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Une cause rare de ronchopathie : le lipome du palais

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Academic year: 2022

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20 | La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale • N° 351 - octobre-novembre-décembre 2017

CAS CLINIQUE

Mots-clés

Palais – Lipome – Ronchopathie – Scanner – IRM

Keywords

Palate – Lipoma – Ronchopathy – CT-scan – MRI

Une cause rare de ronchopathie : le lipome du palais

A rare case of ronchopathy: palatal lipoma

S. Rokhssi*, R. Bencheikh*, N. Belhaj*, L. Essakalli*

* Service ORL, hôpital des Spécialités, CHU Ibn Sina, Rabat, Maroc.

L

es lipomes sont des tumeurs bénignes

qui prennent leur origine au niveau des cellules adipocytaires matures (1). Ils sont rares au niveau du palais. Lorsqu’ils sont volumineux, ils peuvent engendrer un handicap fonctionnel et esthétique. Nous rapportons un cas de lipome du palais révélé par une ronchopathie chronique.

O b s e r v a t i o n

Un patient âgé de 62 ans a, depuis 2 ans, une masse palatine gauche indolore ayant augmenté lentement de volume, sans dysphagie ni dyspnée. Cependant, il commence à avoir un trouble de l’élocution, une gêne au cours de la mastication et de la déglutition, ainsi qu’un ronflement nocturne. L’examen endobuccal retrouve une masse au niveau de la moitié posté- rieure gauche du palais dur, qui s’étend au voile du palais et à la région amygdalienne homolatérale (figure 1). Cette masse de 5 cm de diamètre est élastique et indolore à la palpation, bien limitée, sessile, irrégulière et adhérente au plan profond.

Elle est recouverte d’une muqueuse saine. Il n’y a pas d’adéno- pathie cervicale. La tomodensitométrie montre un processus lésionnel tissulaire à cheval sur le palais dur, le voile du palais et la région tonsillaire gauche. La lésion, hypodense, bien limitée et hétérogène, renferme des zones de densité graisseuse sans lyse osseuse en regard (figure 2). Cette masse a pu être retirée en monobloc par voie transorale (figure 3). L’histologie de la pièce opératoire montre une tumeur composée d’adipocytes matures disposés en lobules, sans signe de malignité. Sur les critères cliniques et histologiques, le diagnostic de lipome du palais a été posé. Les suites opératoires ont été simples, avec disparition des symptômes. Le patient ne présente pas de récidive, avec un recul de 3 ans.

D i s c u s s i o n

Le lipome est une tumeur bénigne mésenchymateuse, ubiquitaire, composée de cellules adipeuses matures (1), habituellement entourée d’une fine capsule fibreuse. Cette tumeur peut s’observer dans n’im- porte quelle région du corps. Environ 20 % des cas surviennent dans la région de la tête et du cou, et seulement 1 à 4 % siègent dans la cavité buccale (2). La localisation la plus fréquente du lipome oral est la muqueuse vestibulaire, riche en tissu adipeux, suivie de la langue, des lèvres et du plancher buccal (3). Le lipome du palais est rare, ce qui tient à la pauvreté du tissu adipeux de cette zone.

Il atteint le plus fréquemment le sujet âgé (4) de sexe masculin (5).

Sa pathogénie reste inconnue. Plusieurs théories ont été avancées, telles que la présence d’un facteur génétique, hormonal, traumatique, infectieux ou ischémique, une métaplasie des cellules musculaires ou une dégénérescence graisseuse (5).

Les signes cliniques du lipome du palais, généralement asymptoma- tique, dépendent de la taille et du siège de la tumeur. Il s’agit le plus souvent d’une masse indolore, lisse, ferme ou molle selon la quantité du tissu fibreux qu’elle contient et le degré de contraction du muscle sous-jacent (3). Elle peut être jaune ou rose, similaire à la muqueuse adjacente (6). L’atteinte vélaire est caractérisée par la gravité des symp- tômes que le lipome peut entraîner, pouvant parfois engager le pronostic vital, et cela malgré la bénignité de la tumeur. En effet, l’obstruction des voies aérodigestives supérieures qu’il entraîne fait toute la gravité de cette pathologie bénigne. Ainsi, les ronflements et les épisodes d’apnée du sommeil sont les signes majeurs et les principaux motifs de consul- tation (7). En raison de sa croissance lente, la tumeur peut atteindre une taille importante avant de causer des troubles respiratoires (8). Cela explique un délai de consultation assez long, de 2 ans chez notre patient qui présentait une masse au niveau du palais dur et mou étendue à la région amygdalienne dont la symptomatologie était marquée par des ronflements nocturnes associés à une gêne à l’élocution et à la déglutition.

