FACULTE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1901-1902 N« 90
RECHERCHES
SUR LA
THÈSE
POUR LE DOCTORAT ENMÉDECINE
Présentée etsoutenue publiquement le 19 juillet 1902
PAR
Étienne-Yictor-Marie-Louis-Laurent-François RAILLIARD
Né à Dax (Landes) le 8 juin 1869.
MM.PITRES, professeur Président.
VERGELY, professeur.... \
BENEGH, agrégé ?Juges
GENTES, agrégé )
^Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
Gi
g°unouilhou,
imprimeur de la faculté de médecineII, RUE GUIUAUDE, XI
1902
FACULTE DE MEDECINE
ET DEPHARMACIE
DEBOUDE®
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES... Doyenhonoraire.
PROFESSEURS:
MM. MIGÉ )
DU PU Y Professeurs honoraires.
MOUSSOUS
Clinique interne . .
Cliniqueexterne. . Pathologieetthérapeu¬
tique générales. . .
Thérapeutique. . . .
Médecineopératoire . Clinique d'accouchements.
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Médecinelégale . . .
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Ophtalmologie
Hydrologie etminéralogie. CARLES.
Le Secrétaire de la Faculté: LEMA1RE.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinionsemisealeurs,cl
Thèsesqui luisont présentées doivent être considérées commepropresà leursa qu'elle n'entend leur donner niapprobation ni improbation.
METS ET AMIC1S
A MON PRÉSIDENT DE THÈSE
M. LE Dr A. PITRES
DOYEN HONORAIRE DE LA FACULTE DE MÉDECINE DE BORDEAUX PROFESSEUR DE CLINIQUE MÉDICALE
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
La soutenance de thèse étant un point marqué de l'exis¬
tence, je suis heureux de donner à mon frère un nouveau
témoignage d'affection enlui dédiant ce travail.
En quittant la Faculté d'où m'avaient éloigné des circons¬
tances en dehors de ma volonté, je tiens à remercier les
maîtres dont j'ai apprécié la sollicitude et le dévouement.
Plusparticulièrement, j'adresse des remerciements à M. le
professeur Picot, auquel se rattache un souvenir qui m'est
cher.
Que M. le professeur Pitres me permette de lui expri¬
mer ma reconnaissance pour l'honneur qu'il m'a fait en acceptant la présidence de mathèse.-
INTRODUCTION
Enintitulantcette thèse, Recherchessur ladescendance des labétiques,nous avons voulu tout d'abord éloigner de 1 esprit
dulecteur l'idée d'une étude complète de la descendance des tabétiques.Pourréalisercomplètement cetteétude, il eût fallu,
eneffet, non seulement fouiller le passé pathologique des pro¬
créateurs et de leurs ascendants, mais encore examiner soi¬
gneusement l'état anatomique et le fonctionnementde leurs
organes.
Dans lesdocuments que nous avons consultés, il s'agit uni¬
quement du père ou de la mère; l'état de santé de l'autre conjoint n'est pas non plus indiqué ou est à peine signalé; ilnous
manquait donc dans chacun des détails importants
pour établir les responsabilités. D'autre part, dans chaque observation de tabétique, homme ou femme, la série des symptômes tabétiques était parfaitement relatée et étudiée,
maistrèssouvent ces observations manquaient de détails cir¬
constanciés surles organes etla fonction de reproduction,tout
autant de causes
négligées et cependant importantes pour cotte étude. L'état des relations conjugales n'est pas sans valeuretmérite d'être ajouté aux causesprécédentes.
Dun autre côté, pour réaliser une étude complète de la
descendance
des tabétiques, il eût fallu des renseignementsdetoute importance au sujet des descendants : les accidents
-10-
de la grossesse, la difficulté des accouchements, les condi¬
tions hygiéniques et sociales qui ont entouré l'enfant danssa
vie intra-utérine et dans son enfance,, l'influence des milieux
épidémiques, les incidents traumatiques ou infectieux. Il eût
fallu, en un mot, prendre chaque enfant, le suivre dans son
développementet dégager des causes extrinsèques sa consti¬
tution héréditaire pour établir la responsabilité du tabès de
ses parents.
