• Aucun résultat trouvé

De l’utilité des phrases faites dans l’enseignement du polonais

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "De l’utilité des phrases faites dans l’enseignement du polonais"

Copied!
18
0
0

Texte intégral

(1)

CENTRE DE CIVILISATION POLONAISE UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE

POLONICUM, CENTRE D’ENSEIGNEMENT DE POLONAIS LANGUE ÉTRANGÈRE

LE

POLONAIS

LANGUE ÉTRANGÈRE

ENSEIGNER ET APPRENDRE

SOUS LA DIRECTION DE Leszek Kolankiewicz ETD’Andrzej Zieniewicz

(2)
(3)

méthodes

Pratiques

suPPorts

méThodes -PraTiques -suPPorTs

(4)

krystynA Bourneuf

de l’utilité des Phrases faites

dans l’enseignement du Polonais

Le défi du professeur consiste à doter l’étudiant étranger des connaissances nécessaires pour qu’il puisse s’intégrer dans un univers culturel qui possède des paramètres différents que celui d’origine.

Luisa A. Messina Fajardo

introduction

Le terme unique de « phrases faites » désignera dans mon arti­ cle proverbes, dictons, sentences, locutions verbales, fige ments, tour nures idio matiques, slogans et citations. Le terme de « phrases faites » est une simplification purement technique. En effet, la voca tion de cet article n’est pas de définir ni de cataloguer son com plexe support : il s’agit d’en démontrer l’intérêt dans l’ensei­ gnement et de contribuer à leur accessibilité.

Pour établir le glossaire en annexe, je me suis basée sur le concept d’équivalences, autrement dit : de remplacements ou de correspondances.

Mon article s’adresse avant tout aux enseignants de la langue polonaise langue étrangère en France pour apprenants adultes. Souhaitant toutefois rendre mon texte accessible à tout public, je joins en italique les traductions en français des phrases faites polonaises et de plusieurs vocables polonais.

J’ai commencé à enseigner la langue polonaise à la Sorbonne, dans le cadre de la Formation continue universitaire, dans les années 1990. À l’époque, nous, les enseignants, étions désespérés par le manque de supports adéquats et par l’abîme infranchissable entre les 2 h de cours hebdomadaires dispensés et l’hypothétique

(5)

résultat de cet apprentissage. Après un énième cours particulière­ ment improductif, dénué de réalité linguistique et culturelle, l’une d’entre nous a prononcé une vérité minimaliste mais incontes­ table : si nos étudiants sortent de leur cours avec une belle phrase en polonais, bien apprise et correcte, ce sera déjà une victoire !

De là m’est venue l’idée de compléter les textes insipides des manuels de polonais d’antan par une expression ou un dicton, en relation avec le contenu du cours. Le succès a été immédiat : mes apprenants aimaient à répéter ces petites phrases, ils s’exerçaient volontiers à leur prononciation, et en appréciaient le rythme, la rime et l’imaginaire. Car les phrases faites sont très denses séman­ tiquement, voire sémiologiquement. Le locuteur présente au desti­ nataire une image, une synthèse. Parfois dérisoire, parfois irréelle, parfois absurde, mais toujours amusante et haute en couleur. Dans notre langue natale, nous oublions les sens multiples des phrases faites, elles sont usées par leur utilisation quotidienne (seuls les mots­croisés nous renvoient à leur complexité, à la « polyvalence de signes » de Bernard Pottier). Alors qu’elles constituent une découverte fascinante pour un apprenant, une expérience nou­ velle et très percutante.

Certains spécialistes considèrent que les phrases faites sont moins utilisées à notre époque, dans un monde qui perd ses racines rurales (Julia Sevilla Munoz, par exemple). Je trouve au con traire qu’elles bénéficient d’un succès croissant grâce aux tendances actuelles : retour aux sources, protection de la nature, recherche d’identité et de racines, défense des dialectes.

