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THESE DE DOCTORAT SUR LES INCUBATEURS D'ENTREPRISES Serge Abihona PhD

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Effets des incubateurs d’entreprises sur l’insertion professionnelle des diplômés des universités du Bénin : cas de UAC Startup Valley 1

THESE

pour l’obtention du grade de Docteur (PhD) en :

ECONOMIE COOPERATIVE, GESTION ET DEVELOPPEMENT (ECOGED)

Spécialité : ECONOMIE COOPERATIVE ET POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT

Soutenue publiquement par M. Adébayo Frédéric Serge ABIHONA

le 21 décembre 2019

Jury

M. Emmanuel HOUNKOU Professeur Titulaire des Universités CAMES, Sciences de Gestion, Université d’Abomey-Calavi (BENIN)

Président

M. Nadédjo BIGOU-LARE Maître de Conférences Agrégé CAMES, Sciences de Gestion, Université de Lomé (TOGO)

Rapporteur

Mme Karima SYLLA DOUCOURE Maître de Conférences Agrégé CAMES, Sciences de Gestion, Université d’Abomey-Calavi (BENIN)

Rapporteur

M. Gervais KISSEZOUNON Maître de Conférences CAMES, Spécialiste de pédagogie Universitaire, Université d’Abomey-Calavi (BENIN)

Directeur de thèse M. Robert SANGUE FOTSO Maître de Conférences Agrégé CAMES, Sciences de

Gestion, Université de Yaoundé II (CAMEROUN)

Assesseur 01 BP: 1236 RP – Tél. + 229 21 33 06 39 - 21 33 07 33 - Fax: + 229 21 33 15 06

Courriel:ecoledoctorale_uadc@yahoo.fr Site web: www.uadc-aucd.org Cotonou (République du BENIN)

UNIVERSITE AFRICAINE DE

DEVELOPPEMENT COOPERATIF (Institution Inter Etats d’Intégration Régionale)

Depuis 1967

AFRICAN UNIVERSITY FOR COOPERATIVE DEVELOPMENT (Inter States Institution of Régional Integration)

Since 1967

Effets des incubateurs d’entreprises sur l’insertion professionnelle des diplômés des universités du

Bénin : cas de UAC Startup Valley

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L’Université Africaine de Développement Coopératif (UADC) n’entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions émises dans cette

thèse. Celles-ci doivent être considérées comme propres à leur auteur.

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« La culture entrepreneuriale est un antidote à la pauvreté»

Paul Arthur Fortin

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RESUME

L'Université d'Abomey-Calavi est la première université publique au Bénin à mettre en place un incubateur d'entreprises (UAC Startup Valley). Cet incubateur a adopté un processus d'incubation d'entreprises étalé sur trois à quatre ans qui met un accent particulier sur l'innovation, l’éducation entrepreneuriale, l'apprentissage par la pratique et la dynamique coopérative. La présente étude, intitulée «Effets des incubateurs d’entreprises sur l’insertion professionnelle des diplômés des universités du Bénin : cas de UAC Startup Valley», a pour objectif général de mesurer les effets du processus d'incubation de UAC Startup Valley sur l'insertion professionnelle des diplômés des universités et de capitaliser les bonnes pratiques pour une meilleure préparation des étudiants aux réalités du marché de l’emploi. Les résultats de cette étude comparative sur un échantillon de 410 diplômés (205 bénéficiaires dudit processus et 205 non-bénéficiaires), ont montré que ce modèle d’incubation d’entreprise a des effets positifs non seulement sur la création d'entreprises par les jeunes diplômés des universités, mais également améliore leur employabilité sur le marché de l’emploi salarié. Les bénéficiaires du processus d’incubation de UAC Startup Valley ont 7.39 fois plus de chance de devenir des entrepreneurs que les non- bénéficiaires. Les bénéficiaires qui ne deviennent pas des entrepreneurs ont 13,03 fois plus de chance de trouver un emploi salarié bien payé et valorisant que les non-bénéficiaires.

Toutefois, ces résultats sont généralisables seulement aux incubateurs d’entreprises ayant comme cibles les étudiants et diplômés d’universités et ayant un modèle d’incubation basé sur le paradigme du processus entrepreneurial et celui de l’apprentissage par la pratique. Un adapté de ce modèle a été proposé pour mieux réussir l’intégration de l’éducation entrepreneuriale dans les curricula de formation des universités au Bénin. Cette recherche a quelques limites car elle ne s’est pas prononcée sur la durabilité des entreprises créées et des emplois salariés obtenus par les bénéficiaires. Ceci se justifie par les réalités suivantes : les recherches ont été faites sur la période de 2015 à 2018 sur les trois premières promotions (2015, 2016 et 2017), le processus d’incubation en vigueur à UAC Startup Valley dure entre trois et quatre ans et la première promotion d’entreprises n’a pas encore fini le processus avant la fin de cette recherche. Des observations sur une longue durée permettront de mieux apprécier les impacts de ce modèle sur la durabilité des entreprises créées et des emplois salariés obtenus par les bénéficiaires.

Mots-clés: insertion professionnelle, incubateur, création d'entreprise, emploi salarié, processus d'incubation, UAC Startup Valley.

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ABSTRACT

The University of Abomey-Calavi is the first public university in Benin to set up a business incubator (UAC Startup Valley). This incubator has adopted a three to four year business incubation process with a particular focus on innovation, entrepreneurial education, learning-by-doing and cooperative dynamic. The present research, titled "Effects of Business Incubators on the Professional Integration of University Graduates of Benin; the Case of UAC Startup Valley", has the general objective of measuring the effects of the incubation process of UAC Startup Valley on professional integration of university graduates and capitalize the good practices for better preparation of students for the realities of the labor market. The results of this comparative study on a sample of 410 graduates (205 beneficiaries of this process and 205 non- beneficiaries), showed that this business incubation model has positive effects not only on the creation of enterprises by young graduates from universities, but also improves their employability in the paid labor market. Recipients of the UAC Startup Valley incubation process have 7.39 times more luck to become entrepreneurs than non-recipients. Beneficiaries who do not become entrepreneurs are 13 times more luck to find well-paid and rewarding paid employment than non-beneficiaries. However, these results are generalizable to only the incubators which have students and graduates as beneficiaries and have an incubation model based on the entrepreneurial process theory and the learning by doing approach.

An adaptation of this model has been proposed by the author to better integrate the integration of entrepreneurship education into the training curricula of universities in Benin. This research has some limitations because it has not commented on the sustainability of the companies created and the salaried jobs obtained by the beneficiaries. This is justified by the following realities: research was done on the period from 2015 to 2018 on the first three promotions (2015, 2016 and 2017); the incubation process lasts between three and four years and the first business promotion has not finished the process before the end of this research.

Long-term observations will make it possible to better appreciate the impact of this model on the sustainability of the companies created and the salaried jobs obtained by the beneficiaries.

Keywords: professional integration, incubator, business creation, salaried job, incubation process, UAC Startup Valley.

