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Mise en evidence de souches de Trichoderma spp a la
fois antagonistes de Pythium ultimum et stimulatrices
de la croissance des plantes
O. Besnard, P. Davet
To cite this version:
O. Besnard, P. Davet. Mise en evidence de souches de Trichoderma spp a la fois antagonistes de
Pythium ultimum et stimulatrices de la croissance des plantes. Agronomie, EDP Sciences, 1993, 13
(5), pp.413-421. �hal-02715211�
Pathologie végétale
Mise
en
évidence de souches de Trichoderma
spp
à la fois
antagonistes
de
Pythium
ultimum
et
stimulatrices de la croissance des
plantes
O Besnard
P Davet
1
Société de nouvelle fertilisation Letellier, BP 1233, F 34011 Montpellier Cedex 1;
2Laboratoire de
biologie et pathologie végétale, INRA-ENSA, F34060 Montpellier Cedex 1, France
(Reçu le 8 février 1993; accepté le 15 février 1993)
Résumé — Un tri réalisé parmi 113 isolats de Trichoderma spp appartenant à divers groupes d’espèces (sensu Rifai)
a permis de trouver 7 souches dont les filtrats de culture sont capables d’augmenter la vitesse et le taux de germina-tion de tomates et de concombres in vitro et 4 souches manifestant une forte activité
antagoniste
vis-à-vis de Pythium ultimum. Deux souches au moins, AGI (T polysporum) et BR 105 (T harzianum résistant au bénomyl) possèdent les deux types d’activité. Ces résultats sont confirmés par des essais en serre dans des pots contenant unmélange
auto-clavé de tourbe et de vermiculite. Dans ces conditions BR 105, ajouté à raison de 107 propagules
g
-1
,
améliore la levée (+31 et +25%), la masse (+72 et +68%) et la production de fleurs à l’âge de 2 mois (+84 et +236%) de tomates et de concombres, respectivement. Dans un substrat contaminé par P ultimum, l’incorporation de BR 105 augmente le taux de levée des concombres de 138% et le nombre de fleurs à 2 mois de 183%. Enfin, la quantité de penséesfleuries, 47 j après leur
repiquage
chez un horticulteur dans un substrat organique du commerce, est plus élevée enprésence de BR 105 (+83%).
Cependant,
un traitement fongicide du terreau permet d’obtenir un résultat du même ordre.L’interprétation
de résultats de cette sorte doit donc être faite avec prudence.Trichoderma / Pythium ultimum /
1 antagonisme
microbien / stimulationSummary —
Observations on some Trichoderma spp strains that aresimultaneously antagonistic
to Pythiumultimum and
growth stimulating.
One hundred and thirteen Trichoderma spp isolatesbelonging
to several speciesaggregates (sensu Rifai) were screened. Culture filtrates from 7 of these isolates were found capable of
increasing
germination speed and rate of tomato and cucumber seeds in vitro; 4 isolates exhibited high antagonistic activity
against
Pythium
ultimum in Petri dishes. At least 2 strains, AGI (Tpolysporum)
and BR 105 (abenomyl-resistant
T harzianum) showed both types of biologicalactivity.
These results were confirmed in greenhouse trials. When plantswere seeded in pots filled with an autoclaved mixture
of peat
and vermiculite, addition of BR 105(10
7
cfug
-1
)
impro-ved emergence rate (+31 and +25%), dry mass (+72 and +68%) and flower setting at 2 months (+84 and +236%) of tomatoes and cucumbers,respectively.
