HAL Id: hal-00896065
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Submitted on 1 Jan 1993
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L’élevage en Guyane. Bilan des travaux réalisés sur les
espèces domestiques et sur deux espèces sauvages
autochtones
Stéphane Ingrand, G. Hostache
To cite this version:
Stéphane Ingrand, G. Hostache. L’élevage en Guyane. Bilan des travaux réalisés sur les espèces
domestiques et sur deux espèces sauvages autochtones. INRA Productions Animales, Paris: INRA,
1993, 6 (5), pp.319-332. �hal-00896065�
S. INGRAND, G. HOSTACHE*
Départements Systèmes Agraires
etDéueloppement/Eleuage
et Nutrition des Herbivores,
Laboratoire
Adaptation
des Herbivoresaux Milieux, Theix, 63122 Saint-Genès
Champanelle
X
Département Hydrobiologie-Faune
sauvage,
Campus
de Beaulieu, 35042 Rennes CedexL’élevage
en
Guyane.
Bilan des
travaux
réalisés
sur
les
espèces
domestiques
et
sur
deux
espèces
sauvages
autochtones
En
1965,
l’installation
enGuyane
de la base
spatiale
de Kourou
aengendré
la
coexistence,
sur unpetit
territoire
de
90 000
km’,
de cultures
radicalement différentes : des indiens
vivant
de chasse
et
de
pêche
jusqu’aux technologies ultra-sophistiquées
du
spatial.
Parallèlement
auxefforts
déployés
autour
de
la
fusée
Ariane,
des
tentatives
d’aide
audéveloppement
d’autres
secteurs
d’activité
économique
sesont
succédé,
notamment
enagriculture.
La
dernière
endate,
baptisé
"Plan
Vert"
(1975),
devait
permettre
d’atteindre
l’autosuffisance alimentaire
enmatière
de viande bovine.
Depuis
plus
de
15
ans, cette
opération
apermis
d’accumuler de nombreux résultats
techniques,
mais
les
objectifs
assignés
au
plan
n’ont
jamais
été
réalisés.
Résumé
—————————————————————————————————————————————Les travaux à caractère
zootechnique
réalisés par l’INRA sur sa stationexpérimentale
dans le cadre du Plan Vert, ont surtout concernél’élevage
bovin à viande (zébu Brahman). Ils ontpermis l’acquisition
de résultats portant sur lesperformances
dereproduction
en milieuéquatorial,
et la conduite des taurillons à l’herbe entre le sevrage(âge
de 9 à 10 mois) etl’abattage (âge
de 24 à 30 mois).Parallèlement,
entre 1985 et 1987, des sui-vis de troupeauxprivés
ontpermis l’analyse
des résultatstechniques
desélevages locaux,
ainsi que l’ébauche d’unetypologie
desexploitations
basée sur lespratiques
des éleveurs.Plusieurs
enquêtes,
ainsi que des études par filières(porcine,
avicole, cunicole) ontégalement
montré que, relativement à l’ensemble de l’activitéagricole, la production
de viande bovine était loin d’êtreprédominante
enGuyane.
Unecaractéristique importante
desexploitations pratiquant
l’élevage
s’est avérée être la diversification de leursspéculations,
gage desouplesse,
decapacité d’adaptation
au marché et aux besoins detréso-rerie,
et donc de leurpérennité.
D’autre
part, l’élevage
de certainesespèces
sauvages autochtonespourraient,
dans ce contexte de diversification desspéculations,
constituer unealternative intéressante par la valorisation des ressources
biologiques
naturelles de laGuyane.
Deuxespèces
ontdéjà
faitl’objet
d’études : unmammifère
rongeur, le
cabiaï(Hydrochoerus hydrochaeris)
et unpoisson
d’eaudouce, l’atipa (Hoplosternum
littorale).Illustrées par ces exemples, quelques pistes de réflexion sont présentées concernant les conditions d’émergence de systèmes d’élevages
pérennes
enGuyane.
Ellessoulignent
notammentl’importance
de la prise en compte des aspects autres quetechniques (principalement
La
Guyane française,
territoire de 90000 km2 situé entre le Brésil et le Surinam (voircarte),
a le statut dedépartement français
depuis
1946. Sapopulation
était estimée à 120000 habitants en 1990. C’est en 1975qu’a
été initiée par l’Etatfrançais
&dquo;l’opération
Guyane&dquo; qui
visait àredynamiser
l’économie du territoire sur la base d’uneimmigration
importante
etqui
devait aboutir à la créationde 5000
emplois
dans les secteurs del’agricul-ture et de la forêt et 5000 autres
emplois
dans les secteurs de l’industrie dubois,
des mines etdes services. A cette
époque,
lapopulation
totale de laGuyane
était de 55000 habitants et3750 hectares étaient
cultivés,
dontplus
de60 % sous forme de cultures itinérantes sur
brûlis (abattis). Le
cheptel
bovincomptait
environ 2000
têtes,
assurant 5 % de laconsom-mation locale.
&dquo;L’opération Guyane&dquo;, baptisée
ultérieurement &dquo;Plan Vert&dquo; en raison de lalimitation des programmes aux
aspects
agri-coles,
devait initialementpermettre
àéchéan-ce de 5 ans la constitution d’un troupeau bovin
assurant une
production
annuelle de viande de500 tonnes (50 % des besoins en
1975),
et de 1000 tonnes au bout de 10 ans avec 30000têtes de bétail.
Finalement,
en1987,
laproduc-tion n’a atteint que 350 tonnes et couvrait
alors 25 % des besoins locaux.
