• Aucun résultat trouvé

Extraits de «Maléfices et Sortilèges» pages 204 à 221 par E. Diricq pages

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Extraits de «Maléfices et Sortilèges» pages 204 à 221 par E. Diricq pages"

Copied!
5
0
0

Texte intégral

(1)

Extraits de « Maléfices et Sortilèges » pages 204 à 221

par E. Diricq – 1910 – 240 pages On y trouve cités :

Stephan Richard Guenin page 4 Henri de la Velle pages 1, 3, 5 Claudat de la Velle page 4

….

Elise Bourquin, confrontée avec la Jacque, déclare qu'elle ne lui a jamais rien donné. Il est vrai qu'elle est allée aux Ermites où elle a pris quelque peu du gros cierge qui est dans la chapelle de Notre-Dame. Elle a aussi rapporté des médailles pour ses fillieux et filleules, et un Evangile de St-Jean; un pèlerin lui a également donné du pain bénit, un tout petit morceau qui n'est pas de la moitié aussi gros que celui qu'on lui montre, mais elle le porte encore présentement à son col dans son Agnus Dei.

Pressée de questions, la Jacque divague, et se met à louer le thériaque de genévrier, excellent remède pour les personnes qui ont mal au cœur. Voici comment on le prépare : « On fait cuire des graines (grains) de genévrier et recuire l'eau qui par après revient en mousse ».

C'était un de ses remèdes de prédilection; la Jacque avait 70 ans, et comme sa sœur Evatte, elle souffrait de mille petites misères qui l'obligeaient à s'entourer de remèdes qui n'avaient que l'efficacité que son esprit leur accordait.

On la reconduisit en prison et on passa à l'interrogatoire de Evatte Meyrat.

Auparavant les juges prirent connaissance d'un de ces rapports que le gros voeble Henri de la Velle libellait avec autant de facilité que de grâce; il s'agit d'une conversation qu'il eut avec Jeannette Meyrat en allant lui porter à manger dans sa prison.

« Je souscrit, gros voeble, atteste que le 3 juin 1654, en donnant à souper à Jeannette Meyrat, icelle me dit qu'elle avait bien entendu crier sa sœur Evatte; mais que le diable l'emporte si elle avait pleuré, d'autant que c'est à son sujet qu'elle-même est en prison. Je lui demandai si elle savait quelque chose d'Evatte. Elle me répondit que tout leur village savait que ses deux sœurs, Evatte et la Jacque, ne se conduisaient pas avec leur père comme elles le devaient ; qu'alors que ceux de la Montagne allaient quérir la graine au Soleure et qu'il faisait si cher dans leur Montagne, ses sœurs Evatte et Jacque trafiquaient de la graine et faisaient du pain pour vendre.

Leur père avait été trois jours sans manger pain et il pria ses deux filles de lui faire une petite michette, qu'il payerait tout ce qu'elles voudraient. Mais Evatte et la Jacque ne voulurent rien faire de peur de le lui vendre meilleur marché qu'aux autres. Alors le père alla pleurer

vers sa fille Jeannette, qui lui donna du pain de cresson qu'elle avait fait par nécessité. Ses sœurs ne voulaient pas faire leur potage en leur logis encore que leur père les en ait priées. Elle-même, Jeannette, leur disait : « si vous avez du pain, vous pourrez le manger à votre commodité; si vous avez du beurre, du sel, vous le mettrez dans vos potages, et si vous n'en avez pas, vous n'en mettrez point, mais par ainsi vous ne ferez pas voir votre pauvreté dans les ménages étrangers et voisins. Il vaut mieux que vous demeuriez pour manger votre pain et le peu que vous avez, que d'aller par les maisons importuner les gens. Mais Evatte et la Jacque sont toujours allées tantôt dans un logis, tantôt dans un autre, et quand il arrivait quelque accident dans un logis, icelles changeaient de maison. »

« Et que pensez-vous que les voisins disaient? »

« Les uns disaient qu'on a brûlé leur mère et qu'elles ne sont pas meilleures qu'elle; les autres, que si elles étaient de bonne façon, elles demeureraient auprès de leur père pour faire leur potage, voir qu'il fallait qu'elles portassent du bois hors de leur logis pour ce faire. »

« En outre, Jeannette m'a encore dit, aujourd'hui, 11 juin, lorsque je suis allé ouvrir la porte de sa prison, alors que le sieur curé était venu la consoler, qu'elle pensait que je venais la quérir pour la mener es grenier pour endurer la question, et qu'elle avait bien peur, mais qu'elle priait qu'on la lui donnât tout d'un jour afin qu'elle fût tant plus tôt quitte. »

Interrogatoire d’Evatte Meyrat.

