(NOTE PRÉLIMINAIRE)
RELATIONS ENTRE L’HYPERTROPHIE MUSCULAIRE
DES BOVINS CULARDS ET LE MÉTABOLISME
DU COLLAGÈNE
R. BOCCARD
Avec la collaboration technique de Jeanne FLÉCIIET
Laboratoire de Recherches sur la Viande
Centre national de Recherches
zootechniques, ,Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
Des manifestations
typiques d’hypertrophie
musculaire chez les bovins ont été décrites dans différentes races et dans divers pays(animaux
« agrappa doppia
»en
Italie,
«dop!ellender
» enAllemagne,
« double muscled », enGrande-Bretagne
etaux
États-Unis,
et « mulot ou c· cul depoulain »,
ou « culard » enFrance) (L AUVERGNE
et
al., 19 6 3 ).
On admetqu’il s’agit
d’anomalieshéréditaires,
bien que les étudesgénétiques
menéesdepuis
5o ans n’aient pas pu établir définitivement si le caractère est lié à l’action d’un ouplusieurs couples
degènes, l’hypothèse
d’un seulgène
àdominance
incomplète
semblecependant prévaloir.
Les manifestations
phénotypiques
de ce caractère héréditaire sontmultiples.
Outre
l’aspect général qui
se traduit par dessignes d’hypertrophie musculaire;
les animauxprésentent
souvent des déformations osseuses ou des défauts dans les arti- culations. Parailleurs,
ils ont une peauplus
fine :ainsi,
pour dessujets
de 5ookg (
4
bovins normaux et 4hypertrophiés),
nous avons noté que les cuirs vertspesaient
en moyenne
respectivement
44et3 6 kg.
D’un autrecôté,l’étude pondérale
del’orga-
nisation musculaire de 4 animaux
hypertrophiés
et de 4 témoins nous a révélé quel’hypertrophie
affectait essentiellement les musclessuperficiels,
cequi
est en accordavec l’observation de
LA WRI F,
POMEROY et WILLIAMS(1964).
Soumis à
l’analyse chimique,
5 muscles de chacun des 8 animaux ont révéléune
composition
différente. Parrapport
à la matièresèche,
les muscles des animauxhypertrophiés
ont moins decollagène
et d’élastineinsoluble, soit,
en moyenne, respec-tivement,
pour chacun des muscles : 3,7, 4,5,4 ,6, 5,6, 6, 4
p. 100 contre 5,5,6,2,
5,!,8,g,
et g,i p. 100chez les animaux normaux, dont la teneur en muscles estplus
faible. Ces résultats confirment ceux deL AWRIE ,
POMEROV et WILLIAMS(1964)
qui
ont constaté deplus
que la teneur enhydroxyproline
de 14 muscles d’un animal normal était de 1,15 à 3,45 foisplus
élevée que celle des muscleshomologues
del’animal
hypertrophié. Enfin,
l’étudecomparative
de la tendreté des muscles montre que les musclesprovenant
d’animauxhypertrophiés
sont engénéral plus
tendresque les mêmes muscles des animaux normaux
(DuMO!T, zg6 4 ).
L’ensemble de ces manifestations révèle des différences dans la nature ou l’im-
portance
des tissusconjonctifs.
L’exploration
du métabolisme ducollagène peut
se faire indirectement par l’examen de l’excrétion urinaire del’hydroxyproline (N!un!RG!R
etRICHARDS,
z9 6 4).
Sur 5 taurillons CharoLais de 20
mois,
reconnus commeprésentant
lessignes
de
l’hypertrophie
musculaire et sur 5 taurillons normaux, de même race et de mêmeâge,
nous avons suivipendant
3jours consécutifs,
avant leurabattage,
l’excrétion urinaire de l’azote total(méthode
deKjeldahl)
et del’hydroxyproline (méthode
Neuman et
Logan).
L’excrétion d’azote total se révèle assez variable d’individu à
individu,
bien que les animaux aient sensiblement consommé durant les dernières semainesprécédant
leur
abattage
les mêmesquantités
d’azote parkg
depoids
vif. Durant cettepériode,
les croissances étaient en moyenne
légèrement plus
élevées pour les animaux normaux.Dans l’urine des animaux « culards u, le
rapport
del’hydroxyproline
à l’azotetotal est
plus
élevé que dans celle dans des animaux normaux,soit,
en moyenne 0,
1302 contre
o,ogg 6,
conformèrent aux résultats individuels suivants :Cette excrétion urinaire
pourrait être,
selon nous, le reflet deperturbations
dansle métabolisme du
collagène, l’hydroxyproline
libre n’étant pasincorporable
dansla chaîne
peptidique.
Cesphénomènes
auraient pour effet d’entraîner un déficit de la formation ducollagène,
ou une accélération de sadégradation.
En
conséquence,
onpeut imaginer qu’une grande partie
desphénomènes phéno- typiques
del’hypertrophie
musculairepeuvent
relever de cesperturbations.
Enparticulier, l’hypertrophie
musculairepériphérique pourrait s’expliquer
parl’hypo-
tension résultant d’un défaut de
conjonctif,
tant dans la peauqu’à
lapériphérie
des muscles
eux-mêmes,
par unphénomène
semblable à celui mis en évidence par CRAWFOR
T
( y 5 4 ) qui
a obtenuchirurgicalement
chez lelapin
unehypertrophie
du tibialis anteviov par la diminution de la tension de son tendon distal.
L’hypertrophie
musculaire des bovins sedistingue,
parailleurs,
de celle obtenue parhypertension
etqui
entraîne uneaugmentation,
tant en valeur relativequ’en
valeur
absolue,
de tous les élémentsprotéiques
constituant le muscle(V!ccIIIONI
et
T ARTARINI , ig6o).
L’hypothèse
deperturbations
du métabolisme ducollagène
chez les animauxhypertrophiés
sera vérifiée sur unplus grand
nombre d’animaux detypes morpho- logiques
variésayant présenté
desgains journaliers identiques
et considérés à divers stades de leur croissance.Dans la
pratique,
la différence d’excrétion urinaire del’hydroxypronne pourrait
éventuellement servir de test
exploratoire
del’amplitude
del’hypertrophie
muscu-laire des
bovins,
et être unetechnique
pour les études du déterminismegénétique
de ce caractère.
Re f
u
pourpublication
en décernbre 1964.REMERCIEMENTS
Je
remercie B. L. DU!IONT, G. FAUCONNEAU pour l’aide et lescritiques
apportées dans la dis-cussion de cette
hypothèse,
et C. M. BÉRANGERpour la fourniture des échantillons.SUMMARY
RELATIONS BETWEEN HEREDITARY MUSCULAR HYPERTROPHY IN CATTLE AND COLLAGEN METABOLISM
(PRELIMINARY NOTE)
A
hypothesis
on the biochemicalorigin
of muscularhypertrophy
in cattle isgiven
after consi-deration of the various associated symptoms.
It appears that in 2groups of 5animals, the ratio
hydroxyproline
to total N in urine ishigher
for
hypertrophied
than normal animals :( 0 , 130
2 versus o,0!96).
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