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Découverte de Foraminifères du Trias supérieur dans la klippe des Annes (Haute-Savoie)

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Découverte de Foraminifères du Trias supérieur dans la klippe des Annes (Haute-Savoie)

BRÖNNIMANN, Paul, CHAROLLAIS, Jean-Jacques, ZANINETTI, Louisette

BRÖNNIMANN, Paul, CHAROLLAIS, Jean-Jacques, ZANINETTI, Louisette. Découverte de Foraminifères du Trias supérieur dans la klippe des Annes (Haute-Savoie). Compte rendu des séances de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève , 1969, vol. N.S., vol. 4, no. 1, p. 89-99

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:148723

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C. R. des Séances, SPHN Genève, NS Vol. 4 Fasc. 1 pp. 89-99 1 1969

Paul BRÔNNIMANN, Jean CHAROLLAIS, Louisette KOEHN-ZANINETII et Jean ROSSET. - Découverte de Foraminüères du Trias supérieur dans la klippe des Annes (Haute-Savoie).

1. STRATIGRAPHIE

Etat des connaissances

En 1950, R.IcoUR (en collaboration avec MORET et FEUGUEUR) découvrait pour la première fois des fossiles dans «le Trias des klippes savoyardes» (R.IcoUR, 1962, p. 274); il s'agissait de tests de Lamellibranches de petite taille et de débris végétaux.

Cependant, ces restes organiques ne suffisaient pas à:

- déterminer l'âge des niveaux qui les renfermaient - attribuer une origine paléogéographique à ces facies.

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90 SÉANCE DU 1 cr MAI 1969

En effet, R1couR (1962) décrit sous un «Rhétien caractéristique», une trilogie composée, à partir du sommet, d'un complexe d'argile rouge, d'un complexe de calcaire dolomitique et d'un complexe de cargneule. Cet auteur place le «complexe calcarodolomitique contenant des fossiles, mais indéterminables» dans le Muschel- kalk, mais il ajoute qu'« il pourrait toutefois s'agir également du Keuper moyen quoique les fossiles soient rares à ce niveau». Quant à l'attribution paléogéographique, R1couR écrit (1962, p. 281): «Dans l'état actuel de nos connaissances, le Trias des Annes a plus d'affinités avec le Trias supérieur des Préalpes médianes qu'avec le Trias ultrahelvétique ». Cependant, comme nous le démontrerons plus loin, cet auteur opte plutôt pour la deuxième hypothèse.

Pour tenter de résoudre ces problèmes, nous avons revu (J.R. et J.C.) quelques coupes décrites par R1couR (1962) et susceptibles de comprendre des facies riches en microfaune.

Coupe du chalet de Châtillon

La seule coupe qui nous a fourni des Foraminifères est celle qui se trouve au N du chalet de Châtillon, sur le flanc S du sommet de Lachat. Cette coupe est fort bien décrite lithologiquement par RICOUR (1962, p. 277-279). Nous la résumerons et la complèterons par nos propres observations et par les relevés récents de MouTERDE et RossET (1967, p. 130-131). De haut en bas, la succession est la suivante:

o. Calcaire organodétritique à patine brune ou jaune en bancs réguliers d'environ 20 cm.; au milieu, ces calcaires alternent avec des marnes schisto-gréseuses micacées. Lamellibranches abondants: Plicatula cf.

hettangiensis, Ostrea aff. nodosa, Pecten sp.; à la base, Terebratula

( Rhetina) gregaria fréquente . . . 20m.

n. Marne schisteuse noire passant vers le haut à un calcaire marneux

noduleux. Terebratula ( Rhetina) gregaria assez abondante . . . 0.70 m.

m. Bancs réguliers (0.20 à 1 m) de calcaire organodétritique noir à patine brune, de calcaire dolomitique et de dolomie gris-bleu à patine grise, séparés par des argilites noires moins développées que plus bas. Les surfaces de certains bancs portent de nombreux Lamellibranches.

A vicula conforta a été recueillie vers le sommet . . . .

!. Dolomie en bancs de 0.50 à 0.75 m à cassure gris-bleu et patine jaune alternant avec des argilites noires à Gastéropodes et Lamellibranches:

15 m.

environ.

Ostrea nodosa, Mactromya liasina, Mytilus sp. . . 10 m.

k. Alternance de schiste noir fin et de dolomie jaune. Niveau de plaquettes calcaires à galets arrondis et encroûtés d'oxyde de manganèse. Locale-

environ.

