R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
F. F ACY
G. G OVAERT F. L AURENT
Analyse typologique de données chronologiques en santé publique
Revue de statistique appliquée, tome 32, n
o3 (1984), p. 43-63
<http://www.numdam.org/item?id=RSA_1984__32_3_43_0>
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43
ANALYSE TYPOLOGIQUE DE DONNEES CHRONOLOGIQUES EN SANTE PUBLIQUE
F. FACY(*),
G. GOVAERT(**),
F. LAURENT(*)
(*) INSERM (**) Université Paris XII et INRIA
En matière de
prévention
médico-sociale chez lejeune enfant, d’âge présco- laire,
lesspécialistes
cliniciens etchercheurs,
s’accordent à reconnaître la valeurprédictive
de divers troubles fonctionnelsprécoces. Aussi,
une étude est menée àl’I.N.S.E.R.M.(1)
pour essayer de mesurer le caractèrepronostic
de certains facteurs considérés audépart,
soit comme facteurs derisque,
soit comme symp- tômes d’alarme d’un état derisque [ 1 ].
Pour une
approche globale
de lapathologie
fonctionnelle dujeune enfant,
une
méthode,
habituelle enépidémiologie,
consiste à suivre unepopulation
"tout-venant" d’un secteur
géographique
et surlaquelle
sontrepérés
lessymptômes
à différents stades dudéveloppement
de l’enfant[2].
Ils’agit
alors par des méthodesstatistiques adéquates,
de définir la structure de cettepopulation,
pas seulementune structure
figée
à un instantdonné,
mais une structuredynamique
pour mesurer l’évolution dessymptômes.
En terme declassification,
on se propose de définir àun moment
donné,
des groupes d’enfantshomogènes
auregard
des critères dedéveloppement
dans une sorte de "bilan" :"groupes
àrisque"
et groupes de "bons enfants" comme disent certainsspécialistes [3].
Plusieurs bilans sont ainsi faits dans letemps
et confrontés ensuite entre eux pourdégager
des tendances évolu- tives. Au niveau des méthodesstatistiques,
classificationsautomatiques
et intersec-tion de classifications vont s’articuler pour
appréhender
ladynamique
dudévelop- pement
de l’enfant de moins de 3 ans.1. MATERIEL
De 1974 à
1977,
4questionnaires
directifs ont étéproposés
aux mères pour suivre l’évolutionpsycho-affective
de l’enfant. Autotal,
un échantillon de 415 nourrissons a pu être suivijusqu’à
la 4eétape.
Malgré
la diminution de l’effectif en 3 ans, une étudesocio-démographique
montre une bonne
représentativité
parrapport
à lapopulation
initiale. Lesquatre questionnaires, portant
à la fois surl’enfant,
sondéveloppement physique
et(1) Unité 185, Dr. F. DAVIDSON
Revue de Statistique Appliquée, 1984, vol. XXXII, n° 3
Mots clés : Variables
qualitatives, Classification, Chronologie, Epidémiologie,
Petitpsycho-affectif,
son mode degarde,
sesparents
et leurs conditionsd’existence,
ont été élaborés avec l’aide depédiatres
et depédopsychiatres.
Ils ont étéremplis
par despsychologues expérimentées
au cours de l’entretien avec la mère.(Afin
d’éviterune
subjectivité trop grande
dans lesréponses,
lesquestions portaient
essentielle- ment sur lecomportement
de l’enfant à différents momentsprécis
de lajournée,
par
exemple,
le repas, lesommeil,
lesjeux,
et l’attitude desparents
dans ces mêmessituations).
Ce travail necomporte
pas l’ensemble des résultats de larecherche,
mais
uniquement certains,
obtenus par des méthodes de classification automa-tique :
1)
pour définir des groupes àrisque
dans unepopulation générale ; 2)
pour saisir le facteur"temps"
dans ledéveloppement
de l’enfant.Mais
plusieurs
remarques sedégagent
à propos de ces variableschonologiques particulières,
où le facteurtemps
nepeut
êtreappréhendé
comme dans des sérieschronologiques habituelles ; ici,
ce sont :- des variables
qualitatives,
- non
répétitives
dans letemps.
