A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
R. D ELTHEIL
Sur la théorie des probabilités géométriques
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 3
esérie, tome 11 (1919), p. 1-65
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1919_3_11__1_0>
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ANNALES
DELA ,
’
FACULTÉ DES SCIENCES
DE L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE
SUR LA THÉORIE DES PROBABILITÉS GÉOMÉTRIQUES
PAR R. DELTHEIL
INTRODUCTION
La théorie des
probabilités
discontinues conduit àdénombrer, parmi
des caspossibles
en nombre fini etégalement vraisemblables,
ceuxqui
réalisent certainesconditions et sont dits cas favorables.
La
conditiond’égale
vraisemblance des casenvisagés
estfondamentale; seule,
ellepermet
de faire rentrerchaque problème
’
concret dans le cadre de la théorie
mathématique.
Il ne subsiste ensuite que les difficultés du dénombrement pourlequel
interviennent les ressources del’Analyse
combinatoire et les
propositions
fondamentales du Calcul des Probabilités propre-ment dit. ’
Lorsque
les casenvisagés
forment un ensemble infiniayant
lapuissance
ducontinu,
les deuxquestions
seposent
dans le mêmeordre.
Il convient d’unepart
depréciser
ce quedevient,
pourchaque
cas concret, leprincipe
del’égalité
deschances,
« à la lumièreduquel,
écrivaitTannery,
s’évanouissent lesparadoxes »;
la malice bien connue de
Joseph Bertrand,
relative à unproblème
élémentaire surles cordes d’un
cercle,
a fortement mis en évidence cette nécessité. D’autrepart,
’
une fois le
problème
bienposé,
ledénombrement
des cas, ouplus
exactement leursommation,
conduit à des calculsd’intégrales
souventlaborieux, qu’il
est rarementpossible
de pousserjusqu’au
bout.Dans
les deux ordresd’idées,
les résultatsobtenus, quelque
brillants que soient certainsd’entre
eux, sont assez isolés : la théorie desprobabilités
continues est2
connue par de curieuses
propositions particulières plutôt
que par des méthodesgénérales.
Une étudesystématique peut
n’être pas sans intérêt et sans utilité : leprésent
travailapporte
à cette étude une contribution où sontenvisagées
successi-vement les deux
étapes
duproblème,
en cequi
concerne surtout lesprobabilités
continues dites
géométriques.
Il se compose naturellement de deuxparties.
Envisageant
dans lapremière
Partie la «probabilité
élémentaire selon lepoint
de vue de Poincaré
qui
fait intervenir dans sa définition une fonctionpositive
arbi-traire, je
me suis surtout attaché auxproblèmes
pourlesquels
cette fonction arbi-traire est
imposée,
à un facteur constantprès
bienentendu,
par la considération des domainessuperposables
pourlesquels
cetteprobabilité
doit rester la même.Dans le
chapitre j’ai essayé
de poser laquestion
sous une formegénérale,
enconsidérant l’invariance de la
probabilité
élémentaire vis-à-vis d’un groupedonné,
fini et
continu,
de transformations. Les conclusions de cette étude sontsusceptibles
de nombreuses
applications,
dont lesplus
élémentaires sont examinées auchapi-
tre
II, qui
traite desproblèmes simples
de la Géométrie euclidienne : il contient unrésumé très
rapide
desélégants
résultats de Barbier èt deCrofton.
Lechapitre
IIIest consacré aux
questions
de Géométriecayleyenne
à deux et à troisdimensions ; parmi
lestypes
deprobabilité
élémentairequi
y sont définisfigure
celle relative àla
position
d’un corps solide dansl’espace ordinaire, qui
est obtenue enappliquant
les
équations
duchapitre
P’ au groupeparamétrique
du groupe des mouvements.Le
chapitre
se termine parquelques
aperçus sur la Géométrieréglée
et le groupeconforme de
l’espace.
,Je me suis attaché dans la deuxième Partie aux
problèmes
deprobabilités géo- métriques
sur unefigure (F)
formée par npoints pris
au hasard dans undomaine (D)
à un nombrequelconque
de dimensions. Laprobabilité
P pour que(F)
réalisecertaines conditions «
intrinsèques )) peut
êtreenvisagée
soit comme fonction dudomaine
(D),
soit comme fonction des conditionsimposées :
et la considération d’une variation infinimentpetite,
soit desdonnées,
soit dudomaine, peut permet-
tre d’écrire des relations différentielles intéressantes. J’ai surtout cherché dans le
chapitre
IV àappliquer
cepoint
de vue à la déterminationmême
de P : etj’ai
abordé deux
exemples.
