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L’internationalisation des marchés en productions animales

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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en productions animales

Vincent Chatellier

UMR SMART-LERECO, INRA, 44000, Nantes, France Courriel : vincent.chatellier@inra.fr

„ L’internationalisation des marchés de productions animales a pris récemment une nouvelle dimension avec l’augmentation rapide des importations des pays asiatiques, surtout de la Chine. La concurrence entre les grands pays exportateurs est certes rude, mais l’UE parvient à tirer son épingle du jeu dans les secteurs des produits laitiers et de la viande porcine.

Introduction

Le commerce international s’est fortement développé au cours des dernières décennies, tant en volume qu’en valeur (Bureau et Jean, 2013  ; Pouch, 2015 ; OMC, 2018). Les innova- tions technologiques, la diffusion des savoirs et les progrès considérables accomplis en termes d’infrastructures, de logistique et de conditions de stoc- kage ont favorisé ce développement, dans un contexte mondial caractérisé par une ouverture croissante des éco- nomies, un développement des firmes transnationales et un essor démogra- phique (ONU, 2017 ; Centre d’études et de prospective, 2017). En effet, le commerce mondial de marchan- dises, qui résulte à 98 % des 164 États membres de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), a doublé en monnaie courante entre 2003 et 2016.

Les flux commerciaux sont géographi- quement concentrés dans la mesure où les dix principaux importateurs et exportateurs regroupent un peu plus de la moitié du commerce mondial de marchandises. Depuis 1980, et à l’exception notoire de 2009 marquée par une récession dans de nombreux pays industrialisés fragilisés par la crise bancaire et financière de l’automne

2008 (Bricongne et al., 2010), le taux annuel de croissance du commerce de marchandises a été plus élevé que celui du produit intérieur brut mondial, avec cependant une plus forte volatilité interannuelle. Depuis 2010, le taux de croissance du commerce de marchan- dises est cependant devenu plus faible (Jean, 2015) que ce qui a prévalu tout au long de la période 1980-2010 (environ 4,7 % par an).

Les produits agricoles et agroalimen- taires représentent aujourd’hui environ 8  % du commerce mondial de mar- chandises. Cette part relative s’inscrit à la baisse en raison du développement encore plus rapide des échanges dans d’autres secteurs d’activité. En mon- naie constante, les exportations mon- diales de produits agroalimentaires ont été multipliées par sept au cours des cinquante dernières années, ce qui correspond à un rythme de croissance moyen annuel de 3,8 % (Claquin, 2017).

La hausse des échanges agroalimen- taires a permis de mettre à la disposi- tion de consommateurs, toujours plus nombreux, une alimentation qui soit à la fois plus abondante, plus variée, de meilleure qualité et souvent moins coûteuse. La structure des échanges a, elle aussi, évolué vers des produits plus élaborés, plus transformés et

dont les prix sont plus élevés que les produits bruts correspondants. Dans de nombreux pays, richement dotés en ressources naturelles et peu peu- plés, les exportations agroalimentaires contribuent activement à la balance commerciale et permettent une entrée massive de devises. Dans d’autres pays très peuplés et où le potentiel productif est limité par les conditions du milieu, les exportations agroalimentaires sont faibles et les importations sont parfois indispensables pour assurer la sécu- rité alimentaire locale. L’hétérogénéité des situations est sur ce point grande (Rastoin et Ghersi, 2010), ce d’autant qu’un pays donné peut parfois béné- ficier de certains atouts pour produire tel ou tel bien et inversement être dans une plus grande difficulté pour en pro- duire d’autres.

En raison du caractère stratégique que revêt la question alimentaire (Guillou et Matheron, 2011) et de la persistance de la faim dans certains pays pauvres (FAO, 2017), de nombreux débats ont trait aux politiques publiques à privilégier en agriculture. Les tensions existantes au sein de l’OMC ou qui apparaissent lors de la préparation des accords bilatéraux suffisent à le rappeler. À l’échelle inter- nationale, les productions animales sont souvent placées au cœur de vives

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polémiques, ce pour différentes rai- sons : les coûts unitaires de production varient fortement d’un pays à l’autre, en fonction notamment du coût de la main-d’œuvre et des normes appli- quées ; les  modèles productifs sont très hétérogènes en termes d’organi- sation sociale (exploitations familiales versus structures plus industrialisées), d’empreintes environnementales (gaz à effet de serre, utilisation des ressources en eau) et d’intégration des questions relatives à la santé humaine (utilisation ou non des hormones de croissance, recours aux antibiotiques…) ou au bien-être animal (exemple : les petits élevages européens comparativement aux « feedlots » américains) ; la prove- nance géographique des produits issus des animaux, dont ceux transformés, est plus ou moins transparente et pro- tégée. Comme le soulevait à juste titre un ancien Commissaire européen au Commerce devenu plus tard Directeur Général de l’OMC (Lamy, 2004), toutes les collectivités humaines ne forment évidemment pas les mêmes préfé- rences collectives. L’étendue même du champ des préférences collectives n’est pas identique partout et varie en fonc- tion des valeurs, des repères culturels et religieux auxquels adhèrent les pays où elles ont été formées, mais aussi de leur vécu politique, de leur histoire longue ou courte et de leur niveau de dévelop- pement. Ces préférences collectives ne sont pas toujours faciles à appréhender car elles évoluent dans le temps, ne sont pas toujours rationnelles et donnent lieu souvent à des contestations plus ou moins bien formalisées.

L’objectif de cet article est de présenter une analyse portant sur les principales tendances récentes du commerce inter- national, européen et français en produc- tions animales. Cette analyse s’appuie sur deux bases de données issues des douanes. À l’échelle internationale, il s’agit de la base BACI développée par le CEPII (Centre de recherche français dans le domaine de l’économie internatio- nale) à partir des données primaires de la base COMTRADE produite par la divi- sion statistique des nations Unies (les données utilisées couvrent ici la période 2000 à 2016). À l’échelle française, les données utilisées sont celles issues de la base COMEXT produite par les services

d’Eurostat pour la période 2000 à 2017.

Cette base permet de distinguer le com- merce extra-UE du commence intra-UE.

Les flux commerciaux (exportations, importations et solde) sont exprimés soit en valeur (euros), soit en volume (avec l’application de coefficients permettant de raisonner en tonnes équivalent lait ou en tonnes équivalent carcasse). Pour évi- ter une démultiplication trop grande des informations, trois périodes sont consi- dérées : la moyenne de la période 2000 à 2009 ; la moyenne de la période 2010 à 2015 ; les données de 2016.

Cet article est structuré en trois par- ties. La première présente l’évolution du commerce international en « produc- tions animales »1 entre 2000 et 2016, ce en distinguant successivement plu- sieurs filières. La deuxième discute du commerce en productions animales de plusieurs pays (hors UE, zone traitée en partie 3) qui comptent sur la scène internationale, dont trois pays défici- taires (Chine, Japon et Russie) et cinq pays excédentaires (Inde, Australie, Nouvelle-Zélande, Brésil et États-Unis).

La troisième et dernière partie est dédiée au commerce en productions animales de l’UE et de la France, avec dans ce dernier cas une distinction entre le commerce intra-UE et extra-UE.

1. Le commerce international

en productions animales selon les filières

Cette première partie présente l’évolu- tion du commerce international en pro- ductions animales entre 2000 et 2016.

La première section met en évidence la montée en puissance de ces échanges, tout en soulignant la contribution res- pective des différents types de produits.

1 En utilisant la nomenclature douanière disponible, un agrégat intitulé «  productions animales » est constitué. Celui-ci concerne toutes les espèces animales (bovins, ovins, caprins, porcins, volailles, lapins…) y compris celles peu présentes au sein de l’UE (bufflonnes, chamelles, yaks…) et toutes les catégories de produits (le lait, les viandes, les abats, les œufs, les cuirs…). Il s’agit donc des productions animales au sens très large du terme, en incluant les animaux vivants, les produits bruts et les produits transformés.

