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DOSSIER

Compte-rendu

et analyse CHICAGO 2017

S. Hans

Cancers ORL

Head & neck cancers

S. Hans1, F. Scotté2

1 Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris ; université Paris 5.

2 Unité de soins de support, départe- ment d’oncologie médicale et de soins de support, hôpital Foch, Suresnes.

Plus d’une journée a été consacrée aux cancers ORL lors du congrès américain en oncologie clinique cette année. Les équipes françaises ont présenté des études et des résultats intéressants, notamment en immunothérapie, sur l’indication de la TEP scan en surveillance et sur l’utilisation d’une nouvelle molécule dans les carcinomes adénoïdes kystiques des glandes salivaires.

HPV

Premiers résultats de l’impact de la vaccination anti-HPV

sur les infections, mais il faut attendre encore plusieurs années pour en mesurer l’effet sur l’incidence des cancers ORL…

Une communication orale présentant une étude a rapporté l’intérêt de la vaccination prophylactique anti-HPV sur la survenue d’infections HPV de l’oro- pharynx (Gillison ML et al., abstr. 6003).

Cette étude transversale menée aux États-Unis entre 2011 et 2014 a comparé une population (n = 496) ayant reçu au moins 1 injection d’un vaccin anti-HPV (16-18) à une population non vaccinée (n = 2 131).

Il s’agissait de sujets féminins et masculins âgés de 18 à 33 ans, sans différence significative entre le groupe vacciné et le groupe non vacciné en termes d’intoxi- cation tabagique et de type de relations sexuelles.

En tout, 18,3 % de la population âgée de 22 à 33 ans étaient vaccinés (29,2 % de femmes et 6,9 % d’hommes ; p = 0,001). Il existait une différence signi- ficative en termes de prévalence des infections HPV entre la population vaccinée (0,11 %) et la population non vaccinée (1,61 %). Chez les sujets masculins, le taux d’infection était de 0 chez les vaccinés et de 2,13 % chez les non vaccinés (p = 0,007). Dans la population générale, la vaccination permet une réduction des infections de 88 % et de 100 % chez les sujets masculins.

La vaccination pourrait avoir un impact majeur si toute la population était vaccinée. En 2014, 17 % de la population générale étaient vaccinés aux États-Unis (25 % des femmes et 2,7 % des hommes).

Les auteurs recommandent la vaccination anti-HPV aux 2 sexes car elle permet de réduire le risque d’in- fection de l’oropharynx.

L’impact de la vaccination sur le développement ou non de cancers ORL de l’oropharynx ne pourra être évalué que dans plusieurs années.

HPV+ facteur pronostique

dans les autres localisations ORL ? Une étude rétrospective a analysé la survie globale des patients atteints d’un cancer ORL HPV+ autre que l’oropharynx (cavité buccale, larynx, hypo- pharynx, cavum), en utilisant la Nationale Data Base Cancer. Elle a porté sur 13 908 patients, sans que leur statut HPV ait été revérifié (Wookey V et al., abstr. 6046). Il existe une différence significative en termes de survie globale, en faveur du groupe HPV+ (p < 0,001).

Le statut HPV semble être également un facteur pronostique dans les localisations des voies aéro- digestives supérieures autres que l’oropharynx.

Premiers résultats positifs de désescalade thérapeutique chez les patients atteints d’un cancer HPV+ ?

H. Rainey et al. (abstr. 6069) ont rapporté les résul- tats d’une étude prospective randomisée de phase II qui, menée chez 20 patients (T0-T3, N0-N2c, HPV+), comparait radiothérapie 70 Gy + carbo platine au bras expérimental radiothérapie 56 Gy + carbo platine.

Les patients étaient randomisés après une chimio- thérapie d’induction par TPF (docétaxel, cisplatine, 5-FU).

La survie sans récidive et la survie globale ne montrent pas de différence significative entre les 2 bras.

B.S. Chera et al. (abstr. 6044) ont rapporté les résultats d’une étude de phase II non randomisée comprenant 44 patients (stades T0-T3, N0-N2c,

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HPV+) traités par radiochimiothérapie (RCT) 60 Gy avec cisplatine 30 mg/ m2 hebdo. Le suivi moyen était de 3 ans. Les résultats sont excellents : le contrôle locorégional est de 100 %, la survie spéci- fique et la survie sans métastase à 2 ans sont de 100 % et la survie globale à 2 ans est de 95 %.

