J OURNAL DE LA SOCIÉTÉ STATISTIQUE DE P ARIS
M ORON
Rapport au ministre du commerce, de l’industrie, des postes et des télégraphes
Journal de la société statistique de Paris, tome 36 (1895), p. 103-112
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RAPPORT AU MINISTRE DU COMMERCE, DE L'INDUSTRIE, DES POSTES ET DES TÉLÉGRAPHES (1).
Monsieur le Ministre,
J'ai l'honneur de vous présenter les principaux résultats statistiques du mouvement de la population de la France pendant Tannée 1893.
Il a été enregistré pendant cette année : 287294 mariages;
(1) Journal officiel du 19 janvier 189ô.
- 104 — 6184 divorces;
874672 naissances;
867 526 décès.
Comme je l'avais fait pressentir dans mon dernier rapport à votre honorable prédéces- seur, malgré les résultats foncièrement défavorables relevés par le service de la statis- tique générale de la France pour J'année 1892, la situation se présente aujourd'hui sous un jour meilleur.
L'on a compté, en effet, en 1893, 18825 naissances de plus et 83'»2 décès de moins qu'en 1892, ce qui a amené, à la place d'un déficit de 20041 habitants, sur l'ensemble de la France, un léger excédent de 7146 naissances.
Si les mariages ont fléchi de 3025 unités, ils se sont maintenus à un taux très sensi- blement supérieur à la moyenne de 280000, constatée pendant la période décennale 1881-1890.
D'ailleurs, la progression des mariages depuis 1890, année pendant laquelle ils s'étaient abaissés à 269332, a été la suivante :
Anneos. Mariages. Années. Mariages.
1890. . . . 269332 1892. . . . 290319 1891. . . . 285458 1893. . . . 287 294
L'accroissement du nombre des mariages, depuis que les générations denses qui ont suivi immédiatement l'année 1870-1871 sont arrivées à l'âge nubile, permettait d'espérer une reprise dans la natalité française, languissante depuis vingt années, par suite de l'ab- sence des jeunes gens perdus pendant la guerre. C'est ainsi que l'année 1893 a commencé à donner un excédent de naissances après trois années de déficit.
Ces considérations générales sur l'ensemble du mouvement de la population étant for- mulées, je \ais présenter ci-après un exposé succinct du mouvement des mariages, des divorces, des naissances et des décès pendant l'année 1893.
Mariages. — 11 a été célébré, en 1893, comme il vient d'être dit, 287294 mariages, soit3025 de moins qu'en 1892; dans 28 départements, néanmoins, le nombre des ma- riages a augmenté.
Ce nombre de mariages correspond à un taux satisfaisant de 7,56 pour 1000 habitants.
Comme toujours, les" départements montagneux, ceux qui fournissent le plus d'adultes à l'émigration, restent ceux dans lesquels le taux de nuptialité est le plus faible : Basses- Pyrénées, 5,6 pour 1000 habitants; Hautes-Pyrénées, 6 p. 1000; Corse, 6,3 p. 1000;
Savoie, 6,3 p. 1000; Haute-Savoie, 6,5 pour 1000 habitants. Au contraire, les mariages ont été de moitié plus fréquents, soit de 8 à 9 p. 1000, dans le centre de la France : Allier, Creuse, Dordogne, Loire, Haute-Vienne, et dans les départements qui renferment de grandes villes : Nord, Seine-Inférieure, Seine.
Voici, d'ailleurs, le classement des départements, d'après leur nuptialité, en 1893 :
MARIAGES POUR 1000 HABITANTS.
5.5 à 6. — Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées.
6 à 6,3. — Corse, Savoie.
6,3 à 6,6. — Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Côte-d'Or, Lot, Haute-Marne, Meuse, Haute-Saône, Haute-Savoie.
6.6 à 7. — Basses-Alpes, Ariège, Aude, Doubs, Haute-Garonne, Gers, Jura, Loiret, Manche, Orne, Tarn-et-Garonne, Yonne.
7 à 7,3. — Ain, Ardennes, Aube, Calvados, Charente-Inférieure, Cher, Indre, Indre-et- Loire, Isère, Loir-et-Cher, Lozère, Mayenne, Pyrénées-Orientales, Deux-Sèvres, Tarn, Var, Vendée.