Les sections suivantes abordent les principaux grands flux pour les produits laitiers ; la viande bovine ; la viande por- cine ; la viande de volailles.

„1.1. L’évolution des

échanges entre 2000 et 2016 D’après la base de données BACI, les échanges agroalimentaires internatio- naux (hors commerce intra-UE) sont passés, en monnaie courante, de 351 mil- liards d’euros en 2000 à 912  milliards d’euros en 2016. De manière assez stable tout au long de cette période, les pro- ductions animales ont représenté envi- ron 16 % des échanges agroalimentaires.

Les principaux autres produits agroali- mentaires échangés sont les céréales et produits de la minoterie (13 % en 2016), les fruits et préparations (11 %), les pois- sons (10 %), les légumes et préparations (8 %), les oléagineux (8 %), le café, thé et cacao (6 %), les boissons, vins et spi- ritueux (6 %) et le sucre (4 %). Pour cer- tains grands pays exportateurs, comme par exemple le Brésil, une concurrence entre productions agricoles peut avoir lieu dans l’occupation des sols d’une région donnée en fonction des gains économiques espérés sur les marchés d’exportations.

Le poids des productions animales dans les exportations agroalimentaires varie d’un pays à l’autre en fonction principalement des caractéristiques du milieu naturel (terres cultivables ou non) et de l’orientation productive des territoires. Il atteint des niveaux élevés dans plusieurs pays dont la Biélorussie (68  %), la Nouvelle-Zélande (66  %), l’Uruguay (62 %) ou l’Australie (41 %).

Plus proche de la moyenne mondiale pour l’UE (23  %), le Brésil (21  %) et les États-Unis (18  %), ce taux est en revanche très faible dans d’autres pays tels que la Chine (9 %) et la Russie (4 %).

Au niveau des importations, rares sont les pays pour lesquels les productions animales représentent plus du quart des importations agroalimentaires. Ce taux est, par exemple, de 22 % en Chine, 12 % aux États-Unis et seulement 7 % dans l’UE. Pour des raisons de stockage, de sécurité sanitaire et de coûts liés, le commerce en productions animales est souvent moins facile qu’en productions végétales.

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Les échanges internationaux (hors commerce intra-UE) en productions animales sont passés de 58 milliards d’euros en 2000 à 142 milliards d’euros en 2016, avec une accélération des flux depuis 2008-09 (figure 1). Si la tendance haussière est incontestable (OCDE-FAO, 2018), il convient néanmoins de pon- dérer celle-ci par le fait que les valeurs sont exprimées ici en monnaie cou- rante. Une partie de la croissance mise en évidence tient donc à la hausse des prix induite par l’inflation, laquelle varie d’un pays à l’autre. En France, par exemple, 100 euros de janvier 2000 correspondent à 128 euros en jan- vier 2017. Outre l’inflation, l’évolution des exportations exprimées en valeur est plus ou moins influencée par le prix de vente des biens et par les types de biens vendus (part relative de produits bruts versus de produits transformés).

Entre 2000-09 et 2016, les échanges mondiaux en productions animales ont été multipliés par 2,2 en monnaie courante. Si ce coefficient est proche de celui observé pour les produits lai-

tiers, la viande porcine et la viande de volailles, il est plus élevé pour les œufs (2,5) et la viande bovine (2,4) et moins élevé pour les ovins-caprins vivants et pour les porcs vivants (1,1).

En 2016, les échanges internationaux en productions animales (en valeur) concernent, par ordre décroissant, le lait et les produits laitiers (33  %), la viande bovine (22 %), la viande porcine (14 %) et la viande de volailles (13 %).

Ces quatre produits cumulent 82 % du total des échanges en productions ani- males. Les sommes résiduelles de l’agré- gat « productions animales » sont les bovins vivants (3,4 %), la viande ovine et caprine (3,1 %), les œufs (1,4 %), les ovins et caprins vivants (0,7 %), les volailles vivantes (0,7 %), les porcs vivants (0,7 %) et l’ensemble des autres produits non classés ci-dessus (8,5 %). Si le commerce d’animaux vivants est fréquent entre pays voisins, tels que c’est le cas dans l’UE, il reste plus complexe à organiser sur longue distance et suscite des cri- tiques relativement au respect du bien-

être animal. Les exportations de bovins depuis l’Uruguay jusqu’en Turquie sont un exemple parmi d’autres de ces flux.

„1.2. Le lait et les produits laitiers

Le commerce international (hors intra-UE) de produits laitiers porte, d’après nos estimations2, sur 68 millions de tonnes en équivalent lait en 2016. Ce volume équivaut à 8 % de la production laitière mondiale, laquelle progresse à un rythme moyen annuel d’environ 2 %.

Compte tenu du caractère périssable des produits laitiers frais, d’une structuration d’une partie du marché autour de bas- sins régionaux et d’un faible nombre de pays exportateurs, ce taux est plus faible que celui observé dans d’autres filières, dont les céréales, les viandes ou le soja.

Les échanges de produits laitiers ont augmenté tout au long de la période étudiée, tant en volume (+ 31 millions de tonnes en équivalent lait depuis 2000) qu’en valeur (+  29,6 milliards d’euros entre 2000 et 2016).

Le commerce international des pro- duits laitiers se décline en différentes catégories de produits, dont les fro- mages (20 % du total des échanges en valeur en 2016), la poudre grasse (15 %), la poudre de lait infantile (14 %), les laits aromatisés (14  %), la poudre maigre (9 %), le beurre (7 %), le lait liquide (3 %), le lactosérum (3 %), les laits concentrés (3 %), les caséines (3 %), les yaourts (3 %) et la crème (2 %). La structure des impor- tations ou des exportations selon ces dif- férentes catégories de produits diffère beaucoup d’un pays à l’autre. Ainsi, par exemple, les États-Unis sont des importa- teurs importants de fromages alors que les chinois sont davantage acheteurs de poudre grasse et de laits infantiles. De même, les exportations de la Nouvelle-

2 Des coefficients de conversion des produits laitiers en équivalents lait ont été appliqués à la base BACI de façon à remplacer une quantité donnée de produits laitiers par une quantité de lait équivalente. Le principe consiste à évaluer la quantité de lait ayant été nécessaire à la fabrication des produits considérés. Les coefficients de conversion s’appliquent non seulement au lait liquide, mais aussi aux différents produits laitiers tels que la crème, le beurre, les fromages, les poudres de lait écrémé, les poudres de lait entier et le lactosérum.

Figure 1. Les échanges internationaux en productions animales selon les types de produits (milliards d’euros courants entre 2000 et 2016) (Source : INRA, SMART- LERECO d’après BACI).

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Autres Volailles vivantes

Ovins-caprins vivants

Porcs vivants Œufs

Viande ovine et caprine Bovins vivants

Viande de volailles Viande porcine

Viande bovine Produits laitiers

Milliards d’euros courants

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Zélande sont plus orientées vers la poudre grasse que vers les fromages, contrairement à l’UE (Chatellier, 2016).

