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Le travail avec les parents en protection de l’enfance

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Academic year: 2022

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Le travail avec les parents en protection de l’enfance

The work of professionals with parents in child protection

Chantal Laureau

Dynamique famille ATD Quart Monde France, 63 rue Beaumarchais. 93 100 Montreuil, France

<chantal.laureau@atd-quartmonde.org>

Résumé.Cet article met en lumière l’importance d’un travail des professionnels avec les parents dans le domaine de la protection de l’enfance, à tous les niveaux du dispositif, depuis la prévention primaire jusqu’à un éventuel placement des enfants. Travail qui exige des remises en cause de part et d’autre mais qui peut être fructueux et permettre un meilleur développement de l’enfant si tous les acteurs cherchent ensemble à répondre aux besoins de l’enfant. En milieu de grande précarité, ce travail est d’autant plus important que les parents souffrent d’une mauvaise image d’eux-mêmes et de grandes difficultés matérielles qui rendent l’exercice de la parentalité particulièrement difficile.

Si la protection de l’enfance est comprise au sens large de protection de tous les enfants et de l’enfant dans sa globalité, une alliance est possible avec les parents qui, comme les professionnels, souhaitent le meilleur pour leur enfant.

Mots clés :protection de l’enfance, parentalité, précarité

Abstract.This article highlights the importance of the work of professionals with parents in the field of child protection, at all levels of the system, from primary prevention to a possible placement of children. Work that requires questioning from both sides but that can be fruitful and allow a better development of the child if all actors together seek to meet the needs of the child. In the midst of great precariousness, this work is all the more important as parents suffer from a poor image of themselves and great material difficulties that make the exercise of parenting particularly difficult.

If child protection is understood in a broad sense of protection for all children and the child as a whole, an alliance is possible with parents who, like professionals, want the best for their child.

Key words:child protection, precariousness, parenting

L

e Mouvement ATD (Agir Tous pour la Dignité) Quart Monde agit avec tous les citoyens et en priorité avec ceux qui sont en situa- tion de grande pauvreté en ayant pour but d’éradiquer la misère pour permettre à tous l’accès aux droits, la participation et l’égale dignité. Il est implanté significativement dans plusieurs régions de France, en milieu urbain et rural. Il rencontre de nombreuses familles à travers des actions culturelles collectives (notamment les 50 bibliothèques de rue et les 10 Universités popu- laires Quart Monde), des groupes d’accès aux droits fondamentaux, des accompagnements individuels de familles vers le droit. Des membres du Mouvement sont également pré- sents par l’habitat dans des quartiers de grandes villes ou en milieu rural et côtoient des familles en situation de pauvreté dans leur vie

quotidienne. Enfin, dans deux pro- jets pilotes de promotion familiale sociale et culturelle (à Noisy-le- Grand, Seine-Saint-Denis et Lille- Fives, département du Nord), et un lieu de vacances familiales (à Arbois dans le Jura), les membres du Mouve- ment ont l’occasion d’accompagner des familles dans leur promotion.

Parmi les parents rencontrés, beaucoup ont eu ou ont des liens avec les dispositifs de la pro- tection de l’enfance. La protec- tion de l’enfance et les maltrai- tances ne concernent pas que les familles en situation de pauvreté, même s’il existe une surreprésenta- tion d’enfants vivant dans des familles pauvres, parmi les enfants bénéfi- ciant d’une mesure de protection de l’enfance [1, 2]. Aucune étude fiable récente n’explicite ce lien, même si plusieurs hypothèses peuvent être faites.

doi:10.1684/mtp.2018.0701

m t p

Tirés à part : C. Laureau

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Personnellement, j’ai eu l’occasion de travailler avec des parents et des jeunes enfants, à Noisy-le-Grand, et actuellement j’accompagne des équipes sur le terrain. La rencontre avec les enfants et les parents qui bénéficient de la protection de l’enfance me fait dire que la réus- site du dispositif est largement liée au travail avec les parents : si ceux-ci comprennent le sens de la mesure, et se sentent respectés, les enfants qui, alors ne seront pas pris dans un conflit de loyauté, pourront bénéficier de ce qui leur est proposé. À Noisy-le-Grand, nous accueillons dans un logement de droit commun des parents avec de jeunes enfants, ayant vécu l’errance pendant sou- vent un très long temps. Dans ces situations, le travail avec les parents demande du temps : le temps de cons- truire la confiance, de se comprendre, le temps pour travailler sur une globalité, la globalité des droits, la globalité de la famille. C’est le seul moyen quand la famille est en situation de grande pauvreté d’éradiquer la misère pour qu’elle ne se reproduise pas à la génération suivante.

Prévenir la maltraitance, c’est agir pour une société bien traitante à tous les niveaux. Le dispositif de la protec- tion de l’enfance n’est qu’un des maillons d’une société qui devrait protéger tous ses enfants et notamment les plus fragiles. Nous parlerons donc de la protection de l’enfance dans un sens très large, dans laquelle chacun a un rôle au-delà du dispositif stricto sensu : parents, enseignants, médecins, professionnels de l’enfance et de la petite enfance, intervenants socio-culturels, élus, res- ponsables administratifs, etc. [3].

Certaines maltraitances envers les enfants sont provo- quées par des adultes ayant des graves atteintes psychiques ou des troubles de la personnalité : nous ne parlerons pas du travail avec les parents dans ce contexte, qui relève de compétences professionnelles et psychiatriques parti- culières.

Nous évoquerons essentiellement les situations de traumatismes, ou de « carences éducatives », subis par les enfants :

– du fait de conditions de vie qui affectent gravement leurs droits et ceux de leur famille ;

–ou du fait de l’ignorance ou de la fragilité psychique de leurs parents, qui ont pu vivre dans leur enfance des situations ne les préparant pas à être parents ;

– ou du fait de dispositifs conc¸us pour les protéger mais qui, de fait, s’avèrent maltraitants.

Nous parlerons surtout du travail avec des parents en situation de grande précarité, et des conditions de réus- site de ce travail, dont ATD Quart Monde a l’expérience, en postulant que ce qui est réussi en protection de l’enfance avec eux, profite à d’autres familles : les savoir-faire développés, les pratiques expérimentées sont bénéfiques pour travailler avec des familles d’autres milieux.

Un préalable : créer la confiance . . .

En milieu de grande pauvreté, peur et honte sont souvent entremêlées. Elles peuvent se manifester par de l’agressivité, de la soumission, du silence, de la fuite, des stratégies d’évitement. Comment justifier l’inexplicable, une situation administrative qui n’est pas conforme, des démarches non faites, des conditions de vie qui ne permettent pas d’élever un enfant correctement, etc.

Ce qui peut expliquer des comportements incompréhen- sibles, mal interprétés, qui peuvent se retourner contre les familles : des familles qui déménagent sans arrêt, une maman qui boit avant la rencontre avec l’assistante sociale, un papa qui se cache dans sa chambre à chaque fois que l’éducateur vient rendre visite à la famille, des parents qui ne viennent pas aux rendez-vous fixés.