Petit à petit, je me suis donc mise à collectionner ces phrases réputées intraduisibles, toujours dans une optique pédagogique. Je me place dans la lignée de Michel Ballard qui voit les proverbes à

la croisée des préoccupations de la parémiologie, de la linguistique, la pragmatique, la sociolinguistique, des études culturelles et de celles concernant l’écriture.

m é T hodes -Pra T iques -s u PP or T s

(6)

Les enseignants de polonais langue étrangère disposent à présent de supports bien plus adéquats. La phrase faite est pré­ sente dans plusieurs manuels, mais elle apparaît en conclusion, souvent accompagnée d’un dessin humoristique, en dessert ou en décor d’un cours déjà assimilé (O biznesie po polsku de Marzena Kowalska, Dzień dobry de Laurence Dyèvre / Marie Furman­Bouvard ou Z polskim na ty d’Ewa Lipińska). Ou alors elles figurent sous forme de listes alphabétiques exhaustives et en relation avec le sujet du cours, mais nullement développées en exercices pratiques, ce qui revient au même : elles restent anec­ dotiques, en marge de l’enseignement (Kiedyś wrócisz tu d’Ewa Lipińska / Elżbieta Grażyna Dąmbska). Hurra !!! po polsku 2, niveau A2, inclut des phrases faites comparatives dans un seul cours, la « Leçon 7 », où est abordé le sujet des animaux.

L’intérêt pédagogique des phrases faites

L’intérêt de présenter des phrases faites dans l’enseignement d’une langue est multiple. Les phrases faites sont expressives, à la fois imagées et terre­à­terre, frivoles ou sentencieuses, grivoises ou moralisatrices. Bref, elles véhiculent des émotions ­ un outil puissant dans l’enseignement de toute langue. Cette découverte du Community Language Learning reste incontestable. Dans les programmes de l’enseignement du polonais langue étrangère, l’intégration des phrases faites est recommandée uniquement pour les apprenants dits « avancés », niveau B1 ou B2, selon Anna Burzyńska, et inexistante dans les programmes de cours proposés par Przemysław E. Gębal.

Je ne suis pas d’accord avec cette opinion, trop restrictive par rapport à la curiosité des élèves. Même chez les débutants, assimi­ ler une phrase faite constitue un élément civili sa tionnel, ludique et de mémorisation facile. Qui plus est, il ne s’agit pas de mots ni de listes de vocabulaire sortis du contexte. C’est une étape non négligeable que de retenir une phrase entière, autar cique. « N’uti­ lisez jamais de simples mots, employez des phrases » disaient J.C.

(7)

Richards et T.S. Rodgers. Quant à Luisa A. Messina Fajardo, elle recommande de les introduire dès les niveaux débutants. Mais les phrases faites sont bien plus que des expressions plaisantes à mémoriser. Elles fournissent à l’apprenant des informations socio­culturelles importantes : la religion, le patriotisme, les inter­ dits, la vie familiale, le commerce, les occupations quotidiennes ; les défauts et les qualités de tout un peuple. Comme le dit Luisa Fajardo :

Les particularités culturelles d’une communauté apparaissent, souvent, dans les situations de communication : les gestes, les positions, les distances, les façons de s’habiller ; les rituels de courtoisie, et pour en revenir à ce qui nous intéresse de plus près, les expressions toutes faites, les formules traditionnelles, les façons de dire, les placements, les proverbes, les dictons, les plaisanteries, etc…, enfin, des unités phraséologiques qui assument un rôle très important dans le processus communicatif.

comment utiliser les phrases faites

dans l’enseignement

L’enseignant doit préparer à l’avance la présentation d’une phrase faite en fonction du sujet du cours, mais aussi savoir saisir au vol l’opportunité de la présenter, ce qui implique d’en avoir plusieurs en mémoire. L’annexe de cet article en suggère quelques­ unes. Ensuite, il faut en gérer l’emploi. Les phrases faites n’aiment pas les modifications. Elles sont « faites », donc figées. Une mise en garde importante : n’essayez surtout pas de vous en servir comme support pour des exercices de substitution, grammaticaux ou de conjugaison, vous allez en dénaturer le sens.

Vous trouverez, ci­après, quelques suggestions d’exercices.

Phonétique et mémorisation

Le premier conseil est de travailler la prononciation et la mé­ mo risation, à chaque séance. Une phrase faite doit devenir un

m é T hodes -Pra T iques -s u PP or T s

(8)

réflexe. Sa répétition peut parfaitement servir d’échauffement, cette pre mière prise de parole si importante pour l’apprenant à chaque cours. Pour varier la simple répétition, l’enseignant peut ensuite scinder la phrase en deux, en un jeu de question/ réponse. Lequel jeu reprend d’ailleurs la pratique des locuteurs natifs : il leur est inutile de réciter la totalité du message et pour le transmettre à d’autres locuteurs natifs, il leur suffit de citer le début de la phrase et d’évoquer la suite par suspension.