En 2016, le marché mondial des produits laitiers est dominé à l’ex- port par un nombre restreint de pays (figure 2), dont surtout l’UE (34 % des exportations mondiales en valeur), la Nouvelle-Zélande (18 %) et les États- Unis (10  %). Les pays qui viennent ensuite sont la Suisse (5 %), l’Australie (4  %) et la Biélorussie (4  %). Lorsque les échanges sont exprimés en équiva- lent lait, la Nouvelle-Zélande devance, en revanche, légèrement l’UE  ; cela signifie que, compte tenu des types de spécialisation, le prix à la tonne des pro- duits exportés par la Nouvelle-Zélande est nettement inférieur. Entre 2000 et 2016, la croissance des exportations a été très importante en Nouvelle- Zélande (+ 11,4 millions de tonnes en équivalent lait, soit environ le tiers de la croissance mondiale), ce pays étant favorisé par un coût de production du lait parmi les plus bas du monde, une proximité géographique des grands

pays importateurs et une organisation économique dédiée à l’exportation (5 % du lait produit dans ce pays sont consommés localement). Les États-Unis, qui exportaient historiquement peu de produits laitiers, ont développé leurs exportations, à destination d’abord des pays voisins, dont le Mexique (Institut de l’Élevage, 2018b). L’UE a également amélioré ses performances, surtout depuis quelques années car l’offre intérieure de lait a été dynamisée dans la perspective d’un abandon des quotas laitiers à compter de 2015.

Les principaux pays importateurs de produits laitiers sont, en valeur, la Chine (7,9 milliards d’euros en 2016 contre seulement 950 millions en 2000), les États-Unis (3,8 milliards d’euros), la Russie (2,1 milliards d’euros), le Mexique (1,6 milliard d’euros), l’Arabie Saoudite (1,5 milliard d’euros) et le Japon (1,4 mil- liard d’euros). Entre 2000-09 et 2016, la croissance des importations de produits laitiers de la Chine (+ 6,9 milliards d’eu- ros) n’a pas d’équivalent à l’échelle mon- diale, les pays qui arrivent ensuite étant

les États-Unis (+ 2 milliards d’euros), la Russie (+ 1 milliard d’euros) et les Émirats arabes unis (+ 907 millions d’euros).

„1.3. La viande bovine

Les échanges internationaux (hors intra-UE) de viande bovine portent sur 10,1 millions de tonnes en équivalent carcasse (tec) en 2016, soit environ 13 % de la production mondiale (Institut de l’Élevage, 2018a). La viande bovine occupe le premier rang des viandes échangées en valeur (31,1 milliards d’euros), mais le deuxième en volume derrière la viande de volailles et devant la viande porcine. Les échanges interna- tionaux de viande bovine, qui ont forte- ment progressé entre 2000-09 et 2016 (+ 3,2 millions de tec et + 17,9 millions d’euros), sont influencés par un ensemble de facteurs, dont des questions d’ordre économique (cours du pétrole, taux de croissance dans les pays importateurs, dévaluation monétaire…) ou d’ordre sanitaire (fièvre aphteuse, encéphalopa- thie spongiforme bovine). La fermeture soudaine du marché japonais aux expor- tations américaines en 2002-03 est un exemple souvent cité pour évoquer cette sensibilité (Chatellier, 2017).

Les échanges internationaux de viande bovine, qui relèvent à 60 % de viandes congelées, 35  % de viandes fraîches et réfrigérées et 5 % de viandes transformées, sont dominés à l’expor- tation par quatre pays qui cumulent environ les deux tiers des exportations mondiales (figure 3). Il s’agit du Brésil (18 % des volumes et 16 % de la valeur en 2016), de l’Inde (respectivement 17 et 11 %), de l’Australie (17 et 19 %) et des États-Unis (14 et 18  %). Les pays qui arrivent ensuite sont la Nouvelle- Zélande (6 % des volumes), l’UE (5 %), le Canada (5  %), l’Uruguay (5  %), le Paraguay (4 %), l’Argentine (4 %) et le Mexique (3 %). Les modèles productifs adoptés dans les quatre pays leader dif- fèrent les uns des autres (en termes de races, de rations, de structuration des exploitations…) et les types de produits issus de la filière bovine ne sont pas non plus identiques, avec des prix de vente eux aussi variables. Le développement des exportations de l’Inde en viande bovine est l’un des éléments les plus marquants des dernières années. Dans Figure 2. Les principaux exportateurs de produits laitiers entre 2000 et 2016

( milliards d’euros courants) (Source : INRA, SMART-LERECO d’après BACI).

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Autres pays Argentine

Émirats Arabes Unis Arabie Saoudite

Thaïlande Biélorussie

Australie Suisse

États-Unis Nouvelle-Zélande

UE-28

Milliards d’euros courants

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ce pays où la consommation de viande bovine par habitant est très faible (moins de 2 kg par an) et où la produc- tion laitière augmente rapidement, les exportations concernent des produits vendus à bas prix et destinés princi- palement aux pays asiatiques, dont le Vietnam et la Chine.

En 2016, les principaux importateurs de viande bovine sont la Chine (15 % des importations mondiales en volume), les États-Unis (13 %), le Japon (7 %) et la Russie (6 %). Avec une contribution à hauteur de 10 %, le Vietnam est un pays impor- tateur assez atypique dans la mesure où une partie de ses importations corres- pondent à des produits qui sont ensuite réexpédiés vers le marché chinois (Landes et al., 2016). Avec un peu moins de 4 % des importations mondiales, l’UE importe moins de viande bovine que la Corée du Sud ou l’Égypte. Au cours des dernières années, ce sont principalement les pays asiatiques, surtout la Chine (+ 1,3 million de tec d’importations entre 2000-09 et 2016) et le Vietnam, qui ont contribué à la croissance des échanges internatio- naux de viande bovine. Entre ces deux périodes, les importations de viande

bovine ont baissé en Russie (– 290 000 tec), en UE (– 190 000 tec), au Mexique (– 178 000 tec) et au Japon (– 24 000 tec).

La dynamique démographique de ces

pays est, il est vrai, moins favorable que celle des pays asiatiques.

„1.4. La viande porcine Les échanges internationaux (hors intra-UE) de viande porcine portent sur 7 % de la production mondiale, laquelle est concentrée pour l’essentiel en Chine (47 % du total mondial), en UE (19 %) et aux États-Unis (10 %). Les exportations de viande porcine ont augmenté tout au long de la période étudiée (+ 5,1  millions de tec et + 11,4 milliards d’euros entre 2000-09 et 2016), avec une accélération depuis 2010 (figure 4).

En 2016, les trois premiers exporta- teurs de viande porcine sont l’UE (40 % de la valeur), les États-Unis (28 %) et le Canada (13  %)3. Ces trois pays qui cumulent 81 % des exportations mon- diales, sont suivis, loin derrière, par le

3 Pour les trois pays membres de l’Accord de Libre-Échange Nord-Américain (ALENA), à savoir le Canada, les États-Unis et le Mexique, les échanges intra-zones sont inclus dans les calculs, contrairement à la situation de l’UE (qui est une Union douanière) où ils sont exclus. L’existence de droits de douane nuls ou très bas entre ces trois pays est de nature à favoriser les courants d’échanges, ce d’autant qu’il existe une proximité géographique.

Figure 3. Les principaux exportateurs de viande bovine entre 2000 et 2016 ( milliards d’euros courants) (Source : INRA, SMART-LERECO d’après BACI).

0 5 10 15 20 25 30 35

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Autres pays UE-28

Paraguay Mexique

Argentine Uruguay

Canada Inde

Brésil Nouvelle-Zélande Australie États-Unis

Milliards d’euros courants

Figure 4. Les principaux exportateurs de viande porcine entre 2000 et 2016 (mil- liards d’euros courants) (Source : INRA, SMART-LERECO d’après BACI).

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Autres pays Chine

Brésil Canada

UE-28 États-Unis

Milliards d’euros courants

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Brésil (7 %), la Chine (3 %) et le Mexique (2 %). Les jeux concurrentiels entre les trois pays leaders ne dépendent pas seulement des écarts de coûts de pro- duction au stade des élevages et des industries de la transformation. Ils sont également influencés par la situation sanitaire interne, les accords bilatéraux passés entre les États et l’évolution de la parité entre l’euro et le dollar. De plus, les pays clients de ces pays ne sont pas toujours les mêmes. Ainsi, par exemple, le premier client des États-Unis en viande porcine est le Mexique (24 % des exportations en valeur en 2016) alors que la Chine arrive en première place dans le cas de l’UE (44 % des exporta- tions en valeur en 2016) et les États-Unis dans le cas du Canada (37 %).