Questions
etréponses peuvent
varier en fonction du stade dudéveloppe-
ment de l’enfant
(ex : marche),
mais laplupart
desparamètres, sommeil, appétit, caractère,
ont pu être étudiés defaçon longitudinale.
Tout ceci a influé dans lechoix de la mé thode de classification et son
application.
Les différentes
questions
se trouvent en annexe,regroupées
en thèmes dif-férents.
Compte
tenu duproblème
et pourl’application
desanalyses
multidimen-sionnelles,
les données ont étéorganisées
en variables actives etsupplémentaires,
suivant
qu’elles
décrivent l’enfant ou son environnement.Les variables "actives"
(en
nombreégal
à19)
servent à la classification dessujets.
Elles décrivent la situation sur leplan
de la santéphysique
etpsycho-
affective. Les variables
prises
encompte
ont chacuneplusieurs
modalités de ré- ponses selon l’absence ou laprésence
depathologies
avérées(asthme, infections, accidents),
de troubles fonctionnels dedegrés
divers(sommeil, appétit, etc...),
dedifficultés
caractérielles,
de conduitesparentales (administration
desédatifs, place- ments).
Ledéveloppement
moteur à 3 ans a été écarté comme insuffisamment dis- criminant(il
s’estrévélé,
dans lesanalyses préparatoires,
comme satisfaisant pour laquasi-totalité
del’échantillon),
de même que les mesures depoids
et de taille(7
enfantspléthoriques
seulement et 5maigres
dont 3 anciensprématurés
sur415). L’acquisition
dulangage
et de lapropreté
ont été volontairement écartéescomme variables "actives" à cause de leur forte
corrélation,
montrée par des ana-lyses antérieures,
avec le niveau socio-culturel de la famille.Les variables "illustratives"
(50 environ)
servent à caractériser les classes desujets
obtenues àpartir
des variables actives. Elles décrivent essentiellement l’envi- ronnement del’enfant,
à travers lescaractéristiques socio-démographiques,
cultu-relles et
psychologiques
desparents.
2. METHODE DE BASE POUR LA CLASSIFICATION
La méthode retenue est celle de la classification croisée d’un tableau de
contingence. Rappelons-en quelques principes [4].
Les données
Les données se
présentent
sous la forme d’un tableau decontingence
entredeux ensembles
qualitatifs
1 etJ ;
on obtient le tableau 1.TABLEAU 1
tij
est le nombre de fois où les modalités iet j
sontprises
simultanément.Mesure d’information d’un tableau de
contingence
A
partir
du tableau decontingence,
on définit de manière habituelle les fré- quences et les marges. Soient :- pour les
fréquences
où T est la somme des éléments du tableau de
contingence
- pour les marges
On
peut
alors mesurer ladépendance
entre 1 et J par leX2 de contingence :
On utilise
quelquefois
le02
decontingence qui
est donné par la formule :Tableau de
contingence
associé à 1couple
departitions
de 1 et J :Etant données une
partition
P en K classes de 1 et unepartition Q
en L classesde
J,
onpeut
définir un nouveau tableau decontingence T(P, Q) ayant
Klignes
etL colonnes
(tableau 2).
TABLEAU 2: T(P, Q)
tp2
est la somme de tous les éléments du tableau initial intervenant dans lecouple
de classe
Pk, QQ.
tkQ
ést le nombre de cas rentrant dans les classesPk
etQQ.
On
peut toujours
mesurer l’informationapportée
par le tableau de contin- gence à l’aide duX .
On le notera :2.1. Le
problème
On
peut
montrer facilement que l’informationapportée
par le tableau decontingence T(P, Q)
est(nécessairement) plus petite
que celleapportée
par le tableauinitial ;
La différence entre les 2
quantités correspond
à laperte
d’information du regrou-pement.
Leproblème
que l’on cherche à résoudre est detrouver
deuxpartitions
P et
Q
telles que cetteperte
soit laplus
faiblepossible,
ou encore telles que leX2 (P, Q)
soit maximum.2.2. La méthode
proposée
On définit une suite alternée de
partitions
de I et deJ, P°, Q0,
...pn
,Q ...
