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Submitted on 1 Jan 1974
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Déformation de l’image d’un faisceau d’ultrasons de forte puissance obtenue par l’interaction optoacoustique
C. Carles, J.M. Bauza, R. Torguet
To cite this version:
C. Carles, J.M. Bauza, R. Torguet. Déformation de l’image d’un faisceau d’ultrasons de forte puissance
obtenue par l’interaction optoacoustique. Revue de Physique Appliquée, Société française de physique
/ EDP, 1974, 9 (1), pp.341-345. �10.1051/rphysap:0197400901034100�. �jpa-00243769�
DEFORMATION DE L’IMAGE D’UN FAISCEAU D’ULTRASONS
DE FORTE PUISSANCE OBTENUE PAR L’INTERACTION OPTOACOUSTIQUE
C.
CARLES,
J. M. BAUZA et R. TORGUETThomson-CSF,
Laboratoire Central de Recherches Domaine deCorbeville,
91401Orsay,
France(Reçu
le 4juillet 1973,
révisé le 5septembre 1973)
Résumé. 2014 Nous étudions la déformation de
l’image
d’un faisceau d’ultrasons obtenue par l’interactionoptoacoustique,
en fonction de lapuissance acoustique.
Nous comparons les résultatsexpérimentaux
aux résultatsthéoriques
obtenus par la théorie de Bhatia et Noble : tout se passe commesi, l’interaction
restantfaible,
le transducteur devenaitinhomogène.
Nous en déduisons une
interprétation physique
de la variation de l’interactionacoustooptique
en fonction de la
puissance acoustique.
Nous montrons
également qu’il
y a similitude entre les effets Bragg etRaman-Nath,
et que l’on peut passer continûment de l’un à l’autre en augmentant lapuissance
ultrasonore.Abstract. 2014 Perturbation of the
Bragg image
of an acoustic beam is studied as a function of acoustic power.Experimental
data arecompared
with the Bhatia and Nobletheory.
TheBragg image
is as if thetheory applied
tohigh
acoustic power, but with anon-homogeneous
transducer.A
physical interpretation
of the interactionefficiency,
as a function of acoustic power, isgiven.
It is shown that there is a
similarity
between theBragg
and Raman-Natheffects,
and that onecan pass
continuously
from one to the otherby increasing
the acoustic power.Classification Physics Abstracts
16.80 - 18.10
1. Introduction. -
Depuis
queDebye
et Sears[1]
et Lucas et
Biquard [2]
mirent en évidence la diffrac- tion de la lumière sepropageant
dans un milieuperturbé
par une ondeultrasonore,
de nombreuxtravaux ont été consacrés à l’étude de ce
phénomène.
Dans l’interaction entre la lumière et une onde
ultrasonore,
ondistingue
la diffraction «régulière »
ouRaman-Nath
[3]
et la diffractionBragg.
L’interactionrégulière
estanalogue
à la diffraction d’une onde lumineuse par un réseaurégulier
defentes,
et, de cefait, produit plusieurs
ordres.L’interaction
Bragg,
aucontraire,
concentrel’énergie
sur un seul ordre et
peut
êtrecomparée
à la diffractionprovoquée
par un réseaublazé,
ou encore, à la diffrac- tion des rayons X par un réseau cristallin.Lorsque
lapuissance acoustique
est trèsfaible,
onpeut distinguer
facilement les deux modes d’inter- action encomparant
les dimensions du transducteur à lalongueur
d’extinction[4] :
k et K : vecteurs d’onde lumineux et ultrasonore.
Pour les fortes
puissances acoustiques,
lecritère, beaucoup plus complexe,
fait intervenir à la fois les dimensions dutransducteur,
la déformation et lafréquence acoustique.
En
1966, Korpel [5]
montra que lepremier
ordrediffracté d’un faisceau lumineux
convergent
restituel’image optique
de la distributionénergétique
dufaisceau
acoustique.
Cettetechnique
est connuedepuis
sous le nom d’ «
Imagerie
deBragg
».Toutefois,
cettepropriété
ne se révèle exacte que dans le cas d’une interaction faible.Pour de fortes
puissances acoustiques, l’image
setrouve fortement
perturbée.
En la considérant comme
l’image
d’une densitéfictive
d’ultrasons,
onpeut
donner uneinterprétation physique
commode des variations de la limite entre effet Raman-Nath et effetBragg
ainsi que des varia- tions de lapuissance
lumineuse déviée sur lepremier
ordre en fonction de la déformation
acoustique.