Importance de stratifier les cancers de l’oropharynx HPV+/–

A. Lopez-Pousa et al. (abstr. 6014) ont rapporté, à partir de la nouvelle classification TNM UICC 8e édition, en fonction du statut HPV positif ou négatif, les résultats d’une étude rétrospective sur 1 820 curages.

La nouvelle classification TNM affine le pronostic des cancers de l’oropharynx HPV –.

La TEP scanner devient-elle

l’examen de référence pour le suivi ? Dans le cadre du groupe français GETTEC, S. Schmitz et al. (abstr. 6013) ont rapporté l’intérêt de la TEP scanner pour évaluer les adénopathies cervicales après RCT.

Il s’agit d’une étude prospective multicentrique d’évaluation de la valeur prédictive négative de la TEP sur la réponse ganglionnaire après traitement médical. La TEP seule (sans autre imagerie, TDM ou IRM) permet de diminuer le nombre de curages inutile, sans conséquence sur le contrôle cervical (65 curages sur 145 auraient pu être évités).

La TEP est plus précise et discriminante pour prédire l’évolution et le pronostic des patients.

Le retour de la chimiothérapie avant chirurgie ?

Une étude de phase II non randomisée menée dans le cadre de cancers de l’oropharynx HPV+ a testé une chimiothérapie d’induction par platine + 5-FU puis une chirurgie transorale assistée par robot sans trai- tement adjuvant. Au total, 19 patients atteints d’un cancer de l’oropharynx HPV+ de stade III/ IV ont été

inclus, et 14 patients étaient évaluables. Une récidive locorégionale a été observée chez 3 patients, traitée par RCT, et 1 patient est décédé de métastases à distance (Siegel RS et al., abstr. 6078).

Immunothérapie avant chirurgie : nouvelle stratégie thérapeutique ? C. Le Tourneau et al. (abstr. 6021) ont rapporté les premiers résultats de PREDICTOR, étude de phase II, randomisée entre une immunothérapie préopératoire par afatinib et aucun traitement préopératoire. L’objectif principal de cette étude est l’identifi cation de biomarqueurs prédictifs de l’efficacité de l’afatinib.

Les premiers résultats montrent que 59 % des patients sont répondeurs sur le site tumoral, sans toxicité. Nous attendons donc maintenant les autres résultats…

Radiothérapie

La Chine est de plus en plus présente dans les congrès... Plusieurs études importantes rapportant les résultats des traitements par radiothérapie des cancers du cavum ont été présentées.

Cisplatine concomitant toutes les 3 semaines ou hebdomadaire ?

H. Liang et al. (abstr. 6006) ont rapporté les résultats d’une étude multicentrique de phase III comprenant 526 patients atteints d’un cancer du cavum locale- ment avancé (de stade II à IVB), randomisés entre radiothérapie de type RCMI (radiothérapie conforma- tionnelle avec modulation d’intensité) + 2 cycles de cisplatine 100 mg/ m2 toutes les 3 semaines et radio- thérapie RCMI + 6 cycles de cisplatine 40 mg/ m2 hebdomadaire. Il s’agissait d’une radiothérapie accélérée par RCMI (5 fractions par semaine ; dose par fraction : 2-2,34 Gy et une dose à la tumeur : 68-72 Gy). L’objectif principal était le taux de survie sans maladie.

» Beaucoup moins chère que les thérapies ciblées et les immunothérapies, l’aspirine aurait une efficacité

dans les cancers ORL, comme cela a déjà été montré dans les cancers du côlon. HPV

Highlights

»HPV vaccination allows a sharp reduction in HPV infec- tions of the oropharynx, but it will take many years to see its effectiveness on the oropharyn- geal cancer.

»In locally advanced naso- pharyngeal cancer, induction chemotherapy significantly improves control, but toxicity is increased.

»Nivolumab confirms its efficacy in recurrent and/or metastatic H&N cancer and its efficacy in patients refractory to platinum.

