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"sas 1969
COURS SPECIAL Sur le
FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT
Le Caire, du 4 Mars — 26 Avril 1968
Institut Africain de Développement Economique &
Planification (Nations Unies), Dakar
&
L'Institut de Planification Nationale, Le Caire.
M. H, Weisfelt
T.U. 72
IMPOT SUR LE REVENU PERSONNEL ET IMPOT
SUR LES SOCIETES
Avril 1968
Cours du Caire
Avril 1968 T. U. 72
M. H. Wëisfelt Impôt sur le revenu yersorrel et impôt sur les Sociétés
Dans les pays développés, un pourcentage élevé des
impôts
provient de la taxation directe, beaucoup plus que dans les pays en voie de développement, ceux-ci dépendant davantage
des
impôts
indirects, notamment les droits d'importation. Leproblème
est de savoir si les pays en voie de développementont essentiellement besoin d'augmenter la proportion de leurs
impôts
directs.L'impôt
direct le plus important estl'impôt
sur le revenupersonnel et il y a des partisans de l'élévation de cet
impôt
au niveau absolu (et
même
au niveau relatif) des Etats-Unis,pays dont la politique est principalement et avec
succès
axéesur les
impôts
directs.Par conséquent,
l'impôt
minimum sur le revenu, prélevé aumême niveau relatif, aurait comme point de départ environ le double du revenu moyen du pays, tandis que le groupe jouissant
du revenu le plus élevé paierait le
même
pourcentaged'impôts
que le groupe ayant le revenu le plus élevé aux Etats-Unis.
La courbe du pourcentage
d'impôts,
allant du revenu le plusbas au revenu le plus haut, devrait
être parallèle à
celledes Etats-Unis. Un tel résultat ne serait évidemment accessible
qu'après
une période transitoire relativement longue.Les objections que l'on peut opposer
à
une telle politiquesont s
a. Les difficultés administratives sont insurmontables, proba¬
blement pendant les 50 ou 100
premières
années.b. Un
impôt
sur le revenu décourage inévitablement dans unecertaine mesure l'effort du secteur du travail et des
entreprises, alors que ces
deux secteurs ont
enfait davantage
besoin d'etre encouragés que dans les pays
développés.
c. Aux
Etats-lSSis,
ce sont les classes moyennesqui paient la
plus grande part. En
Afrique,
cesclasses doivent
encore se développer.d. Dans différentes parties du monde, on
souligne de plus
en plus l'importance duroulement du capital et des taxes à
valeur ajoutée.
e. Ce n'est que dans une
très
faible mesure quecet impôt
surle revenu peut rompre le cercle
vicieux de l'épargne des
pauvres.
L'impôt sur le revenu personnel est
basé
surle jugement de
valeur selon lequel des individus jouissant de revenus
égaux
doivent supporter des impots égaux.
L'égalité des
revenusimpli
que l'égalité en termes de pouvoir
d'achat, de ni.veau de vie et
de satisfactions économiques. Quelles
difficultés
ya-t-il
&atteindre cette égalité s
1) Les possibilités
de transfert de l'impôt diffèrent
grandement.
2) Les
périodes
fiscalesd'une année sont beaucoup trop
courtes pour permettre la
comparaison. Les
personnesdont
le revenu subit de grandes variations paieront
davantage
que celles qui, au cours de leur
vie, ont gagné le même
revenu, mais sans que celui-ci ait été
soumis à des
hauts et des bas.
5) Faut-il tenir compte des besoins personnels
? Ampleur de
la famille, maladies, allocations
à
des parents surla
base d'obligations morales ?
4) Il y a une différence réelle entre les
dépenses
pour- l'entreprise(larges)
et les dépenses pourle
revenudu
travail
(strictes).
Ceci pourraitêtre
uneraison
d'imposer le revenu d'unsalarié
un peumoins
quele
revenu d'un propriétaire
(dans
quelle proportion?)
5) On ne peut indéfiniment autoriser la compensation des pertes
(que
ce soit en les reportant ou en les retranchant).5) l'assiette et la perception de
l'impôt
demandent beaucoup de temps et les paiements doivent parfoisêtre
faits pour des années écoulées depuis longtemps.7) Il est relativement facile de transformer le revenu en
profits et les profits étant difficiles
à
évaluer ne sont pas toujours inclus dans la loi concernantl'impôt
sur le revenu.L'administration dg
l'impôt
sur le revenu présente de nom¬breux arguments pour que le nombre des contribuables soit aussi réduit que possible
(seulement
les couches à revenu élevé) etpour ne pas introduire une progression trop rapide.
L'évaluation des bénéfices du secteur des affaires, en vue de fixer
l'impôt,
présentebeaucoup
plus de difficultés que cell de tout autre revenu. Ceci est principalement du auxproblèmes
reliés à l'amortissement du capital et
à
l'évaluation des stocks Il faut par conséquent distinguer les revenus provenant dusecteur des affaires des revenus privés. Cette distinction est facile à faire quand une entreprise est incorporée. Elle devient
alors me entité juridique séoarée.
Il est impossible,
même
du point de vue fiscal, de prendreen considération toutes les formes existantes d'incorporation (les
systèmes
juridiques français et anglo-saxondiffèrent considérablement).
