J OURNAL DE LA SOCIÉTÉ STATISTIQUE DE P ARIS
G. C ADOUX
Mouvement des opérations d’une caisse d’épargne du 30 juin 1835 au 1er janvier 1905
Journal de la société statistique de Paris, tome 47 (1906), p. 177-180
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IV*
MOUVEMENT DES OPÉRATIONS D'UNE CAISSE D'ÉPARGNE DU 30 JUIN 1835 AU 1" JANVIER 1905
} On a polémiqué sur l'accroissement ou la diminution de la richesse en France, et certains hommes, par hostilité contre le régime républicain, après avoir mené une campagne contre les caisses d'épargne, ont pris texte des retraits de fonds ainsi provoqués pour affirmer que la richesse du pays était eh décadence et compromise, que la République ruinait la France.
Il était trop facile de répondre par des faits ; de plus autorisés que moi n'y ont pas manqué et ici nous nous souvenons tous des travaux de M. A. Neymarck. Il m'a paru qu'à côté des statistiques générales résumant l'accroissement de cette partie de la richesse nationale qu'est l'épargne, à ses débuts, c'est-à-dire la situation des caisses d'épargne, ou s'élevant jusqu'à mesurer le développement de la richesse mobilière ou immobilière représentée par des titres authentiques ou des actions et obligations, il ne serait pas sans intérêt de montrer, dans un milieu circonscrit et resté sans changement sensible, depuis l'établissement de la caisse d'épargne locale, la marche ascendante des capitaux épargnés par les hommes vivant dans ce milieu.
Après avoir cherché autour de nous, j'ai arrêté mon choix sur la caisse d'épargne d'Auxerre pour deux motifs. Le premier, c'est que ni cette ville ni même l'arrondis- sement dont elle fait partie n'ont pour ainsi dire varié comme population ni comme industrie ou commerce depuis un demi-siècle. La population a même diminué assez sensiblement : 121 500 habitants en 1853 et 103700 habitants en 1903.
Le second motif de mon choix tenait à ce que je connaissais bien ce coin de pro- vince dont ma famille est originaire et que je savais pouvoir compter sur l'exacti- tude des chiffres qui me seraient fournis
Voici ces constatations, qui portent sur soixante-dix ans, du 30 juin 1835 au 1er janvier 1905 (voir tableau, page 178).
Il ressort de l'examen sommaire de ce lableau la constatation extrêmement frap- pante que, dans cet arrondissement d'Auxerre où, je le répète, la population a diminué assez sensiblement, du fait de l'émigration à Paris surtout, l'épargne pri- maire qui :
En 1853, pour 121 539 habitants, s'élevait à 539 184f39 n'a\ait encore atteint, en 1871, que 2 168 530 13
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— 180 — Kn partant à nouveau de 1873, on voit que :
En 1873, pour 118 764 habitants, l'épargne est de . . . . 2 176 435f34 En 1878, — 114 690 — — — . . . . 4 993 919 45 En 1883, — 114978 — — — . . . . 12600254 24 En 1888, — 115 171 — — — . . . . 1G 302 372 16
C'est-à-dire que la puissance d'économie de cette population, de 1853 à 1871, s'est accrue de 302 °/0, tandis que, de 1873 à 1888 elle s'est accrue de près de 650 °/0. Ce mouvement n'a cessé de se développer ; le point culminant a été 1897 ; dès 1898, l'effet des campagnes plus ou moins visibles dirigées contre les caisses d'é- pargne, joint à un ralentissement des affaires, est marqué par un mouvement rétrograde qui semble terminé, pour la caisse d'épargne d'Auxerre comme pour l'ensemble des caisses d'épargne, depuis l'année actuelle seulement.
Sans aller jusqu'à poser en principe que l'on peut, à l'aide du mouvement des caisses d'épargne, mesurer le développement de la richesse, je crois que, dans l'espèce choisie, on peut considérer cet indice comme l'un des plus sûrs de l'ac- croissement de la richesse dans cet arrondissement d'Auxerre, à cause de son peu de changement.
[1 démontre, en tous cas, que loin de s'appauvrir, comme certains publicistes n'ont pas craint de l'affirmer, la masse du pays et plus particulièrement les petites gens (qui forment, avec les enfants mineurs, 73 °/0 des titulaires de livrets) a pu, depuis 1873, mettre de côté une épargne de 348 °/0 plus considérable qu'au cours de la période de 1853 à 1871.
G. CADOUX.