Pour
plus
d’informations sur la mise enplace
du Plan Vert et sur les modalitésd’inter-vention des structures de Recherche
françaises
dans ce contexte, on pourra se référer auxnombreux textes et ouvrages
s’y
rapportant
(INRA
1981,
INRA 1985 Gachet1989,
Vissac1992).
L’objet
de cet article est deprésenter
dansun
premier
temps
les résultats des recherchesà caractère
zootechnique
entreprises
par leDépartement
Systèmes Agraires
etDéveloppement
de l’INRA enGuyane,
sur lesespèces
bovines dans le cadre du Plan-Vert etsur d’autres
espèces
domestiques :
avicoles,
porcines
et cunicoles. Dans un secondtemps
sera dressé l’état despremières
étudesentre-prises
sur desespèces
autochtonessuscep-tibles d’être valorisées par
l’élevage
(cabiaï etatipa),
ceci dans le but d’évaluer lespossibili-tés
d’exploitation
des ressourcesbiologiques
naturelles de la
Guyane.
Enfin,
nous tenteronsd’exposer
lespoints
importants
àprendre
encompte
pour conforter lesacquis
et surtout pour contribuer à l’élaboration desystèmes
d’élevages
&dquo;durables&dquo; dans le contexteparticu-lier de la
Guyane : points
liés à labiologie
desespèces,
à l’économie du territoire ou encore àson contexte
sociologique.
1
/ La
production
bovine
Les résultats
acquis
en matièred’élevage
bovin allaitant en
Guyane
sont issus de troistypes
de démarche : suivisd’élevages privés,
expérimentations
conduites sur le domaine del’INRA concernant
l’engraissement
destau-rillons à l’herbe et
analyse
des résultatstech-niques
de fermesd’Etat, permise
par lesnom-breux
enregistrements
effectués sur unelongue période.
l.i / Les suivis
d’élevages privés
Les suivisd’élevages,
d’abord limités à 7exploitations,
ont ensuite été étendus à unplus grand
nombre de cas(21),
l’objectif
étantqu’ils
soientpris
encharge progressivement
par les
agents
duDéveloppement.
La vocation de ces suivis était de fournir des référencestechniques,
d’identifier les différentssystèmes
d’élevage
bovin existant enGuyane (typologie)
et d’influer sur la définition des thèmes de
tra-vail pour la Recherche.
Quelques
caractéris-tiques
des 21exploitations
suivies en 1986sont
présentées
au tableau 1. L’ensemblepra-tiques/performances
a étéanalysé
pour l’année1986 (Lebouteiller et al 1987) et 4 groupes
d’éleveurs avaient alors été
distingués :
Groupe
1 (n=7) : éleveursayant
adopté
unmodèle de
production
intensif(fertilisation,
chargement,
allotement),
associé à d’excellents résultatstechniques.
Groupe
2 (n=2) : modèle deproduction
plus
extensif
(chargement
plus
faible,
moindrefer-tilisation,
taille des lots d’animauxplus
éle-vée),
avecégalement
de bons résultatstech-niques grâce
à une bonne connaissance dumilieu,
des animaux et une main-d’oeuvrecompétente.
Groupe
3 (n=5) :chargement
leplus
élevé de l’échantillon(supérieur
à 5UBT
*
/ha),
asso-cié à une faible fertilisation et à un mauvais
état des
prairies.
Ces éleveurs étaient endiffi-culté,
avec desproblèmes
dus auchargement
trop
important.
Groupe
4 (n=7) :exploitations
ayant
du malà atteindre le
régime
de croisière (entrée enproduction
très tardive parrapport
à l’arrivée despremiers
animaux). Ces éleveurs étaienten
phase d’apprentissage
etd’adaptation
de leursexploitations
aux contraintes du milieu.En 1988 seuls trois ou
quatre
élevages
étaient visités par les deux conseillers
agri-coles
chargés
de ce travail et aucun résultatexploitable
n’a pu en êtreretiré,
tant en 1987qu’en
1988. L’intérêt des éleveurs se focalisantalors
uniquement
sur les aspects financiersliés à leur niveau
d’endettement,
il n’est pasapparu
opportun
de continuer cetteopération.
Le suivi s’est maintenu pour deux fermes
expérimentales
d’Etat d’où sont issues lesréfé-rences
acquises
cescinq
dernières années enmatière de conduite des taurillons à l’herbe
entre le sevrage et
l’abattage (Ingrand
et al1993a),
deperformances
dereproduction
des femelles(Ingrand
et al 1993b) et de conduited’élevage (Ingrand
et al 1993c). Concernant lessuivis
d’élevages privés,
ladésagrégation
du réseau mis enplace
ne semble pas seulementdue à la crise de
l’élevage bovin,
maiségale-ment aux carences
méthodologiques
etstructu-relles de l’encadrement direct des éleveurs
avec en outre un
déphasage
permanent
entrel’apparition
desproblèmes
sur le terrain etl’obtention des références et résultats
supposés
aptes à les résoudre.
1.
2
/
Engraissement
des taurillons
à
l’herbe
Les essais à caractère
purement
zootech-nique
conduits sur le domaine de l’INRA sesont déroulés de 1985 à 1990.
Chronologiquement,
ils ont concerné :- le niveau et le
rythme
decomplémentation
pour une
production rapide
et enquantité
suf-fisante
après
la mise en valeur des terres et lesinvestissements en animaux et en
matériel ;
- les
rythmes d’exploitation,
la nature de l’herbe utilisée et lechargement
afin degérer
le
pâturage
defaçon optimale ;
- les effets de la castration et du croisement
en vue d’obtenir une viande de
qualité
compa-rable à celle de la viande
importée.
