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Joël GALLISSOT. Comme une évidence. Tome 1

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Academic year: 2022

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---INFORMATION--- Couverture : Classique

[Roman (130x204)] NB Pages : 230 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 18

--- Comme une évidence – Tome 1

Joël GALLISSOT

Joël GALLISSOT

Comme une évidence Tome 1

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Chapitre 1 La croisière

Le couple Nomblot, après plusieurs années de mariage et de nombreuses visites chez des obstétriciens renommés, durent se rendre à l’évidence : ils ne pourraient jamais avoir d’enfants !

Tous deux vivaient dans un Manoir de 5 hectares environ que détenait Pierre, de par son père et son grand- père. Il avait un jardinier en permanence pour s’occuper de cette grande surface.

Lequel des deux était stérile ? Pour ce couple qui s’aimait depuis leur plus tendre enfance, le problème ne se posait même pas. C’est pourquoi ils décidèrent d’adopter un enfant, peu importe le sexe ! Les démarches administratives furent longues et épuisantes, jusqu’au jour où ils reçurent un courrier d’autorisation d’adoption. Et une petite Nina, née sous X, leur fut confiée.

Cette petite blonde au visage auréolé de boucles blondes les combla de bonheur.

Mais peu avant les 4 ans de Nina, Valérie (alors qu’elle

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n’y croyait plus du tout) se retrouva enceinte. Quelle joie pour ce couple !! De plus, c’était un garçon ! André allait agrandir la famille.

Cependant cette naissance ne se passa pas comme tous deux l’auraient voulue : Valérie, de suite après l’accouchement un tant soit peu difficile, fit un AVC et fut rapidement dirigée de la maternité vers le service des soins intensifs, et se retrouva hémiplégique.

Lorsqu’il rentra avec André, son petit frère, Nina avait bien écouté son père qui lui avait expliqué que maman allait rester plus longtemps à l’hôpital, et que, quand elle reviendrait, elle devait lui montrer qu’elle était devenue une grande fille, et qu’elle devrait l’aider du mieux possible parce que sa maman serait encore faible.

Pierre qui avait une position sociale élevée, n’eut pas trop de difficultés pour trouver une gouvernante qui devait rester en permanence au Manoir, pour faire tout ce que Valérie aurait eu à accomplir si elle était rentrée le jour même avec André.

Nina, du haut de ses 4 ans, n’avait pas bien compris ce que son papa lui avait expliqué : elle avait juste retenu qu’il lui fallait être sage et ne pas faire trop de bruit, quand sa maman reviendrait.

C’est seulement après 5 semaines d’hospitalisation et de rééducation que Valérie rentra au Manoir en ambulance et…

en fauteuil roulant. Sitôt arrivée dans la cour, Nina se précipita vers la voiture qui ramenait maman et cria folle de joie « Maman, maman » !! elle s’arrêta tout de suite quand elle la vit en fauteuil roulant, poussée par l’ambulancier jusqu’aux marches en pierre de l’entrée. Valérie, de son bras gauche, tapota plusieurs fois sur sa joue pour que Nina lui fasse un bisou ! Celle-ci, remise un peu de ses premières émotions,

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l’embrassa tendrement !! et lui glissa dans l’oreille :

« maman ! je t’aime ! » Valérie répondit par un hochement de tête.

Les années passèrent ainsi ! Nina était devenue une très jolie jeune fille. Les traits de son visage étaient très fins. Son corps était très harmonieux et elle possédait une belle poitrine naturelle. Elle poursuivait des études d’infirmière, et était très courtisée lors des cours à l’amphithéâtre. André était à présent au collège, et dépensait son énergie, une fois par semaine, lors de l’entraînement de l’équipe communale de hand-ball dont il faisait partie. Il n’était pas encore bien fixé sur ce qu’il ferait plus tard. Un jour, il souhaitait devenir Ingénieur Agronome, l’autre jour Agent de sécurité de l’Environnement, mais tout avait un rapport avec la nature, et la biodiversité des forêts l’attirait depuis tout gamin. Mais pour l’instant, il se trouvait en pleine adolescence.