Lepremier,
relatif à la distance de deuxpoints
intérieurs àune
sphère
del’espace
à mdimensions,
estremarquable
par lasimplicité
des résul-tats obtenus : ceux-ci admettent pour m très
grand
des valeursasymptotiques
con-formes. aux caractères connus de 1a
configuration
d’un domainesphérique
à un trèsgrand
nombre de dimensions. Le deuxième est leproblème
célèbre duquadrilatère
de
Sylvester ;
enreprenant
les calculs relatifs à certains cassimples j’ai
obtenuquelques
résultats nouveaux et enparticulier
discuté leproblème
pour un domaineayant
la forme d’unquadrilatère
convexequelconque.
. Enfin le
chapitre
V contientquelques
aperçus sur la notion deprobabilité géo-
métrique,
pour unefigure
formée de npoints, comme fonction de ligne
dans leplan.
J’ai défini les dérivées du
premier
et du second ordre sur la frontière du domaineenvisagé.
Lapremière
variation de Ps’exprime
sous une forme’simple qui
m’apermis
d’établir lapropriété
dutriangle
de rendre minima laprobabilité envisagée
dans le
problème de Sylvester.
La mêmeexpression
fournit unepropriété
fondamen-tale des courbes extrémales du
plan
vis-à-vis d’unproblème
deprobabilités géomé- triques, lorsque
les courbes extrémales existent :j’ai
examinél’exemple
du pro- blème deSylvester
et effectué le calcul de ladeuxième
variation dans ce casparti-
culier.
C’est pour moi un
agréable
devoir que de remercier ici mesmaîtres,
M. Borelqui
m’aindiqué
lesujet
de ces recherches et n’a cessé de s’intéresser àleurs
pro-grès,
et M.Vessiot qui
m’atémoigné
sa bienveillance par ses conseils et sespré-
cieuses indications. ’
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE PREMIER
[1]
Soient E E’ deux ensembles continus d’élémentsgéométriques
de mêmeespèce,
tels quechaque
élément de E’appartienne
à E. Leproblème
est le suivant :un élément étant
pris
au hasard dansE, quelle
est laprobabilité
pourqu’il
appar- tienne à E’ aSoient x~, X2’ ..., xn les
paramètres
définissant un élément : leprincipe
desproba-
bilités totales nous conduit avec Poincaré à dire que cette
probabilité
est lerapport des
valeurs del’intégrale :
’étendue
à E’ et à Erespectivement.
La fonction F n’estassujettie,
en dehors desconditions rendant
possible
la définition deJ, qu’à
êtresupérieure
ouégale
à zéro.L’élément différentiel
’
sera commodément dénommé
probabilité
élémentaire.Il est clair
qu’en général
àchaque
fonction Fcorrespondra
une valeur différentepour la
probabilité
cherchée : il semble donc apr°iori qu’en
introduisant la fonction arbitraireF,
Poincaré n’a pas eu d’autre but que de nous montrer toute l’étendue de notreignorance.
Mais il existe des
problèmes
pourlesquels
le résultat du calcul est le mêmequelle
que soit la fonction F,ceci,
bienentendu,
sous desréserves,
d’ailleurs trèslarges,
de continuité. Poincaré a lui même donné desexemples
trèssuggestifs :
.la
probabilité pour qu’un
nombre xpris
au hasard entre a et b soit rationnel, laprobabilité
limite pour quel’aiguille
de la roulette s’arrête sur une couleur donnée.Appliquant
ensuite ses méthodes auproblème
de laposition
despetites planètes
sur le
zodiaque,
il montre queleur répartition
actuelle est uniformequelle
que soitla distribution initiale des
paramètres
définissant le mouvement moyen de chacune d’elles0.
Poincaré n’a donctémoigné
sesexigences,
selonl’expression
même deM.
Borel,
quepour
se donner lajoie
intellectuelle de les satisfaire : il ne s’est rnon-tré
sceptique
que pour accroître laportée
des résultatsqui
ont pu conserver,malgré
ce
scepticisme,
toute leur certitude.[2]
Il y acependant
bien desproblèmes
deprobabilités géométriques
sur la solu-tion
desquels
tout le monde estd’accord,
etqui
ne conduisent pas à un résultatindépendant
dutype
deprobabilité élémentaire
utilisé pour les résoudre. L’un d’entre eux, le célèbre Problème del’Aiguille
parlequel
Buffon doit être considérécomme le fondateur de la
théorie,
a étél’objet
d’une vérificationexpérimentale
mi-nutieuse,
etl’expérience
aremarquablement
confirmé la solutionclassique Q.