Les
caractéristiques
et lesprincipaux
résul-tats de ces essais sont rassemblés dans le tableau 2 et ont été
publiés
par ailleurs(Ingrand
et al 1993a).Depuis
1988,
les études ont été orientéesvers la ressource
fourragère
et lasimplifica-tion de sa
gestion.
Trois essais destinés à tes-ter une méthoded’exploitation
despâturages
comparable
aupâturage
intensif libre desmilieux
tempérés
ont ainsi été mis enplace,
avec des résultatstechniques comparables
àceux obtenus avec les
sytèmes
en rotation (Béreau et al 1993).1.
3
/ Bilan des études
sur
la
reproduction
Outre les résultats issus des suivis
don-L’objecti f
de croissance de 500glj
est atteint seulement si lacomplémentation
estimportante
ou si lapâturage
est de bonnequalité
et bienexploité.
nées
enregistrées
dans deux fermes d’Etat :une (Saint-Elie) pour la race zébu Brahman
(photo
1) et l’autre(Matoury)
pour la raceSanta-Gertrudis
(Ingrand
et Jérôme 1993).L’analyse
desperformances
dereproduction
deces
troupeaux
est trèsimportante
car cetaspect
conditionne actuellement très fortement les résultatséconomiques
desélevages.
Dans les conditions favorables
qui
sontcelles des fermes d’Etat en matière de suivi et
de soins aux
animaux,
on n’observe pasd’in-fluence
significative
des saisons sur la duréedes
cycles
dereproduction
et sur larépartition
des
vêlages
sur l’année(exemple
deSaint-Elie :
figure
1). Lesparamètres
sensibles auxsaisons sont
plutôt
la mortalité desproduits
(entre 0 et 3 mois
d’âge)
et lesperformances
decroissance dans la
phase
depost-sevrage.
Il semblequ’une
conduite différentielle des lots d’animaux en fonction de leur étatphysiolo-gique
et selon les saisons soitplus adaptée
àl’amélioration des
paramètres
du rendement destroupeaux
qu’un calage
desvêlages
sur despériodes précises.
La moyenne de 658 inter-valles entrevêlages enregistrés
à Saint-Elieest de 14 mois (± 91
jours) ;
cet intervalle variefortement selon le rang de
vêlage
des animaux(figure
2). Unaspect
important qui
reste àapprofondir
concerne les conditions de mise à lareproduction
desgénisses,
en termesd’âge
et de
poids.
Depuis
1986,
certains éleveurs ontpratiqué
des croisements entre les zébus
importés
dans le cadre du Plan Vert et la racelimousine,
que ce soit par insémination ou parimportation
dereproducteurs.
Cettepratique
seconçoit
pourdes situations où la conduite
d’élevage
est bienmaîtrisée et où une amélioration des
qualités
bouchères des
produits
destinés à la ventepeut
constituer un atout dans le cadre d’un marché deplus
enplus
demandeur (surtoutface à la concurrence de la viande
importée).
Ilapparaît
nécessaire dequantifier précisément
le
gain
deproductivité
ainsiprocuré.
En outre, il reste à savoir commentgérer
lapratique
dece
type
de croisement enGuyane,
toutparticu-lièrement avec un
troupeau
zébu de base àeffectif réduit. Un programme d’insémination
a été initié dans ce cadre sur le
troupeau
de laferme
gérée
parl’INRA,
avec deuxobjectifs
principaux :
- caractérisation de la croissance
jusqu’au
sevrage pour les deux sexes (veaux zébus :
tableau
3),
entre le sevrage etl’abattage
pourles
mâles,
entre le sevrage et la mise à lareproduction
pour lesgénisses ;
- constitution d’un
troupeau
synthétique
croisé,
composé
d’unecinquantaine
de mèresen 1995.
1.
4
/
Perspectives
Depuis 1986, les
élevages
issus du Plan Vert etqui
ont su résister tant bien que mal auxpériodes
difficiles résultant de l’arrêt desaides
financières,
de la cessation d’activité dela
coopérative
et de toute formed’organisation
collective engénéral,
ont dûs’adapter
au caspar cas pour
pérenniser
leur activité(Gachet
et al 1989). En
1991,
les effectifs bovinsétaient évalués à 14000 têtes pour l’ensemble
Le manque
d’organisation
desfilières
avicole etporcine
a entraîné unedégradation
du tauxd’autosu ffisance.
en
place
des formules degestion
ducheptel
auniveau collectif
permettant
desauvegarder
leniveau
génétique
des zébusBrahman,
surtoutaprès
lesopérations
dedécapitalisation
qui
onteu lieu ces dernières années. Le contexte rede-vient favorable à
l’émergence
de formesd’orga-nisation des éleveurs autour
d’objectifs
com-muns, mais en
respectant
les itinéraires et lesinitiatives
personnels,
dans la limite où ellesne vont pas à l’encontre de l’intérêt
général.
Lemaintien du
potentiel
zébu enGuyane
et sonamélioration
peuvent
constituer alors unleit-motiv fédérateur.
