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Un code de conduite du superviseur dans sa relation avec le supervisé lors de la formation clinique en médecine

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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202

*Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke

C o r r e s p o n d a n c e : Marie Giroux - Adjointe à la vie étudiante - Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke - 3 001 12eavenue nord - Fleurimont, Québec - Canada, J1H 5N4 - Tél. : (819) 563-2 572 - Fax : (819) 563-9 912

mailto:mariegiroux@sympatico.ca

R é s u m é

Co n t ex t e : Le stress et la détresse chez les résidents et résidentes est un phénomène bien documenté dans la littéra t u re médicale. Les stratégies efficaces pour les contrer sont moins connues et étudiées. Dans la for- mation clinique en médecine, l’abus psychologique est une facette subtile et peu étudiée inhérente à la position d’autorité du patron envers le résident. Ob j e c t i f : El a b o rer un code de conduite du superviseur et réfléchir à des modalités d’application dans notre faculté de médecine. M é t h o d e : A partir de 132 anecdotes d’abus de pouvo i r ra p p o rtées par des résidents et résidentes et par des directeurs et directrices de pro g ramme, nous avons conçu un code de conduite du superviseur dans sa relation avec le supervisé. D i s c u s s i o n : Lors d’une vaste consultation dans notre faculté, des suggestions, des réactions et des craintes ont été exprimées, desquels nous avons tenu compte dans la promotion de ce code de conduite. Co n c l u s i o n : Ce code de conduite constitue une initiative inédite. Il est permis d’ é m e t t re l’hypothèse que l’adhésion du corps pro f e s s o ral aux principes énoncés dans ce code de conduite c o n t r i b u e ra au mieux-être des résidents.

Mots clés

r é s i d e n t ; stress psyc h o l o g i q u e ; abus ; code d’ é t h i q u e .

Summary

Ba c k g ro u n d : St ress and distress during residency are well documented facts but effective stra t e g i e s aimed at reducing the latter are less understood. Ps ychological abuse is a subtle and underestimated occurre n c e during clinical training, and is related to the relationship of authority between the supervisor and the re s i d e n t . Ob j e c t i ve: Produce a code of ethics re g a rding this relationship and plan its implementation. Ma t e r i a l : One hun- d red and thirty-two anecdotes suggestive of power abuse we re re p o rted by residents and pro g ram directors, which we re classified and tra n s f o rmed into a code of conduct. D i s c u s s i o n : During a large consultation among Fa c u l t y, s u p e rvisors and residents expressed comments, fears, and suggestions for implementation. Conclusion: This code of conduct is an original tool. One can hypothesize that its implementation could improve re s i d e n t s’ we l l - b e i n g .

Key words

re s i d e n t ; psychological abuse/stre s s ; code of ethics

Pédagogie Médicale 2003 ; 4 : 202-207

Un code de conduite du superviseur dans sa relation avec le supervisé

lors de la formation clinique en médecine

Marie GIROUX*, Denis BERGERON*

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In t ro d u c t i o n

La littérature médicale nord-américaine abonde en a rticles portant sur le stress, la détresse, l’abus et le harc è- lement sous toutes ses formes, vécus en cours de rési- dence. Elle aborde les multiples facettes de ces sujets c o m p l e xes et préoccupants. Bien que les sources de stre s s en cours de résidence soient de natures diverses, plusieurs auteurs évoquent une relation de cause à effet entre l’ a b u s et la détresse. Des re c h e rches en quantifient l’ i n c i d e n c e , d’ a u t res décrivent les impacts négatifs sur l’estime de soi et la confiance des résidents, leur motivation à appre n d re et à poursuivre une carrière médicale, ainsi que sur leur habileté à donner des soins appropriés aux patients1 , 2 , 3 .

