬tion
rigoureuse
desfaits,
avec uneparfaite
bonne foi.Notre œuvre consiste
simplement
en une série d'observa¬tions résumées en
tableaux,
uneétude
et une discussion des résultatsobtenus, enfin,
en conclusionsqui découlent
néces¬sairement de cette étude. Ce sera donc le
plan de
notre thèse que nous feronsprécéder
d'un courthistorique.
D U
ROLE DE LA SUGGESTION
Dans les effets de la méthode Séquardienne
«3332eÊ€>
Historique des injections hypodermiques (1)
En1865,
Cantani, cle Naples, fut le premier à mettre en œu¬
vre, sous
le
nomde « hypodermoclysis », l'injection sous-cuta¬
née d'une
quantité considérable (4 à 6 litres) de solution
saline,
dans le but de diluer le sang des cholériques, épaissi
par
les pertes séreuses abondantes de l'intestin.
Çà et là, éparses dans les journaux: de médecine de ces
dernières années, nous
relevons quelques observations d'in¬
jections sous-cutanées de solution de chlorure de sodium
(800 à 1,000 grammes au moins) dans le but de combler,
(1)Nous
croirions sortir de notre sujet tn faisant l'historique des injections hypo¬
dermiques de sérum
sanguin
oude substances médicamenteuses desquelles produL
sent du reste des effets
analogues) et davantage encore des transfusions intra¬
veineuses.
— 14 —
après des hémorrhagies
graves,le déficit du système circu¬
latoire.
Ces deux
premières tentatives,
endépit des analogies
apparentes, n'éclairent
pasnotre travail.
En
1884, dans les
Archives deMédecine,
unarticle publié
par
le docteur Luton, de Reims, présente plus de connexion
avec notre
sujet. L'auteur
proposede combattre
un certain nombre d'états morbides(vomissements, diarrhée, cachexie, tuberculose, etc.), à l'aide d'un
sérum artificiel très concen¬tré
(sulfate de soude, 10; phosphate de soude, 5;
eaudistillée, 100), destiné
à êtreinjecté
sousla
peauà la dose
moyenne de 5 grammes.Cette
tentative n'eut pasde suites, du
reste, les assertions de cet articlen'étaient appuyées
sur aucuneexpérience physiologique et
nefurent
pascontrôlées
parla
suite.
En
1885, le docteur
JulesChéron, médecin
de Saint-Lazare, s'inspirant de l'article du docteur Luton, fit
sa pre¬mière tentative
d'injection hypodermique; la malade
extrê¬mementanémiée par
des métrorrhagies incessantes, arrivait
del'hôpital Tenon
avecle diagnostic de fibro-myome utérin, qui s'imposait. Sous l'influence
de <c transfusions »réitérées,
l'état
général s'améliora
;la
tumeurdisparut
aubout de quatre mois. On
reconnutalors quela malade portait simple¬
ment un énorme
plastron de péritonite chronique.
En
1887,
cesinjections hypodermiques de solutions
dechlorure
de sodium à 6 pour1000 (taux du chlorure
de sodiumdans
le sérum dusang) ont été employées
parMM.
Prégaldino (de Gand), puis
parMunchmever (de Vienne), Weiss, Wiercinsky, Chazan, Korn, dans le but
deremplacer
la
transfusion sanguine
en casd'hémorrhagie
grave, mais nedépassant
pas1 /14e à l/20e du poids du
corps.Le
— 15 —
résultat fut
l'augmentation de la masse du sang, et la stimu¬
lation du
système nerveux central produites par 800 gram¬
mes à 1 ou 2
litres de solution chlorurée sodique.
Enfin tout
récemment, M. Sailli (de Berne), s'appuyant
sur les
recherches de physiologie expérimentale de MM. Das-
tre et
Loye,
aproposé de faire le lavage du sang dans les
maladies
infectieuses et dans les intoxications (fièvre typhoï¬
de, urémie),
eninjectant sous la peau de grandes quantités'
desolution
physiologique de chlorure de sodium.
Il est à remarquer
que toutes ces méthodes exigent l'em¬
ploi de grandes quantités de sérum artificiel (1 à 4 litres).
Enfin,
nousarrivons à Brown-Sèquard, qui au mois de
janvier 1889, rapporta, devant la Société de Biologie, les
heureux
effets qu'il avait obtenus sur lui-même, avec les in¬
jections sous-cutanées de liquide testiculaire. Ce ne fut pas
sans un
certain étonnement, qu'on entendit ce savant phy¬
siologiste exposer les idées théoriques qui l'avaient conduit
à
expérimenter les effets du suc testiculaire du cobaye, dans
le but
de rajeunir son organisme. Le résultat fut le suivant : régularisation des gardes-robes, augmentation de la puis¬
sance
du jet d'urine, une plus grande force musculaire et
surtout une
facilité du travail intellectuel sans fatigue qu'il
n'avait pas
éprouvés depuis bien des années. « En un mot,
dit-il,
tousles modes de l'activité cérébrale et médullaire,
étaient
singulièrement augmentés chez moi ».
