J. Afr. Hépatol. Gastroentérol. (2009) 3:57 DOI 10.1007/s12157-009-0092-y
ÉDITORIAL /EDITORIAL
Le geste et le mot
F. Klotz
© Springer-Verlag 2009
L’hépatogastroentérologie est une spécialité particulière- ment riche ; c’est une composante majeure de la médecine interne, avec un lien étroit aux sciences paracliniques microbiologiques et une large ouverture vers l’épidémio- logie et la recherche clinique.
C’est une spécialité dont le volet technique s’est élargi depuis trois décennies. Le champ immense de l’endoscopie avec ses composantes diagnostique et thérapeutique, les avancées de l’imagerie médicale, les liens avec la chirurgie digestive et proctologique sont chaque jour en devenir dans un ballet passionnant de petits pas et parfois de grandes enjambées.
Ce monde de la pathologie digestive est attractif pour les jeunes médecins qui se lancent avec passion dans les techniques liées à la spécialité : endoscopie, échoendosco- pie, échographie, en occultant parfois le volet lié à la médecine interne dans un déviationnisme de mauvais aloi.
Les spécialistes du continent africain ont de plus en plus accès aux techniques de manière parfois inégale et fragmentaire, mais ils ont la chance de garder le contact avec le champ de la médecine clinique qui est irremplaçable et qui reste la part noble de notre métier, contrairement à ce que certains pourraient croire, emportés dans la spirale technologique, certes indispensable mais contingente et sans cesse en devenir.
La relation médecin–malade est mise à mal en Europe, perdue dans le labyrinthe des procédures et des protocoles, laminée par le temps mal distribué, par l’instrument
technocratique dominateur. Cette relation interhumaine si particulière s’apprend mais ne s’explique pas. Elle est le résultat de l’alchimie de la vocation médicale, de la connaissance, de la culture, de l’expérience acquise auprès des maîtres, mais aussi des patients. La confiance acquise envers le médecin est un pas décisif vers la facilitation diagnostique, vers l’observance thérapeutique, vers l’ac- compagnement positif, vers la guérison si elle est possible.
Le Journal africain d’hépatogastroentérologie est l’or- gane de diffusion francophone de cette spécialité particu- lièrement riche avec ses facettes kaléidoscopiques et son ancrage permanent sur l’homme en devenir. L’ethnoméde- cine et la psychopathologie font bon ménage avec la pathologie digestive qui concerne des organes particulière- ment exposés à l’influence du monde extérieur mais particulièrement secrets dans leur monde intérieur. Cette voie de recherche et d’études ne doit pas être occultée par les spécialistes qui veulent s’exprimer dans notre revue.
N’oublions pas la composante subjective riche et spécifique de la plainte où chaque patient exprime son imaginaire.
Gardons une place de choix au colloque singulier médecin– malade, clef de voûte de la bonne pratique médicale.
« Il ne peut y avoir de réalisme véritable que si l’on fait sa part à l’imagination, si l’on comprend que l’imaginaire est dans le réel et que nous voyons le réel par lui. » (Michel Butor, Répertoire II)
F. Klotz (*)
e-mail : jfklotz47@yahoo.fr
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