A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
O. C OSTA DE B EAUREGARD
Intéressantes questions soulevées par H. Arzeliès dans « Fluides relativistes »
Annales de l’I. H. P., section A, tome 16, n
o2 (1972), p. 103-117
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103
Intéressantes questions soulevées par H. Arzeliès dans
«Fluides relativistes »
O. COSTA DE BEAUREGARD
Laboratoire de Physique théorique associé au C. N. R. S.
Institut Henri Poincaré, Paris Ann. Inst. Henri Poincaré,
Vol. XVI, no 2, 1972,
Section A :
Physique théorique.
RÉSUMÉ.
- Dynamique
relativiste des fluides etdynamique
dupoint
à masse propre variable : « Paléoforce » m V’i et « néoforce )) m’
V~;
densités
correspondantes. Application
de ces vues à ladynamique
rela-tiviste des fluides non
visqueux :
nouvelle forme du raisonnement inductif conduisant auxéquations
admises par les auteurs; examen de l’induction d’Arzeliès et ré-examen de notreprécédente
induction. Brèves remarquessur
l’équilibre
du levier coudé.1. INTRODUCTION
Dans son nouveau livre Fluides
Relativistes; Principes Généraux;
Équations fondamentales [1],
H. Arzeliès proposeprincipalement
deuxchoses :
- Lier intimement la
dynamique
relativiste des fluides à ladyna- mique
dupoint
à masse proprevariable;
- Modifier par un terme additif en c-2
l’équation
fondamentale de ladynamique
relativiste des fluides nonvisqueux acceptée
par laquasi-
totalité des auteurs.
Le but
principal
duprésent
article est d’examiner de manièrecritique
ces deux thèmes
(et plus
brièvement les vues d’Arzeliès sur le vieuxproblème
del’équilibre
du leviercoudé).
Disons tout de suite que sur le
principe
dupremier
thème nous sommespleinement
d’accord avec Arzeliès - tellement d’accord que nous avons, avant[2]
etindépendamment [3]
delui,
soutenu la même idée.Cependant,
le nouveau texte d’Arzeliès nous a amené à réexaminer le
problème
et à
préciser [en fait,
à restreindre : voiréquation (6) ci-dessous]
notreprécédent
formalisme.Écrivant
avec Arzeliès(m V°1’
= m V’t + m’ ViANN. INST. POINCARÉ, A-XVI-2 8
pour la dérivée par
rapport
autemps
propre T del’impulsion-énergie
m V1
(V;
v~ = -c~)
dupoint
à masse propre mvariable,
nous proposons, pour la clarté dudiscours, d’appeler paléoforce
la forceresponsable
del’accélération v’z et
néo{orce
celleresponsable
de la variation de la massepropre m’
(si
l’onpréfère,
lapaléoforce
et lanéoforce
serontrespectivement responsables
de la variation del’impulsion-énergie
en direction et engrandeur).
Définissant aussi les densitéscorrespondantes f ô
etf§
depaléo-
force et de néoforce en
dynamique
des milieuxcontinus,
nous montrons quel’équation
fondamentale de ladynamique
de ces milieux conservela forme bien connue
a j (p
ViV j)
=f ô
+f ~ (ce qui, incidemment,
rend vaines les craintesexprimées
par Arzeliès[4]
concernant leséquations
admises pour le cas
gravitationnel intérieur).
Enbref,
il nous semble que, faute d’introduireexplicitement
la « néoforce » et sadensité,
Arzelièsn’a pas
exploité pleinement
les virtualités d’une idée en elle-mêmeparfai- tement juste.
Concernant le second
thème, équations
fondamentales de ladynamique
des fluides non
visqueux
où leconcept
depression
scalaireoj joue
un rôleessentiel,
nous avons examiné attentivement le raisonnement inductif d’Arzeliès[5]
conduisant à unsystème d’équations
différant(par
un termeen
c-2)
de celui des autres auteurs,puis
réexaminé notre propre[(1], [2])
raisonnement inductif conduisant aux
équations
des auteurs. Arzelièspense que son raisonnement serre de
beaucoup plus près
la formulefondamentale de la
dynamique prérelativiste.