Dans un cas
d'incontinence d'urine, chez un savant fran¬
çais, (cas cité par M. d'Arsonval), la guérison fut rapide.
Brainerd obtint des améliorations certaines d'ataxique.
En 1891
Fleury,
entraitant par le liquide testiculaire les
enfants
de l'hôpital Saint-Sauveur, rétablit leurs fonctions
digestives, ramena les températures des fiévreux vers la nor¬
male, fit augmenter le poids du corps.
— 16 —
En avril
1891, Rotschine, de Saint-Pétersbourg,
avuréussir
les
injections de Brown-Séquard dans la sciatique, dans le diabète, dans la débilité sénile. Il conclut
que cesinjections produisent des effets toniques et stimulants
nondouteux.
« A l'heure
qu'il est, dit-il, le
processusphysiologique
nousest
inconnu;
onpeut pourtant affirmer
quela substance injectée stimule l'activité des
centrescérébraux ainsi
quele
travail du cœur,
élève la pression sanguine
etla nutrition générale du
corps. »Comment
pouvait-on expliquer
cesfaits9 La théorie géné¬
rale a été donnée par
Brown-Séquard et d'Arsonval,
etelle
ouvre la voie à toute une série de recherches
thérapeutiques,
non
plus seulement
surles injections de
suctesticulaire,
mais sur les
injections de
sucde toutes les glandes de l'éco¬
nomie.
Le
principe est
quetoutes les glandes de l'économie
sécrè¬tent un
produit actif qui joue
unrôle dans la nutrition géné¬
rale et que
les affections dans lesquelles
cesproduits sont
diminués ou abolissontguéries
ouaméliorées
parl'injection
du
liquide de
cesglandes (1).
M.
Onimus,
aucongrès
pourl'avancement des sciences,
tenu à Marseille du 17 au 24
septembre 1891, préconisa les injections de macération de moelle
etde bulbes d'animaux,
pour
le traitement des affections des
centres nerveux.A cette
époque, il n'avait fait
encore quequelques essais.
« Ce
qui
nous asurtout frappé, dit-il, c'est
uneplus grande énergie du système
nerveux,et c'est précisément cette exci¬
tation du
système
nerveuxqui
seretrouve chaque fois
quenous avons fait des
injections sous-cutanées d'extraits
ner¬veux. »
(1) Nous croirions sortir de notresujet en effleurantla question dusuc thyroïdien-
— 17 —
Il
cite, entr autres
cas,l'amélioration d'un ataxique au
début.
On ne
peut mettre en doute l'autorité scientifique de ces
auteurs.
Mais
cettethéorie générale, formulée par M. d'Ar-
sonval, qui fait jouer un rôle si important aux produits de
sécrétion des
diverses glandes de l'économie, somme toute
à des
quantités infinitésimales de spermine, ou encore de
névrine, cette
théorie, dis-je, est une simple hypothèse, plus
ou moins
vraisemblable, mais nullement démontrée.
En
1893, parut
unlivre dû à M. Chéron, médecin de Saint-
Lazare,
résumant huit années d'expériences personnelles ou
de ses
élèves,
surles injections hypodermiques de sêrums
artificiels
plus
oumoins concentrés, d'une composition exclu¬
sivement
minérale, représentée par des sels de soude analo¬
gues
à
ceuxqu'on trouve dans le sérum du sang de l'homme.
Les
recherches qui font l'objet de notre thèse inaugurale
sont
antérieures, quoique datant de 1893 (février-août),
sinon aux travaux,
du moins à Ja publication du livre de
M. Chéron.
M. 3
PREMIÈRE PARTIE
Expérimentation
Vingt hommes et dix femmes ont été expérimentés
pen¬dant six mois
(nous
necomptons
pas,bien entendu, les
maladesinsuffisamment traitésou
observés) atteints de chlorcr anémie, anémie post-puerpérale, cachexie cancéreuse, tuber¬
culose à la deuxième
période, neurasthénie invétérée,
para¬lysie générale progressive, mélancolie avec stupeur, sclérosé
en
plaques, ataxie locomotrice.
Liquides
Les
liquides
que nous avonsemployés sont les suivants
: Eaudistillée,
eau trèslégèrement phéniquée, sérum artifi¬
ciel
(1), liquide de macération de cervelle de mouton prê-
(1) Voicila composition du sérum artificiel :
Phosphate desoude I gramme.