On a entendu dire qu’elle avait quelques graisses en maniance, d'où elle les a ? et ce qu'elle en fait ?

Que feu Monsieur le curé du Noirmont lui avait baillé du tirain (tumeur) pour lui faire crever un bol qu'elle avait en l'estomac; qu'elle a aussi du baume pour se frotter une hanche laquelle lui fait mal. Que l'on doit tout éprouver cela et en bailler à chevaux, vaches et autres bestiaux; que cela ne pourra les grever, sinon elle se soumet qu'on lui fasse la mort.

On lui montre le verre dans lequel il y a une matière noire et on lui demande ce que c'est, qui le lui a donné et pour quoi elle s'en sert?

- C'est du thériaque de genévrier; elle l'a depuis cet hiver passé; sa sœur Jacque lui en a donné quand elle avait mal au cœur; qu'elle en mangerait bien devant le juge, qu'elle en prend presque chaque fois quelle ouvre son arche, étant bien sujette à des douleurs.

On lui montre une petite fiolette contenant une certaine huile, et on lui demande ce que c'est et d'où elle l'a ? - C'est de l'huile d'olive; elle s'engraisse une cuisse avec cette huile et du brantvin parce que la dite cuisse lui fait mal intérieurement, nonobstant qu'on n'y voit rien. Cela lui coûte un batz; elle l'a achetée chez un nommé Jean Lallemand dans la ville de Neuchâtel; la bouteille lui a été donnée par sa sœur Claudine qui est mariée à Valangin.

(2)

On lui montre trois petits morceaux de certaine graisse trouvés chez elle ?

L'un de ces morceaux est du beurre avec lequel sa marâtre a fricassé des perchettes, il y a environ deux ans; qu'elle s'en sert pour un pied quelle s'est cassé lorsqu'elle allait à Soleure quérir de la graine; qu'elle le frottait tous les jours jusqu'à ce qu'il fut guéri et s'en est bien trouvée.

Il lui est montré deux autres petits morceaux de graisse

?

Dit que l'un est du baume, qu'elle l'a acheté à St-Imier pour frotter sa cuisse malade, qu'elle s'en est servie deux fois, mais que cela ne lui a rien aidé.

Il lui est montré deux petites pièces blanches comme du suif?

Dit que l'une est de la moelle, et l'autre du suif de cerf que lui a donné Marguerite, veuve de Jean Baulme des Bois Ruedin, qu'elle s'en servait pour frotter son genouil auquel elle s'était fait mal, ne sait comme, il y a environ deux ans.

Il lui est montré une autre petite pièce de couleur jaune

?

Dit que c'est de la couperose que son frère Jean Meyrat lui a donné gratuitement pour rien, il y a environ un an, et qu'elle s'en sert pour se laver les yeux.

Si elle n'a pas coutume de jouer es cartes ? Répond qu'elle sait bien pourquoi on lui demande cela, que c'est parce qu'elle a trois ou quatre dés dans une botte; qu'il y a 9 ou 10 ans qu'elle les a trouvés sur sa fenêtre et qu'au diable soit si elle les a maniés depuis lors.

Quant à l'autre pierre qu'on lui montre, elle dit l'avoir prise aux rochers de Notre-Dame de la Pierre, parce qu'on lui avait assuré qu'elle était bonne pour le mai de dents; elle s'en est bien servie beaucoup de fois, mais néanmoins ses dents lui sont toutes tombées. Pour les autres choses, ne sait plus ce que c'est, sauf ces petites graines dans ce papier, qu'on appelle de la mort es vers, et ce petit Agnus Dei qu'une religieuse lui a donné il y a longtemps et qu'elle a porté jusqu'à ce qu'il fût usé. Ne sait toutefois s'il contient quelque chose de bénit ou non et qu'elle ne voulait pas le découdre pour regarder dedans.