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REMERCIEMENTS

Nos remerciements vont à l’endroit de:

Professeur Gervais KISSEZOUNON pour avoir accepté prendre la direction de ce travail de recherche ;

Professeur Brice SINSIN qui a initié l’incubateur d’entreprises UAC Startup Valley ; Professeur Souaïbou FAROUGOU pour son implication personnelle dans la mise en place et le développement de UAC Startup Valley ;

Bénéficiaires et non-bénéficiaires de UAC Startup Valley pour leur disponibilité au cours des opérations de collecte des données sur leur parcours entrepreneurial et social ;

Personnel de UAC Startup Valley pour sa disponibilité au cours des opérations de collecte des données sur les activités de UAC Startup Valley ;

Tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à cette recherche.

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SOMMAIRE

RESUME ... 4

ABSTRACT ... 5

REMERCIEMENTS ... 6

INTRODUCTION GENERALE ... 8

1ère PARTIE: CONTEXTE ET REVUE DE LITTERATURE ... 19

CHAPITRE 1 : ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET SITUATION DE L’EMPLOI AU BENIN ... 19

CHAPITRE 2 : CONCEPTS ET PARADIGMES EN LIEN AVEC L’INSERTION PROFESSIONNELLE ... 57

2ème PARTIE : METHODOLOGIE, RESULTATS ET RECOMMANDATIONS ... 91

CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE ... 91

CHAPITRE 4 : RESULTATS ET RECOMMANDATIONS ... 115

CONCLUSION GENERALE ... 155

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ... 158

LISTE DES SIGLES ... 166

LISTE DES TABLEAUX ... 169

LISTE DES IMAGES ... 171

LISTE DES FIGURES ... 172

LISTE DES ANNEXES ... 173

ANNEXES ... 174

TABLE DES MATIERES ... 266

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INTRODUCTION GENERALE 1. Problématique

Face à l’aggravation du chômage et du sous-emploi des jeunes diplômés, les systèmes éducatifs doivent jouer un rôle plus important dans l'éveil des élèves et des étudiants à l'entrepreneuriat et dans la préparation des futurs entrepreneurs (Fayolle, 1999). Plusieurs universités américaines, européennes et asiatiques ont mis en place des dispositifs de stimulation de la culture entrepreneuriale chez leurs étudiants. En effet, l'entrepreneuriat est nécessaire pour développer chez les individus des capacités indispensables pour faire face à l'environnement économique en constante mutation, à la question du chômage des jeunes, aux changements inhérents aux institutions et à la mise en relation de l'éducation avec l'économie (Pepin, 2015). La promotion de l'entrepreneuriat dans les universités permettra de relever ce défi. Il permettra aussi de former des créateurs de richesse, et surtout de favoriser l'innovation, l'initiative et la prise de responsabilité au niveau des organisations. L'entrepreneuriat apporte des bénéfices aux individus qui peuvent trouver, dans des situations entrepreneuriales, des sources de satisfaction, d'accomplissement personnel et des opportunités d'entrée ou de développement de carrière (Fayolle, 1999). Promouvoir la culture entrepreneuriale à l'université, vise donc d'une part à amener les étudiants à envisager la création d'entreprise comme une option de carrière, et d'autre part à faire d'eux des vecteurs de changement et d'innovation dans les organisations (Billet, 2007). Les universités publiques du Bénin sont restées trop collées à leurs missions premières que sont la formation et la recherche. Il est aujourd’hui nécessaire qu’elles s’intéressent davantage à l’avenir professionnel de leurs étudiants. Elles doivent faire preuve d’innovation et mettre en place des dispositifs efficaces de promotion de la culture entrepreneuriale et de l’entrepreneuriat pour améliorer l’insertion professionnelle de leurs diplômés et contribuer à réduire le taux de chômage et de sous-emploi. Plusieurs projets et programmes de promotion de l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes ont été initiés par l’Etat du Bénin et ses partenaires.

Mais les résultats restent très insuffisants car le taux de chômage et de sous-emploi ne cessent d’augmenter. Le chômage et le sous-emploi des jeunes sont souvent expliqués par l’inadéquation entre la formation et le marché de l’emploi. La solution souvent préconisée est la professionnalisation des formations pour mieux répondre aux besoins en compétences du secteur privé. Mais de quelle formation et de quel emploi parle-t-on ? S’agit-il d’une formation pour avoir un diplôme ou d’une formation pour développer des compétences recherchées par les

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employeurs? S’agit-il d’une formation qui oblige le diplômé à rechercher un emploi salarié ou d’une formation qui le prépare à se prendre en charge dans le contexte actuel du marché de l’emploi caractérisé par une diminution inquiétante de l’offre d’emplois ?

Quelques universités du Bénin dont l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) ont initié des réformes en vue d’une meilleure professionnalisation des offres de formation. Les stratégies mises en œuvre pour assurer cette professionnalisation sont basées essentiellement sur l’implication des professionnels dans la formation des étudiants et la création de filières professionnelles. Les aspects liés à l’étude des besoins en compétences exprimés par les entreprises, à l’orientation universitaire et à l’éducation entrepreneuriale des étudiants ne sont pas toujours prises en compte dans la définition et la mise en œuvre de ces stratégies de formation et d’insertion professionnelle. Pourtant, ces aspects constituent des piliers très importants des stratégies efficaces de formation et d’insertion professionnelle. L’aggravation du taux de chômage et de sous-emploi chez les jeunes diplômés des universités au Bénin est due entre autres aux insuffisances relevées précédemment dans la définition et la mise en œuvre des stratégies de formation et d’insertion professionnelle. En 2011, 5,1 % des jeunes étaient au chômage contre 2,7

% pour les adultes. Le chômage s’impose encore avec plus d’acuité aux jeunes dont le niveau d’instruction est plus élevé. Ces derniers attendent souvent longtemps avant de trouver un emploi qui corresponde à leur profil. Selon les statistiques sur l’emploi et le chômage de l’Institut National de Statistique et d’Analyse Economique (INSAE), les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur ont un taux de chômage inquiétant de 27,6 %, ce qui représente près de 3 fois le chômage des jeunes diplômés de l’enseignement secondaire et près de 4 fois le chômage des jeunes diplômés de l’enseignement primaire. Ce taux de chômage qui semble faible cache un taux de sous-emploi très élevé. Le taux de sous-emploi est passé de 79,8 % en 2007 à 81,5% en 2011 et l’observation de la situation actuelle de l’emploi au Bénin montre que le phénomène s’aggrave. Selon une analyse de la situation de l’emploi avec des pistes de solutions pour le contexte spécifique de l’Afrique Sub-saharienne, réalisée en 2015 par la Banque Mondiale et l’Agence Française de Développement (AFD), le Bénin a connu une aggravation de son taux de chômage en cinq ans. L’UAC met 22 000 diplômés1 sur le marché de l’emploi chaque année et ces diplômés sont confrontés aux mêmes problèmes de sous-emploi et de chômage avec la même acuité. L’UAC propose des formations qui ne sont pas toujours en adéquation avec les besoins du

11 http://www.uac.bj/statistiques

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marché de l'emploi. Face à cette situation caractérisée par une croissance rapide du nombre de diplômés mis sur le marché de l’emploi (demande d’emplois) et une diminution inquiétante de l’offre d’emplois due entre autres au taux élevé de mortalité des PME au Bénin (85% à trois ans), il est important que les stratégies de formation et d’insertion professionnelle mettent un accent particulier sur des actions pour améliorer l’offre d’emplois. Ce changement de paradigme passe par la promotion de la culture entrepreneuriale et de la création d’entreprise au sein des centres de formation en général et dans les universités en particulier. Bien que tous les diplômés ne puissent pas devenir des entrepreneurs, il est mieux de former des diplômés ayant la culture entrepreneuriale que de former des diplômés demandeurs d’emplois. Les diplômés formés dans ce nouveau paradigme qui ne deviendront pas des entrepreneurs, auront développé une culture entrepreneuriale et des capacités d’adaptation qui leur seront très utiles pour obtenir des emplois salariés bien payés et valorisants même dans un contexte caractérisé par un fort taux de chômage.