Les peurs ont des raisons diverses : peur du jugement, peur du contrôle social ou d’être obligé de dévoiler son intimité, de devoir encore une fois raconter sa vie, d’être obligé d’accepter un projet auquel on n’adhère pas, ou de devoir se justifier, et par-dessus tout, la peur du retrait des enfants. Pour préparer une rencontre avec des pro- fessionnels travaillant en PMI, dans le cadre du réseau famille-petite enfance d’ATD Quart Monde, des parents écrivaient fin 2017 :

«Quand on est suivi par les services sociaux, on est obligé d’aller à la PMI. Quand c’est ton premier enfant, si tu n’y vas pas et que tu dis que tu préfères être suivi par ton médecin traitant, on te menace de placer ton enfant ou on vient te voir chez toi comment c¸a se passe.»

«Certains parents ne vont que très rarement à la PMI.

Certains parents voient la PMI un peu comme l’hôpital, ils ne savent pas forcément qu’on peut trouver d’autres choses que les vaccins, qu’on peut y aller en dehors des rendez-vous. (. . .)Certains parents préfèrent aller chez leur médecin traitant parce qu’ils n’ont pas confiance dans la PMI, qu’ils ont plus confiance dans leur médecin qui les connaît et qui les a suivis depuis un certain temps et il n’y a pas de lien avec les services sociaux. Même s’ils y vont (à la PMI) parce qu’ils sont ou se sentent obligés d’y aller de peur que leurs enfants soient placés, ils ont peur d’y aller : c’est la peur qu’on a des professionnels, on ne sait pas si on fait toujours bien, la peur d’avoir ses enfants placés ou d’avoir des problèmes avec les services sociaux. En tant que parent, rien que le fait de savoir qu’on est dans un truc social, même si c’est la PMI, le regard des gens, ce qu’ils vont penser, on en a toujours peur. On sait que ce sont eux qui peuvent faire des signalements, qu’au final c’est des personnes qui peuvent très bien détruire notre famille ou la garder indemne. Quand on a eu une mauvaise expé- rience, après on n’a plus confiance. Et on ne peut pas changer de PMI car on doit aller à la PMI du secteur. On n’y va pas aussi parce que la PMI travaille avec les ser- vices de la protection de l’enfance et le CMP. Ils sont tous

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liés, ils sont souvent dans les mêmes locaux. Il y a des assistantes sociales, des docteurs, un peu de tout et tout le monde te surveille. C¸a nous donne pas envie d’y aller.»1

En ce sens, le regroupement des services médicaux et sociaux (ASE, CMPP, PMI, service social. . .) qui part d’une bonne intention – faciliter les démarches pour les familles, permettre une meilleure communication entre les services – n’aide cependant pas à établir la confiance car il amène une confusion des rôles.

. . . En s’appuyant sur les compétences

des parents

La notion de compétence est très subjective comme le souligne le rapport du groupe de travail sur la parenta- lité :«La compétence suppose un contenu, une action, une intériorisation de savoirs et elle n’existe que dans le regard de l’autre, que dans la reconnaissance, la validation par un tiers. Tous ces points sont importants pour analyser les compétences parentales, et nous pouvons déjà les for- muler sous formes de questions : quels savoirs sont utiles pour être un parent compétent ? Par quelles actions ces compétences se matérialisent-elles ? Comment devient-on un parent compétent ? Qui va valider ces compétences parentales, comment, avec quelles normes ? Il n’existe pas de diplôme parental, ni même de validation des acquis, alors quels seront les outils d’analyse de ces compétences parentales tant recherchées ?»[4].

Souvent les parents sont porteurs de compétences non validées car n’étant pas dans le même champ culturel que celles des travailleurs sociaux : ainsi ce père de famille qui aimait bricoler avec son fils quand il venait en visite chez lui, alors que le travailleur social voulait qu’il joue avec son fils. (Une des compétences souvent demandée aux parents est celle de jouer avec leur enfant, alors que certains parents ont d’autres manières d’être en relation avec leur enfant.) Ou ce père qui allait à la pêche avec son fils sans que ce temps de relation forte avec celui-ci ne soit pris en compte.

Les parents disent souvent qu’on mentionne leurs dif- ficultés, mais jamais ce qu’ils savent faire et leurs efforts : dans un texte sur les besoins de l’enfant, des parents écrivent : « Un autre point, c’est que les professionnels ne parlent pas de nos efforts ! À l’audience par exemple, cela arrive trop souvent qu’ils ne reprennent que les points négatifs, et l’enfant entend tout ! C’est lourd pour lui et pour les parents, donc on n’a plus envie de rentrer dans les bureaux des travailleurs sociaux.»2

1Extrait d’une contribution de parents lors d’une journée de travail du réseau ATD Quart Monde famille/petite enfance. Disponible à ATD Quart Monde : secretariat.famille@atd-quartmonde.org

2Apport de connaissance sur les besoins de l’enfant lors d’une co- formation avec les conseils départementaux des Côtes-d’Armor et du Finistère, Juin 2018.

Dans toutes les circonstances, le respect des parents, quoi qu’ils aient pu faire, reste fondamental. C’est une des conditions pour un bon développement de l’enfant.

Dans ce même texte, les parents écrivent :«Un enfant ne grandira jamais bien si des professionnels dénigrent son ou ses parents. En effet, quand cela se produit, il ne sait plus quoi penser, c¸a le perturbe et lui fait du mal. Cela peut être dans l’intonation de la voix des intervenants sociaux, des juges, des familles d’accueil, que l’enfant ressent ce manque de respect, par certains mots qu’ils utilisent, parce qu’ils nous écartent, ou qu’ils ne nous écoutent pas.»

Se comprendre : des représentations différentes qui créent des malentendus

Dans une rencontre entre des personnes interviennent des représentations, négatives ou positives. Chacun se construit une image de l’autre, de ce qu’il est, de sa situa- tion, de ce qu’il fait. Aussi, derrières les mêmes mots, les uns et les autres ne mettent pas forcément les mêmes réa- lités. Les représentations ne sont pas toujours conscientes.

Elles ont été forgées à travers l’éducation, la formation, l’expérience personnelle, professionnelle, etc. Elles ont un sens, elles reposent sur des valeurs, des normes, des certitudes souvent.

Ces représentations ont une importance essentielle dans le travail avec les familles. Les co-formations, initiées par ATD Quart Monde, inspirées du croisement des savoirs et des pratiques, au cours desquelles personnes en situa- tion de pauvreté et professionnels se forment ensemble, permettent de travailler sur ces représentations. Ainsi dans une des co-formations, le mot«service social»évoque pour les travailleurs sociaux les mots « Accueil - Lien - Accompagnement - Soutien - Aide - Public »ou encore

«Écoute - Ouverture - Accompagnement - Accueil - Chan- gement - Soutien » tandis que pour les personnes en situation de pauvreté ce sont les mots«Peur - Peurs - Pou- voir - Écoute - Démarches administratives - Soutien»qui s’expriment. Dans une autre co-formation, le mot pauvreté évoque « Misère, Isolement, Exclusion, Tristesse, Vide » pour les professionnels, tandis que pour les personnes en situation de pauvreté ce sont les mots «Solidarité, Cou- rage, Dignité, Capacité, Souder»qui ressortent3.