Chlorure de sodium 0 gr. 50
Acide phénique déliquescent 1 goutte pour un mélange égal d'eau distillée et
de glycérine 120 grammes.
Ce qui donne, pour 1 centimètrecube de liquide quantité ordinairementinjectée: Phosphate de soude Ogr. 00833
Chlorure desodium 0gr.00416
Acide phénique déliquescent Ogr.000332
Glycérine Ogr.50
Eau distillée Ogr.50
— 20 —
parés
parM. le docteur Sabrazès, spermine Jacquet à 1/20 (testicule de cobaye) et, dans
unseul
cas,spermine de tau¬
reau du laboratoire d'Arsonval.
Procédé
opératoire.
Nous n'avons eu recours pour
les injections à
aucun pro¬cédé
opératoire spécial. La seringue ordinaire de Pravaz
nousa
toujours suffi. Nous
avonsinjecté
engénéral 1 à 2
c. c.de liquide tous les deux
outrois jours,
nous avonsquelquefois augmenté les doses
enles graduant, mais
nousn'avons jamais dépassé 4
c. c.On remarquera
donc, et
nousinsistons
sur cepoint,
que contrairement à laplupart des expérimentateurs
nous avonsinjecté des quantités tout à fait minimes de liquide et à d'assez longs intervalles.
Ce faita, croyons-nous, son
importance
; nousla ferons
ressortir
davantage
encoredans
nosconclusions.
Nous avons réalisé une
antisepsie très simple et
enmôme temps très suffisante de la région injectée et de la seringue
en les lavant avant et
après chaque injection
au moyend'une
solution d'-eau
phéniquée à 25 0/00 (1).
La
spermine
aété utilisée telle qu'on
nousl'envoyait; le
sérum artificiel
préparé
aulaboratoire des cliniques était mis
dans un flacon bouché à l'émeri et
porté dans l'autoclave à
(l) Pour lastérilisation desliquides, les avis ontbien changé en peu de temps.
Pour leliquide testiculaire, par exemple, on asoutenu d'abord qu'il était aseptique
par lui-même, puis qu'il était inutilede l'aseptiser, les méthodes de filtrationem¬
ployées réalisant les conditions d'innocuité suffisantes. On a enfin préconisé le lavage à l'eau phéniquée desflacons, récipients (B. Séquard etd'Arsonval).
— 21 —
130°
pendant vingt minutes. Toute région charnue nous a
semblé bonne pour
les injections hypodermiques : comme plus commode
nousavons choisi la masse sacro-lombaire,
plus souvent
encorela partie antéro-externe et supérieure
de la cuisse. A la
consultation gratuite, et chez les femmes de
préférence,
nous avonspiqué l'épaule.
Ces
préliminaires posés, nous pouvons entrer plus avant
dans notre
sujet et exposer rapidement les effets particuliers
ou
généraux de
nosinjections. Nous ne pouvons reproduire
ici les observations
de
tous nosmalades et les modifications journalières de leur état. Nous nous contenterons de résumer
le tout dans des
tableaux.
DEUXIÈME PARTIE
Efïets des
inj ections hypodermiques
1° Les
injections hypodermiques des liquides que nous
avons énumérés
plus haut ont été suivies en général de
modifications
importantes dans l'état des malades.
2° Ces
liquides, à de légères nuances près (nuances dont
on
pourrait
sansdoute chercher et trouver la cause dans les dispositions forcément variables des sujets), ont produit tous
et
toujours les mêmes effets.
Cette
première conclusion s'est vérifiée aussi bien dans les
cas heureux que
dans nos nombreux insuccès. En effet :
1°
Quelques-uns de nos malades : Henriette M... (neuras¬
thénique), Drilli... (neurasthénique invétérée), Guillh... (mé¬
lancolique
avecstupeur),'Ehm... (sclérose en plaques), ont
été traités sans
résultat appréciable par les injections hypo¬
dermiques. Chez d'autres, Guillaume P..., Porch... (ataxi-
ques),
nousn'avons observé aucun phénomène intéressant, si
ce n'est une
augmentation passagère des forces, des éléva¬
tions inconstantes
de la température, des douleurs locales
sans
importance.
Quelques
uns, commeNuma D...
Lass...(ataxiques), ont
accusé une
légère amélioration de l'état général,
une aug¬mentation peu
sensible des forces
audynamomètre, de fortes
érections. Chez les uns et les autres, nous avonschangé les liquides, varié et gradué les doses,
sanschanger
en aucune façon les résultats.2° Les malades améliorés ou à peu
près guéris
ont été traités avec le môme succès,quelquefois
avecplus de
suc¬cès par
l'eau distillée
que parla spermine
oule
sérum arti¬ficiel.
