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Entre rêve et réalité?

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N°478 du vendredi 05 Novembre 2021, Rohero 2, Av. Moso n°25, Tél.: 22 27 78 68

DEVELOPPEMENT SOCIETE

ENVIRONNEMENT

Vers une résilience communautaire renforcée ? (page 8)

Déficit de logements, une situation inquiétante (page 9)

Pour réduire l'utilisation du bois jusqu’à 45% (page 7)

Foyers améliorés « Bika Igiti » Croix Rouge du Burundi Municipalité de Bujumbura

Tous les lundis de 10h à 10h30

Radio DESTINY FM 22, Av. Ririkumutima, Kabondo Ouest

Live on UBUTUNZI

NA

BURUNDI ECO

Entre rêve et réalité ?

Le conseil des ministres vient d’approuver la révocation du contrat d’exploitation du nickel dans le périmètre de Musongati. Ce gisement regorge de 180 millions de tonnes, environ 6% des réserves mondiales de ce métal très convoité. Cependant, l’extraction du nickel se fait toujours attendre alors que la mine constitue une manne pour relancer la machine économique. (Photo : Mine d'or de Gasorwe à Muyinga)

Exploitation du nickel de Musongati (page 5)

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Burundi Eco - Vendredi, 05 Novembre 2021 - n°478

EDITORIAL

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Taux de change du 04 Novembre 2021

Acheteur Vendeur Dollar USA

Euro Shi. Kenyan Shi.Tanzanien Shi. Ougandais Fr Rwandais

1980 2293 17,7457 0,8592 0,5571 1,9434

2012 2330 18,0319 0,8730 0,5661 1,9747

Monnaies étrangères

Sources : BRB/www.brb.bi

Marché officiel

Quand les cours de l’énergie rythment notre vie

Editorial

Les mesures prises jusque-là n’arrivent pas à contrecarrer la spéculation rampante observable dans la vente du carburant. Le spec- tre d’une hausse du prix à la pom- pe se dessine, car dans la plupart des cas la pénurie du carburant aboutissent à une hausse tarifaire.

Jusque-là, les sources ministérielles parlent d’un problème technique au niveau de l’approvisionnement qui serait à l’origine de cette pénurie.

De toutes les façons, les opérateurs économiques attendent impatiem- ment la résolution de ce problème technique qui perdure.

Sur le plan macroéconomique, l’hypothèse de rareté des devises pour importer n’est pas à écarter.

Le billet vert reste introuvable sur le marché alors que le pays dépense chaque année plus de 150 millions USD pour importer le carburant. Il importe de signaler que le parc au- tomobile du Burundi croit exponen-

tiellement. Parallèlement, la con- sommation du carburant augmente.

En 2020, les moteurs des engins roulants ont consommé plus de 30 millions de litres d’essence contre 49 millions de litres de gasoil.

Le monde entier fait face à la hausse des cours de l’énergie, toutes ca- tégories confondues (le gaz, les hydrocarbures, l’électricité) et ap- paremment il ne faudra pas à une embellie avant deux ans. La Banque Mondiale alerte déjà sur les risques d’inflation induite. « La flambée des prix de l'énergie constitue des risques importants à court terme pour l'inflation mondiale et, si elle se maintient, elle pourrait également peser sur la croissance des pays importateurs d'énergie », a réagi Ayhan Kose, économiste en chef de la Banque Mondiale. D’ailleurs, cer- tains pays s’arment pour minimiser les effets de l’inflation. C’est le cas de la France qui vient d’instaurer une

« indemnité inflation » exception- nelle de 100 euros pour les 38 mil- lions de Français qui gagnent moins de 2 000 euros net par mois.

Selon un rapport de la Banque Mondiale, les prix de l'énergie dans le monde devraient augmenter de plus de 80% en moyenne en 2021 comparé à l'année dernière. Ils res- teront à des niveaux élevés jusqu’au second semestre à mesure que les contraintes d’approvisionnement s'atténueront, a estimé la Banque Mondiale. Sur le marché inter- national, les prix du pétrole brut (en moyenne Brent, WTI et Dubaï) devraient atteindre en moyenne 70 dollars en 2021, soit une augmenta- tion de 70% comparé à l’an passé. « Ils devraient grimper à 74 dollars le baril en 2022 alors que la demande de pétrole se renforce et atteint les niveaux d'avant la pandémie" puis devraient retomber à 65 dollars en 2023 », ajoute l'institution.

No 25 Av. Moso - ROHERO 2 Référence CNC : 100/CNC/236/2012 Parution le vendredi

Tirage : 3000 exemplaires Directeur de publication et Rédacteur en chef :

Benjamin Kuriyo

Rédacteur en chef adjoint:

Mélance Maniragaba Service commercial : +257 22 277868 / 75129129 Imprimé par

L

a pénurie de carburant para- lyse l’activité économique. Ce phénomène avait commencé en mairie de Bujumbura avant de s’étendre vers d’autres centres ur- bains du pays. Après une accalmie le week-end dernier, les stations- services s’assèchent. Désormais, toutes les provinces du pays sont

Formation sur le chemin de fer des experts du ministère en charge des infrastructures

Les privés haussent les tarifs des soins médicaux jusqu’à 30%

La réouverture du marché de Kamenge prévue pour le 27 novembre 2021

Vers la construction d’un bureau présidentiel à Gitega

La redevance routière est désormais payable jusqu’au 30 novembre 2021

D

epuis le 1er novembre 2021, les tarifs des soins médicaux dans les hôpitaux privés et autres structures sanitaires privés ont été augmentés de 30%.

Selon l’Association pour la Promotion de la Médecine Libérale (APROMELI), la consultation en médecine générale est passée de 5000 FBu à 8 000 FBu, celle en médecine spécialisée est passée de 10 000 FBu à 15 000 FBu. Les coûts des médicaments seront fixés proportionnellement aux prix à l’importation.

L’APROMELI annonce que les hôpitaux risquent de travailler à perte si on maintient les tarifs actuels. Cela, car le calcul des coûts de production des services de soins n’est pas corrélé avec les charges des structures médicales.

Cette association précise également que pour rendre un service de qualité, les coûts de production sont chers. Aussi, avec le temps, les options thérapeutiques changent. Ce qui fait qu’avec ces changements on doit s’ajuster.

Les services imageries (écographie, scanner, radiographie standard), les services de laboratoire (les réactifs, les matériels utilisés pour analyser les échantillons) sont importés. Utilisés dans l’importation, la valeur et la disponibilité des devises ont une influence négative sur les coûts de production comme le signale APROMELI.

C

’est officiel. La réouverture du marché de Kamenge récemment reconstruit est prévue pour le 27 novembre 2021. Ce marché sera inauguré à l'occasion de la clôture de la 15ème édition du Flambeau de la Paix.

Sa capacité d’accueil sera d’à peu près 1900 places. Le coût de sa reconstruction est estimé à 3 milliards de FBu.

Le marché de Kamenge a pris feu dans la nuit du 03 octobre 2020.

Plus de 85% dudit marché sont partis en fumée. 4 milliards BIF se sont volatilisés dont des infrastructures d’une valeur de 1, 5 milliards BIF et des marchandises d’une valeur de 2,5 milliards BIF. Après ce désastre, les commerçants qui y exerçaient se sont organisés pour mettre sur pied un marché de secours sur la route pavée séparant les zones Cibitoke et Kamenge, sur la 12ème et la 13ème avenue de la zone

Cibitoke ainsi que la 7ème avenue de la zone Kamenge.

A

vec l’appui du Secrétariat Exécutif du Corridor central, une vingtaine d’ingénieurs du ministère des Infrastructures, de l'Equipement et des Logements Sociaux viennent d’entamer une formation qui leur permettra de maîtriser la notion sur le ferroviaire. Ce qui facilitera la gestion des dossiers sur le ferroviaire.