, àpartir
d’uncouple (P , Q°)
telle que leX2
associé àchaque couple
(Pn, Q" )
soit croissant.Construction de
pn+1
àpartir
depn Qn
TABLEAU 3
On considère le nuage défini dans
l’analyse
descorrespondances
du tableaude
contingence T(I , Q"),
pourlequel
les individus sont éléments de I et les va-riables les classes de
Qn (tableau 3).
Onapplique
la méthode des nuéesdynamiques (MND) [5]
sur ce nuage àpartir
de lapartition Pn .
La distance utilisée est celle duX 2
et les noyaux les centres degravité.
Onprend
pourpartition pn+1
laparti-
tion obtenue à la convergence.
On a donc la relation :
Construction
deQn+1
àpartir
de(Pn+1, Qn)
TABLEAU 4
On
considère
cette foisle
nuage défini dansl’analyse
descorrespondances
du tableau de
contingence T(Pn+1, J),
pourlequel
les individus sont les éléments de J et les variables les classes deP"+1 (tableau 4).
Onapplique
la MND sur cenuage
à partir
de lapartition Q".
Onprend
pourpartition Q’
lapartition
obtenueà la convergence.
On a donc la relation :
2.3. Propriétés
del’algorithme
On retrouve les
propriétés
et les défauts de la MND :- la suite
(Pn , Q")
est une suitestationnaire ;
- la suite des valeurs
X2 (Pn, Qn)
converge encroissant ;
- il est nécessaire de définir les
partitions
initiales(hasard... )
et le nombre de classes.Remarque :
on estobligé
de fixer le nombre de classes K et L. Eneffet,
sans cettecontrainte,
les meilleurespartitions
seraient lespartitions
oùchaque
élément formeune classe.
3. ANALYSE
CHRONOLOGIQUE
Pour
répondre
àl’objectif fixé,
c’est-à-dire suivre l’évolution de certains critères au cours dudéveloppement
del’enfant,
il faut vérifier s’il y a un facteur"temps" important.
Deux démarches sont effectuées :- une
première
consiste à ne pas introduire ce "facteurtemps"
dansl’analyse
pour vérifier a
posteriori
sa stabilité ou son instabilité suivant lesparamètres.
Les variables
chronologiques
sont alors toutes considérées au mêmeniveau, quel
que soit
l’âge
de l’enfant. Desanalyses
factorielles descorrespondances multiples (programme
de L.LEBART)
sont effectuées[6] ;
- une deuxième démarche consiste à tenir
compte
cette fois du facteur"temps",
par des méthodes d’intersection de classifications des mêmes variablesaux différents
âges
de l’enfant.Dans
l’interprétation
desgraphiques présentés,
notre intérêt seporte princi- palement
sur les liaisons éventuelles entre les variablesqui correspondent
au suivides "indicateurs de
risque
de mauvaisdéveloppement".
3.1. Résultats des
analyses
factorielles1)
Unepremière analyse
concerne lesommeil, l’appétit
et lespleurs
del’enfant
(environ
10 variables à 3 ou 4 modalités chacune pourchaque étape).
Les difficultés de sommeil et
d’appétit (graphique I)
restent stables au coursdes
quatres étapes : ainsi,
les enfantsqui
dorment mal à 3mois,
ontplus
souvent unsommeil
agité
à9,
18 et 36 Mois. Deplus,
ils font des cauchemars et se réveillentfréquemment
la nuit. Les enfantsqui
ont unappétit capricieux
à 3 mois legardent après,
leplus
souvent.L’axe 1
permet
de bien différencier les enfants àrisque
de ceuxqui
ne le sontpas.
L’axe
2,
par contre, diffèrencie bien ceuxqui
ont des difficultés de sommeil de ceuxqui
ont desproblèmes
au niveau du repas. Il semble donc que, trèstôt,
les difficultés se cristallisent autour d’uncomportement qui
reste stable durant les troispremières
années.Ci
On voit que les enfants
qui pleurent
souvent à 3 mois sont, d’unepart, éloignés
sur l’axe"risque"
et, d’autrepart, près
de ceuxqui mangent
avec diffi- culté. On note laposition particulière
de l’éducation de lapropreté qui
est éloi-gnée
sur l’axe 1 etpourtant
dans le même sens que lesproblèmes
du sommeil surl’axe 2.
