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Analyse intégrale de l'environnement
MOESCHLER, Pierre
Abstract
Les définitions de la santé qui nous sont données, depuis quelques années, par les spécialistes de la santé publique, font état de préoccupations qui rapprochent cette branche de la médecine, de l'écologie et tout particulièrement de l'écologie humaine. Ainsi, l'étiologie de l'anémie à hématies falciformes, sa genèse et son développement en Afrique occidentale ont nécessité, pour être compris, des études dans des domaines aussi variés que la botanique, l'archéologie, l'économie, la linguistique, etc. La réalisation d'enquêtes aussi approfondies, portant sur des populations restreintes, se justifie par le fait que l'étude d'une communauté totale est seule à même d'éclairer l'épidémose, c'est-à-dire le système d'influences concomitantes et de relations causales qui entoure et qui détermine l'apparition d'une maladie dans des conditions naturelles. Une politique moderne de la santé devrait donc accorder l'attention qu'elles méritent aux enquêtes de ce type planifiées dans une optique épidémiologique.
MOESCHLER, Pierre. Analyse intégrale de l'environnement. Bulletin de l'Académie suisse des sciences médicales , 1970, vol. 26, no. 5/6, p. 338-343
DOI : 10.5169/seals-307838
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:103711
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Tira,ge à part du
<Bulletin de l'Académie Suisse des Sciences Médicalesr Vol. 26 (1970), Fasc. 5/6, p.338-3a3
Institut d'Anthropologie de I'Université de Genève
Analyse intégrale de I'environnement
P. Monscur,nlrSi
la pratique
dela
médecine s'aclresse àl'individu,
celle dela
santé pu- bliqueconcerne lespopulations. Bien que ces deux points de vue ne s'opposent pas, ils sont essentiellement différents.Ils
se rapportent à des seuils différents del'intégration
biologique: âu niveâu très concret de l'organismique d'uuepart, à celui, plus difficile à saisir, du
supra-indiviclueld'autre part.
Or, chacun de ces niveaux est l'expression cl'un ensemble de phénomènes quilui
sont propreset
qui nécessitent, pour être appréhendés, le ïecours à une mé- thodologie particulière. Ainsi, des branches dela
biologie telles quela
mor- phologie ou la physiologie, appartiennent au niveau organismique. L'écologie relève, par contre, du supra-individuel; elle afourni,
aux études de popula-tion,
Ie cadre conceptuel dans lequel elles s'élaborent actuellement.Les définitions de la santé qui nous sont données, depuis quelques années, par les spécialistes de la santé publique,
font
état de préoccupations qui rap- prochent cette branche de la médecine de l'écologie, ettout
particulièrement de l'écologie humaine.II
y est, en effet, beaucoup question del'adaptation
de I'homme au milieu-
aussi bien socio-économique et culturel que physique ou bioiogique-
dans lequelil
évolue. La tendance observée actuelleÀent dans la recherche épidéniiologique â encore accentué ce rapprochement. La recherched'un lien
entre Ia maladie et une ou plusieurs composantes de l'environne- ment du malade a eu pour conséquence une prise de conscience, de l'épidé- miologiste, du caractère rnultidisciplinaire de ses études.Et
ceci est tellementvrai,
quela plupart
des tra,ités quel'on
consac e actuellement àla
biologie des populationsfont
une largepart
à l'épidémiologie,voire
àla
santé pu- blique, sans que ces disciplines donnent l'impression qu'elles pourraient être envisagées dansun
cadre clifférent.Une politique de la santé ne se conçoit donc plus à notre époque sans qu'une
attention toute
particulière soit accordée à I'environnernent.Mais, dans quelle niesure l'analyse doit-elle être intégrale, ou, pour être plus proche de
la vérité,
doit-elle tendre à l'exhaustivité?Un exemple classique, que vous me permettrez d'évoquer rapidernent, montre qu'au- cun aspect ne peut ôtre négligé a priori. L'étiologie de l'anémie à hématies falciformes, sa genèse et, son développemeni en Afriqrre occirlenf,ale, ont nénessité, pnur être compris, des ébudes très va,riées.