Dans un contexte où l’offre d’emplois diminue très rapidement, tout en travaillant à améliorer la qualité des demandeurs d’emplois en les rendant plus professionnels, il est très important de travailler pour améliorer la quantité et la qualité de l’offre d’emplois. Ce rôle incombe non seulement à l’Etat qui doit créer un environnement économique favorable aux entreprises, mais aussi aux centres de formation qui doivent former leurs apprenants en leur inculquant la culture entrepreneuriale pour qu’ils développent des aptitudes et attitudes pour se prendre en charge en tant qu’entrepreneurs ou intrapreneurs (salariés ayant la culture entrepreneuriale) même en l’absence d’emplois salariés classiques. Ce changement de paradigme de l’enseignement intéresse particulièrement l’enseignement supérieur car ses diplômés sont les plus vulnérables au chômage au Bénin. Quelques universités publiques au Bénin ont mené des réformes pour améliorer la qualité de la formation et les profils de sortie de leurs diplômés.

L’Etat du Bénin et ses partenaires ont initié plusieurs programmes de promotion de l’environnement des affaires et de promotion de l’entrepreneuriat des jeunes. Cependant, les résultats restent très mitigés eu égard l’aggravation du taux de chômage et de sous-emploi chez les jeunes en général et les diplômés des universités en particulier. Il urge donc d’explorer d’autres stratégies pour améliorer l’employabilité des jeunes diplômés des universités.

Les nouvelles stratégies efficaces d’amélioration de l’employabilité des jeunes diplômés prennent de plus en plus en compte la question relative à l’éducation entrepreneuriale des apprenants. Les étudiants ont besoin d’un environnement pédagogique qui façonne leur

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personnalité dans une approche entrepreneuriale de l’enseignement supérieur (Fayolle, 1999). Il est admis aujourd’hui que l’entrepreneuriat, ou tout au moins certains aspects de ce dernier, peut être enseigné (Vesper et Gartner, 1997). L’entrepreneuriat est une discipline qui peut être enseignée. Nul n’est programmé génétiquement pour devenir entrepreneur et on ne nait pas entrepreneur. On peut apprendre à entreprendre. Il est alors obsolète de se poser la question de la pertinence de l’enseignement de l’entrepreneuriat. En effet, l’enseignement de l’entrepreneuriat a connu une explosion considérable au cours de ces dernières années et constitue une pédagogie éducative qui est plus répandue dans les écoles et facultés des universités des pays développés que dans celles des pays sous-développés. Or si l'entrepreneuriat constitue une discipline à part entière dans la plupart des universités occidentales avec création de chaire dédiée à celui-ci dans certains cas, il demeure inexistant dans les universités publiques béninoises (Houssou, 2013). La promotion de l'entrepreneuriat sur les campus universitaires ne se limite pas seulement à son enseignement. Il reste encore à savoir comment s'y prendre. Plusieurs modèles ont été développés dans le monde pour développer la culture entrepreneuriale et l’entrepreneuriat chez les étudiants et diplômés des universités. Il s’agit par exemple du Processus Educatif et Pédagogique Entrepreneurial, en abrégé PEPE (Billet 2007), des juniors entreprises, des pépinières d’entreprises et des incubateurs d’entreprises. La mise en œuvre de ces modèles peuvent favoriser et développer un esprit d’entreprendre, auprès des étudiants et diplômés et avoir des effets et des répercussions sur le long terme tant sur leur façon d’agir et de se comporter que sur la possibilité d’insuffler un «savoir devenir entrepreneurial» tout au long de leur vie (Billet, 2007).

Les incubateurs d’entreprises au sein des universités contribuent non seulement à la diffusion de la culture entrepreneuriale dans la communauté universitaire, mais aussi à la création et au développement d’entreprises par les étudiants et diplômés. Ils facilitent ainsi l’insertion professionnelle des diplômés. Compte tenu du fait que les diplômés de l’enseignement supérieur sont plus vulnérables au chômage et au sous-emploi que ceux des enseignements primaire et secondaire au Bénin, la présente recherche a opté de s’intéresser aux questions liées à la promotion de la culture entrepreneuriale dans les universités et leurs effets sur l’insertion professionnelle des diplômés des universités du Bénin en général et de l’UAC en particulier. En effet, l’UAC est la première université publique au Bénin à mettre en place un incubateur d’entreprises Cet incubateur dénommé « UAC Startup Valley » a été créé en 2014 et rendu opérationnel en 2015 et a comme mission d’accompagner les jeunes diplômés et étudiants en fin

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de cycle des universités du Bénin dans la création et le développement d’entreprises innovantes à fort potentiel d’emplois décents et durables et de diffuser la culture entrepreneuriale dans la communauté universitaire. Pour accomplir cette mission, l’incubateur a mis en place un processus d’incubation d’entreprises étalé sur trois à quatre ans qui met un accent particulier sur l’innovation, l’apprentissage par la pratique et la dynamique coopérative. La composante de la mission de l’incubateur relative à la diffusion de la culture entrepreneuriale au sein de la communauté universitaire n’est pas encore bien développée car tous les étudiants de l’UAC ne bénéficient pas encore de l’éducation entrepreneuriale selon la pédagogie entrepreneuriale en vigueur dans l’incubateur. L’innovation, l’apprentissage par la pratique et la dynamique coopérative sont entre autres, des facteurs clés de succès pour réussir l’insertion professionnelle des jeunes diplômés. UAC Startup Valley a obtenu des résultats relativement encourageants en trois ans d’existence. La question relative à la performance des incubateurs d’entreprises dans le monde en général et au Bénin en particulier reste importante et suscite beaucoup de débats. De multiples études ont été menées ces dernières années sur la performance des incubateurs dans les pays développés. Malgré cela, il reste encore difficile aujourd’hui d’établir avec clarté si les incubateurs contribuent réellement à améliorer les chances de réussite des incubés et des entreprises qui recourent à l’incubation, tant les résultats ont tendance à être contradictoires. Par exemple, les travaux de Mian (1997) ou de Colombo et Delmastro (2002) montrent que les entreprises incubées connaissent généralement une croissance de leur chiffre d’affaires et de leur nombre d’employés, ou encore qu’elles ont tendance à être plus actives en termes d’innovation, que des entreprises similaires non incubées. Un débat s’est cependant engagé sur la validité des résultats de ces études en raison des difficultés méthodologiques rencontrées pour constituer des échantillons de contrôle ayant exactement la même localisation, la même activité et le même âge que les entreprises incubées (Mian, 1997). Selon Tamasy (2007), il existe des études aux résultats contradictoires qui montrent une absence de lien significatif entre les incubateurs et la réussite des incubés. L’Organisation Internationale de la Francophonie (2015) estime que « les incubateurs sont devenus des structures importantes dans beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne où 85 % des petites et moyennes entreprises (PME) ne survivent pas à la 3ème année d’activité. Par contre, les entreprises qui suivent un processus d’incubation affichent un taux de survie de plus de 80 % après cinq (5) années d’activité».