Apprenez­le donc à vos élèves, en lançant l’amorce qu’ils com­ plé teront en chœur :

- Baba z wozu… (?) - Koniom lżej !

- Kto po wsi chodzi(?) - Sam sobie szkodzi !

Une fois la phrase bien mémorisée, l’enseignant peut aussi la faire circuler sous forme de dialogue, pour en faire ressortir un élément de vocabulaire, par ex. :

- Jaki jest głodny Polak ? - Zły.

- Kiedy koty są czarne ? - W nocy.

- Gdzie leży pies pogrzebany ? - Tu.

Les apprenants travailleront ainsi les formules interrogatives, les adverbes de lieu ou de temps. Mais, au risque de me répéter, n’allez pas au­delà de ces petites variantes : « koty » ­ les chats doivent rester au pluriel, « pies » ­ le chien au singulier.

grammaire par mémorisation

Les cas de déclinaison les plus insolites pour un apprenant francophone sont le locatif et le datif. Il se trouve que ces deux cas sont fréquents dans les phrases faites polonaises :

(9)

­ Lepszy wróbel w garści, niż gołąb na dachu. Wiercić (komuś)

dziurę w brzuchu. Nie wywołuj wilka z lasu. Nie jednemu psu Burek na imię. Komu wdrogę, temuczas…

On peut utiliser ces phrases en exemples.

grammaire par mise en situation

Prenons pour exemple : Od piwa głowa się kiwa / Si bière il y

a, la tête tournera, et allons commander avec toute la classe de la

bière au café. On travaillera ainsi les cas de déclinaison difficiles, liés aux chiffres : 1 piwo, 2 piwa, 5 piw.

Vocabulaire

Il y a des champs sémantiques récurrents dans les phrases faites : le corps humain, les animaux, les plantes. Élargissez­les :

­ W nocy wszystkie koty są czarne / La nuit tous les chats sont noirs

ou

- Rybka lubi pływać / Le poisson aime nager

On peut dessiner un chat/un poisson au tableau et demander aux apprenants à leur tour de dessiner leur animal préféré, de le nommer et de justifier leur choix. Un exercice que j’ai pratiqué même avec les débutants :

- To jest mój / moja … Nazywa się… Jest…

contexte et dialogue

Les apprenants cherchent une situation pour placer la phrase faite, puis la présentent en dialogue en binôme :

- Jutro mam egzamin. / Je passe un examen demain - Trzymam kciuki ! / Je croise les doigts

- Nic nie rozumiem. / Je ne comprends rien

- Nie ? À to proste jak słońce / Non ? Pourtant, c’est simple comme bonjour m é T hodes -Pra T iques -s u PP or T s

(10)

- Chcę nowe buty i nową komórkę. / Je veux de nouvelles chaussures et un nouveau portable

- Albo rybki, albo akwarium ! / (Tu veux) le beurre et l’argent du beurre.

traduction

C’est la recherche des équivalents, un vrai moment de plaisir et de convivialité : les réponses jailliront de toute part. Prenez le temps toutefois de bien expliquer telle ou telle phrase, et sachez éviter les pièges. Vos élèves se laisseront facilement emporter par un vocable sans en analyser le sens. Ainsi :

- Spaść (jak) z nieba / Tomber du ciel ; Tomber à pic

n’a rien à voir avec :

- Spaść z krzesła / En tomber de sa chaise ; Tomber des nues

utilité civilisationnelle des phrases faites

Pour une participation active des apprenants, certaines séances exigeront de leur part un travail à domicile : trouver une photo, une pub, une recette de cuisine, apporter un souvenir de voyage etc. L’enseignant doit répartir les recherches et établir un timing des présentations.

­ Nie od razu Kraków zbudowano / On n’a pas bâti Cracovie d’un seul coup /

- Rome ne s’est pas faite en un jour

Même s’il existe une version polonaise (Nie od razu Rzym

zbudowano), la première proposition est significative quant à

l’importance de cette ville, il y va de la fierté nationale.

­ Co ma piernik do wiatraka ? / Pourquoi comparer le pain

d’épice et le moulin à vent ?

(11)

« Piernik » est une sucrerie très appréciée en Pologne. Ce sont de

petits gâteaux parfumés à la cannelle et enrobés de sucre glace, originaires de Toruń. Ce qui donnera l’occasion de développer également un sujet historique : Toruń est le lieu de naissance probable de Nicolas Copernic.