338
C'est la linguistique qui, la première, a la,issé supposer que son introduction dans cette région du globe n'éta,it pas antérieure au Néolithique. Mais
il
aura fallu, pour cela, que GnnnNnnns établisse sa classification génétique des langues africaines.Le mode de diffusion du gène dont une des conséquences est la distribution actuelle de la maladie, a, été celui de I'agriculture
et
des techniques du fer. L'introduction de I'igname et de certaines variétés indigènes de riz, en Afrique occidentale, a en effet joué un rôIe déterminant. L'analyse écologique a même pu faire la pa,rù des mécanismes mis en cause: migration d'une part, diffusion de l'autre.Cette analyse s'est rér'élée particulièrement efflcace dans l'étude du facteur de sélec- tion, à savoir la malaria, Des disciplines telles que la climatologie, I'agriculture, l'écono- mie,la, parasitologie ou l'épidémiologie des ma,ladies inlectieuses sont tellement,liées da,ns cette étudo qu'il est impossible de les dissocier les unes des a,utres. Linguistique, écono- mie, archéologie, parasitologie, bota,nique, toute une série de disciplines que l'on hésite-
rait à associer, a priori, da,ns une recherche épidémiologique.
On peut déduire de cet exemple, sans risque de se tromper beaucoup, que I'élargissement
du
champd'investigation
d.ecette
dernièrepermettrait
demettre
en évidenceun
certain nombre de relations encore insoupçonnables.Nous définirons deux types d'analyses. D'une
part,
d.es étud.es exhaustivespoftant
sur de petites communautés.D'autre part,
les grandes enquêtes sur échantillons, destinées à analyser Ie nombre de paramètres enfonction
des- quelsils ont
été construits.Une
approche écologique globalen'est
réalisable,pratiquement,
qu'au niveau de communautés restreintes. Elles seules peuvent prétendre donnerlieu
à une analyse intégrale de l'environnement.La justification
de cetype
d'analyse réside dans lefait
quel'étude
d.'une communautétotale
est seuleà
même d'éclairer l'épidémose, c'est-à-dire le système d'influences concomitantes et de relations causales qui entoure etqui
déterminel'apparition
d'une maladie dans des conditions naturelles. C'estun
problèmeimportant parmi
ceuxqui
sont posés àla
recherche épidémiolo- gique.L'étude
de la genèse du développement de certaines maladies héréditairesillustre
assezbien
cettesituation. Elle
permet dedéfinir
quelques-uns des domainesd'investigation qui s'offrent au
chercheuret
rend. sensiblele fait
qu'aucun nepeut
être étudié pour lui-même.La génétique des populations nous apprend, en effet, que la possibilité pour un gène muté d.'atteindre une certaine fréquence dans une population dépend.
souvent d.e causes aléatoires qui se manifestent dans ces petites communau- tés que l'on nomme <isolats>. La reconnaissance de cette réalité,
tout
à la fois génétique et démographique,justifrerait
à elle seule l'analyse exhaustive de l'environnement.La
connaissance des causes dela formation
des isolats estd'autant
plus importante, dans le cas qui nous occupe, que nous avons affaire à une catégorie de maladies qui se signale par I'absence d'une thérapeutique radicale applicable au malade;les moyens d'actionportent
sur l'environne- nrent.Les
causes de I'isolementpeuvent être
denature fort
diverses; géogra- phique par exemple: village isolé en montagne ou absence de moyen de com- munication.Leur
mise en évid.ence suppose une étude du milieu physique.Elles peuvent être dues à l'influence de facteurs socio-écnomiques ou socio- culturels. A l'existence, entre autres, de ces groupes endogames définis par le
fait
que Ie choix du conjoint s'opère en fonction d.e contraintes imposées par Iemilieu:
conscience de classe, appartenance à une catégorie de revenu, à une tranche de prestige ou à un groupe religieux. D'où. la nécessité de passer par I'analysedu
milieu socio-économique et qulturel.Quant aux conséquences d.e I'isolement, elles s'observent avant
tout,
sil'on fait
abstraction de Ia dérive génétique à laquelle il a étéfait
allusion plus haut, au niveau des effets de la consanguinité. Or, cette d.ernière nepeut
être par- faitement étudiée que siI'on
a recours aux d.ocuments del'état-civil
et aux arohives paroissiales: la perspective devient alors diachronique et I'on touche inévitablement à l'histoire.Enfin,la diffusion de ces maladies est souventliée aux migrations.