In a P ultimum-infested substrate, emergence rates of cucumber and flowerproduction by
2-month-oldplants
were increased by 138 and 183%respectively
in pots treated with BR 105.Finally,
pansies grown in a
potting
mixture in a commercial greenhouse had moreflowering
plants (+83%), 47 d afterplanting
out when BR 105 had beenincorporated
into the substrate. However, a similar result was obtainedthrough
substrate treatment with afungicide. Consequently,
theinterpretation
of this kind of results should be made with care.Trichoderma/Pythium
ultimum / microbialan tagonist
/ stimulationINTRODUCTION
Dans les cultures sous
abri,
la forte densité deplantation,
les conditions deproduction
inten-sive et l’utilisation de variétés à hautesperfor-mances, de
plus
enplus éloignées
destypes
*
Correspondance et tirés à part
rustiques,
créent des conditions favorables audéveloppement
des maladies. L’abandon des cultures enpleine
terre etl’adoption
desub-strats artificiels ont
permis
de limiter l’incidence des maladies dues à deschampignons
du sol. Mais l’humiditépermanente
entretenue aupied
des
plantes
par lessystèmes
d’arrosage
tend à favoriser certainescatégories
deparasites qui,
malgré
lesprécautions prises,
demeurent un ris-que constant. C’est ainsi que lesPythium
spp,responsables
de fontes de semis et d’accidents delevée,
demeurent une despréoccupations
majeures
des maraîchers et des horticulteurs. L’efficacité de laprotection chimique
n’est pastoujours
satisfaisante,
et ses effets surl’environ-nement ne sont pas
négligeables. Cependant
lapossibilité
d’uneprotection
par des auxiliairesbiologiques
devient une solution alternativeenvi-sageable.
Durant ces dernièresannées,
ungrand
nombre de bactéries et dechampignons
antagonistes
desPythium
spp ont ainsi été mis en évidence(Whipps
etLumsden,
1991)
mais les résultats lesplus
intéressants et lesplus
soli-dement établis ont été obtenus avec desTricho-derma spp (Sivan
et al,
1984; Lifshitzet al,
1986;Harman
et al,
1989).
Il se trouve par ailleurs que certaines souches
de Trichoderma spp semblent exercer une ac-tion stimulatrice sur la croissance des
plantes,
aussi bien invitro,
dans des conditions contrô-lées et en l’absence de toutagent pathogène,
que dans des substrats de culture
(Baker, 1988).
Curieusement,
ces résultats intéressants n’ontpas donné lieu à d’autres
recherches,
hormis lestravaux tout récemment
publiés
deLynch
et al(1991)
et de Kleifeld et Chet(1992).
Il est certain
qu’il
serait extrêmementavanta-geux de
pouvoir disposer
d’un clone de Tricho-dermaqui
soit à la foisprotecteur
et stimulateur de croissance. Les résultats que nous nous pro-posonsd’exposer
montrentqu’il
esteffective-ment
possible
de trouver de telles souches.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Origine
deschampignons
utilisésUne collection de 100 souches de Trichoderma,
isolées à
partir
de sols de différentesrégions
deFrance, a été utilisée dans les tests
préliminaires.
Lamajorité
appartiennent au groupe d’espèces Tharzia-num Rifai.
Quelques
isolatsappartiennent
auxgroupes T hamatum
(Bon)
Bain, T aureoviride Rifai, T viride Pers ex S FGray
et T polysporum (Link exPers) Rifai. Ces souches
proviennent
des collectionsdes laboratoires de
pathologie végétale
de l’INRA de Bordeaux et deMontpellier.
Par ailleurs, une suspen-sion conidienne d’une culture monospore (B 11)obte-nue à
partir
d’un T harzianum du sol a été exposéependant
2 min à un rayonnement ultra-violet de 200μW cm-2 (Billette, travaux non
publiés).
Certaines desconidies irradiées ont
produit
des mutants résistantsau bénomyl, dont 13 ont été utilisés dans nos essais
comparatifs.
Pour toutes les études du
pouvoir antagoniste
des souches de Trichoderma nous avons utilisé unesouche de Pythium ultimum Trow var ultimum, isolée
sur racines de soja dans la
région
de Toulouse.Sélection des souches in vitro
Stimulation de croissance
Les souches de Trichoderma sont cultivées en erlen-meyer dans le milieu S
liquide
de Messiaen et Lafon(1965) additionné de 1 g I-1 de Ca
Cl
2
(Gindrat,
1977). Lesliquides
de culture sont récoltésaprès 10 j
d’incu-bation sur un plateau oscillant à la température dula-boratoire.
Après
filtration sur mousseline, les liquidessont stérilisés par passage sur un filtre stérile à pores
de 0,45 μm de diamètre. Cinq millilitres de filtrat sont
répartis à la surface d’une boîte de Petri contenant de
l’eau
gélosée
solidifiée. Les témoinsreçoivent
5 ml de milieu S non ensemencé.Sur chaque boîte sont
déposées
10 graines de to-mate (cv Saint Pierre) ou de concombre (cv LeGéné-reux). Les
graines
sont préalablement désinfectées par trempagependant
1 min dans une solutiond’hypo-chlorite de sodium à 0,5%, puis rincées 2 fois à l’eau distillée stérile et séchées. Les boîtes sont mises en
incubation à l’obscurité à 24 °C.