Dans les
problèmes
de cettecatégorie,
laprobabilité
élémentaire estimposée
parla condition fondamentale suivante : .
. Le résultat du calcul doit rester
indépendant
d’undéplacement
arbitraire de toute lafigure
considérée.S’il
s’agit
parexemple
de laprobabilité
pourqu’un point
duplan pris
au hasarddans un certain domaine satisfasse à certaines
conditions,
laprobabilité
élémen-taire
’ ’
exprimée
avec des coordonnéesrectangulaires,
doit resterinchangée
parl’opération
Et comme
il faut que
F(x, y)
=F(a’, y’),
cequi exige
F = const., le groupe desdéplacements
du
plan
étantliansilif.
On
prendra
donc pourprobabilité
élémentaire l’élément d’airedxdy.
’(t)
Poincaré, Calcul desprobabilités,
I9I2, p.I47
à I52.(2)
L’intérêt del’expérience
avait étésignalé
par Laplace, celle-ci aboutissant à unedétermination
expérimentale
du nombre 7:.Laplace
avait mêmeindiqué
des conditions d’optimum qui ont été fort contestées par la suite, et d’ailleurs avec raison. Quoi qu’il en soit, Wolf a pu obtenir, en appliquant la méthode des moindres carrés à 5o séries de cha-cune 100
épreuves,
la valeur 7: ==3, ~ 5g6
J~ 0,0524.Consulter à ce sujet : Czuber, Probabilités et moyennes
géométriques,
trad.Schuermans,
pages 85 et suivantes.
Mais si l’on a affaire à des
lignes
droites dans leplan,
et si l’on écritl’équation
d’unedroite,
lesparamètres
u et v sont transformés par ledéplacement envisagé plus
haut enOn obtient ainsi :
ce
qui peut
s’écrire’ Il convient donc
d’adopter
en cequi
concerne leslignes
droites laprobabilité
élé-et cette
façon
deprocéder permet
de choisir immédiatement entre les solutions données parJoseph
Bertrand pour sonproblème
sur les cordes d’un cercle.[3]
Considérons d’une manièregénérale
un groupe G de transformations des n variables xs, X2’ ..., xn’ Deux domaines del’espace (xi,
X2’ ...,Xn)
sont ditséqui-
valents vis-à-vis du
groupe G
s’il existe au moins une transformation du groupequi
les amène à coïncider. Cela
posé,
s’il existe un élément différentieldont
l’intégrale
admet la même valeur pour deuxquelconques
domaineséquivalents
vis-à-vis de
G,
on pourra, enadoptant
dJ commeprobabilité élémentaire,
définirpar
rapport
au groupe G lesproblèmes
deprobabilités géométriques
sur les élé-ments ..., Les
problèmes
de la Géométrie élémentaire sont définis parrapport
au groupe des mouvements."
L’intégrale
est un invariant
intégral
d’ordre n pour le groupe G. La recherche- des groupes pos- sédant un invariantintégral unique
d’ordre nprésente donc,
en cequi
concerne lesfondements de la théorie des
probabilités géométriques,
un intérêt essentiel.Cherchons d’abord la condition d’invariance de ofJ par la transformation infinité- simale :
Si nous faisons subir à x4, x~, ... , .xn les accroissements : :
nous avons, en
posant :
l’expression
suivante de ôw :Si nous
appliquons
lesrègles
du calculsymbolique
de M.Cartan,
nous voyons queDans ces
conditions,
que l’élémentsoit
inchangé
parl’opération Xf,
il faut et il suffit queLa condition cherchée est donc
ce
qui
s’écrit encoreCette condition a été
indiquée
par Poincaré commeexprimant
unepropriété
fon-damentale du
multiplicateur,
à propos dusystème
différentielPoincaré établit la formule
(2)
par un calculde jacobien.
