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Ars, étude sémantique et historique du mot latin jusqu'à l'époque cicéronienne

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Academic year: 2021

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Ars, étude sémantique et historique du mot latin jusqu’à

l’époque cicéronienne

Élisabeth Gavoille

To cite this version:

Élisabeth Gavoille. Ars, étude sémantique et historique du mot latin jusqu’à l’époque cicéronienne. Vita Latina, Belles Lettres, 1997. �hal-02386333�

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Vita Latina

Ars, Étude sémantique et historique du mot latin jusqu'à l'époque

cicéronienne

Élisabeth Gavoille

Citer ce document / Cite this document :

Gavoille Élisabeth. Ars, Étude sémantique et historique du mot latin jusqu'à l'époque cicéronienne. In: Vita Latina, N°148, 1997. pp. 65-68;

https://www.persee.fr/doc/vita_0042-7306_1997_num_148_1_996

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DOCTORVM NOVA OPERA

j étude sémantique et

historique du mot latin jusqu'à P époque cicéronienne a)

Ce travail a pour but d'étudier le sémantisme d'un mot clé de la culture antique, mais d'analyse difficile : ars, nom abstrait dont la polysémie parfois déconcertante est encore compliquée par des interférences avec le grec téxvti. L'étude est menée dans une perspective à la fois lexicographique et historique : d'une part, elle propose de montrer comment les diverses significations inventoriées s'articulent les unes aux autres ; d'autre part, il s'agit de retracer l'évolution A' ars, en examinant par coupes synchroniques la structure de son signifié, dans la littérature latine jusqu'à l'époque cicéronienne incluse.

La méthode adoptée s'inspire des principes de l'analyse componentielle : chaque signification est caractérisée à l'aide de sèmes ou traits de sens, ce qui permet de préciser non seulement sa relation à d'autres, selon la typologie proposée par Robert Martin (2), mais aussi son statut, si l'on applique la distinction opérée par François Rastier entre sèmes inhérents (relevant du système fonctionnel de la langue et définissant un sens proprement dit) et sèmes afférents (identifiés à partir du contexte et déterminant une acception, voire un simple emploi) (3).

Ces questions de méthode, auxquelles vient s'ajouter l'immensité du corpus cicéronien, ont déterminé un plan en trois parties. La première est consacrée à ars avant l'époque cicéronienne : après une enquête étymologique (chapitre I), l'étude sémantique (Vars pour la période archaïque est menée en deux temps, d'abord chez Plaute (chapitre II), puis au if siècle av. J.-C. (chapitre III). Dans les autres parties, qui concernent toutes deux le moment cicéronien, la division adoptée correspond en revanche aux différentes séries de sens. La deuxième porte sur les sens anciens A' ars et leurs enrichissements récents : « habileté, adresse » en général (chapitre IV), « habileté 65

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technique, savoir-faire » (chapitre V) et « métier, activité professionnelle ou spécialisée » (chapitre VI). La troisième traite des nouveaux développements sémantiques A' ars : il s'agit d'abord du sens de « science spéciale, discipline particulière » (chapitre VII), dont l'étude est prolongée par un examen des expressions du type artes libérales, et de leur relation avec èyKUKXioç naiSeia (chapitre VIII) ; ensuite, du sens de « technique, méthode particulière » (chapitre IX) ; le dernier chapitre enfin revient sur l'emploi (Cars en contexte philosophique, pour tenter de préciser à quel type de savoir renvoie le mot latin (chapitre X).

DEVELOPPEMENT POLYSEMIQUE D'ARS

De l'étymologie û'ars, nom en *~ti- dérivé de la racine *H2er- (« ajuster »), très productive dans les diverses langues indo-européennes, on peut retenir l'idée d'adaptation et de capacité à ordonner une multiplicité. En conséquence, le sens d'« habileté » doit être placé au centre du sémantisme d'ars, comme celui qui permet de rendre compte des autres. Deux domaines d'emploi concurrents, celui de l'action en général et celui de l'activité déterminée, permettent ensuite de définir deux ensembles sémantiques distincts. Dans le premier, celui des qualités de l'action, le sens d'« habileté » (avec ses acceptions « habileté à tromper, astuce », et au pluriel « procédés habiles, tours »), peut se décolorer pour devenir simplement « qualité, manière d'être », d'où au pluriel concret « façons d'agir, procédés » (qualifiables en bien ou en mal : bonae ou malae artes) et au singulier « ligne de conduite, règle de vie ». La seconde série développe à partir du sens d'« habileté technique, savoir-faire », celui de « métier », d'où par extension « activité spécialisée » et celui de « savoir spécialisé, science, discipline ». Enfin un troisième groupe sémantique résulte du précédent par un processus métonymique : « technique, méthode », d'où « théorie, système » et « traité ».

L'histoire d'ars fait apparaître une objectivation croissante de la notion : du iiT au r siècle av. J.-C, ars se dégage de plus en plus nettement de l'idée de capacité subjective, individuelle, pour devenir apte à désigner toute forme de connaissance objective, théorique ou pratique, ou théorique et pratique à la fois. Ainsi en contexte didactique, chez Lucrèce, Cicéron ou Varron, le pluriel artes recouvre l'ensemble des savoirs constitués, du savoir-faire à la science, qui expriment chacun un aspect de l'intelligence humaine. On doit en conclure qu'ars est l'hyperonyme des noms du savoir en latin :

son sens inclut celui de scientia, de doctrina et de disciplina.