Chaque
essaicom-prend
4répétitions.
Les essais de confirmation, por-tant sur un nombre plus restreint de souches,com-prennent 8
répétitions.
Après
1 semaine d’incubation, on mesure lepour-centage de
germination
et la masse des plantesaprès
séchage pendant
3 j
à l’étuve à 50 °C.Activité
antagoniste
La méthode est
comparable
à celle utilisée par Lynch (1987). Unimplant
de Trichoderma et unimplant
de Pultimum sont
déposés
à la surface de boîtes de Petri de 9 cm de diamètre contenant 10 ml de milieu PDA. Lesimplants
sont placés à 5 cm l’un de l’autre, selonune
ligne
diamétrale. Les boîtes, comprenant 4répéti-tions par souche, sont incubées à l’obscurité à 20 °C.
Trente-six heures
après
l’ensemencement, on note laprésence
de zones d’inhibition oul’interpénétration
des cultures ; le
développement
des 2champignons
estapprécié
enplanimétrant
la surfaceoccupée
parleurs thalles respectifs, au moyen d’une caméra
cou-plée
à un ordinateur.Après
unpremier
tri, 4 des meilleurs clones et 5 des moins bons choisis auha-sard sont confrontés à P ultimum et à 2 autres
cham-pignons parasites : Rhizoctonia solani Kühn et Sclero-tium rolfsii Sacc.
Essais en serre
Conditions
générales
Les souches de Trichoderma sélectionnées à la suite
des essais in vitro sont multipliées en fioles de Roux
(pour
une fiole : 200 g de sable lavé, 6 g de farined’avoine, 30 ml d’eau distillée; 2
autoclavages
à 120 °Cpendant
30 min à 48 h d’intervalle). Les fiolessont incubées
pendant
15 j à 24 °C à l’obscurité.L’inoculum est
incorporé
dans unmélange
àparties
égales
de tourbe blonde fine et de vermiculite stérilisépar 2
autoclavages
à 120 °Cpendant
30 min. La quan-tité d’inoculum est calculée defaçon
à obtenir 107pro-pagules
par g de substrat. Lesmélanges
sontrépartis
dans des pots de 15 x 15 x 15 cm. Danschaque
potsont semées 10
graines
de tomate (cv Saint Pierre) oude concombre (cv Le Généreux). Les graines sont
préalablement
désinfectéessuperficiellement
partrem-page dans
l’hypochlorite
de sodium à 0,5%pendant
1 min, puis dans l’acide peracétique à 2% pendant
20 min. Elles sont ensuite rincées 2 fois dans de l’eau
stérile,
puis égouttées.
Les pots sont arrosés à l’eau distilléependant
les 10premiers jours après
le semis. Ils sont ensuite arrosés avec une solution fertilisante,d’abord tous les 2
jours,
puis tous lesjours.
Les pots sontdisposés
dans une serre, en blocs randomisés.Étude
de l’activité stimulatrice de croissanceLe
mélange
du substrat avec les auxiliaires est réalisé2 semaines avant le semis. Les clones actifs sont
comparés
à deux témoins constitués, l’un par du sub-strat non ensemencé, l’autre par un mélange desub-strat avec une souche choisie au hasard parmi celles
qui n’ont pas manifesté d’effet stimulant dans les
es-sais in vitro.
Les pots sont maintenus à la température de 26 ± 2 °C pendant toute la durée de l’essai. Les taux de
levée sont calculés
lorsque
lesplantes
ont 2 vraies feuilles (soit21 j après
le semis). Le nombre deplantes
est alors ramené à 2 par pot. Les individusex-cédentaires, arrachés avec
précaution,
sont rincéspour les débarrasser du substrat adhérent,
puis
leurmasse est déterminée
après séchage
à l’étuve à 50 °Cpendant
3j.
À la fin de l’essai, c’est-à-dire environ 2 moisaprès
le semis, les fleurs sont comptées, et lesplantes
restantes sontpesées
commeprécédemment.