Tous les 15 jours, une ambulance venait chercher Valérie pour des séances de rééducation tant au niveau du physique que du langage. Elle s’absentait la journée pour revenir vers les 17 heures. Et, au fil des mois, elle retrouvait une voix de plus en plus normale : par chance elle avait retrouvé totalement ses capacités intellectuelles. C’était plus difficile au niveau corporel.

Elle se déplaçait en fauteuil roulant, seule, de pièce en pièce, mais bien évidemment uniquement au rez-de- chaussée. Une chambre lui avait été aménagée à ce niveau, car Pierre avait des horaires non prévisibles d’un jour à l’autre. Quand il revenait plus tôt, il la montait dans ses bras à l’étage supérieur pour dormir ensemble.

Nina était très impressionnée par les progrès faits par sa mère, et ne cessait de lui répéter, sans la gêner pour autant. Cela faisait tout de même 15 ans qu’elle la voyait

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dans son fauteuil roulant.

– Nina ma chérie, tu as vraiment une petite mine depuis quelque temps, n’est-ce pas Pierre ? comment vas- tu ? je me fais un peu de souci pour ta santé !

– Maman, tu sais, depuis que je suis infirmière à l’hôpital, nous avons beaucoup de travail !

Pierre s’approcha de Nina et l’embrassa tendrement sur le front !

– N’écoute pas ta mère, Nina, tu es une fille superbe, lui murmura-t-il !

– Mais Papa, quand j’avais plein d’acné, un appareil dans la bouche pour redresser mes dents, et que j’étais un peu rondelette, tu me trouvais déjà magnifique !! lui répondit-elle

– Et pour te rassurer, Maman, je peux te dire que je vais très bien !

– Mais Nina tu es notre fille et c’est normal que je m’intéresse à ta santé ! Nina ne répondit pas, pensant à toutes ces années qu’elle voyait sa mère dans ce fauteuil, et relativisa sa rupture avec Denis. Une rupture de fiançailles n’était que peu de choses à côté de ce que sa maman avait enduré durant ces longues années dans son fauteuil roulant, à ne pas pouvoir partager les jeux dans le parc du Manoir et les sorties avec ses enfants.

En réponse au regard sceptique de sa mère, elle insista : – Mais Maman, je t’assure, je vais très bien. Ce qui m’ennuie le plus, c’est l’argent que vous aviez déjà dépensé pour ces fiançailles et les cartons d’invitation que vous aviez déjà envoyés à la famille.

– L’argent n’est rien, répliqua Pierre !

– Quant à la famille, ils comprendront et s’en

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remettront : il n’y a pas « mort d’homme » à ce que je sache ! dit Pierre à nouveau.

– Ton père a totalement raison, répliqua Valérie.

Sur ces entrefaites, André poussa la porte d’entrée fortement, et s’effondra sur le fauteuil le plus proche !

– -On a perdu notre match, si ça intéresse quelqu’un ! Puis il se dirigea vers le frigo pour chercher à boire !

– Ne bois pas à la bouteille et prends un verre s’il te plaît, lança Valérie depuis son fauteuil.

– Dis-moi Nina, qu’as-tu fait pour avoir une tête aussi épouvantable ? Il t’est arrivé quelque chose ? tu es enceinte ? lança André à sa sœur !

– Mon petit frère, je viens d’assurer une garde toute la nuit dernière dans mon service. Aussi comprends que je ne peux avoir la tête d’une personne qui a dormi 9 heures sans être dérangée.

– Ok-Ok répondit André.

– J’ajoute que tu as souvent des gardes de nuit et ce n’est pas pour autant que tu te promènes avec cette tête !!

– Bien ! sache André que j’ai rompu mes fiançailles avec Denis, et bien évidemment il n’y aura pas de mariage ! Cette fois ci, Nina ne « prit pas des gants » pour l’annoncer à son petit-frère !

– Quelle bonne nouvelle !! tu t’es enfin décidée à lâcher ce polichinelle, ce faux-cul de première ?