»Much cheaper than targeted therapy and immunotherapy, aspirin would have efficacy in ENT cancers as has already been shown in colon cancer.

Keywords

Immunotherapy Target therapy Nasopharyngeal cancer PET-CT

HPV

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L’efficacité est similaire entre les 2 bras. Il n’y a pas de différence significative du taux de survie sans maladie à 2 ans, mais il existe une différence significative de la dose totale de platine entre les 2 bras (240 mg/ m2 dans le bras hebdomadaire et 200 mg/ m2 dans le bras toutes les 3 semaines). La toxicité (leucopénie et thrombopénie) est significa- tivement plus élevée dans le bras cisplatine hebdo- madaire. L’une des interrogations est la toxicité à long terme.

Place de la chimiothérapie d’induction dans les cancers du cavum

M.Y. Chen et al. (abstr. 6005) ont rapporté les résul- tats d’une étude randomisée menée chez 476 patients atteints d’un cancer du cavum de stade III-IVB (sauf T3N0-1) : 238 patients ont reçu 2 cycles de chimiothérapie d’induction (cisplatine 80 mg/ m2 à J1 + 5-FU 800 mg/ m2 de J1 à J5) suivie d’une RCT (cisplatine 80 mg/ m2 toutes les 3 semaines) ; 238 patients n’ont pas reçu de chimiothérapie d’in- duction, mais ont été traités par le même schéma de RCT. Les conclusions de cette étude sont les suivantes : la chimiothérapie d’induction, dans les cancers du cavum localement avancés, améliore significative- ment le contrôle, mais la toxicité est significativement augmentée dans le bras chimiothérapie d’induction.

Place de la chimiothérapie adjuvante dans les cancers du cavum

de mauvais pronostic

A.T. Chan et al. (abstr. 6002) ont rapporté les résultats d’une séduisante étude prospective randomisée de phase III, menée de septembre 2006 à juillet 2015. Sur 789 patients atteints d’un cancer du cavum (IIB-IV) traités, 218 patients avaient de l’ADN circulant d’EBV (Epstein-Barr Virus) après traitement. Cette équipe avait déjà montré l’intérêt de l’ADN circu- lant d’EBV après le traitement comme facteur de mauvais pronostic. Parmi ces 218 patients, seuls 104 ont accepté d’être randomisés entre surveillance et chimiothérapie d’entretien de 6 cycles (cisplatine 40 mg/ m2 + gemcitabine 1 000 mg/ m2) et seuls 50 % d’entre eux ont pu reçevoir les 6 cycles. L’objectif prin- cipal était la survie sans récidive. La chimiothérapie adjuvante n’a pas amélioré la survie des patients avec ADN EBV résiduel après radiothérapie.

Au total, la situation reste confuse. Le résultat est en accord avec celui publié par L. Chen et al. dans le

Lancet en 2002 (1), mais en contradiction avec celui observé dans l’étude de P. Blanchard et al. publiée dans le Lancet Oncology (2).

Un premier essai associant radiothérapie et immunothérapie semble prometteur, du moins au niveau de la tolérance…

O. Hamid et al. (abstr. 6010) et S.F. Powell et al.

(abstr. 6011) ont rapporté les résultats de l’étude ECHO-202/KEYNOTE-037. Dans cet essai, la radio- chimiothérapie conventionnelle (70 Gy + cisplatine 40 mg/ m2 hebdomadaire [6 doses]) était conco- mitante au pembrolizumab 200 mg toutes les 3 semaines (8 doses, soit une première dose avant le traitement et 5 doses après la radiothérapie).

Les objectifs principaux de cette étude incluant 27 patients atteints d’un cancer ORL de stade avancé (IIIB/IV) étaient la tolérance et l’efficacité.

La tolérance est correcte et les résultats en matière d’efficacité sont attendus.

Escalade de doses

et protocole de désescalade ?

L’étude du GORTEC 2004-01 d’escalade de doses, présentée par J. Bourhis et al. (abstr. 6015), n’a pas permis de montrer une amélioration du contrôle locorégional des cancers localement avancés traités par RCT concomi- tante. Des difficultés de recrutement ont été observées : il n’y a eu finalement que 188 patients recrutés sur les 310 prévus. En revanche, cette étude a montré que la RCMI entraîne une réduction significative du taux de xéro- stomie, donnée déjà rapportée par la méta-analyse sur 871 patients, rapportée par G.N. Marta et al. en 2014 (3).