La démonstrationqui pré- cède,
où intervient le calculsymbolique,
m’a étéindiquée
par M. Vessiot.Nous pouvons poser, par
analogie
avec les notations del’Analyse
vectorielle : ’La condition d’invariance de l’élément
dXn
s’écrit alors :. On
peut
considérer cetteéquation,
si x~~, ... est une fonctiondonnée,
comme
l’équation
dedéfinition,
ay sens deLie,
du groupeinfini
admettant l’invarian tintégral
J. -[4]
Dans le casparticulier
où l’on a’
la transformation infinitésimale
Xi
admet pour élément invariantLe
système
différentieladmet alors pour
multiplicateur
l’unité. C’est enparticulier
cequi
sepasse
pour unsystème d’équations canoniques :
lecélèbre
théorème deLiouville, appliqué
à la no-tion de l’extension en
phase
de laMécanique statistique, permet,
si l’on cherche laprobabilité
pourqu’un système mécanique
défini par les 2m variables canoni- ques J~ ... Pm ql ... qnt satisfasse à certainesconditions à
un momentdonné,
de ra-mener le calcul à celui d’une certaine extension en
phase
à l’instant initial.[5]
Considérons maintenant un groupe continu et fini à rparamètres, soit G,, ;
sice groupe
admet,
ce que nous supposons, la transformationidentique,
il est com-plètement
déterminé par ses r transformations infinitésimales :Pour que
Gr
admette l’invariantintégral
il faut
évidemment
que chacune desXjf
l’admette pourson compte :
carchaque X~ f
est une transformation du groupe, Cette condition est sumsante : nous pouvons re- marquer en effet que toute transformation du groupe
peut
être obtenue commetransformation d’un groupe à un
paramètre,
groupeengendré
par la transformation infinitésimale :où
les
sont des coefficients constants. Il est clair que chacune des vérifiant la condition(4), XI
la vérifie aussi. Si donc t est leparamètre
duGt considéré,
on a enposant
commeplus
haut .la condition
qui
entraînedonc
Nous obtenons
donc,
en cequi
concerne le groupeG~,,
leséquations
de condition : : .qui
constituent unsystème d’équations
linéaires aux dérivéespartielles.
Cesystème possède
lapropriété importante
que si F sont deux solutions de cesystème,
F . -
d G
.
.
03A6
est un invariant deGr.
Efiectivement,
on aquel
que soit J :Par suite
F
constitue une solution dus y stème
définissant les invariants de
Gr.
Cettepropriété correspond
au faitgéométrique
sui.vant, à savoir que si les éléments
différentiels
sont invariants par
rapport
au groupe, leurrapport 2014
l’est aussi.’
Réciproquement,
si F est une solution de(6)
et Q uninvariant
du groupe,QF
est une nouvelle solution de
(6).
[6]
Les groupesqui
nous intéressent sont ceuxqui possèdent
un invariant inté-gral unique
d’ordre n. Ces groupes sontnécessairement, d’après
cequi précède,
desgroupes
transitifs.
La condition del’égale
vraisemblance des cas, aupoint
de vueprobabilités,
semble d’ailleursincompatible,
sansqu’une
théoriemathématique
vienne
préciser pourquoi,
avec la considération d’un groupe intransitif.Un groupe transitif
n’ayant
pasd’invariant,
lesystème (6),
s’il admet une solu- tionF,
n’admettra que des solutions de la formeÀF,
À étant une constante.Soient
’
’
les
équations
finies du groupe; si l’on forme lejacobien
~( x’1x’2
...x’n ) ~(x1x2...xn) on
a moyen-xz ...
xn)
nant
(~) :
Il suit de là que les
équations
sont des
équations
invariantes du groupe. L’étude d’un groupe transitif donné aupoint
de vuequi
nous occupe commencera donc utilement par la détermination deses variétés invariantes.
Celles-ci
s’obtiennent,
comme onsait,
en annulant les déterminants d’un mêmeordre,
leplus
élevépossible,
tirés de la matrice :~’1]
Il est clair que si le groupeGr
défini par leséquations (7)
admet l’invariantintégral
le
groupe
semblable obtenu par lechangement
de variablesadmettra l’invariant
intégral
Il est
possible,
d’une infinité demanières,
de déterminer les formules(8)
de manièreque l’invariant
intégral
nouveau se réduise à .Les variables y, ainsi déterminées sont des variables
équiprobables.
,[8]
Tout cequi précède s’applique
évidemment aux groupes à une variable.L’équation
de conditionunique
relative à une transformation infinitésimale
montre que le seul invariant
possible
est donné par la relationLe groupe
envisagé
est donc nécessairement un groupe à unparamètre :
car s’ilexistait
plusieurs
transformationsinfinitésimales, l’existence
de l’invariant)
montre
qu’elles
nepourraient
êtreindépendantes.