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La présente recherche s’est intéressée à la problématique de l’insertion professionnelle des diplômés des universités du Bénin et s’est focalisée sur les aspects liés aux effets qu’ont la performance des incubateurs d’entreprises sur l’insertion professionnelle des incubés (création d’entreprises et emploi salarié). Cette recherche porte sur le sujet intitulé «Effets des incubateurs d’entreprises sur l’insertion professionnelle des diplômés des universités du Bénin : cas de UAC Startup Valley» et a pour objectif général de mesurer les effets du processus d'incubation de l’incubateur d’entreprises UAC Startup Valley sur l'insertion professionnelle de ses bénéficiaires et de capitaliser les bonnes pratiques pour proposer un modèle d’éducation entrepreneuriale des étudiants au Bénin. Cette recherche vise à apporter une contribution pour mieux comprendre la problématique relative à l’insertion professionnelle des jeunes diplômés des universités à travers des dispositifs efficaces de promotion de la culture entrepreneuriale et de la création d’entreprises au sein de la communauté universitaire.

L’insertion professionnelle étant caractérisée par l’emploi salarié et la création d’entreprise, l’étude s’est alors focalisée sur la question centrale de recherche relative aux effets de l’incubateur UAC Startup Valley l’insertion professionnelle des diplômés des universités.

Deux questions spécifiques ont été formulées :

- Quels effets le processus d’incubation adopté par UAC Startup Valley a sur la création d’entreprises par ses bénéficiaires ?

- Quels effets ce processus d’incubation a sur l’obtention d’emplois salariés bien payés et valorisants par les bénéficiaires qui ne créent pas leurs entreprises?

2. Fondements empirique et théorique

La problématique relative à l’insertion professionnelle des diplômés des universités par la promotion des dispositifs de type incubateur d’entreprises et l’enseignement de l’entrepreneuriat mobilisent plusieurs chercheurs dans le monde. La revue de la littérature empirique a permis de constater qu’il existe très peu de travaux scientifiques sur ce sujet, spécifiques au contexte du Bénin, La plupart des travaux réalisés sur le sujet sont des rapports d’étude périodiques élaborés par l’Institut National de Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) et certains Partenaires Techniques et Financiers (PTF) du Bénin. Pourtant la réussite de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés est capitale pour le développement socio-économique durable de tout pays.

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Toutefois, quelques recherches scientifiques ayant abordé cette question spécifiquement dans le contexte du Bénin ont été recensées. Il s’agit entre autres des travaux de Migan et Sessou (2016), de Ahouandjinou (2015) et de Houssou (2013) qui ont apporté des contributions une meilleure employabilité des jeunes diplômés et la nécessité de promouvoir la culture entrepreneuriale dans les centres de formation. En dehors de ces travaux spécifiques au contexte du Bénin, d’autres travaux sur des contextes proches du Bénin, ont été recensés et analysés. Il s’agit par exemple de la recherche de Dia (2011) sur la problématique de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les universités sénégalaises, des travaux de Masamba (2013) qui a étudié le rôle et les effets des structures d’accompagnement entrepreneurial en République Démocratique du Congo et de la recherche de Bouslikhane (2011) qui a analysé l’enseignement de l'entrepreneuriat çà travers un regard paradigmatique autour du processus entrepreneurial. La revue de littérature empirique a été faite en analysant les conclusions de ces publications et celles d’autres études ayant traité de cette problématique. Il s’agit entre autres du rapport sur les Enjeux et opportunités des incubateurs en Afrique de l’Ouest (Banque Mondiale, 2018), du document présentant le panorama des incubateurs en Afrique Francophone (OIF, 2015) et du rapport de l’enquête sur la Transition de l’école vers la Vie Active des jeunes au Bénin (ETVA) réalisée par l’INSAE en 2013. De l’analyse des conclusions de ces différentes publications, on retient ce qui suit :

- le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur au Bénin est de 27,6 %, soit près de 3 fois le chômage des jeunes diplômés de l’enseignement secondaire et près de 4 fois le chômage des jeunes diplômés de l’enseignement primaire ;

- l’offre d’emplois décents représente à peine 20% de la demande d’emplois au Bénin ; - les universités forment beaucoup d’étudiants et mettent sur le marché de l’emploi

beaucoup de diplômés sans que les profils de sortie de ces derniers soient en adéquation avec les besoins réels du marché de l’emploi ;

- la diminution de l’offre d’emplois est due en autres, au fort taux de mortalité des Petites et Moyennes Entreprises (PME) dans un contexte économique où les grandes entreprises sont très rares et où le rythme de création des PME est faible malgré les efforts pour faciliter les formalités de création d’entreprises ;

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- la qualité de l’enseignement supérieur reste discutable car les universités n’ont presque pas les matériels et équipements indispensables à une formation professionnelle de qualité ;

- les universités manquent d’enseignants pour faire face à l’encadrement des effectifs d’étudiants très élevés et de plus en plus grandissants ;

- les étudiants ne sont pas suffisamment préparés pour développer des attitudes et aptitudes en entrepreneuriat et en leadership afin de leur permettre de prendre des initiatives au cours et après leur formation ;

- les incubateurs d’entreprises qui sont d’excellents écosystèmes de diffusion de la culture entrepreneuriale et d’accompagnement à la création d’entreprises sont très rares au Bénin et la littérature scientifique sur cette problématique est presqu’inexistante au Bénin.