Un mot utilisé peut donc provoquer chez l’interlocuteur un sentiment d’humiliation, de non- respect sans que cela soit intentionnel. Prendre le temps de vérifier qu’on a compris la même chose, que derrière le mot on comprend les mêmes réalités n’est absolument

3Voir les comptes-rendus des co-formations sur le site du Mouve- ment ATD Quart Monde : https://www.atd-quartmonde.fr/sengager/

dans-votre-milieu-professionnel/croisementdessavoirs/compte- rendus-des-co-formations-actions-et-recherches-en-croisement- des-savoirs/co-formations-par-le-croisement-des-savoirs-et-des- pratiques/travail-social-protection-de-lenfance-parentalite/

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pas superflu. Les attitudes aussi peuvent être mal inter- prétées : ainsi dans la journée sur la PMI, les parents ont exprimé leur manque de confiance devant l’attitude de médecins de PMI :«Ils posent des questions négatives, ils nous oppressent. Ils interprètent nos mots, ce qu’on dit, à leur manière, on se sent jugés. Et ils notent tout sur un carnet, on ne sait pas ce qu’ils notent, c¸a ne donne pas confiance.»4

Travailler avec les parents pour qu’ils aient accès aux droits fondamentaux

Lorsque la précarité (qui est l’absence d’une ou plu- sieurs des sécurités permettant aux personnes et familles d’assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales, et de jouir de leurs droits fondamentaux) affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle devient persistante, qu’elle compromet les chances de pouvoir réassumer ses responsabilités et reconquérir ses droits par soi-même, dans un avenir prévisible, elle mène à la grande pauvreté5. Elle entrave, alors, le développement des enfants et a un impact négatif sur leur santé physique et psychique, sur leur socialisation, sur leur éveil, sur leurs apprentissages.

Les parents disent leur stress permanent devant l’insécurité quotidienne, et le retentissement de ce stress sur leurs enfants : le manque de ressources, l’errance, l’habitat dégradé, la promiscuité dans des logements trop petits, le chômage, le dénuement culturel, la honte, les humiliations répétées. . . Vivre dans le dénuement pro- longé entame l’estime de soi, dégrade les relations au sein de la famille, mais aussi avec l’environnement. Les parents se sentent dévalorisés aux yeux de leurs enfants.

L’augmentation actuelle du nombre de familles pauv- res avec enfants, est bien identifiée.

L’erranceaffecte d’une manière particulière le déve- loppement de l’enfant, que cela soit en milieu rural, quand les parents, pour des raisons multiples (dont la peur du regard extérieur et la honte), changent souvent de loge- ment, ou en milieu urbain, en particulier dans les grandes villes, où on assiste à une augmentation des expulsions6, à la difficulté de trouver un logement7, où beaucoup de

4Extrait d’une contribution de parents lors d’une journée de travail du réseau ATD Quart Monde famille/petite enfance. Disponible à ATD Quart Monde : secretariat.famille@atd-quartmonde.org

5Voir la définition de la grande pauvreté dans rapport du conseil économique et social«grande pauvreté et précarité économique et sociale»présenté par Joseph Wresinski, 10 et 11 février 1987.

6Le nombre d’expulsions locatives avec le concours de la force publique a atteint son record en 2015, avec 14 363 expulsions, un chiffre en hausse de 33 % par rapport à 2006.

7En effet, 55 000 ménages,«pourtant reconnus prioritaires», sont en attente d’une proposition de logement depuis 1 à 8 ans, Comité de suivi du DALO, novembre 2017.

familles avec des enfants sont hébergées à l’hôtel, dans des centres d’hébergement d’urgence, voire vivent dans la rue, dans des voitures. . .

Après le choc de l’expulsion et/ou le stress de devoir quitter un lieu familier, l’enfant est confronté au noma- disme et à l’absence de lieu sûr où reconstruire de nouveaux repères. Le caractère brutal et traumatisant de certaines expulsions marque durablement certains enfants.

Il est aussi évident que les conditions de vie impossibles notamment de logement ne peuvent que favo- riser conflits, tensions et violence : le premier travail d’accompagnement et de prévention se situe là.

«On a peur que les huissiers viennent si on paie pas les factures. C’est très difficile quand on est enfant et qu’on voit un huissier qui vient et prend tout ! On ne veut pas que c¸a arrive à nos enfants.»8

« Parfois on se retrouve sans rien et on peut vite se retrouver à la rue. (. . .) Notre stress a des répercus- sions sur nos enfants. (...)Tout c¸a peut empêcher l’enfant d’apprendre bien à l’école.»9

Une autre situation de non droit, de plus en plus fré- quente est le non-accès à la scolarisation : des enfants ayant des troubles du comportement, qui peuvent être une conséquence directe de nombreux traumatismes vécus antérieurement, reconnus ou non comme porteurs d’un handicap, ne sont pas acceptés à temps complet à l’école, faute d’auxiliaire de vie scolaire (AVS) disponible pour les accompagner. Cette situation qui bouleverse tout l’équilibre familial (impossibilité pour les parents de tra- vailler, de faire des démarches, impossibilité pour l’enfant de s’épanouir, d’avoir des relations avec d’autres enfants) ne peut qu’entraîner des tensions et s’ajouter à ce qui s’apparente à de la maltraitance institutionnelle envers l’enfant. S’engager avec les parents pour que l’enfant soit scolarisé fait partie de la protection de l’enfance.

Le travail avec les parents au niveau de la santé est aussi un axe de travail essentiel : les conséquences de l’errance ou des conditions de vie difficiles ont un retentissement important sur la santé de l’enfant, stress, troubles de comportement, déficits sensoriels non soignés, malnutrition. . .Les parents en sont souvent inquiets mais n’osent pas en parler pour ne pas attirer l’attention sur eux et par peur d’être pris pour des mauvais parents. En par- ler avec eux, observer ensemble l’enfant en les rassurant, s’appuyer sur leur observation est un moyen privilégié de faire alliance avec eux autour de l’enfant et de sa santé.

«Mais des fois, ils ne voient pas des choses et ils n’écoutent pas l’inquiétude des parents. Les médecins se fient à leur instinct de médecin, ils écoutent pas forcément les parents.

8Contribution d’ATD Quart Monde au rapport sur la petite enfance de la défenseure des enfants, ATD Quart Monde, juillet 2018.

9Contribution d’ATD Quart Monde au rapport sur la petite enfance de la défenseure des enfants, ATD Quart Monde, juillet 2018.

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Eux, ils ont fait des études, ils ont étudié pendant plein d’années, mais si en tant que parent, on sent que notre enfant a un problème, ils ne font pas forcément attention aux doutes des parents pour faire des examens complé- mentaires.»10

Les conséquences de ce non-accès aux droits fonda- mentaux pour les familles pauvres, et les comportements qu’il génère, sont souvent considérées par les intervenants de la protection de l’enfance, qui sont souvent démunis face à ces situations de non droit, comme l’expression de carences éducatives. Les parents ont alors l’impression de ne pas être écoutés et entendus dans leurs difficultés, dans ce qu’ils vivent d’intolérable. Ce qui mobilise toute leur énergie et occupe tout leur esprit n’est pas pris en compte ; c’est comme s’ils étaient rendus responsables de leur situation ! Ils ne sont alors pas disponibles pour entendre des conseils qui leur sont donnés concernant leur rôle de parents.

