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Sida : serait-ce vraiment le début de la fin ?

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2418 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 7 décembre 2011

actualité, info

… Le changement des comportements empêche de nouvelles infections, notamment parmi les jeunes …

Sida : serait-ce vraiment le début   de la fin ?

Va-t-on devoir bientôt s’habituer aux annon- ces récurrentes de succès émanant des diffé- rents fronts de la lutte contre l’infection par le VIH ? Millésimé 2011 le rituel préhivernal – et désormais bien huilé – de la «journée de lutte contre le sida» le laisse une nouvelle fois penser. Rendu public quelques jours avant que l’OMS ne fournisse sa propre syn- thèse, le rapport 1 de l’Onusida est, de ce point de vue, riche d’enseignements. En un an – un an seulement – l’institution dirigée par Michel Sidibé estime qu’environ 1,35 mil- lion de personnes ont nouvellement pu avoir accès à la thérapie antirétrovirale (TARV).

C’est là un résultat majeur doublé d’une étape sans précédent dans la lutte contre cette pandémie virale transmissible par voie sexuelle et sanguine ; ce d’autant que la TARV permet de réduire la charge virale des per- sonnes infectées à des niveaux indétectables et que – corollaire – elle diminue de manière importante les risques de transmission. Im- manquable paradoxe : du fait d’un meilleur accès aux traitements le nombre de person- nes vivant avec le VIH n’a jamais été aussi important.

«Fin 2010, on estimait à 34 millions (31,6- 35,2 millions) le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde, soit une hausse de 17% par rapport à 2001. Cela reflète un nombre important et continu de nou- velles infections à VIH et un élargisse- ment significatif de l’accès au traite- ment antirétroviral, qui a contribué à une réduction des décès liés au sida, résume-t-on auprès de l’Onusida. Le nombre de personnes décédées de causes liées au sida a chuté à 1,8 million (1,6-1,9 million) en 2010, contre un pic de 2,2 mil- lions (2,1-2,5 millions) au milieu des années 2000. Au total, 2,5 millions de décès ont été évités dans les pays à revenu faible et inter- médiaire depuis 1995 grâce à l’introduction de la thérapie antirétrovirale. Une grande partie de ce succès a été enregistrée ces deux dernières années grâce à l’amélioration ra- pide de l’accès aux traitements. Durant la seule année 2010, 700 000 décès liés au sida ont pu être évités.»

2011. Trente ans après l’émergence de ce nouveau fléau, le choix pour l’Onusida peut être formulé de manière simple : soit main- tenir les efforts actuels et obtenir des pro- grès graduels, soit investir «intelligemment»

et gagner rapidement en efficacité dans la riposte. Assurer la progres- sion au rythme actuel ou boulever- ser, pour l’amplifier, la dynamique thérapeutique. On pourrait certes se contenter des acquis de ces dix dernières années : chute du taux des nouvelles infections à VIH et dimi- nution du nombre de décès. On pourrait aussi continuer à se con- gratuler pour les financements sans précédent qui ont pu être réunis et mobilisés pour ces program mes.

Une histoire marquée par des ac- cords politiques historiques : la Dé- claration d’engagement sur le VIH/

sida de 2001 et la Déclaration poli- tique sur le VIH/sida de 2006.

«Il y a dix ans, lorsque les dirigeants du monde se sont rassemblés à New York lors de la séance spéciale de l’Assemblée géné- rale des Nations Unies sur le sida, seuls trois pays, le Sénégal, la Thaïlande et l’Ouganda, s’étaient alors distingués pour avoir organisé une riposte efficace contre le VIH, rappelle- t-on auprès de l’Onusida. Aujourd’hui, pres- que tous les pays d’Afrique subsaharienne, d’Asie et d’Amérique latine sont fiers de leur réussite. Le changement des comporte- ments empêche de nouvelles infections, no-

tamment parmi les jeunes. La diminution des nouvelles infections à VIH à travers le monde résulte du changement des compor- tements des jeunes, des professionnels du sexe et de leurs clients, des consommateurs de drogues injectables, des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et des personnes transsexuelles.»

On pourrait donc ainsi parier, du moins dans de nombreux pays où l’épidémie s’est généralisée, sur une combinaison de chan- gements des comportements (dont la dimi- nution du nombre de partenaires sexuels), l’utilisation plus fréquente du préservatif masculin, l’âge plus tardif du premier rap- port sexuel et le recours à la pratique de cir- concision ; selon l’Onusida, la circoncision de 20 millions d’hommes (supplémentaires) avancée thérapeutique

©istockphoto.com/Catherine Lane

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Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 7 décembre 2011 2419 en Afrique orientale et en Afrique australe

éviterait environ 3,4 millions de nouvelles infections à VIH d’ici à 2015. Il faut aussi compter avec le fait qu’environ 400 000 nou- velles infections ont pu être prévenues chez des enfants en six ans grâce aux program mes de «prévention de la transmission mère-en- fant» ; programmes «qui touchent désormais une femme enceinte concernée sur deux».

Accélérer la dynamique ? L’Onusida plai de pour une nouvelle approche stratégique d’in- vestissement qui permettrait d’éviter d’ici 2020 au moins 12 millions de nouvelles in- fections à VIH et 7,4 millions de décès pré- maturés : interventions ciblées sur les grou- pes à risque élevé, prévention centrée sur l’enfant, éducation et prévention avec distri- bution de préservatifs et circoncision mas- culine volontaire. Cette politique nécessite- rait un financement supplémentaire compris entre 22 et 24 milliards de dollars en 2015.

«Nous sommes à l’aube d’une avancée si- gnificative dans la riposte au sida. La vision d’un monde affranchi de toute nouvelle in- fection à VIH, de toute discrimination et de tout décès lié au sida a capté l’imagination des différents partenaires, des intervenants et des personnes vivant avec le VIH ou con- cernées par ce fléau, résume Michel Sidibé, directeur exécutif de l’Onusida, par ailleurs secrétaire général adjoint des Nations Unies.

Il y a quelques années seulement, il parais- sait fantaisiste d’annoncer la fin de l’épidé- mie de sida à court terme, mais la science, l’appui politique et la riposte communau- taire commencent à produire des résultats

certains et tangibles.»

Pour autant, comme le souligne notre – double – confrère Jean-Daniel Flaysakier (médecin et journaliste à France Télévisions) sur son blog,2 cet enthousiasme doit être quelque peu tempéré. Ne serait-ce que du fait de la complexité de la mécanique onu- sienne qui, sur le front du sida, met aux prises l’Onusida et l’OMS qui doivent en outre impérativement compter avec le Fonds mondial qui finance les projets concernant le sida, la tuberculose et le paludisme. Et rien ne laisse penser que l’objectif rêvé par l’Onusida du «triple zéro» (zéro nouvelle contamination ; zéro discrimination ; zéro décès lié au sida) puisse un jour être atteint.

Et ce d’autant que dans l’ombre des indé- niables succès montent d’autres menaces planétaires, notamment économiques et fi- nancières. Pour ne parler que d’elles.

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

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1 Ce rapport est disponible à l’adresse suivante : www.

unaids.org/en/media/unaids/contentassets/documents/

unaidspublication/2011/JC2216_WorldAIDSday_report_

2011_fr.pdf 2 www.docteurjd.com/

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