C’était ce samedi 30 octobre 2021 à Bujumbura.

Selon Capitaine Dieudonné Dukundane, Secrétaire Exécutif du Corridor Central, le projet de chemin de fer Uvinza (Tanzanie)- Musongati (Burundi) et qui se prolongera jusqu’en République Démocratique du Congo (RDC) arrive à une étape importante. Les efforts sont en train d’être consentis pour mobiliser les fonds. Cela afin de débuter les travaux de construction de ce chemin de fer.

« On est à l’étape du processus des appels d’offre et de sélection du constructeur. Pourtant, la gestion en interne exige une certaine autonomie et une meilleure maîtrise du secteur », déclare Capitaine Dukundane.

Pour que ce projet donne des résultats attendus, le Secrétaire Exécutif du Corridor Central indique que le secrétariat dont il est patron s’est engagé à fournir une assistance technique aux experts nationaux.

Le but est que ceux-ci soient outillés en termes de maîtrise des matériaux utilisés, en termes de maîtrise du vocabulaire utilisé…Ce qui facilitera un bon suivi et une bonne gestion des étapes suivantes.

Et de renchérir : « Un chemin de fer dure plus deux siècles. Sa construction nécessite une grande attention pour ne pas en payer cher par après ».

Il annonce dans le même ordre d’idées que le Secrétariat Exécutif du Corridor Central compte organiser dans un proche avenir des échanges d’expérience sur terrain entre les experts nationaux et ceux de la RDC et ceux de la Tanzanie. Cela tout en rappelant que les deux derniers ont déjà de l’expérience en matière ferroviaire.

L

e lancement des travaux de construction d’un bureau présidentiel à Gitega débute bientôt. Comme on le constate sur le programme de la 15ème édition du Flambeau de la Paix, les travaux vont débuter le 17 novembre 2021. Il sera construit au palais de Gitega.

L

e ministère des

Finances, du Budget et de la Planification Economique a prolongé le délai de collecte des redevances routières par l’Office Burundais des Recettes. La date limite de paiement de cette redevance routière est fixée au 30 novembre 2021 alors qu’il était fixé auparavant au 31 octobre.

Cette taxe est instituée dans le cadre du budget général de l’Etat, exercice 2020-2021 et est fixée à 10.000 FBu pour les motocyclettes et 20.000 FBu les tricyclettes et les quadricycles.

Pour les voitures à moteur à piston inférieur ou égal à 2000 cc, ceux se trouvant entre 2001 et 3500 cc, 3501 et 4500 cc et ceux qui sont au-delà de 4500 cc, cette redevance est respectivement de 50.000 FBU, 100.000 FBu, 500.000 FBu et 1.000.000 Fbu. Cette redevance est forfaitaire pour les véhicules qui font le transport en commun et est à hauteur de 100.

000 FBu. La loi prévoit cependant une amende de 50% pour les retardataires.

touchées. Dans la capitale économ- ique, il s’observe de longues files d’attente devant les stations-servic- es. Certains conducteurs n’hésitent pas à soudoyer les pompistes pour être servis.

La situation est chaotique au niveau des transports en commun.

L’attente est longue pour des mil- liers de passagers qui doivent quit- ter leurs quartiers pour se présenter à leurs postes d’attache et emprunt- er le chemin inverse pour rentrer à la maison. Ils doivent attendre des heures et des heures pour monter à bord des bus de transport. La pé- nurie du carburant est monnaie courante. Manifestement, le pays connait des perturbations dans l’approvisionnement du carburant chaque année. Certainement, la pénurie de l’or noir affecte directe- ment les conditions de vie des popu- lations.

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Burundi Eco - Vendredi, 05 Novembre 2021 - n°478

ENVIRONNEMENT

Sa mise en œuvre effective est douteuse

Nouveau code de l’environnement

Après plus de 20 ans, le Burun- di est désormais régi par un nouveau code de l’environne- ment. Pas mal d’innovations ont été intégrées dans cet ins- trument juridique. Il prend en compte la Convention Cadre des Nations Unies sur le Chan- gement Climatique, le proto- cole de kyoto, l’accord de Paris sur le changement climatique ressorti lors de la 21

ème

confé- rence des parties (COP 21) sur le changement climatique, la prévention et la gestion des risques de catastrophes, etc.

Malgré ces avancées, les dé- putés doutent de sa mise en œuvre effective

D

epuis le 25 mai 2021, le Bu- rundi est régi par un nouveau code de l’environnement.

Il vient remplacer celui du 30 juin 2000. Selon l’’environnementaliste Innocent Banirwaninzigo, pas mal d’aspects positifs ont été intégrés dans ce code. Ce qui va permettre à la population et à l’Etat de combattre la dégradation de l’environnement et les effets du changement clima- tique. A titre illustratif, l’article 201 de ce nouveau code intègre les engagements et les politiques inter- nationales que le Burundi a ratifié.

Il s’agit à titre illustratif la Conven- tion Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, le proto- cole de Kyoto, l’accord de Paris sur le changement climatique ressorti lors de la 21ème conférence des par- ties (COP21) sur le changement climatique. Selon Banirwaninzigo, tous ces éléments n’étaient pas pris en compte dans l’ancien code.

De plus, ce nouveau code ac- corde une place de choix aux or- ganisations de la société civile impliquées dans le domaine de l’environnement et des change- ments climatiques. L’article 28 de ce code les oblige à fournir les rapports sur leurs actions au ministère ayant l’environnement dans ses attribu- tions. Selon Banirwaninzigo, cela permettra à ce ministère d’évaluer ces organisations de la société civile sur la mise en œuvre des politiques et des stratégies allant dans le sens de la protection de l’environnement et de la lutte contre les effets du changement climatique.

La gestion des catas- trophes prise en compte

Un autre aspect très pertinent qu’on a intégré dans ce nouveau code est la prévention et la gestion des risques de catastrophes. Aux fins de mieux prévenir les risques et gé- rer efficacement les catastrophes, l'article 202 de ce nouveau code fait remarquer que l’Etat définit clairement la politique générale de prévention des risques et de gestion des catastrophes et met en place les cadres légal et institutionnel y af- férents. Il s’assure de l’application par sa population des mécanis- mes développés à cet effet. Pour ce faire, l’administration environne- mentale redynamise les structures existantes sur la prévention des risques et de gestion des catastro- phes, met en place une banque de données et un système unique de collecte, de traitement, de gestion et de diffusion de l’information sur la réduction des risques de catas- trophes. Elle fait une cartographie des risques, la typologie des risques et l’évaluation des vulnérabilités qu’il faut largement diffuser au public, procède à une intégration

de la réduction des risques de ca- tastrophes dans les programmes d’enseignement formel et informel et enfin élabore un plan de préven- tion des risques naturels.

Quelques lacunes soule- vées

Malgré ces avancées, Banirwanin- zigo s’inquiète du fait que ce code indique qu’il revient au maître d’ouvrage de réaliser lui-même une étude d’impact environnemen- tal pour les projets de grande en- vergure. Cet environnementaliste trouve cela lacunaire. Pour lui, les études d’impact environnemen- tal devraient être réalisées par des bureaux d’experts indépendants.

Selon lui, le détenteur du projet ne peut pas produire une bonne étude d’impact environnemental de peur d’engager beaucoup de moyens fi- nanciers pendant l’exécution du projet. Selon Banirwaninzigo, cela constitue un danger, car il y a des projets qui dégradent beaucoup l’environnement et qui exposent le pays aux effets du changement cli- matique.