­ Nie jednemu psu Burek na imię /Il y a plus d’un chien qui

s’appelle Burek

­ Il y a plus d’un âne qui s’appelle Martin

Dès que l’on sort des grandes villes polonaises, les Burek sont dans toutes les niches. La couleur « bury » fait partie du vocabulaire incontournable des peluches.

­ Czerwony jak burak (jak pomidor) / Rouge comme une betterave

­ Rouge comme une tomate (une pivoine, une écrevisse)

On peut devenir rouge comme une tomate dans les deux langues concernées, mais un Polonais privilégiera la betterave comme référence ; c’est un légume très présent dans ses menus. Une escapade culinaire : la recette du borstch.

­ Gość w dom, Bóg w dom / Un hôte à la maison, Dieu à la

maison

Un jour, une de mes élèves débutante m’a fait part de son souci par rapport à la visite de ses beaux­parents polonais : comment leur réserver le meilleur accueil malgré les problèmes de commu­ nication. J’ai écrit le proverbe au tableau. Tout le groupe d’appre­ nants en a travaillé la prononciation, nous avons aussi corrigé le locatif ; mais surtout nous avons pris le temps d’apprécier le rythme monosyllabique de la phrase, qui en justifie l’incorrection gram maticale. Puis j’ai recommandé à cette élève la confection d’une guirlande avec le proverbe et de l’accrocher dans son entrée. Les visiteurs étaient, paraît­il, très émus.

­ Polak głodny, Polak zły / Un Polonais qui a faim est un Polonais

en colère m é T hodes -Pra T iques -s u PP or T s

(12)

Phrase faite et sans équivalent, évidemment ! Mais par sa simplicité et son message ô combien universel, elle fait la joie des apprenants, surtout des épouses françaises, confrontées à l’appétit slave des maris polonais. Mes élèves ont d’ailleurs inventé : Français affamé,

Français déchaîné.

­ Rybka lubi pływać / Le poisson aime nager

Cours magistral sur la vodka qui ne se déguste pas mais se boit cul­ sec ; et comme elle est avalée très vite, on prévoit des « zakąski » / zakouskis salés pour faire passer son âpreté : cornichons, saucisson et l’incontournable hareng à l’huile. Alors, lorsque la bouteille est vide, les convives rappellent l’hôte à l’ordre : il reste du hareng, mais il n’y a plus de boisson. Une dégustation de vodka est impensable au cours d’une leçon de langue, mais rien n’empêche d’en présenter les accessoires, par ex. le verre à vodka et autres contenants de boissons diverses. Le découpage sémantique et culturel est si différent du français que ça en « vaut le coup » :

Kieliszek = verre à alcool

Lampka = verre à vin (verre à pied)

Szklanka = grand verre à eau ou à bière. On y sert aussi les

bois sons chaudes, le thé et le café à la turque

Kufel = chope à bière

Kubek = chope ou mug pour les boissons chaudes du matin,

thé, café, lait. Récipient incontournable dans un foyer polonais.

Filiżanka = tasse. Connotation plus luxueuse. Réservée au repas

de fête ou aux salons de thé.

Puis mes élèves ont pu passer quelques tests. Au cours suivant, ils ont dû dessiner les différents verres selon leur nom polonais, à un autre, former des couples entre les noms et les dessins à partir d’un jeu de cartes comportant six dessins de verres et six noms, ce qui est facile à préparer pour l’enseignant. Plusieurs

(13)

de ces vocables figurent, illustrés par des petits dessins, dans la présentation de l’alphabet polonais du manuel Miło mi panią

poznać de Magdalena Serafin et Aleksandra Achtelik.

On pourra aussi travailler sur le sujet de l’étiquette en Pologne : comment finir son assiette de soupe, ou comment dresser la table sachant qu’on mange le poisson avec deux fourchettes etc.

­ Od piwa głowa się kiwa / Si bière il y a, la tête tournera

- Od wódki rozum krótki / Si vodka il y a, la raison s’en va

Équivalents :

­ Un verre, ça va, trois verres, bonjour les dégâts ­ Tu t’es vu quand t’as bu ?