Un essai est aussi mis en
place
chez un horticul-teur. Despensées
(Viola tricolorcv Diva), achetées engodets
au stade 5 feuilles chez ungrossiste,
sontrepi-quées
dans des pots de 9 x 9 x 8 cm contenant unsubstrat commercial à base de tourbe et de
sphaignes,
àpH
= 6. Le substrat apréalablement
subil’un des 3 traitements suivants :
incorporation
de lasouche BR 105 à raison de 1010
propagules
par pot(soit environ 15 x 106
propagules
ml-1 de substrat);traitement à
l’oxyquinoléine
à la dosepréconisée
de2 100 g ha-1 (soit 1,7 mg par pot);
incorporation
de la BR 105 et traitement à l’oxyquinoléine. Un quatrièmelot, non traité, sert de référence. Les
plantes,
répar-ties en 4 blocs comprenant chacun 16plantes
partraitement, sont
placées
dans une serreparmi
lesautres pensées. Les relevés commencent 1 mois
plus
tard à raison d’un,puis
2, par semaine et sont pour-suivisjusqu’au
stade de la commercialisation,qui
alieu
47 j après
lerepiquage, juste
au début de la flo-raison. On compte le nombre deplantes
subsistanteset le nombre de fleurs formées.
Étude
de l’activitéantagoniste
Le
mélange
du substrat avec les souches de Tricho-derma est réalisé, commeprécédemment,
2se-maines avant le semis. Une semaine avant le semis, ces
mélanges
sont infectés avec une souche de P ul-timum. Les témoins sont constitués par du terreaunon ensemencé et par du terreau contenant P ulti-mum seul.
L’inoculum de P ultimum est
préparé
sur farine demaïs
gélosée
(farine de maïs : 17 g,gélose :
20 g,eau distillée : 1 I) en boîtes de Petri. Après une
se-maine d’incubation à 20 °C, les cultures sont
broyées
dans une
petite quantité
d’eau distillée stérile. Lepa-thogène
est introduit dans le substrat à la dose de 250propagules
(sporanges ouoosphères)
par g. Latempérature
de la serre est maintenue à 20 ± 2 °Cpendant la durée de l’essai. Il y a 16 pots pour
chaque
traitement.Le nombre de plantes dans
chaque
pot est déter-miné 21 japrès
le semis. Ce nombre est alorsrame-né à 2 par pot. Les individus excédentaires sont
arra-chés et lavés, puis mesurés et pesés comme dans les essais
précédents.
Au bout de 8 semaines, oncompte le nombre de fleurs et les plantes sont
mesu-rées et pesées.
Évolution
despopulations
dans les substratsLe milieu sélectif et la méthode de Ricci et al (1976)
sont utilisés pour l’estimation des populations de P ul-timum. Ce milieu contient du
bénomyl qui
inhibe lespopulations
«sauvages» de Trichoderma. Pour leséchantillons dans lesquels la souche résistante BR 105 est
présente,
onremplace
lebénomyl
par du tria-diménol (15 mgl
-1
)
qui
inhibe sondéveloppement
sansempêcher
celui de P ultimum. Lespopulations
de Trichoderma sont estimées à l’aide du milieu sé-lectif et de la méthode de Davet (1979). Pourchaque
mesure, l’échantillon moyen est constitué du
mélange
deprises
d’environ 200 ml de substrat, provenant de4 pots différents d’un même traitement.
Les
populations
de Trichoderma et de P ultimumsont ainsi évaluées à la fin de l’essai concernant
l’acti-vité antagoniste. Pour avoir une idée
plus précise
de l’évolution de cespopulations,
un deuxième essai estréalisé, dans
lequel
leschampignons,
seuls ou encombinaison, sont incorporés au substrat et répartis
cet essai, l’inoculum de P ultimum (250 prop g
-1
)
estintroduit dans le terreau
10 j après
l’inoculum deTri-choderma
(10
8
prop g-1
).