Nous pensons que notre raisonnement
représente
l’extension covariante laplus proche possible
du raisonnementclassique (tout
enajoutant
que la version très
explicite
que nous enprésentons
ici n’auraitproba- blement jamais
vule jour
sans lescritiques d’Arzeliès).
Nous pensons en outre que le
système
des deuxéquations
tensorielles d’Arzeliès n’a pas la mêmeélégance
que celui des autres auteurs. Nous n’en dirons pasplus :
une induction n’est pas unedéduction,
et il serait tout à fait vain à l’un desopposants
de vouloir contraindre l’assentiment de l’autre. Au lecteur dejuger
surpièces.
Le troisième thème d’Arzeliès ici
abordé,
ses idées concernantl’équilibre
du levier
coudé,
n’a pas la mêmeportée générale
que lesprécédents;
nous pensons que ce
problème
relèveplutôt
de la «physique
amusante ».Il a
cependant
alimenté de récentes controverses[6],
et c’est à ce titreque nous
exprimons
ici notrefaçon
de voir.Au
total,
si nousen jugeons
par l’effetqu’il
aproduit
sur nous, lenouveau livre d’Arzeliès
oblige
àréfléchir,
même siaprès
un examenimpartial
le lecteur n’enadopte
pas les conclusionslorsqu’elles
s’écartentdu consensus
général.
Autrementdit,
nous sommesprêts
àparier
queces nouvelles
propositions
d’Arzeliès n’auront pas le même succès inter- national que celle d’Ott[7]
et Arzeliès[8]
relativement à la variance de latempérature.
INTERESSANTES QUESTIONS SOULEVÉES PAR H. ARZELIÉS 105
2.
DYNAMIQUE
DU POINT A MASSE PROPRE VARIABLEET
ÉQUATIONS GÉNÉRALES
DE LA
DYNAMIQUE
DES FLUIDESD’accord avec nous,
([2], [3]),
H. Arzeliès[1]
considère que leséquations générales
de ladynamique
des fluides doivent être telles que leséquations correspondantes
dupoint
matériel soient à masse propre variable.Quant
àla direction dans
laquelle
il estpréférable d’exposer
laconnexion,
Arzelièspréfère partir
de ladynamique
dupoint
et nous de ladynamique
desfluides. Pour faciliter les
comparaisons,
nouspartons
ici avec H. Arzeliès de ladynamique
dupoint
matériel.Notant m la masse propre d’un
point
matériel sansspin,
Vi saquadri-
vitesse satisfaisant à la relation
dans la
métrique xi, x~, x~, x~
=ict,
et les dérivées étantprises
parrapport
au
temps
propre r,l’impulsion-énergie pi (p’’
= icm = ic-1W)
esttelle que
Nous avons
proposé ([2], [3])
dereprésenter
la force par un tenseur du second rang Fij et d’écrirel’équation
fondamentale de ladynamique
du
point
sous la formele tenseur ~t~ étant
antisymétrique
si m est constant[9]
etasymétrique
dans le cas
général :
Les
implications
du texte d’Arzeliès(qui n’emploie
pas le tenseur du second rang nous incitent ici à restreindre lagénéralité
de l’iden-tité
(5)
enposant
où aij
désigne
le tenseur de Kronecker.Des
précédentes formules,
on tire106
Les formules
(1)
à(8)
résument ladynamique
relativiste dupoint
à masse propre variable conforme à nos
précédentes
idées([2], [3])
et,nous
semble-t-il,
à celles d’Arzeliès[1].
Nous proposons en vue de la suited’appeler paléoforce
la force(somme
touteclassique)
Fqui
ne fait pas varier la masse propre dupoint matériel,
etnéoforce
la force Fqui
lafait varier.
Montrons à
présent
la relation étroite entre ceséquations
et leséquations générales
de ladynamique
relativiste des fluides sansspin.