Quant à la littérature théorique, des concepts, paradigmes et et théories liés à l’insertion professionnelle, l’entrepreneuriat et les incubateurs d’entreprises ont été analysés. Il s’agit entre autres des concepts de chômage et de sous-emploi, d’activité et d’inactivité développés par le BIT en 1982, de la théorie d’opportunité d’affaires développée par les auteurs tels que Schumpeter (1974), Kirzner (1979), Versper (1985), Verstraete et Fayolle (2005), de la théorie de création d’organisation développée par Gartner (1985), Filion (1197), Verstratete (1999), Paturel (2004), de la théorie de création de valeurs développée par Bruyat (1993), Schmitt (2010), Gatner (1989), Schmitt (2009) et Paturel (2007), de la théorie de l’innovation développé par Schumpeter (1987), Alter (1998), Jacobson (1992), Gatner (1994) et Paturel (2007), de la théorie du processus entrepreneurial développée par des chercheurs tels que Mitchell et all. (2010), Schmitt (2009), Johannisson (2003), Hernandez et Marco (2006), et Schmitt (2009), de la théorie sur l’enseignement de l’entrepreneuriat développée par Saporta et Verstraete (2000), Filion (1999), Schmitt (2005), Chambard (2013), Verstraete (1999), Béchard et Toulouse (1995), Béchard (2000), Béchard et Grégoire (1997), Béchard et Toulouse (1992), Fayolle (2003), Gatner et Versper (1994), Sammut (2005), Filion (2008) et Paturel (2005) et du concept d’incubateur d’entreprises développé par des auteurs tels que Cuzin et Fayolle (2004), Masamba (2013), Paturel (2006) et Mckinnov et Hayhow (1998). Il ressort de l’analyse de ces concepts et théories, les constats suivants :

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- le chômage et le sous-emploi sont deux concepts similaires, mais présentent beaucoup de différences car le taux de chômage calculé selon les formules du BIT cache souvent un taux de sous-emploi très élevé en Afrique en général et au Bénin en particulier ;

- l’insertion professionnelle présente deux principales facettes que sont l’emploi salarié et la création d’entreprise ;

- la définition de l’entrepreneuriat ne saurait être limitée au seul concept de création d’entreprise car l’entrepreneuriat a d’autres aspects tels que la reprise d’entreprise, l’intrapreneuriat et la culture entrepreneuriale ;

- l’entrepreneuriat peut être enseigné car il relève aussi d’un processus d’apprentissage même si cet apprentissage peut être formel ou informel ou basé sur l’apprentissage par l’expérience ;

- les incubateurs d’entreprises constituent d’excellents écosystèmes de diffusion de la culture entrepreneuriale et de l’accompagnement efficace à la création d’entreprise.

3. Objectifs de l’étude et plan de thèse

L’objectif général de cette étude étant de mesurer les effets du processus d'incubation de l’incubateur d’entreprises UAC Startup Valley sur l'insertion professionnelle de ses bénéficiaires et de capitaliser les bonnes pratiques pour proposer un modèle d’éducation entrepreneuriale des étudiants au Bénin, deux objectifs spécifiques ont été formulés. Il s’agit de :

- mesurer les effets du processus d’incubation adopté par UAC Startup Valley sur la création d’entreprises par les bénéficiaires ;

- mesurer les effets du processus d’incubation adopté par UAC Startup Valley sur l’obtention d’emplois salariés bien payés et valorisants par les bénéficiaires qui ne créent pas leurs entreprises.

Les résultats attendus de cette recherche sont :

 les effets du processus d’incubation adopté par UAC Startup Valley sur l’insertion professionnelle des bénéficiaires sont mesurés en termes de création d’entreprises par les bénéficiaires et d’emplois salariés bien payés et valorisants obtenus par les bénéficiaires qui n’ont pas créé des entreprises ;

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Effets des incubateurs d’entreprises sur l’insertion professionnelle des diplômés des universités du Bénin : cas de UAC Startup Valley 17

 un adapté du processus d’incubation adopté par UAC Startup Valley est proposé pour améliorer l’éducation entrepreneuriale des étudiants des universités du Bénin.

Le document est structuré en deux grandes parties. La première partie présente le contexte et la revue de littérature et la deuxième partie est consacrée à la description de la méthodologie, la présentation des résultats et la formulation de recommandations. Chaque partie est composée de deux chapitres. Le premier chapitre présente l’état des lieux de l’enseignement supérieur et la situation de l’emploi au Bénin. Le deuxième chapitre analyse les concepts et paradigmes liés à l’insertion professionnelle. Le troisième chapitre présente la méthodologie de recherche. Le quatrième chapitre est consacré à la présentation des résultats et la formulation de recommandations pour améliorer la performance du modèle d’incubation en vigueur à UAC Startup Valley et la qualité de l’enseignement supérieur au Bénin par l’intégration de l’éducation entrepreneuriale dans les curricula de formation. Les images ci-après résument l’articulation entre les parties et les chapitres.

Image 1:Plan de la 1ère partie « Contexte et revue de littérature »

2ème partie : Méthodologie, résultats et recommandations

Chapitre 3 : Méthodologie Chapitre 4 : Résultats et recommandations 1ère partie: Contexte et revue de

littérature

Chapitre 1 : Enseignement supérieur et situation de l’emploi au Bénin

Chapitre 2 : Concepts et paradigmes relatifs à l’insertion professionnelle

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Effets des incubateurs d’entreprises sur l’insertion professionnelle des diplômés des universités du Bénin : cas de UAC Startup Valley 18

Image 2:Plan de la 2ème partie « Méthodologie, résultats et recommandations »

1

ère

PARTIE : CONTEXTE ET REVUE DE

LITTERATURE

(19)

Effets des incubateurs d’entreprises sur l’insertion professionnelle des diplômés des universités du Bénin : cas de UAC Startup Valley 19

1ère PARTIE: CONTEXTE ET REVUE DE LITTERATURE

La présente étude a été conduite suivant un mode opératoire composé de plusieurs étapes que sont : la définition de la problématique, la revue de littérature, la définition de la méthodologie, la collecte des données de terrain, la présentation et la discussion des résultats et la formulation de recommandations et propositions. Ces différentes étapes ont été structurées en deux grandes parties que sont : le contexte et la revue de littérature d’une part et la méthodologie et présentation des résultats d’autre part. La première partie comporte deux chapitres qui ont pour objectif de décrire le contexte de la recherche, de faire la revue de littérature et de définir les fondements empirique et théorique de la présente recherche.

CHAPITRE 1 : ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET SITUATION DE L’EMPLOI AU BENIN

Une bonne étude de la problématique de l’insertion professionnelle des diplômés des universités au Bénin doit permettre de faire un état des lieux de la mise en œuvre de la politique l’enseignement supérieur au Bénin pour mettre en évidence ses forces, faiblesses, défis et perspectives, de présenter la situation actuelle de l’emploi des diplômés des universités au Bénin, d’analyser les politiques de promotion de l’emploi salarié et de l’entrepreneuriat et les résultats que ces politiques ont eus sur l’insertion professionnelle des jeunes diplômés des universités au Bénin.

1.1 Politique de l’enseignement supérieur au Bénin

Selon le Document de Politique Nationale de l’Enseignement Supérieur au Bénin, le système de l’enseignement supérieur en vigueur au Bénin a pour objectif de garantir à la jeunesse, l'élaboration, la transmission et la diffusion du savoir, du savoir-faire et du savoir-être nécessaires à la maîtrise de l'environnement humain et à l'amélioration des conditions d'existence.

