Le Courrier des addictions (18) – n° 1 – janvier-février-mars 2016
35 Guide “Addictions & lutte
contre les exclusions : travailler ensemble”
Fédération Addiction (FA), Fédération nationale des asso- ciations d’accueil et de réinser- tion sociale (FNARS)
En version papier, 5 € + frais de port
1, téléchargeable sur www.federatio- naddiction.fr, décembre 2015
Ce guide résulte d’une démarche partenariale initiée en 2011 entre les 2 fédérations qui accom- pagnent un public rencontrant le plus souvent des problèmes communs de logement, d’addic- tions et d’exclusions sociales. Il a été élaboré à partir des pratiques de terrain de ces 2 fédérations. Cinq régions pilotes ont été choisies, en effet, afin de constituer le socle du projet : la Bourgogne, le Midi-Pyré- nées, l’Île-de-France, le Nord-Pas- de-Calais et les Pays de la Loire.
Dans une première partie, le guide présente des “points de repère” sur les champs de l’addictologie et de la lutte contre les exclusions : histo- rique de la structuration du secteur de la lutte contre les exclusions et du secteur médicosocial en addic- tologie, définitions communes et spécifiques à chaque secteur, rappel de la réglementation, pistes de recommandations communes pour favoriser le “travailler ensemble”.
La seconde partie présente des
“illustrations” d’expériences de partenariats autour de 5 théma- tiques : “aller vers” les personnes et les institutions ; le travail parte- narial et l’articulation entre profes- sionnels (le partage d’informations, la place du SIAO [Service inté- grés d’accueil et d’orientation]) ; la réduction des risques dans le dispositif d’hébergement ; addic- tions, accompagnement et inser-
tion par l’activité économique ; 2 programmes pour une approche intégrée : le programme TAPAJ (Travail alternatif payé à la journée) et “Un chez-soi d’abord”.
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Pour en savoir plus : Marine Gaubert, m.gaubert@federationaddiction.fr Preventing opioid overdose deaths with take-home naloxone
− Rapport de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) n° 20 John Strang, Rebecca McDonald, www.emcdda.europa.eu/publica- tions/insights, janvier 2016 Ce rapport expose les nouvelles perspectives de l’OEDT (Lisbonne) sur la naloxone, capable de neutra- liser la dépression respiratoire provoquée par un surdosage en opiacés, utilisée en médecine d’urgence depuis les années 1970.
Présentée en général sous une forme injectable, elle est réperto- riée comme un “médicament essen- tiel” par l’Organisation mondiale de la santé, qui a publié en 2014 des directives en faveur de sa distribu- tion dans la communauté.
Rappelons que, chaque année, en Europe, 6 000 à 8 000 personnes meurent d’un surdosage aux opiacés, essentiellement l’hé- roïne. Or, les études montrent que la plupart de ces surdosages surviennent en présence d’autres personnes qui, si elles avaient été capables d’agir de façon appro- priée, avec de “bons outils”, faciles à utiliser, auraient pu sauver des vies en attendant que les services d’urgence arrivent sur les lieux.
D’où l’idée, depuis les années 1990, de réduire les risques en
diffusant ce médicament anti- dote et en le mettant à la dispo- sition des utilisateurs d’opiacés et des personnes susceptibles d’être témoins d’un surdosage en opiacés, sous la forme de kits de naloxone à emporter chez soi. Actuellement, en Europe, ces kits sont disponibles dans certaines municipalités d’Alle- magne, du Danemark, d’Estonie, d’Irlande, d’Italie, d’Angleterre, de Norvège et dans les régions de Catalogne, d’Écosse et du pays de Galles. De nombreux autres pays de l’Union européenne, dont la France, étudient également cette possibilité.
Ce rapport présente donc aux praticiens et aux décideurs une vision complète et actualisée des données probantes sur ces kits. Il en retrace les développe- ments historiques, présente des exemples de bonnes pratiques et de formation et rend compte des débats sur leur disponibilité et les cadres juridiques qui les concernent.
En effet, dans la plupart des juri- dictions, notent les rapporteurs, la naloxone n’est disponible que sur prescription, et son utilisation est limitée au personnel médical ou aux patients auxquels elle a été prescrite. Il faudrait donc procéder à des ajustements des règlementations actuelles pour qu’elle puisse être disponible comme outil de réduction des risques à domicile. Par ailleurs, très souvent, les cas de surdosages entraînent une communication à la police, ce qui peut décourager les témoins d’un accident de sur- dosage de contacter un service d’urgence. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle des régions de pays comme l’Écosse, certains états des États-Unis et des pays comme le Luxembourg ont introduit une législation dite du
“bon samaritain”, qui dégage les intervenants non professionnels de toute responsabilité lorsqu’ils proposent leur assistance.
Les options pour l’avenir sont portées par l’autorisation de mise sur le marché, donnée en novembre 2015 par la Food and Drug Admi- nistration américaine, d’une prépa- ration concentrée de naloxone par voie nasale, bien plus facile à admi- nistrer (cf. éditorial p. 3)
Vie et mort du buveur
Hans Fallada, raconté et dessiné par Jakob Hinrichs, traduit de l’allemand par Laurence Courtois Éditions Denoël, Collection Denoël graphique, 176 pages, 23,90 €, novembre 2015
Dans cette superbe reconstruction graphique de l’histoire de Hans Fallada, tirée de son roman le plus autobiographique, Le Buveur, Jakob Hinrichs raconte, en images, façon underground des années 1970, les errances et la descente aux enfers de son alias, négociant en graines, Erwin Sommer. Portrait d’un grand homme de la littérature, et d’un alcoolique comme figure extrême de la modernité, dévoré par l’amour de l’art et l’addiction, éloge de l’ivresse et du drop out dans une Allemagne aux éructa- tions de III
eReich…
Hans Fallada avait écrit Le Buveur quelques mois seulement avant de mourir, en 1947, d’une crise cardiaque dans une clinique carcérale où il était interné pour désintoxication. C’est donc à titre posthume qu’il avait été publié.
Jakob Hinrichs a adapté sur le plan graphique Traumnovelle d’Arthur Schnitzler, dont Stanley Kubrick s’est inspiré pour son film Eyes Wide Shut. Basé à Berlin, il partage son studio avec l’artiste et illustratrice Katia Fouquet.
Ses dessins sont publiés dans de nombreux magazines internatio- naux, tels le New York Times, le Business Week et le Guardian.
Patricia Depostis
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