Si elle n'a point usé quelquefois d’œuvres diaboliques ou de sortilèges ?

Le nie tout à fait, qu'on lui fait tort, qu'elle n'est pas de ces gens, que jamais elle ne le dira, même si on la mettait aux cordes, quoiqu'elle sache bien qu'elle n' échappera pas à la mort, si on la torture.

Pourquoi elle pense cela? Parce qu'elle est d'infirme nature et déjà devenue faible par un long emprisonnement. Alors elle aurait plus de profit de dire la vérité que de renier ce qui est déjà prouvé sur elle. Si on me fait mourir, Notre Seigneur fera voir la vérité.

Sait-elle qu'Elise Rouhier a été exécutée et qu’elle l'a toujours accusée? Que oui; elle l'a entendu dire aux

qu'Elise Rouhier lui fait tort, et que si elle est morte sur cette accusation, elle n'aura pas fait le salut de son âme.

Combien de fois elle a été par ces Combettes avec ladite Elise ? Qu'elle n'y a jamais été et qu'elle ne lui a vu faire aucun mal. Puisqu'elle ne veut pas dire la vérité, on va la mettre à la torture et on lui présente le maître.

Elle répond qu'on peut lui ouvrir les narines, les yeux, la bouche et tous ses membres, qu'on ne trouvera aucune mauvaise marque sur elle, car elle n'est pas sorcière comme on le dit.

Qui est-ce qui l'accuse? Des enfants possédés, celui de Pierre Péquignat, de Germaine Bourquard et autres.

L’enfant de Germaine Bourquard dit qu'elle lui a donné deux pommes de bois, mais il lui fait tort, car il n'était pas là lorsqu'elle fut dans leur maison.

Avec qui parlait-elle la nuit dans sa prison? La première nuit qu'elle y fut, il y alla deux petits enfants tout blancs qu'avaient chacun une chandelette de cire et avec eux une belle dame toute blanche, laquelle reluisait et par ce moyen faisait lumière dans la prison.

Si elle leur a parlé ? Qu'elle n'osait de peur de les faire sortir, que pensant toucher les enfants, ils s'évanouirent, et nonobstant qu'il lui semblait avoir sa main bien près de la femme, elle ne la pouvait toucher ou palper.

Combien de fois cela lui est arrivé?

La femme trois fois, et les enfants presque chaque nuit, tantôt vers les 9 heures du soir, tantôt environ les 11 heures.

Les juges ordonnèrent au maître de lui couper les cheveux et de la déshabiller.

Je suis contente, dit Evatte, de me mettre toute nue pour être visitée.

Croit-elle qu'on veut chercher une marque sur son corps

?

Y n'en ai point et n'ai jamais eu affaire avec le diable.

Etant attachée à la torture, elle fut levée , et par réitérés intervaux tombait comme en extase, et par autres intervaux parlait.

On lui soumet tous les points des enquêtes; elle nie tout;

elle n'a jamais empêché Claudat Péquignat de mener son bois; elle n'a jamais souillé les diables à personne; elle ne sait pas ce que c'est que le sabbat et n'en a jamais entendu parler. Puis elle demande à boire, elle a soif; on lui donne de l'eau bénite , dans laquelle il y en avait de celle des Trois Saints Rois. Elle pousse de grands cris et appelle sa sœur Jeannette.

On lui demande pourquoi elle l'appelle ? Elle répond que c'est pour prier pour elle.

On l'exhorte très explicitement à dire : « je renonce à Satan dès maintenant, et à cracher par terre en dépit de lui ». Jamais, dit le greffier, elle n'a voulu absolument répéter cela, mais a toujours répondu « qu'elle renonçait de n'avoir jamais eu affaire avec lui, et qu'elle ne l'avait jamais vu, partant qu'elle n'avait à faire de le renoncer ».