D’accord avec Mc Connell
[10]
etSynge (11)
nous avons défini([2], [3])
le volume propre matériel fluide par la formule
où ic
ôui = 6 1 [dxj
dxkdXI] désigne
le 4-vecteur élément de volume tridimensionnel. A la contributionantisymétrique
0F ~
à la f orceappli- quée
à ô u nous associons([2], [3])
la 4-densité de forcef ô
telle queet que
d’où il suit
A la contribution scalaire ôF à la force
appliquée
à ou nous associonsla densité de force scalaire
f
telle queEnfin,
à la masse propre Om de ou nous associons([2], [3])
la densitéde masse propre p telle que
De
(7), (12)
et(14)
on tireéquation proposée
par nous([2]), [3])
et Arzeliès[1].
De
(8), (13)
et(15)
on tireINTERESSANTES QUESTIONS SOULEVÉES PAR H. ARZELIFS 107 où;
puisque p’
- Vi d; p et que([1], [2], [3])
L’hypothèse f ~ 0
entraîne doncCeci nous ramène à une controverse ancienne entre Durand
[12]
etnous-même
[13]; l’hypothèse f #
0 ouF ~
0 est liée à la non conservation de la masse propre.Introduisons enfin le tenseur
symétrique d’impulsion-énergie 03C1
Vi V jbien connu;
compte
tenu de(15)
et(17),
Il est
naturel]de
poserde telle sorte que
et, par
conséquent,
formule
compatible
avec(17)
et antérieurementproposée
par nous([2], [3]).
En accord avec uneprécédente convention,
nousappellerons ~o
satisfaisant à
(10)
lapaléo-densité
deforce
etqui
contribue seule à ladivergence d j (p
la néo-densité deforce.
Il est clair que l’existence de la formule(22)
rend vaines les craintes d’Arzeliès[4]
relatives au casgravitationnel
intérieur.Voici une intéressante remarque concernant la formule
(23).
Onsait
([2], [3])
que si l’on notefo
le vecteur decomposantes f ~, f ~,
l’ona
ft
=ic-i r t
et quesi,
parconséquent f ô
existaitseule,
on aurait laformule
avec
(densité
de masseclassique)
et
(vitesse classique)
En
dynamique classique,
le second membre de(24)
étaitidentiquement
nul
(conservation
de lamasse).
Endynamique
relativiste il est nonnul,
mais trèspetit (d’ordre c--2),
et son existence traduit la contribution à la masse du travail de la densité depaléoforce. Toutefois,
cette contri- bution est relative au référentiel. La remarque que nous avions en vueest que
(23)
estl’analogue
invariant relativiste de(24).
En
guise
depost scriptum,
et pour montrer lacompatibilité
de toutce
qui précède,
repassons des formules du fluide à celles dupoint matériel,
en
posant
et
De
(11)
et(10)
nous tironset de
(13)
et(9),
Notant d et d
~pi
ces deux contributions à la variationd’impulsion- énergie
dOpi
de lagoutte
fluide suivie dans son mouvement, nous récrivonsou, sous forme
intégrale,
où
p~ -{- 3p;
1 etfi == fio
o+ fii
1 est bienl’équation
fondamentale de ladynamique
des fluides sous formeintégrale ([2], [3]).
Nous pensons que le
précédent
schémad’argumentation
amélioreceux que nous avions antérieurement
proposés,
et savonsgré
à H. Arzelièsde nous l’avoir
inspiré
par sesréflexions,
même si nous nepartageons
pas toutes ses
façons
de voir.109 INTÉRESSANTES QUESTIONS SOULEVÉES PAR H. ARZELIES
3. SUR LES
ÉQUATIONS GÉNÉRALES
DES FLUIDES PARFAITS
Pour clarifier la discussion nous supposerons que le fluide
parfait
n’est soumis à aucune force de
volume,
maisuniquement
aux forcesd’origine superficielle
découlant de l’existence d’unepression isotrope
03C9.Il est bien connu,
d’après
la théorieclassique,
quejoue
le rôle d’une densité de force
volumique,
d’où il suit que le 4-vecteurjoue certainement,
luiaussi,
le rôle d’une 4-densité de force dont l’inter-prétation
exacte,spécialement
en cequi
concerne lacomposante temporelle,
reste à trouver.
