C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
P IERRE A GERON
Esquisses inductives et presque inductives
Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 42, n
o3 (2001), p. 229-240
<http://www.numdam.org/item?id=CTGDC_2001__42_3_229_0>
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- 229
ESQUISSES INDUCTIVES ET
PRESQUE INDUCTIVES
par Pierre AGERON
CAHIERS DE TOPOLOGIE ET
GEOMETRIE DIFFERENTIELLE CA TEGORIQ UES
VolumeXLII-3 (2001)
ABSTRACT.
We
study
those sketches all of whose cones are based on the emptydiagram.
We prove that the
category
of models of such a sketch has multilimits. Thisprovides
a canonical way to re-sketch it. As a
special
case, the category of models of acolimit sketch can
à1ways
be re-sketchedby
some limit sketch.Specific examples
are
investigated
further.INTRODUCTION.
Ce travail a fait
l’objet
de conférences le 21janvier
2000 à l’Université Denis Diderot(Paris 7),
le 17juin
2000 à l’Université du Littoral(Dunkerque)
et le 4novembre 2000 à l’Université de
Cambridge.
Il apportequelques précisions
sur laclassification des
esquisses
et descatégories
accessibles.Dans la section
1,
nousrappelons,
sous une formequi
nousconvient,
deuxconstructions dans la
catégorie
desesquisses qui
nous sont utiles par la suite.La section 2 est
consacrée
auxesquisses (purement)
inductives. Nous rap-pelons
que lacatégorie,
des modèles d’uneesquisse
inductive estéquivalente
à lacatégorie
des modèles d’uneesquisse projective ;
nous prouvons que laréciproque
est fausse et étudions en détail divers cas
particuliers
de ce résultat.La section 3 est consacrée aux
esquisses
presqueinductives,
c’est-à-dire celles dont les seuls cônesprojectifs distingués
sont d’indexation vide. Nous montrons que lacatégorie
des modèles d’une telleesquisse
estmulticomplète.
Nous définissons lesesquisse spéciales, qui
sont auxesquisses
presque inductives ce que lesesquisses projectives
sont auxesquisses
inductives : lacatégorie
des modèles d’uneesquisse
presque inductive est
équivalente
à lacatégorie
des modèles d’uneesquisse spéciale.
Nous finissons par des
exemples.
230
TERMINOLOGIE ET NOTATIONS.
(1)
Soient D et L deuxcatégories petites
et A unecatégorie
localementpetite.
On note ID > L la
catégorie
obtenue enadjoignant
à la somme D+ L
une flècheunique
de toutobjet
de D vers toutobjet
de L. Si 8 et À sont deuxdiagrammes
dansA,
d’indexationsrespectives
D etL,
un tronc de cône inductif dans A construit sur 8 et À est undiagramme j
dans A d’indexation ID > Lqui prolonge 8
et À. Ondit
que j présente À
commediagramme
localement limite inductivepour 8 si,
pour tout
objet
A deA,
on a :(2)
Uneesquisse
E est unepetite catégorie (notée
IE etappelée support
deE)
danslaquelle
ondistingue
certains cônesprojectifs et/ou
inductifs(un
tel cônea pour base un
diagramme
dans IE dont l’indexation sera aussiappelée
indexationdu
cône).
On dit que E est élémentaire si on nedistingue
aucun cône(on
identifiealors E à
IE).
On dit que E estprojective (resp. inductive)
si on nedistingue
dansIE que des cônes
projectifs (resp. inductifs).
On dit que E est presque inductivesi tous ses cônes
projectifs distingués
sont d’indexation vide(ses
cônes inductifs étantquelconques).