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SÉANCE DU 1er MAI 1969

ment bone-beds à dents et écailles de Poissons (dans la coupe de Chatillon, ce niveau n'existe qu'en blocs éboulés).

j. Argile rouge sans intercalations dolomitiques . . . . i. Argile rouge et verte coupée de 4 bancs de dolomie jaune ocre . h. Argile rouge . . . . g. Argile rouge avec nodules dolomitiques et calcaires jaunes . .

f

Calcaire dolomitique dur, à nodules siliceux et passages oolithiques e. Argile grise légèrement verte . . . . d. Calcaire dolomitique jaune à gros bancs; vers le haut, calcaire pseudo-

olithique dolomitique. A 3 m du sommet, nombreuses empreintes de petits Lamellibranches. C'est à ce niveau que nous avons découvert Glomospira sp., Glomospirella.friedli, Glomospirella para/le/a, Agatham- mina austroalpina, Involutina liassica, Trocholina ? sp. et des Lagénides.

Au niveau d, RrcoUR (1962, p. 279) décrit des pseudoolithes allongées, dont « la plupart ont leur centre occupé par du carbonate chargé d'inclusions denses, d'autres ont un noyau de calcite transparente entourée de dqlomie chargée d'impuretés. C'est de la calcite bien cristallisée et transparente qui occupe les vides entre les oolithes jointives». Nous avons réétudié ces niveaux et nous avons observé de nombreuses oolithes ayant un noyau chloriteux, où parfois se développe du quartz authigène. D'autre part, RrcouR a souvent con- fondu ·des oolithes avec des Foraminifères ovoïdes dolomitisés et recristallisés. Sur la fig. 1, pl. XXI, on peut distinguer dans la partie

91

20m.

8 m.

7m.

1.50 m.

0.70m.

0.30m.

centrale de la photo, une section de Glomospire très recristallisée . . 7 à 8 m.

c.

b.

Calcaire dolomitique gris fumée, peu lité, avec au sommet colorations roses et lits de schistes verts. Dans le calcaire dolomitique, facies pseudoolithiques à Glomospira sp., Glomospirella friedli, Glomospirel/a paralle/a, Agathammina austroalpina et Lagénides

Cargneule à patine ocre . . . . . Discordance tectonique

a. Grès, schiste et calcaire du Flysch.

6m.

lOm.

Cette coupe se poursuit vers le haut sur une épaisseur d'environ 300 m. où MoUTERDE et RosSET (1967) ont reconnu les faunes de l'Hettangien, du Sinémurien, du Lotharingien et du Carixien.

Le terme a appartient au sommet du complexe des schistes à lentilles (wild- flysch) qui a été défini récemment dans une étude sur les éléments autochtones et allochtones du soubassement des klippes des Annes et de Sulens (CARON, CHAROLLAIS et ROSSET, 1967). Les niveaux b à o font partie de l'unité tectonique supérieure (= klippe s. str.).

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92 SÉANCE DU 1er MAI 1969

Datation des« Complexes inférieurs» (R1coUR, 1962) de la Klippe des Annes Dans son étude de 1962, R1couR attribuait (p. 280) au

- Rhétien, le niveau k - Keuper, les niveaux g àj

- Muschelkalk ou Keuper moyen, les niveaux c

àf

- Muschelkalk moyen ou Keuper inférieur, le niveau b

La découverte et l'identification de la microfaune du « complexe de calcaire dolomitique » et plus précisément des niveaux c et d permettent d'attribuer un âge rhétien à toute la série lithologique présentée par R1coUR (1962); seul le niveau b ne peut être daté avec certitude, car il ne semble pas renfermer de microfaune.

Comme MoUTERDE et RossET (1967) l'ont démontré, les termes supérieurs au niveau k doivent être également attribués au Rhétien. Dans la klippe des Annes, ces auteurs n'ont d'ailleurs pas pu établir la limite entre le Rhétien et l'Hettangien, faute d'arguments paléontologiques.

Dans la klippe des Annes, les terrains que nous pouvons attribuer avec certitude au Rhétien, atteignent donc une puissance d'environ 100 m.