Le manque de mécanisme de financement du secteur de l’environnement et le manque de responsabilisation des communes dans la lutte contre la dégradation de l’environnement, certaines insuf- fisances face aux problèmes émer- gents en matière d’environnement telles que la prévention et la ges- tion des catastrophes naturelles, la question des changements clima- tiques et les espaces envahis par l’eau, etc sont quelques éléments qui ont fait qu’on pense à la révi- sion du code de l’environnement de 2000, fait remarquer Déo Guide Rurema, ministre en charge de l’environnement. Alors que le pays continue à faire face aux problèmes environnementaux, Rurema laisse entendre qu’il doit désormais faire face à de nouveaux risques liés à l’environnement. A titre illustratif, il s’agit de la gestion des produits chimiques en vue de la sécurité chimique, la gestion des déchets dangereux comme les déchets des équipements électriques et électro- niques, le changement climatique et la gestion des différentes sources de pollution.

D’autres anomalies

Rurema a ajouté que les principes modernes de base régissant la ges-

tion de l’environnement font défaut.

Il s’agit notamment du principe de participation et d’information du public, du principe de préven- tion, du principe de précaution, du principe du pollueur-payeur, du principe du développement durable et du principe de subsidi- arité. Le code de l’environnement de 2000 ne faisait pas mention des institutions de gestion de l’environnement : l’Administration de l’Environnement, la Commis- sion Nationale de l’Environnement, les collectivités territoriales, les associations de protection de l’environnement. Il ne mentionne nulle part les mécanismes de ges- tion de l’environnement tels que l’éducation à l’environnement et la sensibilisation du public, la re- cherche environnementale, le droit d’accès à l’information relative à l’environnement et le partage des données entre autorités publiques.

Il ne prévoyait pas de dispositions en rapport avec la prévention et la réparation de certains dom- mages causés à l’environnement, les dispositions en rapport avec les modalités de prévention et de ré- paration des dommages causés à

l’environnement et les dispositions en rapport avec la responsabilité civile. Selon lui, c’est pour toutes ces raisons que le code de 2000 a été révisé.

Néanmoins, les députés indiquent que la révision de cette loi ne suf- fit pas. Ils s’inquiètent du fait que sa mise en œuvre pose problème.

Selon ces derniers, même le code de l’environnement de 2000 n’était pas respecté. Ils ont évoqué des antennes des compagnies de télé- phonie mobile implantées dans les quartiers résidentiels alors qu’elles sont nuisibles à la santé humaine.

Et d’ajouter qu’il est aussi interdit d’ériger des habitations dans les zones dont la nappe phréatique se trouve à moins de deux mètres de profondeur. Pourtant, on ne cesse pas de construire dans ces zones. Ce sont à titre d’exemple les quartiers des zones Gatumba, Carama, Bu- terere, etc. Ils se sont transformés en quartiers résidentiels au vu et au su de tout le monde. De surcroît, les forêts ne cessent de partir en fumée chaque année. Les lacs et les rivières sont agressés. Ils espèrent que la révision de ce code et sa mise en œuvre effective vont inverser la tendance.

Jean Marie Vianney Niyongabo Déo Guide Rurema, ministre en charge de l’environnement : « Alors que le pays continue à faire face aux problèmes

environnementaux, il doit désormais faire face à de nouveaux risques liés à l’environnement ».

Innocent Banirwaninzigo, environnementaliste : « Pas mal d’aspects positifs ont été intégrés dans le nouveau code de l’environnement ».

Le respect du code de l'environnement est une nécessité pour ne pas construire dans des zones inondables.

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Burundi Eco - Vendredi, 05 Novembre 2021 - n°478

GOUVERNANCE

Lutte contre la corruption

Depuis que le gouvernement du Burundi s’est lancé dans la lutte contre la corruption et les malversations écono- miques, plusieurs cas ont été révélés mais la suite y réservée reste toujours obscure. PAR- CEM lance un cri d’alarme au gouvernement et les institu- tions indépendantes de l’Etat qui s’en occupent

L

e gouvernement burundais a lancé une campagne de lu- tte contre la corruption et les malversations économiques. Selon Faustin Ndikumana, président de Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l'Evolution des Mentalités (PARCEM) fait savoir que son organisation est satisfaite du lancement de ladite campagne.

Pour contribuer à cela, PARCEM a envoyé au gouvernement un docu- ment qui comprend les axes fonda- mentaux qui doivent constituer une politique de lutte contre la corrup- tion digne de ce nom. Même si le processus de lutte contre la corrup- tion a été enclenché, il y a toujours un hic. Pas mal de dossiers suscitent des inquiétudes. Ils sont beaucoup évoqués dans la presse et ont même suscité le courroux du chef de l’Etat.

Cela a été annoncé par M. Ndikuma- na lors d’une conférence de presse qu’il a animé vendredi le 29 octobre 2021.

Le Corridor Central a endossé le rapport permettant le début des études de faisabilité de la route de liaison multinationale burundo- tanzanienne

: Kayogoro-

Buhema/ Kilelema-Buhigwe, section Kayogoro-Buhema sur un linéaire de 30 km. C’était ce mercredi 27 octobre 2021.

Le bitumage de ce linéaire occasionnera un gain de 200 km depuis le port de Dar-es- Salaam (Tanzanie) jusqu’à Bujumbura (Burundi). Ce qui favorisera la compétitivité des marchandises et, partant, l’amélioration des conditions de vie de la population

S

elon Capitaine Dieudonné Dukundane, Secrétaire Exécutif du Corridor Central, lors de sa visite en Tanzanie au cours de ce mois d’octobre, le Président de la République du Burundi Evariste Ndayishimiye et le Président Tanzanien Samia Suluhu Hassan se sont engagés à accroître les échanges commerciaux.

« Pour que cela soit une réalité, il faut que les voies d’accès se développent. La région de kayogoro dans la province de Makamba est une région avec un potentiel agricole énorme. Malheureusement, elle souffre d’un manque d’infrastructures transfrontalières», précise Capitaine Dukundane.

Pour lui, les productions n’arrivent pas au marché en temps voulu, donc à un coût compétitif. On perd en termes de temps et de carburant.

Et de rappeler : « Une fois, les productions arrivées au marché ne sont plus compétitives, la population risque de ne pas en tirer profit ».

DEVELOPPEMENT

Une route multinationale pour accroître les échanges commerciaux

Un travail de longue haleine

Le Secrétariat Exécutif du Corridor Central s’est engagé à appuyer dans les pays membres les initiatives allant dans le sens de faciliter l’accès au marché.

Faustin Ndikumana, président de PARCEM : « Le Burundi a besoin des institutions indépendantes solides qui travaillent professionnellement pour enquêter sur les dossiers de corruption et des malversations économiques ».

Ces dossiers sont notamment, le li- mogeage du ministre du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme et celui du directeur géné- ral de l’Otraco. Il y a aussi les scan- dales des barrages de Mpanda et de Kajeke. La déclaration des biens par les hauts cadres à l’entrée de leurs fonctions qui n’a pas été respectée est également remise en cause.

Malgré tout, les institutions qui doivent s’en occuper prolifèrent

M. Ndikumana se demande quelle sera l’issue de tous ces dossi- ers. Jusqu’ici, les institutions in- dépendantes qui doivent s’en oc- cuper n’ont rien fait pour éclairer l’opinion et établir les responsabili- tés. Au cas contraire, les coupables seraient punis conformément à la loi.

Les institutions qui ont la préroga- tive de gérer ces dossiers sont en- tre autres la cour des comptes, l’inspection générale de l’Etat ou l’ombudsman lui-même. Des com- missions parlementaires peuvent aussi faire des investigations tout comme les parquets généraux des cours et tribunaux. Enfin de compte, la justice a le plein droit d’enquêter là-dessus.