Inversement,
tout groupe à unparamètre
admet un invariantintégral,
obtenu encherchant la transformation infinitésimale du groupe :
et en écrivant
l’équation
finie du groupe sous la formecanonique
La variable
équiprobable
estprécisément
la variablecanonique
y,qui permet
d’écrirel’équation
du groupe : .comme
équation
du groupe des translations.[9]
Ce résultatpouvait
être déduit immédiatement de la considération destypes
,de groupes à une variable donnés parLie.
Les troistypes
obtenus sont le groupe àun
paramètre engendré
par la transformation infinitésimale .le groupe à deux
paramètres :
et le groupe à trois
paramètres :
L’équation
de conditiond(03BEF) dx
est vérifiée dans lepremier
cas enprenant
F = Const.L’examen des cas
suivants, ofi
interviennent les transformations infinitésimales xp,ce.p,
conduit à la solution illusoireDéfinissant groupe J tout groupe
qui
admet un invariantintégral unique
d’ordre’
égal
au nombre desvariables,
onpeut
se proposer la recherche de tous les groupes J dans leplan
ou dansl’espace
à trois dimensions. Un tel groupe définit une sorte degéométrie
danslaquelle
n’interviendrait que la notion d’aire(pour
leplan)
ou lanotion de volume
(pour l’espace).
En vertu de la remarquedu § 7,
onpeut
se borner .à chercher les diverstypes
degroupes
J ; et il suffit pour cela d’utiliser lestypes
de groupes à deux ou à trois variables telsqu’ils
sont classés dans les ouvragesspéciaux.
En examinant de
quelle façon chaque type
secomporte
vis-à-vis dusystème
deséquations
de condition(6),
on aboutitrapidement
à la sélection désirée.Les résultats sont
particulièrement simples
dans le cas de deux dimensions.~
On constate que tous les
types
degroupes
J duplan
sont réductibles à un groupeprojectif :
la détermination des groupes Jparmi
les sous-groupes du groupeprojectif plan,
telsqu’ils
sont classés dans le troisième volume deLie-Engel (p.
106 et107)
.aboutit au tableau
suivant,
où chacun d’eux est déterminé par ses transformations infinitésimales : -Groupes
Jprojectifs
dans leplan.
Ces groupes ne sont distincts
qu’au point
de vueprojectif :
il estclair,
parexemple,
queEl
se réduit àAs
enposant
x’ =e~, y’
= eY. D’autrepart, Bs
se réduità
F
pour 6=0.Un certain nombre de groupes du tableau
précédent
sont des groupes dedéplace-
ments non-euclidiens par
rapport
à une certaineconique absolue.
Le groupeDI
cor-respond
à laconique
nondégénérée
Zy = le groupeA~
à laconique
formée par.les points
à l’infini dans les directions ox, oy, le groupeBI
à laconique
formée par la droite de l’infini et l’axe oy. Ce faitcorrespond géométriquement
à ce que la no- tion delongueur
entraînenécessairement
la notion d’aire.On
peut
se demandersi, inversement,
la conservation des aires par un groupe de transformationsfini, continu,
à troisparamètres
entraîne nécessairement la coïn- cidence de ce groupe avec celui desdéplacements
d’une certainegéométrie quadra-
tique.
" ,L’examen du tableau
qui précède
faitapercevoir
tout de suitequ’il
n’en est rien :’il existe des groupes J
qui
ne sont nullement des groupes dedéplacements.
Par.exemple
le groupeCi,
dont leséquations
finies sontadmet
effectivement,
relativement à deuxpoints M~ M,,
un invariantqui
n’est autreque x, -x~; mais toutes les transformations :
qui
fontpartie
de ce groupe, laissent invariants tousles points
de la droitex = xo
et
déplacent
tous les autrespoints
duplan.
Ce fait estincompatible
avec lesaxiomes,
même les
plus généraux
de la Géométrieplane (’).
[10]
Pour le cas de troisdimensions,
la formation d’un tableauanalogue
à celuidu
paragraphe précédent
neprésenterait
pas de difficulté nouvelle : elleexigerait
seulement de
plus longs
calculs. Lesexemples
de groupes J ne rentrant dans aucunegéométrie quadratique
sont bienplus
nombreux. Deux d’entre eux sont àsignaler
en raison de leurs variétés invariantes.