S'il
s'agit bien là d'un phénomène essentiellement d.émographique, la compréhension de ses motivations relève Ie plus souvent de I'économie ou dela politique.
Nous n'allongerons pas une liste qui ne saurait, de toute façon, être exhaus-
tive.
II
convient cepend.ant de faire remarquer qu'un grandeffort
est encore àfournir
en ce qui concerne Ia mise aupoint
de techniques de mesure et I'éla- boration de procédésd'interprétationvalables.
Certaines méthodes très clas- siques de I'analysestatistique qui
conviennentparfaitement à I'étude
de situations statiques ne permettent plus d'approcher les phénomènes mis en cause par I'analyse écologique.La
possibilité de pouvoir recourir, de plus en plus fréquemment, aux calculateurs électroniques de grande puissance, Iaisse ôependant entrevoir Ie momentoù
de nouvefiestechniqu". *iuo*
adaptées seront devenuestout
aussi courantes et efficaoes.Il
nousparaîtrait
normal qu'une politique moderne de la santé fasse lapart
qu'elles méritent aux études exhaustives, et ceci compte tenu, bien entendu,du
caractère expérimental qu'elles peuvent encoreavoir.
On n'insisteraja-
mais assez sur Iefait
que les résultats qu'on est endroit
d'en attendre dépen-dront
non seulement des moyens, en ohercheurset
enmatériel, dont
ellespourront
d.isposer, mais aussidu fait
que leurs activités seront mieux coor- données et centrées sur des thèmes cléfinis.L'Organisation
mondiale dela
santé,par
exemple,a défini un
certain nombre de thèmesprioritaires pour
lesquels une approche écologique des problèmes qu'ils soulèvent est souhaitée. L'effet de I'urbanisation sur la santé en est un qui nécessiterait, pour être compris, l'étude du processusd'urbani-
sation dans son ensemble, c'est-à-dire une étud.e intégrale du milieu urbain.Le
programme biologiqueinternational
a encouragé, dansle
cadre de la section <adaptabilité humaine>, toute une série de recherchesdont
quelques- unes sont consacréesà
des études approfondies de I'environnement. Ellesportent
principalement surla
structure génétique des populations, le milieu socio-économique et culturel dans lequel elles évoluent, leurs caractéristiques anthropologiques comprises au sensla
ge du terme,l'alimentation,
etc. IJneattention toute
particulière est accordée aux facteurs démographiques.340
Il
y a en effet plusieurs raisons tleprivilégier
ces derniers dans les études depopulation. Ils constituent un
des éléments essentiels de l'environnementdont I'action
donneleur
visagecléflnitif aux populations
humaines.Ainsi toute
une série de ces variablesfont
peser une lourde hypothèque sur cer- taines explications quepourrait fownir
I'analyse même intégrale du milieu.On sait Ie rôle que joue, sur Ia structure génétique d'une génération, Ia oon- sanguinité des parents. On est moins
clair
surcelui qu'il faut attribuer,
entant
que facteur donnant son aspect àI'individu,
à l'âge des parents à la nais- sance, au ra,ng de naissance, à la dimension de la famille, à l'espace intergéné- sique, etc. Ce dernier,par
exemple, est peut-être responsable, quand.il
estcourt, d'un
plus grand nombre de malformations congénitales (J.Suttnn,
1970, à paraître).D'oir la
nécessitéd'étudier
de plus près les conséquences biologiques de I'expression d.es facteurs démographiques.On
doit'constater d'autre part qu'il est souvent
malaiséd'intégrer
les problèmes économiques deIa
santépublique
dansla
réalité des structures d.émographiques.Cette constatation nous amène