La RCT par radiothérapie 70 Gy + platine est le traite- ment standard des carcinomes épidermoïdes localement avancés ORL. R. Fietkau et al. (abstr. 6016) ont étudié l’impact d’une réduction de la dose de radiothérapie en termes d’efficacité et de tolérance dans le cadre d’une étude randomisée entre 2 bras. La RCT à dose réduite à 63,6 Gy ne fait pas la preuve de son efficacité malgré une chimiothérapie différente entre les 2 bras.

Tumeurs cutanées de mauvais pronostic : radiothérapie ou RCT ?

Les tumeurs cutanées sont de mauvais pronostic par leur extension locale (T3-T4) et/ ou régionale

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(adénopathies multiples, rupture capsulaire, adéno- pathies intraparotidiennes).

L’équipe australienne de S.V. Porceddu (abstr. 6008) a rapporté les résultats d’une étude randomisée multicentrique de phase III portant sur 310 patients traités entre 2 bras : radiothérapie seule 60-66 Gy ou radiothérapie à la même dose + carboplatine hebdomadaire.

Le carbo platine a certainement été choisi du fait de l’âge des patients. Le suivi moyen était de 60 mois et la dose de radiothérapie médiane, de 60 Gy.

Au total, 85 % des patients ont reçu les 6 cycles de chimiothérapie.

Il n’y avait pas de différence significative entre les 2 bras pour le taux de contrôle locorégional, la survie sans maladie et la survie globale à 2 ans et à 5 ans.

En revanche, le taux de radiodermite était significa- tivement plus important dans le bras sans chimio- thérapie. En conclusion, l’apport du carboplatine n’apporte pas de gain carcinologique.

Éternelle question

sur les modalités de la délivrance du cisplatine concomitant : 100 mg/ m2 toutes les 3 semaines ou fractionnés en hebdomadaire ? Le traitement standard des cancers ORL loca- lement avancés est la RCT, avec du cisplatine 100 mg/ m2 toutes les 3 semaines. Cependant, en pratique, de nombreuses équipes utilisent le platine fractionné en hebdomadaire. Qu’en est-il de la toxicité et de l’efficacité entre les 2 modes de délivrance ?

V. Noronha et al. (abstr. 6007), une équipe indienne, ont conduit une étude de phase II de non-infériorité comprenant 300 patients atteints d’un cancer ORL de stade III/ IV non métastatique en postopératoire (93 %). Les patients étaient randomisés entre 2 bras : radiothérapie + cisplatine 100 mg/ m2 toutes les 3 semaines ou radiothérapie + cisplatine 30 mg/ m2 hebdomadaire.

Le schéma du cisplatine toutes les 3 semaines est supérieur en termes de contrôle, mais la dose totale de cisplatine est inférieure dans le bras hebdomadaire. La toxicité est significativement plus importante dans le bras cisplatine toutes les 3 semaines. Notons qu’il s’agit d’une population particulière (d’origine indienne), d’âge moyen 44 ans, atteinte d’un cancer de la cavité buccale dans 87 % des cas, et sans intoxication tabagique dans 77 % des cas.

Immunothérapies

Étude CheckMate 141

CheckMate 141, seule étude randomisée, confirme l’efficacité du nivolumab à 18 mois chez les patients après échec du traitement, ou avec un cancer méta- statique. L’objectif principal de cette étude est la survie globale. Les résultats de cette étude ont permis d’obtenir l’autorisation de mise sur le marché pour le nivolumab après l’autorisation de l’utilisation par l’agence américaine, la FDA.

L’étude de phase III CheckMate 141, comparant le nivolumab en monothérapie au traitement standard au choix de l’investigateur (cétuximab, docétaxel ou méthotrexate), a confirmé que les patients traités par nivolumab ont une meilleure survie globale à 18 mois (21,5 versus 8,3 %), résultat rapporté par M.L. Gillison et al. (abstr. 6019). L’analyse en sous-groupes (âge, loca- lisation, traitement précédent, nombre de lignes précé- dentes, etc.) est également en faveur du nivolumab, mais il est à noter le faible nombre de patients par sous-groupe.