– André, parle un peu mieux à ta sœur, lui lança Valérie.

– Crois-moi, Grande Sœur, je ne le regretterai pas.

Nina se tut et ne répliqua pas ! En réalité elle savait que son frère avait raison et elle se sentit un peu coupable de ne pas s’en être aperçue plus tôt ! Il venait de dire tout haut ce que beaucoup d’autres pensaient tout bas. Et c’est à ce moment précis qu’elle repensa à certaines attitudes et

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paroles que Denis avait tenues et auxquelles elle n’avait pas répondu.

– Tu sais, Nina, lorsque nous serons mariés, il faudra que tu ralentisses ton travail, en pratiquant un mi-temps par exemple, car moi-même, étant dans la politique, nous devrons assister souvent à des cocktails, à répondre et à rendre des invitations à des personnes hautement placées : nous aurons donc une vie sociale bien remplie ! Nina n’avait pas osé répondre à sa décision, car elle ne voulait absolument pas arrêter son métier, même à mi-temps, tant elle aimait ce qu’elle faisait ! Elle en était passionnée !

– De plus quand nous serons installés dans notre maison, maman habitera avec nous, avait-il décidé ! Nina, là encore, n’avait pas riposté, car c’était un fait acquis, qui ne prêtait à aucune discussion ! Aujourd’hui, chez ses parents, de nombreuses décisions de Denis lui revenaient en tête et elle se sentait même ridicule de ne pas avoir répondu immédiatement à ses affirmations.

– Grande Sœur, c’est lui qui t’a laissé tomber ou c’est l’inverse ? Il t’a trompé et couché avec une autre femme ? Toutes ces questions devenaient lassantes pour Nina et elle lui répondit :

– Denis n’a couché avec personne ! En son for intérieur : « même pas avec moi » !

Pierre intervint :

– André, veux-tu arrêter tes questions ? Quand Nina se sentira mieux, elle saura très bien nous le dire elle-même !

– Ok ! répondit André.

Nina n’avait d’ailleurs jamais osé dire à ses parents que Denis, apprenant qu’elle avait été adoptée, avait entrepris une enquête pour savoir qui était la mère biologique de

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Nina. Il pensait vraiment à tout ce politicien. Tout aurait été à revoir s’il avait trouvé une ascendance assez déplorable ! C’est par hasard qu’elle avait appris sa démarche, et cela l’avait rendue furieuse, mais encore une fois, elle ne lui en avait pas tenu rigueur !

Nina, elle-même, n’avait jamais été tentée de rechercher sa mère naturelle, car cela lui paraissait tellement logique que Pierre et Valérie soient ses parents. Sa mère était Valérie et elle était unique ! Elle ne souhaitait pas leur en parler, car elle se demandait comment ses parents qu’elle aimait tant, allaient réagir ! Pour répondre tout de même à son frère, elle lui dit :

– C’est une série de petites choses qui nous a fait comprendre que nous n’étions pas faits l’un pour l’autre !

– Ah ! çà c’est bien vrai, s’exclama André !

Et tout se termina par cette phrase pour expliquer à son frère que Denis et elle se séparaient. Valérie profita du silence revenu pour s’adresser à Nina.

– Tu devrais prendre des vacances, ma Chérie ! Tu avais prévu un voyage avec Denis ?

– Oui, nous avions projeté de faire une croisière en Méditerranée pour notre Lune de miel. Mais cette idée m’avait passablement irritée quand je sus que sa mère nous accompagnerait. Il s’en était suivi une houleuse discussion entre Denis et moi, jusqu’au moment où, avec bien du mal, il comprit que ce n’était peut-être pas la meilleure des solutions.

– Eh ! bien, pars en croisière seule ?

– Mais maman, je ne souhaite pas partir en vacances : j’ai trop de travail actuellement. Il va me falloir annuler toutes les invitations que nous avions envoyées !

– Ma fille personne n’est indispensable dans la vie et nous nous en occuperons nous-mêmes !