2.
Principe
del’imagerie
deBragg.
- Une onde ultrasonore sepropageant
dans un milieu solide ouliquide
provoque une onde d’indice de mêmelongueur
d’onde et de même vitesse.
Le milieu se
comporte
alors vis-à-vis de la lumièrecomme un réseau dont le pas est
égal
à lalongueur
d’onde
acoustique
A.Une onde
optique
delongueur
d’onde 03BB traversantun milieu ainsi
perturbé
est diffractée en deux ondes : l’une dans la direction de l’ondeincidente,
l’autredans une direction
faisant,
avec la directionincidente,
un
angle
0 tel que :Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:0197400901034100
342
Si le faisceau
optique
incident estconvergent,
lesrayons lumineux diffractés par les ultrasons se propa-
geant
suivant la direction Ox(Fig. 1) convergent
en Apuisque
lesangles
BCA et BDAsont,
tousdeux, égaux
à 0. L’intensité lumineuse au
point
A estproportion-
nelle à la densité de
puissance acoustique qui
sepropage suivant Ox. Le même raisonnement est
appli-
cable pour les rayons lumineux diffractés par les ultra-
sons se
propageant
suivant 0’ x’qui convergent
en A’.FiG. 1. - Schéma de principe de l’interaction optoacoustique.
Les traits horizontaux représentent les fronts d’ondes acous-
tiques.
Il se forme donc dans le
plan
BAA’ uneimage
lumineuse du faisceau ultrasonore.
Toutefois. ce raisonnement n’est valable que si la
puissance acoustique
est faible.Si cette
puissance
devienttrop importante, l’image
se trouve déformée. En
effet,
laquantité
de lumièredéviée en C n’est pas
négligeable
devant l’intensité incidente et l’intensité du rayon CB varie en fonction de la distance parcourue dans le faisceau d’ultrasons.3.
Montage expérimental.
- Lemontage expéri-
mental est
représenté
sur lafigure
2. Le faisceaulumineux d’un laser hélium-néon est
élargi
à l’aided’un
anamorphoseur
à lentillescylindriques Li
etL2.
Un
diaphragme découpe,
dans cefaisceau,
uneportion parfaitement homogène
de0,5
mm x 4 mm. UneFIG. 2. - Schéma du montage expérimental utilisé pour mesurer la répartition en intensité de la tache lumineuse du
faisceau dévié au cours de l’interaction optoacoustique.
lentille
cylindrique L3
de 10 cm defocale,
concentre lefaisceau à 2 cm en arrière du cristal de
molybdate
de
plomb
danslequel
sepropagent
les ultrasons.La
partie
du faisceauoptique
diffractée vientformer,
dans le
plan
de la lentilleL3,
uneimage
de la section du faisceauacoustique.
Une dernière lentille
cylindrique L4
forme uneimage agrandie
dans unplan
danslequel
ondéplace
unephotodiode qui permet d’enregistrer
cetteimage.
Les dimensions du transducteur
(en nyobate
delithium)
sont :0,7
mm x4,2
mm.4. Résultats
expérimentaux
etcomparaison
avec lescalculs
théoriques.
- 4.1 RÉSULTATS EXPÉRIMEN-TAUX. - Sur la
figure
3 les courbes en traits continusreprésentent
l’intensité lumineuseenregistrée
à l’aidede la
photodiode
pour différentes valeurs duproduit
bw(w
=largeur
dutransducteur,
b estproportionnel
à laracine carrée de la
puissance acoustique)
et pour une valeur déterminée duproduit
çw où :La
puissance acoustique
est déterminée àpartir
durendement de l’interaction
optoacoustique
à faiblecouplage
car, dans cecas-là,
le rendement sur lepremier
ordre est le même en diffraction
Bragg
et en diffraction Raman-Nath.4.2 CALCULS
THÉORIQUES.
- Nous avons calculéles valeurs fournies par les
expressions théoriques
enutilisant cette même remarque. Pour cela nous
employons
la théorie de Bhatia et Noble[6] qui permet
d’écrirel’expression suivante,
dans le cas d’uncouplage
faible : Si Ox est la direction depropagation
de la lumière
avec :
e, :
amplitude
duchamp
lumineuxdiffracté,
eoo :
amplitude
duchamp
lumineuxincident,
-
203C8 :
écart àl’angle
deBragg
du faisceauoptique,
s : déformation
acoustique ;
p : densité du milieu
d’interaction ;
v : vitesse du son dans le
milieu ;
n : indice
optique
dumilieu ;
p : coefficient
optoélastique
du milieu.el
apparaît
donc comme la transformée de Fourier de la fonction.Si le
couplage
estfaible,
eoo ne varie pas au cours de lapropagation
de la lumière. Onpeut
alors écrire :tache lumineuse du faisceau dévié au cours
de l’interaction optoacoustique pour diffé- rentes valeurs de la puissance acoustique.