7,3 à 7,6 — Aisne, Ardèche, Aveyron, Cantal, Charente, Drôme, Eure, Eure-et-Loir, Gard, Landes, Haute-Loire, Loire-Inférieure, Lot-et-Garonne, Marne, Meurthe-et-Moselle, Morbihan, Nièvre, Puy-de-Dôme, Belfort, Rhône, Sarthe, Seine-et-.Marne, Somme, Vienne, Vobges. (Moyenne générale pour lu France entière,)
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7,6 à 8. — Bouches-du-Rhôue, Gorrèze, Finistère, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Oise, Pas-de-Calais, Saône-et-Loire, Seine-et-Oise.
8 à 8,5. — Allier, Côtes-du-Nord, Creuse, Dordogne. Loire, Nord, Seine-Inférieure, Vaucluse, Haute-Vienne.
9,3. — Seine.
Divorces. — Les divorces, qui avaient été, en 1892, au nombre de 5772, ont pro- gressé de 412 unités, et ont atteint le chiffre de 6184. C'est surtout à Paris et dans les départements du nord de la France que la fréquence des divorces a augmenté : Seine-et- Oise, Aisne, Pas-de-Calais, Nord. La proportion actuelle des divorces est de 81 pour 100000 ménages pour l'ensemble de la France. Cette moyenne, fortement influencée par celle qui a été relevée pour le département de la Seine (1673 divorces en 181)3, soit 272 par 100000 ménages), s'abaisse à 6 dans les Hautes-Alpes, à 10 dans la Creuse, à 7 dans le Lot et à 5 dans la Haute-Savoie. Aucun divorce n'a été enregistré dans le dépar- tement de la Lozère. Comme les années précédentes, c'est, Lyon et Marseille mis à part, dans les départements situés dans le bassin de la Seine que l'on a compté le plus de di- vorces : 110 à 171 divorces par 100000 ménages.
Voici, d'ailleurs, la liste des départements classés d'après le taux de fréquence des divorces, en 1893 :
PROPORTION DES DIVORCES POUR 100000 MÉNAGES.
0 à 10 divorces par 100000 ménages. — Hautes-Alpes, Creuse, Lot, Lozère, Haute- Savoie.
10 à 20. — Ariège, Aveyron, Corrèze, Côtes-du-Nord, Landes, Savoie, Vendée, Vienne.
20 à 30. — Cantal, Dordogne, Finistère, Indre, Loir-et-Cher, Haute-Loire, Morbihan, Basses-Pyrénées, Deuv-Sèvres, Tarn.
30 à 40. — Allier, Cher, Gers, Loire-Inférieure, Manche, Mayenne, Hautes-Pyrénées, Tarn-et-Garonne.
40 à 50. — Basses-Alpes, Ardèche, Aude, Charente, Corse, Nièvre, Saône-et-Loire, Haute-Vienne.
50 à 60. — Charente-Inférieure, Côte-d'Or, Gard, Jura, Lot-et-Garonne, Maine-et- Loire, Haute-Marne, Orne, Puy-de-Dôme, Pyrénées-Orientales, Yonne.
60 à 70. — Doubs, Haute-Garonne, Hérault, Indre-et-Loire, Isère, Loiret et Haute- Saône.
70 à 80. — Ain, Drôme, Eure-et-Loir, Meurlhe-et-Moselle, Meuse, Nord, Vosges.
80 à 90. — Loire, Pas-de-Calais, Sarthe. (Moyenne générale pour la France entière.) 90 à 100. — Alpes-Maritimes, Ardennes, Calvados, Seine-et-Marne, Var, Vaucluse.
100 à 110. — Gironde, Belfort.
110 à 120. — Aube, Bouches-du-Rhône, Seine-Inférieure, Somme.
120 à 140. — Eure, Marne, Oise, Rhône, Seine-el-Oisé.
171. — Aisne.
272. — Seine.
Naissances. — Le chiffre des naissances, qui se relevait déjà depuis 1890, a augmenté de 18825 unités et s'est élevé à 874672, dont 446957 pour le sexe masculin et 427715 pour le sexe féminin.