(3)

Les juges ne purent pas en tirer autre chose, et après l'avoir laissée encore quelque temps avec le maître, elle fut reconduite en prison.

Tous ces interrogatoires furent soumis au Prince, qui eut le bon esprit de faire relâcher ces trois femmes.

Le 20 juin, les juges enquêteurs rendirent leur sentence en y ajoutant, selon l'usage, quelques réserves relatives à la liberté dont elles pourraient jouir à l'avenir. Cela ne fut point du goût des trois Meyrat. Tenaces et pas si bornées malgré les apparences, elles firent adresser par leur frère Jean Meyrat une plainte en bonne forme contre le gros voeble et les personnes dont elles prétendaient avoir à se plaindre. Henri de la Velle prit sa bonne plume et libella la réponse suivante. , Reme et Illeme Seigneur et Prince.

« Pour informer circonstanciellement et avec meilleure vérité sur la très humble et pitoyable requête de Jean Meyrat, du Noirmont, il importe de dire que la dite requête est fourrée et tapissée de mensonges et de choses que le papier et celui ou celle qui excogite ces incertitudes devrait rougir de honte d'ainsi inconsidérément et irrespectueusement les représenter à Votre Excellence, laquelle sera informée en vérité qu'Evatte, Jeannette et la Jacque durant leur détention ne pouvaient être durement traitées, car les prisons dans lesquelles on les a mises sont légèrement supportables et communes à ceux qui tombent en quelque faute accidentelle et non criminelle. La Jacque a même toujours été gardée dans un poêle et avait libres mouvements dans la maison, mais toujours néanmoins à l’ oeil de la garde. Toutes trois étaient traitées avec pain blanc de boulanger, et Evatte fut appliquée à la torture sans pierre ni poids. Elle n'est aucunement percluse d'un bras ni d’aucun membre, puisqu'il conste par relation d'officiers qu'elle va chercher son bois et le porte par grandes brassées ».

« C'est une imposture trop impertinente de dire qu'Evatte ait été condamnée à ne pas s'éloigner de quelques pieds de sa maison, à ne pas changer d'habits ni de lit, et qu'elle soit réduite à un état plutôt bestial qu'humain, car la sentence du Noble Conseil du 20 juin n'en fait aucune mention. Vrai est qu'on l'exhorta de ne pas prendre vengeance de fait ni de parole contre personne, de se comporter sans scandale, de ne point converser avec ses voisins, ni fréquenter les maisons d’autrui, mais de demeurer en la sienne sans en sortir, sinon pour l'exercice de l'église et ses négoces très nécessaires. Néanmoins, dès le mardi 7 Juillet, on les a vues en pleine foire de Saignelégier ni plus ni moins que d'autres personnes ».

« Il n'est pas hors de propos de dire que le père des dites filles ne voulut pas revenir en son logis lorsqu'il sut qu'Evatte avait été libérée. Il aima mieux aller ça et là avec sa pauvre femme - sa seconde ou sa troisième femme - que de résider dans un même corps de logis ».

« Leur frère n'est pas en moins pitoyable réputation que ses sœurs, ainsi que le prouvent tant de maux que les enquêtes d'office chantent contre eux... »

On sent que les particuliers du Noirmont n'ont pas dû être très charmés de cette libération; il leur était pénible de voir revenir parmi eux ces trois femmes qui leur causaient tant de craintes. Elles n'étaient pas les seules, du reste, que la rumeur publique accusait, et jusqu'en 1670, il y en eut plusieurs autres qui furent l'objet d'enquêtes importantes. Nous ne retiendrons que Jehannette, femme de Richard Noirat, des Rouges Terres; Marie Grisard, femme Theubet et Magdeleine, femme de Girard Morel.

Ces trois procès sont de 1670. Ils ont été conduits simultanément contre ces trois femmes. Durant ces quelques années; de nouvelles formes de superstition ont apparu; du moins les procès-verbaux n'en avaient jamais fait mention jusqu'ici. Ce qui n'a pas changé, c'est l'esprit du peuple, qui voit le diable partout et qui parle toujours des possédées, quoique leur nombre paraisse cependant avoir diminué.

