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Article pp.85-90 du Vol.32 n°167 (2006)

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D O S S I E R

Les stratégies

collectives à l’épreuve des faits

sous la direction de

Saïd Yami

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C

onsortiums R&D, labels, groupement d’intérêt économique, marque commune, etc., les entre- prises multiplient aujourd’hui les stratégies de coopération qui dépassent la simple relation d’alliance deux à deux et qui se concrétisent par des collaborations qui peuvent englober l’ensemble des concurrents d’une industrie.

Ainsi, il est désormais difficile, voire impossible, à une entreprise d’avoir une stratégie individuelle. En effet, agir collectivement entre concurrents semble devenir un mode relationnel privilégié dans le contexte économique contemporain, marqué par l’innovation technologique, la globalisation des marchés, l’arrivée de nouveaux acteurs, de nouvelles formes d’organisation et de relations entre les entreprises (réseaux interorganisationnels, concur- rence multimarché, hypercompétition, intervention d’au- torités de régulation ou de groupes de pression, etc.).

Il est aujourd’hui plus que jamais indispensable de com- prendre et d’analyser les transformations des stratégies d’entreprises. Ces stratégies du XXIesiècle se caractéri- sent essentiellement par des comportements empruntant à la fois à la compétition et à la coopération, une dualité qui est bien traduite par la notion de « coopétition » (Brandenburger et Nalebuff, 1995 ; Koenig, 1996 ;

I N T R O D U C T I O N

PAR SAÏD YAMI

Les stratégies

collectives à l’épreuve des faits

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Nalebuff et Brandenburger, 1997). Elles mettent en avant des logiques plutôt volon- taristes des acteurs inscrits dans des rela- tions d’interdépendance horizontale et ver- ticale. Elles font intervenir diverses organisations et parties prenantes (firmes, associations et syndicats professionnels, groupements, etc.), l’économie de l’infor- mation tendant à occuper une place de plus en plus stratégique. Ce fonctionnement col- lectif pose la question du paradoxe de la gestion simultanée de relations de concur- rence et de coopération avec un nombre croissant de rivaux. Il concerne aussi bien les secteurs traditionnels que les secteurs nouveaux, les grands groupes mondiaux que les PME.

Le concept de « stratégies collectives » apparu il y a plus d’une vingtaine d’années à l’initiative de Astley et Fombrun (1983), fournit un cadre d’analyse pertinent en management stratégique qui bénéficie d’une littérature bien établie, représentée par plus d’une dizaine de publications en langue anglo-saxonne. Toutefois, en dehors des réflexions théoriques qui ont justifié et alimenté le concept dans la deuxième moi- tié des années 1980 (Astley et Fombrun, 1983 ; Astley, 1984 ; Bresser et Harl, 1986 ; Bresser, 1988), les travaux empiriques res- tent relativement peu nombreux (Oliver, 1988 ; Dollinger, 1990 ; Barnett et al., 2000). Plus récemment, quelques auteurs (Ibert, 1997 ; Baumard, 2000 ; Le Roy, 2003, Yami, 2003 ; Yami et al., 2006) mobi- lisent ce concept dans les contextes français et européen.

Le présent dossier propose un état des lieux théorique et des contributions qui permet- tent la confrontation de ce cadre d’analyse à la réalité économique contemporaine.

Ainsi, outre l’article de Saïd Yami, intitulé

« Fondements et perspectives des stratégies collectives », qui présente l’origine du concept et une réflexion sur un objet de recherche spécifique prometteur dans le champ du management stratégique, cinq contributions mettent à l’épreuve des faits le concept de « stratégies collectives ».

L’article de Anne Mione, intitulé « Les normes comme démarche collective » se focalise sur les deux dimensions essen- tielles du modèle des stratégies collectives que sont la proactivité et le caractère coopé- ratif. L’auteur montre que la proactivité se révèle aussi bien au sein des travaux nor- matifs qu’au moment de la mise en confor- mité et que les composantes individuelles et coopératives sont intimement liées. Ainsi, les entreprises les plus dynamiques dans les travaux normatifs se caractérisent par une conception compétitive des normes. Une procédure collective consensuelle ne signi- fie pas que les enjeux de pouvoir soient évincés.