Des articles relatent des anecdotes malheureuses ou l i v rent une réflexion concernant la limite entre les diffi- cultés normales de la résidence et les situations d’ a b u s dont les résidents font les frais4 , 5. D’autres suggèrent cer- taines stratégies pour améliorer le bien-être des résidents ainsi que d’un point de vue pédagogique, des stratégies de résolution de conflit, et placent cette préoccupation au cœur de notre mission de former des médecins soignants é q u i l i b r é s6 , 7. D’un point de vue de l’efficacité de l’ a p p re n- tissage, la qualité de la relation entre le superviseur et le s u p e rvisé s’est avérée un facteur plus important que les méthodes pédagogiques employ é e s8. Bien que pour une vaste majorité de résidents, la formation clinique consti- tue principalement une expérience stimulante d’ a p p re n- tissage, on ne peut faire abstraction d’enjeux re l a t i o n n e l s significatifs entre le patron et ses résidents si on se préoc- cupe d’une éducation médicale de qualité et du mieux- ê t re de ces derniers.

Plusieurs facultés de médecine et établissements de santé en Amérique du No rd se sont dotés de politiques en m a t i è re de harcèlement sexuel et psychologique. Pe u d’établissements ont abordé de façon spécifique l’ a b u s p s ychologique vécu par les résidents et résidentes en cours de formation clinique, dans une perspective qui tienne compte de la nature autoritaire de la relation du patro n a vec le résident. Dans une volonté de contribuer au m i e u x - ê t re de nos résidents, il apparaissait intére s s a n t d’ é l a b o rer un code de conduite qui tienne compte de cet aspect. Cet article qui présente un projet de type re c h e rche-action dans notre faculté de médecine, décrit le contexte, ainsi que la méthode utilisée afin de constru i re cet outil. No t re code de conduite y est présenté, avec des e xemples qui illustrent certains énoncés ( Ta b l e a u 1 ). Les réactions, craintes et suggestions rapportées lors de consultations auprès des résidents et professeurs font l’ o b- jet d’une analyse. La discussion comporte des réflexions sur la dynamique de la relation patron-résident, en paral- lèle avec celle de la relation superv i s e u r - s u p e rvisé. El l e

a b o rde les forces et limites intrinsèques de ce code de conduite, ainsi que des stratégies prometteuses pour favo- riser l’adhésion des corps professoral et étudiant aux prin- cipes pro p o s é s .

Co n t ex t e

Une préoccupation des éducateurs et des résidents

En fait, ce sujet est incontournable pour toute personne engagée en éducation médicale. Les organismes d'agré- ment de nos facultés et de nos programmes nous rappel- lent à intervalles réguliers l’ i m p o rtance du bien-être de nos résidents comme un indice de la qualité de nos pro- grammes. En effet, l’expérience démontre que des rési- dents qui se sentent harcelés, démesurément stressés ou insatisfaits tendent à donner une image défavorable de leur programme de formation lorsque l’équipe visiteuse d’agrément les questionne sur la qualité de l’ e n c a d re m e n t pédagogique et du climat dans lequel ils évoluent. Au Québec, la Fédération des médecins résidents du Qu é b e c ( F M RQ) a formé le sous-comité permanent « St ress et d é t re s s e », dont le mandat est de sensibiliser facultés de médecine et résidents à toute cette pro b l é m a t i q u e . S’appuyant sur une solide revue de littérature, la FMRQ a diffusé en l’an 2000 un document exhaustif abordant ce dossier comme un problème de santé publique, pro p o- sant des stratégies de prévention primaire, secondaire et t e rt i a i re pour y faire face9.