On peut dire que l'augmentation a été générale, car elle a porté sur 71 départements, parmi lesquels on distingue comme comptant les plus fortes augmentations : à l'ouesi, les Côtes-du-Nord, le Morbihan, le Finistère, et d'une manière générale, toute la Bre tagne et les départements voisins (accroissement de 600 à 700 naissances); au nord, les déparlements du Nord et du Pas-de-Calais, qui ont présenté à eux deux un accroissement de 4000 naissances.
11 a été relevé des diminutions, faibles il est vrai, dans 16 départements, situés à Test, au sud-est et au midi. Cependant, alors que chacun d'eux accuse une diminution de quel- ques unités, ceux du Doubs et de l'Isère présentent des déficits respectifs de 171 et de 184 naissances.
La natalité générale a été de 22,9 par 1 000 habitants, variant de 11,9 p. 1 000 dans le
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Gers à 33,5 dans le Finistère. Voici le classement des départements d'après leur taux de natalité :
14,9. — Gers.
15 à 16. — Lot-et-Garonne.
16 à 17 — Lot, Tarn-et-Garonne, Yonne.
17 à 18. — Charente-Inférieure, Côle-d'Or, Haute-Garonne, Orne, Hautes-Pyrénées.
18 à 19. — Ariège, Charente, Gironde, Indre-et-Loire, Maine-et-Loire, Haute-Marne, Puy-de-Dôme.
19 à 20. — Ain, Aube, Eure, Nièvre,Rhône, Sarthe, Vaucluse.
20 à 21. — Allier, Ardennes, Aude, Calvados, Cher, Dordogne, Drôme, Isère, Jura, Meuse, Seine-et-Marne, Deux-Sèvres, Tarn, Var, Vienne.
21 à 22. — Creuse, Eure-et-Loir, Indre, Landes, Loir-et-Cher, Loiret, Mayenne, Haute- Saône.
22 à 23. — Aisne, Cantal, Hérault, Loire-Inférieure, Manche, Meurthe-et-Moselle, Oise, Basses-Pyrénées, Saône-et-Loire, Seine-et-Oise, Somme. {Moyenne générale pour toute la France.)
23 à 24. — Basses-Alpes, Alpes-Maritimes, Aveyron, Doubs, Gard, Marne, Savoie, Haute-Savoie, Vendée.
24 à 25. — Corrèze, Loire, Pyrénées-Orientales, Seine, Vosges.
25 à 26. — Hautes-Alpes, Ille-et-Vilaine, Haute-Loire.
26 à 27 — Ardèche, Bouches-du-Rhône, Belfort, Haute-Vienne.
27 à 28. — Lozère.
28 à 29. — Côtes-du-Nord, Seine-Inférieure.
29 à 30 — Corse.
30 à 31. — Morbihan, Nord.
31 à 32. — Pas-de-Calais.
33,5. — Finistère.
Comme les années précédentes, la plus faible natalité se rencontre au centre du bassin de la Garonne, en Bourgogne, dans le Maine et l'Anjou.
Les départements de la Bretagne, le Nord et le Pas-de-Calais, la Corse, la Seine-Infé- rieure, la Lozère, conservent, à peu de chose près, leurs rangs et se distinguent par une forte natalité, dépassant 30 p. 1000 dans le Pas-de-Calais, le Nord, le Morbihan et le Finistère.
Il faut reconnaître que les départements du Nord, du Pas-de-Calais et de la Seine-Infé- rieure ne doivent le taux élevé de leur natalité générale qu'à l'appoint des naissances naturelles, lesquelles sont relevées annuellement en très grand nombre depuis la ceinture méridionale du bassin de la Seine jusqu'à la frontière de Belgique.
Naissances naturelles. — Le nombre des naissances naturelles s'est élevé, en 1893, au chiffre de 76562, le plus fort qui ait été relevé en France jusqu'à ce jour : il accuse une proportion de 8,8 pour 100 naissances.
Le développement des grandes villes et la dépopulation graduelle des campagnes dans certaines régions contribuent à «expliquer cet accroissement.