La réputation des Polonais en matière de consommation d’alcool est ancrée chez les apprenants, si on songe par exemple au fameux dicton napoléonien Soûl comme un Polonais, ou à leurs expériences personnelles. Et « piwo » est un vocable déjà acquis par tous les débutants. Rien que les marques des bières permettront un cours de géographie et d’histoire : Lech, Żywiec, Żubr, Królewskie, Piast… La recette du « grzane piwo » (bière chaude aromatisée) a toujours un grand succès. Mais demandez aussi à vos élèves français de trouver une mise en garde contre les effets de l’alcool : ils sont rares, on loue surtout les bienfaits du vin. Les équivalences françaises que je propose datent respectivement de 1984 et de 1991, des campagnes publicitaires de la CFES et du talent de leur créateur, Daniel Robert. Une occasion pour remettre les pendules à l’heure, entre deux nations de bons buveurs.

Projets pédagogiques plus ambitieux et à plus long terme

Un spectacle de devinettes civilisationnelles : mettre en scène et mimer l’image véhiculée par quelques phrases faites, si vous organisez une fête de Noël, de fin d’année à l’école ou un pique­ nique. Il suffit de se procurer quelques gadgets simples : jouets pour enfants, pancartes explicatives, éléments de déguisements.

m é T hodes -Pra T iques -s u PP or T s

(14)

La création d’un livret : ce sera un souvenir original pour un groupe d’apprenants, avec leurs commentaires et illustrations.

glossaire

Vous trouverez ci­dessous le résultat de mes expériences per­ sonnelles d’enseignante de langue polonaise langue étrangère pour adultes francophones. Il consiste en une mise en parallèle des phrases faites polonaises avec leurs équivalents français, « para­ synonymiques » selon le terme de Bernard Pottier, qui souligne à ce sujet la priorité de l’équivalence du message, « la reconnaissance du sens » par rapport aux référents lexicaux, « concrétisations spécifiques » dans différentes langues. En effet, il ne s’agit pas de traduction, mais bien d’une recherche de message sémantique, identique ou similaire dans les deux langues. C’est cette liste de phrases faites qui a attiré l’attention de mes apprenants, susceptible donc d’attirer celle des vôtres. Les équivalences proposées ont rarement le même rythme, les mêmes rimes, la même origine historique.

­ Miło szaleć, kiedy czas po temu / Il y a un temps pour prendre

ses aises et un temps pour prendre sur soi

La phrase faite polonaise est une citation du poète Jan Kocha­ nowski (Księgi dwoje, Pieśń XX, 1586) ; la phrase française provient du film culte de 1981 « Le Père Noël est une ordure ». Audacieux de mettre les deux en parallèle ? L’idée vient de mes apprenants, donc j’atteste leur initiative.

­ Kupić kota w worku / Acheter chat en poche

Quelle est cette recommandation bizarre de ne jamais « acheter un chat dans un sac » ? Pourtant on retrouve « Acheter chat en poche », au XV e siècle puis notamment chez Molière, seulement

la phrase a vieilli en français, alors qu’elle reste vivante en polonais (elle figure notamment comme illustration dans le manuel Miło

mi panią poznać). Mais loin d’être un obstacle, ces différences ne

(15)

Il arrive aussi que la signification d’une phrase en polonais soit plus restreinte qu’en français (et l’inverse). Ainsi, j’ai mis en parallèle :

­ Komu w drogę, temu czas / En voiture, Simone !

­ Komu w drogę, temu czas est juste une invitation à presser le pas, à ne pas se mettre en retard.

En voiture, Simone est un encouragement à entreprendre une

action, pas nécessairement un voyage. L’origine renvoie à une célèbre pilote des années 30, puis à la célèbre émission « Intervilles » de Guy Lux. Si j’ai décidé de rapprocher ces deux phrases faites, c’est parce que j’ai entendu plusieurs fois la version française lorsqu’un passager se faisait attendre : l’utilisation populaire tend donc à la restreindre au champ sémantique du voyage.

J’ai également réuni :

­ Uderz w stół, a nożyce się odezwą / Quand on parle du loup,

on en voit la queue

Le sens de la phrase faite polonaise est le suivant : lorsqu’on aborde un sujet délicat, la personne qui se sent fautive va se manifester, se trahir. En français, la phrase ne véhicule pas la notion de culpa­ bilité chez le loup, lequel ne fait qu’apparaître au moment où on en parle.

Au départ, j’ai moi­même choisi et mis en parallèle toutes ces phrases. Actuellement, j’en découvre de nombreuses traductions, sur différents sites internet. Mais plusieurs équivalences relèvent encore de ma propre expérience et de celle de mes élèves.