On pourra
consulter
àl'appui de
cesdonnées les
tableauxcomparatifs placés à la suite de
ce travail.De cette loi de
l'hypodermie
que nousconsidérons
commedémontrée, résulte l'indifférence
dans le choix desliquides à
■employer.
On ne se souciera en
conséquence,
quede trouver
unliquide facile à obtenir
peu coûteux, etle moins susceptible
de donner lieu à des accidents
inflammatoires.
Nous n'avons pas
à
nous prononcer pour unliquide à l'exclusion
de tous les autres. Le sérum queM. Sabrazès
avait mis à notre
disposition (et qu'il avait injecté deux
ansauparavant)
noussemble
par soninnocuité
sa facileprépara¬
tion,
sacomposition rationnelle remplir toutes les conditions désirables, mais l'eau distillée,
ou(comme M. Sabrazès lui-même
l'aobservé) la glycérine peuvent parfaitement
le
remplacer.
Effets des
Injections
Quels
sontmaintenant
les effets desinjections hypoder¬
miques observés
par nous,et dont
nous croyonsêtre absolu¬
mentsûrs.
— 25 —
Notons d'abord
qu'ils
nesont
pasaussi réguliers et aussi
constants
qu'on
abien voulu le dire. C'est une raison de plus
pour essayer
de les observer le plus clairement possible.
On pourra
d'abord les diviser
eneffets locaux et généraux.
Effets locaux
Des
premiers,
nous nedirons
pasgrand'chose, nous
n'avonsjamais injecté .de doses massives, employé de liquides troubles
oude provenance suspecte, négligé de faire
une
antiseptie très simple, mais très rigoureuse. Aussi avec
laspermine, le sérum artificiel, l'eau distillée simple ou légè¬
rement
phéniquée,
nousn'avons point observé d'induration,
abcès ou autres
phénomènes inflammatoires.
Seul, le liquide obtenu
parmacération de cervelle de mou¬
ton,
quoique préparé et filtré avec le plus grand soin, a donné
lieu à des
lymphangites superficielles peu étendues dont quelques applications de ouate phéniquée ont eu vite raison.
Ajoutons à cela de légers picotements, des douleurs locales
sans
importance et parfois
unengourdissement passager de
la
partie injectée.
Effets
généraux.
Les effets
généraux sont beaucoup plus complexes. Nous
avions
songé d'abord à exposer l'action des injections sur chaque malade
outout au moins sur chaque catégorie de
malades, mais outre l'ennui d'un semblable travail, cela
nous aurait entraîné àdes redites.
C'esten
effet,
undes caractères de la méthode d'agir
par les mômes moyenset de produire souvent les mêmes effets
M. 4
— 26 —
sur des malades très différents. Nous
préférons donc éviter
les
répétitions
enexaminant les effets obtenus
surles fonc¬
tions, les appareils, les
organespris
enparticulier.
Nutrition, digestion.
Chez
quelques malades survient
unaccroissement
asseznotable de
l'appétit,
sansboulimie.
Ce
phénomène s'est particulièrement accentué chez Mathieu L..., cinquante
ans,mineur (tuberculose <p2) et il n'a
pasété
de
longue durée chez Jeanne G..., vingt-huit
ans,domestique (anémie postpuerpérale) et Marguerite P..., domestique, âgée
de
vingt-et-un
ans(chloro-anémique).
Quelquefois les malades ont attiré
notre attention sur cepoint;
nous avons enoutre chez les
mêmesmalades
ou chez d'autres constaté une faibleaugmentation de poids. Le fait
s'étant
produit surtout chez des individus admis depuis
peu et dont la situation avant leur entrée àl'hôpital était très pré¬
caire, il
nefaut peut-être
paslui attribuer trop d'importance.
Les
digestions sont plus faciles
engénéral. Notons aussi
un réveil du
goût, de certaines sensations internes précédem¬
ment
abolies, celle de faim,
parexemple, chez François M...,
atteint de sclérose en
plaques.
La défécation est
plus facile, plus régulière
;le fait
a été constaté très souvent. Nous n'enciteronsqu'un
castout à fait typique, renvoyant
pourles autres
auxtableaux
annexés à notre travail.François M...
seplaignait depuis longtemps d'une consti¬
pation opiniâtre; il restait huit, dix, quinze et jusqu'à dix- sept jours
sansaller à la selle, malgré purgations et lave¬
ments.
x^prèsun mois et demi de traitement
parles injections
de
spermine, le malade
vaà la selle tous les cinq ou six
jours, tous les quatre ou cinq jours après quinze injections
consécutives
de
sérumartificiel; la défécation s'accomplit tous
les deux
jours et presque normalement après quinze autres
injections d'eau distillée.