L’utilité d’une 4-densité de force
f ô
satisfaisant à(10)
étant apparue dans la sectionprécédente,
il est naturel de poser pardéfinition,
et confor-mément à une excellente
suggestion
d’Arzeliès[14],
d’où
(10)
suit.Reste alors à définir
conjointement f
etri
i conformément à(19)
et(20).
Leplus simple
est certainement de poserd’où, d’après (21),
Sous ces
conditions,
leséquations générales (21)
et(22)
ou(17)
de ladynamique
des fluidesreçoivent
laspécification
suivante :Posant
elles se récrivent
équations
admises par tous les auteurs. Sous l’incitation des remarquesd’Arzeliès,
nous venons de les retrouver par un raisonnement inductifen un sens
plus synthétique
que celui que nous avions antérieurement utilisé([2], [3]).
Toujours
sous l’incitation des remarquesd’Arzeliès,
il faut se demandercomment
s’interprètent
les deux densitésmassiques
p et po. Nous avonsmontré
[(2), [3])
quel’intégration
4-dimensionnelle de(43)
donne au secondmembre la
généralisation
covariante du travailclassique
de lapression
dU - f w du; dans ces conditions,
po représente (en
l’absence de toute
autre source
d’énergie)
la densitéd’énergie
interne. C’est bien ce quepensent, explicitement
ouimplicitement,
lesauteurs,
nouscompris.
Quant
à la densité p,l’intégrale
4-dimensionnelle de(41) porte
au second membre suril viendra donc par
intégration
lagénéralisation
covariantedu u
dcoclassique,
cequi
montre que p est la densité de lagrandeur
U+ 00
usouvent considérée en
thermodynamique (où
elle est notée U +pv).
Arzeliès
[5]
conteste l’ensemble deséquations
admises(40)
et(41),
ou
(43)
et(44),
pour une raisonqui, exprimée
dans laprésente perspective, équivaut
à dire querien,
dans ladynamique
des fluidesclassiques,
necorrobore l’idée que la densité de force
volumique
M(ou
+fi
si l’on rétablit une densité de force
propremenf volumique)
aurait à vaincreune inertie du fluide de densité po + c-2 w
plutôt
que po seulement.Si l’on
préfère,
sonargument
estqu’on
ne voit aucune raison pour que la densité de forcevolumique
ait à vaincre la densité de la fonctionthermodynamique
U +00 uplutôt
que celle de la seuleénergie
interne U.Avant de discuter ce
point,
exposons la modificationproposée
par Arzeliès.Tout d’abord demandons-nous
si,
avec leséquations
admises(43)
et
(44),
il estpossible
de trouver uneéquation
d’état du fluide telle que ladivergence
ne contribue pas à lapaléodensité
deforce;
si la
réponse
étaitaffirmative,
il y auraitlà,
selon les vuesd’Arzeliès,
une définition
possible
du fluideincompressible.
On ale
premier
terme étant une contribution à lapaléodensité
de force etle second à la néodensité de force. Le
premier
terme nepeut
être nul que si GD = 0 ou V’ =0,
deux restrictionstrop
sévères pour être inté- ressantes. La conclusion est doncqu’avec
leséquations classiques,
ilest
impossible
de trouver uneéquation
d’état du fluide satisfaisant les desiderata d’Arzeliès.La
proposition qu’il
fait alors[15]
consiste à retenirl’équation
admise
(44),
mais àcorriger (43)
par unepaléoforce
additive en c-2 suivantINTERESSANTES QUESTIONS SOULEVÉES PAR H. ARZELIÈS 111
ou
équivalement, compte
tenu de(44),
àcorriger (40)
par une néoforce additive en c-2 suivantDans le
repère entraîné,
cette dernièreéquation
coïncide exactement(pour
i =1, 2, 3)
avec celle admise par lesclassiques,
et c’est làl’argu-
ment sur
lequel
Arzelièsappuie
saproposition.
Il est clair que le
système d’Arzeliès, (45)
ou(46),
et(41)
ou(44),
n’apas
l’élégance
dusystème
admis(dont
il ne diffère que par des termesen
c-2).