Bibliographie

Seretny, Anna, Lipińska, Ewa. ABC metodyki nauczania języka polskiego

jako obcego, Kraków 2005, Universitas.

Duneton, Claude. Le Bouquet des expressions imagées, Paris 1990, Seuil. Krzyżanowski, Julian, Mądrej głowie dość dwie słowie, Warszawa 1994, PIW. Maloux, Maurice, Dictionnaire des proverbes, sentences et maximes, Paris 1980, Larousse. m é T hodes -Pra T iques -s u PP or T s

(16)

Pottier, Bernard, Sémantique générale, Paris 1992, PUF.

Todorov, Tzvetan, Symbolisme et interprétation, Paris 1978, Seuil.

Traductologie, proverbes et figements. Quitout, Michel, Sevilla Munoz, Julia

(éd.), Paris 2009, L’Harmattan.

Z zagadnień dydaktyki języka polskiego jako obcego. Pod red. Ewy Lipińskiej

i Anny Seretny. Kraków 2006, Universitas.

Bibliographie des manuels d’enseignement du PLe

Dzień dobry ! Dyèvre, Laurence, Furman­Bouvard, Marie. Paris 2003,

Institut d’études slaves.

Hurra !!! Po polsku 1. Małolepsza, Małgorzata, Szymkiewicz, Aneta. Kraków

2007, Prolog.

Hurra !!! Po polsku 2. Burkat, Agnieszka, Jasińska, Agnieszka. Kraków 2007,

Prolog.

Kiedyś wrócisz tu… Lipińska, Ewa ; Dąmbska, Elżbieta Grażyna. Kraków 1997, Universitas.

Miło mi panią poznać. Serafin, Barbara ; Achtelik, Aleksandra. Katowice

2003, WUS.

O biznesie po polsku. Kowalska, Marzena. Kraków 2008, Universitas. Z polskim na ty. Lipińska, Ewa. Kraków 2004, Universitas.

(17)

glossaire des phrases faites - traduction et équivalences Albo rybka albo

akwarium

Soit les poissons, soit l’aquarium

Le beurre et l’argent du beurre (vouloir…)

Baba z wozu, koniom lżej

Si la femme descend de la charrette, les chevaux se portent mieux

Tant que ça fait plaisir et que ça débarrasse

Co ma piernik do wiatraka ?

Pourquoi comparer le pain d’épice et le moulin à vent ?

Passer (sauter) du coq à l’âne

Czerwony jak burak (jak pomidor)

Rouge comme une betterave (une tomate)

Rouge comme une tomate (une pivoine,

une écrevisse)

Dać sobie siana

S’accorder du foin

Se laisser aller

Do wyboru, do koloru

À vous le choix et les couleurs

L’embarras du choix (avoir…)

Gdzie kucharek sześć, tam nie ma co jeść

Il n’y a rien à manger s’il y a six cuisinières

Quand il y a plusieurs cuisiniers, la soupe est trop salée

Głupi jak but (z lewej nogi)

Bête comme sa chaussure (du pied gauche)

Bête comme ses pieds

Gość w dom, Bóg w dom

Un hôte à la maison, Dieu à la maison

Ma (notre) porte est toujours grande ouverte

Komu w drogę, temu czas

Qui doit prendre la route doit se presser

En voiture, Simone !

Kto po wsi chodzi, sam sobie szkodzi

Qui se promène dans la campagne se nuit à lui-même

Qui va à la chasse, perd sa place

Kto się lubi, ten się czubi

Qui s’aime se taquine

L’amour vache

Kupić kota w worku

Acheter un chat dans un sac

Acheter chat en poche

Kwiecień plecień, bo przeplata, trochę zimy, trochę lata

Avril est un farceur, il entremêle l’été et l’hiver

En avril, ne te découvre pas d’un fil

Lepszy wróbel w garści, niż gołąb na dachu

Mieux vaut un moineau dans la main qu’un pigeon sur le toit

C’est mieux que rien Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras

Leżeć do góry brzuchem

Reposer ventre vers le haut

Se la couler douce

Mydło i powidło

Du savon et de la confiture

Bric-à-brac

Miło szaleć, kiedy czas po temu

Il est aisé de faire la fête si le temps s’y prête

Il y a un temps pour prendre ses aises et un temps pour prendre sur soi

Nie jednemu psu Burek na imię

Il y a plus d’un chien qui s’appelle Burek

Il y a plus d’un âne qui s’appelle Martin

Nie od razu Kraków zbudowano

On n’a pas bâti Cracovie d’un seul coup

Rome ne s’est pas faite en un jour m é T hodes -Pra T iques -s u PP or T s

(18)

Ni w pięć, ni w dziewięć

On peut compter jusqu’à cinq ou jusqu’à neuf

Ni z gruszki ni z pietruszki

La poire ou le persil ?