Circulation, tension artérielle.
Les
injections hypodermiques semblent agir aussi sur la
circulation, les globules sanguins, la tension artérielle. Pour
les
globules, nous n'avons fait aucune analyse et nous ne
pouvons
nous prononcer. Nous avons vu toutefois, à la suite
d'un traitement
prolongé et parallèlement aux autres modi¬
fications, les
muqueusesdécolorées reprendre leur colora¬
tion,
cequi semble indiquer une nutrition meilleure et une
richesse
plus considérable du sang.
Notons
également des phénomènes d'excitation particuliers
observés chez
quelques malades et notamment chez Mar¬
guerite P... et consistant en sensations bizarres « de liquides
chauds courant
dans les veines, de clapotements sous la
peau,
de rougeurs subites, de bouffées de vapeurs chaudes. »
Il ne faut pas
oublier toutefois que Marguerite P... est chloro-
anémique.
Nous avons,
surtout
audébut, mesuré la tension artérielle
avant et
après les injections chez la plupart de nos malades
et en
particulier sur les déprimés et les cachectiques.
Bien des
fois
nous avonsnoté l'élévation de la tension
artérielle, mais quelquefois aussi celle-ci est restée station-
naire et
d'autres fois elle
adiminué, chez des malades à hypotension artérielle très caractérisée déjà avant les
injections.
— 28 —
Ces résultats sont tout à fait
naturels;
avecdes injections
de 1 à 2 c. c. de
liquida
tousles deux
outrois jours, il était
difficile d'obtenir une
hypertension artérielle bien
nette.Il n'est pas
étonnant,
parcontre,
que cephénomène ait
été noté d'unefaçon
tout àfait précise à la suite d'injections,
ou mieux de véritables transfusionshypodermiques de
sérum artificiel à des doses variant entre 10 et 150 c. c. deliquide (1).
C'est
absolument
normal.Peut-être dans nos
expériences
avons-nousmal
mesuréles tensionsartérielles, peut-être aussi le sphvgmomanomètre
de M. Potain n'est-il pas
d'une précision absolue. Il
est vrai¬ment
difficile,
àmoins
d'avoir une trèsgrande habitude
et deposséder
untact d'une
sûretéimpeccable, de saisir l'ins¬
tant
précis où la pulsation n'est plus sentie et
oùl'écrasement
de la boule est
juste suffisant. Il
se passelà
unphénomène comparable,
en somme, àcelui qui
seproduit
pour un sonqui s'éteint, lentement. Un
moment arrive où l'on ne saitplus
si le son est réellement entendu.
Nous avons constaté nous-même et fait contrôler par
des camarades, les résultats de
nosexpériences;
presquetou¬
jours
nous avonstrouvé,
àquelques minutes d'intervalle, des
différencesmarquées.
Nous pouvons
citer d'ailleurs des opinions autrement
auto¬risées! MM. Germain Sée et Laborde sont d'avis
qu'il est
impossible,
avecles
moyensdont
ondispose actuellement
enclinique, de
mesurer,sinon d'une façon à peine approxima¬
tive, la tension artérielle.
Attendons
donc,
pour nous prononcer, queles malades
(1) Chéron.
— 29 —
veuillentbien se
prêter à des expériences plus concluantes
et
permettent d'essayer sur eux les appareils employés avec
tant de succès
dans les laboratoires de physiologie !
*
Pulsations
Nous avons
contrôlé
cesrésultats chez
nosmalades en comptant les pulsations artérielles. En vertu du principe de
Marey
<cle cœur moins chargé marche plus vite », si réelle¬
ment
il existait
unehypertension artérielle considérable, on
devriat trouver
aussi
unediminution
nonmoins nette du
nombre
des pulsations. Les résultats, ici comme plus haut,
ont été
plutôt favorables à cette interprétation, mais pas assez
décisifs;
nous ne nous croyonsdonc pas autorisé à formuler
une loi.
Système Respiratoire
Nous
n'avons
pasd'exemple, dans nos observations, de
modifications produites par les injections hypodermiques sur
le
système respiratoire à l'état physiologique.
Sur les
quelques tuberculeux que nous avons traités ou
dont on nous a
communiqué les observations, voici quels
sont les
phénomènes observés : accroissement de l'appétit,
légère augmentation de poids, relèvement assez marqué des
forces,
expectoration plus facile.
Rien
de modifié à l'auscultation de l'appareil respiratoire.
Chez
MathieuL..., cinquante ans, tuberculeux à la deuxième
période, l'amélioration a duré un mois environ, puis le ma¬
lade est
retombé dans son état primitif et les lésions se sont
accentuées de
plus
enplus, malgré l'augmentation
progres¬sive,
à cemoment-là, des doses
deliquide injectées.