2)
Une secondeanalyse
considère laprise
desédatif,
étudiée comme variableparmi
un ensemble de critères concernant la santéphysique
de l’enfant(environ
10 variables à 3 ou 4 modalités chacune pour
chaque étape).
Ilapparaît
clairementque l’administration de sédatifs est un facteur stable entre 3 mois et 3 ans par sa
projection
sur l’axe 1.Mais l’axe 2 fait ressortir une
opposition
entre laprise précoce
liée à uneproblématique
dupremier âge (prématurité, petit poids, problème
de santé à 3mois)
et uneprise plus
tardive liée à desproblèmes
de santé ultérieurs.On note la
position particulière
sur les deux axes, des difficultés d’ordrepsycho-somatique : l’asthme,
les vomissementsfréquents.
Il en est de même desmaladies
respiratoires
àrépétition,
dontl’origine psycho-somatique
estplus
dis-cutée.
La corrélation des
problèmes
de santé entre les différentesétapes
est forteà
partir
del’étape
9 mois surtout.L’étape
3 moisapparaît
ainsi la moinsprédictive
de difficultés ultérieures.
En
conclusion,
les indicateurs derisque,
établis àpartir
des connaissancescliniques,
se sont avérés fiables et stables au cours des troispremières
années de la vie :- on
peut
vérifier leur suivi par les liaisons entre les donnéeschronologiques particulièrement significatives
pour les troubles dusommeil,
reconnus comme cri- tères trèsimportants
et dont lafréquence
s’observe chez les mêmes enfants de 3 mois à 3 ans ;- leur fiabilité est en
partie
montrée par leurposition
relative sur "les axesde
risque"
et doit être encore testée dans la confrontation avec les autres variables du fichier(relation mère-enfant, comportement, etc.).
Il faut noter que, dans les
analyses
montréesici,
l’inertieexpliquée
par lesaxes factoriels est
plus élevée,
de l’ordre de30%
au maximum pour les sixpremiers
axes.
3.2. Les classifications
En raison des informations fournies par les
analyses
factoriellesqui
montrentla
place
moinsimportante
del’étape
"3 mois" dans l’évolution desfacteurs,
on effectue les classifications àpartir
de 9 mois seulement pour tenter dedégager
desbilans de
développement
à 9mois,
18 mois et 3 ans(santé, sommeil, appétit,
com-portement :
liste en annexe1).
Le schéma de l’étude est décrit dans le tableau 5.3.2.1.
Codage
de lapartition
àchaque étape
Compte
tenu de la nature des variablesanalysées,
groupes àrisque
et groupes indemnesapparaissent.
Uneinterprétation
similaire estpossible
aux différentesétapes.
Mais pour confronter les bilans dans letemps.
un moyen intéressant semble lecodage,
au sens où l’entendent d’autres auteurs[7] [8].
TABLEAU 5
La méthode
proposée
est d’ordonner pourchaque étape
les groupes suivant la nature et le nombre décroissant des difficultés pour notreexemple.
La classifi-cation des
variables,
obtenue en mêmetemps
que celle dessujets
est très utile ici pourinterpréter
les classes et les ordonner -principe
utilisé dans d’autres tra- vaux[5].
L’association de variables
représentant
le maximum de difficultés est inter-prétée
en terme derisque,
au sensépidémiologique
et médical.On
procède
à l’ordonnancement des classes de variables àpartir
de cettenotion de
risque
dans le sens degravité décroissante (tableau 6).
TABLEAU 6
TABLEAU 7
L’intérêt
porte
essentiellement sur la(les) première(s) classe(s) (risque
maxi-mum) qu’on appellera
par la suiteprofil(s)
àrisque.
A
partir
de ceprofil,
on ordonne les classes desujets
en utilisant un critèrede concordance des
sujets
auprofil (tableau 7).
3.2.2. Intersection des
partitions
ordonnéesLes différents flux
(mouvements
entreclasses)
entre deuxétapes
sont notésdans le tableau de
contingence
croisant les deuxpartitions
ordonnées(tableau 8).
Le
risque
est décroissant de la classePl
à la classePtk.