«Nous avons beaucoup de pression, et les enfants ils ressentent tout ce que les parents sentent. Notre situa- tion de pauvreté fait que nous sommes amenés à faire vivre à nos petits enfants des choses qu’ils ne devraient pas vivre, une forme de violence alors que nous ne le voulons pas. Par exemple, une maman seule a craqué psychologiquement et a dû se faire soigner. Maintenant alors qu’elle est guérie, dès qu’elle pleure, son enfant est en panique. . . Une autre maman, qui n’a aucun moyen de garde, est obligée de faire garder sa fille par sa mère alors que les relations avec elle sont difficiles parfois violentes.»11

Il est reproché aux parents de ne pas protéger leur enfant alors que l’État a aussi une responsabilité dans le fait d’être garant des droits fondamentaux.

On sait par ailleurs l’absence de recours à certains dis- positifs – prévention des expulsions, RSA, etc. – par peur, honte ou ignorance (on estime que 30 % des allocations ne sont pas perc¸ues). Ceci souligne l’importance d’un travail pluridisciplinaire pour travailler en même temps l’accès aux droits fondamentaux et le soutien à la parentalité.

Travailler avec les parents à la prévention

Nous parlerons ici de prévention primaire qui consiste à créer les conditions qui empêchent tout ce qui pourrait conduire à de la maltraitance : par ignorance, par excès de stress, par manque de maîtrise de soi pour diverses raisons. Des parents qui «vont bien»permettent à leur

10Extrait d’une contribution de parents lors d’une journée de travail du réseau ATD Quart Monde famille/petite enfance. Disponible à ATD Quart Monde : secretariat.famille@atd-quartmonde.org

11Contribution d’ATD Quart Monde au rapport sur la petite enfance de la défenseure des enfants, ATD Quart Monde, juillet 2018.

enfant d’aller bien et inversement, d’où l’importance de la bienveillance à l’égard des parents qui est source de bientraitance des enfants. Et d’où l’importance également de permettre aux parents de construire une estime d’eux- mêmes, en leur apportant les soutiens nécessaires pour relire leur histoire, en être fiers et sortir de la honte.

Permettre formation et information dans un cadre bienveillant

Beaucoup de parents rencontrés dans le cadre d’ATD Quart Monde sont en demande de savoir-faire, ou savoir- être, et sont réceptifs si ces savoirs se découvrent dans un cadre bienveillant, avec une véritable réciprocité et dans un dialogue avec des pairs. Permettre que des parents puissent sortir de leur isolement, situation fréquente en milieu de grande pauvreté, est un enjeu de taille. Qu’ils puissent rencontrer d’autres parents et découvrir qu’ils ne sont pas les seuls à se retrouver devant certaines difficul- tés, qui peuvent vite devenir angoissantes, voire source de gestes violents, si on ne peut en parler : un enfant qui pleure la nuit, qui fait des colères, qui s’oppose, qui refuse de manger. . .

Dans de nombreux territoires, la création de lieux bienveillants accueillant des parents avec leurs jeunes enfants (lieux d’accueil enfants parents dans leur diver- sité, maison des familles, café des parents, espaces jeux rencontres. . .) leur permet de rencontrer d’autres familles dans des espaces sans inscription, sans jugement et le plus souvent gratuits. Ces rencontres avec d’autres parents, d’autres professionnels, sont aussi des occasions de découvrir d’autres fac¸ons de faire et de choisir, ou pas, de se les réapproprier. Ces lieux lorsqu’ils sont animés par des professionnels formés à accueillir des familles en grande précarité, permettent de retrouver pouvoir d’agir et confiance en soi et donc meilleure capacité à s’occuper de son enfant. Ils permettent également, à travers les activités proposées, de vivre et de partager, parents et enfants ensemble, des moments de plaisir ou d’émotion intenses qui laissent des traces positives dans l’histoire familiale.

Mais pour les raisons mentionnées plus haut (honte, peur d’être jugés), les parents en grande précarité fré- quentent peu ces lieux, d’où l’importance que leurs animateurs«aillent vers eux». Il peut s’agir d’animations

«hors les murs», de rencontres à la sortie de l’école, de cafés à l’extérieur, qui permettent d’aller à la rencontre des parents qui«n’osent pas». D’autres fois, les animateurs de ces lieux font appel à des relais, associations ou personnes du quartier, qui connaissent les familles, ont tissé avec elles des liens de confiance dans la durée, et peuvent servir de passeur avec les animateurs et les familles qui fréquentent ces différents lieux. Ceci montretout l’intérêt d’un travail en réseau.

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Favoriser les rencontres parents-professionnels Dans un quartier de Lille,un groupe de concertation permanentea été mis en place dans le cadre d’un projet de développement social local à partir des plus pauvres. Dans ce projet de promotion familiale sociale et culturelle12, un groupe de professionnels et d’habitants en précarité du quartier, ont croisé regards et pratiques sur des théma- tiques liées à la vie du quartier, aux droits, à la vie des familles.

Cette pratique permet de créer un réseau bienveillant dans le quartier où professionnels et familles dialoguent ensemble et où des professionnels de métiers différents apprennent à travailler entre eux.

Certaines« salles des parents» dans les écoles per- mettent aussi ce type de rencontre, dans lesquelles se bâtit le dialogue entre parents et professionnels.

Rendre accessible l’information sur le développement de l’enfant

La plupart des revues, messages de prévention (sur la santé, l’alimentation, le sommeil, etc.) s’adressent à des parents maîtrisant un certain vocabulaire et ayant des conditions de vie, de logement et des revenus convena- bles. Ils ne peuvent être rec¸us tels quels par des familles vivant en grande précarité. Il est donc important de s’appuyer sur les réalités de vie des personnes, sans stigma- tiser, et sur des rencontres entre pairs en tenant compte du fait que s’approprier des savoir-faire demande du temps.

Beaucoup de parents savent ce qu’ils devraient faire mais ont conscience que ce«n’est pas pour eux». Des che- mins sont à trouver pour qu’ils puissent s’approprier ces savoir-faire à partir de leur propre expérience et vécu, ou de l’expérience de personnes vivant les mêmes situa- tions. En ce sens les parents qui participent à des lieux de réflexion collective comme les universités populaires Quart Monde ou les co-formations, qui nécessitent une réflexion avant, pendant et après, en groupe de parents, nous disent combien cela les a aidés à mieux appréhender les demandes des professionnels, dépasser leur peur pour entrer en dialogue, voire dans une confrontation construc- tive avec eux.

Le rôle des PMI

Certaines salles d’attente des consultations de PMI, quand elles sont conc¸ues comme des lieux d’accueil et de parole, parfois des lieux d’éveil culturel, sont propices à l’échange entre parents et avec les professionnels et à la prise en compte du patrimoine culturel familial de cha- cun. Elles peuvent, si la confiance a été créée, avoir un rôle

12Promotion familiale sociale et culturelle de Lille-Fives, sur le site http://www.promotion-familiale-lille-fives.org/

essentiel dans la prévention, en complément des conseils donnés lors de la consultation.