Pareille étude ainsi comprise aurait la plus grande valeur scientifique, mais elle est, on le voit, hérissée de difficultés matérielles, et, pour notre part personnelle, nous n'avons entrepris d'élucider que quelques points particuliers d'une question aussi complexe.
Nous avons réuni le plus grand nombre possible d'observa¬
tions, nous les avons divisées suivant l'état civil et la qualité
de la descendance qui s'y trouvaient signalés; nous avons ainsi établi des groupes d'observations relatives auxtabétiques célibataires, à ceux dont les unions restaient stériles, à ceux dont les unions produisaient des avortements, des
mort-nés,
des enfants malades ou morts à un âge quelconque;
enfin, à
ceux dont la descendance était vivante et saine. De cesobser¬
vations nous avons rapporté celles dont les détails nous
ont
paru utiles à nos recherches.
Cette classification des observations et ce choix de celles
utiles fontl'objet de notre deuxième chapitre.
Les résultats obtenus dans ce chapitre sont
consignés et
interprétés dans notre troisième chapitre.
Des conclusions générales, que nous avonscrues se
dégager
de nosrecherches, terminentnotre travail.
Nous avons, dans notre chapitre premier,
donné quelque3
considérations générales sur les lois biologiques
de l'hérédité.
0
rbohebches
SUR
DESCENDANCE DES TABÉT1QEES
CHAPITRE PREMIER
Considérations générales
surles lois biologiques
de l'hérédité.
«L'hérédité,
dit Ribot, est la loi biologique en vertu de laquelle tous les êtres doués de vie tendent à se répéter dansleursdescendants. Elle est pour l'espèce ce que l'identité per¬
sonnelle estpour l'individu...Considérée sous sa forme idéale, l'hérédité serait la reproduction pure et simple du semblable
parle semblable. Mais cette conception est purement théori¬
que, car les phénomènes de la vie ne se plient pas à cette régularité mathématique, leurs conditions d'existencese com¬
pliquant de plus en plus à mesure qu'on s'élève du végétal
auxanimaux supérieurs et de ceux-ci à l'homme. »
Il s'agit, dans cette définition, d'une hérédité dite phy¬
siologique.
Les lois de cette hérédité ont été posées, pourla première fois, par Darwin; elles sont uniquement fondées
sur l'observation; ce sont les suivantes:
1° Première loi ou loi de l'hérédité directe et immé¬
diate.
Les parents ont une tendance à léguer à leurs enfantstous leurs caractères généraux et individuels anciens et nouvelle¬
ment acquis.
2° Deuxième loi ou loi de la prépondérance dans la transmission des caractères.
La prépondérance d'action dans la transmission de l'unou de l'autre des générateurs peut être directe ou croisée, c'est-
à-dire suivre le sexe ou bien s'effectuer d'un sexe surle sexe contraire.
3° Troisième loi ou loi de l'hérédité en retour (héré¬
dité médiate ou atavisme).
Les descendants héritent des qualités physiques et men¬
tales propres à leurs ancêtres, auxquels ils ressemblentsans ressembler à leurs propres parents.
4° Quatrième loi ou loi d'hérédité aux périodes corres¬
pondantes- de la vie (hérédité homochrone).
Les descendants voient apparaître au même âge que
chez
les ascendants certaines dispositions physiques et
mentales
très nettes.
En ce qui concerne l'état pathologique,
l'hérédité est
un principebiologique dont la démonstration remonteà
la plus
haute antiquité, et c'est dans les maladies du système nerveux
que cette démonstration apparaît le plus nettement.
Elle
aété
faite dans le domaine des maladies mentales parMorel,
Lucas,
Moreau (de Tours); elle aété entreprise pour les autres
mala¬
dies du système nerveux par Charcot, Ferré, Déjerine,
etc.
Les lois de l'hérédité physiologique se retrouvent en
héré¬
dité pathologique avec tous leurs caractères,
mais
avecun
nouveau corollaire. L'hérédité peut être, en effet,
similaire
(homologue) ou dissemblable (hétérologue).
Dans l'hérédité similaire, le produit tient des
générateurs
une même maladie.