En dépit de son statut de premier producteur de viande porcine, la Chine est également le premier importateur, avec 28 % des importations mondiales en valeur en 2016. Les fournisseurs de ce marché stratégique sont l’UE (63 % du total), les États-Unis (16 %), le Brésil (8 %) et le Canada (8 %). Entre 2000-09 et 2016, les importations chinoises de viande porcine ont considérablement augmenté (+  5,1 milliards d’euros), y compris par rapport à l’autre grand pays importateur qu’est le Japon (21 % des importations mondiales en 2016 et + 1 milliard d’euros entre les deux périodes). Les États-Unis, le Canada et le Mexique sont également bien placés dans la hiérarchie des pays importateurs (entre 6 et 7 % des importations mon- diales pour chaque pays). Les pays qui arrivent ensuite sont la Corée du Sud (6 %), la Russie (5 %) et l’Australie (3 %) ; les importations de l’UE en viande por- cine sont, de leur côté, insignifiantes.

„1.5. La viande de volailles Les échanges internationaux (hors intra-UE) en viande de volailles portent, en 2016, sur 13,1 millions de tec, soit 11  % de la production mondiale, laquelle a connu un développement rapide au cours des dernières décen- nies au point de devenir la première viande produite dans le monde, devant la viande porcine. Plusieurs facteurs contribuent à soutenir le développe- ment de cette filière : la qualité nutri- tionnelle des produits (viande maigre)

est reconnue ; le prix de vente de la viande de volailles est compétitif par rapport à d’autres sources de protéines animales (ceci résultant de l’excellence de l’indice de consommation)  ; cette viande ne souffre pas des interdits reli- gieux auxquels est soumise la viande porcine (Islam et Judaïsme) ou bovine (Inde) ; la production étant moins direc- tement liée au sol que les productions de ruminants, son développement à proximité des zones urbaines en forte croissance démographique est plus aisée. Les échanges internationaux de viande de volailles ont fortement aug- menté en passant de 8,5 milliards d’eu- ros en 2000-09 à 18,7 milliards d’euros en 2016 (dont 45 % de poulets en mor- ceaux congelés, 22 % de préparations et 14 % de poulets entiers congelés).

Troisième pays producteur de volailles au monde derrière les États-Unis et la Chine, le Brésil est le premier exporta- teur, avec 35 % des flux internationaux exprimés en valeur (figure 5). Les expor- tations brésiliennes, qui ont augmenté de 3,7 milliards d’euros entre 2000-09 et 2016, sont destinées pour 17  % à la Chine (en 2016), 16 % à l’UE, 16 % à l’Arabie Saoudite et 10 % au Japon. Ce

développement des exportations est fondé sur une compétitivité par les coûts et l’adaptation de l’offre aux demandes spécifiques des clients (exemples : filets de poulet vers l’Europe, cuisses désos- sées pour le Japon…). Avec 18 % des exportations mondiales en valeur, les États-Unis occupent le deuxième rang.

Les produits étasuniens ont une valeur unitaire nettement plus faible qu’au Brésil et sont commercialisés d’abord au Mexique (24 % des exportations de 2016, avec des produits à faible valeur ajoutée) et au Canada (13 %). Avec 15 % des exportations mondiales, dont une part importante de découpes désossées et de viandes cuites, la Thaïlande est pla- cée devant la Chine (9 %) et l’UE (9 %).

En 2016, les principaux importateurs de viande de volailles sont le Japon (15 % des importations mondiales en valeur), l’UE (12 %), la Chine (11 %), l’Ara- bie Saoudite (7 %), le Mexique (5 %) et les Émirats arabes unis (4 %). Entre 2000- 09 et 2016, les achats ont augmenté dans tous les principaux pays ache- teurs. La Thaïlande est le fournisseur privilégié du Japon (50 % de ses appro- visionnements) devant le Brésil (24 %).

En Chine, les importations proviennent Figure 5. Les principaux exportateurs de viande de volailles entre 2000 et 2016 (milliards d’euros courants) (Source : INRA, SMART-LERECO d’après BACI).

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Autres pays Argentine

Turquie

Canada Chili

UE-28 Chine

Brésil États-Unis Thaïlande Émirats Arabes Unis

Milliards d’euros courants

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surtout du Brésil (55 %) et des États-Unis (20 %). Avec la fin des restitutions aux exportations en 2013, les exportations européennes à destination des pays du Moyen-Orient sont devenues beaucoup plus difficiles face à la concurrence bré- silienne. En volume, près de 80 % des importations de viande de volailles sont le fait des pays en développement. Elles concernent surtout de la viande de pou- let vendue de moins en moins sous une forme entière. En effet, les échanges de pièces se développent pour répondre à la demande et par nécessité pour les entreprises afin d’écouler au mieux l’en- semble des pièces.

2. Les principaux pays acteurs du commerce international

Le commerce mondial en produc- tions animales est concentré géogra- phiquement. Les dix premiers pays exportateurs (en considérant l’UE comme une seule entité et sans prendre en compte le commerce intra-UE) ras- semblent, en effet, 83  % des expor- tations en 2016. De façon constante depuis 2000, l’UE est le premier expor- tateur mondial dans le domaine des productions animales. Ses  exporta- tions atteignent 31,2 milliards d’euros en 2016, soit 22  % du total mondial.

L’UE devance ainsi les États-Unis (15 %), le Brésil (10  %), la Nouvelle-Zélande (9 %), l’Australie (8 %), la Chine (5 %), le Canada (5 %), la Thaïlande (3 %), l’Inde (3 %) et le Mexique (2 %).

Les exportations en productions animales dépassent le seuil du mil- liard d’euros dans vingt pays. Elles ne dépassent pas, en revanche, les 100 mil- lions d’euros dans 150 autres, en rai- son de la combinaison de plusieurs facteurs : la production locale de pro- duits animaux est limitée par un faible potentiel pédoclimatique, un manque d’investissement dans la structuration des filières et/ou une concurrence pour l’occupation des sols avec les produc- tions végétales ; la demande intérieure, stimulée par la croissance démogra- phique et l’augmentation de la part de protéines animales dans les régimes alimentaires, utilise l’intégralité de la

production domestique ; dans un cadre réglementaire de plus en plus strict, les problèmes sanitaires rencontrés ne per- mettent pas à ces pays de trouver des clients.

En considérant les importations et non plus les exportations, le niveau de concentration des acteurs est moins élevé : les dix premiers pays importa- teurs rassemblent 62 % des flux à l’im- portation. En 2016, la Chine occupe la première position, avec 16  % des importations totales, devant les États- Unis (11 %), le Japon (9 %), l’UE (6 %) et le Mexique (4 %). Les cinq pays qui suivent (Vietnam, Russie, Corée du Sud, Canada et Arabie Saoudite) comptent, chacun, pour environ 3 % des impor- tations mondiales. Sachant que cinq pays se retrouvent à la fois dans les dix premiers exportateurs et importateurs, le tableau 1 fait référence à seulement 15 pays.

Parmi les quinze pays identifiés dans le tableau 1 comme étant les principaux acteurs du commerce international en productions animales, une analyse syn- thétique est proposée ci-après pour trois pays déficitaires en productions ani- males (Chine, Japon et Russie) et six pays excédentaires (Inde, Australie, Nouvelle- Zélande, États-Unis, Brésil et UE).