Ce phénomène expliquerait ainsi les variations que l'on constate de département à dépar- tement, dans le taux de la natalité illégitime. Voici à cet égard comment se classent les départements :
PROPORTION DES NAISSANCES NATURELLES POUR 100 NAISSANCES.
2 à 3. — Basses-Alpes, Ardèche, Finistère, Gard, Lot, Tarn.
3 à 4. — Hautes-Alpes, Aveyron, Dordogne, Haute-Loire, Lot-et-Garonne, Puy-de- Dôme, Tarn-et-Garonne, Vendée.
4 à 5. — Ariège, Aude, Charente, Charente-Inférieure, Corrèze, Côtes-du-Nord, Drôme, Lozère, Mayenne, Morbihan, Nièvre, Pyrénées-Orientales, Deux-Sèvres, Vaucluse, Vienne.
5 à 6. — Gers, Hérault, Ille-et-Vilaine, Isère, Jura, Loire, Loire-Inférieure, Maine-et- Loire, Haute-Marne, Orne, Saône-et-Loire, Savoie, Haute-Savoie, Haute-Vienne, Yonne.
6 à 7. — Ain, Allier, Cantal, Creuse, Indre, Indre-et-Loire, Landes, Meuse, Basses- Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Seine-et-Marne, Var.
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7 à 8 . — Cher, Corse, Eure-et-Loir, Haute-Garonne, Loir-et-Cher, Manche, Haute- Saône, Sarthe, Seine-et-Oise.
8 à 9 . — Ardennes, Côte-d'Or, Doubs, Loiret, Meurthe-et-Moselle. (Moyenne pour la France entière.)
9 à 1 0 . — Alpes-Maritimes, Aube, Vosges.
1 0 à 1 1 . — Eure, Marne, Oise, Pas-de-Calais, Belfort.
11 à 1 2 . — A i s n e , Bouches-du-Rhône, Gironde.
12 à 1 3 . — Calvados, Nord, Seine-Inférieure.
1 3 à 1 4 . — Rhône.
14 à 15. — Somme.
24,3. — Seine.
D'une manière générale et abstraction faite des départements qui renferment Lyon, Marseille, Bordeaux, c'est dans le nord-ouest et le nord que les naissances naturelles sont le plus fréquentes, et c'est en Bretagne, dans les départements du Languedoc, de la Gas- cogne, et dans les montagnes des Alpes, des Pyrénées et du Massif central que l'on en compte le moins.
Décès. — En 1893, il a été relevé, sur le registre de l'état civil, 867526 décès, dont 449682 du sexe masculin et 417844 du sexe féminin. Ces nombres accusent une propor- tion de 22,8 pour 1000 habitants. Bien que la mortalité ait diminué de 8362 décès par rapport à l'année précédente, elle continue à être fort élevée. C'est d'ailleurs sur la mor- talité que se règle, en France, l'accroissement ou la diminution de la population, et c'est sur elle, notamment dans les premiers âges de la vie, qu'il convient d'appeler l'attention des pouvoirs publics et des hygiénistes Toujours est-il que la mortalité de 1893, supé- rieure de plus de 20000 unités à la moyenne de la période décennale 1881-1890, s'est encore aggravée dans 37 départements.
Il est intéressant de signaler les départements qui ont le plus souffert de cette aggra- vation; ce sont : à l'ouest, toute la région comprenant la Bretagne, la Vendée, le Poitou.
Différence Départements. 1892. 1893. m plus pour 1893.
Loire-Inférieure 12264 14137 1873 Morbihan 11332 13109 1787 Finistère 17 9GG 19 732 176G Sarthe 9938 10912 974 Côtes-du-Nord 14 592 15 559 9G7 Vienne 6434 G 827 393 Vendée 895G 9283 327
AU MIDI.
Hérault 1083G 12 331 1495 Bouches-du-Rhône 17108 17853 745 Pyrénées-Orientales . . . . 4573 5142 569
A I/EST.