Dans l'hérédité dissemblable, le produit présente
bien une
maladie, mais cette maladie est différente de
celle
qui atteignait les procréateurs.C'est cette dernière forme que l'on désigne sous
le nom
— 13 —
d'hérédité de transformation et que l'on rencontre le plus
communément dans les maladies du système nerveux.
La première ou
hérédité similaire est plutôt l'apanage des
maladies mentales, et c'est un fait depuis longtemps
démontré
que les diverses formes de
la folie
setransmettent de géné¬
rationen génération : c'est
quelquefois le même type clinique
que l'on rencontre dans chaque descendance;
d'autres fois
l'affection est différente bien que faisant partie du groupe
des
vésanies. Ilenestde même pourquelques maladies
du système
nerveuxessentiellementhéréditaires, telles quela
chorée héré¬
ditaire, l'hystérie, l'épilepsie, dans lesquelles
l'hérédité simi¬
laire est nettement formulée. Dans la plupart d'entre
elles
cependant, la maladie des ascendants ne se transmet pas directement aux descendants ; ceux-ci héritent plutôtcl
une prédisposition que d'une affection, et ils présenterontde pré¬
férence destypes alternes ou successifs,
mais appartenant tous
à la grande famille neuro-pathologique.
C'est ainsi
quel'on
voitsesuccéder: l'hystérie, l'épilepsie,la
maladie de Basedow, l'hémicranie,
l'angine de poitrine, latétanie, la maladie des
tics,etc.'
En ce qui concerne plus particulièrement
le tabès, est-il
possibled'observerlatransmission deprédispositions
similaires
oudissemblables?
Pource qui est de l'hérédité similaire, les
faits de
ce genresontexcessivement rares,et sil'on excepte
l'ataxie héréditaire
de Friedreich, l'hérédo-ataxie cérébelleuse,
affections bien
différentescliniquementet anatomiquementdu tabès classique,
on ne trouve dans la science que des cas
exceptionnels de
maladie de Duchenne observés dans plusieurs
générations
successives. C'est dans ce groupe qu'il faut ranger
la très
remarquable observation de Teissier dans laquelle le
grand-
père, lepère et les deux enfants furent tous quatre atteintsde
tubes.
Pn'en estpas de même de l'hérédité dissemblable.
Depuis longtemps
Trousseau avait remarqué qu'il existaitfréquem-
ment, dansles antécédents des tabétiques, bon nombre
d'acci-
dents névrosiques. Vulpian avait constaté maints rapports
entre l'hystérie et le tabès, mais c'est à Charcot surtout que l'on doit d'avoir démontré que le tabès appartient à la souche
neuro-pathologique, que les causes prétendues spécifiques,
la syphilis entre autres, agissaient simplement comme causes
occasionnelles, que la prédisposition nerveuse enfin, acquise
par hérédité, était le principal facteur de la maladie. Onpeut rencontrer, en effet, chez les ascendants toutes les formes possibles de maladies nerveuses, telles que : vésanies, hys¬
térie, épilepsie, paralysie générale, chorée de Sydenham, etc.
Un fait à remarquer, c'est la présence des formes graves des
maladies nerveuses et la rareté relative des formes bénignes.
La syphilis, que certains (Erb, Fournier) veulent incriminer
seule dans l'étiologie du tabès, est impuissante à créer elle
seule cette maladie, mais concourt puissamment à son développement chez un sujet à grosses tares nerveuses héré¬
ditaires.
Il est certain que notre travail aurait une plus
grande
valeur si, dans chaque observation, nous avions pu
rechercher
l'état pathologique des ascendants; mais nous avons dû nous borner aux renseignements que nous fournissaient nos docu¬
ments, etnous restreindre à chercher le nombre et la qualité
de la descendance des tabétiques.
CHAPITRE II
OBSERVATIONS
Grâceàl'extrême obligeance de M. le professeur Pitres, qui
amisbienveillamment à notre disposition les ressources pré¬
cieuses de sa clinique, nos recherches ont porté sur un nombrerelativement considérablede tabétiques.
Nous avons ainsi eu entre les mains 348 observations de tabès non douteux, tantôt confirmé par un examen clinique attentif, tantôt affirméen plus par des constatations anatomo-
pathologiques.