Laquestion importante
restecependant
celle de savoir si les desiderata d’Arzeliès sont ou non fondés. Avant d’enjuger,
réexaminons l’induction à basephysique
que nous avions initialementproposée ([2], [3])
pour établir les
équations
admises.En
dynamique classique
des fluides nonvisqueux,
la forceappliquée
par la
pression 00
àchaque
élément d’aireoS
d’unegouttelette
fluideest
03B4F = 2014 03C903B4s.
Nous avonsproposé ([2], [3])
endynamique
rela-tiviste des fluides la
généralisation
covariante où icôs~ - 2 1
gijkl[OXk
est le dual de l’élément d’aire à sixcomposantes;
cette définition est
spontanément compatible
avec celle[9]
de la forcepar un tenseur
antisymétrique
du second rang. Arzeliès la conteste[16].
Cependant,
nous allons voir dans un instantqu’elle généralise
très conve-nablement en relativité les
conceptions classiques.
La
généralisation
obvie del’impulsion
élémentaired op
= ôF dt = 2014 oj03B4s dt
communiquée pendant
letemps dt
à l’élément d’aireo!
de lagoutte
fluide est
Or,
le 4-vecteur d’ordre 3 en lesdx,
n’est autre que l’élément de volume del’hyperparoi q: d’espace-temps engendrée
par le mouvement du contour de lagoutte fluide;
c’est un 4-vecteurorthogonal
à l’élément detrajectoire
ainsi d’ailleursqu’aux
deux vecteurs etd2
x~définissant l’aire à deux dimensions. Le
précédent d dpi
= wô ui,
où ic ôu.désigne
le 4-vecteur élément de volumed’hyperparoi,
est donc exactementle
concept
relativiste bien défini de manièreintrinsèque
dont nous avionsbesoin.
Soit alors un élément de tube fluide de section
petite
dans ses troisdimensions et limité par deux cloisons tridimensionnelles du genre espaces Ci et e2, voisines et ne se
coupant
pas, e2 succédant à Ci. Formonsl’intégrale
- - -dont la
portion ~
estl’intégrale
dudôpi précédent,
soit.~
On a évidemment
Ainsi, l’impulsion-énergie Opi communiquée
par lapression a)
à lagout-
telette fluide de volume propre ou
pendant
letemps
propre élémentaire dr etqui, rappelons-le,
estorthogonale
au filet moyendxz,
se trouve décom-posée
en deux termes dont ni l’un ni l’autre n’estorthogonal
à dzi. Nousreviendrons sur ce
point.
La
première
remarque est que le dernier terme de(47) permet
d’inter-préter
comme une 4-densité de forcevolumique appliquée
aufluide,
conclusionidentique
pour i =1, 2, 3,
à celle desclassiques.
Notreargumentation
continue donc à se montrer tout à faitsatisfaisante,
remarquequi
n’est pas inutile en vue de la suite et desobjections
soulevéespar Arzeliès.
Il nous faut maintenant
parler
del’interprétation
du - a4 w ic-1 dt w que la théorieclassique
laissait dans l’ombre. Dans lerepère
propre du 4-volume OW iôu; dxi, Op~
= 0 : il est donc clair que le 2014 ~ ~ dW est exactementcompensé
par les deux termesd’hypercloison ~~ ~u2 ~ui,
et c’est très
précisément
làl’origine
du rôle inertial de c-~ w trouvé par tous les auteurs et contesté par Arzeliès. En d’autres termes, lesimple
déroule-ment du formalisme
mathématique
àpartir
deprémisses qui
ne noussemblent
guère
contestables prouve que le ou dt ~ 2014 doj ou(c’est-à-dire,
en notationsclassiques,
que le - u dwgénéralement
notéen
thermodynamique - v dp)
doit êtrecompensé
par une variation de la masse attribuée à lagouttelette
valantW2 ~u~ ôug.
A ce
point
- et comme nous l’avions noté dans nosprécédentes
expo- sitions de ce raisonnement - nous rencontrons une difficulté : lecj~ ~u; ~u~
n’est pasindépendant
de l’orientation deshypercloisons ôu;
et Comme on vient del’expliquer
dans lerepère
localemententraîné,
cecine joue
nullement pour le maisuniquement
pour leAp.