Dans la journée sur la PMI mentionnée plus haut, les parents disaient :

« Pendant la pesée, on discute aussi avec la puéri- cultrice, elle nous pose des questions sur notre enfant, comment on fait avec lui, on peut demander des conseils.»

«Les conseils, c’est important. Nous les parents, il y a des choses qu’on fait à notre manière qui ne sont pas bien pour le bébé et grâce à la PMI, on peut recevoir beaucoup de conseils, les bases : l’heure à laquelle on couche les bébés (. . .) Parfois on peut facilement appli- quer les conseils. Le médecin peut aussi nous soutenir pour savoir ce que nous devons faire quand on hésite, quand on n’est pas d’accord dans le couple par exemple pour l’alimentation, le médecin peut écrire un régime, ce que l’enfant peut manger.»13

Certains parents se plaignent de ne pas être vraiment écoutés, dans ce qu’ils sont, dans leurs inquiétudes. Seule une écoute véritable, condition de la création de la confi- ance, peut permettre dans un second temps une parole ou une attitude juste. Une mère de famille explique :

«Quand la puéricultrice de la PMI venait chez moi, elle me disait d’apporter ma fille à la CRTTP (soutien par un psychologue professionnel). Elle ne pouvait me proposer que cela. Moi je voulais qu’on m’aide avec le ménage. . . Quand G. a eu trois mois j’ai appris que j’avais droit à 100 h gratuites pour m’aider au ménage par l’assistante sociale.

Certains professionnels ont des choses dans la tête et ne veulent pas voir la réalité des parents.»14

Bâtir un vrai dialogue qui ose s’appuyer sur le savoir des parents sur leur enfant est aussi un défi :

«Ils donnent trop de conseils d’un coup, il faut faire ci, il faut faire c¸a, c’est lourd, on se sent rabaissé, c’est comme si on ne connaissait rien. Et parfois leurs conseils ne sont pas forcément clairs, ils ne sont pas bien orientés dans le bon sens.

On nous dit plein de choses à droite à gauche, mais c’est jamais pareil. (....)

On ne te donne pas les mêmes conseils, c’est un peu contradictoire, tu ne fais jamais bien. C’est quelque chose qui peut inquiéter surtout quand on est jeune et que c’est son premier : on se dit, si je fais pas c¸a, comment je fais ? C¸a peut embrouiller.

Les professionnels donnent l’impression qu’ils savent tout, même s’ils ne savent rien sur notre enfant, sur nous, les parents. Ils donnent des conseils qui sont basés sur une étude, mais une étude n’est pas l’enfant. Ce n’est pas non plus ses parents. C’est nous, les parents de l’enfant,

13Extrait d’une contribution de parents lors d’une journée de travail du réseau ATD Quart Monde famille/petite enfance. Disponible à ATD Quart Monde : secretariat.famille@atd-quartmonde.org

14Contribution d’ATD Quart Monde au rapport sur la petite enfance de la défenseure des enfants, ATD Quart Monde, juillet 2018.

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mais une fois qu’ils sont là, on a l’impression de ne plus trop exister, on n’est plus rien, ils savent mieux que nous.

Pourtant, c’est nous qui savons le mieux. Nous nous en occupons jour et nuit. Ils peuvent donner des conseils basiques concernant l’enfant, mais ils ne peuvent pas te dire comment faire. C’est nous qui devons le sentir avant tout. Alors on finit par dire, ok, oui, oui, je vais le faire ou bien j’ai bien fait comme vous l’avez dit, pour pas créer de problème, on ne dit pas tout, en fait. On fait à sa sauce.

On apprend et on évolue en même temps que son enfant grandit. Alors c’est important de donner des conseils étape par étape en fonction de l’évolution de l’enfant et des parents.»15

Permettre que parents et enfants partagent des expériences culturelles fortes

Beaucoup de parents de milieu très pauvre maîtrisent mal le langage, la lecture et l’écriture, et n’ont pas eu la chance d’avoir accès à des expériences culturelles au sens très large. Des temps partagés entre enfants et parents peuvent permettre de soutenir le lien enfant- parents, en apportant du plaisir, et en créant quelque chose de commun de l’ordre de la mémoire, de l’histoire fami- liale. Ce peut être des rencontres musicales autour des chansons du patrimoine familial de chacun, des lectures partagées d’albums et de récits, des spectacles, des exposi- tions d’œuvres d’art, dans tous les lieux fréquentés par les familles. Ce sont aussi des sorties culturelles partagées, où l’on s’échappe du quotidien et où l’on découvre ensemble de belles choses, autant de moments de bientraitance, source d’une meilleure estime de soi, qui sont de la vraie prévention. Les vacances familiales rassemblent, sur un temps plus long, de tels moments : tous les parents et les enfants qui ont fait l’expérience de vacances en famille à la maison familiale de vacances du Mouvement ATD Quart Monde (Maison«La Bise»dans le Jura) témoignent du rôle de ces temps partagés pour le renforcement des liens parents enfants et de la fratrie, la construction de la famille et la création de souvenirs communs positifs, fon- dateurs de relations renouvelées. Des travailleurs sociaux témoignent combien des parents, après un séjour dans la maison familiale de vacances du Mouvement ATD Quart Monde, étaient transformés, avec un impact positif sur leurs jeunes enfants.

« Quand on a une vie difficile, qu’on n’a pas les moyens, c’est difficile de partir en famille. Certains ne sont jamais partis en famille.

Il faut connaître les aides et oser demander. . .

« Les services sociaux proposent des vacances pour les enfants mais pas pour la famille et on n’ose pas

15Extrait d’une contribution de parents lors d’une journée de travail du réseau ATD Quart Monde famille/petite enfance. Disponible à ATD Quart Monde : secretariat.famille@atd-quartmonde.org

demander.» «Partir en famille, c’est important parce que c¸a laisse des bons souvenirs plus tard, c¸a fait du bien à tout le monde. Passer des bons moments tous ensemble sans stress, sans avoir à dire là on ne peut pas, on n’a pas de sous, dans un endroit qui est beau. . .Ce sont des moments magiques !

Plus tard ce qui reste ce sont les bons souvenirs.»16

Soutien à la conjugalité

Les conflits conjugaux, et les violences entre parents, sont de plus en plus une des raisons de la séparation enfants-parent : le soutien à la conjugalité, la médiation et le conseil conjugal sont des éléments de prévention à développer. En étant conscient que l’humiliation perma- nente et l’auto-dévalorisation sont des facteurs de risque de conflits. Et notamment le chômage qui renforce le senti- ment d’inutilité, de dépréciation et de honte, surtout chez les pères, peut être source potentielle de violence.