à dire
quelquesmots du
deuxièmetype
d'enquêtes auquelil
a étéfait
allusion plus haut. Les recherches exhaustives d.ewaient permettre de dégager de la masse del'information
récoltée cellequi
est nécessaire et suffisante pour comprendre les relations dynamiques
existant
entre les éléments impliqués par un thème. Ainsi,il
ressort de l'enquête éco- logique entreprise dans Ie cadre del'étude
des causes de Iadistribution
de I'anémie à hématies falciformes enAfrique
occid.entale, quela malaria
est seule responsable d.es fréquences élevées observées pour le gène muté, àl'état
hétérozygote.Cette réduction
du
volume deI'information utile
permet dès lors d.'envi- sagersarécolteau niveau de vastes communautés.Elle devrait
permettre cle réduire Ia dimension de l'univers naturel à analyser et d'étendre, par là même, le domained'investigation tlu
chercheur.Ce deuxième type dzanalyse n'est pas nécessairement la conséquence d'une étude exhaustive.
la
récolte de toute une série d'informations consécutive àI'interview et
à I'examen physiqued'individus constituant un
échantillon,extrait
d'unepopulation,
en estun autre
exemple assez souvent pratiqué dansle
domaine dela
santé publique.Il s'agit
d.'éviter alors les nombreuxbiais dont sont
entachées les observations effectuéeslors
de consultations cliniques.Ces enquêtes posent
le
problème des sources deI'information
auxquelles d.oit pouvoir accéd.er le chercheur, au moment de la planifrcation d'une étude d.'unepart,
etl'intégration
des renseignementsqu'il
va récolter aux données existantesd'autre part.
Or, force est de constaterqu'il y
a encore dans ce domaine de grandes lacunes à combler. L'organisation de banques de d.onnéesdewait pouvoir
être envisagée dans Ie cadre d'unepolitique
dola
santé.Les difficultés auxquelles
ila étêlait
allusion, en ce qui concerne I'insertion des problèmes économiques de Ia santé publique dans Iaftalité
desfaits
dé- mographiques, sont souvent, dues à un manqued'information
spécifique.Nous vouclrions conclure en insistant sur le
fait
que nous n'avons pu don- ner qu'une vue très fragmentaire du sujet qui nousétait
proposé.Il
est bien entendu,d'autre part,
que I'analyse intégrale del'environnement peut
se concevoir dansun
contexte différent que celui d.ela
santé publique.L'aménagement du
territoire,
par exemple, se sent directement concerné.Cette constatation nous amène à émettre un væu: c'est que, la mode aidant, les études de I'environnement ne se développent pas
d'une
manière anar- chique. Nous l'avonsdit,
une des conditions de leur succès est qu'elles soient coordonnées ; qu'elles fournissent d es résultats comparables.Il
ne nous semble pas que nous puissions manquer des thèmes intégrateurs qui pourraient satis- faire les aspirations de beaucoup de chercheurs. Nous ne sommes pas telle- ment sûrs, par contre, que lesinstitutions
concernées témoignent d.'une mêmeunité
de vue.Résum6
Les définitions de la santé qui nous sont données, depuis quelques années, par les spécialistes de Ia santé publique,
font
état de préoccupations qui rap- prochent cette branche de Ia médecine, de l'écologie ettout
particulièrement de l'écologie humaine. Ainsi, l'étiologie de I'anémie à hématies falciformes, sa genèse et son développement enAfrique
occidentale ont nécessité, pour être compris, des études d.ans d.es domaines aussi variés que la botanique, l'archéo- logie, l'économie,la linguistique,