Toutesles observations précédentes n'ontpu être également
utiliséespar nous. Un
grand nombre ne font aucune mention de l'état civil des malades dont elles relatent l'histoire patho¬
logique;
c'est ainsi que 119 d'entre elles n'ont été d'aucunsecours pour les recherchesque nous pratiquions, car elles ne
contiennent que des renseignements insuffisants ou nuls. Il
no nous est resté, par suite, que 223 observations utilisables.
Nous étions très embarrassés pour diviser d'une façon
simple
etutile lesrenseignements fournis par ces observations.11 nous
a paru long de grouper les tabétiques suivant le
nombre oul'état de santé de leur progéniture; nous avons P1éféréprendre
une division plus large, qui est la suivante :
!•
Observations
de tabétiques ne laissantaucune descendance;
— 16 —
II. Observations de tabétiques avec descen¬
dance maladive;
III. Observations de tabétiques avec descen¬
dance saine.
Chacun de ces groupes principaux se subdivisera, comme
nous leverrons plus loin, en sous-groupes que noustâcherons
derendre aussi clairs que possible.
I
Observations de tabétiques ne laissant
aucune descendance.
Les causes qui rangent certains tabétiques
dans
cepremier
groupe d'observations sont
d'ordre
toutdifférent, et il importe
au premier chef de les distinguer les unes
des autres. Ces
causes, d'ordre général, ne sont pas
particulières
autabès; ce
sont les suivantes :
1° Les malades sontrestés célibataires;
2° Leurs unions sont stériles;
3° Leurs unions n'ont produit que des
avortements et des
mort-nés ;
4° Leurs enfants meurent enbas âge;
5° Leurs enfants meurent à un âge plusou
moins avancé.
1° Tabétiques célibataires.
Sur les223observations utilisables,nous
trouvons29 malades
qui sont des célibataires; ils étaient âgés, au
moment de
l'examen,d'âgesvariantentre35 et50ans; un
seul avait atteint
70 ans. On compte parmi eux 26 hommes et
3 femmes.
Parmi ces29malades, 13sont dessyphilitiques
avérés (8 ont
eu recours à un traitement spécifique, 5 n'ont pas
donné de
renseignements sur un traitement suivi); 4 sont
des syphf'11
— 17 —
quesdouteux; chez5autres on n'a pu déceler par l'interroga¬
toire oul'examen les moindres traces de la syphilis; 2 la nient énergiquement; enfin, 5 observations sont muettes sur les
causes possibles du tabès.
La seule conclusion que nous ayons à tirer ici pour notre sujet d'étude est que 29 sur 223 tabétiques ne contractent pas
mariage, soit une proportion de 13 0/0.
2° Tabétiques à unions stériles.
Considérations générales. — Ce paragraphe contient
31 observations de tabétiques sur lesquels on peut tout d'abord faire les remarques suivantes. Nous relevons 19 hom¬
mes et12 femmes, d'âges variant de 30 à 62 ans, de condi¬
tions sociales différentes.
Dans16 cas,il aété impossible de retrouver dans les antécé¬
dentsdesmalades ou dans leur examen direct les traces d'une
syphilis acquise ou congénitale.
Dans6 cas, la syphilis, sans être démontrée, est cependant probable.
Dans9 cas, enfin, elle estcertaine: elle n'ajamais été soignée
chez 3malades; les autresn'ont donné aucun renseignement
sur untraitement possible.
Considérations particulières sur la descendance. — Au point de vue de la descendance, on peut diviser ces 31 obser¬
vions en trois groupes :
d) Observations dans lesquelles la date du mariage n'est
pus indiquée par rapport à la■date d'apparition du tabès (6
observations).
^
Ces observations manquant d'intérêt sur le point plus précis
^notre-étude, nous n'avons pas cru devoir en rapporter le
Observations
dans lesquelles la date du mariage est anté-lm''e ® ^a dated'apparitiondu tabès (18 observations).
La remarque précédente s'applique encore ici; nous ne
rapporterons donc pas
le détail de
cesobservations.
C) Observations dans lesquelles la date du mariage coïncide
avec la date d'apparitiondu tabès (3 observations).
Observation I.
Homme, 34 ans. — A 29 ans, syphilis.
A 30 ans, mariage: pas d'enfants; pas de fausses couches delà
femme.