Les centres parentaux, reconnus par la loi de mars 2016 sur la protection de l’enfance, qui considèrent la famille, père, mère et enfants, dans sa globalité, et dans l’ensemble de ses besoins (logement, santé, travail. . .) en même temps que dans le soutien à l’exercice de la parentalité, sont une des réponses à la prévention de la maltraitance, surtout parce qu’ils interviennent dans la période délicate de bouleversements et de remaniements que sont l’attente et l’arrivée d’un enfant.

Travailler avec les parents à l’évaluation

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Il s’agit bien sûr d’un idéal, difficilement réalisable, tant les parents n’osent pas dire leurs difficultés, bien qu’ils en soient souvent très conscients. Exprimer ses peurs, c’est aussi montrer ses faiblesses et risquer d’être considérés comme de mauvais parents.

Une volontaire permanente d’ATD Quart Monde dit :

«On dit de Madame qu’elle est dans le déni, qu’elle ne voit pas les difficultés dans sa famille car elle minimise les difficultés au sein de son foyer. Cela renforce le sentiment que l’enfant est en danger. Pourtant, dans des rencontres avec d’autres parents, elle parvient à dire là où elle n’y arrive pas. Mais elle ne le dira pas à l’éducatrice, elle a peur que cela se retourne contre elle et qu’on lui prenne ses enfants.»

16Contribution d’ATD Quart Monde au rapport sur la petite enfance de la défenseure des enfants, ATD Quart Monde, juillet 2018.

17Nous reprenons ici une partie de l’intervention de C. Consolini aux journées d’étude de l’Afirem (novembre 2014) sur«l’évaluation dans tous ses états... pourquoi faut-il en parler en protection de l’enfance ?».

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Cette même volontaire parle d’une femme qu’elle connaît bien : « S. dit : “quand les travailleurs sociaux venaient me voir je disais toujours oui. Je faisais comme si j’étais bête, comme c¸a ils me laissaient tranquilles.”

Quand je rencontre S. dans le service d’action sociale, alors que je la connais comme une femme très volon- taire dans nos actions, là, je découvre une autre femme : tête baissée, les yeux qui regardent ses chaussures. Elle ne répond qu’à demi-mots à la professionnelle qui est en face d’elle. C’est une autre femme. La professionnelle me dira par la suite : “c’est une femme simple, elle a un léger han- dicap.” Alors que pour aller chez elle toutes les semaines faire des activités dans la famille, je n’ai pas du tout cette perception. Je me dis : Comment faire un projet avec une femme qu’on croit handicapée et qui se laisse percevoir comme cela ? Comment s’appuyer sur ses compétences ?» Quand il n’y a pas d’urgence, prendre le temps de se comprendre, de créer une alliance autour de l’enfant peut être le gage d’une meilleure prise en charge par la suite : laisser le temps aux parents de dire leur inquiétude, leur malaise, leurs difficultés, et surtout ce qu’ils souhaitent pour leur enfant et de quelle manière ils peuvent compter sur leur entourage.

Prendre le temps aussi de s’assurer qu’on comprend bien les mêmes choses ou de ce que chacun met der- rière les mots, les situations : par exemple, des parents qui laissent leur enfant dans son lit pour le protéger. Un professionnel est inquiet du développement de l’enfant car il est toujours dans son lit. Pour les parents, le dan- ger est hors du lit. Pour le professionnel, le danger est de laisser l’enfant constamment dans le lit. Ou bien des parents qui ne sortent jamais avec leurs enfants par peur de l’environnement extérieur dangereux. Cette différence conduit le professionnel à penser que les parents refusent de voir le danger et donc à mettre en place des chan- gements nécessaires pour pallier les dysfonctionnements qu’il perc¸oit.

Quand on ne se comprend pas, on résiste, ou on coopère, en pensant que cela évitera des problèmes.

L’angoisse des professionnels et les peurs des parents sont en miroir. Plus l’intervention devient insistante, plus les parents se ferment.

Les repères culturels des professionnels et de la famille peuvent être différents, ainsi appréhender la notion de danger avec la famille est complexe car elle comporte une part de subjectivité. La précarité des familles influence les représentations du danger : tenue du logement, hygiène, présence d’animaux, postes de télé constamment allumés sont souvent pris en compte dans l’évaluation comme fac- teur aggravant.

On note aussi le poids du passé : les parents déjà eux- mêmes placés dans leur enfance, famille connue depuis des générations par les services sociaux, des aînés déjà placés.

L’observation partagée de l’enfant peut être une piste

Partir de l’enfant, de son développement, de sa santé, de ses besoins et non des problèmes et des difficultés des parents peut être une piste à explorer. Professionnels de santé, éducateurs et parents ont le même intérêt pour l’enfant. Apprendre ensemble à regarder l’enfant à tra- vers une observation partagée peut permettre d’apprendre ensemble ce qui peut aider et soutenir l’enfant, ce qui lui manque. Un dialogue peut se construire à ce niveau. Le projet pour l’enfant est un outil qui peut être utilisé dans ce sens et non pas comme un énième document administratif.

Ici les écrits peuvent avoir leur place, éventuellement agrémentés de photos, de vidéos. Écrire ensemble ce que l’on constate chez l’enfant permet de chercher ensemble les bons mots, de partager des inquiétudes, des souhaits, de se dire ce à quoi on veut aboutir et la place de chacun.

Associer la famille à la fac¸on dont on construit les réponses

Avant de prendre une décision, il est intéressant de faire l’inventaire avec la famille de ses propres ressources, et de ce qu’elle peut apporter pour que son enfant aille mieux.

C’est dans ce sens queles conférences familialesou Family Group Conferences ont un grand intérêt. Leur objectif est de donner ou redonner à une famille traversant une situation difficile le pouvoir d’initiatives et de décision face à cette situation. Elles s’appuient sur le réseau de la famille – proches et professionnels – et se donnent comme priorité de soutenir les pistes proposées par ce réseau, en prenant en compte les avis des premiers concernés, les parents et les enfants.

Il y a plusieurs étapes dans ce processus : la préparation avec la famille et son réseau (qui peut prendre plusieurs semaines) ; la tenue effective de la«conférence avec un moment «d’intimité »et de décision familiale ; la mise en place d’un accord portant sur le projet proposé par la famille et son suivi.

Au cours de la conférence, lorsque la famille élargie est laissée«seule», une fois ré-informée de la situation, elle doit élaborer son propre projet concernant l’avenir de l’enfant ou du jeune. Ce projet est soumis aux profes- sionnels des services sociaux et de la justice qui doivent pouvoir identifier ses points forts et les soutenir.

La clinique de concertation est basée sur la même dynamique : apparue en 1996, elle propose une approche originale consistant à réunir professionnels et entourage de la famille, à l’initiative de la famille. Elle ne décide pas à la place des gens des problèmes qu’ils ont, mais elle leur propose d’identifier ceux qu’ils veulent voir traiter en priorité.

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D’autres dispositifs permettent également aux parents de reprendre leur situation en mains : ainsi desséjours de soutien à la parentalité:

«Parfois on nous propose des choses qui nous aident vraiment : un endroit où on peut souffler : le château de Goutelas ! Au château c’était comme une deuxième famille, un lieu très beau dans un château, avec des per- sonnes à l’écoute ; elles ne nous jugeaient pas on pouvait parler, comme si on était chez nous, elles étaient là pour nous aider. On n’avait pas à penser aux repas, et on pouvait faire des activités manuelles, des jeux quand les enfants dormaient. C’est un lieu qui aide beaucoup mais pour c¸a il ne faut pas être forcé pour y aller. Une maman avait été envoyée par le juge et c¸a c’est mal passé.»18

La question des écrits est centrale dans la prise de décision.