EMPRUNT DE SENS A té

L'extension de ce sémantisme doit beaucoup à téxvti : sur la base de significations communes (« habileté », « habileté technique » et « métier »), ars s'est aussi chargé des

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significations plus intellectuelles du mot grec : « science particulière, discipline » et de « technique, méthode ».

Cette influence s'est exercée en plusieurs étapes. Dès le me siècle, Plaute offre un exemple intéressant de traduction mixte (ars gymnastica pour xéxvn Y^M-vaaTl1CTl) : l'équivalence est donc sentie comme possible, elle est déjà posée, mais il ne s'agit encore que d'une simple mise en contact. Puis les textes du ne siècle hésitent entre l'attraction exercée par la culture grecque (manifeste chez Térence dans l'expression ars musica, sur le modèle de ars gymnastica chez Plaute) et la réaction nationale (sensible chez Caton dans l'emploi du pluriel bonae artes, « bonnes qualités » ou « bonne conduite », sens qu' ars possède en excédent par rapport à son correspondant grec). C'est au ier siècle que le mot ars intégrera vraiment des significations de té^vt! qu'il ne possédait pas auparavant, jusqu'à assimiler en totalité le sémantisme du mot grec. Enfin, par le biais de téxvti, ars peut aussi servir d'équivalent à \1aQ1pa, « objet d'enseignement », émani|XTi, « science particulière », et Xoyoç, « discours théorique », et l'expression artes libérales ou ingenuae rendre le contenu de nmSeia.

La portée de cette influence doit être nuancée, car le mot latin présentait un sémantisme déjà suffisamment complexe pour s'enrichir seul, en fonction des besoins liés à un nouveau contexte culturel (développement des sciences, essor de la rhétorique et acclimatation à la philosophie). Il est difficile de déterminer avec certitude si le contact de téxvti a directement développé l'idée de spécialité déjà contenue dans la deuxième série de sens, ou bien s'il a servi à en éclairer les virtualités (capacité spéciale et savoir spécialisé). Si l'on peut considérer le sens de « théorie d'un art » comme un cas manifeste d'emprunt à téxvti, dans la terminologie de la rhétorique notamment, ars pouvait se prendre ensuite dans l'acception de « traité » en vertu d'une évolution propre, imputable au seul jeu de la métonymie dans des syntagmes prévisibles comme scribere artem (« écrire une théorie de tel ou tel art », d'où « écrire un traité »).

Cependant, ars conserve une part d'originalité. Les significations apparues sous l'influence - directe ou indirecte - de téxvti n'éclipsent pas pour autant les anciennes : « qualité, manière d'être », « façons d'agir, conduite », et « ligne de conduite, règle de vie » demeurent très bien attestées au ier siècle, chez Salluste et dans les discours de Cicéron. En face de uirtutes, désormais réservé à la traduction du grec àpexai, « vertus particulières », le syntagme bonae artes fonctionne comme expression-témoin pour référer aux composantes traditionnelles de la uirtus Romana.

ROLE DE CICERON

Une place particulière doit être faite à Cicéron, tant sont remarquables la fréquence et l'usage $ars chez lui. La réflexion qu'il mène sur la nature et la fonction des divers savoirs, en tant qu'orateur et philosophe à la fois, explique dans une large mesure le nombre important d'occurrences (près de 660).

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Dans l'enrichissement sémantique du mot sous l'influence de téxvti, Cicéron a joué un rôle essentiel. Son goût prononcé pour les couples de synonymes ou d'antonymes (ars et disciplina, ratio et ars, natura et ars, etc.) répond moins au souci esthétique de copia qu'à la volonté de mieux faire passer des significations nouvelles et de les fixer grâce à des associations régulières. Avec une grande habileté, il charge d'un contenu grec des alliances anciennes : bonae artes peut aussi bien signifier chez lui « arts libéraux » et ars et disciplina constituera désormais un hendiadyn désignant les « disciplines d'éducation ».

L'emploi cicéronien A" ars se signale également par une grande continuité des sens. Les traités de rhétorique et les dialogues philosophiques respectent l'usage courant tout en proposant des définitions rigoureuses, fidèles au modèle de la xê^yr] académicienne ou stoïcienne. Cicéron fait entrer en résonance des significations coexistantes, exploite les ambiguïté, joue sur la polysémie. Ainsi, le De oratore tient tout entier dans cette question : qu'est-ce que Vars oratoris ? Et qu'on veuille y voir tour à tour une aptitude personnelle attestée par l'expérience (ars comme facultas), un ensemble de procédés réglés à appliquer (ars au sens de ratio), ou bien l'expression d'une vaste culture (une doctrina composée de multiples artes), c'est le même mot qui sert dans tous les cas. Cet usage complexe suppose que Cicéron a pleinement conscience qu'à un terme n'est pas attaché un concept univoque - c'est-à-dire qu'il n'écrit jamais en pur technicien -, mais aussi qu' ars est pour lui un mot dont le sens reste à élucider et à construire - c'est-

à-dire qu'il fait véritablement œuvre de philosophe.

Elisabeth GAVOILLE Université de Tours

ADNOTATIONES

1. Thèse pour le Doctorat nouveau régime soutenue à l'Université de Paris-Sorbonne Paris IV le 17 décembre 1994, sous mon nom déjeune fille, Menuet-Guilbaud ; directeur de recherche : M. Alain Michel ; autres membres du jury : Mme Danièle Conso, MM. Carlos Lévy (rapporteur) et Claude Moussy (Président).

2. Cf. Pour une logique du sens, Paris, PUF, 1983. 3. Cf. Sémantique interprétative, Paris, PUF, 1987.

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