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Prise en charge des péricardites aiguës

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Academic year: 2022

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FICHE À DÉTACHER

La Lettre du Cardiologue • N° 505 - mai 2017 | 29

f i c h e t e c h n i q u e

Sous la responsabilité de son auteur

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Quel traitement ?

Une bithérapie prolongée est impérative.

L’association d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) ou d’aspirine pendant 4 à 8 semaines avec de la colchicine pendant 3 mois (tableau II) est systématique. L’ajout de la colchicine permet en effet la division par 2 du risque de persistance des symptômes à la 72e heure (20 % versus 40 %) et du risque de récidive à 18 mois (10 % versus 20 %).

La colchicine est très bien tolérée aux doses utilisées dans la péricardite aiguë, mais c’est un poison du fuseau qui a une

D es travaux récents, en particulier des études randomi- sées, ont transformé notre connaissance des péricar- dites aiguës. Cela a rendu nécessaire l’élaboration de nouvelles recommandations européennes, qui ont été présentées et publiées en août 2015 : très précises et pratiques, elles sont encore peu appliquées. Gardons en mémoire que bien traiter une péricardite aiguë, c’est diviser par 2 (10 % versus 20 %) le risque de récidive dans l’année qui suit.

Qui hospitaliser ?

En l’absence de facteur prédictif d’une étiologie parti­

culière ou d’une évolution défavorable, une hospitalisation est inutile.

On a pu individualiser 4 facteurs prédictifs communs très simples pour ces 2 risques : ils figurent dans le tableau I. Il est recom- mandé d’hospitaliser les patients porteurs d’au moins un de ces facteurs pour surveillance et bilan étiologique. En pratique, ils représentent moins de 20 % des patients souffrant d’une péricardite aiguë typique.

Prise en charge des péricardites aiguës

P. Meurin

Centre de réadaptation cardiaque de la Brie, Villeneuve-Saint-Denis

Tableau I. Facteurs prédictifs d’une évolution défavorable ou d’une étio- logie inhabituelle et justifiant une hospitalisation.

Facteurs de risque majeurs

• Fièvre > 38 °C

• Début subaigu

• Épanchement abondant

• Absence de réponse au traitement anti-inflammatoire après 1 semaine

Facteurs de risque mineurs

• Atteinte myocardique

• Immunodépression

• Traumatisme thoracique

• Traitement anticoagulant

Tableau II. Traitement de première intention d’une péricardite aiguë : association anti-inflammatoires non stéroïdiens + colchicine systématique.

Traitement Dose quotidienne Durée Modalités d’arrêt

AINS : Aspirine Ou Ibuprofène

750 à 1 000 mg × 3

600 mg × 3

1 à 2 semaines à pleine dose

(dose un peu plus faible chez le coronarien : 1 à 2 g/j)

1 à 2 semaines à pleine dose

Progressif en 1,5 à 2 mois

Progressif en 1,5 à 2 mois Colchicine 0,5 mg × 1/j (< 70 kg)

ou × 2/j (≥ 70 kg)

3 mois 0,5 mg 1 jour/2 la dernière semaine

Arrêt de l’exercice

physique Jusqu’à disparition des symptômes, normalisation ECG, écho et CRP.

Au moins 3 mois chez l’athlète.

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30 | La Lettre du Cardiologue • N° 505 - mai 2017

fiche technique n° 36 FICHE À DÉTACHER

Quelle recherche étiologique ? Quel  bilan ?

Le bilan initial comporte systématiquement (recommandation de grade I) ECG, échocardiographie, radiographie de thorax, dosage de la troponine (infarctus ? myopéricardite ?) et de la CRP (figure).

Une NFS-plaquettes et une créatininémie sont aussi souhaitables.

Dans les pays développés, on estime que les 3 grandes étiologies dont le diagnostic est utile (car modifiant la prise en charge) sont la tuberculose, le cancer et les maladies auto-immunes. Chacune d’entre elles représente environ 5 % des péricardites et a une présentation clinique différente de celle de la péricardite banale : par exemple, existence d’un épanchement d’abondance moyenne à importante et efficacité incomplète de la bithérapie par AINS + colchicine pour les cancers et la tuberculose, pathologie le plus souvent déjà connue pour les maladies auto-immunes, etc.

En France, dans la grande majorité des cas, en l’absence des facteurs péjoratifs détaillés dans le tableau I, p. 29, une recherche étiologique est donc inutile dans un premier temps, à l’exception, peut-être, d’une sérologie VIH et de l’hépatite C.

En revanche, il est utile de revoir le patient au septième jour, puis à 1,3 et 6 mois pour vérifier l’absence de symptômes ainsi que la normalité de la CRP et de l’échographie, et pour organiser le sevrage en AINS et colchicine. Toute anomalie détectée dans ce cadre pourra justifier un bilan étiologique plus complet.

• Adler Y, Charron P, Imazio M et al. 2015 ESC Guidelines for the diagnosis and management of pericardial diseases: TheTask Force for the Diagnosis and Management of Pericardial Diseases of the European Society of Cardiology (ESC) Endorsed by: The European Association for Cardio-Thoracic Surgery (EACTS). Eur Heart J 2015;36:2921-64.

Pour en savoir plus…

P. Meurin déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

toxicité multiviscérale. La diarrhée n’est pas un effet indési- rable inéluctable, mais c’est le premier signe de surdosage devant conduire à diminuer les doses.

Il faut éviter de l’associer aux inhibiteurs du cytochrome P450-3A4 (macrolides, antifongiques imidazolés, isoniazide, vérapamil, certains anti-VIH, etc.) ainsi qu’à la ciclosporine, et ne pas en donner aux patients souffrant d’une insuf- fisance rénale ou hépatique grave.

Les corticoïdes sont strictements interdits en première intention, car ils sont le premier facteur de risque de récidive.

En cas d’échec du traitement par AINS + colchicine, les corti- coïdes doivent être utilisés (en association avec la bithérapie précitée) à une dose initiale de 0,2 à 0,5 mg/kg/j.

La réduction des doses sera très lente, guidée par la clinique et la CRP (plusieurs semestres en pratique, puisque, en fin de processus, on baisse les doses de 1mg/j chaque mois), pour éviter la corticodépendance et l’insuffisance surrénale.

Exceptionnellement, en cas de péricardite “incessante” ou résistante à un traitement bien conduit, des équipes spécia- lisées pourront proposer un traitement immunosuppresseur (azathioprine, anakinra, immunoglobulines), et même une péricardectomie.

Stade 1 Stade 2 Stade 3 Stade 4

Figure. Évolution des aspects ECG lors d’une péricardite aiguë. Stade 1 : sous-décalage de PQ et sus-décalage de ST concave vers le haut ; stade 2 : pseudo- normalisation avec persistance du sous-décalage de PQ ; stade 3 : onde T négative ; stade 4 : normalisation.

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