Des rites de passage qui se perpétuent

Nos anecdotes personnelles témoignent de l’ampleur du p roblème, de même que des conséquences parfois tra- giques de la détresse de nos résidents. Les réactions de cer- tains professeurs lorsqu’on souhaite les sensibiliser à cette p roblématique suggèrent qu’ils aient eux-mêmes été vic- times de rites de passage douloureux et délétères lors de leur pro p re formation médicale. Typiquement, ceux-ci r é t o rq u e n t : « Lorsque j’étais moi-même résident, les conditions de travail étaient bien pire s ! ». Ils évo q u e n t des exemples d’anecdotes classiques du monde médical : des situations où les responsabilités dépassent la compé- tence, où on se contraint à accomplir un travail difficile malgré un état d’épuisement important, où on se sent seul, dépassé ou humilié devant collègues et patients. A l’instar d’un enfant victime d’abus qui re p roduit une fois adulte des comportements abusifs envers ses enfants, il est permis de cro i re qu’une négation de la part d’un pro f e s- seur à re c o n n a î t re sa souffrance dans sa pro p re histoire , constitue un facteur de risque pour qu’une dynamique

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Tableau 1 :

Code de conduite du superviseur dans sa relation avec le supervisé lors de la formation clinique en médecine

Document rédigé par Marie Gi roux et Denis Be r g e ron, Un i versité de Sh e r b ro o k e m a r i e g i ro u x @ s y m p a t i c o. c a

La collaboration

1. Établir un partage équitable des activités cliniques et formaliser une entente de couve rt u re du serv i c e . 2 . Fa voriser la re c h e rche d’un équilibre de vie

p rofessionnel et personnel des membres de l’équipe de soin.

Le support A l’ a p p re n t i s s a g e

3. Fa voriser un climat propice à l’ a p p re n t i s s a g e . 4. Déterminer clairement les attentes et objectifs

du stage.

5. A s s u rer un équilibre entre le bénéfice d’ a p p rentissage et le fardeau clinique.

6 . Donner une rétroaction constru c t i ve, à interva l l e s réguliers, soulignant les réussites et les points à a m é l i o re r.

7. Donner la priorité à l’assistance des résidents à leurs activités d’enseignement théoriques.

A la clinique

8. Attribuer des tâches correspondant au niveau de compétences de l’ a p p re n a n t .

9. Ê t re présent pour supporter l’accomplissement de tâches plus complexe s .

Le respect

Organisation du temps des résidents

10. Tenir compte dans la planification de vos agendas de l’impact sur l’ h o r a i re de travail du résident.

11. Respecter les délais raisonnables d’avis pour p r é p a rer une présentation ou un club de lecture . 12. Respecter la convention collective .

Relations interpersonnelles

13. S ’ a d resser aux membres de l’équipe de soin de façon re s p e c t u e u s e .

14. Pro s c r i re et dénoncer l’intimidation, la menace, l’humiliation, le h a rcèlement dans notre milieu de trava i l .

15. C o l l a b o rer avec respect entre collègues de d i f f é rentes spécialités.

Exemples et commentaires

Étage, tournées, consultations : établir une charge de t r a vail réaliste. Venir aider le résident dont la tâche est e xc e s s i ve .

Fa i re pre u ve de souplesse et adapter continuellement le fonctionnement de l’équipe selon les disponibilités de chacun et la charge de trava i l .

Éviter l’ a p p rentissage par l’ h u m i l i a t i o n .

On peut nommer ce qu’on ne sait pas afin de pouvo i r l’ a p p re n d re .

Adaptée au niveau de l’ a p p re n a n t ; à effectuer au début de tout stage.

Se rappeler du principe « s a n d w i c h » : un bon point, un point à améliore r, un autre bon point.

Exe m p l e : éviter les tournées trop tard i ves, tro u ver des stratégies pour que le résident puisse quitter lorsqu’il a terminé son trava i l .

Combien de temps exigez - vous pour les demandes q u’on vous fait ?

Une tournée de fin de semaine représente une fin de semaine de travail qui s’ajoute aux autre s .

Les évaluations et la rétroaction devraient se faire en toute discrétion.

Tolérance zéro.

S’abstenir de dénigrer le travail fait par d’ a u t re s .