’
.
I~ Si l’on considère une
cubique gauche,
il existe un groupeprojectif
à troisparamètres qui
admet cettecubique,
et parconséquent
ladéveloppable
de sestangen-
tes, comme variétés invariantes. En
prenant
leséquations
de lacubique
sous la formeon a pour les coefficients des transformations in.finitésimales définissant le _groupe la matrice suivante :
(s) V. Poincaré, Bulletin de la Société
mathématique, I886-87,
pages 203 et suiv.Les
équations (6)
relatives à ces transformations infinitésimales s’écrivent :Elles
constituent,
parrapport à ~F ~x, ~F ~y, ~F ~z
unsystème
linéaire dont le déterminantest ’
,
Le
système (g)
estéquivalent ~
la relationde sorte que le groupe admet l’invariant
intégral
On
peut
remarquer quel’équation 0394 = 0 représente
ladéveloppable
destangentes
de lacubique
invariante.2° Les transformations infinitésimales : 1
définissent un groupe admettant comme surface invariante la surface
cubique
Un calcul tout semblable au
précédent
met en évidence l’invariantintégral
[11]
Je terminerai cepremier Chapitre
par une remarqueimportante.
Dans toutce
qui précède, chaque
foisqu’il
a étéquestion
depréciser
la forme de laprobabilité
élémentaire ,
par la considération d’un groupe de
transformations,
nous n’avonsenvisagé qu’un
groupe relatif aux seules variables x~ x2 ... et la
probabilité
élémentaire n’a été que lagénéralisation simple
de l’élément de volume. Cette manière deprocéder
est laplus simple
et laplus
naturelle. Elle nepermet cependant d’envisager qu’un
seulaspect
de laquestion.
’t
Soit,
dansl’espace à m +
pdimensions
1c,, x~, ..., z~, z~, ...,zp
une variété à m dimensions définie parles équations
La
probabilité élémentaire
laplus générale
relativement à unpoint
de cettevariété
pourra toujours
s’écrire ,Or, imaginons
que F soitassujetti
à la condition que dJ resteinchangé
par une transformationquelconque
d’un gr-oupe G del’espace
xi, x~, ... z1, zz, ... ,Zp
groupe dont d’ailleurschaque
transformationchangera
la variété considérée en une autre variété(équivalente).
Il ne semble pas que la fonction F
puisse
êtrecomplètement
déterminée par des considérations de ce genre, en raison de l’existence des invariantsdifférentiels. Si,
parexemple,
la variétéenvisagée
est une surface dansl’espace
à troisdimensions,
et sile groupe considéré est le groupe des mouvements, la
probabilité
élémentaire pourra être leproduit
de l’élément d’aire par une fonctionquelconque
des coordonnéesintrinsèques
que sont, dans le casgénéral,
lesquantités 9
et3p
de lathéorie
clas-sique
des surfaces.Il y a donc encore une
large part
d’arbitraire dans ce genre dequestions : j’ajoute
que cela ne diminue en rien leur
intérêt ;
elles ferontl’objet
d’un travail ultérieur.Je me
bornerai,
dans cequi suit,
à desquestions
rentrant dans le cadre des idéesdéveloppées
dans ceChapitre :
nousrencontrerons,
aussi bien en Géométrie élémen- tairequ’en
Géométrie selon lamétrique Cayleyenne,
d’assez nombreusesapplications
auxquelles
nous nouslimiterons.
’
CHAPITRE II .
[12]
En dehors despoints,
pourlesquels
des coordonnées cartésiennesquelcon-
ques forment un
système
de variableséquiprobables,
les élémentsgéométriques
surlesquels portent
lesproblèmes ,qui
seposent
leplus
naturellement sont les droites dans leplan,
les droites et lesplans
dansl’espace.
Nous allonsdéterminer,
danschacun de ces cas, la
probabilité
élémentaireimposée
par l’invariance des résultats vis-à-vis du groupe des mouvements :malgré
que le calcul direct par la détermina- tion d’unjacobien
soittoujours
assezsimple,
nousappliquerons
leséquations (6)
duchapitre précédent
d’une manièresystématique.