L’article d’Albéric Tellier intitulé « Les stratégies de régulation dans la vidéo à domicile » analyse le « DVD Forum », structure dédiée au projet DVD. Il montre comment les firmes leaders décident d’in- vestir dans la création d’une institution d’intermédiation pour reproduire les

« façons de faire » et maintenir les rentes.

Les institutions d’intermédiation s’inscri- vant dans une stratégie collective sont effi- caces pour combattre des stratégies de renouvellement des activités initiées par des acteurs externes. En revanche, leur capacité à combattre des stratégies de renouvellement développées par certains de leurs membres paraît beaucoup plus limi- tée. Le cas met en évidence également que 88 Revue française de gestion – N° 167/2006

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la formation et la transformation des règles du jeu n’est pas « en dehors » du manage- ment stratégique mais représente au contraire un enjeu important.

L’article de Katherine Gundolf, Annabelle Jaouen et Stéphanie Loup, intitulé « Institu- tions locales et TPE dans le cas du tourisme » montre que la pérennité des stra- tégies collectives est étroitement liée à son évolutivité. L’évolution de la coordination est associée à une intégration des buts col- lectifs à la logique individuelle, mais aussi à l’établissement d’une relation de confiance où les liens sociaux viennent se superposer aux liens économiques, permettant ainsi de créer une véritable « communauté socio-éco- nomique ». Cette évolution, marquée par la pérennité ou l’arrêt avant terme des straté- gies collectives, est analysée à partir de la notion d’encastrement institutionnel.

L’article de Pierre Roy et Saïd Yami, inti- tulé « Stratégie de rupture dans un oligo- pole. Le cas des salles de cinéma » propose le traitement longitudinal du cas de la carte

d’abonnement « UGC illimité » dans le secteur français des salles de cinéma. Les auteurs montrent l’intérêt d’adjoindre le niveau d’analyse interorganisationnel (incarné ici par le destin commun de l’oli- gopole) pour évaluer les enjeux straté- giques associés à une rupture avec les normes concurrentielles acceptées collecti- vement à un moment donné.

Enfin, l’article de Colette Fourcade propose d’appréhender « Les systèmes agroalimen- taires comme modalités collectives ». L’au- teur met en évidence une diversité de scé- narios de coopérations et tente de repérer le scénario le plus spécifique aux SYAL.

L’étude montre que le processus de construction d’une stratégie collective terri- torialisée implique des conditions à la fois de rigueur (dans la définition et le maintien des objectifs) et de souplesse (dans la ges- tion des SYAL), ainsi que la prise en compte simultanée et conjointe des dimen- sions « industrielle » et « territoriale » dans l’organisation et la stratégie SYAL.

Les stratégies collectives 89

BIBLIOGRAPHIE

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Barnett W. P., Mischke G. A., Ocasio W., “The evolution of collective strategies among orga- nizations”, Organization Studies, vol. 21, n° 2, 2000, p. 325-354.

Baumard P., Analyse stratégique, mouvements, signaux concurrentiels et interdépendance, Paris, Dunod, 2000.

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Dollinger M. J., “The evolution of collective strategies in fragmented industries”, Academy of Management review, vol. 15, n° 2, 1990, p. 266-285.

Ibert J., La dynamique concurrentielle et ses déterminants : un cas de vente par affaires, Thèse de doctorat, université Paris IX-Dauphine, 1997.

Koenig G., Management stratégique. Paradoxes, interactions et apprentissages, Paris, Nathan, 1996.

Le Roy F., « Rivaliser et coopérer avec ses concurrents : le cas des stratégies collectives agglomérées », Revue française de gestion, vol. 29, n° 143, mars-avril 2003, p. 145-157 Nalebuff B. J., Brandenburger A. M., “Coopetition: competitive and cooperative business strategies for the digital economy”, Strategy and Leadership, novembre-décembre 1997, p. 28-35.

Oliver C., “The collective strategy framework: an application to competing predictions of isomorphism”, Administrative Science Quarterly, vol. 33, 1988, p. 543-561.

Yami S., « Petite entreprise et stratégie collective de filières », Revue française de gestion, vol. 29, n° 144, mai-juin 2003, p. 165-179.

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