Là où le bât blesse, c’est qu’il y a des autorités qui sont destituées à

cause de leur flagrance et qu’on voit promu le lendemain dans un autre service. Pour M. Ndikumana, on ne peut pas lutter contre la corruption de cette manière. PARCEM lance un vibrant appel au gouvernement pour qu’il puisse rectifier le tir dans ce combat. De tels dossiers ne peu- vent pas être gérés dans la simple hiérarchie de l’Exécutif. Il faut des institutions indépendantes profes- sionnelles qui éclairent l’opinion et établissent les responsabilités. Les

citoyens doivent savoir le manque à gagner et la responsabilité des uns des autres. Ce qui peut même aboutir à des sanctions administra- tives et pénales.

Dans un pays aussi pauvre que le Burundi où même l’achat des pu- pitres pour les élèves est toujours problématique, renchérit M. Ndiku- mana, il est insensé de continuer à assister à de tels comportements de la part de certains cadres irrespon-

sables de l’administration. Pour al- ler de l’avant, on ne peut pas con- tinuer dans l’impunité. Quand une faute grave de gestion est commise, il doit y avoir des investigations ap- profondies qui n’ont pas de tend- ances politiques car, il ne faut pas non plus accuser quelqu’un injuste- ment.

Dénoncer les délits ne suffit pas

Pourtant, ça ne sert à rien de dénon- cer les délits sans toutefois aller au- delà pour savoir la vérité et punir s’il le faut. Selon M. Ndikumana, le Burundi a besoin des institutions fortes qui peuvent juguler telles sit- uations. Le cas échéant, c’est mieux de remplacer les cadres accusés du tort avec des visages nouveaux qui ont de l’énergie nouvelle pour me- ner une nouvelle politique et une nouvelle idéologie de sensibilisa- tion.

Malgré cela, la justice est au-dessus de tout. Elle doit faire des enquêtes approfondies sur les dossiers de corruption et des malversations économiques. Elle est indépendante et doit se saisir de certains dossiers sans toutefois demander la permis- sion au gouvernement. Même si la cour anticorruption n’est plus, les parquets des cours et tribunaux sont susceptibles de jouer ce rôle.

Gilbert Nkurunziza

Pour ce, il annonce que le Secrétariat Exécutif du Corridor Central s’est engagé à appuyer dans les pays membres les initiatives allant dans le sens de faciliter l’accès au marché.

« Nous avons cherché un budget pour financer donc les études de faisabilité. Aujourd’hui, nous sommes ici pour valider les documents de négociation avec le consultant qui a été retenu pour effectuer ces études. Celles-ci vont durer 6 mois. Au terme de ces études, nous allons mobiliser les fonds pour la construction de la route et effectuer les travaux connexes », fait-il remarquer avant d’annoncer que les fonds pour la construction d’un pont qui sera érigé sur la rivière malagarazi sont déjà acquis dans le cadre de la Communauté East Africaine.

Et de renchérir : « Le bitumage de ce linéaire permettra de gagner 200 km de parcours à partir du port de Dar- es-Salaam où passe plus de 90%

des importations et exportations du pays, soit un gain d’une journée équivalent à la distance entre Bujumbura et Muyinga ».

Une plus-value pour tout le pays

Selon Ingénieur Egide Nijimbere, secrétaire permanent au ministère des Infrastructures, de l'Equipement et des Logements sociaux, cette infrastructure contribuera au désenclavement du pays et à l’amélioration des conditions de vie des populations.

La zone d’influence indirecte couvre les provinces de Gitega,

Makamba, Rumonge, Rutana, Ruyigi, Cankuzo et une partie de l’Ouest de la Tanzanie. Cette route permettra un meilleur écoulement des productions agricoles et un accès facile aux infrastructures.

Elle facilitera le transport des marchandises en provenance de la Tanzanie, l’acheminement des produits vivriers en provenance de l’Est du pays vers les autres provinces. La population de la zone d’influence est celle de tout le pays estimée à environ 12 millions d’habitants.

Un ouf de soulagement chez les habitants de la zone cible

Venant Nifasha est le chef de quartier II à la colline Buhema.

Ce trentenaire indique que les

camions tanzaniens apportent les marchandises à partir de Tabora, Kibondo, Mpanda, Dodoma... Ils les déposent sur les berges de la rivière Malagarazi côté Tanzanien.

La traversée de la rivière se fait par pirogue. « Le déchargement des camions, le chargement de la pirogue et son déchargement coûtent en tout 120 shillings tanzaniens. Le coût du transport des marchandises par pirogue est de 80 mille FBu sur une quantité dont le poids varie entre 8 et 10 tonnes », certifie-t-il avant de rappeler qu’un shilling tanzanien se changeait à 1,6 FBu au 27 octobre.

Le chargement des camions à la frontière burundaise coûte 10 FBu par kg. « Toutes ces tracasseries seront contournées », se réjouit-il.

Antoine Ndayiragije, administrateur de la commune Kayogoro dans la province de Makamba salue l’initiative du Secrétariat Exécutif du Corridor Central. Il affirme que le bitumage du linéaire Buhema- Kayogoro permettra aux gens de Makamba qui se rendent à Kasuru (Tanzanie) de gagner au moins 4 heures. « Pour le moment, les gens en provenance de Makamba qui se rendent à Kasuru passent par Mugina et Dodoma. Ce trajet dure 5 heures », fait-il remarquer avant d’éclairer qu’avec la nouvelle, route la durée du trajet sera d’environ une heure.

M.Ndayiragije déclare également que la construction d’un pont sur la Malagarazi contribuera à éviter les risques de noyade et celle de la liaison multinationale à son tour contribuera à éviter l’embourbement des véhicules observé souvent durant la période pluviale. Et de conclure :

« Avec l’intensité du mouvement à la frontière, la commune pourra encaisser beaucoup de taxes ».

Mélance Maniragaba

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Burundi Eco - Vendredi, 05 Novembre 2021 - n°478

DEVELOPPEMENT

Le conseil des ministres vient d’approuver la révocation du contrat d’exploitation du nickel dans le périmètre de Musongati. Ce gisement regorge de 180 millions de tonnes, environ 6% des réserves mondiales de ce métal très convoité. Cependant, l’extraction du nickel se fait toujours attendre alors que la mine constitue une manne pour relancer la machine économique. Eclairage

L

e gouvernement mise sur l’exploitation industrielle des ressources naturelles pour doper son économie. Cependant, ce secteur connait pas mal de chamboulements au fil des années.

Il y a trois mois, le gouvernement a pris une mesure unilatérale de suspendre toutes les licences d’exploitation minière jusqu’à nouvel ordre. Pour le moment, le code minier est en cours de révision. Ce qui aboutira évidement à la renégociation de nouvelles conventions minières avec les multinationales.

Depuis des décennies, l’exploitation des ressources à base de nickel constitue un objectif prioritaire pour le gouvernement qui veut en faire une grande mine du pays dont la durée de vie dépasse 45 ans.

Pour les profanes de l’industrie minière, cela signifie que le Burundi exploitera le nickel pendant plus 45 ans. L’exploitation du nickel est récurrente dans les discours des officiels. Mais pourquoi ce projet tarder à se concrétiser ? Pour y voir plus clair, la rédaction du journal Burundi Eco a épluché plusieurs documents pour vous faire découvrir pourquoi les investisseurs hésitent à saisir cette opportunité d’affaires.

Un pays enclavé avec des ressources énergétiques limitées

Le pays n’a pas un accès direct à l’océan. Les marchandises et les matières premières dont des équipements industriels transitent principalement par le port de Dar- es-Salaam en Tanzanie. De là, les cargaisons sont acheminées par voie routière jusqu’à Bujumbura sur une distance d’environ 1 500 km.