Vingt années auparavant, dans certains villages des Franches-Montagnes, on leur avait réservé à l'église une place particulière, où elles se tenaient debout en gesticulant et en accusant à haute voix les femmes qui les avaient ensorcelées. Les derniers procès n'en font plus mention.

François Donzel, demeurant es Esserlatez, revenant de la chasse, à la nuit close, vit, à ce qu'il lui sembla, la figure d’un renard. Il rabattit le chien sur le rouet de son arquebuse et voulut lâcher le coup, mais au même instant une femme se dressa devant lui. C'était Marie Grisard, femme Theubet, qui étendait du filet dans la campagne.

Samedi dernier, environ l'heure de la Salutation Angélique du soir, revenant contre les Esserlatez et arrivé proche de la fontaine des Charmattes, il entendit comme un joueur de fifre et une voix de femme qui disait « Le voici; si le diable n'y est, nous le ferons bien venir et danser ». Il reconnut la voix de Magdeleine, femme de Girard Morel.

Sans doute elle ne devait pas avoir une très bonne réputation, car le déposant fut appréhendé de crainte et se pourvut d'un cramaille de fer qu'il portait à Erard Ruedin.

Soudain, une femme l'empoigna et lui déchira sa casaque. Le déposant voulut la frapper, mais il tomba à terre avec la femme qui s'était accrochée à lui et qui était celle déjà nommée. Il se releva et lança à main renvers un coup à une autre femme, qu'il reconnut être Marie Theubet. Il y en avait encore une troisième, qu'il ne reconnut pas.

Il s'en alla en hâte au logis et il entendit encore une de ces femmes qui disait : « Commère, Commère, relevez- vous ».

(4)

Le lendemain, il apprit que la femme Theubet était blessée près de l'oreille.

Jean-Richard Erard, en allant chercher ses chevaux du côté de la Seigne du Moulin des Reyes, trouva du filet étendu près de l'étang, et Georges Mauvais, qui est actuellement en Bourgogne, lui a dit qu'il avait vu la femme Theubet, filer es jours de Noël, des Rois et du Bon An, que cela ne lui plaisait pas et que c'était le sujet pour lequel il avait quitté le pays, car quoiqu'il eût six vaches, il en faisait si peu de fruit comme s'il avait eu six bœufs."

Françoise Girardin dit qu'après l'attaque dirigée contre François Donzel, la femme Theubet alla chez elle un certain dimanche, où étant, il y avait une fillette qui la regardait fixement. La Theubet s'écria - Cette fille me regarde bien, croit-elle que les cornes me viennent déjà

? La déposante la regardant à son tour, vit que la visiteuse était toute noire au visage et à l'entour des yeux. Ayant parlé de l'agression dirigée contre Donzel, la femme Theubet opina : « Il trouve toujours quelque chose que personne ne trouve que lui; diable y ait part qu'elles ne l'ont tué, il en devait prendre une et la mener à son logis pour la connaître ».

Françoise, femme de Claudat de la Velle, a été assister la femme de Jacob Dubois qui était en travail d'enfant; il s'y trouvait une foule de voisines et aussi la femme Theubet. La Françoise revint chez elle vers les 10 heures du soir et comme il était tombé un peu de neige, elle reconnut très bien ses pas le lendemain matin, lorsqu'elle se leva de bonne heure pour aller à Saignelégier. Elle reconnut aussi les pas de la femme Theubet et d'un homme qui l'avaient accompagnée jusque proche le Bois; là, l'homme s'était retourné, mais les pas de l'autre personne continuaient et il y avait d'un côté et de l'autre des pas de quantité de petits chiens.

Elle les suivit jusque près d'une fontaine où les dits vestiges disparurent subitement, tandis que les pas de la femme Theubet continuaient directement contre son logis, mais sans traces de ces bételettes.