Appartenance paléogéographique de la klippe des Annes

R1couR (1962) bien que très prudent, opte indirectement pour l'hypothèse de LUGEON (1946) qui rattachait aux nappes ultrahelvétiques l'ensemble des unités des klippes. C'est pour cette raison que R1coUR emploie la terminologie des étages définis dans les facies germaniques (Muschelkalk, Keuper). Or, les séries d'âge rhétien de la klippe des Annes offrent beaucoup d'affinités avec celles des Préalpes médianes. En effet, dans la coupe de l'arête qui joint le col de Chavan (ou du Savon) à la pointe de Vésine (à l'W du Praz-de-Lys), R1couR (1962, p. 270) signale sous la zone à Avicula conforta, un calcaire pseudoolithique à « Glomospira, Endothyra et Lagena » (détermination MARIE). Cette association que nous réviserons dans un travail ultérieur, rappelle celle que nous avons découverte à la base de la klippe des Annes.

En conclusion, nous considérons comme la plupart des auteurs d'ailleurs, que la klippe des Annes s. str. appartient au domaine subbriançonnais. Il convient donc d'employer la terminologie d'étages définis dans la province alpine.

II. PALÉONTOLOGIE

Les niveaux c et d de la coupe ci-dessus, nous ont fourni une importante micro- faune de Foraminifères. Les formes reconnues, qui appartiennent aux familles des Ammodiscidae, Fischerinidae, Involutinidae et Lagenidae, sont attrituables à des

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SÉANCE DU 1er MAI 1969 93 espèces décrites au Trias supérieur ou au Lias et largement répandues dans tout le domaine alpin. La microfaune de la base de la klippe des Annes se répartit en deux associations. La première, qui apparaît aux niveaux RicoUR c (échantillon CHAROL- LAIS-ROSSET 3323) et d (3324 à 3340), renferme en abondance des Glomospires et des Glomospirelles. Les Glomospires n'ont pas pu être déterminées spécifiquement.

Les Glomospirelles en revanche sont identifiables à deux espèces bien connues dans le Rhétien des Alpes autrichiennes. Il s'agit de Glomospirella friedli KRISTAN- ToLLMANN, une espèce dont la répartition géographique au Trias supérieur s'étend des Carpates (SALAJ, BIELY et BISTRICKY, 1967) aux Préalpes Médianes suisses (BRéiNNIMANN et PAGE, 1966), et de Glomospirella parallela KRISTAN-TOLLMANN, qui n'a été signalée à ce jour que dans sa localité-type, à Starhemberg, en Basse-Autriche.

Il faut ajouter à ces formes des Agathammines, plutôt rares, attribuables à l'espèce triasique Agathammina austroalpina KRISTAN-TOLLMANN et ToLLMANN, et des Lagenides, assez fréquents, non identifiables dans nos lames minces. Les Glomospires et les Glomospirelles de cette association présentent toujours des tests recristallisés, et souvent intensément. Il ne subsiste en fait rien de la paroi originelle, celle-ci ayant été entièrement remplacée au cours des phénomènes de dolomitisation. Les tests, clairs et transparents en lumière transmise, montrent une texture grossièrement cristalline, semblable à celle de la gangue de la roche. Les cristaux substitués à la paroi primaire sont souvent allongés en baguettes, plus ou moins régulières, et disposés radiairement (fig. A 1). Dans les cas d'extrême recristallisation, cet arrange- ment peut donner l'apparence de tests hyalinoradiés, chez lesquels les perforations feraient défaut. Cette texture est considérée comme secondaire, car elle affecte non seulement les Foraminifères, mais tous les débris organiques et les oolithes présents dans le sédiment.

La seconde association, qui peut être observée au sommet du niveau R1couR d (échantillon CHAROLLAIS-ROSSET 3287-3291), se caractérise par l'apparition d'Involu- tinidae, un groupe dont l'importance stratigraphique au Trias supérieur a pu être démontrée dans un travail antérieur (KoEHN--ZANINETTI, 1969). Cette famille est représentée à la klippe des Annes par dés Involutines et peut-être par des Trocholines.

L'existence de ces dernières demeure douteuse, car aucun exemplaire n'est assez bien conservé pour permettre une identification certaine du genre Trocholina. Les Involutines en revanche, bien que très rares, peuvent se présenter dans un meilleur état de conservation. Un spécimen en section tangentielle oblique, rencontré dans l'échantillon CHAROLLAis-RossET 3289 a, est assimilé sans réserve à Involutina liassica (JONES).