Le nombre de classes choisi est le même pour toutes lesétapes ;
t = 1 ou 2.TAB LEAU 8
Des flux sont
interprétables
au sens destabilité, amélioration, dégradation
dans l’évolution de l’enfant. Pour
cela,
on définit les indices suivants :sk : stabilité de niveau k
(nombre
d’enfantsappartenant
à la classe de niveau kau deux
étapes).
akh : amélioration
d’amplitude
h au niveau k(nombre
d’enfants ayant atteint le niveau k àl’étape
2 et se trouvant àl’étape
1 à des niveaux inférieurs ouégaux
à k --h).
dkh : dégradation d’amplitude
h au niveau k(nombre
d’enfantsayant
atteint leniveau k à
l’étape
2 et se trouvant àl’étape
1 à des niveauxsupérieurs
ouégaux
à k +h).
Ce
qui
donne les relations suivantes :Les nuances
apportées
pourpréciser
le niveau de stabilité ou les différentsdegrés
d’amélioration ou dedégradation
sont utiles pourapprécier
l’évolution. Parexemple,
l’amélioration nepeut
être retenue que s’il y a saut de deux classes(h
=2) ;
par contre, la détérioration
peut
être retenue àpartir
d’un franchissement d’une classe seulement(h
=1).
4. RESULTATS
La classification croisée est
appliquée
aux variables actives àchaque étape (liste
en annexe1).
4.1.
Description
de l’échelle de difficultés à 9 moisQuatre
groupes d’enfants nettement différenciésapparaissent.
Unprofil-
type
est défini pour chacun(tableaux
9 et10).
LDIFFICULTES
A 9MOIS
TABLEAUX 9 et 10
Légende :
Les chiffres indiquent les pourcentages significatifs dans chaque groupe . Seuls les chiffres extrêmes sont indiqués.Le groupe 1
comporte
21 % de l’échantillon total. C’est un groupe à "haut-risque"
dont lescaractéristiques
sont,plus
souvent que pour les groupes :- se réveiller souvent la
nuit,
- avoir le sommeil
agité
et l’endormissementdifficile,
- être souvent en
colère,
- être souvent
peiné,
- avoir été
hospitalisé,
- avoir des vomissements et
diarrhées,
-
pleurer
lanuit,
- avoir un
appétit
trèscapricieux,
- avoir une durée de sommeil de moins de
10 h,
- ne pas sucer son pouce
(ou objet transitionnel).
- Par contre, avoir un
développement
moteur satisfaisant. Ceci est à rap-procher
de cequ’on
sait des enfantshyperactifs.
Le groupe 2 : 19 % diffère peu du groupe 1 par la nature des difficultés ren-
contrées,
sauf pourl’appétit.
C’est au niveau du cumul essentiellement que se situe la
différence,
pour le groupe1, plus
d’enfants ont à la fois 3types
de difficultés(sommeil, appétit,
com-portement)
que dans le groupe 2.Les groupes 3 et 4
(27
% et 33%)
sont bienopposés
auxprécédents.
C’estune absence de difficultés
qui
lescaractérise,
avec unegraduation
toutefois entre 3et 4. Les enfants du groupe 3 ont souvent eu un
problème
de santé.On note que pour ces groupes le
développement
moteur n’est pas forcémentjugé
le meilleur.Sur les variables de
développement
à 3 ans, uneanalyse
similaire estfaite, qui
n’est pas détaillée ici
[9].
Une même échelle de difficultésfonctionnelles,
du ni-veau 1 au niveau
4,
estobtenue, correspondant
à unegraduation
des difficultés et de leur cumul(ce qui
est facilité par la classification croiséequi
détermine les as-sociations de
variables).
4.2. Intersection des échelles 9 mois - 3 ans.
Un tableau de
contingence
croisant les 2 classifications ordonnées(les
pro- blèmes de santé diminuantquand
on passe du groupe 1 au groupe4)
montre l’im-portance
des différents mouvements entre 9 et 36 mois(tableau 11).
Apartir
dece
tableau,
onanalyse
le suivi des enfants entre 9 mois et 3 ans. Si on note(+)
lesclasses 3 et
4,
et(-)
les classes 1 et2,
on trouve : stabilité(-)
stabilité
(+ )
dégradation
totale(amplitude 2)
amélioration totale
(amplitude 2)
reste
(oscillation)
On a
reporté
dans le tableau 12 cesinformations ;
les 40sujets
dont l’évo-lution n’est pas nette
(et qui
oscillent d’une classe seulement àpartir
d’un niveaumoyen)
ne sont paspris
encompte.
