Bâti e t h a b ita t
Avant-propos
Pierre-Marie Blanc (UMR ArScAn - Proche-Orient hellénistique et romain),
Odile Daune-Le Brun (UMR ArScAn - Préhistoire en Méditerranée orientale)
C ette journée «Ethno-archéologie e t h a b ita t », qui rassemblait des intervenants de disciplines variées (archéologues, ethnologues, architectes), a va it pour o b je c tif d 'a p p o rte r l'é c la ira g e d e l'e th n o - archéologie pour l'interprétation des structures e t des formes architecturales e t d e tenter, à travers une vision sociologique d e ces habitats, d 'e n approche r les habitants,
Les différentes approches, qui toutes s 'a cco rd e n t sur l'im po rta nce d e l'é tu d e de l'h a b ita t dans la compréhension des sociétés e t des structures sociales, ont permis d 'a b o rd e r plusieurs thèmes :
— La continuité de l’habitat et les facteurs de son évolution
Ainsi, dans son étude sur la sédentarisation des nom ades d e la steppe syrienne (1930-2000), O. Aurenche montre que les premières constructions des nom ades reflètent l'évolution d e l'architecture de la région choisie pour se fixer et que les principales caractéristiques de l'habitat nom ade se retrouvent dans l'habitat sédentaire.
T. Fournet é ta b lit le m êm e c o n s ta t de continuité dans le cas de l'architecture traditionnelle ouïgoure d e la vallée d e la Keriya (Chine O ccidentale).
Dans la zone basaltique d e la Syrie du sud, J.- M. Dentzer observe, de l'an tiquité à nos jours, la com plexité des phénomènes d e reconstruction ou d e réappropriation d 'h abitats qui pérénisent ainsi des constructions multiséculaires.
À partir d 'u n e lecture socio-culturelle d e l'habitat privé en Mésopotamie, J.-D. Forest propose d e voir dans l'organisation spatiale le reflet de l'Im p o rta n c e q u 'a c c o rd e n t les sociétés traditionnelles à la distinction des sexes et, dans l'évolution d e l'habitat, le passage de la famille nucléaire à la famille-souche.
S'inspirant des m éthodes d e l'analyse urbanistique, R. Vallet insiste sur le rôle des changem ents économiques, sociaux e t politiques dans l'évolution de l'h a b ita t e t d e l'esp ace urbain m ésopotam ien (IVe-llle millénaires).
— L’apport d e l’ethnologie pour la compréhension des données archéologiques
L'architecture actuelle d e l'Arabie du Sud, région isolée e t aux fortes traditions, a été utilisée, croisée a v e c la docu m e n ta tio n archéologique et épigra p h iq u e , par J.-F. Breton pour l'é tu d e des techniques de construction des maisons-tours, leur restitution e t l'interprétation d e leur fonction.
Les observations ethnolo giques effectuée s dans des villages lacustres actuels du bas Dahomey o n t é té em ployées par C. Tardieu, a v e c l'expérim entation e t la modélisation hydrologique, afin d e d iffé re n cie r les horizons d 'a c c u m u la tio n naturels e t anthropiques, une é ta p e préalable et indispensable à l'analyse spatiale des sites littoraux du néolithique alpin.
Enfin, le travail co n d u it par des architectes sur l'h a b ita t a ctu e l d e la vallée d e la Keriya (Chine O c c id e n ta le ) e t la confrontatio n, en cours, des relevés d e terrain a v e c les vestiges archéologiques m ontre to u t l'in té rê t d 'u n e a p p ro c h e ethno- archéologique, dans c e tte vallée, pour l'é tu d e de l'h a b ita t antique, aussi bien sur le plan technologique que fonctionnel. Un autre intérêt d e c e travail est q u 'e n m ontrant que les changem ents d'attribution des pièces peuvent varier en fonction d e la saison et/o u d e l'évolution de la famille, T. Fournet invite à b e a u co u p de p rudence dans l'interprétation des fonctions des pièces à partir d e la seule étude des vestiges archéologiques e t/o u des analyses physico chimiques.
— La question de la diversité et de la similitude ou encore celle de la différence et de la ressemblance, soulevée dans l'é tu d e de Y. Inada, « l'espace dom estique des Parisiens à travers le regard d'une Japonaise » a permis de poser le problèm e de la pertinence d e la perception de l'observateur fa c e à l'objet observé. « Une population que l'on croit indubitablem ent hétérogène peut être p e rçu e c o m m e une e n tité assez hom o g è n e lorsqu'elle est vue au travers d'un regard très éloigné ».