Ce qui augmente considérablement les coûts de production pour les entreprises. La voie lacustre est moins utilisée malgré ses atouts.

La voie aérienne, quant à elle, reste sous-exploitée, car le pays ne dispose pas d’assez d’avions cargos pour assurer les liaisons internationales.

Or, pour exploiter le nickel de Musongati, la construction du chemin de fer Uvinza-Musongati est indispensable, a précisé l’ex- ministre des Transports et des Travaux Publics Jean Bosco Ntunzwenimana lors d’un atelier de validation d’une étude de faisabilité de ce projet. Ce dernier date de plus de 40 ans, mais la réalisation des travaux reste sur papier. Les projets de construction du chemin de fer Uvinza-Musongati-Gitega pour permettre le transport du nickel et d’autres minerais en provenance du Burundi sont parfois au menu des échanges entre les deux pays.

D’ailleurs, les deux gouvernements étudient les mécanismes de financement de ce gigantesque projet. Les ministres en charge des finances des deux pays vont analyser ensemble les modalités de financement proposées par les banques comme Diamond Trust Bank (DTB) et la CRDB Bank qui sont prêtes à financer ce projet.

L’exploitation du nickel n’est pas pour demain

Normalement, la mine devrait entrer en activité dès 2015 avec une production initiale de 8.000 tonnes de nickel pour atteindre 100. 000 tonnes en 2016 et enfin atteindre une production record d’un million de tonnes en 2020.

Les travaux de démarrage de la société Burundi Mining Metallurgy (BMM) ont été lancés en grande pompe en octobre 2014. Cependant, aucun gramme de nickel n' a été exporté à partir de la mine de Musongati.

Il importe de signaler que le coût estimatif du projet est de 1,91 milliards USD, soit 961 millions USD pour la partie burundaise sur un linéaire de 84 km. Ce montant n’inclut pas le coût de construction du tronçon Musongati-Gitega, selon les projections du secrétariat exécutif du corridor central.

L’exploitation du nickel s’avère très coûteuse

Le plan de développement pour le Burundi élaboré par la Banque Africaine de Développement (BAD) en 2009 montre que l’exploitation du site de Musongati exige la mobilisation des fonds conséquents.

L’extraction annuelle du nickel est estimée à quatre millions de tonnes de minerai. Ce qui permettrait d’obtenir environ 50 000 tonnes de nickel métallique et près de 4 000 tonnes de cobalt chaque année.

Dans ce cas, il faudrait diligenter les travaux le développement du site minier et la réfection de la route qui mène vers Kigoma quitte à débuter l’extraction en 2017.

Le coût du développement minier, hors transport et électricité, était estimé à 1,44 milliard de dollars.

Ce chiffre inclut les dépenses pour couvrir l’entreposage en vrac près de la mine ainsi que l’établissement d’une ville dotée d’écoles et d’un hôpital.

Lors du démarrage des activités

Dr Danko Koncar patron de BMM estimait que l’extraction de ce nickel exige beaucoup d’électricité, soit 800 MW. Et pour parier à ce problème, il a mentionné qu’on va faire recours à l’énergie solaire. Il parlait également de deux projets de construction de chemin de fer pour faciliter l’exportation des produits financé et l’importation du matériel, lit-on dans le numéro 111 du journal Burundi Eco paru le 10 octobre 2014.

Pour réaliser les activités minières proprement dites, les besoins en infrastructures sont importants.

La BAD estime que la capacité électrique installée nécessaire à la mine est d’environ 75 MW.

Pour le moment, l’offre électrique oscille autour de 90 MW. Plusieurs chantiers sont en cours pour augmenter l’offre énergétique mais le gap reste important. D’après le Plan National de Développement 2018-2027, le Burundi aura besoin d’au moins 400 MW pour son industrialisation et 412 MW dédiés au secteur des mines. Avec les projets énergétiques en cours, on aura atteint une production de 245 MW d’ici 2026 alors que le déficit énergétique sera évalué à 566 MW à la même période. Dans ces conditions, l’exploitation du nickel nécessitera la construction des barrages supplémentaires et/

ou l’importation de l’électricité.

Les experts de la BAD évoquent également la possibilité de construire un petit aéroport aux abords de la mine. Dans ce cas,

le coût total de l’amélioration des infrastructures serait de 640 millions USD.

La volatilité des cours plombe les investissements

Le nickel est une ressource rare principalement destinée à la fabrication d’acier inoxydable. Sur les marchés, le prix de ce métal connaît des variations souvent très volatiles. Le nickel est négocié sur le London Metal Exchange (LME) où son prix est fixé en dollars par tonne. Les cours du nickel avaient atteint en mai 2007 un record à 54 100 dollars la tonne. La crise financière a ensuite contribué à un effondrement des prix jusqu’à 9 050 dollars la tonne en décembre 2008.

Dès lors, l’évolution des prix du nickel reste très volatile, enchaînant de fortes phases de hausse et de baisse. Depuis 2011 et jusqu'en 2015, les prix ont varié dans un canal très large compris entre 13 000 et 22 000 dollars la tonne, détaille le portail d’information Bousorama.

Le cobalt, le nickel et le cuivre sont très prisés dans les pays industrialisés. D’où l’envolée des cours des matières premières sur le marché. Les prix du nickel sont sur une pente ascendante depuis plusieurs mois à la bourse des métaux de Londres (LME). Le nickel s’est ainsi négocié à près de 19 824 USD la tonne mardi le 2 novembre 2021, en hausse de 29 % en glissement annuel.

Privilégier le raffinage du nickel sur place

Les experts de la BAD avaient suggéré deux options, à savoir : l’exportation du minerai de nickel, et l’exportation de métal après raffinage sur le site. Pour le premier scénario, il faudra transporter environ quatre millions de tonnes de minerai par an, de la mine jusqu’au port de Dar es-Salaam. Delà à partir, le nickel serait acheminé vers des raffineries à l’étranger. De tels volumes nécessitent d’emprunter le réseau ferroviaire tanzanien.

Les minerais peuvent également emprunter la ligne ferroviaire reliant Uvinza (près de Kigoma) directement à Bujumbura, avec une extension de Gihofi à Musongati. Les fonds nécessaires pour couvrir la partie burundaise de ces extensions ferroviaires sont conséquents, soit 1,3 milliard de dollars.

Et si le raffinage du minerai se fait sur place, il faudra assurer le transport du métal obtenu vers la côte en vue de son expédition à l’étranger. En cas de raffinage in situ, les quantités de métal à transporter annuellement seraient de l’ordre de 50 000 tonnes.

Le transport du métal par route jusqu’au terminal ferroviaire de Kigoma serait alors, d’après les spécialistes, l’option à privilégier.

« L’hypothèse retenue est que le nickel et le cobalt seront raffinés sur place et que la société minière assurera ensuite le transport du métal par route jusqu’au terminal ferroviaire de Kigoma ». Selon une simulation faite par nos confrères du journal Jeune Afrique, l’acheminement d’un million de tonnes de minerai supposerait qu’au moins 500 camions circulent entre Musongati et Dar es-Salaam chaque jour. Ce qui va endommager très rapidement la voie routière.

La Tanzanie avance ses pions

D’après la BAD, le développement des activités minières au Burundi offre de nombreuses opportunités pour le pays. Toutefois, pour que ce potentiel devienne réalité, le Burundi et la Tanzanie devront collaborer étroitement pour garantir une bonne coordination des plans de réhabilitation des lignes ferroviaires existantes et pour être à même de faire face à la forte augmentation du volume du fret à destination et en provenance du port de Dar-es-Salam.

La Tanzanie veut saisir la balle au bond. En tout cas, les visites intermittentes entre les présidents des deux pays en disent longs.