Traits continus : résultats des mesures.
Pointillés : résultats des calculs fournis par la théorie de Bhatia et Noble.
344
Si le
couplage
devientfort,
c’est-à-dire si bw devientimportant,
eoo n’estplus
constant etl’expression
de elprend
alors la forme suivante :Remarquons
que, dans ce cas,l’éq. (1) peut
s’écriresous la forme :
On
peut
donc dire que tout se passe comme si l’interaction restait faible alors que le transducteur n’étaitplus homogène.
Onpeut
alors écrire :Soit,
enposant
u= g/w
Cette fonction étant
symétrique, l’expression
deB(x) peut
encore s’écrire sous la forme suivante :L’ouverture du faisceau
optique n’est,
enpratique,
pas infinie.
L’intégrale
doit donc être bornée. Cette ouverture est de0,04
radian à la sortie de la lentilleL3.
L’indice de la lumière dans le cristal de
molybdate
deplomb,
danslequel
sepropagent
lesultrasons,
estégal
à2,39 ;
l’ouverture à considérer est donc de0,017
radian.D’autre
part,
lalargeur
du transducteur est :et la
fréquence
des ultrasons est de 234 MHz.L’angle
d’ouverture à 4 dB du faisceauacoustique
est donc :
L’ouverture du faisceau
optique
est donc4,6
foisplus importante
que celle du faisceauacoustique.
La fonction sin
x/x
décroissant de 4 dB pour x =03C0/2,
le domaine de variation
de y
doit donc êtrecompris
entre - 7 et + 7.
Sur la
figure
3 lespoints représentent
la fonctionB2(x)
telle que :Les écarts entre les résultats
théoriques
etexpéri-
mentaux
proviennent
essentiellement des causes sui- vantes :- La théorie de Bhatia et Noble n’est
qu’approchée.
- Les résultats
expérimentaux
sont entachés d’uneerreur non
négligeable
et très difficile à estimer. Eneffet,
la mise aupoint
del’image
devantlaquelle
sedéplace
laphotodiode
est très délicate à réaliser carplusieurs images,
dues à des échos successifs et d’am-plitudes différentes,
sesuperposent.
- Le
molybdate
deplomb
étant un matériau très fortement nonlinéaire,
lapuissance acoustique
varied’une manière
importante
au cours de lapropagation.
Ceci entraîne alors des aberrations de
l’image.
5. Rendement de l’interaction
acoustooptique
enfonction de la
puissance acoustique.
- La courbeexpérimentale représentant
la variation du rendement de l’interactionacoustooptique
en fonction de lapuissance acoustique
est montrée sur lafigure
4. Lerendement est ici défini comme le
rapport
de lapuis-
sance lumineuse diffractée dans le
premier
ordre surla
puissance
lumineuse incidente.FIG. 4. - Variation du rendement de l’interaction acoustoop- tique sur le premier ordre diffracté en fonction de la puissance acoustique et pour un angle d’incidence
égal à
l’angle de Bragg.Nous allons montrer que les résultats
précédents permettent d’expliquer
la forme de cette courbe.Lorsque
lapuissance acoustique
estfaible,
la fonc-tion
B(x)
reste constante pour toute valeur de xcomprise
entre -w/2
et +w/2. Quand
cettepuissance augmente,
un « trou »apparaît
au centre du transduc- teur. Enconséquence,
le rendementn’augmente plus
linéairement avec la
puissance.
Laprofondeur
de cetrou croît
jusqu’à
ce que bw soit voisin de2,35, quand
la
puissance
émise est nulle au centre du transducteur(cette
valeurdépend
d’ailleurs decpw).
Apartir
de cettevaleur,
le transducteur estéquivalent
à trois transduc- teurs fictifsd’égale largeur : w/3.
Les deux transduc-teurs T et T’ émettent en
phase,
alors que le transduc- teur central T" émet enopposition
dephase
avecceux-ci.
Lorsque
lapuissance acoustique augmente,
lapuissance
émise par T"augmente également,
alors quecelle émise par T et T’ diminue. Le rendement continue donc à décroître
jusqu’à
s’annuler pour bw -3,15.