A30 ans, début du tabèspardouleursfulgurantes.
Observation II.
Homme,39 ans. — A 24ans, syphilis non traitée.
A 30 ans, mariage: pas d'enfants; pas de fausses
couches de la
femme.
A30ans, strabisme,diplopie.
A 33 ans, touxcoqueluchoïde.
Observation III.
lemme, 42 ans.— Syphilisimprobable.
A22 ans, cessation desrègles etpremières douleurs
fulgurantes.
A 22 ans, mariage: pasd'enfants; pasde fausses
couches.
Nous constatons que, sur cestrois
malades, deux seulement
sont des syphilitiques certains;
ils
sesont mariés, le premier
1 an, le second 6 ans après avoir été
infectés.
Ils ont vu apparaître les
premiers symptômes du tabe?
l'année même de leur mariage; ces symptômes
ont été respec¬
tivement des douleurs fulgurantes, du
strabisme, de le
diplopie et une cessation des
règles.
D) Observations dans lesquelles
la date du mariage estpos¬
térieure à la date d'apparition du tabès
(4 observations).
Observation IV.
Homme,39ans.—Syphilis à 20 ans. Quelques mois aprèsle chancre, apparition de douleurs lancinantes.
A 28 ans, mariage: pas d'enfants; pas de fausses couches de sa femme.
A28 ans, augmentation des douleurs lancinantes.
Observation V.
Homme,57 ans.—A 20ans, syphilis douteuse.
À 32ans,troublesde lavue.
A 35 ans, mariage: pas d'enfants; pas de fausses couches de sa femme.
A 47 ans, fourmillements.
Observation VI.
Homme,42 ans. — A 19ans, chancre sans accidents secondaires
manifestes.
A 31 ans,coliqueset ténesme rectal.
A 32 ans, zoqa etdouleurs fulgurantes.
A 36 ans,anesthésieet ataxie des membresinférieurs.
A36 ans, mariage : pas d'enfants; pas de fausses couches de la femme.
Observation VII.
femme,52 ans. — Syphilis non reconnue. Premier mariage : pas
denfants; pasde fausses couches.
^ 37ans,sensation de fatigueetdouleurs lancinantes.
A 42ans,deuxièmemariage: pasd'enfants; pas de fausses couches.
A 49ans,paralysie persistantedu moteur oculairecommun.
Ainsi,surces 4malades, un seul est un syphilitique certain,
2sontdessyphilitiquesdouteux, etchez le quatrième la syphilis
— 20 —
n'a pu être déceléedansles antécédents du maladenireconnue à son examen direct.
Lasyphilis certaine ou douteuse a précédé le mariage de 8,
15 et17 ans.
Le tabès a débuté de quelques mois à un an après l'appa¬
rition de la syphilis certaine ou douteuse. Il a débuté par des
douleurs lancinantes, des troubles de la vue, des coliques et
du ténesme rectal, de la sensation de fatigue et des douleurs
lancinantes.
Le quatrième cas (obs. VII) est plus démonstratif : le
malade s'est marié 2fois, avant et après le début du tabès; le premier mariage avait été stérile, commel'a été le second.
3° Tabétiques dont les unions n'ont produit que des fausses
couches ou des enfants mort-nés.
Considérations générales. — Dans les 10 observations de
ceparagraphe, entrent 6 hommes et 4 femmes d'âges
variant
de32 à 50 ans, de conditions sociales différentes.
Dans 4 cas, il a été impossible de retrouver
parmi les anté¬
cédents des malades ou dans leur examen direct les traces d'une syphilis acquise ou congénitale.
Elle est niée dans 2 cas, et dans les 4 derniers
elle est
cer¬taine; elle n'a jamais été soignée dans 1 cas, elle a
été traitée
légèrement dans 1 et sérieusement dans les 2 autres.
Considérationsparticulières sur la descendance. — au point de vue de la descendance, on peut diviser ces
10 obser¬
vations en 2 groupes :
A)Faussescouches sansautreaccouchement(7
observations).
Observation VIII.
Homme, 44ans.—Syphilisnon reconnue.
A 29 ans, mariage : à 29 ans, fausse couche de sa femme;
depuis
pas d'autres grossesses.