Un modèle d’uneesquisse
E est un foncteur de E vers Ensqui
transforme les cônesdistingués
de E en cônes limite de Ens. Unecatégorie
est
esquissable
si elle estéquivalente
à lacatégorie Mod(E)
des modèles ettransformations naturelles d’une certaine
esquisse
IE. Onparle
de même decatégorie projectivement esquissable,
inductivementesquissable,
etc. Deuxesquisses
E et lE’ sontéquivalentes
si lescatégories Mod(E)
etl4lod(E’)
sontéquivalentes.
(3)
Pourqu’une catégorie
A soitesquissable,
il est nécessaire et suffisantqu’elle
soit
accessible,
c’est-àrdirequ’il
existe un cardinalrégulier B
tel que :(a)
Apossède
les limites inductives d’indexationB-filtrante;
(b)
sasous-catégorie pleine AB
formée desobjets B-présentables
est(essentiellement) petite
et dense dansA ;
(c)
pour toutobjet
A deA,
lacatégorie AB/A
estB-filtrante.
Lorsque
A etB
vérifient les troispropriétés (a), (b), (c) ci-dessus,
on dit que A est(3-accessible,.
Il est souvent utile deremplacer (c)
par la clauseéquivalente : (c’)
toutdiagramme d :
ID -> A d’indexation8-petit,
à valeurs dansA,6,
admet undiagramme
localement limite inductive À : IL ->A,
à valeurs dansA,6.
Enfin,
A estprojectivement esquissable
si et seulement si elle est accessible etcocomplète,
ou encore(ce qui
estéquivalent)
accessible etcomplète.
231- 1. DEUX CONSTRUCTIONS
D’ESQUISSES.
On
rappelle ici,
en mettant en évidence un certainparallélisme
entreelles,
deux constructions
importantes
dans lacatégorie
desesquisses.
Définition. - Soit E une
esquisse.
On noteE+ l’esquisse
suivante :(i)
lesobjets
de E+ sont lesobjets
de E et un nouvelobjet
+oo;(ii)
les flèches deIE+
sont les flèches de E et, pour toutobjet
E deE,
une nouvelleflèche de E vers +oo
(de
sorte que +oo estobjet
final du support deIE+);
(iii)
les cônesprojectifs distingués
deIE+
sont les cônesprojectifs
où :
-
(pI :
S ->B (I))IEI
est un côneprojectif distingué
deE,
-
1+
est lacatégorie
définie par(i)
et(ii),
- p+oo est
l’unique
flèche de S vers +oo ;(iv)
les cônes inductifsdistingués
de E+ sont les cônes inductifsqui
sontl’image
dans E+ d’un cône inductifdistingué
de E.On notera que les cônes
pro jectifs distingués
deE+
sont tous d’indexationconnexe. La
proposition (immédiate)
suivante sera pour nous essentielle :Proposition.
- Si IE est presqueinductive,
alorslE+
estéquivalente
à uneesq uisse
inductive.Remarques. -
Il est montré dans[Makkai-Paré89]
que lacatégorie Mod(E+)
est
équivalente
à lacatégorie IFam(Mod(IE))
des familles de modèles de E. Nous avonsdonné dans
[Ageron+1]
une caractérisationintrinsèque
descatégories esquissables
par une
esquisse
à cônesprojectifs
d’indexation connexe(catégories
« normalementaccessibles » ) .
Définition. - Soient E une
esquisse
et M un modèle de E. On noteEBM l’esquisse
suivante :(i)
lesobjets
deIEBM
sont lescouples (E, x),
où :- E est un
objet
deE,
- x est un élément de
M(E) ;
(ii)
les flèches delEBM
sont lestriplets ((E, x),
e,(E’, x’))
où :-
(E,x)
et(E’, x’)
sont deuxobjets
deIEBM,
- e : E -> E’ est une flèche de E telle que
M(e) (x)
=x’ ;
(iii)
les cônesprojectifs distingués
delEBM
sont les cônesprojectifs
ou :
-
(pi :
S ->B(I)) Iei
est un côneprojectif distingué
deE,
- x est un élément de
M(S);
- 232
(iv)
les cônes inductifsdistingués
delEBM
sont les cônes inductifsoù :
-
(qj : B (J) -> S)JEIJ
est un cône inductifdistingué
deE,
- K est une composante connexe de la
catégorie IJB(M
oB)
définie par(i)
et(ii),
- x est la valeur commune des
M (qJ)(y)
pour les différentsobjets ( J, y)
de K.On notera que les cônes inductifs
distingués
deEBM
sont tous d’indexationconnexe. La
proposition (immédiate)
suivante sera pour nous essentielle :Proposition.