Il doit veiller au développement harmonieux de l'ensemble des composantes du système éducatif et former des cadres supérieurs compétents et compétitifs, capables d'assurer leur propre épanouissement et le développement de la nation. Il accueille dans les facultés, les écoles et les instituts supérieurs étatiques ou privés, les titulaires du baccalauréat ou toute autre certification

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Effets des incubateurs d’entreprises sur l’insertion professionnelle des diplômés des universités du Bénin : cas de UAC Startup Valley 20

admise en équivalence pour les préparer aux différents diplômes nationaux de l'enseignement supérieur, dans des cursus allant de deux à huit ans. Le développement du système d’enseignement supérieur au Bénin se heurte à des contraintes sérieuses caractérisées notamment par des marges de manœuvre budgétaires quasiment inexistantes car le Bénin consacre déjà une part importante de ses ressources publiques (22%) au secteur de l’éducation. Cette situation évolue parallèlement à une très forte croissance des effectifs d’étudiants qui va en s’accentuant selon le Plan Décennal du Développement du Secteur de l’Education actualisé (2013-2015). En 2015, l’enseignement supérieur du Bénin a fonctionné avec quatre universités publiques (UAC, Université de Parakou, Université d’Agriculture de Kétou et Université Polytechnique d’Abomey), sept universités privées et quatre–vingt-onze (91) centres privés. Au titre de l’année académique 2015-2016, l’UAC, la plus vieille université publique du Bénin, disposait seulement de trois (3) centres universitaires abritant chacun un nombre variable de facultés, d’écoles ou d'instituts, de chaires, soit un total de vingt-trois (23) Entités de Formation et de Recherche (EFR).

L’effectif au niveau des universités publiques est 95 318 étudiants et celui au niveau des privés est de 30 298 étudiants. Le total de ces effectifs donne 125 616 étudiants. Normalement, ce total devrait correspondre à l’effectif des étudiants sur le plan national. Mais, on observe une double inscription de certains étudiants dans les établissements privés d’enseignement supérieur et au niveau des universités publiques. L’enseignement supérieur est piloté par la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur (DGES) ; une structure sous-tutelle du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS). L’Annuaire statistique 2014-2015 du MESRS indique que 45,8 % des établissements (centres privés et entités des universités privées comme publiques) sont implantés dans le département du Littoral (Cotonou) ; 17 % de ces établissements sont dans le département de l’Ouémé et 16 % sont dans le département de l’Atlantique.

Un nouvel arrêté (Arrêté N°2017-387/MESRS/DC/SGM//DAF/DGES/SA/036SGG17) a été pris le 12 octobre 2017 portant attribution, organisation et fonctionnement de la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur (DGES). Le Programme d’Action du Gouvernement (PAG) du Bénin élaboré en 2017 a prévu des projets phares pour l’enseignement supérieur. Il s’agit de :

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- la création et l’opérationnalisation d’une agence pour la qualité et l’évaluation dans l’enseignement supérieur ;

- l’élaboration et l’internalisation d’une nouvelle carte universitaire ; - l’interconnexion des universités publiques ;

- la création d’une Cité Internationale de l’Innovation et du Savoir (CIIS).

1.2 Politique de l’emploi au Bénin

Le Bénin a mis en place un nombre important de dispositifs publics de promotion de l’emploi dont les activités se chevauchent et méritent d’être mieux coordonnées. Dans un contexte de rareté de ressources humaines et financières, les politiques et programmes relatifs à l’emploi ne peuvent être efficients que dans un cadre de mise en œuvre cohérent, coordonné et global. La création de l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE) en 2003 ne s’est pas accompagnée d’un processus renforcé de coordination, puisqu’il existe au moins neuf dispositifs dans sa catégorie. Plusieurs pistes sont à explorer, comme la mise en place d’un guichet unique (à l’instar du Burkina Faso), qui permettrait de renforcer la synergie entre des dispositifs redondants ou complémentaires. La politique de l'emploi désigne en général les politiques de lutte contre le chômage. Il s’agit d’une intermédiation sur le marché de l’emploi se traduisant par l’ensemble des dispositifs œuvrant pour le rapprochement de l’offre et de la demande d’emploi. La politique de l’emploi se présente généralement sous deux formes dans la plupart des pays du monde: les politiques passives et les politiques actives. Le Bénin comme la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne, accorde plus d’importance aux politiques actives qu’aux politiques passives du marché de l’emploi.

De façon générale, les politiques passives comprennent les activités d’indemnisation du chômage et des retraites anticipées, les activités d’indemnisation des licenciements, et dans une acception très élargie, les aides sociales et les mécanismes de solidarité familiale en faveur des personnes sans emploi sans qu’elles soient obligées de participer à des actions d’accès ou de retour à l’emploi. La loi n° 98-019 du 21 mars 2003 portant code de sécurité sociale en République du Bénin, institue un régime général de sécurité sociale en faveur des travailleurs des secteurs structurés soumis aux dispositions du code de travail et un régime spécial en faveur des travailleurs indépendants, agricoles et du secteur informel. L’application de cette loi est assurée

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par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). Cette dernière a pour vocation de servir sous conditions, des prestations aux travailleurs du secteur privé ainsi qu’aux membres de leur famille selon les risques sociaux. Ainsi, les activités de la CNSS se résument aux prestations familiales et de maternité, les prestations de risques professionnels, les prestations de vieillesse, la pension d’invalidité et les prestations de survivants. Malheureusement, plus de 40% des travailleurs du secteur privé ne sont pas déclarés à la CNSS. Bien que les structures privées soient dans l’obligation de présenter une attestation d’enregistrement à la CNSS pour bénéficier des marchés publics, beaucoup de travailleurs de ces structures ne sont pas déclarés du fait que l’accès aux marchés publics n’est pas fonction de la masse salariale. Le Fonds National de Retraite du Bénin (FNRB) assure de son côté, la sécurité sociale des travailleurs du secteur public. A ce niveau, les travailleurs de la fonction publique bénéficient d’une allocation lorsque ces derniers ont en charge un enfant mineur. La valeur de l’allocation familiale est fonction du nombre d’enfants mineurs à charge qui ne peut excéder six. Les parents fonctionnaires bénéficient également d’une réduction sur l’impôt sur salaire selon le nombre d’enfants à charge. Il convient de retenir qu’il n’existe pas au Bénin une politique d’indemnisation de chômage. Ainsi, le système de sécurité sociale du travail sert essentiellement à ceux qui ont déjà un emploi formel ou qui sont à la retraite. Cependant des efforts sont fournis de plus en plus par l’Etat pour accompagner quelques demandeurs d’emploi à leur insertion professionnelle aux moyens des stages rémunérés.

Les politiques actives de l’emploi regroupent les services de rapprochement de l’offre et de la demande d’emploi et les programmes actifs de l’emploi. En d’autres termes, il s’agit des activités des structures privées ou mixtes de placement, de soutien à la création d’activités génératrices de revenus et d’insertion professionnelle des jeunes et des femmes. En dehors des services classiques fournis par l’Etat à travers plusieurs ministères, certaines structures privées jouent un rôle très important dans le processus de rapprochement au quotidien de la demande et de l’offre de l’emploi au Bénin. On distingue dans cette catégorie des structures comme : Afrique Performance ; Afrique Conseil ; Ressources Plus ; Compétence Plus ; Talent Plus, etc. Bien que les services offerts par ces différentes structures privées soient énormément salutaires, ils devraient recevoir avant l’exercice de leurs activités un agrément délivré par le ministère en charge de l’emploi selon les dispositions explicites de la loi n° 90-004 du 15 mai 1990 portant règlementation de la main d’œuvre au Bénin et son décret d’application n° 91-1 du 04 janvier 1991. Malheureusement, la plupart des structures privées intervenant dans ce sens ne respectent

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pas les dispositions de la loi et de ce fait empêchent, l’évaluation de leur impact. Les structures privées ci-dessus jouent un rôle très important dans la résolution des problèmes d’insertion professionnelle et de chômage au Bénin, mais la politique nationale de l’emploi est initiée et mise en œuvre de façon formelle par les structures étatiques.