Il nous reste à
parler maintenant des dépendances plus
directes
dusystème
nerveux central :motilité, sensibilité, température et fonctions qui
serattachent
auxdivers
centresspinaux
:érection, miction, défécation (1). Nous
nous occu¬perons
ensuite de l'action
desinjections
surle
cerveau et lesfacultés intellectuelles
et pourfinir, des inconvénients
pos¬sibles d'une
suppression brusque du traintement.
Motilité
La motilité est l'une des
fonctions
lesplus améliorées
par lesinjections hypodermiques.
Nous avons obtenu des résultats
remarquables
surles quatre malades atteints
desclérose
enplaques, et les quinze ataxiques
que nous avonstraités.
Chez les
premiers, la faiblesse
des membresinférieurs
abeaucoup diminué. François M.... qui
nepouvait
remuer sesjambes
sansle
secours de sesmains,
est arrivé à les fléchiret àles étendre
parfaitement
sans aided'aucune
sorte.Chez Marie M... et
St-Maix..., soignés, la première,
pardes injections de liquide testic.ulaire, le second
parle sérum arti¬
ficiel et l'eau
distillée
et atteints tous les deuxd'ataxie
très prononcéedes
membresinférieurs, l'incoordination
motrice(1) Nous avons résumé dans les tableaux quisuivent les modifications produites
chez quelques uns denos malades, afin demontrer que nos conclusions reposent
sur quelque chose de précis. Nous ne les avons pas toutes transcrites de peur d'abuser inutilementd'une l'orme de rédaction très commode sans doute, mais fatigante à la longue.
a
complètement disparu, la marche est presque normale.
Moyg... qui n'avait pas quitté depuis très longtemps son lit,
nepouvant
setenir debout ni moins encore marcher, se promène maintenant sans trop de difficulté au bras d'un
infirmier et
peut
setenir debout avec un point d'appui.
Les autres
ataxiques (1) accusent plus de solidité dans les
jambes et, présentent une incoordination à peine visible.
Disons
pourtant que (malgré ou à cause du traitement?),
chez
deux de
nosmalades les phénomènes d'incoordination
se sont
aggravés de plus en plus.
Le
premier Lass... (sérum, eau phéniquéej, qui marchait
encore en
s'aidant d'une
canne, nepeut plus quitter le lit depuis qu'il a été soumis au traitement.
L'autre, Coralie Eym... (suc testiculaire) (2) dont la marche
était
facile
encorequoique hésitante, a commencé à fléchir
sur ses
jambes et à tomber dans la rue à la sixième injec¬
tion. Nous
serions tenté de voir là
unesimple coïncidence, si
la
malade n'avait présenté
unphénomène intéressant.
Au moment où nous
l'avons examinée, elle (présentait une-
chute
de la paupière droite, s'accompagnant de dilatation de
la
pupille, d'abolition de l'accommodation et de diplopie,
autant
de signes d'une paralysie au moins commençante du
nerf moteur
oculaire
commun.Ajoutons que les phénomènes
d'incoordination s'accentuaient nettement quand on lui rele¬
vait la
paupière.
Or, après quelques injections de suc testiculaire, le pro¬
lapsus de la paupière était beaucoup moins prononcé. Il a
(1)Tousces
ataxiques
sontde vrais ataxiques et non des pseudo-tabétiques.
(2) N. B. Ces
résultats négatifs sont eux-mêmes indépendants des liquides
injectés.
— 32 —
diminué
deplus
enplus depuis, pendant
quel'ataxie des
membres
inférieurs allait,
aucontraire,
enaugmentant.
Ces
particularités méritaient, il
noussemble, d'être signa¬
lées, quoiqu'elles n'entachent
enrien les résultats déjà notés.
Sensibilité
Les
modifications
observées sur lesdiverses formes
de la sensibilité ne sont pasmoins dignes d'intérêt.
Chez tous les malades atteints d'ataxie
locomotrice
ou de sclérose enplaques,
nous avonsrecherché
avant etaprès le traitement, l'état de
ces diversessensibilités.
Nous avons
emprunté à
unschéma de
M. leprofesseur Pitres, la divisien
en sensibilités : auchatouillement,
aucontact, à
la pression,
aupincement, à la piqûre, à la tempé¬
rature, à
l'électricité,
ou cutanées :musculaire, épigastrique,
ou vicérales. Nous avons de
plus exploré chez les ataxiques
lesens
musculaire, la sensation de
résistance du sol. et noté la nature desdouleurs spéciales ressenties
parles malades,
avec leur
fréquence et leur intensité.
Cette étude nous afourni des
renseignements très précieux
que nous sommes,
malheureusement, forcé d'indiquer à peine.