- Si tous les cônes inductifsdistingués
de IE sont d’indexationdiscrète,
alorsIEBM
estéquivalente
à uneesquisse
inductive.Remarques. -
Lair a montré(1)
que lacatégorie Mod(EBM)
estéquivalente
à la
catégorie lbltod(1E)/M
des modèles de E au-dessus de M. Il a aussi montré dans[Lair96]
que lescatégories esquissables
par uneesquisse
à cônes inductifs d’indexationconnexe sont exactement les
catégories
accessiblespossédant
unobjet
final.2.
ESQUISSES
INDUCTIVES.Voici le
principal
résultat sur lesesquisses
inductives.Théorème. -
a)
Touteesquisse
inductive estéquivalente
à uneesquisse projective.
b)
Touteesquisse
inductive dont tous les cônes inductifsdistingués
sont d’indexation discrète estéquivalente
à uneesq’uisse
élémentaire.Démonstration. -
a)
Si E estinductive, Mod(IE) possède
toutes les limitesinductives,
calculéespoint
parpoint (c’est-à-dire
créées etpréservées
par le foncteur d’oubli deMod(IE)
dansIEns IE ).
On en déduit queMod(E) possède
toutes les limitesprojectives,
etdonc, classiquement, qu’elle
estprojectivement esquissable.
b)
On vient de voir queMod(E) possède
unobjet
terminal T. On a alors :Mod(IE) = Mod(IE)/T = Mod(IEBT);
or la construction deIEBT
montrequ’elle
n’a pas de cône
projectif distingué
et que ses cônes inductifsdistingués
sont tousindexés par la
catégorie
terminale 1. On a doncMod(IEBT) = Mod(IE’)
où E’ est uneesquisse
élémentaire.C.Q.F.D.
Remarques. - ( i )
Seul lepoint b)
est nouveau : lepoint a)
se trouvedéjà
dans
[Adàmek-Rosicky94], 2;63,
etmême, incomplètement,
dans[Guitart86],
p. 111.(2)
En1999,
R. Paré m’aposé
laquestion
de laréciproque
dea).
Elle est fausse.En
effet,
toutecatégorie
inductivementesquissable possède
nécessairement unobjet initial strict,
car videpoint
parpoint (2) :
ce n’est pas le cas, parexemple,
de lacatégorie
des groupes, pourtantprojectivement esquissable.
(1)
Lors d’une conférence à l’Université de Caen le 29 janvier 1999.(2)
Plus généralement, il est établi dans[Ageron+1]
que les catégories accessibles possédant un objet initial strict sont exactement les catégories esquissables par une esquisse dont tous les cônes pro jectifs distingués sont d’indexation non vide.- 233
Exemples. - a) Co-magmas.