Les pots sont disposés dansune serre à 20 ± 2 °C et arrosés de façon à obtenir
une teneur en eau correspondant à 70% de la
capaci-té de rétention. Les populations sont estimées 0, 15 et
48 j après
l’incorporation
de P ultimum, chaque fois dans 2 pots.En outre, 200 ml de substrat sont
prélevés après
0,5, 15 et 84
j, chaque
fois dans 2 potspréparés
comme
précédemment. Après séchage
à l’air, ceséchantillons sont broyés et tamisés à la maille de
1 mm,
puis
additionnés de poudre de flocons d’avoine(20 g
l
-1
). Chaque mélange
est alorsdéposé
autour du collet d’une douzaine de jeunes plants de concombre âgés de 6j, préalablement
semés dans duterreau stérilisé ajusté à 80% de la capacité de réten-tion en eau (Bouhot et Ellal, 1976). Les concombres
sont maintenus 24 h à 15 °C
puis
placés dans unepièce
à 20 °C. Le taux de mortalité des concombresest déterminé 6 j après
l’apport
de l’amendement.RÉSULTATS
Stimulation de croissance
Essais in vitro
L’étude
préliminaire
portant
sur l’ensemble de la collection de Trichoderma montre que presque tous les filtrats de culture(92,9%
desisolats)
sont sans
effet,
ou exercent même un effetdé-pressif
sur lagermination
desgraines
de tomate et de concombre(résultats
nonprésentés).
Pourquelques
isolatscependant,
les taux degermina-tion et la
production
de matière sèche sontsupé-rieurs à ceux des témoins.
Nous avons alors
comparé
les 7 meilleures etles 4 moins bonnes souches mises en évidence à l’issue de ce
premier
tri. Les résultats(tableau
I)
confirment la validité dupremier
classement. Deux souches deT polysporum (AGI
et JI1)
etun des clones résistant au
bénomyl
issus de B11
(BR 105) paraissent
particulièrement
intéres-sants.
À
l’opposé,
la souche ZK se montre nette-ment inhibitrice.Essai en serre
La souche JI 1
ayant
undéveloppement
lent etune faible
sporulation,
seules AGI et BR 105 ontété retenues. Nous les avons
comparées
à la soucheTsp2,
choisie au hasardparmi
les 4moins bonnes.
On constate
(tableau II)
que les souches AGI et BR 105 améliorentsignificativement
la levée des tomates et desconcombres,
legain
relatif parrapport
au témoinpouvant
atteindre 30%. Dans lespots
contenant AGI ou BR105,
la masse desplantes âgées
de 3 semaines, mesu-réeaprès
séchage,
estsupérieure
de 50 à 100%à celle des
plantes
témoins ou desplantes
éle-vées enprésence
deTsp2
(tableau III).
Enfin,
le nombre de fleurs parplante après
2 mois decul-ture est
significativement plus
élevé chez la to-mate et surtout chez le concombre(tableau IV);
cependant,
à ce stade, les masses sèches nesont
plus
significativement
différentes.Essai en conditions
de
production
commercialeOn observe très peu de mortalité dans les
pen-sées
repiquées
chez leproducteur
horticole,
quel
que soit le traitement : le taux de survie est
com-pris
entre 94 et 100%. Le début de la floraisonn’a pas été noté
mais,
lors dupremier
relevé,
il y a 4 à 6 fleurs dans chacun des 3 lotstraités,
contre 2 dans le lot témoin.
À
la dernièrenota-tion, il
n’y
a que 12 fleurs chez lesplantes
té-moins,
chiffresignificativement
inférieur à ceux des lots traités. On dénombrerespectivement
22, 20 et 22 fleurs dans les lots traités par BR
105, par
l’oxyquinoléine,
et par BR 105 +l’oxy-quinoléine.
Celareprésente
desquantités
moyennes de 0,35, 0,31 et
0,35
fleur parplante,
respectivement, comparées
à0,2
chez lesplantes
non traitées.Antagonisme
vis-à-vis dePythium
ultimumEssais in vitro
Si,
dans la presque totalité des cas, lerapport
des surfacesoccupées
par le Trichoderma etpar le
Pythium
estsupérieur
à1,
ilapparaît
néanmoins unegrande
diversité decomporte-ment
parmi
les 113 souches de la collection. Dans61 ,1 %
desconfrontations,
il y ainterpéné-tration des thalles des 2
champignons.