2.1. La Chine

En 2016, la Chine4 est le pays du monde qui présente le plus lourd défi- cit en productions animales, avec un solde de –  18 milliards d’euros, dont – 7,8 milliards d’euros en produits lai- tiers et – 5 milliards d’euros en viande porcine. En dépit des efforts déployés pour développer les filières animales, le déficit s’est creusé au cours de la période récente. Il était de –  10,2 milliards d’euros en 2010-15 et de – 1,2 milliard

4 Tout au long de cet article, il a été considéré que les échanges dit de la Chine tenaient également compte de ceux de Hong-Kong. Colonie britannique à partir du traité de Nankin (1842), Hong-Kong a été rétrocédée à la Chine en 1997. Selon les termes de la déclaration sino-britannique commune, la Chine a promis que Hong-Kong garderait une relative autonomie jusqu’à au moins 2047. Le port de Hong- Kong étant classé au cinquième rang mondial pour son trafic, une part importante des importations de cette zone (7 millions d’habitants) est destinée, in fine, à la Chine.

d’euros en 2000-09. Une situation défici- taire prévaut aussi dans plusieurs autres filières agricoles, de sorte que la balance agroalimentaire globale de la Chine est de – 52 milliards d’euros en 2016.

La dégradation du solde commercial en productions animales doit être mise en parallèle avec les faibles disponibi- lités en terres agricoles du pays (9 % des terres labourables au monde pour 20 % de la population) ; les difficultés productives (faibles ressources en eau, rendements limités, restructuration rapide des petites exploitations…) ; l’ar- bitrage parfois donné aux productions végétales, dont le riz, par rapport aux productions animales dans l’utilisation de la terre ; la défiance de nombreux consommateurs chinois vis-à-vis des produits locaux, principalement suite à la crise du lait frelaté à la mélamine en 2008  ; et, naturellement, la crois- sance rapide des besoins intérieurs liée à une modification progressive du régime alimentaire, surtout dans les grandes agglomérations (Chaumet et Pouch, 2017). La consommation de viandes d’un chinois a quadruplé depuis le début des années quatre- vingt (Chaumet, 2017 ; Guanghong et al., 2012) et celle de produits laitiers connaît une progression d’autant plus rapide que le niveau reste modeste (40 kg par habitant et par an contre 280 kg pour les européens).

En dépit d’un niveau élevé de produc- tion (25 % de la production mondiale de viandes, mais seulement 5 % de la production laitière), les exportations de la Chine en productions animales sont faibles et relativement stables au cours des dernières années (FAO, 2018).

Elles atteignent 4,8 milliards d’euros en 2016, soit environ sept fois moins que celles de l’UE. Les exportations concernent principalement des pro- duits issus de la filière avicole et sont destinées d’abord aux pays asiatiques (Japon, Vietnam). La Chine est devenue le premier importateur mondial en pro- ductions animales (16 % du total). Après avoir représenté 3,6 milliards d’euros en moyenne annuelle sur la période 2000-09, les importations chinoises ont considérablement augmenté pour atteindre 22,8 milliards d’euros en 2016.

À cette dernière date, les importations

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concernent surtout des produits laitiers (33 %), de la viande porcine (26 %), de la viande bovine (17 %) et de la viande de volailles (10 %). En Chine, les impor- tations représentent un tiers de la pro- duction domestique en lait, 20  % en viande bovine et seulement 4  % en viande porcine.

L’UE est le premier fournisseur de la Chine en productions animales avec un tiers de ses importations en 2016.

Principalement exportatrice de pro- duits laitiers et de viande porcine, elle devance le Brésil, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis. Si le marché chinois constitue une opportunité pour de nombreuses entreprises à la recherche de nouveaux débouchés, force est aussi de bien considérer que ce débouché

n’offre pas non plus toutes les garanties de stabilité (Trégaro, 2016). Les incerti- tudes qui pèsent sur le niveau de l’offre intérieure, la signature d’accords bila- téraux plus ou moins avantageux avec d’autres pays concurrents, les change- ments de réglementation sanitaire, la variabilité des taux de change, les ten- sions politiques entre pays sont autant de facteurs qui peuvent modifier, parfois soudainement, les équilibres escomptés.

„2.2. Le Japon

Le Japon est le quatrième impor- tateur mondial de produits agroali- mentaires et l’un des plus déficitaires (– 43 milliards d’euros en 2016). Malgré un soutien important du gouvernement

et la mise en œuvre de réformes de la politique agricole (OCDE, 2009), l’agri- culture japonaise ne parvient à cou- vrir que 40 % des besoins alimentaires nationaux. En productions animales, le déficit atteint 12,3 milliards d’euros en 2016, dont 5 milliards d’euros de viande porcine, 3 milliards d’euros de viande bovine, 2,7 milliards d’euros de viande de volailles et 1,3 milliard d’euros de lait et de produits laitiers. Le déficit du Japon en productions animales ne s’est guère creusé au cours de la période récente. Non seulement la population japonaise est aujourd’hui décroissante mais le niveau individuel de consom- mation est désormais plus stabilisé. Les volumes importés représentent 175 % de la production domestique en viande bovine, 116 % en viande porcine, 54 % Tableau 1. Les échanges en productions animales pour les principaux pays impliqués (milliards d’euros courants par an entre 2000 et 2016) – Classement par ordre décroissant du solde 2016 (Source : INRA, SMART-LERECO d’après BACI).

Exportations Importations Solde commercial

2000-09 2010-15 2016 2000-09 2010-15 2016 2000-09 2010-15 2016

UE-28 13,8 25,4 31,2 7,2 9,3 9,1 6,6 16,1 22,1

N.-Zélande 6,4 12,6 13,2 0,2 0,4 0,5 6,2 12,2 12,7

Brésil 6,2 13,1 13,8 0,4 1,0 1,2 5,8 12,1 12,6

Australie 6,2 9,8 11,6 0,6 1,3 1,8 5,6 8,5 9,8

États-Unis 10,8 19,8 21,5 8,6 11,3 15,4 2,2 8,5 6,1

Inde 0,8 2,3 4,1 0,1 0,2 0,3 0,7 2,1 3,8

Thaïlande 1,3 3,0 4,5 0,5 1,0 0,9 0,8 2,0 3,6

Canada 4,9 6,0 6,9 2,0 3,6 4,2 2,9 2,4 2,7

Arabie Saoudite 0,5 1,0 1,4 2,2 4,2 3,8 – 1,7 – 3,2 – 2,4

Mexique 1,0 2,0 2,7 3,4 5,2 5,9 – 2,4 – 3,2 – 3,2

Corée du Sud 0,1 0,4 0,6 1,7 3,4 4,7 – 1,6 – 3,0 – 4,1

Russie 0,3 0,5 0,7 4,6 8,5 4,8 – 4,3 – 8,0 – 4,1

Vietnam 0,2 0,2 0,3 0,4 2,1 4,8 – 0,2 – 1,9 – 4,5

Japon 0,1 0,3 0,4 8,8 11,4 12,7 – 8,7 – 11,1 – 12,3

Chine 2,4 4,3 4,8 3,6 14,5 22,8 – 1,2 – 10,2 – 18,0

Monde 65,7 123,0 142,2 65,7 123,0 142,2 0,0 0,0 0,0

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en volailles et 30 % en lait et produits laitiers.

La situation déficitaire du Japon est largement imputable à l’insuffisance de ses ressources foncières exploitables. Le pays compte 127 millions d’habitants pour seulement 4,5 millions d’hec- tares de surface agricole ; le territoire japonais regroupant de larges zones montagneuses recouvertes de forêts.

À ces conditions territoriales difficiles s’ajoutent un vieillissement préoccu- pant des actifs agricoles (77 % des agri- culteurs japonais ont plus de 60 ans) et un très fort morcellement des terres agricoles. Dans le secteur de l’élevage, la production a peu évolué au cours des dix dernières années (Japan Statistic Bureau, 2017). Elle s’élève à 7,3 millions de tonnes de lait (soit quatre fois moins que l’Allemagne), 1,9 million de tonnes de volailles, 1,2 million de tonnes de porcs et 480  000 tonnes de viande bovine.