A 43 ans, douleursfulgurantes.
— 21 —
Observation IX.
Homme,53ans. — Pas de syphilis reconnue.
A37ans, mariage : pas d'enfants; unefausse couche de la femme à
lasuite d'un traumatisme.
A 48ans,début du tabèspar des troubles vésicaux.
Observation X.
Homme,44 ans. — A 17 ans, syphilis soignée.
A22ans,douleursintercostales fulgurantes.
A30ans, mariage: cinq moisaprès, fausse couche de quatremoisde
safemme; pasd'autregrossesse.
A 44ans,tabès confirmé.
Observation XI.
Homme,44ans. —Syphilis niée.
A 25 ans, mariage: une fausse couche de sa femme de six moiset demi,survenueun anaprès sonmariage, sanstraumatisme; depuis, pas d'autregrossesse.
A42 ans, débutdu tabès.
Observation XII.
♦
Homme,48 ans. —A 23 ans, syphilis bien soignée.
A 38 ans,mariage: deux fausses couches dela femme àcinq mois et
àdeuxmois. Pas d'enfants.
A. 42ans, mydriase, diplopie, sensation de froidau genou.
Observation XIII.
Homme,45 ans.
A-29ans, syphilis mal soignée.
— 22 -
A 30 ans, mariage: deux fausses couches desa femmeàcinqet six mois degestation.
A43 ans,début du tabès pardesdouleurs fulgurantes.
Observation XIV.
Femme, 32ans.
A 21 ans, mariage: mari atteint de syphilis et paralytique général depuis cinq mois. Deux fausses couches: la première, à 28 ans, un fœtus de six mois; la seconde, à 31 ans, un embryon de un moiset
demi.
A 27 ans, ptosis passager.
A 28 ans, début du tabès parperted'équilibre.
Ainsi, sur ces 7 malades, 4sont dessyphilitiquesavérés:
ils
se sont mariés, un, cinq et treize ans après l'infection;
le
derniera contracté la syphilis dans le mariage.
Ils ont vu apparaître les premiers symptômes du
tabès de
cinq à dix-neufans après la contamination.
Ces mêmes symptômes ont éclaté de quatre à quatorze ans après le mariage; pour un seul malade, ils l'avaient
précédé.
B). — Accouchement à terme d'enfants mort-nés
(3 obser¬
vations).
Observation XV.
Femme, 45ans. Pas de syphilis reconnue.
A 20 ans, mariage: à 26 ans, enfant mort-né; pas d'autres gros¬
sesse^.
A30 ans,douleursfulgurantes etcrisesgastriques.
Observation XVI.
Femme 48 ans.—Pas desyphilis reconnue.
A 36ans, mariage: deux enfantsà terme mort-nés A 45 ans, début du tabès.
ObservationXVII.
Femme,45 ans.— Nie toutesyphilis.
A 32 ans, mariage: un enfant mort-né à terme, deux jumeaux
mort-nés.
A41ans, arthropathie tabétique dugenou.
Ils'agit donc ici de trois femmes
chez lesquelles la syphilis
n'a puêtre démontrée et qui, entre leur
mariage et le début
du tabès, survenu dix ans environ
après,
ont eu un ouplu¬
sieurs enfants mort-nés.
4° Tabétiques dont les enfants meurent en
bas âge.
(17 observations.)
Considérations générales.— Les 17 observations de ce
paragraphe onttrait à 3 hommes et14 femmes
d'âges variant
de 30 à 54ans, de conditions socialesdifférentes. Dans
11
cas il a été impossible de retrouver dans lesantécédents des
malades oudans leur examen direct les traces d'une syphilis acquise ou congénitale. La syphilis est même
formellement
niée dansun 1 cas, elle reste douteuse dans2 autres et 3 ma¬
lades seulement sont des syphilitiques avérés; un
d'eux s'est
soigné; quant aux deux autres, ils n'ont fourni aucunrensei¬
gnementsur un traitement possible.
Considérations sur la descendance. — Sur ces17 obser¬
vations, 2nefournissent aucun renseignement sur le rapport
('es âges respectifs du tabès et des grossesses, elles sont inutilisables aupremier chef.