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94 SÉANCE DU 1er MAI 1969

DESCRIPTION SYSTÉMATIQUE DES FORAMINIFÈRES Ammodiscidae REUSS, 1862

Glomospirella PLUMMER, 1945

Glomospirellafriedli KRISTAN-TOLLMANN, 1962 PL 1, fig. 8(?), 11, 12, 15; fig. 1 A-D dans le texte

1961. G/omospirella sp. LEISCHNER, N. Jb. Geol. Pal., Abh., vol. 112, p. 4; pl. 1, fig. 8, 9; pl. 12, fig. 2(?)

1962. Glomospirella friedli KRISTAN-TOLLMANN. KRISTAN-TOLLMANN, Erdoel Zeit- schr., vol. 78, p. 229 (4), pl. 1, fig. 1-9, 12-17.

1964. Glomospirella friedli KRISTAN-TOLLMANN. KRISTAN-TOLLMANN et TOLLMANN.

Mitt. Geol. Ges. Wien, vol. 56 (1963), p. 548; pl. 2, fig. 1-5; pl. 5, fig. 1.

1964. Glomospirellafriedli KRISTAN-TOLLMANN. KRrsTAN-TOLLMANN, Pal. Zeitschr., vol. 38, p. 68 (seulement mentionnée).

1966. Glomospirella fried/i KRrsTAN-TOLLMANN. BRêiNNIMANN et PAGE, Arch. Sc.

Genève, vol. 19, p. 86, 87; pl. I, fig. 9-12.

1967. Glomospirellafriedli KRisTAN-TOLLMANN. SALAJ, BIELY et BrSTRICKY, Arch. Sc.

Genève, vol. 19, p. 213-215; pl. 2, fig. 3a (?).

1969. Glomospirellafriedli KRrsTAN-TOLLMANN. KOEHN-ZANINETTI, Jb. Geol. B. A., Wien, Sonderbd. 14, fig. 3 dans le texte.

Glomospirella friedli est fréquemment représentée dans les échantillons CHAROLLAIS-ROSSET 3324 à 3340 (niveau RICOUR d) et plus rarement dans 3323 (niveau c). Les illustrations (pl. I, fig. 11, 12, 15 et lA-D) montrent des coupes obliques bien typiques de cette espèce, chez laquelle la partie initiale enroulée en pelote est suivie de 2 à 4 tours planispiralés. La paroi est toujours dolomitisée et apparaît de ce fait plus épaisse qu'elle ne l'était originellement.

Ce phénomène a pour effet d'aplatir les lumières du deutéroloculus qui deviennent souvent virtuelles, surtout au centre des tests. Le diamètre moyen de la plupart des coupes obliques est de 300 à 400 µ. Le diamètre maximum d'un jndividu observé dans l'échantillon CHAROLLAis-RossET 3336 est de 520 µ. Ces dimensions concordent avec celles des spécimens figurés par KRISTAN-TOLLMANN (1962, 1964).

Glomospirella para/le/a KRISTAN-TOLLMANN, 1964 Pl. 1, fig. 1-6 et fig. 1 E-G dans le texte.

1961? Archaediscus sp. B. LEISCHNER, N. Jb. Geol. Palaont., Abh., vol. 112, p. 5, pl. 1, fig. 14, 15a, 17, 18.

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SÉANCE DU ter MAI 1969 95 1964. Glomospirella parallela KRISTAN-TOLLMANN, Mitt. Ges. Geol. Bergbaustud.,

vol. 14, p. 138, 139; Abb. 2, fig. 8-10.

En association avec Glomospirella friedli, on peut observer de nombreuses sec- tions d'une autre Glomospirelle, dont la silhouette, allongée en coupe axiale, est en tous points superposable à celle de la figuration type de Glomospirella parallela KRISTAN-TOLLMANN. Chez cette forme, presque discoïde, le deutéroloculus décrit un court stade irrégulier et évolue rapidement en une spire plane de 4 à 6 tours. Le début en pelote forme sur les faces supérieure et inférieure du test un renflement médian, peu saillant. La paroi est complètement dolomitisée. Les dimensions maxima des sections obliques varient de 200 à 500 µ. Le diamètre moyen des tests se situe autour de 500 à 500 µ, comme chez les individus décrits par KRISTAN-TOLLMANN.

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FJG. l. -A-D Glomospirellafriedli KRISTAN-TOLLMANN.

Sections obliques montrant la paroi épaissie après recristallisation et les lumières du deutéroloculus aplaties. A, spécimen montrant la texture« pseudoradiée »de la paroi recristallisée. Niveau RJ:coUR d.

A, B, C, échantillon CHAROLLAis-RossET 3339. D, échantillon 3328.