Les exportations du Japon en pro- ductions animales, qui sont de fait his- toriquement marginales (414 millions d’euros en 2016), concernent principa- lement des produits laitiers (39 % du total) et de la viande bovine (26 %) des- tinés surtout aux pays asiatiques voi- sins. Les importations en productions animales (12,7 milliards d’euros) pro- viennent quant à elles principalement des États-Unis (16 %), de l’UE (15 %), de l’Australie (12 %) et de la Thaïlande (8 %).

Les exportations européennes vers le marché japonais concernent surtout de la viande porcine (34 % des impor- tations du pays) et des produits laitiers (28 %). En viande bovine et en viande de volailles, les exportations européennes sont, en revanche, insignifiantes pour des raisons de moindre compétitivité- prix. Les relations commerciales de l’UE avec le Japon devraient se renforcer suite à l’entrée en vigueur prochaine de l’accord de partenariat économique.

Cet accord supprimera la grande majo- rité des droits payés par les entreprises de l’UE qui exportent vers le Japon ainsi qu’un certain nombre d’obstacles régle- mentaires en place depuis longtemps.

Pour le secteur laitier, cet accord envi- sage la suppression des droits sur de

nombreux fromages comme le gouda et le cheddar (fixés actuellement à 29 %).

Pour la viande de porc, les échanges se feront en franchise de droits pour les viandes transformées, tandis que les viandes fraîches seront presque exemp- tées. Cet accord prévoit également de protéger plus de 200 produits agricoles européens de qualité (reconnaissance des indications géographiques) sur le marché japonais.

„2.3. La Russie

Le solde agroalimentaire de la Russie demeure négatif en 2016 (–  4,8 mil- liards d’euros), malgré une amélioration substantielle de celui-ci par rapport à la période 2010-15 (– 15,2 milliards d’eu- ros). Trois facteurs ont contribué à cette amélioration :

i) l’augmentation de la production agricole intérieure, du moins dans cer- tains secteurs productifs tels que les céréales, les volailles et les porcs, suite à l’adoption de mesures favorables à l’investissement et à la mise en place de complexes agro-industriels où le modèle de l’intégration est dominant ;

ii)  la  baisse drastique des importa- tions depuis l’application en 2014 d’un embargo sur une sélection de produits agroalimentaires (dont les produits ani- maux) en provenance de ses principaux fournisseurs historiques (Pouch, 2014)5 ;

iii) la détérioration du pouvoir d’achat des ménages au cours de la période récente (forte dévaluation du rouble) qui entraîne un recul de la consomma- tion, notamment en produits animaux

5 Le 18 mars 2014, à la suite d’un référendum, le gouvernement russe annonce que la République de Crimée et la ville de Sébastopol deviennent deux nouveaux «  sujets de la fédération de Russie ». Moscou évoque alors un « retour » de la région offerte à la République soviétique socialiste d’Ukraine par Nikita Khrouchtchev en 1954. Face à ce qu’ils qualifient « d’annexion illégale », les États membres de l’UE décident à l’unanimité de mettre en œuvre une série de sanctions économiques à l’encontre de la Russie. À peine un mois après l’instauration de ces sanctions par l’UE, soit le 7 août 2014, Moscou a décrété un embargo sur les importations de certains produits agricoles et alimentaires en provenance de l’UE, des États-Unis, du Canada, de l’Australie et de la Norvège. Depuis lors, cet embargo a été prorogé régulièrement.

où les prix sont parfois jugés élevés (fro- mages, viande bovine).

En productions animales, le solde commercial de la Russie est de – 4,1 milliards d’euros en 2016 (contre – 8 milliards d’euros en 2010-15), dont – 1,8 milliard d’euros pour le lait et les produits laitiers et – 1,1 milliard d’euros pour la viande bovine. Les investisse- ments réalisés dans les filières avicole et porcine devraient prochainement permettre à la Russie d’atteindre l’auto- suffisance. La situation semble plus dif- ficile dans le secteur bovin (tableau 2) où les investissements ont été d’au- tant plus limités que la rentabilité des capitaux investis est souvent moindre et que le cycle de production est long (FranceAgriMer, 2013).

En Russie, les productions animales ont toujours représenté une part minime des exportations agroalimen- taires du pays (entre 4 et 6  % toute au long de la période 2000 à 2015).

En 2016, les exportations de produc- tions animales (692 millions d’euros) sont destinées essentiellement au Kazakhstan (30 %), à l’Ukraine (16 %), à la Chine (14 %) et à la Biélorussie (12 %).

Suite à la mise en œuvre de l’embargo, les importations russes en productions animales ont été divisées par près de deux (Chatellier et al., 2018). D’un mon- tant de 4,8 milliards d’euros en 2016, elles se font surtout en provenance de la Biélorussie (50 %) et du Brésil (20 %).

En représentant 6 % des importations de la Russie en productions animales en 2016 contre 45 % en 2000, l’UE n’est clairement plus un partenaire privilégié de ce pays. Avec ou sans le maintien de l’embargo, il semble peu probable que l’UE soit en capacité de retrouver à l’avenir ses parts de marché d’antan, ce pour plusieurs raisons  : les pers- pectives démographiques de ce pays ne sont pas prometteuses  ; le déve- loppement des productions animales (surtout en volailles et porcs) pourrait se poursuivre compte tenu du volonta- risme politique adopté ; les fournisseurs actuels (Biélorussie et Brésil) sont com- pétitifs au niveau des prix et rares sont les ménages russes qui ont les moyens de payer davantage pour des biens qui seraient démarqués par leur qualité.

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„2.4. L’Inde

Avec 18  % de la population mon- diale pour 4 % des terres agricoles, soit 180 millions d’hectares, la question ali- mentaire est un enjeu majeur en Inde, ce d’autant que 15 % de la population souffre de sous-alimentation. En dépit de ses nombreux handicaps (dispersion de la production dans d’innombrables petites exploitations, faible recours à la mécanisation, rendements modestes des cultures, développement limité des activités de transformation…), l’Inde est le troisième producteur agricole au monde et le premier producteur de lait.

La production agricole étant d’abord destinée à nourrir une population tou- jours plus nombreuse (l’Inde deviendra prochainement le pays le plus peuplé

du monde), les échanges commer- ciaux de ce pays sont historiquement faibles dans le secteur agroalimentaire.

La recherche d’une indépendance ali- mentaire est depuis longtemps une stratégie privilégiée par les pouvoirs publics qui appliquent des droits de douane élevés sur les produits agricoles et mettent en place de nombreuses restrictions à l’importation (Pouch et Kheraief, 2016 ; Dorin, 2001). En 2016, la balance agroalimentaire de l’Inde s’élève à 9,5 milliards d’euros.

En productions animales, la balance commerciale de l’Inde s’est nettement améliorée en passant de 0,7 milliard d’euros en 2000-09 à 3,8 milliards d’euros en 2016. Cette amélioration tient essentiellement au secteur de la

viande bovine (3,4 milliards d’euros de solde en 2016) qui connaît un essor rapide de ses exportations à destina- tion surtout de la Chine et du Vietnam.

Dans ce pays où la consommation de viande bovine est l’une des plus faibles du monde (1,7 kg par habitant et par an), l’offre intérieure, tirée aussi par le développement rapide de la produc- tion laitière, dépasse aujourd’hui de loin les besoins. Les hindous (80 % de la population) considèrent, en effet, que les femelles zébus (vaches) sont

« sacrées » et, de fait, s’opposent à leur abattage et à leur consommation. Les exportations concernent surtout des bufflonnes laitières de réforme âgées de plus de dix ans et des buffles mâles utilisés pour la traction. Les bovins sont abattus selon le rite hallal et la viande Tableau 2. Le solde commercial en productions animales des principaux pays impliqués (millions d’euros par an) – Classement par ordre décroissant du solde 2016 (Source : INRA, SMART-LERECO d’après BACI).