2
/ Les
productions
avicole,
porcine
et
cunicole
_
Les difficultés rencontrées dans le secteur
bovin ont conduit la station INRA-SAD à
étendre ses travaux à l’ensemble des
produc-tions animales. La connaissance la
plus large
possible
de toutes les formesd’élevage
pré-sentes en
Guyane
paraissait
alors lepréalable
indispensable
à toute réflexion sur lescondi-tions
d’émergence
desystèmes
agricoles
auto-nomes et viables. Outre les
enquêtes
exhaus-tives réalisées dans différentes
régions
de laGuyane
et concernant toutes les formesd’acti-vité
agricole,
des actions à caractèreplus
spé-cifiquement zootechnique
ont étéentreprises.
2.
1
/ Les filières avicole
etporcine
a /
Organisation
de laproduction
Comme pour le secteur
bovin,
les filièresporcine
et avicole ont étéorganisées
encoopé-rative ou en SICA (Société d’Intérêts Collectifs
Agricoles).
En cequi
concerne le secteurpor-cin,
il y a d’abord eu la COPORG(Coopérative
des éleveurs de Porcs de la
Guyane),
créée àl’initiative de
sept
éleveurs. En1980,
la société PAPPI (Production Associée de Porcs et de Poissons enIntégration)
s’est installée enGuyane
avec pour vocationl’exportation
deviande de porcs vers les Antilles et les USA. Les installations étaient
prévues
pour 540truies,
la fabrication d’aliments àpartir
demanioc cultivé sur
place
et la transformationde la viande (atelier de
découpe-salaison).
Les difficultés rencontrées pour conduire leprojet
à la mesure de ses ambitions ont abouti à l’abandon du volet
piscicole,
ainsi que de laproduction
de manioc.Les
exportations
s’avérantégalement
pro-blématiques
(veto des USA pour des raisonssanitaires,
concurrence desproducteurs
locaux aux
Antilles),
laproduction
de laPAPPI est
rapidement
déversée sur le marchéguyanais,
concurrençant directement laCOPORG. Les deux structures (PAPPI et
COPORG) vont fusionner en 1985 avec la
coopérative
bovine pour former laSICAVIG,
dont les résultats financiers restentnégatifs
jusqu’en
novembre 1987, date de sondépôt
debilan. Suivent alors la CEBG
(Coopérative
des Eleveurs Bovins deGuyane)
le 5janvier
1988et la COPORG en mai de la même année. Pour
éviter la
désorganisation
totale dumarché,
une autre SICA est mise sur
pied :
la SICAGuyane-Viande,
ayant
pourobjet l’abattage,
la transformation et la mise en marché de
viande bovine et
porcine.
Finalement,
l’appro-visionnement en aliment devenant
aléatoire,
la
production
s’en ressent et le marché n’estplus
suffisamment pourvu. Les porcs sontabattus de
plus
enplus jeunes
(36,6
kg
depoids
moyen des carcasses au cours dupre-mier semestre 1989). La dissolution
judiciaire
est
prononcée
le 1er mars 1989.Le secteur avicole a connu
beaucoup
moinsde vicissitudes dans la mesure où la
première
forme réelle
d’organisation
n’est apparuequ’en
1987 avec la création de laCoopérative
Avicole et Cunicole de
Guyane
(CACG). Làencore les
projets
étaientambitieux,
incluantla création d’un centre collectif de
conditionne-ment des
oeufs,
d’un abattoir et lamodernisa-tion des
élevages.
Le manque de cohésionentre les adhérents de la
coopérative
n’a paspermis
la concrétisation de ce programme.Actuellement,
la CACG existetoujours
et desbudgets
ont été accordés pour le recrutementd’un technicien
qui
estchargé,
outre lesaspects purement
techniques,
de réfléchir auxsolutions de commercialisation en commun de
la
production
des adhérents. Des subventionsont
également
été accordées pourl’améliora-tion
technique
desélevages
ainsi que pour le suivi sanitaire.b / Situation des
producteurs
etorganisation
des marchésLes
élevages
avicoles et cunicoles sediffé-rencient de la même
façon
que les autrespro-ductions du secteur
agricole
enGuyane :
ilexis-te d’une
part
desélevages spécialisés, intégrés
dans les circuits officiels d’aide et de
finance-ment et assurant la
majeure partie
de lapro-duction
locale,
d’autrepart
desélevages
dits&dquo;traditionnels&dquo;,
intégrés
dans dessystèmes
deproduction
diversifiés associantspéculations
animales et
végétales,
et leplus
souvent enmarge des
systèmes
d’aide(Bouilly
1989).Les formes
d’organisation
décrites dans leparagraphe
précédent
etqui
ontjalonné
l’his-toire des filières avicole et
porcine,
concernentla
première catégorie.
Ceséleveurs,
notam-ment enélevage
porcin,
ont été durementéprouvés
par les différentes crisesqui
se sontsuccédé. Ils
représentent
une forme d’activitéagricole fragile
cardépendante
de nombreuxfacteurs externes à
l’exploitation
et nonmaîtri-sés (ou mal maîtrisés) :
approvisionnement
enanimaux de renouvellement et en intrants
divers. Seuls
quelques
uns ont su&dquo;court-circui-ter&dquo; les fournisseurs locaux et traiter
directe-ment avec la
métropole.
C’est par ce biaisqu’ont
émergé
les trois ouquatre
leaders dessecteurs avicoles et
porcins
(Gachet et al 1989).Tout ceci a évidemment une incidence sur
l’organisation
du marché.Depuis
l’arrêt detoute forme
d’organisation
collective enéleva-ge
porcin,
les éleveurs traitent directementavec les bouchers. Ils ont dû
s’équiper
end’un tiers afin d’acheminer les porcs à
l’abat-toir une fois par semaine. Les
prix
sontdiscu-tés directement entre l’éleveur et le boucher et
peuvent
varierrapidement
en fonction de l’étatdu marché. Cette voie de commercialisation est
la
principale
pourl’élevage porcin.