En l’espace d’une année, le président Burundais Evariste Ndayishimiye s’est déplacé deux fois en République Unie de la Tanzanie. Lors des échanges entre ses deux homologues, la Tanzanie ne cache pas sa volonté d’avoir une coopération minière plus élargie avec le Burundi.

Les autorités tanzaniennes se veulent rassurant quant à leur expertise dans l’exploitation des minerais. Ce pays dispose déjà de comptoirs de transformation du nickel dans les localités de Kigoma, Mwanza et Geta. Pour les autres minerais, Gitega pourrait aussi se servir des laboratoires homologués installés en Tanzanie pour analyser les échantillons des minerais avant leur exportation. De cette manière, les deux pays pourront partager les devises issues de l’exploitation des minerais.

Un projet qui date de la nuit des temps, mais ...

Le nickel a été découvert au cours des années 1970. Les ressources nationales sont évaluées à 250 millions de tonnes de minerai, dont 180 millions de tonnes dans le principal gisement situé à Musongati, dans la province de Rutana au Sud-Est du pays.

Normalement, la mine devrait entrer en activité dès 2015 avec une production initiale de 8.000 tonnes de nickel pour atteindre 100. 000 tonnes en 2016 et enfin atteindre une production record d’un million de tonnes en 2020.

Mais, jusqu’à présent, aucun gramme du métal n’a été exporté.

«Le grand projet minier est donc à l’arrêt faute d’investisseurs prêts a engager des sommes considérables dans la mise en exploitation du site de Musongati», conclut Thierry Vircoulon dans une étude faite en 2019 sur le secteur minier pour le

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Burundi Eco - Vendredi, 05 Novembre 2021 - n°478

DEVELOPPEMENT

SOCIETE

2 milliards de FBu auraient été détournés

L’église Adventiste du Burundi a été secouée par une crise de leadership depuis 2018.

Cette crise a fait que certains projets d’intérêt public ou de développement entrepris par l’église notamment l’Ong ADRA, la construction d’un hôpital de référence dans la Mairie de Bujumbura, la mise en place d’une université, … tombent à l’eau. Environ deux milliards de FBu auraient été détournés

L

es projets qui ont été entrepris par l’Union des Eglises Adventistes du Septième Jour au Burundi mais qui ont été suspendus suite à la crise qu’a connue cette église vont reprendre dans les jours à venir. « Nous sommes dans le processus de redémarrage des projets. Ce sont des projets irréversibles », confirme Pasteur Enock Ntunzwenimana, Président et Représentant Légal de l’Union des Eglises Adventiste du Septième Jour au Burundi.

Rappel sur la genèse des conflits

Depuis 2018, l’église Adventiste du Septième Jour au Burundi a été secouée par une crise sans précédent. Des violences ont été enregistrées dans différentes églises adventistes. « Cette crise découle d’un conflit de leadership », précise une source de l’église Adventiste du Septième Jour au Burundi.

Selon lui, en 2018, il y a eu un

Les éléments de terres rares, le nickel, le cobalt et le cuivre sont en effet autant de métaux essentiels à cette transition, en raison de leur utilisation dans les batteries des véhicules électriques, le solaire et l’éolien.

Les colonnes qui devraient servir de pilier pour le fameux hôpital de référence de l'église Adventiste ont cédé place à des plantations de maïs. ( Chantier complétement à l'arrêt au quartier Rohero 2 ).

Crise au sein de l’église Adventiste

D’après une étude réalisée par la Banque Afrique de Développement (BAD), les réserves de nickel du pays sont estimées à environ 285 millions de tonnes. Le gisement de Musongati en province de Rutana est l’un des dix plus larges gisements connus et non encore exploités dans le monde. D’ailleurs, le complexe de Musongati fait partie de la « ceinture du nickel » qui s’étend du sud de la région centrale du Burundi jusqu’au Nord-Ouest de la Tanzanie.

Cette ceinture recèle d’importantes quantités de sulfure et de latérite.

Le Burundi dispose de la deuxième plus grande réserve de Coltan (colombite et tantalite) dans la région est-africaine et de 6% des réserves mondiales de Nickel (Ni), dont environ 180 millions de tonnes de nickel à Musongati dans la province de Rutana, 46 millions de tonnes à Nyabikere dans la province de Karusi et 35 millions de tonnes à Waga dans la province de Gitega avec une teneur respectivement de 1,62 %, 1,45 %, 1,38 %.

détournement de fonds au sein de cette église. Le trésorier a été mis en cause après quoi il a été destitué par la division Afrique Centre- Est qui a son siège à Naïrobi au Kenya mais, paradoxalement, il est resté dans ses fonctions sous la protection du Président de l’Eglise Joseph Ndikubwayo. Pendant cette période, ce trésorier qui avait été destitué a détourné 70 millions de FBu sur les comptes de l’Eglise.

Un audit a été commandité par le siège mondial de l’Eglise Adventiste aux Etats-Unis. Les résultats ont

révélé que plus de 300 millions de FBu se sont volatilisés. «Mais, ce n’est pas envisageable que ce trésorier soit seul dans cette affaire parce qu’il n’avait pas le droit de retirer de l’argent seul sans l’aval du Président», explique notre interlocuteur.

Par après, Ndikubwayo a été destitué par la Division Afrique Centre-Est et a été remplacé par le Pasteur Lamec Barishinga. Joseph Ndikubwayo a refusé de reconnaître sa destitution. Se servant de ses

proches et de certains membres de l’Eglise, il a contesté la nomination de son successeur. Le ministre de l’Intérieur d’alors Pascal Barandagiye a refusé de prendre acte de la nomination de Barishinga prétextant des raisons de sécurité et Ndikubwayo s’est maintenu à la tête de la direction de l’Union des Eglises Adventistes.

Vers la liquidation des conflits

En 2020, en collaboration avec la Division Afrique Centre Est, Gervais Ndirakobuca, ministre actuel de l’Intérieur s’investit pour liquider cette crise. Il organise différentes réunions entre les protagonistes.

En septembre 2020, Ndirakobuca prend acte de la mise en place de la commission de transition.

En avril 2021, un nouveau Président et Représentant Légal de l’Union des Eglises Adventistes a été élu. Il s’agit de Pasteur Enock Ntunzwenimana.

Celui-ci remercie le Gouvernement du Burundi en général et le ministère de l’Intérieur en particulier pour leur implication dans la recherche des solutions. «Actuellement, il n’y a plus de crise au sein de notre église.

La solution a été trouvée en se référant au règlement de l’Eglise», fait-il savoir tout en expliquant que les dissidents existent toujours et qu’ils sont poursuivis devant la justice quand ils sèment le désordre au sein de l’Eglise.

Des fonds ont été détour- nés

Selon l’actuel président de

l’Union des Eglises Adventistes du Septième Jour au Burundi, des fonds et du matériel de différents projets ont été spoliés par le camp de Joseph Ndikubwayo qui s’est maintenu par force à la tête de l’Eglise. Pasteur Ntunzwenimana estime qu’environ 2 milliards de FBu auraient été détournés. Selon lui, ce chiffre est estimatif car le service de trésorerie n’a pas encore terminé de vérifier les manquants.

« Les comptes des centres de santé, des écoles, de la Radio Agakiza ont été vidés. Le matériel de l’Ong ADRA dont des véhicules et des motos ont été spoliés », précise-t- il. M. Ntunzwenimana demande au gouvernement de se saisir du cas.

« Ceux qui ont détourné ces fonds doivent être poursuivis devant la justice. C’étaient des projets d’intérêt public ».