Voici les résultats
généralement observés
:Toutes lesformes de sensibilité sont
susceptibles d'être
modifiées par
les injections hypodermiques.
Diminuées ou
abolies, elles peuvent être augmentées,
exagérées, elles
sont très souventamoindries; dans
un cas comme dansl'autre, elles peuvent redevenir
tout à fait normales.La sensibilité cutanée est
plus complètement et plus fré¬
quemment modifiée
queles autres; viennent ensuite la
sensibilité
profonde, le
sensmusculaire, la sensation de
résistance du sol et enfin la sensibilité viscérale
(plus spécia¬
lement la sensibilité
testiculaire).
De
plus, les injections qui, les premières, provoquent des
réveils de douleurs
fulgurantes
oulancinantes suppriment
ensuite ces
douleurs,
ou tout aumoins les rendent moins
vives et
plus
rares.Température.
La
température subit aussi des variations, mais de moin¬
dre
importance,
sousl'influence des injections hypodermi¬
ques.
On note
engénéral lors des premières injections une hyperthermie
assezmarquée, indépendamment,bien entendu,
des accidents
inflammatoires possibles. (La première fois et
tout àfait
exceptionnellement le thermomètre est monté à
39° 8,
chez Mayg.
..ataxique
;pas d'accidents locaux).
Mais, la température
netarde pas à redevenir normale et
il ne se
produit plus d'élévations notables lors des injections
suivantes. Les
courbes thermométriques sont très régulières
en dehors
de quelques rares ascensions, d'ailleurs peu pro¬
noncées.
Erections. Miction.
Les
injections agissent en outre sur les centres génito-spi-
nal, vésico-spinal, ano-spinal.
L'impuissance est l'un des phénomènes qui disparaissent
le
plus facilement. A. la suite de deux, trois injections de
M. 5
\
spermine, sérum,
eaudistillée, macération de cervelle
de mouton,
des ataxiques dont les érections étaient abolies depuis
un,deux, trois
ans, enont
eude très fortes; très dimi¬
nuées,
elles augmentent d'intensité et de fréquence. L'effet
est en
général très rapide
;d'autres fois, il est lent
ounul,
mais c'est très rare.
Très souvent,
les injections ont provoqué chez
nosmalades, hommes
etfemmes, des idées volupteuses, des
rêves
érotiques
;chez
uneataxique, Marie M..., autrefois sujette à des crises clitoridiennes, les injections ont réveillé
ces crises.
Dans un seulcas,
Saint-M.
..,ataxique, le coït indifférent
ou douloureux estdevenu normal et
agréable à la suite d'in¬
jections répétées de sérum artificiel.
Ces
phénomènes sont plus importants qu'on
nele croirait
de
prime abord et, excercent
unetrès grande influence
sur l'état mental des malades. Nous croyonsd'ailleurs
quela suggestion entre
pour unegrande part dans
ceréveil du
sens
génital. Nous
avonsfait des injections de spermine à
l'un de nos
camarades, neurasthénique mais réfractaire à
toute
suggestion et
peuconvaincu de l'influence curative
des
injections hypodermiques, devenu impuissant à la suite
d'excès non douteux. Nous n'avons obtenu aucun résultat.
Les mictions sont
plus fréquentes, plus faciles; les quanti¬
tésd'urine excrétée
plus considérables
engénéral, le jet plus
fort dans
quelques
cas peunombreux. Nous
avons vu une rétention d'urine trèsprononcée céder à
untraitement de quelques mois,
uneincontinence absolue s'améliorer d'une façon
asseznotable. Toutes
cesmodifications sont résumées
dans les tableauxqui suivent; il est inutile d'insister davan¬
tage.
— 35 —
Cerveau. Facultés
intellectuelles.
Il nous reste à
aborder
unsujet plus délicat. Le cerveau
lui-même
serait, d'après la plupart des auteurs, nettement
impressionné par les injections hypodermiques.
L'intelligence, la mémoire, le raisonnement, subiraient
leur
influence
etseraient remarquablement stimulés, ainsi
que
l'aptitude à tous les travaux intellectuels. Nous dirons
plus loin ce que nous pensons de ces merveilleux résultats.
Pour notre
compte, nous avons uniquement observé chez
les
malades traités
unplus grand besoin d'activité, plus de
gaîtô. de bonne humeur.
Cela n'a
d'ailleurs rien d'étonnant;
cesphénomènes s'ob¬
servent à un
degré plus
oumoins prononcé chez tous les
convalescents.
Nous avouerons,
du reste,
sansdifficulté aucune, que nous
n'avons pas
affaire en général à de grands clercs... et les
modifications dans la mémoire, le raisonnement, l'intelli¬
gence
de nos malades, ont très bien pu passer inaperçues.