Il est très intéressant de noter que le nivolumab a une activité en première ligne chez les patients réfrac- taires au platine en poursuite évolutive, ce d’autant qu’il n’existe pas de démarche thérapeutique efficace chez ces patients de mauvais pronostic.

La survie globale des 78 patients réfractaires au platine est augmentée par le nivolumab à 12 mois (39,2 versus 15,4 %). Ce résultat positif permet d’ouvrir une nouvelle option thérapeutique.

Dans une étude complémentaire rapportée par R.L. Ferris et al. (abstr. 6020), en deuxième ligne, le nivolumab est efficace chez les patients préalablement traités par cétuximab, mais le bénéfice semble supé- rieur chez les patients n’ayant pas été traités aupa- ravant par du cétuximab.

Quel que soit le groupe de patients, il est à noter la bonne tolérance du nivolumab.

Biomarqueurs et immunothérapie : pour le moment, pas de piste pour sélectionner les patients

S.I. Pai et al. (abstr. 6058) ont rapporté, dans une étude intéressante, que le statut PD-L1 n’est pas un facteur pronostique.

Dans l’étude CheckMate 141, F. Concha-Benavente et al. (abstr. 6050) ont recherché des facteurs

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prédictifs sur le score du profil d’expression géno- mique inflammatoire (GEP inflammation T) sur 18 gènes (NanoString sur ARN) et la charge muta- tionnelle (séquençage génome entier [Whole Exome Sequencing]).

Dans les cancers du nasopharynx en récidive et/ ou métastatiques, quelques résultats intéressants de l’immunothérapie

Dans l’étude de phase II CheckMate 358, J.P. Delord et al. (abstr. 6025) ont rapporté un taux de réponse objective de 20 % et un taux de contrôle tumoral de plus de 45 % avec une tolérance correcte chez les 24 patients traités par nivolumab en mono- thérapie.

Une thérapie ciblée,

le nimotuzumab (anti-EGFR) dans les cancers du nasopharynx métastatiques

Dans cette étude de phase II comprenant 35 patients, le nimotuzumab, un anti-EGFR utilisé hors de France et notamment en Asie, a été utilisé avec du platine et du 5-FU (Zhao C et al., abstr. 6028). Les résultats sont plutôt encourageants, avec un taux de réponse partielle de 24 % et un taux de réponse objective de 71 %. Ce schéma pourrait donc être une alternative dans les pays n’utilisant pas le cétuximab.

Cancer des cellules de Merkel et immunothérapie : nouvelle piste ? L’efficacité de l’avélumab, un anticorps PD-L1, en deuxième ligne avait été rapportée au précédent congrès de Chicago par O. Hamid et al. (4) dans les carcinomes à cellules de Merkel en récidive.

S.P. D’Angelo et al. (abstr. 9530) ont rapporté les résultats d’une étude de phase II non randomisée en première ligne ne comprenant que 29 patients, dont 25 patients avec un suivi de plus de 6 semaines…

Les résultats montrent une efficacité : 17 patients présentent une réponse de leur maladie et le taux de réponse objective est de 68 %, avec des réponses prolongées. L’efficacité semble supérieure en première ligne, avec une bonne tolérance. Une ATU est disponible en France avant la probable AMM.

Cancers des glandes salivaires : enfin une molécule efficace ?

Dans les carcinomes adénoïdes kystiques (CAK), la piste “Notch” semble avoir un rôle clé : dans 20 % des CAK, des mutations Notch, à l’origine d’une maladie plus agressive, existeraient... ce qui pourrait permettre une cible thérapeutique ! (Ferrarotto R et al., abstr. 6089.)

C. Even et al. (abstr. 6024) ont rapporté, dans le cadre d’une étude française, le dévelop- pement d’un inhibiteur Notch : la petite molé- cule LY3039478. Cette étude prospective est une expansion de cohorte de phase I, chez 22 patients métastatiques en bon état général (PS = 0-1), dont 64 % étaient Notch+ (en immuno- histochimie). Les résultats montrent un taux de contrôle tumoral de 73 % et une stabilité de plus de 6 mois chez 4 patients, mais avec une toxicité gastro-intestinale importante. Il a été observé un changement de l’expression de Notch dans 5 cas sur 8 en comparant les biopsies pré- et post-traitement.