Dans les 15 autres, toutes les grossesses sont
antérieures
auxpremiers symptômes du tabès.
Ces15 dernières observations peuvent se diviser en
deux
S'oupes en rapport avec la qualité des produits issus
des
nnions : en effet, 5 observations onttrait à des malades ayant
eu a la fois des fausses couches et des enfants morts en bas
âge, tandis que 10 se rapportent à des tabétiques ayant eu seulement des enfants morts.
Les 5observations relatant des fausses couches ont trait à des femmes chez lesquelles la syphilis n'a pu être décelée.
Le nombre des enfants issus des unions précédentes se
répartit comme suit : sur 17 tabétiques, 11 ont eu 1 enfant,
5 en ont eu 2, et 1 seul en a eu 3.
L'âge de la mort des enfants est essentiellement variable de
quelques jours à 22 mois. Les causes de la mortdes enfants, quand elles sont indiquées, sont des causes banales de mor¬
talité infantile (muguet, choléra infantile, diphtérie, pneu¬
monie, traumatisme, etc.); un seul est mort à la suite de cardiopathie congénitale.
Les considérations relatives à la descendance sont, on le voit, peu probantes. Cependant, avant de terminer ce para¬
graphe, nous ferons remarquer que,dans les trois observations suivantes, les grossesses ont paru influencer la genèse du tabès; en effet, les premières douleurs fulgurantes ont immé¬
diatement suivi une grossesse.
Observation XVIII.
Femme, 39ans.— Syphilisnon reconnue.
A 18 ans, mariage : à 21 ans, enfant né àterme, mort à six mois;
à 24 ans, deux jumeaux nés à terme, dont un mort en naissant et
l'autre à sixmois; à 25 ans, première fausse couche de deux mois,
à 26 ans, deuxièmefausse couche à deux mois et demi; à27ans,troi¬
sième fausse couche d'un enfant à terme mort-né.
Le mari nie la syphilis.
A 27 ans,douleurs fulgurantes.
A 31 ans, ataxie.
Observation XIX.
Femme, 35 ans. —Syphilis non reconnue.
•A 20 ans, grossesse: une fille morte à sept mois de
pneumonie-
Trois semainesaprès, apparitionde douleurs fulgurantes.
- 25 —
Observation XX.
Femme,30ans. —Syphilis non reconnue.
A24ans, un enfaûtmort àvingt jours decholérine.
A 25ans,début du tabèspar névralgie intercostale.
Dans ces trois observations, le tabès, provoqué peut-être
parlagrossesse, a débuté à des âqes relativement peu avancés (20,25et27 ans).
e
5° Tabétiques dont les enfants meurent âgés.
(2 observations.)
Il s'agit d'un homme de 40ans et d'une femme de 33 ans.
Lafemme ne paraitpas syphilitique; l'homme, au contraire,
acontracté la syphilis à 18 ans.
Observation XXI.
Femme,33ans.—Pas desyphilisreconnue.
A 21 ans,grossesse, enfant à terme bien portant, qui meurt à onze
ansducroup.
A 22 ans,faussecouche de huitmois.
A23 ans, faussecouche de quatre mois.
A. 25 ans,douleurset pincements danslesmembres inférieurs.
Observation XXII.
Homme,40ans.— A 18 ans, syphilis.
A 22ans, mariage: tin premier enfant meurt à dix-huit ans de la
variole; un deuxième meurt à quatre ans d'affection cérébrale; une troisièmegrossessesetermine par une fausse couche; sa femme est en Heetse
porte bien.
A 34ans, apparition de douleurs fulgurantes et d'un mal perforant plantaire.
— 26 —
Il est à remarquer que, dans l'observation XXI, le début du tabès asuivi de deux ansla dernière grossesse.
Les enfants sont morts à 4, 11 et 18 ans d'une affection cérébrale (?), du croup, de la variole.
II
Observations de tabétiques avec descendance
maladive.
Considérations générales. — Dans ce deuxième groupe,il
n'entre que 4 observations : elles ont trait à 3 hommes
et 1 femme, d'âges variant de 45 à 52 ans et de conditions
sociales différentes.
Trois des malades sont syphilitiques, mais ne fournissent
aucun renseignementsurle traitementqu'ils ont pusuivre.