– André ! veux-tu aller me chercher les catalogues que

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je feuilletais il y a quelques jours. Ils doivent être sur une chaise dans le salon !

Pierre se permit d’intervenir et chuchota dans le creux de l’oreille de Nina :

– Ma chérie, tu sais bien que lorsque ta mère a une idée en tête, il ne faut pas la contredire. Dis oui, tout de suite, et tu économiseras de la salive !

– Que dis-tu Pierre ? demanda Valérie.

– Je disais juste à Nina que cette croisière ne pouvait que lui faire du bien !

En très peu de temps, André à l’ordinateur, et Valérie à ses côtés, enregistrèrent une cabine-balcon single sur le Normania, bateau de croisière d’un des plus importants croisiéristes de la Planète, pour un séjour de 8 jours en Méditerranée, hors vacances scolaires.

– Ce sera probablement très intéressant pour toi, tant sur le plan culturel qu’en échange avec des personnes de ton âge.

– Tu partiras de Marseille en direction de Naples, Rome, Florence, le Cap Corse et retour sur Marseille.

– Mais maman, ne crois-tu pas que les personnes présentes seront surtout des séniors ?

– Mais pas du tout, ma Chérie. Avant que tu ne viennes au monde, nous avons fait, avec ton père, plusieurs croisières de ce genre et nous sommes toujours revenus enchantés !

– Et puis tu vas t’amuser un peu, c’est bien ton tour, n’est-ce pas Pierre ?

– Oui, c’est certain, et quand le bateau ne fera pas escale, tu pourras profiter du Casino avec tous ses jeux, des spectacles grandioses tous les soirs. Tu pourras aussi, si le cœur t’en dit, te reposer à la bibliothèque du bateau en lisant un bon polar !

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En fait, Nina ne savait pas s’amuser ! Peut-être était-elle trop sérieuse ? Il faut dire aussi que Denis était un peu comme elle : la politique, il y pensait nuit et jour ! Sa meilleure amie, Emilie, lui répétait souvent de « profiter de la vie pendant qu’elle était jeune ». Son insistance avait doublé depuis qu’elle savait que Nina avait rompu avec Denis ! Mais Nina n’était pas prête du tout à connaître, pour l’instant, un autre homme.

Ce que son amie ignorait c’est que Nina n’était pas spécialement attirée par le sexe ! Elle devait se fiancer et se marier avec Denis, mais ce dernier n’était pas du tout tactile et n’avait jamais tenté quoi que ce soit. Il la respectait trop, disait-il, pour lui faire des avances à ce niveau-là ! Leur amour se limitait à des baisers bien trop chastes. Y avait-il autre chose qui le retenait ?

Nina boucla sa valise trolley rapidement : le strict minimum ! elle se plaisait bien en blue-jean, en rapport avec le pantalon blanc qu’elle portait tous les jours à l’hôpital.

Elle prit le TGV pour se rendre à Marseille Saint-Charles.

Arrivée au port, on lui signala que le Normania n’avait pas pu accoster faute à l’important Mistral qui soufflait. Mais une quinzaine de bus était là pour transporter les voyageurs à la Seyne-sur-Mer où le bateau les attendait. Le personnel présent donna à Nina un n° de bus dans lequel elle monta.

Elle se sentait déjà comme une seconde Nina, et pour se passer le temps, elle dévisagea une bonne partie des personnes, qui comme elle, devaient se rendre à la Seyne-sur- Mer. Elle fut vite rassurée quand elle constata la présence de personnes de son âge, de jeunes couples avec leur bébé et quelques séniors, mais ils n’étaient pas les plus nombreux.

Son regard s’arrêta, l’espace d’un bref instant, sur un

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homme qui, en temps normal, aurait pu lui plaire. Il avait un beau visage un peu basané genre Italien, des cheveux noirs, une prestance d’un homme de 30 ans environ, assez grand et semblait très à l’aise dans son costume « tiré à quatre épingles » de couleur claire. Il chercha son bus et le trouva un peu plus loin. Pas de chance pour Nina, il n’était pas dans le sien. Mais peu importe, car un tel homme n’aurait jamais fait attention à elle !