A
partir
de cettevaleur,
lapuissance
émise par T" estsupérieure
à celle émise par T et T’ : le rendement croît à nouveau.D’autre
part,
le lobeprincipal (correspondant
autransducteur
T") s’élargit
pour atteindre unelargeur
maximum
égale
àw/2
pour bw -4,6. Lorsque
lapuissance augmente
encore, on est ramené à un cassemblable à celui que l’on obtient à faible
puissance (un
seultransducteur).
La différence réside dans le fait que le transducteurapparaît
commeayant
unelargeur
deux foisplus
faible.On
conçoit
donc très bien que la valeur du rende- mentn’atteigne jamais
100% puisque, lorsqu’elle
estmaximum,
unepartie
de lapuissance
est émise enopposition
dephase.
D’autrepart,
les maxima succes-sifs sont de
plus
enplus faibles, puisque
lalargeur apparente
du transducteur est,chaque fois,
diviséepar
deux,
etplusieurs
ordres diffractésapparaissent.
6. Effet
Bragg
et effet Raman-Nath. - Nous avonsvu,
plus haut,
comment on définissait ces deux effets.Considérons un flux de
photons
formant un faisceauparallèle
de vecteur depropagation ko (Fig. 5),
diffractépar un flux de
phonons
limité dansl’espace,
et devecteur de
propagation
K.FIG. 5. - Diagramme de composition des vecteurs d’onde optique et acoustique dans le cas de l’interaction de Raman-
Nath.
Ce dernier faisceau
diverge
d’unangle 039B/w.
La
quantité
de mouvement étant conservée au coursde
l’interaction,
on doit avoir :kt
=ko
+ Kkt
étant le vecteur d’onde du faisceau diffracté.Ce dernier faisceau
peut,
à son tour,interagir
avecdes
phonons
sepropageant
dans la direction K’ telle que :k2=k1 ± K"
et ainsi de
suite,
tant que laprobabilité
pour que lesphonons
sedéplacent
suivantK’, K",
..., ne sera pas nulle. Pourcela,
il suint quel’angle
que forme le vecteur K avecK’, K",
..., soit inférieur à039B/w.
Les vecteurs
ko, ki, k2,
...,ont,
enpremière approxi- mation,
la mêmelongueur.
Cecipermet
d’écrire la relation suivante :Il y a donc effet Raman-Nath si 03B8 est inférieur à la
divergence
du faisceauacoustique
soit :Or :
donc
l’inégalité précédente
s’écrit :Rappelons
que wreprésente
lalargeur
du trans-ducteur.
Si l’on considère le
comportement apparent
du transducteur en fonction de lapuissance qu’il fournit,
on constate que sa
largeur
fictive diminue. Il enest,
par
conséquent,
de même de laquantité
~wapparente.
Et il existe donc
toujours
une valeur de bw telle que cpwapparent
soit assezpetit (inférieur
à 203C0)
pour queplusieurs
ordrespuissent
être diffractés simul- tanément.Le processus de Raman-Nath ne diffère donc pas fondamentalement du processus de
Bragg
et l’onpeut
passer d’une manière continue de l’un à l’autre enfaisant croître la
puissance acoustique.
7. Conclusion. - Les résultats
précédents
montrentque, pour obtenir des
images
correctes par latechnique
de
l’imagerie
deBragg,
on doit se limiter à despuis-
sances
acoustiques
faibles. Eneffet, lorsque
cettepuissance augmente,
lediagramme
de diffraction nereprésente plus
du tout la transformée de Fourier du faisceauacoustique,
et l’on nepeut
obtenir que desimages
très déformées.Ce
comportement
de l’interactionacoustooptique
à forte
puissance permet
de montrerégalement
que le rendement nepeut jamais
atteindre 100% (totalité
de la lumière
diffractée). Après
êtrepassé
par lemaximum,
ce rendement décroîtjusqu’à
zéro pouraugmenter
à nouveau, et ainsi de suite. Les maxima successifs sontchaque
fois moins élevés.Nous avons
également
montré que le critère de dis- tinction entre l’interaction dite deBragg,
et l’inter-action dite de
Raman-Nath,
nepeut
êtreuniquement
fondé sur un critère ne faisant intervenir que la lon- gueur d’onde
optique,
lafréquence
ultrasonore et les dimensions dutransducteur,
mais que l’onpeut
passer de l’une à l’autre d’une manière continue en augmen- tant lapuissance acoustique.
Bibliographie
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