Toutefois, Pasteur Enock Ntunzwenimana révèle que ces projets vont reprendre progressivement. « Que ce soit pour l’Ong ADRA, l’hôpital de référence, le projet de mise en place d’une université, on est dans les procédures administratives pour la reprise des activités. Même s’il n’y a actuellement pas de moyens suffisants, ce sont des projets irréversibles qu’on ne peut pas laisser tomber ». Pour la mise en place d’un Institut Supérieur, le processus est avancé. L’Eglise va se servir des infrastructures qui sont dans le quartier de Jabe en Mairie de Bujumbura. Par après, on va construire un campus à Kivoga.

Bruce Habarugira compte de l’Institut Français des

Relations Internationales (IFRI) Dans une conférence de presse tenue en novembre 2017, l’ex-ministre de l’Energie et des Mines Ir Côme Manirakiza évoquait des difficultés liées à la chute des cours de nickel sur le marché international. «Le coût a fortement chuté tellement que les banques qui devraient appuyer dans la mobilisation des fonds n’ont pas eu le courage de le faire. Comme les cours repartent à la hausse tirés par la fabrication des voitures électriques, il y a moyen de débuter les travaux d’extraction». Pourtant une année avant, le ministre Manirakiza avait réagi sur l’état d’avancement du processus d’extraction du nickel de Musongati. « L’extraction industrielle des minerais au Burundi n’est pas effective. Pour le nickel, l’exploitation n’a pas encore commencé, car le pays aura besoin d’une grande quantité d’énergie électrique », s’est-il exprimé devant la chambre du parlement en date du 14 avril 2016.

Retour à la case départ

En mai 2014, une convention d’exploitation minière sur le gisement de nickel de Musongati a été signée entre la société Burundi Mining Metallurgy International (BMM International) et le Gouvernement du Burundi. Il s’agit d’un contrat de 25 ans renouvelable pour 10 ans. Le permis d’exploitation a été octroyé par décret en juin 2014 et le lancement officiel des activités d’exploitation et de traitement du nickel et minerais associés du gisement de Musongati a été fait en octobre 2014. Et les travaux

devraient commencer endéans une année.

Sept ans plus tard, le gouvernement veut divorcer avec la société Burundi Mining Metallurgy International (BMM International). Le conseil des ministres du 28 octobre 2021 a analysé le projet de décret portant révocation du permis d’exploitation du nickel et de ses minerais associés à Musongati. Le gouvernement du Burundi regrette que malgré plusieurs rappels à la société BMM à respecter ses engagements et à commencer les travaux proprement dits, aucune suite n’y a été réservée par cette société. En plus du retard injustifié dans le démarrage ou le déroulement des travaux, cette société a refusé de communiquer les renseignements techniques exigés en vertu du code minier et de la convention qu’elle a signée.

Pour ce faire, ce projet propose la

révocation du permis d’exploitation qui a été donné à cette société.

En plus de l’élaboration d’un avis juridique qui montre les tenants et les aboutissants de ce dossier, il a été recommandé d’exiger à cette société de restituer à l’Etat burundais ce qu’il a emporté comme échantillon, annonce Prosper Ntahorwamiye porte-parole et secrétaire général du gouvernement dans un communiqué de presse.

D’après le portail d’information bousorama.com, le minerai est peu connu du grand public, car il est rarement utilisé à l'état brut. Dans la plupart des cas, il est souvent associé à d’autres produits grâce aux propriétés du métal qui lui confère un recyclable infini. Il est principalement utilisé pour la confection de l’acier inoxydable.

Près de deux tiers du nickel sont utilisés dans la fabrication d'acier

produits chimiques à base de soufre. Le raffinage produira chaque année plusieurs millions de tonnes de déchets a priori à forte teneur chimique. Une étude plus poussée devra être menée pour définir un programme de traitement de ces déchets de manière à préserver l’environnement et à éviter tout danger pour la santé des populations locales. Le projet devrait se traduire par des bénéfices importants, suggèrent les experts de la BAD.

La dépendance vis-à-vis des matières premières fragilise les économies africaines. Le pays devrait opter pour la diversification de son économie. D’après la BAD, l’affaissement de l’économie mondiale et l’effondrement des prix s’accompagnent souvent par une baisse de la demande mondiale. Par conséquent, les pays producteurs des matières premières voient les projets d’exploitation des minerais ralentir, voire annulés.

Benjamin Kuriyo

Suite de la p. 5

inoxydable, notamment dans les

secteurs de la construction et des transports. Le métal est également utilisé dans la fabrication d'autres alliages, de plaquages ou encore de certains types de batteries.

Tirer profit de la transition énergétique

Le monde amorce une phase de transition énergétique. Les pays développés veulent à tout prix se débarrasser des énergies fossiles à base des hydrocarbures et du charbon responsables des émissions des gaz à effet de serre. Les énergies renouvelables deviennent le credo de tous les pays. Les éléments de terres rares, le nickel, le cobalt et le cuivre sont en effet autant de métaux essentiels à cette transition, en raison de leur utilisation dans les batteries des véhicules électriques, le solaire et l’éolien. Mais attention, il y a grand risque que la mine de Musongati provoque un désastre écologique dans notre pays.

L’activité de raffinage nécessitera l’usage de 600 000 tonnes de

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Burundi Eco - Vendredi, 05 Novembre 2021 - n°478

SOCIETE

ENVIRONNEMENT

Pour réduire l'utilisation du bois jusqu’à 45%

Cassilde Niyungeko, une activiste de la réconciliation

Cassilde Niyungeko est l’une de ces rares femmes qui n’oc- cupent aucune place adminis- trative, mais dont le leader- ship s’impose dans la société.

Depuis plus de 30 ans, Niyun- geko a déjà résolu pacifique- ment plus de 20 conflits dans son entourage. Ses voisins témoignent leur fierté d’avoir une telle personnalité sur leur colline

L

orsque nous sommes arrivés sur la colline Kagoma de la commune Vyanda en province de Bururi, nous avons approché un groupe d’une vingtaine d’habitants de ladite colline. La question était de trouver une femme qui n’occupe aucune place dans l’administration, mais qui marque son entourage par ses actions. Spontanément, comme si tout le monde s’était entendu sur la réponse, tous les doigts se sont tournés vers Mme Cassilde Niyungeko, 65 ans et mère de 8 en- fants.

Jean Damascène Uwikunda, 70 ans, justifie sa réponse. « Je suis témoin du leadership de cette femme », fait- il savoir. Comme il nous l’a expliqué, il avait un conflit foncier avec son voisin. Ce conflit était récurrent à tel enseigne qu’ils se chamaillaient tout le temps. C’est ainsi que Mme Niyungeko leur a demandé s’ils ont besoin d’une résolution pacifique de leur différend. « Elle nous a réc- oncilié. Chacun a eu sa part et nous avons tous été satisfaits », se réjouit- il. Selon lui, n’eût été l’intervention de cette femme, il aurait dépensé beaucoup d’argent en essayant de recourir à la justice. Ce qui aurait

Quotidiennement, les ménages utilisent beaucoup de bois dans la cuisson des aliments.

Ce qui a un impact négatif sur l’environnement à cause du déboisement accéléré.

Pourtant, les foyers améliorés

« Bika Igiti » sont susceptibles de réduire le taux de bois utilisé dans la cuisson des aliments. Malheureusement, ils ne sont pas vulgarisés

D

ans le numéro 477 de Burundi Eco, nous avons parlé de Honey Trade Global (HTG), une entreprise basée à Kayanza œuvrant dans la production et la commercialisation du miel. A l’instar du secteur apicole, elle s’est lancée dans la protection de l’environnement, particulièrement les arbres. Dans la périphérie du centre urbain de Kayanza, sur la colline Rwintare, cette société dispose d’un atelier qui fabrique les foyers améliorés dits « Bika Igiti ».