En ce
qui
concerne les droites duplan d’équation générale
nous apercevons facilement
qu’aux
transformations infinitésimales dugroupe
desmouvements du
plan :
correspondent
sur les variables uv les transformations :Cela
posé,
la troisièmeéquation
de condition :montre que, si l’invariant
intégral
existe,
on a nécessairementLes deux
premières équations
de condition se réduisent à uneseule, qui peut
s’écrire :D’où la
probabilité
élémentairedéjà signalée
auparagraphe
2 :Si l’on écrit
l’équation
d’une droite sous la formecanonique :
on a immédiatement
C’est là la forme
classique
utilisée dans les travaux deCroflon :
elle est connue de-puis longtemps
et apermis
d’obtenir des résultatsremarquables.
L’invariance del’intégrale
a été
signalée par
M.Cartan C),
ainsi que celle de laplupart
desintégrales analogues qui
serontindiquées
dans cechapitre :
M. Cartan ne s’est d’ailleurs pasplacé
aupoint
de vuedes probabilités.
Un
calcul
en touspoints analogue
auprécédent justifie,
pour lesplans
del’espace
l’emploi
de laprobabilité
élémentaire :qui peut
s’écriresi l’on
prend l’équation
d’unplan
sous la forme(’).
E. Cartan, Leprincipe
de dualité et certainesintégrales multiples
de l’espacetangentiel
et ,réglé (Bulletin
de la Sociétémathé.matique, 1896.
p.yo).
Dans
l’espace
à indimensions,
onjustifie
de la mêmemanière,
pour lesplans
la
probabilité
élémentairevis-à-vis du groupe des
déplacements
euclidiens. Lesexpressions (2)
et(3)
s’écriventd’ailleurs .
dO
désignant
l’élémentd’angle
solide del’espace
à 3 ou à m dimensions.[13]
En cequi
concerne les droites del’espace,
nousutiliserons
leséquations
où intervient le nombre minimum
de paramètres.
Le groupe des mouvements
correspond
sur les variables a,b, p, q
à un groupeengendré
par les transformations infinitésimales : ,Si nous cherchons un élément différentiel invariant
nous avons donc six
équations
de condition. Lespremières
montrent
que
F nedépend
que de a et b ; la troisième se trouve ’ vérifiée de ce fait.Quant
auxrotations,
lapremière
conduit àd’où il résulte que
Et les deux dernières donnent une seule
équation
D’où
laprobabilité
élémentaire :L’élément différentiel
(4)
a unesignification géométrique simple. Coupons
ladroite
(~)
définie par lesparamètres a, b, p,
q par leplan (II)
.qui
lui estperpendiculaire’:Les
droitesparallèles
à(d) découpent
dans leplan (FI)
l’élément d’aire..
D’autre
part,
les cosinus directeurs de(a)
étantl’élément
d’angle
solidebalayé
par(A) quand
aet b
varient seuls estOn
peut
donc écrirel’expression (4)
sous la formeCes
expressions
s’étendent naturellement àl’espace
à mdimensions.
Une droite de cet espacedépend
de 2m - 2paramètres.
On pourra écrire seséquations
Dans ces
conditions,
aux translations du groupe des mouvements correspon- dent sur a1, a~, ... , P~, ... des transformations infinitésimalesqui
con-duisent à
prendre
fonction des a seuls. Les rotations où ne
figure
pas xmimposent
à F la formeet les rotations où
figure
xm conduisent enfin àD’où la
probabilité
élémentairequi
s’écrit encoredQ
représentant
l’élémentd’angle solide,
et dcétant,
comme élément d’aire d’unplan
del’espace
à mdimensions,
d’ordre m - i parrapport
auxlongueurs.
[14~
Nous allonsreprendre
lesprobabilités
élémentaires(1) (2) (3) (4)
et(5)
des.paragraphes
13 ety,
et lesappliquer
à la mesure des ensembles lesplus simples
de droites et de
plans que
l’onpeut
définir defaçon géométrique.
Le
plus simple
des ensembles de droites duplan
est celui des droitesqui
cou-pent
unsegment rectiligne
donné. Nous ne diminuerons pas lagénéralité
en pre- nant lesegment qui
va del’origine
aupoint
A d’abscissepostive
1 sur ox. Définis-sops une droite
quelconque’
de l’ensemble par lesparamètres canoniques p
et0 ; l’angle
6 varie de- -
à+ - :
et pourchaque
valeur de 6, p varie de o à cos 0.2 2
Nous avons donc
Considérons maintenant un contour
polygonal quelconque
ABC ... KL : l’ensem-ble des droites
qui
rencontrentchaque
côté a pour mesure le double de lalongueur
de ce côté. Dans ces
conditions,
l’ensemble des droitesqui coupent
le contour total a, pour mesure le double de salongueur
totale, à la condition decompter
chacune d’ellespour
un nombre de foiségal
à celui de sespoints
d’intersection.Cette
proposition
s’étend naturellement à un arc decourbe,
fermé ou non, delongueur
L.L’intégrale
.’