Inconvénients des
injections.
Nous venons
de
passerrapidement en revue les effets des
injections hypodermiques; nous en avons exposé la plupart
des
avantages
sansdire un mot des inconvénients.
Nous croyons,
en effet, ceux-ci nuls ou tout au moins
négligeables. L'usage, même très prolongé des injections
n'entraîne pas
de fâcheux abus; les malades ne deviennent
pas ce
séquardinomanes. »
— 36 -
Et c'est
là,
croyons-nous, unenouvelle
etdernière
preuveen faveur de notre
première conclusion,
àsavoir
queles liquides injectés n'agissent
pas pareux-mêmes, n'ont
pasd'individualité
propre,d'influence intrinsèque. Si
commela morphine,
parexemple, ils exerçaient
uneaction bien définie
sur
l'organisme
engénéral et
surle système
nerveuxnotam¬
ment,
l'augmentation rapide des doses, la suppression brus¬
que
du traitement devraient
entraîner desaccidents,
tout au moins être la caused'inconvénients appréciables. Or,
on n'observed'ordinaire
aucuntrouble,
etl'on voit
même secontinuer
longtemps les effets obtenus
par unepremière
intervention.
Chez les malades
qui accusent de simples phénomènes subjectifs,
nousdevrions peut-être dire suggestifs, et chez
ceux-là
seuls, la cessation brusque des injections entraîne
un affaissement passager que
tout autre traitement peut
cor¬riger
ouguérir.
Effets des
injections hypodermiques
surles diverses
affections traitées.Il n'est
peut-être
pasinutile, après avoir rapidement passé
en revue les effets des
injections hypodermiques
surles
orga¬neset les fonctions examinés en
particulier, d'ajouter quel¬
ques
mots
surles résultats obtenus
dans les différentes maladies traitées.Les
injections hypodermiques ont donné d'excellents résul¬
tats dans l'ataxie
locomotrice
et la sclérose enplaques,
enmodifiant
d'une manière très notable lamotilité, la sensibi¬
lité, la force musculaire, les érections, miction
etdéfécation.
Les résultats ont été moins netsmaistrèsbons encore dans
— 37 —
l'anémie,
parl'influence cles injections sur la nutrition, l'ac¬
croissement des
forces, la régularisation des fonctions.
Dans latuberculose au
second degré,
sanss'attaquer au principe même de la maladie, sans exercer par conséquent
d'action
spécifique, les injections ont donné de bons effets
en
augmentant l'appétit,
endiminuant les sueurs nocturnes,
en
développant les forces musculaires, en créant, pour quel¬
que
temps
aumoins, un milieu plus susceptible de résis¬
tance.
Dans les cas très peu
nombreux de cachexie cancéreuse, paralysie générale progressive, neurasthénie, mélancolie
avec
stupeur,
quenous avons eu l'occasion d'observer, les
résultats ont été
absolument négatifs.
M.le docteur Sabrazès
avait traité
avecsuccès dans le môme service, l'année précédente, quelques hystériques particulière¬
ment intéressantes.
Voici les effets
principaux obtenus : accroissement de
l'appétit, diminution des vomissements chez des malades où
ils étaient
incoercibles, excitation cérébrale, retour de la
sensibilité dans la région injectée, augmentation dès forces
au
dynamomètre.
Un
phénomène qui a beaucoup attiré son attention, et que
nous avons rarement
observé depuis, est la dilatation très
nette des
pupilles après l'injection.
Injections de spermine Jacquet à 1/20. Tensions -A.r*ter*ielles
\0 2° 3° 40 5° f)° 70 8° 90
avant après avant après avant après avant après avant après avant après avant après avant après avant après
Mathieu Lan 50ans.
Mineurcj>2 12 12 8 11 9 11 9 13 8 11 9 9 » » » » » »
Jeanne G , 28ans. Do¬
mestique, — Anémie
(post. puerp.) 11 9 12 12 8 9 12 9 10 9 11 12 » » )) » » »
Marie M. . 40 ans. Alaxie 10 8 11 12 10 12 11 9 11 11 9 IL 12 12 10 11 » »
Coralie Emm... 46 ans.
Journalière.—Ataxie. 5 9 8 10 9 14 10 12 12 14 » » » » » » » »
Marie Dut)...., 32 ans.
Ataxie 12 12 13 12 12 13 12 13 14 10 11 14 15 14 14 14 » »
Marguerite P.... 21 ans.
Domestique. — Chl.
Anemio 11 14 14 li 14 15 12 14 14 15 14 15 » » » » » »
Henriette M..., 52 ans.
Tailleuse. — Neuras¬
thénie 10 13 7 10 10 9 13 15 )) » » » » » » » » »
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