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Il n’y a pas de mort naturelle...

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2210 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 17 novembre 2010

actualité, info

Il n’y a pas de mort naturelle…

Titre interpellant d’un livre qui se veut – sans prétention à vérité définitive – «Etat des lieux sur le suicide assisté» (Editions Mon Village, 1450 Ste-Croix, 2010). Avec des contribu- tions de trois médecins, d’un pasteur et d’un prêtre, d’une responsable d’EMS, d’un direc- teur de Pro Senectute, et des témoignages de personnes ayant été concernées par la question et sa pratique.

Eclairages variés, de styles différents. J’ai- merais citer de trop courts extraits des au- teurs théologiens – conscient du caractère subjectif de mon choix. Claude Schwab le pasteur titre «Nous me suicidons», pensant à la problématique de la personne et/dans la société. «Toute réflexion sur le suicide assisté ne peut échapper aux questions fondamen-

tales : l’être humain, entité autonome ou par- tie d’un tout ? Entre l’affirmation claironnée d’une autonomie sans bornes et le dogme d’un droit imposé par la société, il y a un che- min à trouver ; [notamment] en actualisant le personnalisme, inspiré par Kant et Péguy. A l’individu, il oppose la personne, qui se sait reliée à une communauté (…). L’être humain est relationnel ou il n’est pas. Fondamentale- ment, j’appartiens à Dieu. Fondamentalement, j’appartiens aux autres. Fondamentalement, je m’appartiens».

Faisant référence à certaines assistances à la survie : «Quand on met fin à une vie, est- ce à cette vie individuelle ou à la prothèse de cette vie ? On a renoncé à l’absurdité de l’acharnement thérapeutique mais il restera toujours des situations limites où la question se pose dans la douleur et la perplexité».

Pratiquement, relevant les analogies entre plusieurs interrogations éthiques : «Sur l’avor- tement, les Eglises protestantes ont adopté une position d’équilibre entre la banalisation et l’interdiction. Elles ont plaidé pour une "dé- carte blanche

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cision responsable", elles acceptent d’entrer sur le terrain du moindre mal, se méfiant des absolus et du piège des idéaux de perfec- tion». Plus loin : «Le débat est ouvert mais il y a un argument contre le suicide assisté qui est irrecevable : celui de la souffrance rédemp- trice».

Le prêtre Philippe Baud évoque une vraie difficulté : «Personne ne peut réellement trai- ter de la mort qu’il n’a pas connue ; de la souf- france, oui». Il pose la question, à toujours garder à l’esprit, de possibles pressions so- ciétales : «Une société qui commerce le "jeu- nisme" s’accommode mal de la maladie et du déclin. La rapide disparition des rites funérai- res en témoigne. Dans un tel contexte, deman- der à s’en aller pour échapper à la dépendan ce est vite salué comme un acte de courage ; si l’on n’y prête garde, cela deviendrait bientôt un devoir moral (…). L’argumentaire pointera la perte des capacités psychiques et corpo- relles, l’humiliante dépendance et l’inutilité de la souffrance. Autant dire que toutes les souf- frances seraient stériles. [Pourtant] la sages-

se populaire ne marche pas unanimement dans cette direction, celle des soignants non plus. La souffrance ne fait pas que détruire»

– le lecteur intéressé approfondira ce point sur lequel les deux personnalités sont en dés accord, ou semblent l’être. Philippe Baud ajoute : «Mais il y a des souffrances qui sont telles que l’on ne peut plus rien désirer d’autre que de mourir : l’envie de "n’être plus" existe (…). Au corps médical, au personnel accom- pagnant, revient la tâche délicate et difficile de faire tout le possible pour que ce désir in- tense d’un "ailleurs" n’engloutisse pas le ma- lade». Vécu : «Qui, dans nos maisons de long séjour, rappelle aux pensionnaires cette voie où puiser un peu de courage pour avancer jusqu’au bout de cette vie ? [Par exemple]

l’aide-soignante marocaine qui se retourne et glisse brièvement, avec un sourire, "Je prierai pour vous"». «Mourir dans la dignité, c’est de- mander de renoncer à vouloir prolonger artifi- ciellement une vie qui s’en va. [Quid de] la grossissante cohorte de ceux qui, les yeux encore grand ouverts mais de plus en plus

hagards, vont comme perdus dans le brouil- lard. Ils ont connu le sentiment accablant d’être à charge, et la perte d’estime de soi.

Bientôt sans force, sans mots, ils trébuchent, errent, à la dérive». Les défis liés aux états démentiels ne sauraient être abordés par le suicide assisté (la loi interdit de telles direc- tives anticipées), mais ils sont présents à l’es- prit de beaucoup.

A l’évidence, nous n’avons pas fini de parler de la légitimité – ou non, et dans quelle me- sure – humaine, éthique, juridique, culturelle, médico-soignante, de l’assistance au suicide.

Dr Jean Martin La Ruelle 6 1026 Echandens jean.martin@urbanet.ch

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