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intergénérationnelle malsaine se perpétue. Il devient ainsi admis collectivement que certaines conditions de trava i l et d’ a p p rentissage individuellement inacceptables font p a rtie des étapes incontournables et valorisées pour accé- der au statut de médecin.

Aux sources de la détresse : l’abus de pouvoir

Dans notre faculté, alors que nous effectuons une réforme de l’ e n c a d rement clinique, nous nous préoccupons du b i e n - ê t re et du développement personnel de nos résidents comme un prérequis à une formation médicale optimale.

Nous avons émis l’hypothèse que nos résidents n’ é t a i e n t ni plus ni moins en détresse que toutes les cohortes étu- diées et rapportées dans la littérature, c’ e s t - à - d i re de l’ o rd re de plus de 50 % 1 0. Nous étions aussi conva i n c u s que nos professeurs, dans une immense majorité, sont p rofondément dévoués à l’enseignement et très sensibles à toute cette problématique.

Par ailleurs, il importe de re c o n n a î t re et de nommer ce f a i t : la relation du patron avec son résident ou sa rési- dente est une relation d’autorité et comporte donc un risque d’abus de pouvoir qui est d’ailleurs fort bien docu- menté comme une source importante de stress dans la lit- t é r a t u re1 1. Les données dont nous disposons actuellement indiquent que la profession médicale doit se préoccuper de la perception d’abus que peuvent avoir nos résidents et r é s i d e n t e s1 2.

M é t h o d o l o g i e

Cueillette de données et classification

Comme pré-requis à l’élaboration d’un code de conduite des patrons, il apparaissait essentiel de mieux qualifier le type de manifestations de l’abus psychologique dans la relation patron-résident. Lors d’une journée de pro m o- tion du mieux-être des résidents de notre faculté de méde- cine, organisée par l’adjointe à la vie étudiante, quarante- deux résidents et résidentes ont participé à un atelier au cours duquel nous avons expliqué notre projet et donné la consigne suiva n t e : « Ve u i l l ez décrire des situations où vous jugez qu’il y a eu abus de pouvoir ou intimidation de la part d’un patron envers un résident ou un externe.

D é c r i vez le contexte, sans hésiter à citer des paroles ave c guillemets afin de re n d re vo t re description la plus concrète possible, sans nommer personne. Cet exe rc i c e est anonyme ».

Au même moment, dans un local différent, dix dire c t e u r s et directrices des programmes de résidence ont effectué le même exe rc i c e .

Classification et catégorisation

De façon indépendante, le vice doyen et l’adjointe à la vie étudiante ont lu attentivement les 132 anecdotes rappor- tées par les deux groupes confondus, préalablement trans- crites par une secrétaire indépendante afin de préserve r l’anonymat des participants. Dans le but d’effectuer une classification qui rendrait justice au matériel recueilli, il n’y avait pas de plan préalable sur la façon de classifier ces anecdotes, mais il s’est avéré facile de toutes les re g ro u p e r sous les grands thèmes récurrents identifiables de façon é v i d e n t e .

Conception d’un code d’éthique

Nous avons par la suite transformé ces thèmes en quinze énoncés d’un code d’éthique des patrons dans leur re l a- tion avec les résidents, re g roupé sous trois catégories : la collaboration, le support et le respect (voir Ta b l e a u 1) . Les énoncés de ce code présentent des applications concrètes qui touchent entre autres le climat d’ a p p re n t i s- sage, l’organisation du temps, les relations interperson- nelles et le support en clinique. Inspirés des anecdotes r a p p o rtées par les résidents, des exemples ont été ajoutés afin d’ i l l u s t rer concrètement certains énoncés. Il s’ a v è re i n t é ressant de souligner que les situations délétères les plus prévalentes concernaient des charges de travail irréa- listes, des horaires de fin de journée incompatibles ave c des obligations inhérentes à une vie personnelle, des com- m e n t a i res ou attitudes humiliants de la part du superv i- s e u r, ainsi que des préavis nettement trop courts pour pré- p a rer une présentation.