Sans queue ni tête Od piwa głowa się kiwa Si bière il y a, la tête tournera

Od wódki rozum krótki

Si vodka il y a, la raison s’en va

Tu t’es vu quand t’as bu ? Un verre, ça va, trois verres, bonjour les dégâts

Polak głodny, Polak zły

Un Polonais qui a faim est un Polonais en colère

La faim fait sortir le loup du bois

Praca nie zając, nie ucieknie

Le travail n’est pas un lièvre, il ne s’enfuira pas

Le travail c’est la santé ; rien faire c’est la conserver

Proste jak słońce

Simple comme le soleil

Simple comme bonjour

Przyganiał kocioł garnkowi

Le chaudron donnait des conseils à la casserole

C’est l’hôpital qui se moque de la charité

Rybka lubi pływać

Le poisson aime nager

Les routes sont sûres ici : on ne verse pas souvent

Rzep do psiego ogona (uczepić się, przyczepić jak…)

S’accrocher comme un chardon

Une teigne (être mauvais, méchant comme…)

Szukać dziury w całym

Chercher un trou là où il n’y en a pas

Chercher la petite bête

Spaść z krzesła

En tomber de sa chaise

Tomber des nues

Spaść (jak) z nieba

Tomber du ciel

Tomber à pic

To nie moja (twoja) broszka

Ce n’est pas ma broche

Ce ne sont pas mes (tes) oignons

Trzymać kciuki

Serrer les pouces

Croiser les doigts

Tu leży pies pogrzebany

C’est là où le chien est enterré

C’est là que le bât blesse

Uderz w stół, a nożyce się odezwą

Tape sur la table : les ciseaux te répondront

Quand on parle du loup, on en voit la queue

Upiec dwie pieczenie przy jednym ogniu

Faire cuire deux rôtis sur un seul feu

Faire d’une pierre deux coups

Uśmiać się po pachy

Rigoler jusqu’aux aisselles

Se rouler par terre (de rire)

Wejść na głowę (Nie dać sobie…)

Monter sur la tête (Ne pas se laisser…)

Marcher sur les pieds (Ne pas se laisser…)

Wiercić (komuś) dziurę w brzuchu

Percer un trou dans le ventre (de quelqu’un)

Tenir la jambe (à quelqu’un)

W nocy wszystkie koty są czarne

La nuit, tous les chats sont noirs

La nuit, tous les chats sont gris

Wziąć nogi za pas

Prendre ses jambes à sa ceinture

Prendre ses jambes à son cou

Zmyć (komu) głowę

Laver la tête (de quelqu’un)

Passer un savon (à quelqu’un)

Références

Documents relatifs

Selon le Dictionnaire pratique polonais-français, le verbe signifie 1.« détruire, ravager, dévaster, abîmer ». Le verbe ne s’applique pas à cet objet,

7 Dans ce texte, repère les phrases injonctives et entoure uniquement les verbes à l’impératif.. Je m’ennuie tout seul dans ce

7 Dans ce texte, repère les phrases injonctives et entoure uniquement les verbes à l’impératif.. Je m’ennuie tout seul dans ce

C’est en effet à partir de leurs disciplines d’origine que tous les étudiants qui suivent cette formation entrent dans une étude commune du traitement des données et de

Souligne uniquement les phrases qui expriment un sentiment.. Tu arrives beaucoup

Ce phonème du polonais n’existe pas dans le système vocalique français et il constitue le point le plus difficile du système polonais, car elle est du point de vue de

bicyclettes d'étude, montées sur cales, tournant à vide et sur lesquelle~ l'enfant appreu- drait sans risque à se tenir en selle et à pédaler.. Ce n'est, bien

Il est vrai que les chefs pensent peut-être sérieu sement que ce sont là des éléments déterminants de la préparation du soldat à $a fonc tion de