Il existe au Bénin plusieurs structures d’intermédiation publique et de promotion de l’emploi. En 2015, quatre ministères sont en charge de la question d’insertion des jeunes de façon directe. Il s’agit du ministère du travail et de la fonction publique, du ministère de la micro- finance, du ministère des petites et moyennes entreprises de l’emploi des jeunes et du ministère de la Jeunesse, des sports et loisirs. Plusieurs dispositifs sont mis en place pour la promotion de l’emploi des jeunes et des femmes au Bénin. On distingue :

- les dispositifs d’informations sur le marché de travail et d’assistance à la recherche d’emploi ; - les dispositifs de formation et d’insertion professionnelle ;

- les structures de création directe d’activités telles que la promotion des travaux publics utilisant des technologies intensives.

Le tissu économique du Bénin est dominé par les PME. En dehors des plans stratégiques et politiques de développement des PME, aucun texte législatif ne régit l’environnement des PME au Bénin. La charte nationale des PME/PMI adoptée par le Conseil des Ministres en août 2005 et mise en œuvre en juillet 2009 est en cours de relecture pour être transformée en loi d’orientation du secteur à l’instar de certains pays de l’UEMOA. Au Bénin, la culture entrepreneuriale n’est pas assez développée. Malgré l’existence de plusieurs projets et programmes de développement de l’initiative privée, les jeunes ont une perception négative de l’entrepreneuriat. Ils hésitent à s’engager et cette peur quand elle est masquée, finit par se manifester dès les premiers écueils dans l’entreprise. Ainsi, l’entrepreneuriat apparait-il comme un choix par défaut. Les jeunes entrepreneurs n’ont pas accès aux marchés publics qui représentent plus de la moitié du marché national. Le taux de création d’entreprises a connu une évolution de 46,57 % de 2014 à 2015 avec les réformes du gouvernement et la mise en œuvre du statut de l’entreprenant à travers le Guichet Unique de Formalisation des Entreprises (GUFE).

Mais, le taux de mortalité des entreprises reste élevé (85 % à trois ans) surtout au niveau des PME. Une multitude de structures publiques et privées d’accompagnement et d’encadrement des entreprises opèrent et travaillent dans un manque de synergie quasi-totale rendant ainsi inefficaces les actions menées. Ce qui ne permet pas de générer en temps réel des statistiques

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pour une veille économique stratégique permanente. Au niveau des structures publiques, on distingue d’une part les centres permanents de promotion de l’entrepreneuriat tels que l’ANPE à travers ses différents programmes et le Fonds National de l’Entreprise et de l’Emploi des Jeunes FNPEEJ et d’autre part les projets de promotion de l’entrepreneuriat tels que le Programme d’Appui aux Jeunes et PME (PAJPME), le Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées (PDAVV), les Centres de Formation des Créateurs d’Entreprises(CFCE), le Projet de Promotion de l’Entrepreneuriat Agricole pour la transformation socioéconomiques des zones rurales au Bénin (PPEA), le Programme de Microcrédits aux Plus Pauvres et les Business Promotion Centers (BPC).

1.3 Etat des lieux de l’emploi au Bénin

La difficulté à acquérir une première expérience professionnelle, l'instabilité des parcours professionnels caractérisée par des alternances emploi-chômage et la précarité des conditions de travail caractérisent le marché de l’emploi au Bénin. Les jeunes issus des groupes sociaux défavorisés sont particulièrement touchés, perpétuant ainsi le cercle vicieux de la pauvreté et de l'exclusion sociale. Le défi que représente l’emploi des jeunes est lié à la situation globale de l’emploi, mais ses aspects propres appellent à des mesures spécifiques. Les statistiques officielles sur l’emploi les plus récentes au Bénin présentent l’état des lieux en 2012. Les données issues de l’Enquête sur la Transition de l’école vers la Vie Active des jeunes (ETVA) menée au Bénin en 2013 par l’INSAE et le Bureau International de Travail (BIT), indiquent en effet, que 25,3% des jeunes travaillent à plein temps, seulement 2,3% allient école et travail, et près de 47% étudient à plein temps. Bien que le Bénin ait connu un niveau de croissance encourageante en 2012, le taux de participation des jeunes au marché du travail reste faible, soit 30,4 %. La part des travailleurs indépendants est très importante (54,1%) chez les jeunes travailleurs. Mais il s’agit des travailleurs indépendants en situation de sous-emploi. Les travailleurs salariés actifs représentent seulement 11,6%, avec des disparités selon le sexe. Les données montrent qu’en 2012, seulement 34,7% des salariés ont un contrat écrit et 58,4% disposent d’un contrat à durée illimitée. Parmi les salariés, très peu bénéficient de prestations sociales: seulement 17,1% des travailleurs bénéficient d’une retraite/assurance vieillesse et 12,6 % d’une indemnité de licenciement. Il ressort des conclusions de la même enquête, que les jeunes sont prépondérants dans le secteur des services

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(58,8% des jeunes employés) alors que le Bénin dispose des avantages comparatifs très élevés dans le domaine agricole. L’expérience de travail joue un rôle très important dans les critères de recrutement des entreprises, ce qui implique une insertion difficile pour les primo demandeurs d’emploi, notamment les jeunes et les femmes. Dans l’ensemble, la majorité (88%) des chefs d’entreprises estiment que le niveau global de qualification est de moins en en moins en adéquation avec leurs besoins. Ce qui fait que la plupart des diplômés des universités ont du mal à s’insérer dans la vie active. C’est l’une des principales raisons qui justifient l’insertion professionnelle de moins de 20% des diplômés de l’UAC trois ans après l’obtention du diplôme.

L’analyse de la catégorie socio-professionnelle des actifs occupés montre que la plupart des hommes (67,9 %) et des femmes (72,8 %) sont travailleurs à leur propre compte. On note plus de salariés parmi les hommes (16,8 %) que les femmes (5,0 %), tandis que les femmes comptent dans leurs rangs plus d’aides familiales (17,2 %) que les hommes (8,9 %). Cette situation ’s’explique par le fait que la société a tendance à confiner les femmes dans les tâches domestiques et ménagères, alors que les hommes sont ceux qui ont le privilège de suivre des formations avec des diplômes pouvant leur permettre l’accès à des emplois salariés.

L’analyse des emplois selon le secteur d’activité montre qu’au niveau national, c’est le secteur primaire qui absorbe une grande partie des emplois avec 42 % des actifs occupés, contre 18,9 % pour le secteur industriel et 38,9 % pour les activités du secteur tertiaire. Près de la moitié des hommes pourvus d’un emploi (48,5 %), travaillent dans le secteur primaire contre un peu plus du tiers (36,3 %) des femmes. Par contre, les femmes occupées sont plus représentées dans les activités de service (46,3 %) que les hommes (30,7 %).