D i s c u s s i o n

Consultations, réactions et commentaires

Cette pre m i è re version du code d’éthique a été soumise pour commentaires et suggestions au Cabinet de la vie étudiante de notre faculté de médecine, à l’Assemblée des d i recteurs et directrices de programme, ainsi qu’ à l’Association des médecins résidents de Sh e r b rooke. De façon générale, le contenu du code d’éthique a fait consensus. On a soulevé le fait que l’abus de pouvoir se manifestait aussi entre résidents, comme par exemple de la part d’un supérieur hiérarchique, et que le code d’éthique devrait s’ a d resser à tout superv i s e u r1 3. Il est per- mis d’imaginer qu’en modifiant des comportements abu- sifs des patrons, les résidents seniors s’ i n s p i re ront de modèles davantage démocratiques. Il nous a été suggéré à cette étape que ce code d’éthique s’applique à tous les s u p e rviseurs, patrons ou résident, dans leur relation ave c tout supervisé, résident ou externe.

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La part du résident

Plusieurs professeurs ont proposé de constituer un code d’éthique du résident, pour souligner l’aspect récipro q u e de la relation patron-résident. De façon spécifique, des p rofesseurs nous ont exprimé leur irritation quant aux re vendications entourant une application rigide de la c o n vention collective des résidents. Dans un souci de r é p o n d re à cette demande et d’optimiser l’adhésion du corps professoral au concept d’un code de conduite, il apparaît intéressant d’effectuer dans un deuxième temps un processus semblable qui mènerait à la création d’ u n code de conduite du résident, document dont la teneur serait évidemment d’un tout autre acabit. Cette initiative et le document « s y m é t r i q u e » qui en résulterait pour- raient contribuer, selon plusieurs personnes consultées, à a m é l i o rer un climat de respect mutuel et à encourager la p a rticipation des parties concernées à un effort de chan- gement. On a même évoqué l’ é volution vers une vision e n c o re plus collégiale de deux collaborateurs appre n a n t s , l’un autonome, l’ a u t re en formation.

Une relation asymétrique

On connaît l’asymétrie qui caractérise la relation patro n - résident. On ne peut que constater l’inévitable asymétrie qui prévaut aussi dans la relation superv i s e u r - s u p e rv i s é , en raison du rôle d’ é valuateur et du pouvoir de sanction- ner qui incombe à l’enseignant. Même l’élaboration de codes de conduite bilatéraux ne saurait justifier un re l â- chement de notre vigilance quant au risque d’abus de p o u voir ou d’intimidation que comporte l’autorité impli- quée dans cette relation. Il importe de se rappeler que cette autorité rend le superviseur seul responsable de ne pas abuser de son pouvo i r1 1. On observe d’ailleurs qu’il est extrêmement rare d’ e n t e n d re un résident exprimer à son p a t ron, par exemple, que sa charge de travail est exc e s s i ve , même si c’est le cas. De plus, la conduite pro f e s s i o n n e l l e et éthique des résidents est soumise à évaluation à la fin de chaque stage. Par ailleurs, on a évoqué l’existence d’ u n

« s t ress interne de perf o r m a n c e » chez le résident, qui re n d celui-ci complice d’une dynamique malsaine d’un point de vue pédagogique lorsque, évitant de dévoiler ses doutes, limites et incertitudes afin de faire meilleure f i g u re, le résident se prive d’occasions d’ a p p re n d re1 4.

Craintes et résistances

Des professeurs ont exprimé leur inquiétude à l’idée que c e rtains résidents puissent abuser du pouvoir que pourrait leur conférer un tel code de conduite au détriment de la réputation de leur programme, comme par exemple lors d’une visite d’agrément. Toutefois, si on souhaite éviter

d’en faire un document « l é g a l », impliquant recours et sanctions, pour en faire un document davantage « p h i l o- s o p h i q u e », on risquerait qu’il ne soit pas appliqué.