Stephan Richard Guenin, de Saignelégier, a eu un procès avec le mari de la femme Theubet. Un dimanche en sortant de l'église, le dit Theubet le mena dans le cimetière et lui dit avec grandes larmes à l’œil : « Y a très grande pitié à moi, si tu le savais; je te baillerais volontiers ma jument, mais ma femme la Marie est si terrible, et si rude, et si mauvaise, elle me bat, me tire toute la barbe, elle tire le lait aux vaches. Ah ! si je disais à la Seigneurie comment elle est, je sais bien qu'on serait tout content de la saisir ».

Le déposant lui répondit que cela ne regardait en rien leur affaire, et il croit, que « s'il l'est épluché et interrogé plus outre, il lui aurait dit tout ce qu'il pouvait savoir ».

Jean Guérry a vu Magdeleine Morel communier dans l'église de Saignelégier ; il a remarqué qu'après avoir bu le vin qu'on donne ordinairement après la communion,

premier doigt de la main droite dans la bouche et immédiatement après porta sa main dessous son devantier 1. Il en eut de grands soupçons...

François Farine a été bien ennuyé par les maléfices de la femme Morel. Avec ses serviteurs Jean Wuillemin et François Guérry, qui d'habitude couchaient à l'étable, ils entendaient pendant la nuit que l'on tirait le lait des vaches, comme la servante le faisait de jour; néanmoins ils avaient beau regarder, ils ne voyaient personne. Son beau-frère lui ayant appris quelques sciences, il en usa pour désensorceler ses vaches, et tout de suite après, leur voisine la femme Morel, sur laquelle ils avaient des soupçons, fut brûlée et devint malade.

Le fils de Marguerite Ecabert a aussi trouvé du filet qu'il apporta à sa mère; ils le cachèrent pendant deux ou trois jours, et pendant ce temps, ils remarquèrent que leurs vaches donnaient beaucoup de lait. Le filet disparut sans qu'ils sussent comment. Marguerite Ecabert a aidé une fois la femme Morel à battre son beurre; elle a remarqué qu'elle en faisait beaucoup plus qu'elle n'avait de crème.

Elle lui dit: « Tante Magdeleine, vous faites beaucoup de beurre, si quelqu'un vous aidait, on en serait bien ébahi ». Elle ne lui répondit rien, mais depuis lors, elle ne l'appela plus pour ce travail.

Claude Girardin, du Bémont, après s'être plaint comme tous les autres témoins d'accidents inexplicables, ajoute que feu son frère s'étant une fois trouvé au logis de Jeannette Noirat, qui était soupçonnée de sortilège, revint chez lui tout transporte d'effroi et raconta qu’étant caché dans la grange des Noirat, il avait vu des choses si horribles et si grandes que jamais il ne les oserait dire sinon à un père confesseur. Lorsque François Girardin voulut épouser la fille de Jeannette Noirat, le déposant et un de ses voisins nommé Thibaud, étant curieux de savoir le contenu du traité de mariage, allèrent une, nuit que l'on n'y voyait goutte, devant les fenêtres du logis de ladite Jeannette, Elle était couchée ainsi que son mari, et François, leur futur beau-fils, se promenait dans le poète, en parlant par ensemble du dit traité. A peine étaient-ils là depuis quelques minutes, sans avoir fait aucun bruit, que Jeannette s'écria depuis sa couche.

« On nous écoute, va voir ». François se dirigea vers la fenêtre et comme les deux écouteurs se baissèrent, il ne les sut voir, et François répondit : « Il n'y a personne »,et ils recommencèrent leurs discours; mais Jeannette répliqua qu'elle était assurée qu'on les entendait et écoutait depuis dehors; elle se leva elle- même de sa couche pour aller voir. Alors les deux voisins s'enfuirent et ils eurent peine à se suivre à cause de l'obscurité du temps. Une autre fois, il avait trouvé un petit chapelet dans un champ; le lendemain Jeannette, qui était absente, lui réclama ce chapelet en lui donnant toutes les circonstances où il l'avait trouvé, ce qui parut bien étrange au déposant.