Lait et produits laitiers Viande bovine Viande porcine Viande de volailles 2000-

2009 2010-

2015 2016 2000-

2009 2010-

2015 2016 2000-

2009 2010-

2015 2016 2000-

2009 2010- 2015 2016 UE-28 6 207 11 787 14 320 – 971 – 915 – 1 025 2 796 5 645 8 153 – 527 – 745 – 685

N.-Zélande 3 621 8 137 8 175 959 1 542 1 979 – 48 – 90 – 125 5 52 70

Brésil – 70 – 323 – 552 2 069 4 122 4 634 701 1 176 1 429 2 799 6 307 6 524 Australie 1 283 1 189 939 2 805 4 728 5 768 – 47 – 292 – 322 17 – 14 – 12 États- Unis – 209 1 911 627 – 267 748 490 1 513 3 696 4 054 2 268 3 465 2 865

Inde 99 89 3 472 1 692 3 456 1 – l – 3 3 8 10

Thaïlande – 140 78 840 – 7 – 65 – 92 30 79 80 932 1 917 2 722

Canada – 304 – 617 – 911 658 190 634 1 345 1 633 1 675 – 127 – 180 – 155 Arabie

Saoudite – 627 – 963 – 454 – 119 – 346 – 442 – 2 – 12 – 11 – 432 – 1 166 – 1 150 Mexique – 755 – 1 086 – 1 173 – 822 – 260 226 – 366 – 909 – 1 117 – 408 – 872 – 953 Corée du Sud – 205 – 393 – 347 – 718 – 1 240 – 2 059 – 386 – 927 – 1 267 – 92 – 207 – 238 Russie – 960 – 2 699 – 1 889 – 1 140 – 2 211 – 1 179 – 1 077 – 1 682 – 489 – 754 – 568 – 201 Vietnam – 184 – 612 – 1 109 – 43 – 469 – 2 230 9 – 115 – 96 – 52 – 493 – 529 Japon – 991 – 1 359 – 1 308 – 2 122 – 2 439 – 3 005 – 3 197 – 3 855 – 4 213 – 1 483 – 2 505 – 2 779 Chine – 862 – 5 204 – 7 794 – 227 – 2 066 – 4 126 – 309 – 2 186 – 4 990 – 133 – 273 – 372

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est exportée sous une forme désossée et congelée à des prix exceptionnelle- ment bas. La balance commerciale de l’Inde est proche de l’équilibre en pro- duits laitiers, en viande de volailles et en viande porcine.

Les exportations de l’Inde en pro- ductions animales (4,1 milliards d’euros dont 84 % de viande bovine et 5 % de produits laitiers) sont destinées d’abord à la Chine (via parfois par le Vietnam dans le cas de la viande bovine), à l’Égypte, à la Malaisie et aux Émirats Arabes Unis. Les relations commerciales de l’UE avec l’Inde dans le secteur des productions animales ont toujours été très faibles. En 2016, l’UE a été destina- taire de seulement 1 % des exportations indiennes ; l’UE est certes le deuxième fournisseur de l’Inde en productions animales derrière le Népal, mais cela concerne des montants, eux aussi, très limités (58 millions d’euros en 2016).

Compte tenu de l’essor démographique attendu en Inde, de la faiblesse du pou- voir d’achat des indiens, des exigences sanitaires imposées par l’UE sur les produits importés, de la politique com- merciale appliquée par les autorités indiennes et du développement de la production laitière dans les deux zones, les relations commerciales entre l’UE et l’Inde devraient rester modestes dans le domaine des productions animales, du moins comparativement à d’autres secteurs.

„2.5. L’Australie

Peu peuplée (24 millions d’habitants), mais richement doté en terres agricoles (412 millions d’hectares, dont « seule- ment » 48 millions de terres arables), l’Australie est un pays largement excé- dentaire dans le domaine agroalimen- taire. Les exportations (28,1 milliards d’euros en 2016) représentent près de 60  % de la production agricole inté- rieure (33 % en lait et 57 % en viande bovine) et la balance agroalimentaire atteint 15,8 milliards d’euros en 2016 (dont 9,8 milliards pour les productions animales, surtout de la viande bovine et ovine). Comme en témoignent ses posi- tions dans le cadre des négociations de l’OMC, l’Australie est depuis longtemps un pays partisan de la libéralisation des échanges. Avec les autres pays réunis

dans le cadre du Groupe de Cairns, elle souhaite que les accords multilatéraux aillent dans le sens d’une élimination du soutien interne, d’une forte réduc- tion des barrières douanières et d’une suppression totale des restitutions aux exportations. D’après les estimations de l’OCDE, les soutiens publics accor- dés aux exploitations australiennes seraient dix fois inférieurs à ceux des exploitations européennes (OCDE, 2017). Comme dans l’UE, les questions de bien-être animal, d’innovation tech- nologique, d’intensification productive (utilisation des ressources en eau) et de qualité nutritionnelle ont pris beaucoup de place dans les débats publics aus- traliens et ont obligé certains acteurs à modifier leurs stratégies (Potard-Hay, 2016). L’accès au marché australien n’est pas toujours simple en raison la dis- tance géographique et l’existence de certains obstacles non tarifaires dans les domaines sanitaires et phytosanitaires.

Les exportations australiennes en productions animales s’élèvent à 11,6 milliards d’euros en 2016 (cin- quième rang mondial), soit 41 % des exportations agroalimentaires. Elles ont pratiquement doublé entre 2000- 09 et 2016 et concernent essentiel- lement de la viande bovine (50 % du montant de 2016), des produits laitiers (17 %) et de la viande ovine et caprine (17 %). Elles sont destinées surtout aux États-Unis (17 %), au Japon (16 %), à la Chine (10 %), à la Corée du Sud (8 %) et à l’Indonésie (8 %). Si les importations de l’Australie en productions animales sont limitées, elles ont augmenté en passant de 618 millions d’euros en 2000-09 à 1,8 milliard d’euros en 2016.

Elles concernent surtout des produits laitiers (55 % du total en 2016) et de la viande porcine (24 %). Trois fournisseurs assurent l’essentiel de ses approvision- nements : la Nouvelle-Zélande (41 %), l’UE (34 %) et les États-Unis (16 %).

L’Australie bénéficie d’une balance commerciale positive en productions animales avec le Japon (+  1,9 mil- liard d’euros en 2016), les États-Unis (+  1,8 milliard d’euros), la Chine (+ 1,2 milliard d’euros) et la Corée du Sud (1,1 milliard d’euros), mais négative avec la Nouvelle-Zélande (–  565 mil- lions d’euros) et l’UE (– 275 millions d’eu-

ros). Le déficit avec l’UE se vérifie pour les produits laitiers (– 302 millions d’eu- ros) et la viande porcine (– 231 millions d’euros), mais la situation est inverse en viande bovine (+ 180 millions d’euros) et en viande ovine (+ 77 millions d’eu- ros). Les relations commerciales entre ces deux zones pourraient s’accentuer dans la mesure où des négociations sont lancées depuis juin 2018 pour par- venir, si possible en 2019, à la signature d’un accord commercial global.