Nous avons dit combien les parents peuvent se méfier des écrits, surtout quand ils sont rédigés devant eux mais sans que leur contenu ne leur soit lu, quand les rapports sont faits sans qu’ils en aient connaissance avant de rentrer dans le bureau du juge.

Permettre que les parents aient prise sur ce qui est dans les rapports est important, et peut vraiment être un outil de travail avec eux s’ils sont transparents, notent à la fois les inquiétudes, les difficultés et les atouts et les compéten- ces, ils peuvent servir de document de référence, servir à repérer les avancées, être une vraie mémoire de l’histoire de l’enfant et de ses parents. Des parents en grande pré- carité et des professionnels en Belgique ont fait tout un travail sur les écrits, qui a abouti à une vidéo où pro- fessionnels et personnes accompagnées disent combien ce travail d’écriture commune a transformé leur pratiques professionnelles pour les uns, et la compréhension de leur histoire pour les autres19.

Quand la séparation est nécessaire

Sauf cas très rares, le but de la séparation est de tra- vailler les conditions pour que l’enfant puisse retrouver une vie familiale normale dans un délai le plus court pos- sible. Il est donc important que l’écart des modes de vie entre le lieu d’accueil de l’enfant et celui de la famille ne se creuse pas mettant l’enfant dans des conflits difficiles à assumer.

Le respect de la culture de la famille

L’ignorance de la culture familiale peut être une forme de maltraitance lorsque l’enfant sent que ses parents sont dénigrés, alors que sa prise en compte reste une des

18Contribution d’ATD Quart Monde au rapport sur la petite enfance de la défenseure des enfants, ATD Quart Monde, juillet 2018.

19http://www.mouvement-lst.org/2012- 06_video_vos_ecrits_nous_regardent.html

conditions d’un retour réussi. Il arrive que des enfants doivent subir une rupture avec leur langue maternelle : ces enfants placés ne peuvent plus parler dans leur langue avec leurs parents car les éducateurs, qui font la médiation des visites, ou assistent aux conversations téléphoniques, demandent de parler en franc¸ais par peur que des choses dites n’entravent le travail mis en place avec le placement.

D’autres ruptures peuvent provoquer pour l’enfant des conflits de loyauté : des ruptures au niveau des repères, des valeurs éducatives et culturelles des parents : religion, fac¸on d’exercer son autorité, de fêter les anniversaires, relation à la consommation, à l’argent, etc.

Le travail avec les parents, dans un dialogue qui per- met de mieux comprendre les habitudes familiales, peut éviter ces ruptures, dommageables pour l’enfant dans l’immédiat, et pouvant entraver le projet de retour dans sa famille.

Or, comme l’a rappelé la CEDH (Cour européenne des droits de l’Homme) à de multiples reprises, le but d’un pla- cement est«d’unir à nouveau le parent et l’enfant»20. Dès lors, sauf dans des cas très précis, la durée du placement doit être la plus courte possible et tout doit être mis en œuvre pour maintenir les liens familiaux21.

Garder des liens

Sauf cas de maltraitances graves ne permettant pas de relations parents-enfants, garder le lien est souhaitable pour le présent et l’avenir, même si la raison du placement est liée à des déficiences graves des parents : trop d’enfants se retrouvent à la rue à 18 ans, au sortir d’une prise en charge de l’Aide Sociale à l ’Enfance, car les liens avec leur famille n’ont pas été entretenus ou se sont distendus.

Beaucoup de familles se plaignent de la manière dont les visites médiatisées se passent : si elles sont parfois jus- tifiées et demandent alors d’être prises en charge par des professionnels compétents ayant une formation adaptée, elles sont souvent vécues par les parents comme des temps où tout est contrôlé. Lors de ce type de visites, aucune intimité n’est possible et les parents ont beaucoup de dif- ficultés à avoir des relations naturelles et vraies avec leurs enfants, ce qui leur est reproché par la suite, et incite à continuer les médiations, dans un cercle vicieux sans fin.

De plus, l’absence de professionnels disponibles raréfie la périodicité des visites et entrave la possibilité d’un lien de qualité entre parents et enfants.

Des lieux comme«Espace de Vie»dans le Nord de la France22, permettent que enfants et parents se rencontrent

20À ce titre, voir notamment la jurisprudence de la CEDH : arrêt Olsson c/ Suède, 24 mars 1988.

21À ce titre, voir notamment la jurisprudence de la CEDH :arrêt Ignaccolo-Zenide c/ Roumanie, 25 janvier 2000.

22Voir le témoignage d’un père de famille : https://1001histoires.atd- quartmonde.org/un-g%C3%AEte-pour-aller-%C3%A0-la-rencontre- de-mon-fils-9f8661b02ea3

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dans un cadre qui favorise beaucoup plus le maintien des liens : il est proposé aux familles, en partenariat avec le département, de passer un week-end, voire de courtes vacances, dans un gîte, accompagnées de personnes non spécialisées qui facilitent le séjour et offrent un cadre sécu- risant. Ce séjour peut se faire avec d’autres familles. Il ne donne pas occasion à un rapport à un travailleur social ou à un juge, ce qui favorise la confiance. Des activités dif- férentes peuvent être proposées et les parents participent à la vie quotidienne, cuisine, organisation des activités et peuvent échanger entre eux et se soutenir mutuellement.

Cet espace permet aux parents de retrouver un statut de parents, et aux enfants et aux parents de réapprendre à se connaître en découvrant les richesses et compétences de chacun.

Les accueils de week-end et de courtes vacances constituent un outil et un levier complémentaire pour l’Aide Sociale à l’Enfance et pour les familles.

Ainsi une référente d’un service de protection de l’enfance pouvait dire, après un temps de vacances d’une famille à Espace de Vie : « Maintenant je peux prépa- rer un retour alors que jusque-là je n’aurais jamais osé l’envisager».

Continuer à soutenir les parents

Les parents se plaignent souvent que lorsque les enfants sont placés, on ne les soutient plus pour que leurs conditions de vie changent. Là encore, l’écart peut se creuser entre l’enfant, qui trouve un soutien dans son déve- loppement, progresse, alors que les parents vivent à la fois la souffrance de la séparation et un certain abandon des services sociaux. Le soutien des parents dans leur relation avec l’école, dans les démarches de santé pour leur enfant, dans ses activités culturelles est d’autant plus important.

Un autre aspect de ce soutien est de leur permettre de donner leur avis et d’être acteurs de la bientraitance de leurs enfants : même si depuis de nombreuses années, un effort est fait sur la qualité des lieux d’accueils et sur la formation des assistants familiaux, il reste des dispa- rités dans la qualité de l’accueil de l’enfant, et surtout il persiste des maltraitances institutionnelles, notamment par faute de moyens, avec une grande disparité sur les terri- toires. Comment un parent accusé de maltraitance peut-il comprendre que son enfant continue à subir des maltrai- tances ? Comment le parent peut-il être soutenu en tant qu’usager ?