Concernant
l’élevage avicole,
les circuitssont
plus
variés :- La vente directe du
producteur
auconsom-mateur est
particulièrement développée,
maisdifficilement chiffrable.
- La vente
sur les marchés est
également
importante
et lesquatre
principaux
avicul-teurs deGuyane
y sontprésents.
- Des accords ont
également
eu lieu pour lavente dans les
supermarchés
mais l’instabilité desrapports
entre aviculteurs et distributeursa conduit à la
régression
de ce mode decom-mercialisation.
- Les
oeufs,
outre lesmarchés,
sontprinci-palement
vendus par l’intermédiaire des&dquo;chi-nois&dquo;
(épiceries-quincailleries
très bienimplan-tées en
Guyane).
-
Enfin,
certainsproducteurs
ont obtenu descontrats avec les collectivités
(hôpitaux, écoles,
armée),
ainsiqu’avec
certains restaurants.Il est
important
desouligner
que laplupart
des éleveurs ont souhaité diversifier leurclien-tèle,
avec lesobjectifs
suivants : 1) avoir uncontrat avec un
supermarché
ou unecollectivi-té
permettant
d’assurer un débouché stable etrégulier
pour leursproduits.
C’estl’objectif
desécurité,
2) se constituer une clientèle departi-culiers,
soit à laferme,
soit aumarché,
afind’écouler le reste de la
production,
tamponner
les fluctuations saisonnières et obtenir unemarge
plus importante.
C’estl’objectif
desou-plesse
etd’adaptabilité.
c /
Ajustement
de laproduction
à la consommation
Les
importations
de viande se fontessen-tiellement sous forme
congelée
et les oeufssont
réfrigérés.
Les consommations en viandede porcs et de volailles ont été
respectivement
de 2531 tonnes
équivalent
carcasses(TEC)
et de 3413 TEC en 1988. La consommationannuelle de viande de volaille est
importante
puisqu’elle
atteint 38kg
par habitant en 1988.Seule la
production
d’oeufs faitjeu égal
avecles
importations
puisqu’elle
atteint 3750mil-liers d’oeufs pour 8310 milliers d’oeufs
consommés au total (ce chiffre reste très
approximatif
et onpeut
sans doute estimer laconsommation réelle autour de dix millions
d’oeufs). L’évolution du taux de couverture des besoins pour les différents
produits
a baisséentre 1975 et
1988,
surtout àpartir
de 1986 où lesproblèmes
de structuresprofession-nelles sont apparus. Le taux de couverture pour la viande de porc était de 21 % en
1975,
23 % en
1981,
55 % en 1984 et a chuté à 13 %en 1988. Pour la viande de
volaille,
ce tauxétait de 13 % en 1988 contre 23 % en 1975.
Enfin,
pour lesoeufs,
on estpassé
de 63 % en1975 à 45 % en 1987
(Bouilly
1989).d /
Perspectives
Les améliorations à
apporter
actuellementau sein des filières avicole et
porcine
concer-nent tout d’abord la maîtrise
technique
des ateliers afin de retrouver au moins le niveaud’avant 1986. Des efforts dans ce sens sont
d’ores et
déjà
réalisés avec lareprise
del’acti-vité
porcine depuis
1990,
grâce
notamment à l’améliorationgénétique
ducheptel
et à la meilleure maîtrise des conditions de mise enmarché. La création récente d’un service
spéci-fique
pourl’élevage
(SUAE) à la Chambred’Agriculture
devraitpermettre
depérenniser
l’encadrement de la
filière,
de même que pourl’élevage
avicole et cunicole. Enoutre,
laconnaissance au
jour
lejour
de l’état et de l’évolution de l’ensemble de cesélevages,
voirede l’ensemble du secteur
agricole pourrait
êtretout à fait
possible
dans un cadre restreint comme celui de laGuyane.
2.
2
/
Opération
de
développement
de la filière cunicole
Amorcée en décembre 1988 avec
quelques
éleveurs,
l’opération
d’aide audéveloppement
de la filière cunicole a consisté à
dynamiser
unsecteur pour
lequel
le marché est étroit maisencore ouvert. Par
l’importation
dereproduc-teurs et de
matériel,
ils’agissait
de constituerun réseau
d’expérimentation
et de collecte dedonnées avec
plusieurs objectifs :
- étudier les mécanismes et les conditions de
développement
d’une micro-filière dans le cadre de la diversification desexploitations
agricoles ;
-
acquérir
des résultats et des références surla
production
cunicole enGuyane ;
- rendre la
production
cunicole autonome enGuyane
avec la création d’une unitéfournis-sant les animaux de renouvellement.
a / Suivis
d’éleaages
Les suivis
d’élevages
ont concerné 9éle-veurs
privés
et l’unité de fourniture enrepro-ducteurs de la ferme
expérimentale
de l’INRA. Le suivi réalisé dans le cadre du réseau aper-mis l’obtention des résultats suivants :
5,8
lapereaux
nés totaux et5,0
lapereaux
sevréspar
portée.
La mortalitéglobale
(encomptant
la mortinatalité) est de 26 % entre la
naissan-ce et le sevrage. Les
objectifs
de 25 à 30 lape-reauxsevrés/mère/an,
conformément àl’expé-rience
antillaise,
semblent donc réalisablesmoyennant
5 à 6portées/femelle/an.