E-G Glomospirella paralle/a KRISTAN-TOLLMANN.

Sections axiales obliques. Niveau RICOUR d. E, échantillon CHAROLLAIS-ROSSET 3328.

F, G, échantillon 3339.

Glomospira RZEHAK, 1885 Glomospira sp.

Pl. I, fig. 7, 9, 10, 13, 14, 16(?).

Le genre Glomospira RzEHAK est bien représenté dans tout le Trias médi- terranéen. A la klippe des Annes, ces formes sont assez fréquentes dans les échan-

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96 SÉANCE DU 1er MAI 1969

tillons CHAROLLAIS-ROSSET 3324-3340, où elles coexistent avec Glomospirella friedli et Glomospirella parallela. Cependant, la difficulté de déterminer des Glomospires en lames minces nous a contraints de faire appel à la nomenclature ouverte, plutôt que d'employer un nom spécifique. Chez les specimens étudiés, l'enroulement du deutéroloculus est complètement désordonné. La paroi est dolomitisée comme chez les Glomospirelles. Les diamètres maxima des coupes obliques varient de 140 à 400 µ.

Involutinidae BüTSCHLI, 1880 lnvolutina TERQUEM, 1862 Jnvolutina liassica (JONES), 1853 Fig. 2 dans le texte.

Synonymie (voir Thèse KOEHN-ZANINETTI, 1969).

Un unique individu en coupe tangentielle oblique (fig. 2) montre des piliers ombilicaux individualisés, caractéristiques des espèces d'Involutines rhétiennes ou post-triasiques (KOEHN-ZANINETTI, 1969 et BRONNIMANN et KOEHN-ZANINETTI, 1969).

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0

FIG. 2. - l11vol11ti11a liassica (JONES).

Section tangentielle oblique. Sommet du niveau R1COUR cl. Echantillon CHAROLLAis-RossET 3289.

La section transversale cordiforme du deutéroloculus, typique d'Involutina liassica, n'est pas reconnaissable en raison de l'orientation du plan de coupe. Les dimensions du test cependant, ainsi que son aplatissement relatif, indiquent qu'il ne peut s'agir que de l'espèce liassica. La section, qui ne traverse que les deux derniers tours, mesure 450 µ. Le diamètre du test doit donc être del' ordre du millimètre. La hauteur du deutéroloculus au dernier tour est de 100 µ, comme chez la plupart des individus de cette espèce.

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SÉANCE DU ter MAI 1969 97

Age des microfossiles

Les Foraminifères découverts et décrits à la base de la klippe des Annes, sont localisés dans les niveaux cet d de RrcouR (1962). Le sommet du niveau d (échantillons CHAROLLAIS-ROSSET 3287-3291), qui a livré des Involutines, est distant de quelques mètres seulement des deux zones inférieures à Glomospirelles. L'ensemble de la microfaune comprenant les associations d'Involutines et de Glomospirelles indique un âge rhétien.

Le meilleur marqueur rencontré à la klippe des Annes est certainement Involutina liassica. Cette espèce, qui est très répandue dans les terrains liasiques, est déjà connue dans le Rhétien des Alpes autrichiennes (KRISTAN, 1957). Sa présence, au sommet du niveau RrcouR d, indique un âge rhétien ou post-triasique, le Rhétien étant considéré comme étage terminal du Trias. Il ne peut en effet s'agir de couches plus anciennes, puisque Involutina /iassica possède des masses ombilicales différenciées en piliers, caractère qui la distingue nettement des Involutines noriennes, ou plus anciennes (KOEHN-ZANINETTI, 1969).

Le second fossile de valeur chronostratigraphique est Glomospirel/afriedli. Cette forme est caractéristique du Trias supérieur et surtout du Rhétien. Elle a été signalée par KRISTAN-TOLLMANN (1962, 1964 a et b) dans le Dachsteinkalk, Trias supérieur (sondage Laxenbutg 2, Bassin de Vienne, Autriche), dans le Dachsteinkalk d'âge rhétien (Loferschlucht, Kossen), et dans le Starhemberg, également d'âge rhétien (Starhemberg près d'Ober-Diesting, Basse-Autriche). G/omospirella sp. décrite par LEISCHNER (1961), et placée par nous en synonymie avec Glomospire/la friedli, provient du Rhétien-Lias inférieur (salzburger Kalkalpen, Autriche). KRISTAN- ToLLMANN et ToLLMANN (1964) ont attribué les Glomospirelles recristallisées du Rhétien (Eisentalhohe, Gürktaler Alpen, Karnten, Autriche) à Glomospire/la friedli.