Au bout d’une demi-heure, ils étaient au port de la Seyne-sur-Mer. Nina descendit en premier, récupéra sa valise, fit toutes les démarches administratives obligatoires, laissa sa valise au personnel du navire (qui devait lui amener directement devant la porte de sa cabine) et se retrouva bien vite à l’entrée du bateau qui se trouvait à l’étage le plus bas, tout près de l’eau. Là, son sac à main passa dans le couloir détecteur, et elle prit en même temps la carte « passe- partout » qui allait lui servir tout au long de la croisière. Sa cabine balcon se trouvait au cinquième étage qu’elle retrouva rapidement en prenant l’un des ascenseurs.

Nina, pour qui c’était la première croisière, trouva sa cabine balcon magnifique : 2 lits d’une personne étaient rapprochés pour n’en former qu’un (cabine single). Elle jeta son sac à main sur le lit et s’empressa de se rendre sur le balcon où se trouvaient 2 chaises. Après avoir respiré plusieurs fois à pleins poumons, elle s’assit sur une chaise, face à la mer et au soleil. Sa première pensée fut pour sa mère qui l’avait poussée à faire cette croisière, car elle se trouvait alors calme et détendue et ce, depuis bien longtemps. Puis elle repensa à ses fiançailles rompues et se rendit compte rapidement que c’était bien ainsi. Auprès de Denis, elle se rendit compte qu’elle avait peu à peu perdu confiance en elle, et lui, s’en était bien chargé ! En la

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dénigrant en permanence, il lui avait totalement détruit son aplomb. Il lui avait fait comprendre que les apparences en politique étaient primordiales et qu’une fois mariés, il était important qu’elle puisse changer les siennes.

La première fois, alors qu’ils étaient reçus chez un collègue à lui, il lui avait fait remarquer, une fois de retour dans sa voiture, que sa robe rouge groseille était de très mauvais goût pour une telle invitation. Une autre fois, c’était sa robe qui laissait trop voir la naissance de ses seins ! Bref, elle n’était jamais dans le ton de la réception. Petit à petit, elle attrapait de véritables complexes en l’accompagnant. C’est ainsi qu’elle avait jeté sa robe rouge et n’apparaissait plus en hauts talons. Il en avait fait sa

« chose » et l’avait enfermée dans sa propre bulle. Elle se sentait de plus en plus repoussée par ce juriste qu’elle avait connu trop tôt, et qui était plein d’ambitions.

Au début il avait tout fait pour la mettre à l’aise et lui donner de l’assurance. Elle se souvint même lui avoir dit une fois qu’elle était embarrassée par sa poitrine généreuse : il lui avait répondu sur un ton sarcastique : « personne n’est parfait » !! Mais Nina ne connaissait rien aux hommes. Quand il lui avait demandé de l’épouser, elle en fut flattée et s’était crue amoureuse ! Et elle attendait ainsi que leur amour se traduisit par autre chose que par des baisers bien chastes. Elle fut à la fois heureuse et rejetée quand il lui annonça qu’il la respecterait jusqu’au mariage. Elle se souvint aussi que des bruits avaient couru que Denis était gay. Elle n’y avait jamais prêté attention, jusqu’au jour où elle se disputait une fois de plus avec lui et lui lança (sans aucune arrière-pensée) ce qu’il ne fallait pas dire :

– Mais tu n’aimes que toi, tu n’aimes pas les femmes ! Denis prit cette remarque d’une autre façon que Nina !

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– Ne répète jamais cela !! il lui prit un poignet et serra de toutes ses forces !

– Non ! je ne suis pas homo, c’est faux…… totalement faux !! Nina n’avait jamais vu Denis dans un tel comportement de rage. Elle en profita pour retirer sa bague de fiançailles et la lui fourra dans sa poche de veste. Denis se retourna, et laissa Nina sur place.

Nina fut sortie de ses pensées par un appel du haut- parleur de sa cabine : « Mesdames, Messieurs, vous êtes priés de descendre au niveau 2 avec vos gilets de sauvetage qui se trouvent en haut de votre armoire pour une simulation de naufrage. Une équipe du Normania vous y attend. Merci.