En observant le niveau d’instruction des actifs occupés, on s’aperçoit que la majorité des personnes occupées sans niveau d’instruction (56,4 %) est dans le secteur primaire, alors que seulement 2,7 % des occupés de niveau supérieur sont dans ce secteur.

En dehors du faible taux de chômage et du fort taux d’emplois informels, le niveau élevé d’inactivité est aussi une caractéristique importante du marché du travail au Bénin. Au niveau national, 45,4 % de la population en âge de travailler est inactive. Ce taux est plus élevé pour les individus de niveau secondaire (73,6 %) et pour ceux de niveau supérieur (53,8 %). Les hommes sont plus inactifs que les femmes (49,1 contre 42,2 %). La proportion de personnes inactives est également plus importante en milieu urbain qu’en milieu rural, en raison, principalement, de la

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forte scolarisation en milieu urbain et des difficultés d’insertion dans le marché du travail. Le tableau ci-après présente les caractéristiques principales du marché de l’emploi au Bénin en 2012.

Tableau 1: Etat des lieux de l’emploi au Bénin en 2012

Indicateurs d’emplois

Données

Hommes Femmes Ensemble

1) Répartition des emplois par secteur d'activité (primaire, secondaire et tertiaire)

a) Primaire 48.5 % 36,3% 42,2%

b) Secondaire 20,7 % 17,4 % 18,9 %

c) Tertiaire 30,8 % 46,3 % 38,9 %

2) Répartition des emplois par zone et par secteur

Urbain 42,50 %

a) Primaire 18,60 %

b) Secondaire 24,10 %

c) Tertiaire 57,30 %

Rural 57,50 %

a) Primaire 59,50 %

b) Secondaire 15,20 %

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Indicateurs d’emplois

Données

Hommes Femmes Ensemble

c) Tertiaire 25,30 %

3) Répartition des emplois par secteur formel et informel (urbain plus rural)

Formel 14,5 % 5 % 9,6 %

Informel 85,5 % 95 % 90,4 %

Urbain

a) Formel 61,1 %

b) Informel 38,9 %

Rural

a) Formel 3,2 %

b) Informel 96,8 %

4) Répartition des emplois par catégorie (emplois salades, indépendants, auto-emploi travailleurs domestiques)

Salariés 16,8 % 5 % 10,6%

Employeurs 2% 0,7% 1,3%

Travailleurs à son propre compte 67,9% 72,8% 70,5%

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Indicateurs d’emplois

Données

Hommes Femmes Ensemble

Apprentis 4,4% 4,3% 4,4%

Aide familiale 8,9 % 17,2 % 13,2 %

Source : Enquête sur la Transition de l’école vers la Vie Active des jeunes (ETVA) menée au Bénin en 2013 par l’INSAE et le BIT

L’examen des obstacles à l’emploi des jeunes met en avant la faiblesse du tissu économique du Bénin et sa faible capacité d’absorption de la main d’œuvre juvénile, dans la mesure où près de 60 % des chômeurs soulignent le manque d’emplois disponibles comme obstacle majeur à leur insertion professionnelle. Les causes les plus importantes sont : l’inadaptation des compétences au monde du travail, la faible qualification de formés, la méconnaissance du marché du travail, le manque d’investissements dans les secteurs porteurs d’emplois, le manque de dispositifs de suivi et d’insertion des diplômés, la faible acquisition des compétences entrepreneuriales par les jeunes, l’insuffisance des structures d’accompagnement entrepreneurial des jeunes et la faible qualité du climat des affaires. L'inadaptation des compétences des jeunes et notamment la déconnexion entre le monde de la formation et le monde du travail est l’une des principales causes des difficultés que rencontrent les jeunes en quête d’emploi. Le constat est plus patent au niveau de l’enseignement supérieur où beaucoup de jeunes sont inscrits dans les facultés qui offrent des compétences très peu recherchées. Les formations données tant dans l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (ETFP) que dans l’enseignement supérieur sont celles qui ont été mises en place depuis des décennies avec très peu d’adaptation et d’actualisation. De nouvelles spécialités en lien avec les besoins de l’économie sont rarement créées. Et pourtant, il existe des niches d’emplois dans l’économie pour lesquelles les centres de formation et les universités ne donnent pas de formations correspondantes. Les jeunes constatent à la fin de leur formation qu’ils sont exclus de ce marché devant leur permettre d’être un acteur de développement socio-économique. La méconnaissance du marché de l’emploi est due surtout à l’indisponibilité des études relatives au marché du travail et au manque de

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diffusion des informations existantes et de vulgarisation des résultats de certaines études réalisées dans le cadre du marché du travail. Les jeunes chômeurs ne savent où s’orienter pour chercher du travail. L’ETVA révèle que 95,4% des jeunes n’ont bénéficié d’aucun conseil sur la manière de chercher un emploi et de se renseigner sur les postes vacants. Malgré la tendance à la hausse du taux de chômage des jeunes, les compétences entrepreneuriales ne sont pas toujours assez insérées dans les programmes de formation. Le système forme des professionnels qui ne savent pas qu’ils doivent également être capables de s’installer à leur propre compte et de créer de la richesse. Les jeunes ne reçoivent aucune compétence entrepreneuriale pour disposer des aptitudes liées à la créativité et la prise de risque. C’est la raison pour laquelle, les diplômés de l’enseignement supérieur ont de difficultés à aller sur le marché du travail. La plupart estiment qu’ils sont formés pour être recrutés. Les jeunes qui désirent créer leurs entreprises ne trouvent pas souvent des structures capables de les aider techniquement et financièrement dans cette aventure. Très peu de structures existent à cet effet. Le gouvernement en a pris conscience et a installé des Business Promotion Centers (BPC) dans les grandes villes du pays. Les BPC ont été fermés en 2017 à cause du manque de partenaires techniques et financiers et de l’inefficacité de leur modèle institutionnel et économique. Il faut souligner que les structures d’accompagnement financier font toujours défaut pour l’accès des jeunes aux ressources financières adaptées à leur besoin d’installation. Les institutions financières classiques n’accordent pas de crédit aux créateurs d’entreprises sans les garanties qu’il est difficile aux jeunes d’avoir. Les projets sont souvent abandonnés pour manque de financement. Enfin, le climat des affaires au Bénin n’est pas des plus reluisants. Depuis 2006, les rapports « Doing Business » de la Banque Mondiale montrent une dégradation quasi constante des classements du Bénin (175ème sur 185 pays en 2013), révélant ainsi que l’environnement économique reste peu propice aux affaires malgré les efforts réalisés par les pouvoirs publics. Dans ces conditions, il est difficile d’orienter les jeunes vers l’entrepreneuriat ou de promouvoir l’emploi salarié, alors même que les conditions de développement de l’entreprise ne sont pas réunies. La faible qualité de l’environnement des affaires constitue une véritable contrainte à l’investissement privé et au développement de l’entreprise au Bénin.

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