Il fauttout de même considérer que le contexte
com-mercial est celui d’un marché
étroit,
segmenté
et extrêmement différent de celui de la
métro-pole
ou des paystropicaux
où cettespéculation
estprésente.
Eneffet,
lamajorité
de laclientè-le est
métropolitaine
avec un fortpouvoir
d’achat.
Ainsi,
leprix
de vente à laproduction
varie actuellement de 45 à 80F/kg
de carcasse.Le
lapin
frais dans les boucheries de luxe deCayenne
et de Kourou est vendu 89F/kg
en1991.
Quant
auprix
del’aliment,
il varie entre3,10
et3,20
F/kg.
Laconséquence
immédiate durapport
prix
aliment ducommerce/prix
ani-L’atelier cunicole
est
économiquement
intéressant pour
diversifier
l’activitéd’élevage.
mal vendu est
qu’il
n’existe actuellement pasd’alternative intéressante à l’achat de
granulés
importés.
b / Essais
d’engraissement
Les résultats obtenus
(Ingrand
1990),
sachant
qu’ils
méritent d’être confirmés pardes mesures à
plus long
terme, sontsatisfai-sants
puisque :
- le
poids
moyenenregistré
au sevrage estde 650 g pour des
lapins
d’1 moisd’âge ;
- le
poids
moyen d’1kg
est atteintaprès
deux semaines
d’engraissement ;
- les 2
kg
depoids
vif sont atteintsaprès
la 7e semained’engraissement ;
- le
poids
àl’abattage, lequel
a eu lieu enmoyenne
après
9 semainesd’engraissement,
est de2,3
kg.
Legain
depoids
moyencorres-pondant
est de 26g/j.
La consommation individuelle par
jour
passe d’un peu
plus
de 50 g à 140 g, maximumatteint au cours d’oscillations entre 100 et
140 g
après
la 4è semaine(figure
3). Laconsommation totale par animal est de 6800 g
en 9
semaines,
cequi correspond
à unemoyen-ne de 109
g/animal/j.
L’indice de consommation sur l’ensemble des animaux est donc de4,2.
La
spéculation
cunicoleapparaît
doncinté-ressante
économiquement,
surtout par safaculté à
générer
rapidement
etrégulièrement
de la trésorerie. Un facteur
important
àprendre
encompte
enGuyane
est l’effet de lasaison et de la
pluviométrie.
L’essai décrit ici s’est dérouléprincipalement
durant lagrande
saison des
pluies
(avril àjuillet).
Le taux demortalité a été très faible durant
l’expérimen-tation
malgré
lesmanipulations fréquentes ;
ceci se confirme d’ailleurs au niveau des
éle-vages
privés
où la mortalitéapparaît
quasi-exclusivement durant la
phase
d’allaitement.c / Bilan et
perspectives
L’impact
del’opération
peut
être mesuré àdifférents niveaux
qui
ne sont pas tousaisé-ment
quantifiables.
Parexemple,
en deux ansles
élevages
se sont modernisés et ontaugmen-té leurs effectifs (tableau
4),
de telle sorte que dansplusieurs exploitations,
l’atelier cunicolea
pris
unepart
significative
de l’activitégloba-le
(Neyra
1990).Initialement,
les neuf éleveursqui
ont reçu deslapins
détenaient environ 160mères,
soit 18 femelles en moyenne parélevage.
En1991,
six de ces éleveurs (lesautres n’ont pas concrétisé leur installation ou
ont abandonné la
spéculation)
totalisent350
mères,
soit une soixantaine en moyennepar
élevage.
Les éleveurs de ce groupe ontdonc intensifié leur activité cunicole mais
l’ate-lier
lapins
n’est toutefoisjamais
devenul’unique spéculation
del’exploitation.
Enplus
de cesélevages
se sont créés oudéveloppés
d’autres ateliers de tailles diverses (de 5 à 130 mères).
Un autre effet de ces deux années de suivi
aura été la meilleure maîtrise de l’atelier suite aux sessions de formation et aux actions
spéci-fiques
desagents
deDéveloppement.
Leséle-veurs se sont
également progressivement
rendu
compte
de l’intérêtqu’ils
ont à seregrouper, notamment pour se
placer
sur le marché. Leproblème
principal
reste la fixation du niveau desprix qui
est encore très variabled’un éleveur à l’autre et d’un client à l’autre.
Actuellement,
les efforts doivent aller dans lesens d’une
organisation
des éleveursqui
nesoit
plus
seulement formelle maisqui puisse
êtreopératoire
avec des actionsprécises
etconcrètes
(groupement
des achatsd’aliment,
planification
des ventes, unicité de l’offre vis àvis des clients...). ).
3
/ La valorisation
d’espèces
sauvages
Les ressources
biologiques
du territoireguyanais
peuvent
constituer une voieintéres-sante de diversification des
productions
agri-coles
(Planquette
et al 1989). Eneffet,
laconsommation de
gibier
et depoisson
estins-crite dans les habitudes locales. Dans ce contexte, le cabiaï
(Hydrochoerus
hydrochae-ris) est apparu comme un animal tout à fait
intéressant. Il a fait
l’objet
de nombreusesétudes
depuis
15 à 20 ans dans différents paysd’Amérique
du Sud et notamment auVenezuela ;
ilpourrait
être àl’origine
d’une valorisationrapide
à l’échelle dudépartement.