(5)

Guenin Bridenaulx, du Bémont, a entendu Richard Noirat reprocher à sa femme de se rendre invisible à sa propre vue. Un matin, au petit jour, allant à une foire de St-Imier, et passant par le clos de Richard Noirat, il vit deux figures de personnes totalement noires qui sortaient d'un monceau de bois près de la grange et qui s'enfuirent et disparurent subitement.

Jean Girardin, le jeune, a entendu Richard Noirat se plaindre de sa femme à feu le maire Donzel en alléguant qu'il ne savait que faire avec elle, que lorsqu'il la voulait battre, à sa propre vue elle se rendait invisible.

Claudi Noirat, du Bémont, revenant l'hiver passé de Saignelégier vers les 2 heures de la nuit, s'en allait priant, avec son chapeau sous le bras. Arrivé dans la closure du fief des Rouges Terres par où le chemin passait alors, il rencontra deux femmes baissées de chaque côté du chemin. Il eut quelquement peur, recula et dit : « Sorcières, allez au diable loin de moi ». Cette apostrophe les fit fuir; il estime que l'une était Jeannette Noirat et l'autre Agathe sa fille, femme d'Etienne Jolidon. Fauchant avec Richard Noirat un bout de pré, ils vinrent à parler des soupçons qu'on avait contre la Jeannette . si on parlait ainsi de ma femme, dit le déposant, je le saurais entièrement, et vous qui êtes pour d'autres petites choses sitôt offensé, vous devriez savoir la vérité.

J'ai fait mon devoir, répondit Richard, mais en ayant parlé au gros voeble Henri de la Velle, il m'a dit que je devais laisser tout cela.

Nicolas Beuret dit que Jeannette Noirat est maldisante, jaseuse, mécroyante et d'une étrange humeur. Il a entendu la vieille Parrenon - une autre sorcière - dire que, si elle se mettait à parler, elle ferait rougir le nez et le bec de la Jeannette et qu'elle en aurait assez. Le mardi des fêtes de Pâques dernières, en revenant de l'église, il passa devant la maison de Marie Theubet qui était seule en son logis, car elle était veuve pour lors. Il lui demanda ce qu'elle faisait; elle répondit qu'elle lisait tout au long dans un beau livre « des sept trompettes » - un livre de magie - où elle voyait que le diable se mettait parfois en figures de femmes pour épouvanter les personnes, et que ceux qui les voyaient croyaient que c'étaient des femmes véritables, quoiqu'elles ne fussent que figures. Il sait que la mère de cette femme ne valait rien, mais il est sûr que la fille vaut encore six fois moins.

Catherine Girardin raconte une drôle d'histoire. Lorsque la belle-fille de Richard Noirat mourut d'enfantement, la déposante fut appelée cette même nuit pour leur aider à faire des beignets. Voyant qu'il y ……

Références

Documents relatifs

C’est pour aller plus loin dans les changements et pour avoir du plaisir aussi que l’Association franco-culturelle de Yellowknife organise pour une première année

une des six pages au hasard en relançant le dé sinon, vous choisirez au hasard un des lien proposé sur la page actuelle en relançant le dé... Récupérer ce code

.تنماسلا ةعانص يف سیل ارسسمأ هسسسفن جاسسجزلا ةعانسسص يف جاسسجزلا لامعتاسا ةداعإ دعت نهارلا تقولا يف و نفدسسلا وأ نیزسسختلا اسسمإ نوسسكی جاسسجزلا اسسیاقب ریسسصم

Ce document est une synthèse du rapport sur le prix et la qualité du service public de gestion des déchets disponible dans sa version complète sur notre site internet. ❶ I DENTITÉ

Ce document est une synthèse du rapport sur le prix et la qualité du service public de gestion des déchets disponible dans sa version complète sur notre site internet Réalisé

(aide : si tu ne sais pas comment faire, commence par un livre qui a très peu de pages) b) Pour numéroter un gros livre, on a eu besoin de

Que la fête continue Debout devant le zinc Sur le coup de dix heures Un grand plombier zingueur.. Habillé en dimanche et pourtant c'est lundi Chante pour lui

«Вновь заселять надо только приграничные области на Дальнем Востоке и юге Сибири, где будут создавать производства, ориентированные на экспорт,