étendue aux droites
qui
rencontrent, chacune en nfois,
l’arc de courbe, a pour valeur 2L. S’ils’agit
enparticulier
d’un contour fermé convexe, chacune de sessécantes le coupe en deux
points.
II s’ensuitque’
l’on a, pour les sécantes de cecontour, ..
[15]
A défaut d’unhistorique complet
de la théorie desprobabilités géométri-
ques,
qu’il
eûtpeut-être
étélégitime
deplacer
en tête de cetravail; je
vais trèsrapi-
.dement passer en revue les beaux travaux
qui,
à propos duproblème
del’aiguille,
se rattachent aux
propositions
duparagraphe
i4.Soit un contour convexe
(C), fermé,
delongueur
L : et soit(C’)
un contour fermé.convexe,
de, longueur
L’et intérieur à(C). D’après
cequi précède,
laprobabilité pour
qu’une
sécante de(C)
coupe(C’)
estSupposons
que(C)
soit un cercle de diamètre a et que(C’)
se réduise à un seg- mentrectiligne
delongueur
l. Laprobabilité
pourqu’une
sécante du cercle coupe lesegment
estIl convient en effet de
compter
deux fois lalongueur
1.Or, imaginons
unparquet
régulier
dontchaque
lame aurait pourlargeur a
: si on lance sur ceparquet
uneaiguille
delongueur l,
et si on considère undisque
circulaire de diamètre a entou- rantl’aiguille,
il ya
une rainure duparquet qui
coupe ledisque :
laprobabilité
pour’qu’elle
coupel’aiguille
estTelle est la solution donnée par Barbier pour le
problème
del’aiguille
de Buffon..Un raisonnement
ingénieux
lui avaitpermis
d’éviter toutcalcul,
et la considérationexplicite
du groupe des mouvements est inutile à son intuitiveexplication.
Barbierétait l’un des
auditeurs,
comme élève del’École Normale,
du cours de Lamé à la Faculté des Sciences en 1860. Ce dernier traitait de diversesgénéralisations
du pro- blème del’aiguille
etenvisageait
enparticulier
le cas oùl’objet
lancé était undisque elliptique.
Barbier étendit le résultat obtenu par Lamé au casgénéral
etpublia
dans.le Journal de Liouville
(1860)
un trèsremarquable
mémoire.[16]
Parmi les idées intéressantes contenues dans ce mémoire deBarbier,
il convient designaler
toutparticulièrement
la suivante :’
Soit un contour
quelconque (C),
ouvert ou fermé : la mesure de l’ensemble des droitesqui coupent
ce contour, sansqu’aucun
coefficient soit attribué à chacuned’elles, peut
s’obtenirsimplement. Imaginons
eneffet
unfil
tendu autour de(C) :
toute sécante de
(C)
sera sécante du contour fermé convexe réalisé par le fil et réci-proquement.
Or ce dernier estcoupé
en deuxpoints
exactement par toutesécante
de
(C).
On a donc ,en
désignant par À
lalongueur
du fil tendu. ..Cette
remarque
a pour effet de ramener lesquestions
relatives aux droites cou-pant
certains contours à desquestions analogues
sur des contours convexes. Les ré-sultats
importants
obtenus dans ce domaine par les continuateurs de Barbier sontexposés
parSylvester,
leplus
illustre d’entre eux, dans un mémoire des Acta Mathe-- matica(i8g1) qui
a pourépigraphe :
«Squaintly
made of chords ».[17]
Soit(r)
un contour convexe fermé depérimètre
L et soit S son aire inté-rieure.
Étant
donné deux sécantes de(r), quelle
est laprobabilité
pourqu’elles
se.coupent
à l’intérieur du contour ?Les
couples
de sécantes de(r)
forment un ensemble demesure - 1
L2.Quelle
est.la mesure de l’ensemble des
couples dont
lepoint
d’intersection est intérieur à(0393)?
Soit
(A) l’une
dessécantes,
C lalongueur
de la corde ABcorrespondante :
les droitescoupant
AB ont pour mesure 2C. L’ensemble descouples
dontl’intersection
se fait.dans