Chez26,5%
descouples,
les 2 thalles s’arrêtent au contact l’un de l’autre.Enfin,
dans12,4%
descas, on observe un arrêt de la croissance alors que les thalles sont encore distants l’un de l’autre. Quatre souches seulement manifestent une forte action
antagoniste
se traduisant par une zone d’inhibition deplus
de 1 cm : ce sont lasouche de T
polysporum
AGI et 3 des clonesmutants issus de B 11
(dont
BR105).
Pour 4 autressouches,
la zone d’inhibition est deplu-sieurs millimètres.
Pour confirmer ces
résultats,
4 des souches inhibitrices(BR
105,
BR107,
AGI etKZ)
et 5 souches non inhibitricesprises
au hasard(MP,
ABW,
ACC,
ORN etJI)
ont été à nouveau confrontées à P ultimum. Les observations(ta-bleau
V)
montrent la validité du classementpré-cédent. AGI et BR 105 se montrent
également,
in
vitro,
fortement inhibitrices de R solani et de Srolfsii,
alorsqu’ABW
ne manifeste pas d’actionantagoniste;
le clone ORN est faiblementinhibi-teur de S rolfsii
(tableau V).
Essais en serre
Nous avons retenu pour ces essais les souches AGI et BR
105,
déjà
remarquées précédemment
pour leurspropriétés
stimulatrices de crois-sance. La soucheABW,
non inhibitrice invitro,
est utilisée comme témoin.
AGI et BR 105 assurent une bonne
protection
des concombres : leur effet favorable se traduit par la survie d’unplus grand
nombre deplantes,
mais aussi par un
plus
grand
nombre de fleurs parplante
au bout de 2 mois(tableau VI).
Ce-pendant,
iln’apparaît
pas de différencessignifi-catives dans la taille et le
poids
desplantes
sub-sistantes. La souche ABW est totalementinefficace.
Évolution
despopulations
À
la fin de l’essaiprécédent, après
8 semaines deculture,
la densité d’inoculum de P ultimumn’a pas varié par
rapport
àl’apport
initial de 250propagules
g
-1
,
enprésence
d’AGI et de BR 105(tableau VII).
Par contre, la souche ABWn’em-pêche
pas lapopulation pathogène
de semulti-plier
et d’atteindre un niveau presqueéquivalent
à celui du substrat non traité. Lespopulations
de Trichoderma se maintiennent au niveau de l’ino-culumintroduit,
sans différence nette entre les traitements.On trouve des résultats
analogues lorsque
leschampignons
sontapportés
dans un substrat non cultivé : dans cesconditions,
la souche AGI réduit deprès
de 60% l’accroissement de lapo-pulation
de P ultimum(fig
1).
Lescapacités
infec-tieuses d’échantillons de substrat vis-à-vis des concombres varient en fonction dutemps
(fig
2),
mais l’effet inhibiteur des souches AGI et BR 105demeure très net
pendant
toute la durée de l’essai. La souche ABW n’a aucun effetinhibi-teur.
DISCUSSION
II n’est pas difficile de trouver des souches de Trichoderma spp manifestant in vitro une activité
antagoniste
vis-à-vis de P ultimum. Un tel méca-nisme semble aussi bien fonctionner dans desconditions naturelles. C’est ainsi que Lifshitz et al
(1986)
montrent que les processus de l’infectiondes semences de
pois
par desPythium
spp sontsi
rapides
que seule uneproduction
desub-stances inhibitrices dans la
spermosphère
peut
expliquer
l’effetprotecteur
assuré par unenro-bage
desgraines
avec des conidies de T harzia-num ou de Tkoningii.
Dans nosessais,
les souches dont l’effet inhibiteur est leplus marqué
in vitro sont aussi cellesqui protègent
le mieux les concombres de la fonte de semis. Parailleurs,
laprésence
simultanée dans unsub-strat
organique
de P ultimum et de Trichoderma n’entraîne niprolifération
desTrichoderma,
ni ré-duction de lapopulation
dePythium
à un niveau inférieur à son niveauinitial,
cequi
serait le cas s’il y avaitmycoparasitisme.
Nos essais ont été réalisés seulement avec
l’espèce
Pultimum,
mais les résultats d’autresexpérimentations
montrent quel’antagonisme
des Trichoderma vis-à-vis des
Pythium
n’est pas limité à uneespèce
particulière
(Hadar
etal,
1984).