Notons El’esquisse
de co-magma, c’est-à-direl’esquisse
inductive duale de laclassique esquisse projective
de magma : un co-magma est donc un ensemble X muni d’uneapplication k :
X -> X + X. Un peu de réflexion montre que E estéquivalente
àl’esquisse
élémentaire lE’ contenant, pourchaque
suite u E
{0,1}N,
unobjet Eu
et deux flèchesf u : E0u -> Eu
et gu :E1u -> Eu . En particulier, Mod(IE)
a unobjet final, qui
a lapuissance
du continu.b) Co-semigroupes,
etc. Notons IEl’esquisse
deco-semigroupe,
c’est-à-dire de co- magma « co-associatif ». Unpetit
calcul montre quel’esquisse
inductive E estéquivalente
àl’esquisse
élémentaire E’ ayant deuxobjets El, E2
et deux flèchesf 1 : E1 -> El
etf 2 : E2 -> E2
vérifiantf21
=f 1
etf22
=f 2
De la mêmefaçon, l’esquisse
de co-magma « co-autodistributif àgauche »
estéquivalente
àl’esquisse
élémentaire ayant deux
objets El , E2
et deux flèchesf 1 : E1 -> El
etf 2 : E2 -> E2
vérifiant
(seulement) Il
=f 1.
c) Surjections.
Considéronsl’esquisse
inductive IE consistant en unespécification d’épimorphisme
Pour obtenir une
esquisse projective
E’équivalente
àE,
il suffit de noter que la donnée d’uneapplication surjective équivaut
à celle d’une relationd’équivalence
surson ensemble de
départ.
Or les ensembles munis d’une relationd’équivalence
sont lesmodèles d’une
esquisse projective
E’ . Notons que tous les cônesprojectifs distingués
de E’ sont d’indexation finie.
d) Endosurjections.
Considéronsl’esquisse
inductive Equi
a un seulobjet E
etconsiste en la
spécification
d’unépimorphisme
de E sur E : un modèle de E s’identifie à un ensemble muni d’uneendosurjection (X, f ).
Contrairement au casprécédent,
En’est
équivalente
à aucuneesquisse projective
dont tous les cônesprojectifs distingués
soient d’indexation finie. En
effet,
il est connu que ceciimpliquerait
queMod(E)
est finiment
accessible ;
or nous allons prouver que ce n’est pas le cas. Définissonsp : N -> N par
Il est clair que
(IN,p), est un modèle
,deE ;
nous allons montrerqu’il
n’est pas limite inductive filtranted’objets uniment présentables.
Pourcela,
définissons q : NxN -> N parAlors
(N
xN, q)
est aussi un modèle de IE. Il en est demême,
pourchaque k E N,
de(N
x{0,..., k},
qlNx {0,...,k}).
Ces derniersobjets
admettent clairement(N
xN, q)
comme limite inductive filtrante.
Remarquons
encore quel’application h qui
envoie234
k sur
(0, k)
est unmorphisme
de(N,p)
vers(N
xN, q).
Soient maintenant(F, s)
un
quelconque
modèle finimentprésentable
de E et g unmorphisme
de(F, s)
vers(N, p) :
par définition d’un finimentprésentable,
il doit alors exister k E N tel queho f
factorise à travers N x
{0,.... k}.
Maispuisque s
estsurjective,
on voit facilementque ceci
implique g[F]
C{0} ;
afortiori, (N,p)
n’est pas limite inductive filtranted’objets
finimentprésentables.
En
revanche,
E estéquivalente
à uneesquisse projective
dont tous les cônesprojectifs distingués
sont d’indexation dénombrable. Dans[Ageron*]),
on montreque la
catégorie
des modèles de E estéquivalente
à celle des modèles de la théorie T écrite dans lalogique Lw1,w1
au moyen d’unsymbole
fonctionnel unaire (j et d’une famille(Ri)iEZ
desymboles
relationnelsbinaires, comportant
des axiomesexprimant
que o- est une
bijection,
quechaque R.,
est une relationd’équivalence,
et les axiomeset schémas suivants :
On en déduit aisément une
esquisse projective
lE’équivalente
àE,
dont tous les cônesprojectifs distingués
sont d’indexation(connexe et)
dénombrable.3.
ESQUISSES PRESQUE
INDUCTIVES.Une
catégorie esquissable possède toujours
desdiagrammes
localement limite inductive. Mais elle n’a pas, engénéral,
dediagrammes
localement limiteprojective.