À titre d’exemple, une famille dont les trois enfants ont été placés à cause de violences conjugales : les deux plus grands de 2 et 4 ans sont placés en foyer, le dernier un bébé de 9 mois, qui était encore au sein, est placé dans une famille qui n’a pas tenu car le bébé était trop en souffrance ; une deuxième famille d’accueil se trouve face aux mêmes souffrances. L’ASE finit par passer outre au règlement de la MECS (maison d’enfants à caractère

social), qui normalement n’accueille pas des enfants de moins de deux ans, et décide en accord avec la MECS de laisser ce bébé avec sa fratrie. L’enfant auprès de son frère et sa sœur a pu retrouver un équilibre et un lien fort avec sa sœur et construire, pendant deux ans, des liens de sécurité avec une personne de référence privilégiée. Au bout de ce temps, il y a eu de nouveau placement en famille d’accueil puis. . .une nouvelle séparation.

Pendant le séjour des trois enfants dans le foyer, il est décidé que la rencontre de la maman se fera successive- ment avec chacun des enfants afin que celle-ci vive un moment privilégié, pendant une heure, avec chacun de ses enfants. Aucun temps familial de cette maman avec ses 3 enfants n’a pu être proposé malgré le fort désir de la maman.

Enfin, il faut signalerla grande disparité qualitative des lieux qui accueillent les enfants placés, depuis l’accueil bienveillant jusqu’à des pratiques contraires aux droits de l’enfant (comme le non-respect de son intimité), sou- vent pour des raisons d’ordre organisationnel, ou par manque de temps donné aux équipes pour réfléchir sur leurs pratiques et se former. Des instances de supervision qui aient un regard extérieur et questionnent les pratiques ou recensent les expériences positives, pourraient être un garde-fou. La participation des parents aux instances de régulation de ces lieux est aussi un moyen à préconiser.

Respecter le droit des parents en protection de l’enfance

Il est étonnant que dans le domaine de la protection de l’enfance, ce qui s’applique normalement à tout citoyen ayant affaire à la justice, soit peu respecté. Les profession- nels ont un rôle important pour informer les parents, les soutenir dans leurs démarches, et dans l’effectivité de leurs droits.

Accès aux écrits

Si la loi rend possible cet accès, notamment dans les mesures judiciaires, la réalité de la mise en œuvre de ce droit reste problématique. À la fois pour des raisons matérielles (selon les tribunaux, ouverture des services du greffe restreinte, nécessité de prendre rendez- vous) et pour des raisons de compréhension de l’écrit et de l’accompagnement des personnes dans la décou- verte d’éléments qui peuvent être douloureux. Le fait de prendre un avocat rend les choses plus aisées, encore faut-il que cela soit possible sur le plan financier, les dossiers d’aide juridictionnelle étant complexes et les démarches longues. Contrairement à ce que pensent cer- tains travailleurs sociaux, la présence d’un avocat qui peut travailler les écrits avec les parents peut vraiment aider à rassurer tous les acteurs, en permettant que les parents

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Points à retenir

Prévenir la maltraitance, c’est en tant que citoyen et/ou professionnel agir pour une société bien traitante, dont le dispositif de la protection de l’enfance n’est qu’un des maillons.

Le travail avec les parents demande du temps pour construire la confiance, se comprendre, travailler sur une globalité, travailler l’accès aux droits fondamentaux.

Importance de s’appuyer sur les ressources de la famille et de son environnement, et sur ce que disent les parents des besoins de leur enfant et des réponses à y appor- ter.

L’enfant a tout à gagner d’une collaboration des professionnels avec ses parents dans toutes les mesures de protection de l’enfance le concernant (Investigation, AEMO, placement,retour dans sa famille).

Intérêt de s’inspirer des initiatives de nombreux pro- fessionnels qui travaillent avec les parents, individuellement ou en groupe, en s’appuyant sur des actions sociales ou culturelles.

puissent comprendre le pourquoi de la mesure et ce qui est attendu d’eux, et puissent préparer l’audience, et que le juge se trouve dans une situation où le dialogue est plus facile. Il arrive encore que des parents ne soient pas infor- més de la possibilité d’avoir un avocat et ne soient pas soutenus dans leurs démarches pour exercer ce droit.

Le contradictoire

La manière dont les parents peuvent préparer la ren- contre avec le juge – éventuellement écrire, (à condition d’avoir accès aux écrits assez en avance) – dont la parole leur est donnée d’une manière libre, fait partie du contra- dictoire, de fait assez rarement respecté en protection de l’enfance (convocation rec¸ue trop tard, absence de l’avocat ou connaissance du dossier trop tardive). De même, le recours à un avocat de l’enfant est peu utilisé, et parents et enfants en sont rarement informés.

Droit à être accompagné par un tiers

La loi permet aussi d’être accompagné par un tiers (qui peut ne pas prendre la parole, mais juste être pré- sent comme«tiers taisant») ; les parents disent combien

cela peut être rassurant pour eux ; quelqu’un qui écoute ce qui est dit, qui pourra reprendre avec les parents dans une période hors stress : le fait de rencontrer un travailleur social, ou un juge, engendre peur et stress et la qualité d’écoute et de compréhension dans ces moments n’est pas bonne ; comprendre ce qui a été dit, le reprendre dans une ambiance plus détendue est un élément d’aide essentiel.

Conclusion

Ainsi les maltraitances envers les enfants peuvent provenir de leur environnement, de l’attitude de leurs parents ou de dysfonctionnements institutionnels. Dans tous les cas, et dans des conditions précises, un travail avec les parents est souhaitable : ceux-ci peuvent se mon- trer acteurs, dans le sens de répondre, avec tous ceux qui entourent l’enfant, à ses besoins fondamentaux. Per- mettre ce travail demande des conditions particulières, est exigeant, mais il conditionne grandement le bien-être de l’enfant et son devenir.

Remerciements

cet article a été écrit avec le soutien du secrétariat famille petite enfance d’ATD Quart Monde.

Liens d’intérêts :l’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêt en rap- port avec l’article.

Références

1.Naves P, Cathala B, Deparis JM. Accueils provisoires et placements d’enfants et d’adolescents : des décisions qui mettent à l’épreuve le système franc¸ais de protection de l’enfance et de la famille. Rapport conjoint Inspection générale des affaires sociales-Inspection générale des services judiciaires, 2000.

2.MRIE (mission régionale d’information sur l’exclusion) Rhône- Alpes. Condition de vie des familles dont les enfants sont en situation de placement : Quels éléments dans les dossiers des services de protection de l’enfance ? Avril 2016.

3.Renoux MC. Réussir la protection de l’enfance avec les familles en précarité. Paris : Editions de l’Atelier, 2008.

4.Martin C (dir.). Accompagner les parents dans leur travail éducatif et de soin. État de la question en vue d’identifier le rôle de l’action publique. Rapport du groupe de travail sur la parentalité. Juin 2017.

Références

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