Le tout fut répété en anglais.

Nina s’empara du gilet de sauvetage et rejoignit les ascenseurs qui étaient tous complets. Inutile d’attendre, se dit-elle, je vais prendre les escaliers. Tout se passa bien au premier étage mais alors qu’elle empruntait celui du niveau 3, elle fut violemment bousculée par une bande de jeunes filles et garçons. Elle perdit l’équilibre, vacilla, les bras en l’air. Elle fut saisie presque brutalement par une main à poigne. Nina rejeta en arrière sa queue de cheval et adressa un sourire reconnaissant à l’homme qui venait de la saisir par la main pour l’empêcher de tomber.

– Merci beaucoup, dit-elle, d’une voix haletante. Puis elle leva les yeux pour regarder cette personne. C’était l’Italien, comme elle l’avait appelé, et aperçu avant le départ des bus au port de Marseille. Reprenant ses esprits, elle vit que l’homme était encore plus beau que celui du port. Elle ne savait plus quoi dire ! Elle le trouvait beau comme un Dieu ! Il était grand, ses cheveux et ses yeux étaient bruns, et il avait un sourire envoûtant, sensuel ! Ses longs cils

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étaient aussi bruns que ses sourcils et sa chevelure. Elle tenta de se ressaisir : peine perdue !

– Vous êtes Française ? dit-il, tout en continuant d’avoir sa main dans celle de Nina.

– Vous voulez que j’appelle une personne de vos proches sur le bateau ?

– Inutile, chuchota Nina, je voyage seule !

Ni l’un ni l’autre, n’essayait de dégager leurs mains qui se touchaient. C’était le coup de foudre physique, à n’en point douter, et de part et d’autre !

– Bien ! voulez-vous que l’on rejoigne les autres au niveau 2 pour la simulation de naufrage ?

– Oui ! oui ! répondit Nina ! pauvre idiote pensa-t-elle : voilà que tu dis à un inconnu que tu es seule sur ce bateau.

Tu n’as plus qu’à lui dire qu’il te plaît et que tu veux coucher avec lui. Elle avait réagi comme une nonne qui sort du couvent, et elle s’en voulait affreusement !

Quand ils arrivèrent au niveau 2, la simulation du naufrage était presque terminée, et déjà certains repartaient pour rejoindre leurs cabines.

– N’ayez crainte, si un naufrage survient, je vous sauverai car je suis très bon nageur, lui dit-il en riant !

– Nina un peu moins tendue lui posa une question ! A quel étage du bateau logez-vous ?

– J’ai une suite au 9 ième, vous voulez la visiter ? Nina lui répondit : « une autre fois » C’était toujours la même crainte de l’inconnu Italien qu’elle connaissait à peine !

– Vous savez, vous ne risquez rien, nous sommes dans un lieu public et je suis tout à fait inoffensif ! Oui, ils disent tous cela, pensa Nina mais au fait qu’en savait-elle ? Elle n’avait connu que Denis et n’était pas femme à attendre fébrilement le danger, sans penser au lendemain !

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– De mon côté, j’ai une cabine single avec balcon au 5 ième et je vais remonter et ranger ce gilet de sauvetage.

– De quel service de repas êtes-vous ? – Du premier, et vous ?

– Du premier également.

– Alors retrouvons-nous pour dîner ? demanda Mattéo.

– Eh bien, d’accord, à tout à l’heure ! Nina s’étonnait elle-même : que m’arrive-t-il pour parler à cet homme, charmant et désirable, alors qu’il m’est totalement inconnu ? Elle semblait avoir totalement tourné la page de son mariage rompu avec Denis, et se retrouvait dans le moule de sa copine, Emilie, « profite pendant que tu es jeune » !! Arrivée à sa cabine, elle s’affala sur le lit, et ne pensa même pas à se changer pour le repas (ce n’était pas le repas du Commandant).