D’autrepart,
parmi
lespoissons, l’atipa
(Hoplosternum
littorale),
siluriforme àplaques
osseuses localement
apprécié
et recherché pourla
consommation,
estégalement
apparucomme un candidat
potentiel
dans la perspec-tive d’une valorisation des ressourcesnatu-relles
régionales. D’après Boujard
et al(1988),
Luquet
et al(1989),
Planquette
(1989) etHostache
(1991),
ilpourrait
être valorisé dans le cadre d’undéveloppement piscicole
local endépit
du faitqu’il
intéresse avant tout unmar-ché traditionnel et relativement restreint
(esti-mé à moins d’une centaine de tonnes par an).
3.
1
/ Le cabiaï
a /
Caractéristiques biologiques
etpotentialités d’élevage
C’est le
plus
gros rongeur aumonde,
avec unpoids
moyen adultesupérieur
à 50kg,
unetaille
atteignant
1 mètre delong
et 50 cm dehaut
(photo
2). Il estprésent
enAmérique
Centrale et dans la
quasi-totalité
del’Amérique
du Sud. Le cabiaï est considérécomme l’herbivore non ruminant le
plus
apte àdigérer
lesfourrages
(Gonzalez-Jimenez 1977).En matière de
performances
dereproduction
(tableau
5),
les observations réalisées enmilieu naturel font état de
1,2
à1,8
portées/an,
à raison de 4 à 6petits/portée.
Uneaugmentation
de laprolificité
a pu être obte-nue en conditions contrôlées avec desexemples
à 8
petits/portée.
Lepoids
à la naissance varie de1,2
à 2kg,
selon la taille de laportée
et lesexe. La maturité sexuelle est atteinte vers
1,5
an,correspondant
à unpoids
de 30 à 40kg.
La durée de la
gestation
est de 147jours.
Appelé également
cochond’eau,
il est chasséau Venezuela de décembre à
Pâques.
Traditionnellement,
sa viande est consomméedurant le carême car elle est assimilée à du
poisson
par lareligion catholique.
On la trouveuniquement
sous forme salée et séchée et ilsemblerait que sa valorisation soit bien
meilleure en frais (Rexford D. Lord
1990,
comm.pers.).
La peau estégalement
valoriséedans certains pays
(Argentine, Colombie),
exploitant
le faitqu’elle
ne s’étend que dans un sens(propriété particulière
au cuir de cetanimal).
Le cabiaï peut être affecté par des
parasites
internes (vers) ou externes (acariens). On
peut
aisément
envisager
des traitementspréventifs
et curatifs dans des conditions
d’élevage
ensemi-liberté à l’aide de
produits
vermifuges
L’élevage
desespèces
sauvageslocales
peut
s’avérer intéressante dans le cadre d’uneproduction
àforte
valeurajoutée
etlou àfaibles
investissements.l’herbe
pâturée.
D’autrepart,
des études ontmontré dès le début du siècle que le cabiaï pou-vait être
porteur
del’agent
pathogène
Trypanosoma equinum,
etqu’il
était fortementdéconseillé d’élever ensemble cabiaïs et
che-vaux (Gonzalez-Jimenez 1977). Son rôle
éven-tuel dans la transmission de la brucellose est
également important
àprendre
encompte,
même s’il n’existe aucune preuve actuellement
pour affirmer que les cabiaïs
peuvent
trans-mettre la brucellose aux bovins ou
inverse-ment.
b / Le
projet guyanais
L’importation
d’animaux du Venezuela étaitprévue
au début de l’année1991,
laconstitu-tion d’un
cheptel
àpartir
d’animaux locauxn’ayant
pas étépossible
du fait de la rareté desanimaux dans les zones facilement accessibles.
Malheureusement,
les Services Vétérinaires n’ont pas accordé ladérogation
sanitaireindis-pensable
au transfert des cabiaïs du Venezuela vers laGuyane
étant donné lerisque jugé
trop
grand
d’introduire et de propager la brucellosesur le
département,
comme cela avait été le caslors de
l’importation
de zébus dans le cadre duPlan Vert.
Après
ce coup d’arrêtporté
aupro-jet,
les études sur la valorisation demammi-fères locaux se sont concentrées sur deux
espèces
de &dquo;cochonssauvages&dquo; guyanais :
Tayassu tajacu (pécari
à collier ou&dquo;pakira&dquo;)
etTayassu
albirostris(pécari
à lèvre blanche ou &dquo;cochon-bois&dquo;). Uncheptel
a pu être constitué àpartir
d’animauxcapturés
enGuyane
(généra-lement des
jeunes récupérés
par les chasseursayant
tué la mère). Une collaboration avec ledépartement Elevage
desmonogastriques
del’INRA,
le Museum d’Histoire Naturelle et le CIRAD/EMVT a favorisé la mise enplace
d’unepremière
structured’élevage
expérimental.
3.
2
/
L’atipa
(photo
3)
a /
Caractéristiques
biologiques
et
potentialités d’élevage
L’atipa
est unpoisson
d’eau doucequi
a faitl’objet
de nombreux travaux de lapart
des chercheurs de la Stationd’hydrobiologie
del’INRA à Kourou. Plusieurs
caractéristiques
biologiques
del’atipa
le fontapparaître
comme un candidat intéressant pourl’élevage
(Hostache
et al 1990) : sa croissancerapide
(lesmâles
atteignent
unpoids
de 150 g en sixmois),
sarusticité,
sa tolérance àl’hypoxie
grâce
à unerespiration
intestinale annexe, soncomportement
reproducteur
particulier
qui
l’amène à nidifier en surface facilitant ainsi la
collecte des oeufs et le contrôle de la
produc-tion d’alevins.