Doubs 6713 7 390 477 Au contraire, dans le nord, le nord-ouest, le centre, dans les bassins de la Seine et de la Loire, une très notable amélioration s'est produite et est venue, en quelque sorte, compenser, pour cinquante départements, les pertes de toute cette région, qui avait é t é , en 189:2, plus particulièrement éprouvée.
Voici comment se classent les départements d'après le taux de leur mortalité, calculé pour 1893 :
CLASSEMENT DES DÉPARTEMENTS D'APRÈS LEUR MORTALITÉ POUR 1 0 0 0 HABITANTS.
16 à 1 7 . — Creuse.
17 à 1 8 . — Cher.
18 à 19. — Allier, Indre, Landes.
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19 à 20. — Gers, Loiret, Saône-et-Loire, Deux-Sèvres, Vienne.
20 à 2 1 . — Ardennes, Ariège, Charente-Inférieure, Corse, Gironde, Loir-et-Cher, Lot- et-Garonne, Maine-et-Loire, Nièvre, Puy-de-Dôme, Haute-Vienne.
21 à 22. — Ain, Aisne, Cantal, Charente, Corrèze, Dordogne, Indre-et-Loire, Loire, Lozère, Haute-Marne, Nord, Pas-de-Calais, Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Seine-et- Marne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Vendée, Yonne.
22 à 23. — Aude, Aveyron, Calvados, Côte-d'Or, Haute-Garonne, Isère, Haute-Loire, Loire-Inférieure, Lot, Manche, Belfort, Rhône, Haute-Savoie, Haute-Saône, Somme.
(Moyenne pour la France entière )
23 à 24. — Basses-Alpes, Aube, Marne, Meuse, Orne, Savoie, Seine, Var, Vaucluse.
24 à 25. — Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Doubs, Drôme, Eure, Eure-et-Loir, Jura, Mayenne, Meurthe-et-Moselle, Morbihan, Oise, Pyrénées-Orientales.
25 à26. — Ardèche, Côtes-du-Nord,Gard, llle-et-Vilaine, Sarthe, Seine-et-Oise, Vosges.
26 à 27. — Hérault.
27 à 28. — Finistère.
28,2. — Bouches-du-Rhône, Seine-Inférieure.
Comme les années précédentes, et sous réserve des variations constatées plus haut, c'est dans le centre — Creuse, Cher, Allier, Indre — que l'on relève la mortalité la plus faible : 16 à 19 décès pour 1000 habitants.
Dans les départements baignés par la Méditerranée, ainsi que dans ceux qui sont bor- dés, à l'autre extrémité de la France, par la Manche, on relève, au contraire, la plus forte mortalité.
COMPARAISON DES NAISSANCES ET DES DÉCÈS.
11 résulte du rapprochement des chiffres des naissances et de celui des décès que l'ac- croissement de la population a été de 7146 âmes. Distingués suivant le sexe, les résultats sont tout différents : l'effectif du sexe masculin, par le jeu des naissances et des décès, s'est trouvé réduit de 2725 unités, tandis que le sexe féminin se trouve avoir gagné, malgré l'infériorité du chiffre des naissances féminines, 9871 unités, ainsi que le montre le tableau suivant :
Sexes. Naissances. Décès.
Excédent des naissances. des décès.
Sexe masculin. . . . 446957 449682 » 2725 Sexe féminin . . . . 427715 417844 9871 »
Ensemble. . . 874 672 867 526 7146 naissances en plus.
Dans 36 départements, il y a eu excédent de naissances; dans 51 départements, au contraire, il y a eu excédent de décès.
Les plus gros excédents de naissances ont été constatés dans les départements suivants : Nord, 13426 excédents de naissances sur les décès.
Pas-de-Calais, 8513 excédents de naissances sur les décès.
Seine, 3747 excédents de naissances sur les décès.
Finistère, 4403 excédents de naissances sur les décès.
Morbihan, 3080 excédents de naissances sur les décès.
Loire, 2437 excédents de naissances sur les décès.
Corse, 2241 excédents de naissances sur les décès.
Les plus forts excédents de décès, au contraire, se trouvent dans les départements suivants :
Rhône, 2383 excédents de décès sur les naissances.
Orne, 2336 excédents de décès sur les naissances.
Sarthe, 2326 excédents de décès sur les naissances.