Thérapies ciblées

Plusieurs études négatives sur les thérapies ciblées

B. Burtness et al. (abstr. 6001) ont étudié le trai- tement adjuvant par afatinib après RCT chez des patients atteints d’un cancer ORL non réséqué ( LUX-Head and Neck 2). L’afatinib est un inhibiteur de la famille des récepteurs ErbB qui a montré une certaine efficacité dans les cancers ORL en récidive et/ou métastatiques (5).

Cette étude de phase III a randomisé 411 patients traités par afatinib versus 206 par placebo. Les résultats de cette étude sont décevants et ne montrent pas d’intérêt de l’afatinib en traitement adjuvant. Par ailleurs, la toxicité était importante.

Sur le plan méthodologique, il faut noter l’absence d’étude pharmacodynamique, ce d’autant que la molécule était donnée per os.

A. Argiris et al. (abstr. 6000) ont rapporté les résul- tats d’une étude de phase III, prospective, rando- misée, ayant un schéma un peu compliqué et dont l’objectif était la survie globale. Cette même équipe avait déjà rapporté l’intérêt du bévacizumab associé au pémétrexed en termes de réponse et de

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survie dans les cancers ORL en rechute locale et/ ou métastatiques (6).

L’étude présentée cette année à Chicago compre- nait des patients en bon état général, en première ligne sans risque hémorragique et ne prenant pas d’anticoagulant.

Les résultats de cette étude associant le bévacizumab à une chimiothérapie comprenant des sels de platine sont négatifs en termes de survie, et les patients des bras bévacizumab avaient un risque plus important de saignement. Notons l’absence de cétuximab dans le bras contrôle.

W. Nassib et al. (abstr. 6017) ont rapporté les résul- tats d’une étude de phase II randomisée comparant sels de platine + docétaxel au bras expérimental comprenant de l’erlotinib avec poursuite de l’erlo- tinib jusqu’à progression. L’objectif était la survie sans progression.

Il existe un rationnel avec l’association cisplatine + docétaxel + erlotinib, qui a montré une augmenta- tion de la survie sans progression dans les cancers ORL en récidive et/ou métastatiques (7).

L’essai est positif en termes de survie médiane sans progression, mais négatif en termes de taux de réponse globale et de survie médiane globale.

Les résultats sont décevants, d’autant plus qu’il aura fallu plus de 5 ans pour inclure au total 120 patients et qu’il n’y a pas de comparaison avec le schéma de référence “Extrême”.

Développement important de nouvelles thérapies ciblées

qui ont fait l’objet d’études de phase I (buparlisib, ficlatuzumab, etc.) qui, selon les auteurs, méritent d’être poursuivies

N. Baste et al. (abstr. 6031), ont étudié l’impact sur la survie des études de phase I. Ces études de phase I sont très importantes car elles permettent de tester les nouvelles molécules, d’étudier la dose, etc., mais elles ne se sont pas intéressées à la survie des patients.

Cette analyse rétrospective compte 47 patients inclus dans différentes études de phase I (immuno- thérapie, inhibiteurs de kinase, etc.). Le principal résultat est le délai de survie sans progression de 9,3 mois, ce qui est supérieur aux données de la littérature d’après les auteurs. Au total, il ne faut pas hésiter à inclure les patients en phase I, ils en tirent un bénéfice !

Des questions restent posées avec les immunothérapies : le coût et les phénomènes de résistance…

K. Carroll et al. (abstr. 6026) ont rapporté les résul- tats d’une étude de coût du nivolumab dans l’étude CheckMate 141, en utilisant certains paramètres de la méthode de QALY. Le QALY est ainsi déterminé à 0,4, ce qui représente un coût de 294 400 USD par année supplémentaire.

D’une façon générale, le coût d’un traitement est considéré comme financièrement acceptable si le ratio est inférieur ou égal à 100 000 USD. Ainsi, pour être financièrement acceptable, le coût du cycle de nivolumab devrait passer de 13 432 USD à 3 931 USD par mois !