Considérations particulières a la descendance.— Dans
une observation (obs. XXIII), quelques détails
intéressants
sont à relever. Ce sont : le début du tabès par une
fracture
spontanée pendant une sixième grossesse; l'évolution
normale
d'une nouvelle grossesse en pleins accidents tabétiques, se
terminant par l'accouchement d'unenfant vivant; enfin
l'appa¬
rition des premières douleurs fulgurantes
immédiatement
après le septième accouchement.
D'autrepart, il semble logique d'admettre dans cette
même
observation que la mortalité des enfants du premier
lit est
due à la mauvaise constitution du mari et à la syphilis
conju¬
gale probable.
Au tabès seul pourraient être rattachées la mort à
3 mois
du sixième enfant et la mauvaise santé du septième;
mais il
faut ajouter que le second mari est lui-même un
alcoolique.
Observation XXIII.
Femme, 46 ans.— A 25 ans, premier mariage (mari alcoolique, syphilitique,saturnin, mortde ramollissementcérébral; elle-même
n'a
jamaiseu d'accidents syphilitiques). Cinqgrossesses: premier
enfant,né
àterme,mort à six mois; deuxième enfant, né à terme, mort à deux
jours;une fausse couche de six mois; quatrième enfant, né à terme,
mort-né;une fausse couche desixmois.
A 36 ans, deuxième mariage (deuxième mari alcoolique). Deux
grossesses:premier enfant, mortà trois mois; deuxième enfant de six
ans,chétive.
A 36 ans, pendantla sixièmegrossesse, fracturespontanéetabétique.
A 40 ans,troisjours après son septième accouchement, première crise
de douleursfulgurantes.
Deuxautres observations relatent l'existence d'enfants scro-
fuleux,mais nés avant l'apparition du tabès.
Enfin, dans la dernière (obs. XXIV), le
malade, atteint de
tabès à 28 ans, a eu depuis deux enfants.
Observation XXIV.
Homme,49ans.—A 24ans, chancre induré.
A28 ans, diplopieetmydriasedouble.
Mariéà30 ans: deux filles, l'une de 14 ans, rhumatisante; l'autre
de10 ans, atteinte dedouleursnévralgiques.
A 39ans, douleursfulgurantes.
A 47ans,hémiplégiegauche.
III
Observations de tabétiques avec descendance
saine.
Considérations
générales. — Ce groupe contient130
ob-jervations dont 109 hommes
et21 femmes, d'âges variant de
à 68 ans, de conditions sociales différentes. Dans 45 cas
il a été impossible de retrouver clans les antécédents des malades ou dans leur examen direct les traces d'une syphilis acquise ou congénitale. La syphilis est niée dans 9 cas, elle
est douteuse dans 14 et certaine dans 63. Au sujet de ces 63 derniers, on ne relève aucune indication de traitement dans 34 observations; dans 4 autres, les maladesne se sont pas soignés; dans 15, ils se sont soignés légèrement, etdans
10 seulement ils se sont traités énergiquement.
Considérations relativesa la descendance.—Les 130ob¬
servations de ce troisième groupe sont les unes inutilisables,
les autres nullement comparables entre elles; aussi les divi¬
serons-nous en cinq catégories :
• 1° Première catégorie. — Elle comprend 31 observations qui relatent l'existence d'enfants bien portants, mais lesrensei¬
gnements qu'elles rapportent sont insuffisants, caril n'est note
dans aucune l'âge des grossesses par rapport à celuidu tabès,
2° Deuxième catégorie. — Elle comprend 56 observations quionttrait à destabétiques ayantvu dans leurménage
évoluer
toutes les grossesses avant le début de leur tabès.
Les produits de ces unions peuvent se décomposer comme
suit :
Fausses couches 12
Enfants mort-nés 4
Enfants morts enbasâge 19
Enfants morts âgés ... 1
Enfants vivants 96
Ce qui donne par ménage tabétique :
Fausses couches et mort-nés 0,28
Enfants morts 0,35
Enfants vivants 1,71
3° Troisième catégorie. — Elle comprend %1
observation-s
dans lesquelles les malades ont eu des enfants avant et apu*
le tabès.