On va pourtant montrer
que,
dans lacatégorie
des modèles d’uneesquisse
presque inductive(cf.
section «Terminologie
etnotations »),
cesdiagrammes
existent et sontd’indexation discrète. Autrement dit :
Proposition.
- Si unecatégorie
A estéquivalente
à lacatégorie
des modèles d’uneesquisse
presqueinductive,
alors A est(accessible et) multicomplète..
Démonstration. - On sait
(voir
lapartie 1)
que si E est uneesquisse
presque
inductive,
alors lE+ estéquivalente
à uneesquisse
inductive. Maisd’après
la
partie 2,
IE+ est alorséquivalente
à uneesquisse projective.
On en déduit que lacatégorie 1Fam(Mod(1E)), équivalente
àMod(E+),
estcomplète.
MaisMod(E)
s’identifie clairement à une
sous-catégorie
multicoréflexive deFam(Mod(IE));
il enrésulte aisément
qu’elle
estmulticomplète. C.Q.F.D.
235
Remarque. -
Laréciproque
de cetteproposition
est fausse : unecatégorie
accessible
multicomplète,
ou mêmecomplète,
n’est pas nécessairementéquivalente
à la
catégorie
des modèles d’uneesquisse
presque inductive. Pour trouver uncontre-exemple,
unestratégie possible
consiste à mettre en défaut la condition nécessaire suivante pourqu’une catégorie A
soit presque inductivementesquissable :
l’existence d’un ensemble de foncteurs de A vers Ens
préservant
les limites inductives d’indexation connexe(les
« foncteurs d’évaluation» ) qui sépare
toutcouple d’objets
ou de flèches
parallèles
de A. Onpeut
alors utiliser lacatégorie proposée
dans uncontexte voisin par R. Paré et citée dans
[Adàmek-Rosicky96].
Il existe en fait descontre-exemples beaucoup plus simples
- ainsi lacatégorie
A associée à l’ensemble ordonné{0 1}
- maisauxquels
la méthodeprécédente
n’est pasapplicable :
il semble alors nécessaire de recourir à
l’analyse plus sophistiquée
de[Lair87],
pp.136-142.
Le
problème
se pose maintenant de savoir commentesquisser
lescatégories
accessibles
multicomplètes. Envisageons
d’abord le cas descatégories
accessibles conditionnellementcomplètes :
ce sont lescatégories
accessiblesmulticomplètes
danslesquelles
les familles localement limiteprojective
sont indexées par des ensembles de cardinal 1. On sait :Théorème. -
([Ageron97])
Soient A unecatégorie et /3
un cardinalrégulier.
Les assertions suivantes sont
équivalentes :
(a)
Aest B-accessible
et conditionnellementcomplète ;
(b)
A estB-accessible
et admet les limites inductives d’indexation nonvide ; (c)
A estesquissable
par uneesquisse
dont- les cônes
projectifs distingués
sont tous d’indexation8-petite;
les cônes inductifs
distingués
sont en nombreB (3)
et tels que pour chacund’eux,
noté(qI : B(I) -> S)IEIop ,
on ait :(i)
le côneprojectif
de base vide et de sommet S estdistingué,
(ii)
pour toutdiagramme 8 : J -+ E,
d’indexation non vide eta-petite,
la limite inductivelim ->d
existe et le côneprojectif B(lim -> 8)
estdistingué.
Peut-on démontrer un théorème
analogue
dans le cas descatégories
multi-complètes ?
Pourcela,
il convientd’analyser
la forme desdiagrammes
localementlimite inductive dans une
catégorie B-accessible
etmulticomplète.
C’estl’objet
destrois lemmes suivants.
Lemme 1. - Soit A une
catégorie B-acceasible multicomplète.
Tout dia-gramme dans A d’indexation
B-petite
et connexe, à valeursB-présentables,
a unelimite inductive dans A et celle-ci est
(3-présentable.