Il n’en reste pas moins que cet incident suffit à
bloquer
la dérivation deséquations
densitaires du fluide relativiste.Mais souvenons-nous que nous sommes en train de conduire un raison- nement
inductif
serrant d’aussiprès
quepossible
le raisonnementclassique.
Dans celui-ci l’on raisonne à
temps
constant et avec des vitesses faibles.Nous sommes donc
parfaitement
habilités àpostuler
que les deux étatssuccessifs ôui
etôu;
de notregoutte fluide
serontpris
àtemps
constant dansle
repère entraîné,
c’est-à-direorthogonaux
au filet fluide moyen. Dansces
conditions,
~uz est colinéaire à Vi et,compte
tenu de(1)
et(9),
INTERESSANTES QUESTIONS SOULEVEES PAR A. ARZELIES 113 Nous pouvons donc alors récrire
(47)
suivantou encore,
puisque ~~~c-203C9
ViVj0,
Remplaçant
enfindpi
par sonexpression
bien connuenous obtenons
l’équation (43)
des auteurs relativistes.En
bref,
nous venons de montrer que les deuxexpressions (47)
et(50),
nonidentiques
engénéral,
sontégales
dans le cas d’un filet fluidecoupé
par deux sectionsorthogonales,
et cela suffit(comme
nous l’avonsdit)
àlégitimer
notre raisonnement inductif.
D’après
ceraisonnement, qui postule
essen-liellement la formule
03B4F
= w03B4s
commegénéralisation
covariantede la formule
classique
ôF = 2014 cjo!
de la forcesuperficielle élémentaire,
la densité de forcepondéromotrice engendrée
par lapression
~, et àlaquelle s’oppose
l’inertie du fluide de densité - po ViV j,
ne se réduit pas au terme de formeclassique
- ai w, mais contient aussi le termed’origine
manifestement relativiste.Arzeliès laisse entendre
[17]
que lesystème (40)
et(41),
ou(43)
et(44),
admis par les auteurs
et justifiable
par leprécédent raisonnement,
estincompatible
avec ses définitions[8]
4-vectorielles de la chaleur et de latempérature.
Une excellente preuve que cette crainte est vaine est fournie parl’élégante
etingénieuse thermodynamique
des fluides de Schmid[18].
Je
dirai,
pour clore cettesection,
que leproblème général
de l’extension relativiste d’une théorieclassique
est unproblème inductif,
et soumiscomme tel à un certain arbitraire où se manifeste le
goût personnel
del’auteur. Il est donc
rigoureusement impossible
de donner raison à un auteur et tort aux autres, ou vice versa, par unargument contraignant - excepté
bien sûr si une
expérimentation
suffisammentprécise
estpossible, qui
devrait ici
porter
sur des termes en c-2. Tout ce quepeut
faire le lecteurest de suivre les raisonnements inductifs faits par les auteurs et de décider
lesquels
ilpréfère.
Arzeliès a donné lesien,
avec les attendus correspon- dants. Nous donnons ici lenôtre,
avecbeaucoup plus
de détails que dansnos
expositions précédentes,
et ce à lasuite, précisément,
descritiques
d’Arzeliès.
L’esprit
de notre induction est clair : covariance relativisteexplicite
dans une extensionfidèle
du raisonnementclassique,
et abandonseulement par nécessité de l’arbitraire des
hypercloisons
mais abandonqui
ne viole en rien larègle
de la coïncidence limite avec lesclassiques.
Au lecteur
de juger
surpièces.
4. MOMENT D’UNE FORCE PAR RAPPORT A UN AXE
Depuis
Lewis et Tolman[19],
von Laue[20]
etEpstein [21],
le pro- blème du levier coudé a fait coulerbeaucoup d’encre,
Arzeliès(22)
yayant
contribué par une remarquepertinente
que nous ferons nôtre.Pour l’énoncé du
problème
et les solutionspubliées
nous renvoyons àla littérature. Disons pour être bref que tout tourne autour de la défini- tion relativiste du moment d’une force par
rapport
à un axe, définitionqui (le principe
de relativitéappliqué
auconcept d’équilibre
lemontre)
devrait être invariante relativiste.