L’irritation était palpable chez certains professeurs qui exprimaient qu’ils avaient du faire face à des conditions de résidence beaucoup plus difficiles que celles qui préva l e n t a u j o u rd’hui, ce qui d’après eux les avaient préparés adé- quatement à la vie de clinicien et patron. Les pro f e s s e u r s ont aussi exprimé que leur pro p re stress contribuait cer- tainement à entretenir le stress et la détresse des résidents, et qu’un code de conduite ne saurait régler qu’un aspect de ce problème grave et complexe. On nous a suggéré d’offrir du support aux professeurs à cet égard, par e xemple sous la forme d’atelier portant sur la gestion du s t ress. Finalement, on a proposé de modifier le terme

« code d’ é t h i q u e » par « code de conduite », qui témoigne plus justement de l’esprit du document. Le titre a donc été modifié en « Code de conduite du superviseur dans sa relation avec le supervisé dans la formation clinique en m é d e c i n e » .

Promotion et applications

Ces consultations ont aussi mis en évidence que des p a t rons n’auraient pas soupçonné que certaines situations étaient vécues comme étant abusives par les résidents, ce qui conforte l’hypothèse que les situations d’abus de pou- voir sont sous-estimées. Un travail de sensibilisation et de p romotion auprès des corps professoral et étudiant a été e n t repris, dans le but de supporter une culture institu- tionnelle valorisant un sain climat d’ a p p rentissage. No t re code de conduite a été diffusé par la Fédération des Médecins Résidents du Québec et approuvée par le Collège Royal des Médecins et Chirurgiens du Canada, ce qui a contribué à nourrir sa crédibilité. No t re vice- d oyen aux études postdoctorales a demandé aux dire c- teurs et directrices de programme de valider avec leur comité de programme re s p e c t i f, des stratégies concrètes qui témoignent de leur adhésion aux principes énoncés dans le code de conduite.

Lors de futures visites d’agrément de nos programmes, le respect du code de conduite au sein d’un département ou s e rvice pourrait témoigner d’un souci de mieux-être de nos résidents. On a proposé d’impliquer les directeurs de d é p a rtement dans l’application du code de conduite, en faisant l’hypothèse que seulement de rares patrons ont une attitude « d é ro g a t o i re », que ses collègues le save n t mais se taisent, et qu’il re l è verait alors du directeur d’ a g i r ou d’ a b o rder le sujet avec l’ i n t é ressé. Des adjoints à la vie étudiante et les comités de bien-être seraient d’ a u t res ins- tances qui pourraient appuyer leurs interventions sur un tel code de conduite.

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Co n c l u s i o n

« Le code de conduite du superviseur dans sa relation ave c le supervisé lors de la formation clinique en médecine » constitue un outil original qui s’appuie sur des situations concrètes rapportées par des résidents et résidentes et par des directeurs et directrices de programme. La pro m o t i o n de celui-ci au sein d’une faculté de médecine pourrait sen- sibiliser les enseignants et enseignantes aux situations à risque d’abus de pouvoir et limiter celles-ci, contribuant possiblement à améliorer le climat de travail des étudiants et leur bien-être pendant cette exigeante période de leur formation médicale. Son application dépend d’ u n e

volonté institutionnelle ainsi que d’une ferme collabora- tion à tous les niveaux et ne saurait être optimale sans tenir compte des réserves et craintes exprimées par tous les acteurs impliqués dans le dossier du mieux-être étudiant.

L’élaboration d’un code de conduite des étudiants lors de leur formation clinique devra faire partie intégrante d’ u n p rocessus visant l’amélioration des relations entre les s u p e rviseurs et les apprenants. L’efficacité de telles m e s u res dans la réduction du stress et de la détresse chez les résidents et résidentes, de même que sur la qualité de l’ a p p rentissage devrait faire l’objet d’ é t u d e s .

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Références

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