Haute-Garonne, 2239 excédents de décès sur les naissances.
Hérault, 2020 excédents de décès sur les naissances.
Viennent ensuite : Eure, 1 7 5 5 ; Côte-d'Or, 1694; Seine-et-Oise, 1 6 8 3 ; Yonne, 1495, dans le bassin de la Seine; et dans le bassin de la Garonne, Lot-et-Garonne, 1 5 7 3 ; Lot, 1 4 1 5 ; Gironde, 1312; Gers, 1295, etc.
Sauf dans le Rhône et Seine-et-Oise, pour lesquels les excédents des décès sont com- pensés et au delà par des immigrations constantes, les foyers de dépopulation sont donc toujours les mêmes, et situés en Gascogne, en Bourgogne et en Normandie.
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Il ne sera pas sans intérêt de considérer, par région et par département, non plus l'ex- cédent brut des naissances ou des décès, mais le nombre de naissances pour 1000 décès.
De celte façon, l'influence des différences de densité de population se trouve éliminée.
CLASSEMENT DES DÉPARTEMENTS SUIVANT LA PROPORTION DES NAISSANCES PAR RAPPORT AUX DÉCÈS.
Nombre des naissances pour 1000 décès.
730 à 750. — Gers, Lot, Lot-et-Garonne, Orne.
750 à 800. — Côte-d'Or, Eure, Haute-Garonne, Sarthe, Tarn-et-Garonne, Yonne.
800 à 850. — Hérault, Haute-Marne, Hautes-Pyrénées, Vaucluse.
850 à 900. — Aude, Calvados, Charente, Charente-Inférieure, Drôme, Eure-et-Loir, Indre-et-Loin;, Jura, Maine-et-Loire, Mayenne, Meuse, Rhône, Seine-et-Oise, Var.
900 à 950. — Ain, Ariège, Aube, Bouches-du-Rhône, Dordogne, Gard, Gironde, Isère, Oise, Puy-de-Dôme, Haute-Saône.
950 à 1000. — Basses-Alpes, Alpes-Maritimes,Doubs, Ille-et-Vilaine,Manche, Meurthe- et-Moselle, Nièvre, Pyrénées-Orientales, Seine-et-Marne, Somme, Tarn, Vosges.
1000 à 1050. — Aisne, Ardèche, Ardennes, Aveyron, Loir-et-Cher, Loire-Inférieure, Marne, Savoie, Haute-Savoie, Seine-Inférieure, Vienne.
1050 à 1100. — Hautes-Alpes, Cantal, Loiret, Basses-Pyrénées, Seine, Deux-Sèvres.
1100 à 1150. — Allier, Corrèze, Côtes-du-Nord, Haute-Loire, Saône-et-Loire, Vendée.
1150 à 1200. — Cher, Indre, Landes, Loire, Belfort.
1200 à 1250. — Finistère, Morbihan.
1550 à 1300. — Lozère, Haute-Vienne.
1300 à 1350. — Creuse, Nord.
1370. —Corse.
1 4 4 0 . — Pas-de-Calais.
D'après ce tableau, Ton relève 3 naissances seulement pour 4 décès, dans les départe- ments gascons, composés en grande partie d'adultes et de vieillards; au contraire, l'on compte de 5 à 6 naissances pour 4 décès, dans le Pas-de-Calais, la Corse, le Nord et la Creuse.
Telles sont, Monsieur le Ministre, les principales constatations qui résultent d'un pre- mier examen des mouvements de la population en 1893. Elles accusent une certaine amélioration dans l'état démographique de la population française, et tout me paraît in- diquer dès maintenant que les résultats de 1894 seront meilleurs encore. Ce que ma direction connaît, en effet, des résultats afférents aux villes de France et à la capitale, pour 1894, permet de formuler celte prévision.
J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien ordonner, suivant l'usage établi depuis quelques années, l'inserlion au Journal officiel du présent rapport ainsi que des tableaux y annexés.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de mon respectueux dévouement.
Le Directeur de V Office du travail, Approuvé : MORON.
Le Ministre du commerce, de Vindustrie, des postes et des télégraphes,
LOURTIES.