(3)
Pour contrôler le ’rahg" d1acce8èibilité, une hypothèse bornant le nombre des cônes inductifs distingués dans l’esquisse est nécessaire. Une telle hypothèse a été omise dans[Ageron97],
où ladémonstration supposait en fait implicitement que l’esquisse ne comporte qu’un seul cône inductif.
L’exemple de la catégorie des suites d’ensembles non vides (qui est dénombrablement accessible,
mais non finiment accessible) montre qu’elle est indispensable.
236
Démonstration. - Soient D une
catégorie B-petite
et connexe et 6 : D - Aun
diagramme
à valeursB-présentables.
On saitqu’il
existe undiagramme
À :L -> A à valeurs
B-présentables qui
est localement limite inductive pour6;
notons(jDL : d(D) -> k(L))DED,LEL
le tronc de cône inductifcorrespondant.
Onpeut
sans
perte
degénéralité
supposerque À
estsaturé,
au sens suivant : si on a dans A une flèchef : k(L) -> k(L’)
vérifiantf jDL = iDL’
pour toutobjet
D deD,
il existe dans L une flèche 1 : L -> L’ telle que
f = a(l). Soit m :
: M -> A la multilimiteprojective
de À(M
est donc unepetite catégorie discrète) ;
notonspML :
u(M) -> À(L)
lesmultiprojections correspondantes.
Pourchaque objet
D deD,
il existe M et h :d(D) -> u(M), uniques,
tels quepMLh = jDt
pour toutobjet
L de L. Si d : D -> D’ est une flèche de
D,
ondispose
donc de(M, h)
et(M’, h’)
tels que
PMLH
=jDL
etpM’Lh’ = iD’L.
MaisjDL = dDIL6(d) = PMILh’6(d) :
·par
unicité,
il vient alors M = M’ eth’ô(d) =
h.Puisque
D est(non
videet)
connexe, on conclut
qu’il
existe un mêmeobjet Mo
de M et un cône inductif(hD : d(D) -> M0)DED
tel que, pour toutobjet
L deL,
on aitpMoLhD = JDL.
On va montrer que
u(M0)
est limiteprojective
de À - autrement dit que M est réduite àl’objet Mo.
Soit pour cela(qL :
C ->k(L))LEL
un côneprojectif de
base À.Puisque À
est undiagramme
localement limite inductive pour5,
il existe au moinsun
objet Lo
de L et une flèchef : k(L0) -> Mo
telle quef jDLo - hD
pour toutobjet
D de D. Posons h= fqL0 :
C -u(M0).
Il est facile de voir que la flèche h nedépend
pas du 1 choix deiDo, puisque
deux tels choix sonttoujours
connectéspar un
zigzag.
Fixons L et montronspMo L h
= 9L’ Notons que, pour toutD,
laflèche
pMoLf: À(LoY -4 À(L)
vérifie :pMoLfjDLo = pMoLhD - jDL. Puisqu’on
asupposé
Àsaturé,
il existe l :L0 ->
L telle quepMoL f = k(l;
alors on a bien :PMoLh
=PMoL/9Lo
=k(l)qLo
= qL. Deplus, u
étant multilimiteprojective
deÀ,
lecône
(qL)LL
ne peut pas factoriser à travers unM # Mo,
ni par uneflèche h # hL.
On a donc bien
p(Mo) = - lim k.
Ainsi lacatégorie Cone ->(d)
des cônes inductifs de base 6possède
unesous-catégorie pleine
initialeC’,
celle des cônes dont le sommet est unobjet
de la formeÀ(L),
telle que le foncteur d’inclusion de tC’ dansCône->(d)
admette une limite
projective,
à savoir(hD : d(D) -> M0)DED
Celaimplique
que la(grande)
limiteprojective
du foncteuridCône(d) existe,
et doncCpne->(d) possède
un
objet initial,
cequi signifie
que a a une limite inductive. On saitqu’elle
estautomatiquement ,Q-présentable. C.Q.F.D.