el,c.La justification
d'enquêtes aussi ap- profondies,portant
sur des populations restreintes, sejustifie
par lefait
quel'étude d'une
communautétotale
est seule à même d.'éclairer I'épid.émose, c'est-à-dire Ie système d'infl.uences concomitantes et de relations causales qui entoureet qui
détermineI'apparition d'une maladie
dans des conditions naturelles. Unepolitique
moderne de la santédevrait
donc accorderl'atten- tion
qu'ellesméritent aux
enquêtes de cetype
planifiées dans une optique épidémiologique.Zusammenfassung
Die Resultate der
n'orschungenùber die
Gesundheit, welcheuns
seit einigen Jahren durch die Spezialisten der Volksgesundheit gegeben werd.en, beschâftigen uns besonders, da dieser Zweig der Medizinin
enger Beziehungzur
Ôkologieund
speziellzur
menschlichen Ôkologiesteht. Ein
Beispielist die Lehre der
Sichelzellenanâmie;das
Yerstândnisihrer
Genese und ihresAuftretens in
Westafrika wurdenur auf Grund von
Stud.ienin
den verschiedensten Gebieten, wieBotanik,
Archâologie, Ôkonomie,Linguistik,
môglich. Grùndliche Untersuchungen-
auf kleinste Bevôlkerungsschichten bezogen- rechtfertigen sich durch die
Tatsache, d.asseinzig das
Stu-dium
einer Epidemiein
einer ganzen Gemeinschaft die Ursache d.esAuftre- tens einer Krankheit
aufdeokenkann. Eine
moderne Gesundheitspolitik sollte demnach den systematischen epidemiologischen Untersuchungen die verdiente Aufmerksamkeit schenken.342
Riassunto
Le definizioni della salute che da alcuni anni ci sono date d.agli speoialisti della salute pubblica, sono
fonte di
preoccupazioni cherawicinano
questo ramo della medicina all'ecologia e particolarmente all'ecologia umana. Cosi,l'eziologia
dell'anemiaad
emaziefalciformi o
drepanocitosi,la
sua pato- genesi edil
suo sviluppoin Africa
occidentale, furonochiarite
soltanto dopo deglistudi
neipiir svariati
campi come:la
botanica, I'archeologia, l'econo-mia, la linguistica
ecc.Tali
ricerche approfondite su delle popolazioni poco numerose sonogiustificate dal fatto che
soloIo studio di una
comunitàintiera è in
gradodi chiarire
I'epidemosi,vale a dire quel
sistemadi in-
fluenzeconcomitanti e di relazioni
causali qhe oircondanoe
determinano l'apparizionedi
unamalattia in
condizioninaturali. Una politica
sanitariamoderna dovrebbe dunque prestare debita attenzione alle inchieste di
questotipo,
considerandole sottoil punto di vista
epidemiologico.Summary
Definitions of health which we have been given
for
some yearsby
special- istsin
public health show the needto
combinethis
branch of medicinewith ecology, particularly human ecology. Thus, the etiology of
sickle-cell anaemia, its genesis and its developmentin
West Africa require, to be under- stoodfully,
studiesin
such varied. fields as botany, archaeology, economics,linguistics, etc. The justification for
such deep investigationscarried out
on a restricted population, is thefact that
the study of a wholecommunity
is essentialfor the clarification
ofthe
epidemosis,that
isto
saythe
systemof
concomitant influencesand of
causal relationssurrounding and
deter-mining the
appearance of an illnessin natural
conditions.A
modernpolicy
ofpublic
health shouldpay the attention
whichthey
deserveto
investiga- tions ofthis type
planneclin
an epiderniological sense.Adresse de l'auteur: Prof. Dr Pierre Moeschler, Institut d'Anthropologie de l'Univer- sité de Genève, 12, rue Gusta,ve-Revilliod, CH-1227 Acacias-Genève.