L’imagerie constitue une étape importante du diagnostic. À la tomodensito- métrie, le lipome se présente comme une masse homogène hypodense bien limitée. En revanche, l’imagerie par résonance magnétique nucléaire montre une tumeur hyperintense en séquence T1. Il n’y a pas de rehaus-

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La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale • N° 351 - octobre-novembre-décembre 2017 | 21

CAS CLINIQUE

▼ Figure 2. Image tomodensitométrique en coupe axiale, montrant un processus du palais dur et mou, hétérogène, bien limité, bombé au niveau de l’oropharynx.

▲ Figure 1. Masse palatine.

▼ Figure 3. Pièce opératoire.

sement discernable du lipome après injection intraveineuse d’iode ou de gadolinium. En outre, la masse apparaît habituellement limitée par une capsule fibreuse hypo-intense ou hypodense (7).

L’imagerie permet, avant l’opération, de préciser l’extension aux structures sous-jacentes et à la paroi latéropharyngée (3).

Sur le plan histologique, le lipome simple est le type le plus fréquent. D’autres types sont rarement observés, comme le fibrolipome, l’angiolipome, le sialolipome et le lipome intramusculaire, pléomorphe, myxoïde ou atypique (9). Bien que rare, la transformation maligne en liposarcome peut s’ob- server dans la forme intramusculaire (5).

Le diagnostic différentiel des lipomes se fait surtout avec le liposarcome. Le recours à l’immunohistochimie est impératif, car faire la distinction entre les 2 peut être difficile (3). La discussion diagnostique concerne aussi les tumeurs et pseudo- tumeurs glandulaires, vasculaires et nerveuses.

La prise en charge thérapeutique de la tumeur consiste en une exérèse chirurgicale qui se doit d’être complète (2), sans compromettre la fonction vélaire. Elle est possible par voie trans orale (7). Les suites opératoires sont généralement simples et l’amélioration clinique suit immédiatement l’exérèse de la tumeur. La surveillance du malade doit être prolongée car une récidive est possible. Il arrive que cette dernière sur- vienne dans le lipome intramusculaire, connu par son caractère infiltrant (9).

C o n c l u s i o n

Le lipome du palais est une entité très rare. Notre cas est parti- culier par la rareté de son site et de sa présentation clinique, dominée par les ronflements nocturnes. Le clinicien doit être capable d’identifier et de traiter ces lipomes pour assurer un confort et une meilleure qualité de vie au patient. ■

1. Adoga AA, Nimkur TL, Manasseh AN, Echejoh GO. Buccal soft tissue lipoma in an adult Nigerian: a case report and literature review. J Med Case Rep 2008;2:382.

2. Dhas PP, Ambika R, Arumugam A, Somasundaram J. Lipoma in Hard Palate-A Case Report. Int J Otorhinolaryngol Head Neck Surg 2015;4:133-6.

3. Bakshi SS, Priya M, Coumare VN, Vijayasundaram S, Karanam L. A common tumor in an uncommon location: Lipoma of the palate. Ann Maxillofac Surg 2015;5:237-9.

4. Shweta R, Kundendu AB. Intraoral Fibrolipoma - a Case Report with Review Of literature. Indian J Dent Adv 2010;2(2):215-6.

5. Tettamanti L, Azzi L, Croveri F et al. Oral lipoma: Many features of a rare oral benign neoplasm. Head Neck Oncol 2014;3:21.

6. Adebiyi KE, Ugboko VI, Maaji SM, Ndubuizu G. Osteolipoma of the palate:

report of a case and review of the literature. Niger J Clin Pract 2011;14:242-4.

7. Sy A, Nao EEM, Ndiaye M, Taddio JM, Pegbessou EP, Ndiaye C. Lipome du voile du palais : une entité anatomoclinique rare. Annales françaises d’oto-rhino- laryngologie et de pathologie cervico-faciale 2010;127:191-3.

8. Piccin O, Sorrenti G. Adult obstructive sleep apnea related to nasopharyngeal obstruction: a case of retropharyngeal lipoma and pathogenetic considerations.

Sleep Breath 2007;11(4):305-7.

9. Sreenivasulu P, Kumar MN, Ramadevi, Kumar BP. Palatal Lipoma: A Case Report. J Clin Diagn Res 2013;7(12):3105-6.

Références bibliographiques

S. Rokhssi déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

Les coauteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.

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