Ce qui suit se limite doncà
la forme la plusextrême
d'incorpoi^ations la Société Anonyme ou la société par actions, qui toutes deux excluent la responsabilité person¬nelle des actionnaires.
Le genre
d'impôt
direct appliquéà
ces entités influenceraleur développement. Une position
extrême
est deconsidérer
laJ ♦ ! • O J .♦ .„ „ »î .-•>-£ .»~1 n • _ ^ 1>ri -V» "UnAilM
constituait
actionnaire privé pour sa part
dans
lasociété, de sorte
que l'impôt sur son revenu personnel progressed'après
lesrecettes
de la société. Un autre point de vue, également extreme, est d'imposer les actionnaires seulement, pour les
bénéfices répar¬
tis entre eux et de n'appliquer aucune imposition
(directe) à
la société elle-même.
Toutefois, l'optique généralement adoptée aujourd'hui
consiste à percevoir un impôt direct sur les recettes nettes
des sociétés, un actionnaire ayant parfois la possibilité de
payer une partie de cet
impôt
contre ses propres contributionsdues pour les
répartitions
de bénéfices faites par lacompagnie.
Cet
impôt
perçu sur les recettes d'une société devrait-il être progressif ? Les arguments en faveur de la progression del'impôt
sui' le revenu personnel ne sont pas valables ici(équi¬
té, limitation de la consommation) et le fait que ces entités juridiques peuvent facilement se séparer en d'autres entités plus petites rend
l'impôt
progressif difficile, sinon impossi¬ble. Il pourrait également constituer un obstacle au dévelop¬
pement maximum d'une entreprise et
à
son intégration,peut-être
souhaitable, au processus de production.
Toutefois, il n'est pas rare que les pays en voie de
développement
appliquent un tarif moindre aux sociétés de petite envergure, principalement afin d'encourager les entre¬prises locales.
ï-'imposition sur les bénéfices nets des entreprises
varie suivant la politique de chaque gouvernement. On peut
noter les variations suivantes g
a) Tous les bénéfices, répartis ou non, sont imposés au même taux.
b) Les bénéfices rAnarti« subi ur>
impôt
plus élevé.► • 4
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Pour ce faire, on peut appliquer des tarifs différents aux
bénéfices répartis et aur bénéfices non
répartis
eu bien on peut introduire unimpôt
supplémentaire sur le dividende des répartitions effectuées,c) Ce sont les bénéfices non
répartis
qui sont imposésà
un taux plus élevé.On peut également dans ce cas appliquer des tarifs différents.
On peut
même
allerjusqu'à
déduire les dividendes payés des bénéfices nets, avant le calcul del'impôt.
Il faudrait à cet égard mentionner le
système
en vigueur enAfrique de
l'Est. Cesystème
tendà empêcher
toute fuited'impôt, à
la suite de l'incorporation d'unesociété,
enimposant une amende
très
élevée si deux tiers au moins des bénéfices nets ne sont pas répartis? toutefois, afin de permettre dans une certaine mesurel'auto-financement,
ilautorise la répartition des dividendes, non en
espèces,
maissous forme
d'obligations.
Cesdernières
sont taxées à part entière lors du calcul del'impôt
sur le revenu personnel des actionnaires.l'impôt sur le dividende est en grande partie un
impôt
de retenue, c'està
dire qu'il est payé par la «société sur les répartitions faites, mais qu'il peutêtre
déduit(crédité)
del'impôt
sur' le revenu personnel des actionnaires.(Que
de compli¬cations dans la situation internationale
!)
Il est évident que si. un
impôt
est perçu sur les bénéfices nets d'une entreprise et que les actionnaires doiwmt payer unimpôt
sur le revenu personnel pour la répartition de bénéfices faite par cette entreprise, ceci revientà
imposer deux fois le même revenu.Cependant,
cette double imposition a été apparem¬ment pre^»a cfcsT!ar>ai Qmnvi-f: en*cenhé01 os-r*™g. fcius d'organisa—
tien d » .■..è entreprise recevant tellement d'avantages qu'elle peut surmonter l'inconvénient d'une double imposition.
L'augmentation des tarifs
entraîne
l'accroissement des désavan¬tages»
Un gouvernement peut avoir plusieurs raisons
d'influencer,
par la perception dés
impôts,
la politique de répartition des entreprises. La perception d'unimpôt
bas sur les bénéficesretenus permet l'auto-financement des extensions de l'entreprise
et le renouvellement des avoirs. Elle présente toutefois le
désavantage que les réserves inemployées ne sont pas
imposées de
la façon qui convient et que les actionnaires privés trouvent ce moyen commode pour éviter
l'impôt
sur le revenu. D'autre part,les gouvernements peuvent avoir des raisons de décourager
l'auto
financement et d'encourager le financement grace
à
l'investisse¬ment,
auquel
casl'impôt
perçu surles recettes retenues devrait
etre élevé.
Il serait souhaitable de pousser les sociétés
à
réinvestirleurs réserves, soit en ouvrant une
possibilité d'accélération
de l'amortissement, soit en offrant des allocations
spéciales
d ' inve stissement.
Il est à craindre que la concurrence et le manque de coordination entre les pays africains en ce qui concerne les exemptions
d'impôts
pour les nouveaux investissements n'aientnui plus qu'il n'était strictement nécessaire aux revenus des
gouvernements.