BRONNIMANN et PAGE (1966) ont signalé cette espèce dans la région de Jaun (Préalpes Médianes Plastiques, Suisse) dans des terrains d'âge probablement rhétien. Dans les Carpates, SALAJ, BIELY et BrsTRICKY (1967) ont trouvé Glomospire/la friedli de l'Anisien au Norien, mais pas au Rhétien. Enfin KoEHN-ZANINETTI (1969) mentionne Glomospirella friedli dans la Dolomie principale de l' Almtal, Haute-Autriche. L'âge attribué est norien supérieur. Relevons encore que cette espèce est aussi présente dans des couches rhétiennes des Dolomites.

Ce sommaire stratigraphique montre que G/omospire/la friedli possède une extension stratigraphique restreinte au Norien-Lias inférieur. La présence de ce Forminifère au Trias moyen nous semble douteuse et l'identification de ce fossile à l'Anisien par SALAJ, BIELY et BrsTRICKY demanderait à être revue. Il est d'autre part possible que les formes du Carnien supérieur décrites par BosELLINI et BROGLIO LoRIGA (1965) appartiennent à Glomospirella friedli, à moins qu'elles ne soient attribuables à Invo/utina gaschei praegaschei KoEHN-ZANINETTI, comme l'admet provisoirement l'auteur de cette sous-espèce (KoEHN-ZANINETTI, 1969).

Compte rendu des Séances, Vol. 4, fasc. !, 1969 7

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Quant à Glomospirella paral/ela, elle n'a été citée que dans le Rhétien de Star- hemberg, en Basse-Austriche. Elle vient cependant d'être retrouvée, en association avec Glomospirella fried/i, dans le Norien supérieur de l'Almtal, Haute-Autriche.

CONCLUSIONS

La découverte de Glomospirella friedli KRISTAN-TOLLMANN, Glomospirella paral/ela K1usTAN-TOLLMANN, Agathammina austroalpina KRISTAN-TOLLMANN et ToLLMANN, Involutina liassica (JoNEs) et Trocholina? sp. dans la base de la klippe des Annes permet d'attribuer au Rhétien l'ensemble des complexes d'argile rouge et de calcaire dolomitique décrits par J. R1coUR en 1962. De plus, l'association faunis- tique est caractéristique de la mer alpine au Trias, ce qui démontre le caractère subbriançonnais de la klippe des Annes, plutôt qu'ultrahelvétique comme l'ont admis certains auteurs (LUGEON, 1964; RICOUR et LIENHARDT, 1954).

Ces recherches ont été entreprises avec l'aide du Fonds national suisse pour la Recherche scientifique auquel nous exprimons notre reconnaissance.

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LÉGENDE DE LA PLANCHE

1-5 Sections subaxiales de Glomospire/la para/le/a KRISTAN-TOLLMANN. Niveau RrcoUR d. Echan- tijlons CHAROLLAIS-ROSSET: 1, 3329; 2, 3333; 3-5, 3338. 100 X.

6 Probablement coupe équatoriale oblique de Glomospirella para/le/a KR!STAN-TOLLMANN.

Niveau RICOUR d. Echantillon CHAROLLAIS-ROSSET 3338. 100 X.

7, 9, 10, 13, 14 Glomospira sp. Niveau RICOUR d. Echantillons CHAROLLAis-RossET: 7, 10, 14, 3329;

9, 13, 3338. 100 X.

8 Glomospire/la friedli KrusTAN-TOLLMANN ou Glomospirella sp. Niveau RICOUR d. Echantillon CHAROLLAIS-ROSSET 3338. 100 X.

11, 12, 15 Sections obliques de Glomospirella friedli KRISTAN-TOLLMANN. Niveau RrcoUR d.

Echantillons CHAROLLAIS-ROSSET: 11, 12, 3338; 15, 3336. 100 X.

16 Coup:! tangentielle de Glomospire ou de Glomospirelle. Niveau RrcoUR d. Echantillon CHAROLLAIS-ROSSET 3338. 100 X.

17 Fragment de Nodosariidae unisérié. Niveau RICOUR d. Echantillon CHAROLLAIS-ROSSET 3336.

250 X.

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COMPTE RENDU SÉANCES S.P .H.N. P. BRÔNNIMANN ET AL. PLANCHE

1 2

6

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