„2.6. La Nouvelle-Zélande En dépit d’une surface modeste (11,6 millions d’hectares de surface agricole) comparativement aux autres grands exportateurs, la Nouvelle- Zélande occupe une place importante dans le commerce international de productions animales. Dans ce pays où les surfaces en herbe occupent près de 90 % de la surface agricole, la produc- tion agricole est dominée par le sec- teur laitier et le secteur ovin (Institut de l’Élevage, 2017a). En raison de l’exi- guïté du marché intérieur (4,7 millions d’habitants) et moyennant une organi- sation politique et économique tournée depuis longtemps vers l’extérieur, ce pays occupe le deuxième rang mondial en termes de balance commerciale pour les productions animales (12,7 milliards d’euros en 2016, avec un doublement de ce montant en monnaie courante par rapport à la période 2000-09).

Les exportations néo-zélandaises en productions animales (13,2 milliards d’euros en 2016), qui représentent les deux tiers des exportations agroalimen- taires, relèvent à 64 % des produits lai- tiers, 15 % de la viande bovine (surtout de vaches laitières de réforme) et 14 % de la viande ovine. En 2016, les prin- cipaux clients de la Nouvelle-Zélande en productions animales sont la Chine (23 % du total), les États-Unis (12 %), l’UE (10 %), l’Australie (6 %), le Japon (4 %) et l’Algérie (3 %). Les exportations vers la Chine ont augmenté rapidement, en passant de 434 millions d’euros en 2000-09 à 3,1 milliards d’euros en 2016.

La Nouvelle-Zélande exporte plus de 90  % de sa production intérieure de lait et 80  % de sa production de viande bovine. Dynamisées par le

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développement des achats de la Chine, les exportations de produits lai- tiers concernent surtout de la poudre de lait entier (37 % du total en valeur) et du beurre (21 %) ; les exportations de fromages sont quant à elles plus modestes, de même que celles de poudre de lait infantile, ceci offrant des opportunités de développement pour l’UE. La Nouvelle-Zélande est le pre- mier exportateur mondial en volume de produits laitiers (en équivalent lait) et le deuxième en valeur (derrière l’UE). Cette position de leader tient à plusieurs facteurs : une abondance de surfaces herbagères de qualité ; des res- sources abondantes en eau ; une forte concentration des outils industriels, avec une seule entreprise (la coopéra- tive Fonterra) qui assure l’essentiel de la commercialisation ; un savoir-faire en technologie laitière (Institut de l’Élevage, 2010) ; un volontarisme des acteurs politiques et économiques pour dynamiser les exportations. Après une très forte croissance de la production laitière entre 2000 et 2015, un ralentis- sement de la dynamique de l’offre est cependant observé depuis quelques années, dans un contexte sociétal où les dommages causés à l’environnement par l’élevage laitier (forte utilisation d’eau d’irrigation, niveaux de fertilisa- tion…), notamment dans l’Île du sud, suscitent de croissantes contestations locales (Institut de l’Élevage, 2017b).

Les importations de la Nouvelle- Zélande en productions animales sont globalement très faibles (501 mil- lions d’euros en 2016). Ses principaux fournisseurs sont l’Australie (35  %), l’UE (35 %) et les États-Unis (18 %). La Nouvelle-Zélande est non seulement un sérieux concurrent de l’UE sur le marché international, mais les rela- tions commerciales entre ces deux zones sont déséquilibrées. La Nouvelle- Zélande représente, en effet, 0,5 % des débouchés de l’UE en productions animales, mais 15  % de ses approvi- sionnements. Le déficit de l’UE avec la Nouvelle-Zélande (– 1,1 milliard d’euros en 2016 dont – 867 millions d’euros de viande ovine) est cependant moindre que par le passé (– 1,3 milliard d’euros en 2000-09) pour deux raisons : ce pays a bénéficié de sérieuses opportunités commerciales suite à l’ouverture du

marché chinois ; les besoins de l’UE en viande ovine diminuent parallèlement au recul de la consommation.

„2.7. Le Brésil

Grâce à ses 240 millions d’hectares de surface agricole utile et aux efforts déployés pour moderniser son com- plexe agroalimentaire, le Brésil est l’un des tous premiers producteurs agricoles au monde et le troisième exportateur de biens agroalimentaires (OCDE-FAO, 2015). Ce  pays se distingue par ses performances dans les productions de sucre, de jus d’orange, de soja, d’étha- nol, mais aussi de viande bovine et de viande de volailles. Si les exportations agroalimentaires brésiliennes (64 mil- liards d’euros en 2016) sont inférieures à celles de l’UE-28 (135 milliards d’euros) et des États-Unis (123 milliards d’euros), le solde agroalimentaire est, lui, nette- ment supérieur (54 milliards d’euros dont 12,6 milliards d’euros au titre des productions animales). Cet essor ne doit cependant pas occulter l’existence de controverses portant sur la dualité des formes d’agriculture qui prévaut dans ce pays (exploitations dédiées à l’ex- port versus petites structures familiales orientées vers le marché domestique) ; les fortes inégalités dans l’accès au fon- cier ; le niveau élevé d’endettement du secteur ; les imperfections d’un système sanitaire non homogène entre les pro- duits destinés à l’exportation (où les contrôles sont élevés) et ceux commer- cialisés sur le marché domestique (où il sont plus souples) ; et, surtout, les pro- blèmes environnementaux importants induits par la déforestation, l’utilisation massive d’engrais minéraux, l’érosion des sols et les émissions de gaz à effet de serre (Sabourin, 2014).

Les exportations brésiliennes en pro- ductions animales s’élèvent à 13,8 mil- liards d’euros en 2016, soit 21 % du total des exportations agroalimentaires. Elles sont dominées par la viande de volailles (47 %), la viande bovine (35 %) et, loin derrière, la viande porcine (10 %). Le Brésil est légèrement déficitaire en pro- duits laitiers. Le Brésil exporte l’équiva- lent de 31 % de sa production de viande de volailles, 23  % de celle de viande porcine et 20  % de celle de viande bovine. Les principaux clients du Brésil

en productions animales sont la Chine (24  % du total en 2016), l’UE (13  %), l’Arabie Saoudite (8 %), la Russie (7 %) et le Japon (7 %). Les États-Unis, pour- tant moins éloignés géographique- ment, ne comptent que pour 3 % des exportations brésiliennes. Après avoir progressé, en passant de 2,4 milliards d’euros en 2000 à 13,1 milliards d’euros en 2012, les exportations du Brésil en productions animales sont plus stables depuis cinq années. Non seulement la baisse des prix internationaux influe sur le niveau des exportations de pro- duits animaux en valeur, mais le Brésil est également un grand exportateur de produits végétaux (effet de concur- rence entre productions), dont le soja.

Le Brésil reste le premier exportateur mondial de viande de volailles et de viande bovine (Institut de l’Élevage, 2014).

En dépit d’une population nom- breuse (207 millions d’habitants) et d’une consommation individuelle de viandes qui a progressé au cours des dernières décennies, les importations du Brésil en productions animales concernent toujours des montants limités (1,2 milliard d’euros en 2016, dont 60 % de produits laitiers et 18 % de bovins vivants). Les  principaux fournisseurs sont les pays voisins du Mercosur, dont l’Uruguay (32 % du total des importations de 2016), l’Argentine (27 %), le Paraguay (12 %) et l’UE (11 %).

La balance commerciale de l’UE avec le Brésil est nettement déficitaire tant en agroalimentaire (– 10,3 milliards d’euros en 2016) que pour les productions ani- males (– 1,6 milliard d’euros en 2016).

Le déficit est conséquent en viande de volailles (–  1,1 milliard d’euros en 2016) et en viande bovine (– 650 mil- lions d’euros), où les brésiliens sont très compétitifs (Champion et al., 2013 ; FranceAgriMer, 2011).

„2.8. Les États-Unis

Avec une superficie agricole de 408 millions d’hectares (dont 155 mil- lions d’hectares de terres arables), les États-Unis occupent le premier rang mondial en termes de production agri- cole. Ce  pays est fortement engagé dans les productions de maïs grain, de soja, de viande de volailles, de viande

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