Lemme 2. - Soit A une
catégorie B-accessible multicomplète.
Il existe undiagramme
initial t ’1-> A ,
à valeurs6-présentables,
tel que pour toutobjet
A de
A,
lacatégorie
HOPpossède
et le foncteurHom(i(-), A) préserve
les limitesprojectives
d’indexation/3-petite
et connexe.Démonstration. - Ceci résulta immédiatement du lemme 1 : il suffit de
prendre
pour t le foncteur d’inclusion deA/3
dans A.C.Q.F.D.
Lemme 3.- Soit A une
catégorie B-accessible multicomplète.
Tout dia-gramme 5 :
D -> A d’indexation/3-petite
et nonvide,
à valeursB-présentables,
a un
diagramme
localement limite inductive À : IL ->A ,
à valeursB-présentables,
- 237
tel que pour tout cône
(4)
inductif A dans A de base6,
lacatégorie
ILoppossède
et lefoncteur
Hom(k(-), A) préserve
les limitesprojectives
d’indexationB-petite
et nonvide.
Démonstration. - Fixons un
diagramme
d : iD-> A d’indexationb- petite
et nonvide,
à valeursB-présentables.
Considérons lacatégorie Cone->(d)
descônes inductifs de base 6 dans A et sa
sous-catégorie pleine
L =Cone -> B (6)
forméedes cônes inductifs dont le sommet est un
objet B-présentable
de A. On sait que le foncteur k: lL -> Aenvoyant
un tel cône inductif sur son sommet est undiagramme
localement limite inductive pour 6. On va montrer que Lpossède
leslimites inductives d’indexation
B-petite
et non vide. Fixons pour cela undiagramme
q : C ->
L,
d’indexationb-petite
et nonvide,
et considérons lacatégorie
D > C définieplus
haut.Puisque
D et C sontB-petites
et nonvides,
il est clair que D > C est/3-petite
et connexe. Lediagramme
d’indexation D > Ccanoniquement
associéà -y
est à valeursB-présentables
dans A et il admetdonc, d’après
le lemme2,
une limite inductive. Il est facile de constater que cette limite est sommet de la limite inductive(5)
dudiagramme -y
et dudiagramme C -2..
IL ->Cone->(d). C.Q.F.D.
Une fois ces lemmes
établis,
il relève de la routine del’esquissabilité (cf.
[Ageron97])
d’en déduire la définition et le théorèmequi
suivent : Définitions. Soient E uneesquisse, B
un cardinalrégulier.
a)
On diraqu’un
cône inductifdistingué
de E est
8-spécial
si :(i)
il y a dans E un côneprojectif
de base vide et de sommetS ;
(ii)
toutdiagramme
8 : JJ -> II d’indexation8-petite
et connexe a une limite inductive et le côneprojectif B 5)
estdistingué
dansE;
(iii)
pour toutdiagramme
d : IJ -> II d’indexation8-petite
discrète et nonvide,
il ya dans E
- un cône
projectif distingué p5 = (pdJ : Sd-> B(d(J))JEJ
- un cône inductif
distingué q6 = (qdk : B(sommet(k)) -> Sd)k E Cone->(6)
tels que :
(4)
La même notation A (resp. a(L)) désigne ici (abusivement) un objet de A et le côneinductif de base 6, clair dans le contexte, dont cet objet est le sommet.
(5)
Notons que si les limites inductives d’indexation B-petite et non vide existent dansL,
ellesne sont en général pas préservées par le foncteur À : L -> A. Il est cependant facile de voir que k préserve les limites inductives d’indexation p-petite et connexe, car tC est, dans ce cas, une
sous-catégorie finale de ID > C.
- 238
b)
On dira que E est0-spéciale
si :- tous ses cônes
projectifs distingués
sont d’indexationB-petite ;
- ses cônes inductifs
distingués
sont en nombrep
et sontB-spéciaux
ou de laforme
q6
pour un cône inductif,Q-spécial
et undiagramme
ô comme ena).