Étude de la résistance aux anti-PD-1…

peut-être une opportunité !

Une étude rétrospective de 50 patients atteints d’un cancer ORL en récidive et/ ou métastatique et traités par un inhibiteur de PD-1 (pembrolizumab) avait comme objectif principal de déterminer et de comparer le profil génomique des tumeurs inflamma- toires traitées par inhibiteur de PD-1 (Seiwert T et al., abstr. 6049).

Le taux de réponse aux inhibiteurs de PD-1 dans les cancers ORL en récidive et/ou métastatiques est de 18 % ; le taux de réponse aux inhibiteurs de PD-1 dans les cancers ORL de nature “inflammatoire” (PD-1 + et interféron gamma +) est de 35 à 40 %. Au total, 60 % des tumeurs inflammatoires sont résistantes aux inhibiteurs de PD-1.

En analysant 638 gènes dans l’ARN tumoral, les auteurs ont établi le profil génomique entre 2 groupes de tumeurs inflammatoires : dans le groupe A, l’immunothérapie est efficace (survie globale de plus de 250 jours) et, dans le groupe B, l’immunothérapie n’est pas bénéfique (survie globale inférieure à 250 jours).

Les principaux résultats sont que le gène CSF-2 (GM-CSF) est 4 fois plus exprimé dans les tumeurs inflammatoires en échec d’immunothérapie et que l’expression de marqueurs des précurseurs de la lignée myéloïde ( JAK2/IL-10, CD34) est augmentée dans les tumeurs inflammatoires résistantes aux inhi- biteurs de PD-1. Au total, les cancers ORL de nature inflammatoire présentent une hyperexpression de la lignée myéloïde.

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D’une façon générale, comme nous le savons, les chimiothérapies sont plus toxiques pour les lignées myéloïdes que pour les lignées lymphoïdes. Deux applications peuvent être intéressantes en associant chimiothérapie et immunothérapie : les tumeurs en progression importante et en induction.

Réactualisation de molécules connues telle l’aspirine : une solution beaucoup moins chère

R. Hind et al. (abstr. 6042) ont rapporté les résul- tats d’une étude de cohorte rétrospective de 1995 à 2015 de 584 patients atteints d’un cancer ORL avec 2 groupes de patients (prise ou non d’aspirine).

L’aspirine reste le seul élément significativement pronostique en analyse multivariée. Il s’agit d’un résultat concordant avec d’autres localisations tumorales, tel que le cancer du côlon. Cet effet

serait particulièrement significatif pour les tumeurs porteuses d’une mutation de PI3KCA, gène muté et/ ou amplifié dans plus de 30 % des cancers ORL.

Il est à noter que l’intergroupe ORL a soumis une proposition d’étude prospective évaluant l’effet de l’aspirine dans les cancers ORL avec ou sans ano- malie de PI3KCA.

Conclusion

Cette année, les résultats d’études utilisant différentes thérapies ciblées ont été décevants.

En revanche, la place des immunothérapies en cancéro logie ORL se confirme. L’efficacité du nivo- lumab est validée en deuxième ligne à 18 mois avec des réponses longues chez les patients répondeurs et, en première ligne, chez les patients réfractaires au cisplatine. Cependant, son coût reste élevé et les biomarqueurs ne permettent pas encore de sélec- tionner les patients bons répondeurs. S. Hans déclare ne pas avoir

de liens d’intérêts.

F. Scotté déclare avoir des liens d’intérêts avec Roche, Vifor, MSD, TEVA, Norgine, Prostrakan, LeoPharma, Janssen, Hospira, Boehringer, Sanofi, Amgen, Pierre Fabre Oncologie, Tesaro.

1. Chen L, Hu CS, Chen XZ et al. Concurrent chemoradiothe- rapy plus adjuvant chemotherapy versus concurrent chemo- radiotherapy alone in patients with locoregionally advanced nasopharyngeal carcinoma: a phase 3 multicentre rando- mised controlled trial. Lancet Oncol 2012;13(2):163-71.

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Références bibliographiques

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vous souhaite un bel été d’évasion et de respiration

Belles lectures !

Claudie Damour-Terrasson, directrice des publications

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