Or,
enstatique classique,
le moment M d’une force F relativement àun axe de vecteur unitaire
t
est unscalaire,
le co-momentoù
r désigne
la distance orientée entre unpoint
de l’axe et lepoint d’appli-
+
cation de la force F.
En cherchant la
généralisation
relativiste de ceconcept
nous allonsune fois de
plus
confirmerles avantages
de laforce,
tenseurantisymé- triquelde
second rangFv,
que nous avions antérieurement définie[9].
Soit
donc,
dans lerepère
propre d’un solide ~enéquilibre (Ko
chezArzeliès),
ri le 4-vecteur du genreespace joignant
lepoint
courant d’unaxe du genre espace de vecteur directeur ui au
point d’application ;dans
le solide d’une force Bien
entendu,
dansKo, r40
=0, u40
- 0 et 0(:x, 3, y
=1, 2, 3).
Le moment de la force relativement à un
instant-point
sera définicomme le tenseur
complètement antisymétrique
de rang 3dans
Ko,
INTÉRESSANTES QUESTIONS SOULEVÉES PAR H. ARZELIÈS 115
~/
Finalement,
le co-momenl scalaire de F~ et u’ sera défini suivant :définition
qui,
dansKo,
se ramène exactement à la définition(51).
Étant scalaire,
le co-moment d’unsystème
de forcesappliqué
à unsolide est
indépendant
duréférentiel,
et leprincipe
de relativitéappliqué
à
l’équilibre
est sauf.Remarque
1. Dans unrepère
autre queKo,
engénéral
r~~
0 : c’estla remarque d’Arzeliès. De
plus,
engénéral
u4~
0 : les différentspoints
de l’axe ne seront pas simultanés s’il y a une
composante
de la vitesseparallèle
à cet axe.Remarque
2. - Si l’on considère unproblème
dedynamique,
avectransmission retardée des actions et
réactions,
les choses secompliquent beaucoup :
il faut considérer notamment lestrajectoires d’espace-temps
des
points d’application
des forcesFij,
et leplan
du genretemps engendré
par l’axe autour
duquel
tournera le solide relativiste.5. SUR LE COURANT
D’ÉNERGIE
DE VON LAUE Considérons à nouveau le levier coudé enéquilibre
de von Laue[19].
Le bras
OA,
parexemple,
est soumis à un pur cisaillementélastique,
c’est-à-dire que le tenseur
élastique symétrique
= a pour seulecomposante
nonnulle,
dans lerepère
propreKo
dulevier, Eôr
= 0.La
généralisation
relativiste de ce tenseur est certainement telle que, dansK o,
= = 0.Quant
à la densitéd’énergie emmagasinée
dans le milieu
tendu,
elle nepeut
pas êtrenulle,
mais sa valeur n’inter- viendra pas dans l’évaluationqui
va suivre.Avec von Laue passons du
repère Ko
à unrepère
K animé relativement àKo
d’une vitesse uniforme c = c3, 0,
0. La matrice duchangement
derepère
est(en
doordonnées réelles avec x4 =ct)
avec
L’on a donc dans K
avec,
So désignant
la section droite du brasOA,
=F~,~/S~.
Au facteur.
1 1201403B22
-
près,
c’est le résultat de von Laue.Notre conclusion est donc que le courant
d’énergie
de von Laue existebien,
comme uneffet
«relati f » conséquence
de la loi detransformation
dutenseur
élastique.
Mais cetteconclusion, quoique rejetée
parArzeliès,
n’invalide aucunement sa remarque concernant les instantsd’appli-
cation des forces.
BRÈVE
CONCLUSIONNous avons
pris
un réel intérêt à la lecture du livre d’Arzeliès sur les fluidesrelativistes;
il nous a incité à réfléchir sur lesfondements,
ce quenous avons voulu faire en toute
indépendance de jugement.