Ces derniers, selon Yves Niyongabo, directeur général de HTG, réduisent jusqu’à 45 % l’utilisation du bois dans la cuisson des aliments. Ils sont multifonctionnels car ils utilisent le bois sec ou le charbon.

Avec l’appui technique et financier de GIZ, c’est en 2018 que HTG a démarré la fabrication de «Bika Igiti»

à base d’argile. Malheureusement, la population locale ne convoite pas ces foyers améliorés, parce qu’ils sont un peu cher par rapport aux

Cassilde Niyungeko : « Je ne me substitue pas aux instances juridiques et je ne vise pas la condamnation de qui que ce soit. Je ne cherche que l’harmonie dans la société. Cela est d’ailleurs le devoir de chaque chrétien ».

Les foyers améliorés « Bika Igiti » ne sont pas convoités par la population locale malgré leur vertu environnementale.

Vyanda-Bururi

Foyers améliorés « Bika Igiti »

peut-être empirer ses relations avec son voisin. « Cette femme est vraiment exceptionnelle. Elle ar- rive même à trancher les litiges que beaucoup d’hommes n’oseraient pas trancher », lui fait partager son voisin. Il nous a expliqué qu’il avait lui aussi un conflit foncier avec son voisin, mais que Mme Niyungeko l’a résolu pacifiquement.

Niyungeko révèle son se- cret

Nous avons approché cette dame qui nous a partagé son témoignage.

Selon elle, son secret est de ne pas avoir un penchant en résolvant ces litiges. « Je ne me substitue pas aux instances juridiques et je ne vise pas la condamnation de qui que ce soit.

Je ne cherche que l’harmonie dans la société. Cela est d’ailleurs le de- voir de chaque chrétien », explique- t-elle. Cette femme a déjà résolu pacifiquement plus de 20 conflits et cela fait sa fierté. Néanmoins, elle regrette un conflit dans lequel un de ses voisins était impliqué qui n’a pas marché malgré pas mal d’efforts qu’elle a déployé pour les récon- cilier.

Selon elle, cet esprit de récon- ciliation remonte de son enfance.

«Depuis que j’étais toute petite, mes parents me donnaient plus de re- sponsabilités que les autres enfants et je ne comprenais pas pourquoi vu que je n’étais même pas l’ainée de la famille. Peut-être qu’ils voyaient en moi le leadership depuis le bas âge», témoigne-t-elle. Beaucoup de voisins de tous âges la consult- ent pour des réconciliations ou des conseils éventuels. Depuis bientôt 30 ans, elle a été élue présidente de la communauté ecclésiastique de base (Umubano rukristu) de

Gitwe. Quand on a demandé ceux qui veulent être intronisés, elle n’a pas hésité une seconde même si elle n’est pas intéressée par la politique comme elle le fait savoir.

Une fierté pour l’entou- rage

Comme le témoigne Uwikunze, que ce soient les hommes ou les femmes, les jeunes et les adultes de cette col- line n’hésitent pas à faire recours à son aide grâce à sa crédibilité et à sa sagesse. A maintes reprises, l’intervention de cette femme leur a évité les visites quotidiennes dans les tribunaux et les dépenses qui en découlent.

Selon lui, un conflit résolu paci- fiquement par un voisin se clôture en toute tranquillité qu’un conflit résolu dans les tribunaux, car il se résout dans un environnement fraternel. « Avoir une telle person- alité sur notre colline est une fierté

», conclut-il.

Adronis Metero, chef de la colline Kagoma est le mari de Cassilde Ni- yungeko. Il salue la bravoure de son épouse et témoigne sa façon d’allier la vie sociale et le bon fonc- tionnement de son ménage. Comme l’explique Metero, cette dame ne ré- concilie les gens en conflit qu’avec leurs propres consentements et les concernés ont le droit de faire re- cours aux tribunaux s’ils le jugent nécessaire. Il se réjouit que le tra- vail de cette femme désengorge les tribunaux.

Florence Inyabuntu

foyers traditionnels auxquels elle est habituée. Ces derniers s’achètent à environ 1500 FBu par unité tandis que Bika Igiti coûte entre 3500 FBu et 4000FBu.

HTG ne dispose pas d’un marché permanent pour ses produits.

Occasionnellement, elle profite des descentes des ONGs lorsqu’elles veulent distribuer les foyers améliorés « Bika Igiti » aux populations vivant dans leurs zones d’intervention. C’est le cas du PAM qui, en 2018, a distribué les foyers améliorés dans les camps de réfugiés se trouvant dans plusieurs provinces du Burundi comme Muyinga, Rutana, Ruyigi, Cankuzo,

etc. Pour Niyongabo, cela fait du bien parce qu’à cette occasion son entreprise écoule un nombre important de foyers améliorés « Bika Igiti ». En retour, un gain financier s’ensuit pour couvrir les moyens investis et générer des bénéfices.

Pour y arriver, il faut engager des investisse- ments remarquables

HTG réalise ce projet de fabrication des foyers améliorés grâce à 35 employés payés régulièrement.

Elle dispose également d’un terrain acheté à cet effet où est construit un atelier de céramique.

Concilie Nsabimana est une employée de HTG parmi tant d’autres. Selon elle, à part la préservation de l’environnement, la fabrication des foyers améliorés

« Bika Igiti » lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. Elle a commencé ce travail en 2020 pour contribuer au développement de son foyer grâce au salaire qu’elle touche. Elle affirme aussi qu’elle utilise cette ustensile de cuisine à la maison en vue de minimiser la quantité de bois utilisée dans la cuisson des aliments.

Elias Miburo, un autre employé, s’en réjouit également. Quand il était sans emploi, affirme-t-il, rien n’allait chez lui. Mais actuellement, après deux ans de service, il s’offre ce dont il a besoin grâce à ce travail et ce dernier contribue à la scolarisation de ses enfants. Un autre avantage pour lui est qu’avec « Bika Igiti », même le charbon de bois acheté à 500 FBu suffit pour cuire les aliments contrairement aux autres formes de cuisson traditionnelles qui nécessitent beaucoup plus de charbons de bois.

Un travail à la chaîne !

Les hommes qui sont assez vigoureux s’occupent de l’extraction de l’argile. Les employés qui restent, y compris les femmes, s’occupent du déplacement de l’argile vers l’atelier où s’effectue la fabrication des foyers améliorés. Une fois que la quantité d’argile nécessaire est prête, les ouvriers se mettent à

préparer cette matière première suivant les normes exigées. Ils n’oublient pas de la mélanger avec de la chamotte dans le but d’obtenir un produit solide. Après tout cela, ils entament la fabrication proprement dite du foyer amélioré « Bika Igiti ».

Chaque jour, un ouvrier fabrique entre 30 et 40 foyers améliorés.

Après ce stade, les ouvriers font sécher ces ustensiles pendant trois jours pour finir par les poncer. Le ponçage est l’avant-dernière étape de ce processus. Enfin, ils les font cuire dans un four pendant trois jours en moyenne. Ce processus qui s’étend de l’extraction de l’argile jusqu’à la mise en four de «Bika Igiti»

nécessite une période comprise entre une et deux semaines. Ainsi, les foyers améliorés deviennent prêts à être exploités dans les ménages.

Même si cette initiative présente des vertus favorables à l’environnement, Athanase Ciza, un des promoteurs de ce projet indique qu’il est très exigeant, car il demande beaucoup de moyens matériels et financiers.

Or, il n’est pas très rentable. Il n’y a pas de clients potentiels. Il n’y a que des clients occasionnels. Là où le bât blesse c’est que la population locale ne donne pas beaucoup d’importance à ces ustensiles qui contribuent à la protection de l’environnement en préservant l’arbre.

Gilbert Nkurunziza

Références

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