Théorème. - Soient
,Q
un cardinalrégulier.
Toutecatégorie 6-accessible multicomplète
estesquissable
par uneesquisse 6-spéciale.
Les
esquisse spéciales (c’est-à-dire
lesesquisses qui
sont,a-spéciales
pour au moins un cardinalrégulier B) jouent
vis-à-vis desesquisses
presque inductives un rôleanalogue
à celuijoué
par lesesquisses projectives
vis-à-vis desesquisses
inductives.On a en
particulier :
Corollaire. - Toute
esquisse
presque inductive estéquivalente
à uneesquisse spéciale.
Remarque. -
Nous avons récemmentcomplété
ces résultats en prouvant :une
catégorie
accessible estmulticomplète
si et seulement si elle admet les limites inductives connexes. Cf.[Ageron+2].
Exemples.- a)
Ensembles non vides. Ils sont ainsi caractérisés :Cela revient à dire que
l’unique application
de X dans 1 estsurjective.
Avec lesapplications quelconques
commemorphismes,
les ensembles non vides sont ainsi les modèles d’uneesquisse
presque inductive E. Ce sont donc aussi ceux d’uneesquisse spéciale
E’. Une telleesquisse (ayant
une infinitéd’objets)
se déduit aisément de leur autre caractérisation :(où Ens* f
est unepetite catégorie équivalente
à lacatégorie
des ensembles finis nonvides).
Notons encore que E estéquivalente
àl’esquisse
E" desupport
où 1 est
spécifié
commeobjet
final etE2
commeproduit, El
xEl :
IE" est en un sensla «
partie
utile » deE’,.mais
n’est pas uneesquisse spéciale.
Cetexemple
ressortit àl’étude des
catégories
accessibles à limitesprojectives
conditionnelles(cf. plus haut).
- 239 -
b) Graphes
réflexifs connexes. Lacatégorie
desgraphes
réflexifs connexes est es-quissée
parl’esquisse
presque inductive E dont lesupport
est lacatégorie engendrée
par les données
où 1 est
spécifié
à la fois commeobjet
final et comme conoyau de s et b. Elle est aussiesquissée
parl’esquisse spéciale E’
déduite de la caractérisation suivante desgraphes
réflexifs connexes
(où
l’on noteGraphe la catégorie
desgraphes
réflexifs connexesfinis et
G(D)
l’ensembleHomGraph(ID,G)):
Un
exemple
voisin est celui des G-ensembleshomogènes,
pour un groupe fixé G. Ce sont en effet les modèles del’esquisse
presque inductive E desupport
où 1 est
spécifié
à la fois commeobjet
final et comme limite inductive dudiagramme
formé par les flèches p. -
c)
Structures dePeano.
Nousappelons
ainsi les modèles del’esquisse
presque inductive dont le support est lacatégorie engendrée
par les donnéesoù 1 est
spécifié
commeobjet
final et(o, s)
estspécifié
comme un cône somme.Cette
esquisse
E est en faitéquivalente
à uneesquisse élémentaire, l’esquisse
E’qui
consiste
simplement
en laspécification
d’unepermutation
sur un ensemble :En
particulier, Mod(E)
contientun
objet
initial strict(cf.
note(2)) :
c’est le modèle standard N des entiersnaturels ;
un
objet
final : le modèle N U{+ oo},
oùs(+oo) =
+oo.Distinguons
maintenant dans E un cône inductifsupplémentaire spécifiant
1 commeconoyau de s et de
idE.
La nouvelleesquisse
presque inductive obtenue est alorséquivalente
àl’esquisse
vide ! Eneffet,
elle n’aplus qu’un modèle,
celui des entiersnaturels
standard, unique
à ununique isomorphisme près.
- 240
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Pierre AGERON