Sescritiques
- et nous considérons ceci comme un
éloge
- sont celles d’un « fantassin » de la théoriephysique qui
aime sentir la terre ferme desclassiques,
et celleaussi des raisonnements
physiquement opératoires,
coller à la semelle de ses souliers. En ce sens ellesportent,
et elles nous ontobligé
à nouspréciser
à nous-même certains détails restésimplicites
dans nosprécédentes
inductions.
Cependant
nous n’avons cru devoir suivre Arzeliès dans aucune deses conclusions
majeures,
notre examen de sesarguments
nousayant
au contraire
pleinement
confirmé dans notre adhésion aux idées de lamajorité
des auteurs. La manière dont nousjustifions
ces idées nousest, comme le mentionne
Arzeliès,
tout à faitpersonnelle
dans certainsde ses
éléments,
et d’ailleurs d’uneinspiration
bien différente de la siennepuisqu’elle
cherche à voir les choses directement en termes degéométrie
quadridimensionnelle.
Nous avonstoujours
trouvé que cepoint
de vue,/ 1 . 117
INTERESSANTES QUESTIONS SOULEVÉES PAR H. ARZELIES
disons
d’aviateur,
a leprécieux
mérite deproduire
des calculs extrême- ment concis ettransparents. Lorsque,
par la contrainte de leur seulesymétrie interne,
ces calculs fournissent des formules différant par des termespetits
- usuellement en c-2 - de cellesengendrées
par des calculsplus
terre à terre, notre confiance vaspontanément
auxpremiers,
carnous les trouvons non pas
moins,
maisplus
sûrs que les seconds.BIBLIOGRAPHIE
[1] H. ARZELIÈS, Fluides relativistes, principes généraux, équations fondamentales,
Masson et Cie, Paris, 1971.
[2] O. COSTA DE BEAUREGARD, La théorie de la relativité restreinte, Masson et Cie, Paris, 1949, p. 90-106.
[3] O. COSTA DE BEAUREGARD, Précis of Special Relativity, Academic Press, New- York, 1966, p. 103-139.
[4] Réf. [1], p. 2.
[5] Réf. [1], chap. III, p. 15-51.
[6] R. G. NEWBURGH, Nuovo Cimento, t. 61 B, 1969, p. 201.
[7] H. OTT, Zeits. Phys., t. 175, 1963, p. 70.
[8] H. ARZELIÈS, Nuovo Cimento, t. 35, 1965, p. 792.
[9] O. COSTA DE BEAUREGARD, C. R. Acad. Sc., 221, 1945, p. 743.
[10] A. J. Mc CONNELL, Annali di Mat. Pura ed Appl., t. 6, 1929, p. 207.
[11] J. L. SYNGE, Trans. Roy. Soc., Canada, t. 28, 1934, p. 127.
[12] É. DURAND, J. Math. pures et appl., t. 25, 1946, p. 179.
[13] O. COSTA DE BEAUREGARD, J. Math. pures et appl., t. 25, 1946, p. 477.
[14] Réf. [1], p. 5 et 68.
[15] Voir réf. [1], p. 4 ou 104, les équations proposées; nous laisserons comme exercice
simple au lecteur de montrer l’équivalence entre l’équation (7) compte tenu de (8), p. 4 d’Arzeliès, et (45) ou (46) de notre texte. Incidemment, Arzeliès écrit à plusieurs reprises qu’il trouve inutile l’introduction d’un tenseur d’impul- sion-énergie du second rang. C’est parce que nous la trouvons très utile que
nous récrivons l’équation d’Arzeliès sous la forme (45) ou (46)....
[16] Réf. [1], p. 81.
[17] Réf. [1], p. 42-43.
[18] L. A. SCHMID, Nuovo Cimento, t. 52 B, 1967, p. 288 et 313.
[19] G. N. LEWIS et R. C. TOLMAN, Phil. Mag., t. 18, 1909, p. 510.
[20] M. VON LAUE, Verhandl. Deutsch. Phys. Ges., 1911, p. 513.
[21] P. S. EPSTEIN, Ann. der Physik, t. 36, 1911, p. 779.
[22] H. ARZELIÈS, Nuovo Cimento, t. 35, 1965, p. 783.
(Manuscrit reçu le 18 novembre 1971).