Les
aspects
suivants de laproduction
sontactuellement maîtrisés :
- la
gestion
despontes
enétang
àpartir
d’un
petit
nombre degéniteurs
ou encore decouples
isolés en viviers : une femelle de 200grammes peut
pondre jusqu’à
100 000 oeufs en14
pontes,
au cours d’une saison dereproduc-tion s’étendant de décembre à mai (Pascal et
al,
àparaître) ;
- les
alevinages
pourlesquels
laprincipale
difficulté est le contrôle de la
prédation
par leslarves d’odonates
(Hostache
et al 1990).Deux
points
deblocage persistent
néan-moins :- la densité maximale actuellement
compa-tible avec la
pleine expression
dupotentiel
decroissance de
l’atipa
est de0,5
poisson/m
l
.
La densité à conseiller enélevage
commercial nesemble pas devoir
dépasser
4poissons/m
l
.
- la
proportion
de mâles observée dans lesconditions naturelles
d’élevage
varie de 10 à 80 % (résultatsd’alevinages
sur trois années).Cela pose pour l’instant le
problème
de lapré-diction de la rentabilité de
l’élevage
(les mâlesétant
plus
gros que les femelles).L’identification du ou des facteur(s) respon-sable(s) du sex-ratio devrait
permettre
d’orien-ter
l’élevage
vers laproduction
de monosexesmâles. Préalablement à cette
perspective,
l’ap-plication
detempératures
élevées durant les incubations (30 à 32 °C) adéjà permis
d’obte-nir au cours des deux dernières années des
pourcentages
de mâles allant de 75 à 95 %(Hostache et al
1992,
Hostache etal,
àparaître).
b / les
perspectives d’élevage
enGuyane
Plusieurs
arguments peuvent
s’opposer
audéveloppement
del’élevage
del’atipa
enGuyane :
- le marché
guyanais
semble limité à moinsde 100 tonnes par an : une
production
d’éleva-ge
risquerait
d’entraîner la chute desprix
sanscréer un nombre
d’emplois significatif.
Enoutre elle
pourrait
entraîner une diminutionimportante
de revenu pour lespêcheurs
actuels
qui
utilisent lapêche
artisanale del’atipa
commecomplément
de revenu.- en ce
qui
concernel’exportation,
laproduc-tion
guyanaise
serait concurrencée par lespêcheries
brésiliennes et vénézuéliennes. Dansces pays, le
poisson
est vendu à très basprix :
5
F/kg
contre 45 à 50F/kg
enGuyane
(Novoa1982,
Tuma 1978). - le coût de l’alimentimporté
estprohibitif
et il n’existe pas localement desous-produits
agricoles
de substitution.D’autres en revanche sont favorables à ce
développement :
- la
pêche
artisanaleguyanaise
n’est pas en mesured’approvisionner
totalement le marchélocal et une
grande quantité d’atipas
estimportée congelée
duBrésil ;
- le
prix
de vente élevé de cepoisson
enGuyane :
45F/kg
contre 20 à 30F/kg
pour lespoissons marins ;
- l’essentiel des
pêches
a lieu entresep-tembre et
janvier,
durant la saison sèche et le début de la saison despluies.
Dans uncontex-te
d’élevage,
enpratiquant
une bonnegestion
des
pontes,
il seraitpossible
de mettre sur lemarché du
poisson
frais durant toutel’année ;
- bien
que le marché n’existe pas à l’heure
rouge&dquo; possèdent
toutes lesqualités
pour constituer un excellentpoisson
d’aquarium.
La
production
ne semble doncenvisageable
que si elle se fait à moindre
coût,
tant pour les investissements dedépart
que pour les intrants et lepersonnel.
Quelques
modèles sontsusceptibles
deréunir ces
qualités :
-
l’élevage &dquo;opportuniste&dquo;
del’espèce
dans les zones inondées durant la saison despluies
(six mois de
l’année) ;
- la
production
d’oeufs àpartir
decouples
isolés élevés en viviers confectionnés àpartir
de matériaux locaux
(bambous)
etpermettant
de conserver les animaux dont les pontes sontrécoltées
quotidiennement ;
- la
production
depoissons
pourl’aquario-philie :
cettespéculation
estenvisageable
dans la mesure où àpartir
depetits
bassins (200 m2) bien conçus etéconomiques
àconstruire,
il estpossible
deproduire
chaque
mois,
de fin novembre à finjuin, plusieurs
mil-liers de
poissons
d’unpoids
de 5 à 8 grammeset
présentant
lesqualités
pour concurrencerles
Corydoras (espèces
sud-américaines de lamême famille) vendus sur les marchés
euro-péens
et américains.4
/
Discussion
En
élevage
bovinallaitant,
dans le cadre duPlan-Vert, l’émergence
destratégies
indivi-duelles devant les difficultés
d’organisation
collective de laproduction
et des marchés arapidement
abouti à undécalage important
entre les
préoccupations
d’unemajorité
deséleveurs et celles de la Recherche et du
Développement.
C’estpourquoi
lequestionne-ment
scientifique
élaboré par la station SADde
Guyane
àpartir
de 1986/87 (fin des suivisd’élevages)
a tendu versl’acquisition
deconnaissances et d’informations
indispensables
pour orienter les décisions concernant le
Développement agricole.
Lafigure
4 estl’illus-tration du passage des
préoccupations
secto-rielles de
l’équipe
(système
d’élevage
bovin-viande exclusivement) à une démarche fondée sur lesacquis méthodologiques
et lesconcepts
fondamentaux dudépartement
SAD(Gachet
1990) : démarche