1 INTERSECTION
9MOIS-3ANS
TABLEAUX 11 et 12
Légende : Niveaux 1 à 4 : gravité décroissante .
Tableau 12 : pourcentage par rapport à l’échantillon total Le complément à 100 % correspond a des changements peu nets.
4.3. Corrélations avec les variables d’environnement
Ces variables sont décrites en annexe 2. Leurs corrélations sont étudiées avec
les différentes
classifications,
instantanées ou croisées. On note lafréquence
detroubles
psychologiques
de la mère pour le groupe à hautrisque
et pour le stable(-).
On remarque pour les groupes évolutifs :
pas de corrélation
apparente
avec une amélioration matérielle massive(l’enfant
est-il devenuplus
résistant?)
corrélation
significative
avec une bonne santé desparents,
un mode degarde
aufoyer
ou unecatégorie socio-économique
élevéeplus
souventcorrélation
significative
avec une bonne santé desparents,
un mode demère,
un mode degarde
autre que la mèrequi
souvent travailleplus
de8
heures,
ou n’est pas satisfaite d’être aufoyer.
corrélation avec une évolution
parallèle
de la mère desquestions
restentà poser, car les variables étudiées ne sont
peut-être
pas suffisantes.4.4. La
comparaison (18
mois - 36mois)
montre des mouvementsbeaucoup
moinsimportants (tableaux
13 et14).
INTERSECTION 18 MOIS-3 ANS
TABLEAUX 13 et 14
Légende : Niveaux 1 à 4 : gravité décroissante
% par rapport à l’échantillon total
Le complément à 100 % correspond à des cnangements peu nets.
En
résumé,
entre 18 et 36mois,
62 % des enfants restentstables,
les évolu-tions inverses
représentent :
11 %
d’aggravation,
12 % d’amélioration et 15 % oscillent au centre.
4.5. Le résumé des bilans des trois
étapes
estexposé
dans le tableau 15 si onadopte
le senspositif
pour les classes 3 et 4 et le sensnégatif
pour 1 et 2.Ainsi,
des groupes à niveaux derisque
différents sont identifiés.Globalement,
10 % des en-fants,
dont les difficultés sontmajeures
etpersistantes,
sont àprendre
encharge
defaçon précoce.
Ceci est àrapprocher
des étudesanglaises [2].
Mais il y a aussi 24 % des enfantsqui
connaissent des difficultésimportantes
mais intermittantes. Ils sont aussi à considérer de manière attentive.INTERSECTION
9,18,36MOIS
TABLEAU 15
Par
ailleurs, l’enquête
s’estpoursuivie
àl’étape
6 ans[11].
Seuls ont été re-trouvés le groupe à
haut-risque
à 3 ans(classe 1),
un groupe témoin(classe 4),
cequi
donne une indication sur lepronostic
concernant les deux groupesextrêmes,
stables(-)
et(+).
Les
comparaisons
entre le groupe témoin et le groupe àhaut-risque
sur leplan
de la santé et du
développement,
montrent des différencesimportantes.
Les secondsont eu, de manière
significative, plus
de maladies graves,plus d’hospitalisations.
Ilssouffrent
plus
souvent decéphalées, asthme,
troublesrespiratoires
oudigestifs.
Ilsont
plus
de troubles dusommeil,
d’énurésie.(En
outre, lesgauchers
sontplus
nombreux
parmi eux).
En ce
qui
concerneplus précisément
lesacquisitions scolaires,
on observeque moins de la moitié des
sujets
àhaut-risque
ontacquis
lecture et écriture sansdifficultés notoires
(47 %)
et 39 % ont eu des difficultésimportantes.
Dans legroupe
témoin,
72 % n’ont eu aucune difficulté et 10 % ont eu des difficultés im-portantes.
Enfin,
si on observe le cumul descaractéristiques pathologiques
discrimi-nantes
(anciennes
ounouvelles)
entre les deux groupes, on constate que 53 % dessujets
àhaut-risque
cumulentplus
de 4difficultés,
contre 11 % seulement des té- moins. La différence est donc tout-à-faitsignificative.