Mattéo, quant à lui, se posait aussi des questions sur Nina : cette fille, pour ce qu’il savait d’elle, était peut-être une menteuse avec beaucoup d’expériences. Pourtant son trouble n’était pas feint. Elle ne savait pas mentir sans rougir ! Toujours est-il qu’il la trouvait très belle et désirable.

19 h : Nina se trouvait déjà dans une des 3 salles à manger. Etant seule, un serveur lui proposa 2 tables au choix, qui semblaient réservées aux personnes voyageant seules. A peine assise, elle entendit « puis-je m’asseoir à vos côté pour ce dîner ? » Tournant légèrement la tête, et de son plus beau sourire, elle répliqua : « mais bien volontiers cher Monsieur ». Le repas du soir était un repas gastronomique, et avant qu’on leur apporte la carte, Mattéo prit la parole et se tourna vers Nina : « et si nous faisions les présentations ?

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Pourquoi pas ? renchérit Nina.

– Je suis Corse et je m’appelle Mattéo Marchetti de Corse du Nord. Je suis célibataire et homme d’affaires.

Quand je suis monté à Marseille dans le Normania, je venais de séjourner 3 jours en métropole. A vous à présent ?

– je m’appelle Nina Nomblot, et je suis infirmière en hôpital, bien souvent en bloc opératoire ! et je voyage pour mon plaisir. Je sors d’une déception amoureuse et j’ai décidé de faire une croisière pour me changer les idées ! Voilà, vous savez presque tout de moi ! (Inutile de lui en dire plus, pensa-t-elle ! toujours méfiante vis-à-vis de cet inconnu Corse, alors qu’elle l’avait cru Italien ! mais peu importe c’était un homme classe et il lui plaisait bien physiquement).

De plus, elle pensait que tout cela ne la mènerait pas bien loin et avec l’expérience de Denis, elle savait séparer le sexe des sentiments. Et telle la fille encore un peu niaise et « non dégrossie », elle se crut obligée d’ajouter :

– Mais croyez-moi je ne cherche pas une amourette pour la croisière ! (quelle connasse je suis, pensa-t-elle)

Visiblement un peu déçu de cette réplique banale dont il n’avait que faire, il reprit, après un très court silence.

– J’ai pris l’avion pour l’aller, et pensant ne pas avoir perdu mes 3 jours en métropole, j’ai décidé de m’attribuer un break de 6 jours en prenant ce bateau au départ de Marseille, et de visiter un peu l’Italie lors des escales.

Le repas gastronomique était composé de plats très fins, mais peu volumineux. Tous deux le terminèrent très vite.

– Et maintenant, s’adressant à Nina : voulez-vous assister au spectacle du soir ? En général, ce sont de belles représentations et la salle de spectacles est plutôt très grande et les sièges bien reposants.

– Ok ! Allons-y.

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Une fois debout Mattéo, se retourna vers Nina.

– Nous pourrions peut-être nous tutoyer, ce serait plus simple, lui chuchota-t-il à l’oreille !

– Tu as raison Mattéo, répondit en riant Nina !

Ils traversèrent plusieurs salles très lentement, en flânant : salle de danse, où un groupe de musiciens jouaient passivement pour créer une ambiance feutrée, salle du Casino, où quelques personnes tentaient leur chance ! Ils arrivèrent enfin à la salle de spectacle d’où sortaient les croisiéristes du second repas, et qui venaient d’assister au premier spectacle. Il y avait plusieurs gradins de fauteuils.

Ils s’assirent en haut pour mieux voir !

Mattéo ne pouvait détacher son regard des superbes seins, naturels qui tendaient le tee-shirt de Nina. Elle portait un jean moulant qui avantageait ses jolies formes.

Lentement et en douceur il avança sa main gauche sur celle de Nina. Au toucher de la peau, une sorte de « courant » lui traversa le corps rapidement. Nina ne sursauta pas car elle attendait cela ! mais une bouffée de désir l’envahit à tel point qu’elle prit sa main entre les 2 siennes, l’embrassa tendrement tout en se serrant contre lui !! Les 2 visages se rapprochèrent, les lèvres se touchèrent délicatement, suivies d’un langoureux baiser ! Nina, pour la première fois de sa vie, sentit son corps vibrer de plaisir !