Il seraitcependant
intéressant de vérifier que nos souches sontantagonistes
nonseule-ment des
Pythium
sppagents
de fonte desemis,
mais aussi desPythium
spp délétèrespar leur
présence
à un mauvais étatgénéral
desplantes
pendant
toute lapériode
de culture(Stanghellini
etKronland, 1986;
Stanghellini
etal,
1988).
La forte inhibition que nous avons ob-servée in vitro vis-à-vis de R solani et de S rolfsiipeut
être considérée comme un indicesupplé-mentaire de la faible
spécificité
de l’effetfongista-tique
de nos isolats.Il nous a été
possible,
d’autrepart,
de trouverdans notre collection des souches dotées de
pro-priétés
stimulantes. Cette stimulation se traduitpar
une meilleuregermination
in vitro et en serre,un
développement
accru et une floraisonplus
im-portante.
Ledéveloppement
concerne nonseule-ment les
parties
aériennes,
mais aussi lesra-cines,
etl’augmentation
porte
sur la masse de matièresèche,
cequi signifie qu’il
nes’agit
passimplement
d’uneabsorption
d’eauplus
élevée,
mais d’un accroissement
général
du métabo-lisme.Nos résultats sont de même nature que ceux
qui
sontrapportés
par Baker(1988), Lynch
et al(1991)
et Kleifeld et Chet(1992).
Cependant,
les effets stimulantssignalés
par ces auteurs n’ontété observés que chez des
plantes
cultivées dans de la terre ou des substrats deculture,
mais pas en conditions
axéniques
contrôlées. Bienplus,
legraphique présenté
par Kleifeld etChet
(1992)
montre que, en conditions stériles en boîtes dePetri,
desgraines
depoivron
negerment
pas mieux enprésence
de T harzianum que desgraines
non traitées. Dans leursessais,
comme d’ailleurs dans ceux que nousprésen-tons ici, le substrat de culture
organique
estpréalablement
stérilisé mais aucuneprécaution
particulière
n’est ensuiteprise
pour éviter sa re-colonisation une fois que lespots
sontdisposés
dans la serre. Il est donc difficile d’affirmer que les effets observés dans ces conditions sont dus à une stimulation de croissance
plutôt qu’à
un effetprotecteur
du Trichoderma vis-à-vis dechampignons
délétèresprésents
dans lessub-strats.
Aucun des auteurs
précédents
n’a utilisé comme référence un lot deplantes
cultivées dans un substrat désinfecté avec unfongicide.
Dans notreexpérimentation
avec despensées
(et
dans d’autres essais nonrapportés
ici),
en l’absence d’un traitementfongicide
deréférence,
il aurait été
possible
de conclure que laplus
grande
précocité
de floraison observée enpré-sence de BR 105 était certainement due à un effet stimulant. Le fait
qu’il
y ait aussi une amélio-ration de la floraison dans lespots
traitésunique-ment à
l’oxyquinoléine
nousoblige
à unegrande
prudence
dansl’interprétation
des résultats.Cela ne
signifie
pas que nous excluons que certaines souches de Trichoderma spppuissent
exercer un effet stimulant.Lindsey
et Baker(1967),
Windham et al(1986)
l’ont mis en évi-dence dans des conditionsgnotobiotiques;
nous avons montréplus
haut que les filtrats de culture stériles deplusieurs
de nos isolatsaugmentaient
le taux degermination
et la masse deplantes
se-mées sur unsupport
gélosé
autoclavé. Nous souhaitonssimplement
attirer l’attention sur le fait quel’interprétation
de cesphénomènes
com-plexes
doit être faite avecprécaution.
Seules l’identification decomposés responsables
de la stimulation de croissance et la démonstration de leur effet sur desplantes
cultivées en serre de-vraientpermettre
de conclure sur lemécanisme
mis enjeu.
Les
travaux actuellement en courspermettent
de penserqu’un
tel mécanisme existeet
qu’il
est doncpossible,
comme nous nous leproposions,
de trouver des isolats de Trichoder-ma à la fois stimulateurs de croissance etanta-gonistes
dechampignons
pathogènes.
REMERCIEMENTS
Ce travail a été réalisé dans le cadre d’une bourse
CIFRE (O Besnard) cofinancée par le MRT et la
Socié-té Letellier. Les auteurs remercient J Peyre pour la
qualité de son assistance technique.
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