Plusieurs auteurs ont
souligné
les inconvénients de poser unpronostic
àpartir
des troubles
précoces
de l’enfant et lesprécautions
àprendre quant
à leursignifi-
cation pour le devenir. Mais on
peut
affirmer que,globalement,
le devenir du groupe àhaut-risque
a étéplus
difficile que celui du groupe témoin.En
conclusion, l’application
de la classification croisée sur tableau de contin- gence, inclue dans unestratégie d’analyse
directement liée auproblème
étudié deSanté
Publique,
contribue àl’approche
et à lacompréhension
de donnéesqualita-
tives
chronologiques [10].
Cet
exemple
montre deux intérêts :1)
Aux différentesétapes
del’enquête,
la classificationpermet
dedégager
desbilans instantanés de
développement. Notamment,
elleparaît
tout-à-faitadaptée
àla
prise
encompte
de nombreux facteurs pour mettre en évidence dans une popu- lationgénérale
des groupes àrisques,
définis par desprofils
derisque.
2)
l’intersection despartitions, possible
parcequ’il s’agit
des mêmessujets
etque
l’interprétation
despartitions
se fait sur une échelle similaire aux différentesétapes, prend
encompte
la notion de"temps".
Cecipermet :
- de
quantifier
dans unepopulation générale
les flux : stabilité ouchange-
ment de
niveau ;
- de caractériser les groupes évolutifs par leur
trajectoire ;
-
d’apporter
des nuances parrapport
aux classifications instantanées où des enfantsqui
n’ont pas eu la mêmetrajectoire
dedéveloppment, peuvent
être consi- dérésidentiques.
Ceci
paraît
utile pour affiner laprédiction,
cequi
est àrapprocher
del’opi-
nion de certains cliniciens
[12, 13] qui
se refusent à voir l’enfant et ses facteurs derisque
de manièretrop statique.
Une telle étudepeut apporter
uncomplément
àleurs observations parce
qu’elle
concerne un échantillonreprésentatif
d’une popu- latongénérale.
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P.U.F., 1980,
pp.29-43.
ANNEXE 1
Variables "actives" : Enfant Santé
· Mauvaise santé . Otites
· Asthme .
Rhinopharyngites
2022
Hospitalisation
2022 Accidents2022 Bronchites . Sédatifs
Sommeil
. Coucher difficile . Cauchemars
. Sommeil
agité
. Réveilsfréquents Appétit
· Très difficile Peu
d’appétit Comportement
· Colères Pas
d’objet
transition.2022 Mécontentement
’ Rythmies
Pas de
jeu
seulLes modalités de
réponse
sont dutype :
- non, - souvent,
-
quelquefois,
- nonréponse.
ANNEXE 2
Variables
supplémentaires
MERE-ENFANT EDUCATION
1 - Grossesse : Troubles grossesse ATTITUDE FACE:
Maladie
- aux
pleurs
Accidents - à l’alimentation
Vécu - à la
propreté
- Sévérité, exigence, impatience,
cares-2 - Allaitement : durée
se,
gaité, inquiétude.
RELATION MERE-ENFANT HABITUDES
Vécu repas -
fréquence promenade
Jeux -
temps
laissé seulSouvent
pris
dans les bras -regarde
la T VRegrets
- raconter histoireDescription
de l’enfantPERE-ENFANT
MODE DE GARDEPère et enfant : matin
- durée de garde
Père et enfant : matin
- crèche, nourrice
soir - opinion
de la mèreweek-end Jeux avec le
père
PARENTS
SITUATION SANTE
PHYSIQUE
SOCIO-DEMOGRAPHIQUE
ETMENI:4LENationalité Mère : - débordée par le travail
Age
- insatisfaction dutravail,
duC.S.P. rôle maternel
Durée vie
profess.
- santédepuis
l’enfanceNiveau d’études -
placement précoce
Employeur
-problème
familled’origine
Horaire - fume
Trajet
Statut matrimonial Père : - santé
Nombre d’enfants - enfance
-
placement précoce
LOGEMENT -
problème
familled’origine
Taux d’habitation - fume
Confort
Propriétaire
Chambre d’enfant Silence
Opinion logement
MODE DE VIE Aide à la maison Sortie des