Ce baiser se répéta à plusieurs reprises. Mattéo retenait sa libido : cette fille, il la voulait à lui seul ! Nina, radieuse, reposa sa tête sur son épaule !

La salle se remplit petit à petit, et quelques minutes plus tard le spectacle commença avec des Equilibristes ! Les paupières de Nina se firent lourdes, si bien qu’elle s’endormit sur l’épaule de Mattéo peu avant le troisième numéro !!

Nina fut sortie de sa torpeur par Mattéo !

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– Nina, le spectacle est terminé.

– Comment as-trouvé cela ? lui dit-il.

– Je… je… ! très bien ! répondit Nina, et tous deux sourirent de bon cœur.

– Que dirais-tu si je t’appelais Mat ? demanda Nina.

– Rien, car toutes mes copines m’appellent ainsi ! Il l’enlaça par l’épaule et l’embrassa dans le cou. Nina ne répondit pas à sa remarque, ne sachant pas s’il plaisantait ou pas ?

Ils reprirent le chemin inverse et sur la piste de danse, quelques couples se trémoussaient au rythme imposé par l’orchestre.

– Que veux-tu faire à présent, Nina ?

– Remonter à ma cabine et me coucher, car la journée m’a épuisée !

– Tu veux te coucher… seule ? demanda en riant, Mattéo.

– Oui ! Mat, toute seule, dans mon grand lit !! (Elle entendit en même temps, une petite voix, celle d’Emilie, qui lui disait « pour une fois dans ta vie, lâche-toi » ! Intérieurement elle lui répondit « demain Emilie, ce soir je suis sur les genoux »

– Tu ne dis rien, Nina, tu vas bien ? lui demanda Mattéo.

– Oui Mat, c’est parce que je suis très fatiguée.

– Demain, nous descendons à Naples ? demanda Nina.

– Si tu veux, mais ne prends pas le bus. Nous louerons un taxi, ce sera plus facile pour visiter, et de plus, nous partirons plus tard. Profite pour bien dormir. Nous nous retrouvons demain au petit-déjeuner pour 10 heures.

– Ok ! Mat. Au 5ième étage, elle sortit de l’ascenseur sans oublier d’embrasser « amoureusement » son Mat ! Elle retrouva facilement sa cabine single et en 10 minutes, elle se

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retrouva dans les bras de Morphée.

Le lendemain matin, Mattéo prenait son petit-déjeuner dans la grande salle au niveau 3.

A peine avait-il posé son plateau sur une table que Nina arrivait ! Elle portait un petit haut avec bretelles, à moitié transparent, de couleur crème, et une jupe courte noire à petits pois blancs, ce qui laissait entrevoir sa très belle paire de seins presque droits avec de jolis mamelons, le tout ne demandant aucun soutien, et son nombril était à l’air. Elle n’avait pas de « queue de cheval » et ses magnifiques cheveux blonds tombaient légèrement sur ses épaules. Ses jambes étaient longues et fines.

Mattéo, debout, la regarda, médusé, venir à lui.

– Tu es magnifique, comme toujours, mais aujourd’hui plus qu’hier !

– Bonjour ! Arrête de me faire toujours des compliments.

– Mais pourquoi tu n’aimes pas ? car, crois-moi, je ne me force pas. Vois comment les hommes de la salle te regardent !

Ils se firent un baiser et Nina partit remplir son plateau.

– Tu as bien dormi ? demanda Mattéo.

– Oui comme un bébé : j’étais, hier soir, vraiment épuisée.

– Et toi ?

– Mal, car j’étais seul dans mon lit et ce n’est pas mon habitude.

Nina ne répondit pas, ne sachant pas si c’était une invitation qui lui était présentée, ou une plaisanterie !

Le petit-déjeuner avalé, ils descendirent par les ascenseurs pour trouver la sortie. Les bus étaient partis

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